Brad Pitt se perd chez James Gray

Posté par vincy, le 16 juin 2010

Pour son prochain film, The Lost City of Z, James Gray a enrôlé Brad Pitt, qui co-produira le projet. La cité perdue de Z : une expédition légendaire au coeur de l'Amazonie est un roman de David Grann, publié en France en mars chez Robert Laffont. On doit aussi à Grann un livre sur le mythomane Frédéric Bourdin, personnage porté à l'écran par Jean-Paul Salomé dans Le Caméléon (en salles le 23 juin).

Lost City of Z est l'histoire Percy Harrison Fawcett, le dernier explorateur victorien qui inspira le personnage d'Indiana Jones, disparu mystérieusement en 1925. Il avait envoyé un message faisant part d'une découverte au fond de la forêt amazonienne, d'une cité étrangement baptisée "Z", alors qu'il cherchait la ville de l'Atlantide.

Le tournage est prévu pour la fin de l'année. Pitt doit tourner Moneyball d'ici là et assurer la promotion de The Tree of Life, le film très attendu de Terrence Malick.

Julie Delpy tourne avec Eric Elmosnino et Aure Atika

Posté par vincy, le 16 juin 2010

Forte des critiques très positives autour de son travail de réalisatrice (Two days in Paris, La comtesse), Julie Delpy s'attaque à son troisième film. Depuis quelques jours, elle tourne Le Skylab en Bretagne. L'histoire se déroule en 1979, où, pour l'anniversaire d'une grand mère, toute une smala familiale se réunit dans une maison bretonne. Cette chronique est vue à travers les yeux d'une gamine de dix ans.

Ma famille sera composée de comédiens venus d'univers différents : Eric Elmosnino (Gainsbourg, vie héroïque), Aure Atika, Noémie Lvovsky, Bernadette Laffont, Albert Delpy (le père de la cinéaste) Sophie Quinton, Vincent Lacoste ou encore Emmanuelle Riva.

Les rêveurs de Mars : à la conquête de la planète rouge

Posté par anne-laure, le 15 juin 2010

les reveurs de mars"Jamais on n’apprécie plus la beauté d’un lieu que quand on le quitte."

L'histoire : Ils sont scientifiques, étudiants, architectes, écrivains… Et ne rêvent que d’une chose : conquérir Mars comme Christophe Colomb a conquis le Nouveau-Monde. Mieux que rêver, ils espèrent pouvoir poser le pied sur cette planète avant de mourir. Selon eux, un "nouvel homme" est nécessaire sur Mars – malgré les conditions difficiles – pour la survie de l’espèce humaine et de notre Terre si malmenée.

 Notre avis : "J’ai toujours eu envie de faire un film aux Etats-Unis et d’y filmer des gens et des paysages. Et j’ai toujours été fasciné par la planète Mars et par la possibilité d’une vie extra-terrestre". C'est ce qu'explique Richard Dindo, réalisateur du documentaire Les Rêveurs de Mars. Le cinéaste nous embarque ici dans un long voyage, à la découverte de la planète rouge, celle qui a nourri de nombreux fantasmes chez les férus d'espace (et les autres).

Interviewant des gens sérieux – des scientifiques, des géologues, des écrivains, des architectes – il parvient à nous emmener dans un tourbillon de questions. Y a-t-il de la vie sur Mars ? Y en a-t-il eu et y en aura-t-il encore ? L'espèce humaine peut-elle s'y installer ? Quand ? Chacun apporte sa contribution, sa pierre à l’édifice. Tous espèrent pouvoir un jour fouler le sol de la planète rouge. Peu importent les radiations dangereuses pour la santé, peu importe le climat trop froid pour l’être humain, peu importe le manque d’oxygène. Richard Dindo filme ses interlocuteurs avec beaucoup de sympathie, mais aussi une pointe d'ironie.

Ces utopistes sont les nouveaux pionniers de l'Amérique, et le réalisateur n'hésite pas à faire le parallèle avec les colons européens du XVème siècle, venus conquérir l'Ouest des Etats-Unis. Il interroge d'ailleurs deux Amérindiens, au discours très fort, qui, eux, ne voient pas l'intérêt d'aller conquérir cette nouvelle planète. Car, c'est bien de cela qu'il s'agit. Ces rêveurs veulent s'installer sur Mars, persuadés que c'est la seule solution pour assurer la pérennisation de l'espèce humaine. Et c'est là l'intérêt du film : réussir à faire un parallèle entre notre planète qu'on laisse à l'abandon, aux prises avec d'insolubles problèmes environnementaux, et Mars qui nous permettrait de recommencer à zéro.

Richard Dindo montre le lien entre les deux, surtout visuellement. Où sommes-nous ? Dans le désert du Nevada ? Sur la planète rouge ? Le cinéaste s’amuse à alterner des images des deux planètes. Il nous laisse vagabonder à travers des paysages splendides terriens et martiens, qui se ressemblent beaucoup.

Mais au final, le documentaire tourne en rond. Les arguments de ces rêveurs de Mars se répètent. Les images aussi. On finit par s'ennuyer. L'idée était intéressante à explorer mais le réalisateur n'est pas parvenu à l'approfondir suffisamment. Comme après tout rêve un peu trop beau, le retour à la réalité s'accompagne d'une grosse pointe de déception.

Orpailleur?: Une ruée ver l’or qui manque d’éclat

Posté par Morgane, le 15 juin 2010

orpailleur« -?il n’y a plus rien ici, seulement les fantômes?»

L’Histoire?: 18 ans après avoir quitté sa terre natale, Rod, jeune Parisien d´origine guyanaise, rentre au pays suite à la disparition de son frère aîné. Gonz, son ami d´enfance des cités, fait partie du voyage. À Cayenne, la révélation d´un douloureux secret de famille pousse Rod dans une quête effrénée de vérité. Il fait la connaissance de Yann, une jeune guide de tourisme écologique très remontée contre les méfaits de l’orpaillage clandestin. Tous les trois seront dès lors pris dans un engrenage, entraînés au bout du fleuve, au coeur de la forêt amazonienne, dans le milieu hostile et archaïque des orpailleurs clandestins...

Notre avis?: Marc Barrat se penche sur la fascination de l’or, son pouvoir sur les êtres agissant alors comme une drogue. Chacun en veut toujours plus et ce, à n’importe quel prix. Au-delà de cette folie humaine, le réalisateur dépeint les conditions inhumaines de l’orpaillage dont la plupart des camps sont clandestins, entraînant un véritable esclavage moderne. En plus de ces conditions de vie inacceptables que les chefs font subir à leurs ouvriers, Marc Barrat pointe du doigt le désastre écologique engrangé par cette extraction sauvage tout le long du fleuve Amazone.

Le message est alors fort mais on regrettera un certain manichéisme utilisé par le réalisateur. En effet, dans L’Orpailleur, il y a ceux qui détruisent et saccagent et ceux qui cherchent à protéger. Les méchants ont de véritables têtes de méchants, visages patibulaires auxquels personne ne se fierait. Quant aux gentils, ils sont beaux et photogéniques, Tony Mpoudja et Sara Martins en tête. Marc Barrat joue ici la carte de la facilité et on aurait souhaité un peu plus de subtilité. Néanmoins, ce qui dérange peut-être aussi, c’est que son utilisation des clichés n’est probablement pas si éloignée de la vérité et de l’horreur qu’entraîne l’orpaillage en Guyane, et ailleurs.

Car avec certains plans, le spectateur a parfois le sentiment d’être au coeur d’un documentaire (paysages sublimes de la Guyane, du fleuve Amazone et de la jungle qui l’enserre). Le film surfe sur la vague des films écolos dont l’imagerie et le parler politiquement corrects séduisent. Mais le message aussi, et il ne faut surtout pas le rejeter en bloc sous prétexte d’un effet de mode.

Mais, pour son premier long métrage, Marc Barrat a choisi la fiction et non le documentaire. En plus de son message écologique et de sa dénonciation d’une grande misère sociale, le réalisateur nous livre un film d’aventure, une histoire d’amour (entre deux êtres mais aussi entre l’homme et la nature), d’amitié et de famille qui se retrouve, se découvre et se comprend. Malheureusement, un discours trop direct manquant de nuances et un jeu parfois surfait de la part des acteurs donnent au film une sorte de déséquilibre lui faisant défaut. Le fond est certes très intéressant mais la forme n’est, elle, pas à la hauteur.

La franchise Jason Bourne relancée

Posté par vincy, le 15 juin 2010

Un pas de plus vers le changement. Universal Pictures ne compte pas abandonner sa franchise lucrative autour du tueur amnésique Jason Bourne. Mais le quatrième épisode ne sera pas comme les autres. Le studio a demandé au scénariste Tony Gilroy, auteur des trois premiers films, d'écrire la suite, pour l'instant intitulée The Bourne Legacy. Malgré son titre, le film n'aurait rien à voir avec le livre homonyme de Robert Ludlum, le créateur de Jason Bourne. Mais Universal ne s'est pas arrêté là. Il lui a été demandé d'écrire aussi une "bible", qui spécifierait en détails les personnages et leur parcours, afin de pouvoir, éventuellement, faire des "spin-offs" autour de ceux-ci. Des "spin-offs", c'est-à-dire des films dédiés à ces protagonistes.

Cela confirme aussi que Matt Damon ne reprendra pas le costume de Bourne, puisque l'acteur avait conditionné sa participation dans le quatrième film à la présence de Paul Greengrass derrière la caméra (voir l'actualité du 3 février 2010).

The Bourne Legacy est prévu pour une sortie à l'été 2012.

Sam Raimi, magicien du pays d’Oz?

Posté par vincy, le 15 juin 2010

Trop tentant. Disney a récolté un milliard de dollars de recettes mondiales avec une nouvelle version d'Alice au pays des merveilles. Un réalisateur culte autrefois considéré comme marginal avec ses thèmes macabres (et loin de l'univers Disney), un livre illustré et un dessin animé légendaires, une histoire surprenante (un sequel plutôt qu'un remake) : la formule a fonctionné.

Alors pourquoi ne pas recommencer?

Prenons un réalisateur culte autrefois considéré comme marginal avec ses délires sanguinolents, un roman pour la jeunesse et un film familial légendaire, une histoire surprenante (un prequel plutôt qu'un remake) : la formule a tout pour fonctionner.

Mais là ni Lewis Carroll, ni Tim Burton, ni dessin animé Disney. Ce sera le livre de L. Frank Baum, par Sam Raimi, qui s'attaque au chef d'oeuvre de Victor Fleming : Le Magicien d'Oz.

Disney a, en effet, approché le réalisateur de la trilogie Spider-Man pour revisiter l'univers de Dorothy Gale. Le producteur d'Alice, Joe Roth, a annoncé le projet Oz, the Great and Powerful, qui s'intéresse à un cow-boy dans un cirque, transporté par une tornade dans le mystérieux pays d'Oz. Il est alors confondu avec un certain Magicien...

C'est le premier projet officiel de Sam Raimi depuis qu'il a abandonné la franchise Spider-Man (voir actualité du 14 janvier 2010).

Le Festival de Cabourg couronne Air Doll et Ce que je veux de plus

Posté par kristofy, le 14 juin 2010

Swan d’Or des longs-métrages en compétition :Christophe Lambert & Sophie Marceau

- Grand Prix : ex æcquo Air Doll de Hirokazu Kore-eda et Ce que je veux de plus de Silvio Soldini

- Prix du Public : Le nom des gens de Michel Leclerc

- Prix de la Jeunesse 2010 : Yo, También de Álvaro Pastor et Antonio Naharro

- Coup de coeur 2010 : Christophe Lambert (notre photo avec Sophie Marceau) dans La Disparue de Deauville de Sophie Marceau, L'Homme de chevet d'Alain Monne et White Material de Claire Denis.

- Coup de foudre 2010 : Benoît Delépine et Gustave Kervern pour Mammuth

Swan d’Or 2010 :

- Meilleure comédie romantique : L'arnacoeur de Pascal Chaumeil.

- Meilleure réalisatrice : Julie Delpy pour La comtesse.

- Meilleur acteur : Eric Elmosnino (notre photo, avec Dinara Droukarova) pour Gainsbourg (vie héroïque).

- Meilleure actrice : Marina Hands (notre photo, avec Guillaume Galienne) pour Ensemble, nous allons vivre une très très grande histoire d'amour.

- Révélation masculine : Vincent Rottiers pour Qu'un seul tienne et les autres suivront.

- Révélation féminine : Leila Bekhti pour Tout ce qui brille.

Eric Elmosnino, Dinara Droukarova, Marina Hands, Guillaume Galienne

Section Courts Métrages 2010

- Meilleur Réalisateur : Amal Kateb pour On ne mourra pas

- Meilleure Actrice  : Yelle pour Une pute et un poussin de Clément Michel

- Meilleur Acteur  :  Joseph Malerba pour Le Cygne de Emma Perret

Crédit photos : Christophe Maulavé

Différent 3 ! : festival festif de cinéma espagnol à Paris

Posté par MpM, le 14 juin 2010

Différent 3Pour la 3e année consécutive, "Différent !" propose de découvrir pendant une semaine  "l’autre cinéma espagnol". Né du désir d’un groupe d’amis ayant des affinités avec l’Espagne, et organisant toute l’année les fameuses "Espagnolas en Passy",  ce festival se veut un condensé de projections inattendues mêlant cinéma, musique et festivités juste avant la naissance de l’été.

Car comme le rappelle José María Riba, journaliste et programmateur de Dífferent 3 !, "en France, le seul cinéma espagnol qui soit vraiment connu, c’est celui d’Almodovar. Pour les gens qui sont un peu pointus, on peut ajouter Carlos Saura, Luis Bunuel, Alejandro Amenabar… mais tout le reste est inconnu ! Cela laisse un large éventail à montrer. Nous ne nous mettons aucune barrière : des courts, des longs, des documentaires, de toutes les époques… Le seul critère de sélection, c’est que chaque projection soit superbe. Ce qui nous importe, c’est que vous soyez contents de votre soirée."

En tout, ce sont ainsi une dizaine de longs métrages, des courts, de la musique et des rencontres festives autour d’un verre ou d’un buffet qui sont proposées pour célébrer une cinématographie sortant des sentiers battus ! Comment faire son choix parmi une telle offre ? "Ca dépend des goûts !", assure José María Riba. "Si vous êtes intéressé par les questions de sexe, de genre ou érotiques, il faut venir au Majestic Passy pour voir un ovni de film : Fake orgasm de Jo Sol, réalisé par une équipe de fadas ! En plus, la projection sera suivie d’un buffet aphrodisiaque à la mode ibérique…"

Pour les amateurs de documentaires ou de films historiques, il y a également Los caminos de la memoria de José Luis Penafuerte qui traite de la guerre civile, et qui cherche un distributeur en France. Les amateurs de musique, eux, ne devront pas rater le concert Espagnolas en la intimidad, de l’écran à la scène, qui sera le premier concert de la fête de la musique.

"Entre tout ça, il y a des premières et deuxièmes œuvres de cinéastes qui, cette année, voyagent beaucoup : en Uruguay, en Argentine..." Notamment Mal dia para pescar de Alvaro Brechner, présenté à la Semaine de la Critique 2009, ou encore Al perdida de Enrique Gabriel et Javier Angulo, sur le coup d'état militaire de 1976 en Argentine.

Et si malgré tout, vous ne parvenez toujours pas à vous décidez, suivez l’ultime conseil de José María Riba : "tirez au sort ! "

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Différent 3 !
Du 14 au 20 juin 2010
Information et programme sur le site de la manifestation

Wim Wenders convaincu par la 3D

Posté par MpM, le 14 juin 2010

"Dans le futur, ce sera un outil idéal pour les réalisateurs de documentaires. Cela leur ouvrira de nouvelles perspectives", a déclaré Wim Wenders au sujet des nouvelles techniques de 3D qu’il a pu tester dernièrement sur le tournage de son film hommage consacré à la chorégraphe Pina Bausch.

"Nous voulions faire ce film ensemble avec Pina depuis 20 ans. Le concept était qu'elle nous emmène dans son univers. Cela aurait été un peu comme un road movie dans lequel je l'aurais accompagnée à l'étranger." Après la mort de cette grande figure de la danse contemporaine en juin 2009, Wim Wenders a d’abord failli renoncer au projet, avant de le transformer en documentaire relief sur ceux qui avaient côtoyé Pina Bausch (voir news du 1er août 2009). Il a ainsi longuement filmé les danseurs sur scène mais également en coulisses. "Cela est devenu un film sur son travail. Évidemment c'est très différent de ce que nous aurions fait ensemble", a-t-il expliqué.

Le recours à la 3D devrait permettre de rendre grâce à l’art de la chorégraphe, particulièrement basé sur l’espace. Pour le réalisateur, c’est une vraie découverte. "On va bientôt s'apercevoir que pour rendre la réalité, c'est un gain incroyable. Voir en relief quelque chose de très simple et de très naturel, ne serait-ce qu'un gros plan de quelqu'un qui parle, donne une qualité de présence étonnante. Pour moi, il sera difficile de retourner en arrière" avait-il notamment déclaré il y a quelques mois dans le cadre du festival "L'industrie du rêve".

Bien sûr, cela représente des contraintes assez lourdes, notamment en termes de moyens techniques et humains. "Il faut beaucoup plus de lumière, une équipe plus importante. On tourne avec deux caméras reliées par des miroirs, et le chef opérateur est accompagné du stéréographe Alain Derobe, qui prend en charge toute la mathématique et la logistique 3D. À chaque plan, il faut recalibrer pour situer l'écran imaginaire. Et il faut aussi corriger les effets stroboscopiques de la représentation du mouvement, qui sont multipliés par la 3D", expliquait-il à l’époque.

Mais pour représenter la grâce insaisissable de la danse, le relief semble apporter une telle plus-value en terme de légèreté de captation que pour le réalisateur allemand, le jeu en vaut largement la chandelle.  "Peut-être que dans quelques années tous les documentaires seront tournés en 3D et qu'elle ravivera le genre comme l'a fait le numérique", conclut-il, optimiste et subjugué.

Dommages collatéraux : le cinéma israélien paye pour la politique de son gouvernement

Posté par anne-laure, le 13 juin 2010

« Parce qu'il est israélien, on lui a appliqué une punition collective. C'est l'erreur de ce réseau de cinéma » - le réalisateur Leon Prudovsky

a 5 heures de parisLe réseau de salles d’art et d’essai Utopia a décidé, vendredi 4 juin, de boycotter purement et simplement le film israélien A 5 heures de Paris, réalisé par Leon Prudovsky. Pour quel motif ?  La condamnation du raid israélien meurtrier sur le convoi maritime humanitaire à Gaza, le 31 mai dernier. Normalement prévu pour le 23 juin, le film devrait être zappé de deux salles – à Tournefeuille (près de Toulouse) et Avignon - sur les six que possède le réseau.

A 5 heures de Paris, est une comédie sentimentale classique, une histoire d’amour naissante entre un chauffeur de taxi et une professeur de piano. On ne peut pas accuser le réalisateur d’avoir fait un film politique, et quand bien même, toute forme de censure d'un film est contestable. Pourtant, Utopia estime agir pour « des raisons morales » (sic), puisque le film est en partie financé par l’Etat israélien. «Nous sommes scandalisés par l'attitude d'Israël, par sa violence et nous voulions protester contre ce qui se passe », a déclaré Anne-Marie Faucon, co-fondatrice d'Utopia. « Vu les retombées médiatiques, on se dit que nous avons eu raison de le faire. Les spectateurs expriment leur sympathie, beaucoup sont très en colère et comprennent que c'était le seul moyen de nous faire entendre. »

Une double erreur fondamentale se glisse dans cette argumentation : d'une part, le film est loin d'être produit majoritairement par les deniers publics, d'autre part l'Etat israélien a souvent investit dans des films critiquant ouvertement la guerre avec les pays voisins. « Parce qu'il est israélien, on lui a appliqué une punition collective. C'est l'erreur de ce réseau de cinéma », a déclaré  le cinéaste Leon Prudovsky (par ailleurs né à Saint-Petersbourg en Russie) sur la chaîne Public Sénat.

A quand un film japonais ou américain censuré parce que leur pays pratique la peine de mort?

Pour se donner bonne conscience sans doute, Utopia préfère d'ailleurs programmer Rachel de Simone Guitton, un documentaire sur Rachel Corrie, une pacifiste américaine écrasée par un bulldozer israélien en 2003 en tentant d'empêcher la destruction de maisons palestiniennes. La confusion ne fait qu'augmenter. Dans ce cas, pourquoi ne pas censurer les films chinois, iraniens, thaïlandais, russes ou encore japonais pour divers désaccords idéologiques (oppression, torture, peine capitale, ...) alors que ces films sont souvent financés à travers des systèmes d'aides publiques (et d'autorisations d'Etat)? Pourquoi deux poids deux mesures ? Pourquoi ne pas avoir appliqué cette sentence dès le début du blocus de Gaza à tous les films israéliens ? Pourquoi punir un cinéma qui est principalement très critique envers la politique de son gouvernement, portant généralement des messages pacifistes ou offrant des portraits d'un pays cloisonné entre ses communautés ?

Selon Bertrand Delanoë, « il est à la fois absurde, injuste et contre-productif de s'en prendre aux créateurs pour condamner l'action d'un gouvernement ». « Les artistes ne sont pas comptables du choix des dirigeants de leur paysLe cinéma est, partout dans le monde, un instrument d’affirmation de la liberté d’esprit et de la pensée critique. C'est d'autant plus vrai s'agissant du cinéma israélien, qui a toujours été une avant-garde exigeante et lucide ». « La culture demeure le meilleur vecteur de l'intelligence, du dialogue et de la paix » .

Double peine

C'est ainsi prendre les spectateurs en otage : ne pas leur proposer une vision apolitique et positive d'Israël, disposer d'une sanction à l'égard d'un gouvernement en englobant tous les citoyens, y compris un réalisateur, pire, imposer un soutien aveugle à un camp plutôt qu'à un autre. C'est le contraire de la justice, de la liberté d'expression, et de la pluralité de l'opinion.

Le boycott fait grand bruit et les réactions sont vives, de SOS Racisme à la Licra en passant par le Crif. Jeudi 10 juin, les professionnels du Septième Art ont mis la pression sur Utopia. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture a fait part de son incompréhension et de sa désapprobation. « Ma déception est d'autant plus grande que j'ai toujours eu le sentiment que le réseau Utopia était ouvert à toute la diversité du cinéma et participait, à sa façon, à ce débat démocratique » écrit-il dans une lettre adressée à Anne-Marie Faucon.

Mais le réseau de cinémas est résigné. Utopia estime d'ailleurs que son geste symbolique et limité dans le temps ne nuit pas au film puisqu'il le diffusera en juillet, à une date encore non définie. Par ailleurs, il organisera des débats avec des réalisateurs israéliens, auxquels Leon Prudovsky est invité. Pas de censure donc ? Cela reste à voir. Le symbole est quand même gênant, et créé un malaise.

Dès le 23 juin, A 5 heures de Paris sera tout de même programmé en France dans 40 à 50 salles, notamment celles des circuits UGC, Gaumont, Pathé ou MK2.

Et finalement, après une semaine de polémique et de division entre les dirigeants du réseau  des salles Utopia, ceux-ci se sont engagés à programmer le film israélien A cinq heures de Paris. Franck Salün, responsable de la distribution chez Memento Films, relativise mais ne cache pas qu'il s'agit d'« une dérive inquiétante, de considérer qu'un cinéaste doit rendre compte de la politique de son pays. »