La Norvège croit en son cinéma

Posté par vincy, le 10 octobre 2008

nouvelledonne.jpgEcran Noir aime beaucoup le cinéma nordique : on l'a vu récemment avec des films islandais et norvégiens. Evidemment, comparé à nos bravos, leur B.O. en France n'ont pu que nous décevoir. Il est toujours amer pour des critiques de se sentir un peu seuls. A qui parler de la jubilation vécue en voyant Back Soon ou La nouvelle vie de Monsieur Horten ? A qui offrir le livre Jar City après avoir vu le film? Avec qui débattre de Nouvelle Donne ?  Et n'oublions pas Kaurismaki, Von Trier ou encore Anderson parmi les cinéastes venus de là-haut...

En tout cas, il faudra sans doute voir une résurgence du cinéma norvégien dans les prochaines années. Fort de ses succès dans les salles locales et dans les festivals internationaux, les films norvégiens n'ont jamais été aussi nombreux (21 longs métrages en 2006, un record. Les salles n'ont jamais été aussi pleines, approchant les 2 millions d'entrées pour les films nationaux, soit 2 fois plus qu'avant les années 2000. Certains films séduisaient de 200 000 à 300 000 norvégiens, quelque soit le genre ou la cible. Le budget des films avoisine 1,5 millions d'euros et la part de marché augmente (désormais elle atteint 16%).

La semaine dernière, le gouvernement norvègien a annoncé qu'il ajouterait 7 millions d'euros dans un budget totalisant 90 millions d'euros environ d'aides à l'industrie cinématographique. Dorénavant l'objectif est de produire 25 films par an et de vendre 3 millions de tickets, soit une part de marché de 25% pour les films locaux. Qui a parlé de crise?

Cinespana 08 : plongée dans le cinéma espagnol de demain

Posté par MpM, le 10 octobre 2008

Final de Hugo Martin CuervoTraditionnellement, les sélections de courts métrages présentées lors des festivals permettent de se faire une idée plus précise de la manière dont pourrait évoluer une cinématographie nationale dans les années à venir. Le panorama proposé par Cinespana, constitué d’une quinzaine de films, est à ce titre une sorte d’instantané des pistes et des thèmes qui préoccupent la jeune génération de cinéastes espagnols. Rares sont ceux qui en sont à leur coup d’essai, et cela se sent dans la maîtrise technique de la plupart des œuvres.

Contrairement à leurs aînés, les réalisateurs du panorama sont plus inspirés par la fiction pure que par le passé (seul El talento de las moscas de Laura Sipan a pour toile de fond la deuxième guerre mondiale à travers la rencontre entre une jeune femme espagnole et Antoine de St Exupéry) ou même par des sujets "contemporains" (un film sur l’émigration clandestine, Mofetas de Ines Enciso, et un autre sur le trafic de femmes, Natacha d’Antonio Bertolo). Une incursion dans le film de genre confirme l’intérêt des cinéastes espagnol pour ce domaine, mais ne convint pas : Humanos con patatas des frères Prada est lourdingue, mal fichu et extrêmement téléphoné.Tout le reste repose sur des anecdotes cocasses (un voyage en taxi pour Taxi de Telmo Esnal, la rencontre entre un vieil homme et un vieux poisson solitaires dans El mistero del pez de Giovanni Maccelli) ou des histoires plus ambitieuses, mais résolument fictionnelles. Des enfants se vengent d’une voisine cruelle (Porque hay cosas que nunca se olvidan de Lucas Figueroa), deux personnes faites l’une pour l’autre se croisent fugacement (18 segundos de Bruno Zacharias et Miguel Lopez "Mac Gregor"), un médecin se lie d’amitié avec une femme que tout le monde juge folle (La felicidad de Miguel Aguirre et Marco Fettolini)… On oscille entre légèreté et profondeur, avec presque toujours une pointe d’humanité et de bienveillance.

Au final, trois films sortent malgré tout du lot, donnant réellement envie de suivre leurs auteurs. Dio vi benedica a tutti de Luis Alejandro Berdejo, qui fait partie de Limoncello, tres historias del oeste, joue des codes du western traditionnel en racontant une chasse au trésor façon Le bon, la brute et le truand. Tous les ingrédients sont réunis pour inventer le "western-paëlla", même un retournement de taille dans les dernières minutes. Dans un genre complètement différent, Gonzalo de Pedro et Javier Garmar nous entraînent dans une ronde sous acide et filmée caméra à l’épaule dans les couloirs d’un hôpital avec Historia n°52785/614-18. La voix-off, obsédante, s’adresse au(x) patient(s) dont elle décline les pathologies. Nerveux, urgent et efficace. Enfin, Final de Hugo Martin Cuervo, est un huis clos épuré autour d’un jeune homme dans le coma et de ses parents confrontés à une décision difficile. Une fable très habile et un peu glaçante sur notre rapport à la mort ("l’essentiel, c’est d’avoir une bonne fin") servie par une esthétique bleutée onirique à souhait.