Trésor : la débandade

Posté par benoit, le 11 novembre 2009

TrésorL’histoire : Jean-Pierre et Nathalie s'aiment depuis cinq ans. Pour fêter cet anniversaire, Jean-Pierre offre à sa compagne un cadeau inattendu, un adorable bouledogue de quatre mois. Nathalie est folle de joie… 

Notre avis : Le bouledogue anglais est un genre de chien divinement hideux tout droit sorti du Moyen Age. Clébard à la du Guesclin, il ne cesse de ronfler, de péter et de bouffer vos pantoufles, vos slips, vos pieds de chaise à longueur de journée. Pour se faire pardonner, ce cochon à poil ras affiche une gueule ridée, un museau écrasé et trimballe un éternel regard de dépressif. Tout ce que j’aime ! Si, comme Nathalie (Mathilde Seigner), un Jean-Pierre (Alain Chabat) venait à m’offrir un gros bébé comme ça, je tomberais raide dingue. Me ferait appeler papa sur-le-champ. Peut-être même maman dans mes meilleurs jours !

C’est la seule chose à retenir de Trésor : les bouledogues. Malgré le triste contexte de cette comédie canine que l’on aurait aimé aimer ; il faut se rendre à l’évidence, le presque dernier opus de Claude Berri est consternant. Mathilde Seigner, la grande gueule du cinéma français qui n’a toujours pas trouvé la distance entre sa "nature très naturelle" et l’interprétation de ses personnages, la met en veilleuse pour une fois. Ça nous fait des vacances ? Même pas parce qu’il aurait fallu qu’elle aboie en chœur avec son cleps pour donner un peu de vie à ce pachyderme de film. Alain Chabat fait dans le minimum syndical et – intelligence oblige – s’en tire un peu mieux que sa partenaire. Quant à François Dupeyron, si bien parti avec Drôle d’endroit pour une rencontre, œuvre crépusculaire et hors norme de la fin des eighties, il n’en finit pas depuis de s’essouffler. Ce coup-là, il échoue comme une baleine agonisante sur la plage d’Ostende. À l’image de Nathalie et de Jean-Pierre, couple encore frais, mais au teint vert et aux poches sous les yeux perpétuellement gonflées (chapeau les maquilleurs !).

Si encore les protagonistes avaient eu la soixantaine ! Si leur progéniture s’était envolée depuis belle lurette du logis familial et « avait leur vie à eux » comme on dit ! Si Trésor se retrouvait alors en pleine crise de seniors ! Ah, Deneuve ! Ah, Dussolier ! Ah, les mêmes chiens ! Quel film cela aurait été !...  Enfin bref, je parle, je parle, mais c’est pas tout ça, faut que j’y aille. Maman te sort, mon amour ! Ben quoi ?... Papa, maman, c’est du pareil au même tout ça. De toute façon, même si j’ai pas de Jean-Pierre, j’ai mon gros Trésor à moi. Allez viens mon bébé, on va voir autre chose au cinéma !

Red Riding Trilogy : David Peace en trois temps

Posté par vincy, le 10 novembre 2009

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"Chacun est coupable du bien qu'il n'a pas fait".

Ce 11 novembre sort un film en trois volumes. Red Riding Trilogy, produit par les britanniques de Channel 4, est composé de trois oeuvres distinctes, situées à trois époques différentes. Julian Jarrold a réalisé 1974, James Marsh 1980 et Anand Tucker 1983. Il manque 1977 puisqu'il s'agit, en littérature, d'une quadrilogie.

Les adaptations des romans noirs et violents de David Peace ont été scénarisées par Tony Grisoni, co-scénariste de trois films de Terry Gilliam. Le cadre s'inscrit dans des faits réels - les attentats de l'IRA, le mouvement punk, l'ascension des conservateurs, ou encore la guerre des Malouines... Sombres histoires , dépourvus d'émotions sentimentalistes, les anges déchus évoluent ici dans un décor apocalyptique, obscur et sanglant. L'Angleterre semble presque en déchéance, tyrannisée par quelques oligarques. Au milieu de cet âge des ténèbres, Grisoni fait juste évoluer la fin pour qu'elle soit un peu plus lumineuse et parle de rédemption plus que de punition.

Le financement d'un projet aussi complexe a cependant posé problème et l'épisode de 1977 sera supprimé. Etrangement, les trois films paraissent avoir une forme de continuité artistique alors que les sujets et les réalisations sont bien distinctes. Les trois films devaient être indépendants. Les trois cinéastes ont juste choisi leur casting ensemble, seul point commun visible entre leurs oeuvres.

1974 a cet aspect crasseux qui nous entraîne rapidement dans les enfers. Stylistiquement réussi, il est aussi brutal qu'il peut-être beau. On est assez loin du précédent film de Jarrold, Becoming Jane et plus proche d'un Chinatown.

Plus classique, 1980, a été filmé par James Marsh, ultra-primé pour Man on Wire. Le film est en 35 mm, alors que 1974 est en Super 16. Il profite de ce format pour atténuer la luminosité, faire des plans de groupe, et surtout valoriser l'architecture très rectiligne qui symbolisait la rigueur et la déshumanisation de la politique thatchérienne.

1983 boucle la trilogie en revanant aux enlèvements de 1974. Anand Tucker, producteur de La jeune fille à la perle, a filmé avec un format large anamorphosé et la nouvelle caméra numérique Red One, ce qui donne au film un style plus moderne.

Corruption, serial-killer, enquêtes... cette trilogie diffusée sur le petit écran au Royaume Uni méritait une sortie cinéma tant visuellement cela se détache des produits balancés chaque mercredi. Les trois films sont transportés par des acteurs aussi brillants que Sean Bean, Peter Mullan, Rebecca Hall, Paddy Consandine et surtout le jeune Andrew Garfield. Il s'impose comme le comédien le plus étonnant du cinéma britannique, depuis Boy A jusqu'à L'imaginarium du Docteur Paranassus. Fragile et encaissant les coups, candide et survivant, casse-cou et sensible, il apporte une dimension identificatrice et très humaine à ce cauchemar.

Ridley Scott s'est dit intéressé pour en faire un film de cinéma. La Columbia vient d'en acquérir les droits.

Un soir au club : les démons à la porte

Posté par kristofy, le 10 novembre 2009

unsoirauclub.jpg"Vous étiez passé où toutes ces années ?"

L'histoire : Simon Nardis mène une vie rangée depuis 10 ans, marié et père de famille. Mais sa vie va basculer le temps d’une nuit qu’il passera par hasard dans un club de jazz. Il va se retrouver face à ses démons qu’il avait mis tant de temps à maîtriser : la musique, l’alcool, les doutes. Il va être happé par l’ambiance du club et sa rencontre avec Debbie qui le reconnaît, c’est un ancien pianiste de jazz de renom…

Notre avis : Si dans le port d’Amsterdam il y a des marins qui chantent, dans le port de Brest il y a des musiciens qui marinent, notamment dans un petit club de jazz où arrive un homme qui a raté son train. La plupart des gens dodelinent de la tête en rythme en buvant un verre mais Simon écoute vraiment la musique. Une chanson en particulier réveille de vieux souvenirs et il va être tenté de se mettre devant le piano pour jouer. Dans la salle Debbie a reconnu qu’il est le pianiste Simon Nardis, et elle va commencer à chanter sur ses notes…

Dans le film, Simon Nardis revendique que "certains morceaux n’ont pas besoin de public", c’est un aveu de l’emprise de la musique sur celui qui la joue. Il recommence à se perdre comme il y a longtemps sans vraiment envisager les conséquences.

Le film Un soir au club est à la fois une rencontre entre un ex-pianiste célèbre et une chanteuse mais aussi des retrouvailles pour cet homme avec son ancienne vie qui le consumait à petit feu. Grâce à sa femme il est un survivant qui mène une existence équilibrée loin de la musique, mais il suffira d’une soirée dans une boite de jazz pour qu’il risque de s’empêtrer avec ses vieux démons. Addiction. Pendant ce temps son épouse et son fils attendent qu’il rentre avec un prochain train, et le lendemain arrive… L’histoire se déroule sur une courte période (une nuit et le jour d’après) comme une parenthèse désenchantée. Si la première partie est un véritable envoutement (le soir et la nuit) à tout point de vue, il est dommage ensuite que certains dialogues pompeux (le lendemain sur la plage) en atténuent le charme.

L’adaptation du roman de Christian Gailly en film par Jean Achache se détache de cette lourdeur avec des regards et des silences qui laissent deviner les mots du livre. Thierry Hancisse est en équilibre entre l’ours renfermé sur lui-même et la bête apprivoisée qui goûte de nouveau à la liberté. Il parvient de manière très subtile à communiquer au spectateur les troubles qui agitent son personnage de pianiste. On ressent d’ailleurs en partie ses tentations en étant presque réellement dans l’ambiance du club de jazz. La musique est d’ailleurs presque un personnage tellement elle est présente avec ses diverses émotions qu’elle suscite, Elise Caron l’actrice qui joue Debbie est d’ailleurs une réelle chanteuse.

On ne remonte pas si facilement de l’enfer quand il ressemble au paradis. Il y a peu de films qui "montre" le jazz comme reflet d’états d’âme, une bonne raison de découvrir Un soir au club. Film intimiste.

Le réalisateur de This is It ne fera pas le remake de Footloose

Posté par vincy, le 10 novembre 2009

Dégât collatéral. Le succès mondial de This is it, le documentaire sur les dernieres mois de la vie de Michael Jackson, a entraîné un premier revirement. Le réalisateur Kenny Ortega (High School Musical 3) s'est retiré du projet de remake de Footloose qu'il devait filmer (voir actualité du 20 août dernier).

Officiellement, Ortega n'était pas d'accord avec la Paramount sur le budget et la tonalité du film. Pour le studio, c'est d'autant plus dur à encaisser que le projet perd là son atout-maître : un cinéaste qui a le vent en poupe. C'est la seconde défection sur cefilm, après le départ de Zac Efron, qui a préféré orienté sa carrière différemment.

Si la Paramount espère toujours pouvoir tourner le film en mars, avec Chace Crawford dans le rôle qu'interprétait Kevin Bacon, il reste le problème de budget, qui semble ne pas convenir au studio, certainement échaudé par les faibles scores de Fame (18 millions de $ de budget, 45 millions de $ de box office mondial). Or, Kenny Ortega avait besoin de plus de 30 millions de $ quand Paramount ne voulait pas dépasser les 25 millions de $.

Pour Ortega, le choix de se retirer du projet est sans doute à mettre sur le compte du succès de This is it. Il a communiqué qu'il lui semblait "prématuré de s'engager sur son prochain film". Manière de dire qu'il attend des propositions bien plus intéressantes, en rapport avec son nouveau statut de faiseur de dollars.

Le Mur de Berlin n’est pas un simple décor de cinéma…

Posté par vincy, le 9 novembre 2009

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Il est tombé le 9 novembre 1989. Tout le monde se souvient de ces images sur le petit écran. Mais sur le grand?
Dans son reportage spécial, Berlin pour mémoire 1989-2009, Courrier International pose la bonne question : "Qui veut se souvenir d'un Mur après qu'il soit tombé?" L'euphorie fulgurente, et brève, les désirs absurdes des résidents de l'Allemagne de l'Est, privés de choses élémentaires durant le déclin économique de leur pays, ont laissé place à la real politik : réunification, fusion même.

Le Mur de Berlin n'est pas encore tombé dans toutes les têtes. Au Cinéma, en revanche, il a changé Berlin, et le cinéma. La Berlinale, l'un des trois grands festivals de cinéma européen, se déroule désormais au coeur de la ville, à deux pas de là où était le Mur, et s'étale à l'Ouest comme à l'Est. les studios de Babelsberg ont aussi pu attirer, de nouveau, d'importantes productions internatioanles.

Surtout, Berlin n'est plus la ville des espions, celle de tous les dangers. En 1965, Martin Ritt avait réalisé l'adaptation du best-seller de John Le Carré, L'espion qui venait du froid. Caractéristique de ce que ce Mur allait devenir : un passage entre deux mondes. Michael Caine dans Funeral in Berlin (1966) ou Sam Rockwell dans Confessions d'un esprit dangereux (2002) sont les archétypes de cet objet qui rendait une ville schizophrène et deux civilisations opposées "à bloc".

Mais le Mur de Berlin, qui a beaucoup moins inspiré que le Rideau de fer en lui-même, ne fut pas qu'un lieu où "framboise pressée" échangeait un agent avec "orange givrée". Mais jusqu'à la chute du Mur, il semble que le cinéma n'ait pas osé affronter ce monstre idéologique, qui se décline, aujourd'hui, sur la frontière américano-mexicaine et entre Israël et Palestine. Dans ces deux cas, il est interessant de constater que le 7e Art s'empare de ces murailles infernales.

Il a fallu attendre que Berlin se reconstruise, que les berlinois se retrouvent, pour que les images expurgent le traumatisme. En 1996, Margarethe von Trotta réalise le premier film marquant sur le sujet, avec Les années du mur, où un couple séparé par la construction en 1961, se revoie au moment de sa chute, 27 ans plus tard.

En 2001, Le tunnel marque un tournant. Ce film de Roland Suso Richter, inspiré de la vraie vie d'Hasso Herschel, raconte comment un champion sportif creuse un tunnel pendant 6 mois pour pouvoir faire fuir 28 personnes. Prix du public au festival de Montréal, le film lance le Mur de Berlin comme star de cinéma des années 2000.

Deux ans plus tard, avec le triomphe mondial de Goodbye Lenine!, Wolfgang Becker fait un parallèle caustique et amer entre la vie d'avant et celle d'après la chute du Mur. Le film démontre à quel point il enfermait un pays dans des certitudes destructrices. De l'envol de la statue de Lénine à l'arrivée d'Ikea, le film s'amuse des mutations de Berlin. Une mode s'amorce avec ce terme, l'Ostalgie, la nostalgie de l'Est, et l'on parle de construire un parc d'attraction à la mémoire de ce "pittoresque" Berlin-Est.

La vie des autres, Oscar du meilleur film étranger, de Florian Henckel von Donnersmarck, rappelle, en 2007, à quel point cela n'était pas drôle. Si Goodbye Lenin! rayonnait d'espoir, La vie des autres vibre avec son désenchantement. La Stasi et ses cruelles méthodes aura détruit tant de vies, pendant comme après.

Le Mur n'est pas qu'un simple décor de cinéma... c'est une blessure infligée et saignante à tout un peuple. Difficile de s'en souvenir puisqu'il n'en reste que quelques morceaux épars, et un tracé vaguement pavé. Le cinéma pourra s'en charger, nous le rappeler. A l'Ouest il rendait borgnes ceux qui vivaient dans l'opulence. A l'Est il était une impasse qui pouvait êre fatale.

Il est difficile de ne pas évoquer cet objet sans âme sans faire un détour par Wenders. Deux ans avant qu'il ne tombe, le plus grand cinéaste allemand des années 80  avait filmé Berlin en noir et blanc, de manière presque onirique, en tout cas sublimée. Mais le Mur dans Les ailes du désir, oeuvre-hommage à l'expressionnisme allemand, est un faux (une première réplique en bois n'avait pas résisté aux intempéries, une seconde a été construite, à proximité du vra). Car, et ceci explique sans doute pourquoi ce Mur n'a pas été un sujet de scénario plus inspirant : il était interdit de le filmer.

Le prophète contre Slumdog aux prix du cinéma européen

Posté par vincy, le 9 novembre 2009

A quoi servent les European Film Awards? A rien. ils seront remis le 12 décembre prochain. Tout le monde y est indifférent. Cela n'impacte sur rien : ni sur le box office ni sur le prestige du film. Un comble au bout de 22 ans. La faute au calendrier déjà. A la fin de l'année, avec un règlement incompréhensible, les prix du cinéma européen récompensent des films qui ont déjà eu les honneurs des Oscars ou de Cannes. Le Festival de Cannes reste d'ailleurs le principal foyer de films pour les nominations. Pour les stars, on prend souvent les européens nommés aux Oscars. Mais rarement la cérémonie ne préfigure le succès d'un film aux Oscars, ou pire, n'accompagne le film dans un succès au box office.

Cette année, le cinéma français a séduit. Le Prophète de Jacques Audiard cumule six nominations (dont film, réalisateur et acteur). L'Oscar du meilleur film (Slumdog Millionaire), la Palme d'or (Le ruban blanc) ou encore Fish Tank rivaliseront dans la catégorie du meilleur film. Plus intéressant le choix du meilleur réalisateur : Almodovar, Boyle, Haneke, Von Trier, Audiard et Arnold. Les jeunes dev Patel et Tahar Rahim sont reconnus parmi les meilleurs acteurs, face au vétéran Steve Evets (Looking for Eric). Penelope Cruz et Kate Winslet, oscarisées, font face à Charlotte Gainsbourg et Yolande Moreau mais aussi aux fraîches Noomi Rapace et Katie Jarvis.

Enfin notons que Mia et le Migou fait partie des trois films d'animation nommés dans sa catégorie et que Les plages d'Agnès d'Agnès Varda est en lice pour le meilleur documentaire.

Toutes les nominations
Choisissez le meilleur film pour le prix du public

Uniques et divers, un beau-livre de deux de nos collaborateurs

Posté par vincy, le 8 novembre 2009

firmine richardNos deux fidèles collaborateurs, Benoît Gautier, auteur, et Fabien Lemaire, photographe, ont travaillé ensemble cet été pour réaliser un beau-livre qui vient d'être publié. Uniques et divers est un ouvrage qui réunit 46 portraits photographiques de personnalités venus de divers horizons, y compris des médias, de la politique et du secteur culturel.

De Christophe Girard à Rama Yade, de Jérôme Clément à Pascale Ourbih, en passant par Firmine Richard ou Pascal Duquenne, Yamina Benguigui ou Frédéric Taddeï, chaque photo (de Fabien) est accompagnée de leur présentation (signée Benoît) et d'un texte manuscrit de la personnalité. L'ensemble révèle l'humanité de chacun d'entre eux.

Les photographies seront exposées lundi 9 et mardi 10 novembre au Forum des Images à Paris, dans le cadre du Forum Diversité 09.

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Uniques et divers ; éditeurs : association Toléde et Somogy ;
96 pages, 19 euros. Disponible sur Amazon, à la Fnac et dans toutes les bonnes librairies.

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Les César renoncent au trophée du box office

Posté par vincy, le 7 novembre 2009

L'Académie des Arts et Techniques du Cinéma, organisatrice des César, la renoncé à créer un nouveau prix pour distinguer un film ayant réalisé "un grand nombre d'entrées en salles" (voir actualité du 7 octobre dernier).

Il n'y aura donc que vingt trophées. On regrette, encore et toujours, que le secteur de l'animation soit oublié alors qu'il représente, autant en matière de financements que de recettes et d'emplois, une importante part du 7e art national. De même, en ces temps numériques où les professions techniques souffrent, il est érange de ne pas récompenser les effets visuels et speciaux dans un cinéma qui en consomment de plus en plus.

Lille accueille un nouveau multiplexe

Posté par vincy, le 7 novembre 2009

ugclille.jpgC'est dans la métropole "ch'ti" qu'il y a le cinéma le plus fréquenté de province : le Kinépolis de Lomme. 23 salles, 2,5 millions d'entrées par an, à un poil du champion national, l'UGC Cité-Ciné des Halles à Paris. Le mastodonte représente la moitié des places vendues à l'année dans la métropole.

UGC n'est pas en reste sur la ville nordiste puisqu'elle disposait déjà d'un multiplexe de 14 salles, attirant 1,1 million d'entrées. La chaîne a ouvert le 6 novembre un nouveau complexe, en banlieue, à Villeneuve d'Ascq : 12 salles mais un peu plus de fauteuils et quatre salles équipées en 3D relief. UGC espère séduire 600 000 spectateurs l'an prochain. Etonnament il n'y a pas eu de retard. Les délais ont été respectés. Cela fait plus de dix ans que Villeneuve d'Ascq attendait son cinéma, depuis la fermeture des Cinq lumières en 1998 (voir article paru dans Nord-Eclair le 4 novembre).

Lille/Roubaix/Tourcoing, quatrième agglomération de France, dispose d'un parc très dynamique puisqu'il faut ajouter les trois salles davantage "art et essai" de Michel Vermoesen : le Majestic, le Métropole et le Duplexe Roubaix, soit 19 écrans  pour 660 000 spectateurs. Ces trois cinémas acceptent aussi les cartes UGC illimité, qui ainsie st disponible dans 46 salles.

Lille est l'une des villes les plus cinéphiliques du pays avec, en 2009, déjà 3,3 millions de spectateurs, juste derrière Paris, Lyon et Toulouse ; mais devant Bordeaux, Marseille et Strasbourg. Un habitant pour quatre billets de cinéma? Lille a l'avantage d'être une ville étudiante et culturellement vivante. De la production de films (notamment avec le CRRAV) à l'enseignement (Le Fresnoy), le cinéma a toujours été à sa place.

La question est de savoir si l'augmentation de l'offre fera augmenter la demande...

Festival « Filmer le travail »: l’initiation…

Posté par Benjamin, le 6 novembre 2009

La ville de Poitiers, déjà fréquentée chaque année par les Rencontres Henri Langlois dont Ecran Noir est partenaire, s'arme cette semaine d'un nouveau festival intitulé "Filmer le travail".

Du 3 au 8 novembre, le festival présente une sélection "internationale" (le terme est mis volontairement entre guillemets pour porter l'évènement à une échelle importante, la grande majorité des films présentés étant français) avec la présence des réalisateurs qui viennent parler, voire débattre de leurs films; un colloque autour d'un sujet précis ("Images du travail, travail des images") et des rétrospectives, des projections de films connus (ou méconnus) de cinéastes plus que confirmés: un hommage est rendu aux premiers films de Ken Loach par exemple ou encore à la trilogie "Profils paysans" de Raymond Depardon.

Parmi les films en compétition étaient projetés mardi, en début d'après-midi, deux films, l'un d'une durée de 63 minutes, l'autre de 16 minutes.

Le premier film a pour titre L'initiation et est réalisé en duo par Boris Carré et François Xavier Drouet (tous deux absents). Le film suit un groupe de jeunes qui, le temps d'un week-end, vont préparer l'épreuve des concours d'entrée en école de commerce. Un entretien de personnalité. Dans un bel hotel entièrement mis à leur disposition, des formateurs vont leur apprendre à devenir les meilleurs.

Sans se préoccuper de la lumière, sans rechercher le moindre effet de style, les deux réalisateurs se contentent de suivre les différents protagonistes, filmant souvent de front la personne concernée. Il en résulte une prise directe avec les dires, et ceux notamment du formateur "en chef". Un chef d'entreprise qui vend la méthode à l'américaine, qui critique la vieille France et qui vante la culture du winner. Son entrain fait sourire mais ses propos effraient et accablent, surtout lorsqu'il apprend à ces futurs cadres supérieurs comment licencier le petit personnel pour garder le bateau à flot. Individualisme forcé, culture du meilleur, écrasement des autres. Certainement le capitalisme dans toute sa splendeur.

Comment j'ai quitté TBWA de Boris du Boullay (également absent mais présent en fin de semaine) vient se placer à l'opposé de L'initiation. Il prend le problème de face et donne à voir un film frappant et tout à fait singulier. Jour après jour, matin après matin, soir après soir, Boris du Boullay se filme avec son téléphone portable sa propre image dans le miroir de son ascenseur. Dans le même temps, en voix-off, il livre son état lamentable qui pourtant ne cesse de se dégrader. Rongé par son entreprise, diminué par le poids des responsabilités, il perd son dimanche et sa vie sociale. Il ne vit plus.

Le film est bref et percutant mais son procédé qui fait son originalité s'essouffle dans la longeur et son propos donc perd en puissance.

Deux films très différents mais qui, au fond, donnent à penser un même constat: on continue à donner sa vie pour son travail. Dommage cependant que les curieux ne fussent pas plus nombreux.

La version étendue de Métropolis attendra Berlin

Ce soir (le jeudi 5 novembre), il nous est permis de (re)découvrir l'un des plus célèbres chefs d'oeuvres de Fritz Lang (tout aussi absent que les autres d'ailleurs !), Metropolis. A noter que, bien qu'une version du film plus longue de 25 minutes fut découverte en juillet 2008 à Buenos Aires, c'est la version de deux heures (modelée dans les années 90) qui nous fut présentée. Un des professeurs de cinéma de l'université de Poitiers, qui présentait le film, s'est chargé de le spécifier. Il a rappelé également les nombreux niveaux de lecture que le film offrait, qu'il soit socialistes, religieux, politique voire même fascistes pour certains ! Un film qui, ajourd'hui encore, nourrit une certaine controverse.

Le festival pour cette soirée spéciale, a tenu à projter aux spectateurs le film dans le cadre d'un ciné-concert et, avec donc, un accompagnement au piano de Jacques Cambra (un habitué de ce genre d'évènements puisque depuis 1997, il accompagne de façon régulière les films muets au piano) qui, rien que pour nos oreilles, s'est prêté au jeu de l'improvisation. Et une fois, les petits problèmes techniques réglés, la musique de Cambra peut aller se frotter au gigantisme du film de Lang. Parfois pris au dépourvu par les changements de plans et de rythme du film, le pianiste n'en perd jamais pour autant le fil de sa création. Et le public, venu nombreux, peut se délecter de ses flamboyances musicales qui accompagnent si parfaitement les intensités dramatiques de Metropolis. Une expérience à la fois sonore et visuelle qui réconcilie les plus réticents avec le cinéma muet et qui rapproche le public de l'oeuvre, véritablement intemporelle.

"Filmer le travail" est un premier festival timide mais dont l'intérêt porté par les spectateurs est certain. Il ne lui reste plus qu'à poursuivre sa route jusqu'au 8 novembre, pour revenir l'an prochain, plus hardi et plus étoffé pourquoi pas.