Venise 2018: Deux films français récompensés dans les sélections parallèles

Posté par vincy, le 7 septembre 2018

Claire Burger est la lauréate de la 15e édition des Giornate degli Autori (les Venice Days) de la Mostra de Venise avec son premier long métrage (en solitaire), C'est ça l'amour. La coréalisatrice (avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis) de Party Girl (Caméra d'or à Cannes il y a quatre ans) raconte l'histoire d'un père, dont l'épouse est partie, qui doit gérer le foyer et ses deux filles adolescentes.

Le film doit sortir cet automne.

Le jury, présidé par le réalisateur Jonas Carpignano, a souligné qu'il s'agissait d'un "film extrêmement personnel de la réalisatrice, une œuvre très pertinente sur les différentes situations auxquelles nous sommes confrontées dans nos vies, que nous soyons au prise avec une relation décevante, ou que nous ayons le cœur brisé pour la première fois."

Lors de la cérémonie, deux autres prix ont distingué Sudabeh Mortezai pour Joy, qui reçoit le Hearst Film Award (Meilleur film réalisé par une femme) et le Label Europa Cinemas (Meilleur film européen).

Le public a plébiscité quant à lui Ricordi? de Valerio Mieli.

La Semaine internationale de la Critique a de son côté décerné le Verona Film Club Award à un autre film français Bêtes blondes d'Alexia Walther et Maxime Matray. Le film suit une éphémère vedette de sitcom dans les années 1990, Fabien, qui a sombré aujourd'hui dans l'alcoolisme. Jusqu'au jour où il croise la route de Yoni. Même pas surpris de découvrir dans le sac du jeune militaire en larmes, la tête d'un autre jeune homme, beau comme un rêve, comme un souvenir, comme un reproch

Le Sun Film Group Audience Award a distingué Still Recording de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub, qui repart également avec le Mario Serandrei – Hotel Saturnia Award pour la meilleure contribution technique.

Le prix du meilleur réalisateur est revenu à Domenico De Orsi pour Gagarin, Mi Mancherai.

Venise 2018 : Jennifer Kent signe un film de genre féministe, féroce et intense avec The Nightingale

Posté par kristofy, le 7 septembre 2018

20 films en compétition, dont un seul film est signé par une réalisatrice (et, au passage, un seul est asiatique). La question a bien évidemment été posée à Jennifer Kent : « Un but du cinéma est de refléter le monde, mieux qu'avec une sous-représentation. Cela concerne non seulement les femmes réalisatrices mais d'autres aussi cinéastes comme ceux de pays en voie de développement, tout comme les personnages à l'écran. Une femme comme personnage principal d'un film ce n'est pas un film uniquement pour des femmes. ».

© ecrannoir.frJennifer Kent a surpris tout le monde avec son premier film The Babadook en 2014 : le succès est au rendez-vous, et on lui posait déjà la question à propos du trop peu femmes réalisatrices dans le cinéma d'horreur. Elle refuse d'en faire une suite, elle lit et refuse quantité de scénarios que lui envoient des studios d'Hollywood... « Je suis allé en Tasmanie pour la première fois il y a déjà quelques années, j''ai toujours voulu raconter une histoire là. Ce que je ne savais pas encore c'est que le film allait être très difficile à faire, les conditions météo ont été un enfer. Il y a eu des prisonniers Irlandais envoyés en nombre là-bas, eux, mais aussi, surtout, les aborigènes ont supporté une terrible oppression des Anglais qui sont venus occuper ce territoire. A notre époque il faut oser raconter des histoires qui méritent d'être racontées. C'est la première fois que la langue Palawa Kani est entendu dans un film, ça aussi c'est important. J'ai voulu évoquer ce que c'est de surmonter chagrin et deuil pour chercher l'amour et la compassion quand absolument tout autour de soi hurle le contraire. J'espère que l'horreur et la beauté coexistent ensemble dans ce film ».

The Nightingale a donc été dévoilé et la surprise est grande : l'horreur est présente tout au long du film sous une forme d' injustice et de malaise, enchaînant une séquence-clé violente avec la beauté. Le film fait l'éloge de l'entraide et de la découverte de l'autre tout au long d'une expédition insensée.

En 1825 dans cette partie de l'Australie qu'est la Tasmanie les soldats anglais sont des colonisateurs. Avec eux il y a des prisonniers déportés d'Irlande pour diverses servitudes. Les aborigènes sont pour beaucoup massacrés ou contraints à une forme d'esclavage. Un soir l'officier anglais Hawkins abuse de son pouvoir et de sa force sur Clare une servante irlandaise. Un peu plus tard ce sont trois soldats anglais dont ce même officier qui vont perpétrer l'effroyable : son mari et son petit bébé sont tués devant ses yeux. Alors que ces Anglais sont partis vers une autre ville, Clare persuade Billy, un aborigène, de la guider à travers des forêts pour se lancer à leur poursuite...

Hormis le début et sa fin, le film se déroule exclusivement en pleine nature, au milieu des bois, rivière et montagne. La relation entre Clare et Billy est compliquée puisqu'il y a un fort racisme entre 'whitefella' (les colonisateurs) et 'blackfella' (les aborigènes), mais tout deux sont aussi des cibles pourchassés. Durant cette double croisade il sera question de survie et de perte de repères.

© ecran noir

Dans le film on entend plusieurs langues (l'anglais, le gaélic irlandais, le palawa kani aborigène), le britannique Sam Claflin dévoile un visage brutal de méchant, l'irlando-italienne Aisling Franciosi est surprenante dans ce premier grand rôle avec la révélation Baykali Ganambarr. The Nightingale est dans sa structure proche du genre 'rape and revenge', il y a plusieurs scènes de viol et plusieurs mises à mort un peu éprouvantes, le tout reposant sur un puissant propos féministe et humaniste. Il est déjà certain que The Nightingale sera cité au palmarès du jury de Guillermo del Toro. Un film de genre réalisé par une femme remportera-t-il le Lion d'or ? C'est devenu très probable.

Après 74 éditions, la Mostra de Venise, n'a récompensé que quatre femme : Margarethe von Trotta (1981), Agnès Varda (1985), Mira Nair (2001) et Sofia Coppola (2010). Une cinquième Lionne d'or sera-t-elle couronnée demain?

Oscars 2019 : L’Académie renonce provisoirement à sa catégorie « films populaires »

Posté par wyzman, le 7 septembre 2018

C'était sans l'ombre d'un doute l'annonce la plus surprenante qu'ont faite John Bail et Dawn Hudson (le président et la directrice générale de l'Académie des arts et des sciences du cinéma) lors de leur message envoyé il y a un mois : la création à venir d'une catégorie destinée aux films populaires. Mais cette semaine, l'AMPAS rétro-pédale.

Reculer pour mieux sauter ?

Dans un nouveau communiqué, l'Académie américaine annonce que cet Oscar du film populaire "mérite une étude plus approfondie" et ne sera pas introduit lors de 91e cérémonie qui aura lieu le dimanche 24 février 2019. Les représentants de l'AMPAS expliquent que "tout en restant attachée à la célébration d'un large éventail de films", l'Académie reconnaît que l'introduction de cet Oscar "crée des défis pour les films déjà sortis".

Mais il va sans dire que les vives critiques émises après l'annonce de la création d'une telle catégorie ont sensiblement refroidi le comité d'organisation. "L'introduction d'un nouveau prix a suscité de nombreuses réactions et nous reconnaissons la nécessité de poursuivre les discussions avec nos membres", a déclaré Dawn Hudson, PDG de l'Académie.

"Nous avons apporté des changements aux Oscars au fil des ans, y compris cette année, et nous continuerons d’évoluer tout en respectant l’héritage incroyable des 90 dernières années" a-telle tout de même ajouté. Comme le rappelle très justement Variety, l’acteur Rob Lowe, le cinéaste Adam McKay, le producteur et scénariste James Schamus et le producteur des Oscars Craig Zadan font partie des opposants à cette initiative de catégorie pour films populaires.

Une refonte toujours en cours

Si l'Académie a ralenti son projet de catégorie pour "films populaires", d'autres changements déjà annoncés sont toujours d'actualité. A commencer par la réduction du temps d'antenne. La cérémonie doit en effet passer de près de 4 heures de direct à "seulement" 3 heures. Et ce, dès la prochaine cérémonie ! Pour ce faire, 6 à 8 des 24 catégories habituellement présentées durant la cérémonie le seront désormais mais durant les coupures publicitaires.

Les sacres et discours de remerciement seront coupés et diffusés ultérieurement dans la soirée. Et bien que l'on se doute que les catégories concernées concernent les domaines techniques et les courts métrages, l'Académie a tenu à préciser que ces catégories feront l'objet d'une rotation chaque année.

Penelope Cruz, Edgar Ramirez et Gael Garcia Bernal chez Olivier Assayas

Posté par vincy, le 7 septembre 2018

Edgar Ramirez, Penelope Cruz, Wagner Moura et Gael Garcia Bernal seront à l'affiche du film d'espionnage Wasp Network.

Olivier Assayas réalisera ce film, qu'il a écrit à partir du livre de l'écrivain brésilien Fernando Morais, Os Últimos Soldados da guerra fria (inédit en France).

Le réseau Wasp a été constitué par le gouvernement cubain dans les années 1980 et 1990 pour infiltrer les organisations opposées à Fidel Castro aux Etats-Unis. Le livre, paru en 2011, raconte notamment l'histoire de 14 espions cubains, et la traque des autorités américaines pour les mettre à jour. Cinq d'entre eux ont été jugées et emprisonnées pour espionnage et meurtre.

Olivier Assayas vient de présenter Doubles vies à Venise, en compétition, avec Juliette Binoche, Guillaume Canet, Pascal Greggory, Nora Hamzawi, Vncent Macaigne et Christa Théret. Le film sortira le 16 janvier 2019 en France.

Le casting hispanophone est sans aucun doute l'un des plus hype du moment. Penelope Cruz, récemment à l'affiche de Everybody Knows de Asghar Farhadi et du Crime de l'Orient-express de Kenneth Branagh, vient de tourner Dolor y Gloria de Pedro Almodovar.

Edgar Ramirez est attendu dans La quietud de Pablo Trapero et Love Child de Todd Solondz. Il a déjà eu Penelope Cruz comme partenaire dans le téléfilm Versace, diffusé au printemps.

De son côté, Wagner Moura, qui incarnait Pablo Escobar dans les deux premières saisons de Narcos, a été vu dans Troupe d'élite, Avril brisé, Elysium, Favelas et Carandiru. Il vient de réaliser son premier

Enfin, Gael Garcia Bernal était à l'affiche en janvier de Si tu voyais son coeur et a fait sensation à Berlin avec Museum. Il vient de finir de tourner la dernière saison de la série Mozart in the Jungle. Il tourne actuellement Ema, le nouveau film de Pablo Larrain.

Burt Reynolds, populaire et séducteur, nous quitte (1936-2018)

Posté par vincy, le 6 septembre 2018

C’est un des acteurs les plus populaires du cinéma américain qui vient de s’éteindre. Burt Reynolds est décédé à Jupiter (ça ne s’invente pas) en Floride ce 6 septembre à l’âge de 82 ans. Il était né le 11 février 1936.

Alors qu’il a été le champion du box office américain dans les années 1970, il n’a été nommé qu’une seule fois aux Oscars, en 1998, pour son rôle secondaire de réalisateur et producteur de film X dans Boogie Nights de Paul Thomas Anderson. Les Golden Globes l’avait sacré en second rôle pour ce même film, après l’avoir nommé deux autres fois pour The Longest Yard en 1974 et pour Starting Over en 1979 (à chaque fois en meilleur acteur de comédie).

Merci Brando

C’est peu dire qu’il fut respecté pour les recettes qu’il accumulait et beaucoup moins pour son talent. Le public ne s’en souciait pas. Il fut cinq fois récompensé par les People’s Choice Award comme acteur favori de l’année. Il a aligné d’énormes cartons en salles : Delivrance, The Longest Yard, Silent Movie, Hooper, The Cannonball run, The Best Little Whorehouse in Texas, avant de voir le public se désintéresser de lui dès 1983.

Une décennie flamboyante pour ce sportif qui rêvait de devenir footballeur professionnel, destin contrarié par une blessure. Il s’oriente vers la police quand, à l’Université, Watson B.Duncan III, professeur de théâtre, croit en son talent et lui offre un rôle dans une pièce.

Parallèlement à une riche décennie en séries télévisées, notamment en incarnant un amérindien dans Gunsmoke, ses premières armes au cinéma sont des films modestes, westerns spaghettis et autres séries B. C’est John Boorman qui l’expose en pleine lumière et fait de lui une star en lui offrant l’un des rôles principaux de Delivrance, aux côtés de Jon Voight. Boorman avait proposé le personnage de Reynolds à Marlon Brando, qui se trouvait trop vieux pour le rôle. Le film étant assez fauché, les comédiens durent faire leurs propres cascades. Et Reynolds y prendra goût pour ses films suivants. Film culte, la brutalité et la sauvagerie de ce « survival » en ont fait l’in des grands classiques du cinéma américain.

L'acteur le plus populaire des seventies

On est en 1972. Sa belle gueule, son corps athlétique (dont il savait s'amuser) font vite des étincelles. Par contraste. Les cinéastes émergents – Scorsese, Coppola, Spielberg… - ont peu d’affinités avec les bourreaux des cœurs. Redford et Newman choisissent essentiellement des grands drames populaires de qualité. Burt Reynolds a cet avantage d’occuper un créneau assez disponible : la comédie et l’aventure. Il tourne pourtant des films très variés, avec quelques grands noms du cinéma. The Longest Yard de Robert Aldrich n’est pas loin d’un film avec Pierre Richard. Aldrich le redirige dans La cité des dangers (Hustle), film noir et sensuel avec Catherine Deneuve. On le voit ensuite chez Peter Bogdanovich (At Long Last Love), Stanley Donen (Lucky Lady), Mel Brooks (Silent Movie), ou encore Alan J. Pakula (Starting Over). De la pure comédie ou de la comédie de mœurs, tout lui va. Il réalise même deux films (Gator, 1976, et la comédie noire The End, 1978).

Son plus gros hit reste Smokey and the Bandit (Cours après moi shérif !) qui eut le droit à deux suites médiocres, sorte d’équipée sauvage et burlesque, un peu crétine, où les « contrebandiers » sont les héros et les shérifs de sombres abrutis. Le film fut la 2e plus grosse recette aux Etats-Unis en 1977, derrière La Guerre des étoiles. Il recruta une fois de plus sa compagne de l’époque, l’actrice oscarisée Sally Field (avec qui il tourna trois autres films).

Le long déclin

Sa réputation de tombeur est accentuée par le choix de ses partenaires féminines, parmi les actrices les plus courtisées d’Hollywood, de Jill Clayburgh à Julie Andrews. Mais il manque tous les grands cinéastes et passe à côté de la mutation d’Hollywood et l’arrivée de l’ère des blockbusters. Le comédien n’a pas encore dit son dernier mot avec les années Reagan. Don Siegel s’essaie à la comédie policière (Rough Cut). En tête d’un casting quatre étoiles, de Roger Moore à Jackie Chan en passant par Farrah Fawcett, il devient pilote de course dans la distrayante Équipée du Cannonball (et sa suite, moins intéressante). Avec Dolly Parton, en mère maquerelle, il joue les shérifs au grand cœur dans La Cage aux poules (The Best Little Whorehouse…), où la chanteuse country inaugure I Will Always Love You. Blake Edwards en fait son Homme à femmes. Et puis de polars en comédies mal écrites (sauf peut-être Scoop, un peu au dessus du lot), sa carrière décline jusqu’à toucher le fond en 1996, avec Demi Moore, dans Striptease qui leurs valent une razzia de Razzie Awards. Il valait un million de dollars par film dans les 70s et 20 ans plus tard on pouvait l’avoir pour 100000$.

L'homme qui a refusé Star Wars et James Bond

Malgré Boogie Nights, qui prouva s’il le fallait, qu’il était un bon comédien, avec une certaine audace, il ne retrouva aucun rôle majeur par la suite, même s’il n’a cessé de travailler (avec Renny Harlin et Mike Figgis, en apparaissant dans des caméos, ou pour le petit écran). On ne voyait en lui qu’une espèce disparue d’un cinéma un peu honteux. On le cantonnait inconsciemment dans le registre des vedettes has-been, avec ou sans moustache (et sur le tard avec barbe). Il a aussi refusé des rôles qui auraient pu donner un tout autre visage à sa carrière comme Tendres passions, qui valu finalement un Oscar à Jack Nicholson. Mais il a aussi refusé Han Solo et James Bond.

Tarantino, épilogue manqué

Burt Reynolds vieillissait pourtant bien. Il avait ouvert un théâtre dans sa ville de Jupiter. Certes, il jouait dans des films qui passent rapidement en salles comme Shadow Fighter, dans le milieu de la boxe, sorti en mars aux USA. Il continuait de tourner. Il a terminé la comédie de Stephen Wallis, Defining Moment, prévue pour Noël. Mais ironiquement, il avait enfin trouvé un grand cinéaste avec Quentin Tarantino qui devait lui offrir un rôle dans Once Upon a Time in Hollywood, aux côtés de DiCaprio et Pitt. Malheureusement, les scènes n'avaient pas été tournées.

Le dernier film où il était à l’affiche était celui d’Adam Rifkin (en salles le 30 mars derniers aux USA). Il incarnait une ancienne star de cinéma qui devait faire face à sa réalité : une gloire déclinante et le temps qui passe. Presque autobiographique ? Ironiquement, ce film s’intitule The Last Movie Star. Personne ne l’a vu. Mais on sent que Burt Reynolds n’a pas fait les choses au hasard pour clore sa longue filmographie. Hormis cet acte manqué avec Tarantino qui aurait couronné une longue carrière à Hollywood.

Matthias Schoenaerts et Margot Robbie dans le thriller de Justin Kurzel

Posté par vincy, le 6 septembre 2018

Margot Robbie et Matthias Schoenaerts devraient être du générique de Ruin, thriller se déroulant juste après la Seconde guerre mondiale réalisé par Justin Kurzel (Assassin's Creed). Gal Gadot avait été initialement choisie pour le rôle féminin principal.

Le scénario a été écrit par Ryan et Matthew Firpo, qui font leurs premiers pas dans le long métrage de fiction.

Le récit suit un ex-capitaine Nazi (Schoenaerts) qui souhaite effacer ses crimes en traquant et tuant les survivants de son équipe de SS. Une survivante de la Shoah, incarnée par Robbie, fait alliance avec lui, avec le même objectif, par vengeance.

Le tournage débutera au printemps 2019 à Prague.

Margot Robbie tourne actuellement Once Upon A Time in Hollywood de Quentin Tarantino. Elle sera aussi à l'affiche de Mary Queen of Scots, dans le rôle de la Reine Elizabeth I. Matthias Schoenaerts est attendu dans Frères ennemis, en compétition à Venise, dans Kursk, dont la bande annonce vient d'être dévoilée, et dans Mustang, prévu pour l'an prochain.

Venise 2018 – David Cronenberg: « En voyant La Strada, j’ai compris que le cinéma pouvait être un art »

Posté par kristofy, le 6 septembre 2018

cronenberg ©ecran noir

Chaque année la Mostra de Venise décerne un Lion d'or d'honneur pour l'ensemble de leur carrière à différents talents du 7e art. Les derniers récipiendiaires ont été Jean-Paul Belmondo et Jerzy Skolimowski en 2016, Jane Fonda et Robert Redford l'année dernière. Cette année c'est l'actrice britannique Vanessa Redgrave (en ouverture du fesstival) et le réalisateur canadien David Cronenberg.

"Même si Cronenberg est resté confiné au début aux territoires marginaux des films d'horreur, dès son premier film scandaleusement subversif, le réalisateur a monté qu'il voulait séduire un public au-delà des limites de son genre, et il a a su construire, un film après l'autre, un édifice original et très personnel. En évoluant autour de la relation indissociable entre le corps, le sexe et la mort, son univers est peuplé de difformités et d'accouplements terrifiants, une horreur qui reflète la peur devant les mutations produites dans le corps par la science et la technologie, la maladie et la décadence physique. Tous ses thèmes - la violence, la transgression sexuelle, la confusion entre la réalité et le virtuel, le rôle déformant de l'image dans nos sociétés contemporaines - ont contribué à faire de lui l'un des plus audacieux et stimulants cinéastes de l'Histoire, un innovateur de formes et de langages qui n'est jamais lassé.", a déclaré Alberto Barbera, le directeur du Festival.

Parmi tous ses films et ses multiples prix, David Cronenberg a reçu un Ours d'argent à Berlin pour eXistenZ, un prix spécial du jury à Cannes pour Crash, Cannes où il a présenté cinq films en compétition, un Carrosse d'Or pour son œuvre et deux nominations au César du meilleur film étranger (Eastern Promises, A History of Violence). Il a reçu cinq fois "l'Oscar" du meilleur réalisateur au Canada. A Venise il a présenté son film A Dangerous Method en compétition en 2011. David Cronenberg n'a rien tourné depuis Maps to the Stars en 2014, mais il a écrit le roman Consumed (qui sera adapté en série) et il travaille sur un projet de série dont il devrait réaliser les deux premiers épisodes...

cronenberg ©ecran noirDavid Cronenberg reçoit ce Lion d'or d'honneur ce soir en préambule d'une projection spéciale de son film M. Butterfly. Avant cette soirée de gala, il s'est livré lors d'une masterclass en forme de réponses aux questions de spectateurs :

Lion d'or :
Réaliser un film c'est quelque chose de très dur physiquement et émotionellement, c'est un engagement de plusieurs longs mois voir de plusieurs années. Le festival de Venise m'a demandé quel film je souhaitais pour la projection de la séance spéciale de remise de leur récompense. J'ai choisi M. Butterfly parce que tout le monde ne l'a pas vu. Ce tournage a eu lieu en Chine à Pékin, à Budapest, à Paris; ça à été une expérience fabuleuse pour moi de le faire. La plupart de mes films parle d'identité, surtout de création d'identité.

Crash :
N'importe quel artiste qui repousse des frontières dans son art risque de faire face à une certaine censure. Crash a été censuré dans certains endroits, la Norvège par exemple. Il y a eu aussi deux versions avec 10 minutes de moins pour certains DVD, c'est regrettable. Le grand moment pour moi avec ce film a été la projection de Crash au festival de Cannes. Gilles Jacob avait proposé une projection en milieu de festival pour que ça explose comme une bombe, et ça a été le cas avec beaucoup de haine et beaucoup de passion pour ce film.

Enfance :
Quand j'étais gamin, le moyen d'accès à des fictions c'était la radio, il y a eu des grandes séries radiophoniques, Orson Welles en a fait quelques unes. En écoutant ça à la radio, il était possible d'être terrifié. Ce type de séries a disparu remplacé par les séries à la télévision et maintenant celles en streaming via internet. Petit, j'allais au cinéma voir des dessins-animés ou des films d'aventures avec des pirates, je pensais que le cinéma était un divertissement pour les enfants. J'habitais dans un quartier de Toronto qui était devenu italien, avec assez d'italiens pour que le cinéma proche de chez moi passe des films italiens. Un jour j'ai vu des gens sortir du cinéma avec des larmes aux yeux, je me suis demandé quel film pouvait bien avoir ce pouvoir sur des adultes : c'était La Strada de Fellini. C'était la première fois que je comprenais que le cinéma pouvait être un art.

Nouvelles technologies :
Avant notre époque du tout digital, vous savez que la fabrication du film était analogique avec différents procédés de développement de la pellicule. On travaillait à obtenir des couleurs parfaites pour le négatif qui servait d'étalon, mais ça arrivait que la copie projetée en salles de cinéma montre une définition de couleurs un peu différente. Chaque génération de duplication est une dégénération de l'original, un peu comme les enfants (sourire). Le numérique a apporté cette même qualité parfaite pour chaque copie. Les films en Réalité Virtuelle doivent trouver leur propre grammaire, le procédé est fascinant mais quoi en faire ? Moi au bout d'une dizaine de minutes ça me donne envie de vomir, ce n'est pas agréable sur une longue durée. Les drones aujourd'hui deviennent un nouvel outil de cinéma d'ailleurs très utilisé dans des séries, j'en ai acheté un moi-même. Avec, on peut faire des plans qui étaient très coûteux auparavant car il fallait une grue ou un hélicoptère. La technologie est une extension de notre cerveau.

En attendant James Bond, Daniel Craig tournera le polar de Rian Johnson

Posté par vincy, le 5 septembre 2018

Faute de réalisateur pour le prochain 007 - Yann Demange et le duo Bart Layton/S.J. Clarkson tiendraient la corde - dont le tournage est, pour l'instant confirmé pour cet hiver, Daniel Craig a décidé de ne pas se tourner les pouces. Le comédien s'est engagé sur le prochain film de Rian Johnson, le polar Knives Out.

Le tournage doit avoir lieu en novembre, ce qui permet à Craig d'enchaîner avec le 25e James Bond, s'il a toujours lieu. Pour Johnson, c'est aussi le calendrier idéal avant qu'il ne retourne à Star Wars, puisqu'il a été confirmé pour achever la nouvelle trilogie.

Daniel Craig interprétera un détective dans ce scénario écrit par Rian Johnson, réalisateur de Star Wars, épisode VIII, Looper et Une arnaque presque parfaite. Récemment, il a été à l'affiche de Logan Lucky de Steven Soderbergh et de Kings de Deniz Gamze Ergüven. On l'attend aussi dans la série "Purity".

Venise 2018 : le grand (et ambitieux) retour du réalisateur de « La vie des autres »

Posté par kristofy, le 5 septembre 2018

Plus c'est long plus c'est bon ? A Venise beaucoup de films ont une durée de 2h15 ou de 2h30 : First Man de Damien Chazaelle, Roma de Alfonso Cuaron, A Star is born de Bradley Cooper, The Ballad of Buster Scruggs des frères Coen, Sunset de Laszlo Nemes, Peterloo de Mike Leigh, Suspiria de Luca Guadagnino, Dragged across the concrete de S. Craig Zahler, 22 july de Paul Greengrass, The Nightingale de Jennifer Kent... les records étant Nuestro tiempo de Carlos Reygadas (2h53) et Werk ohne Autor (Never look away) de Florian Henkel Von Donnersmark qui s'étend sur 3h08 !

Avec l' abandon des caméras à pellicule (et le temps de leur mise en place) les outils numériques ont permis une réduction des coûts de journées de tournage : on filme davantage de séquences, plus vite et pour moins cher. Difficile parfois de ne pas en utiliser certaines dans le montage final...

Ces 188 minutes de Werk ohne Autor (Never look away pour son titre international, soit "ne jamais détourner le regard", et littéralement "travailler sans auteur") de Florian Henkel Von Donnersmark ne paraissent pas être les plus pesantes : le récit romanesque nous fait suivre une poignée de personnages durant une longue période depuis 1937 jusqu'en 1961, entre Allemagne nazie et Allemagne sous domination soviétique. C'est une autre particularité de la compétition de Venise: beaucoup de films nous renvoient dans le passé.

En 1937, le petit Kurt Barnet est un gamin emmené par sa tante visiter une exposition de peinture. D ans ce musée, il y a toute une partie qui montre des tableaux représentatifs d' exemple d' "art dégénéré'"qui ne doivent plus se peindre en Allemagne (des corps nus ou des abstractions géométriques, comme Kandinsky ou Mondrian). Sa tante est une personne plutôt réfractaire au parti nazi, qu'il faut presque obligatoirement incorporer et saluer. Elle est surprise un jour par sa famille dans un moment de crise exutoire à jouer du piano nue et se frapper la tête : visite chez le médecin, nazi, qui plaide la schizophrénie, et donc le placement dans une institution. C' est précisément ce sujet assez peu évoqué qui hante le film : l'idéologie de race aryenne incitait à la stérilisation contrainte des allemandes diagnostiquées d'un trouble mental ou handicapées. La disparition de cette femme restera un souvenir douloureux pour Kurt, qui après la guerre s'intéresse justement à la peinture. En 1951, Kurt est donc étudiant en art, il rencontre la belle Ellie et c'est le début d'une histoire d'amour dans cette partie Est (aka communiste) de l'Allemagne : pour la peinture, c'est en fait la même doctrine contraignante qu'aux temps des Nazis. Il faut glorifier la famille et l'ouvrier, il faut oublier "l'art décadent". Les médecins nazis qui avaient euthanasié femmes et enfants sont recherchés par le pouvoir, mais il y en a un en particulier qui n'a pas encore été inquiété et qui va de nouveau se retrouver dans l'entourage de Kurt...  Il va falloir enfin faire face au passé...

Avec Never Look Away, on finit ému d'avoir partagé un bout de vie avec ces personnages.

Le réalisateur allemand s'est imposé sur la scène internationale avec La vie des autres en 2006 : César du meilleur film étranger en France et Oscar du meilleur film en langue étrangère. Evidemment,il fut alors courtisé par Hollywwod. En 2010 il dirige Angelina Jolie et Johnny Deep dans The Tourist (remake du film français Anthony Zimmer), un honnête ratage, déséquilibré entre suspens, action et romance. Depuis plus rien... Avec ce nouveau Werk ohne Autor (Never look away) il revient à une thématique familière : une évocation de l'Histoire trouble de l'Allemagne. Cette fois il s'intéresse plus particulièrement à la génération qui a grandit durant la Seconde guerre mondiale, ceux dont les parents ont partagé l'idéologie nazie et ceux dont la famille en ont été victime.

Werk ohne Autor (Never look away) parle beaucoup d'art (la pratique, la recherche, la résonance personnelle...) avec en toile de fond l'oppression (la censure, les directives, la précarité...), et surtout l'art face à la douleur de l'intolérable. La créativité pour renaître.

Kurt est joué par l'Allemand Tom Schilling (La femme au tableau, Suite française, Oh Boy). Ellie est incarnée par Paula Beer, dèjà connue en France pour Frantz de François Ozon (d'ailleurs découverte à Venise avec un prix Mastroianni du meilleur espoir en 2016). Et la menace planante sur leur amour est le terrible le professeur Carl Seeband interprété par Sebastian Koch (qui était l'artiste espionné dans La vie des autres, et qu'on a aussi vu dans Amen, Black Book, Die Hard 5, Le pont des espions, Danish Girl...). L'ensemble de casting est impeccable, le scénario joue avec des scènes romantiques et d'autres tragiques : il ne serait pas étonnant que Werk ohne Autor (Never look away) figure au palmarès de ce festival de Venise.

Florian Henkel Von Donnersmark a déjà reçu une bonne nouvelle il y a quelques jours: son film a été choisi comme le candidat allemand pour l'Oscar du film en langue étrangère. Venise, plus que jamais, reste une voie royale vers la statuette dorée d'Hollywood.

Le scénario de la Palme d’or bientôt en librairie

Posté par vincy, le 4 septembre 2018

Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, Palme d'or au dernier festival de Cannes, fera l'objet d'une sortie en librairie. En effet, le scénario du film, traduit en français, sera disponible le 21 novembre chez l'éditeur JC Lattès. Le Pacte sortira le film le 12 décembre.

Depuis sa récompense suprême à Cannes, le mélodrame familial connaît un parcours glorieux. Pour la deuxième fois, Hirokazu Kore-eda représentera son pays aux Oscars, après Nobody Knows (2004). Le film a en effet été choisi pour représenter le Japon pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, malgré l'accueil plutôt froid du gouvernement de Shinzo Abe, régulièrement critiqué par le réalisateur. Le Premier ministre japonais voit plutôt d'un mauvais œil que le film nippon de l'année montre un Japon méconnu, celui des exclus et des marginaux.

Côté box office, le cinéaste est aux anges: le film a récolté 38M$ au box office japonais, ce qui en fait le 7e succès de l'année à date, surclassant les Avengers et à égalité avec Les Indestructibles 2 et Mission:Impossible - Fallout. En Chine, le film a rapporté 14M$ en un mois, soit un record pour un film japonais non animé.

Le film tourne désormais dans les festivals. Après Telluride cette semaine, il sera présenté à Toronto puis au Festival de New York. Il a aussi remporté le prix du meilleur film international au festival de Munich fin juin. Le réalisateur sera par ailleurs honoré au prochain Festival de San Sebastian.

Prolifique, Kore-eda va tourner cette automne son prochain film, La vérité sur Catherine (The Truth), avec Catherine Deneuve, Juliete Binoche, Ludivine Sagnier et Ethan Hawke.