Jess Franco (1930 – 2013) : le maître du fantastique s’en est allé

Posté par kristofy, le 3 avril 2013

jess francoLe réalisateur espagnol Jesus "Jess" Franco, qui a marqué de son nom l’histoire bis du cinéma fantastique avec presque 200 films (certains sous différents pseudonymes), est mort le 2 avril à l’âge de 82 ans.

Pour la plupart, ses films ont été produits avec un budget minimal, et ses histoires de vampires ou de femmes en prison avec des séquences érotiques ont beaucoup alimenté les circuits de films d’exploitation des cinémas de quartier.

Mais Jess Franco n’était pas seulement un réalisateur recherché dans les vidéo-clubs, c’était aussi un auteur admiré qui fait référence.

Un cinéaste célébré : des films à (re)voir...

Il se fait connaître en 1961 avec son 5e film, L'Horrible Docteur Orlof, un premier jalon du cinéma fantastique espagnol qui raconte l’histoire d’un chirurgien qui fait enlever des jeunes filles pour leur retirer la peau afin d’essayer de rendre sa beauté à sa fille défigurée… Ce film (inspiré par Les Yeux sans visage de Georges Franju) aura en 1987 une version différente pour laquelle il réunit Brigitte Lahaie, Caroline Munro et Stéphane Audran : Les prédateurs de la nuit.

Après ces débuts, Jess Franco devient progressivement un cinéaste recherché pour ses expérimentations, et il commence à adapter des récits fantastiques ou déviants plus complexes qui deviendront ensuite des films cultes : Vampire Lesbos, La comtesse perverse, Venus in furs ou encore Necronomicon, sélectionné au Festival de Berlin en 1968. Il met également en scène certains films inspirés de mythes de la littérature, adaptations qui font toujours référence : Les nuits de Dracula (d’après Bram Stocker), Justine (d’après Sade), Jack l’éventreur...

Par ailleurs, Jess Franco fut un proche collaborateur d'Orson Welles pour Falstaff (récompensé au Festival de Cannes 1966), et ses autres projets L'Ile au Trésor et Don Quichotte. Il aura aussi dirigé devant sa caméra de nombreux grands acteurs de son temps comme Klaus Kinsky, Jack Palance,  Christopher Lee…, et aussi les plus belles femmes comme Soledad Miranda, Alice Arno et Lina Romay, rencontrée en 1972, et qui allait ensuite jouer dans la plupart de ses films. Elle fût dès lors sa collaboratrice et aussi sa compagne pendant quarante ans (elle est décédée l’année dernière en février 2012).

Un cinéaste culte : des films régressifs ou transgressifs ?

Dans la plupart des films de Jess Franco, on voit se dévoiler de manière généreuse le corps d’actrices dont le talent était moins de jouer la comédie que leur aisance à courir, couvertes de sang, et à crier, ou à embrasser (et plus) un(e) autre partenaire (ou plus)… Des scènes de nu arrivaient souvent gratuitement sans beaucoup de rapport avec le récit, et quantités de films de série B ou films Z émaillent sa longue filmographie.

Toutefois il en profitait aussi pour aborder différents tabous et autres interdits de l’époque pour aller à l’encontre de la censure que subissait l’Espagne. Travaillant pour diverses productions européennes, il est devenu le réalisateur espagnol le plus prolifique en nombre de films tournés, par exemple 10 rien que pour l’année 1973.

La Cinémathèque Française avait rendu hommage au cinéma de Jess Franco en 2008 en programmant une grande rétrospective avec 69 de ses films. L'année suivante, il avait été récompensé en Espagne par un Goya d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Vesoul 2013 : Leslie Cheung, 10 ans déjà…

Posté par kristofy, le 8 février 2013

C’est le dixième anniversaire de la mort de Leslie Cheung : le 1er avril 2003, l'acteur a basculé du 24ème étage de l’hôtel Mandarin Oriental de Hong-Kong. Un suicide qui a été un choc pour ses nombreux fanclubs, qui depuis se retrouvent chaque année pour des cérémonies en son souvenir à la même date. Leslie Cheung était une star très populaire (presque un équivalent à un Tom Cruise asiatique) à la fois chanteur à succès de canto-pop et acteur pour les plus grands réalisateurs. Il est mort à 46 ans après avoir été en haut de l’affiche avec les stars Tony Leung, Gong Li, Maggie Cheung…

Sa popularité en tant que chanteur fait qu’il est vite demandé au cinéma, tournant plusieurs films par an au début des années 80. Il sera désormais un acteur connu et reconnu à l’international grâce aux deux immenses succès de Le syndicat du crime de John Woo en 1986 suivi de Histoire de fantômes chinois de Tsui Hark en 1987, et leurs suites Le syndicat du crime 2 en 1987 et Histoire de fantômes chinois 2 en 1990. Il retrouvera encore John Woo avec Les associés en 1991 et encore Tsui Hark avec Le festin chinois en 1995, avec entre-temps Rouge de Stanley Kwan en 1988.

Leslie Cheung est aussi un acteur fidèle de Wong Kar-Wai dans Nos années sauvages en 1990, Les cendres du temps en 1994, et Happy together en 1997 qui ose aborder le sujet tabou au cinéma en Chine d’une histoire d’amour entre deux hommes (lui-même ayant d’abord démenti puis affiché son homosexualité). Il avait surtout incarné un personnage travesti dans Adieu ma concubine de Chen Kaige (Palme d’or à Cannes en 1993), qu’il retrouva en 1996 pour Temptress moon. En 1990 il annonce arrêter la musique et les concerts, mais il chantera la chanson du film La mariée aux cheveux blancs de Ronny Yu en 1993 dont le succès l’incite à un come-back musical et à refaire des disques. Son dernier film Inner senses commence comme un film de fantôme et se termine en mélodrame romantique, on y voit un suicide du haut d'un immeuble... qui résonne de manière étrange avec la mort de Leslie Cheung.

Le FICA de Vesoul propose pour ce dixième anniversaire de sa disparition 10 films emblématiques de sa carrière (dont deux inédits). On conseille en plus de trouver et découvrir Viva Erotica (1996) de Yee Tung-sing qui montre les coulisses chaotiques d’un tournage de film où Leslie Cheung joue le rôle d’un personnage assez proche de lui lors de son premier tournage de film près de vingt ans auparavant...

1986 : Le Syndicat du crime 1 de John Woo
1988 : Rouge de Stanley Kwan
1990 : Nos années sauvages de Wong Kar-wai
1993 : Adieu ma concubine de Chen Kaige
1993 : La mariée aux cheveux blancs de Ronny Yu
1994 : Les Cendres du temps de Wong Kar-wai
1995 : Le Festin Chinois de Tsui Hark
1996 : Shanghai Grand de Man Kit-poon, inédit
1997 : Happy Together de Wong Kar-wai
2002 : Inner Senses de Law Chi-leung, inédit, le dernier film de Leslie Cheung.

Et Nagisa Oshima s’éclipsa… (1932-2013)

Posté par vincy, le 15 janvier 2013

Le réalisateur japonais Nagisa Oshima est décédé d'une infection pulmonaire cet après-midi à Tokyo à l'âge de 80 ans. Né le 3 mars 1932 à Kyoto, on lui doit l'un des films les plus cultes de l'histoire du cinéma, L'Empire des sens.

Débuts

Juste après avoir obtenu son diplôme en droit et politique en 1954, il se lance dans le cinéma en tant qu'assistant réalisateur auprès de Kobayashi et Nomura. Fasciné par la nouvelle vague française, par ailleurs critique de cinéma, il devient réalisateur en 1959 avec Une ville d'amour et d'espoir. Mais c'est avec Contes cruels de la jeunesse l'année suivante qu'il se fera connaître. Ce portrait d'une jeunesse désoeuvrée, en marge, loin des représentations traditionnelles du Japon, entre délinquance et romantisme, coïncide avec l'émergence d'un nouveau cinéma japonais, porté par Shohei Imamura, entre autres. A l'inverse, il s'opposait aux styles et aux sujets des grands Maîtres comme Ozu, Mizogushi et Kurosawa.

Premières polémiques

La même année, Oshima sort Nuit et brouillard du Japon, où son regard sur la jeunesse nippone croise les événements politiques et les opinions dissidentes qui s'ancrent dans l'Archipel. Le film sera retiré des salles quatre jours après sa sortie, sous prétexte que le film pouvait provoquer des troubles. Le cinéaste se dit alors victime de complot politique et rompt ses liens avec le studio Shoshiku qui l'avant engagé 6 ans plus tôt.

Il faut dire que le réalisateur ne choisit pas des sujets faciles. En 1961, Le Piège raconte l'histoire d'un pilote afro-américain dont l'avion s'est écrasé dans un village montagneux japonais. Captif, il devient gibier d'élevage et ainsi traité comme une bête par les Villageois. On devine que l'emprise, la domination, l'humiliation, les rapports humains aux limites du sado-masochisme commencent à être des thèmes qu'il affectionne.

La face cachée du Japon

Mais ce serait réduire son oeuvre à son film le plus connu. Oshima dénonçait également la corruption, la dépression des individus, la violence d'une société en décomposition, la folie, la guerre... Dans La pendaison (1969), il critique ouvertement la peine de mort et la barbarie du système judiciaire. Ce n'est pas innocent si le réalisateur aimait tant les histoires de voleurs et de criminels... Tout comme il aime les anti-héros, les classes défavorisées. La discrimination versus le modèle hiérarchique japonais, le vivre ensemble impossible face à une société obéissant à des règles niant l'individualité : il éclaire la face cachée d'un Japon glorifiant ses richesses et sa réindustrialisation.

La chair et les scandales

Durant les années 60, il tourna pas moins de 14 films! Et au cours des 30 années suivantes, il n'en filmera que 10... En 1976, il fait scandale avec L'Empire des sens, l'oeuvre érotique par excellence, où la passion charnelle mène à la démence, jusqu'à la scène choc : la mutilation d'un pénis. Pornographique ou pas, le film fut censuré, coupé, démonté au Japon. Il a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes. Véritable succès, Oshima ne s'arrêtera pas là puisqu'il montera d'un cran dans L'Empire de la passion (Fantôme amour) deux ans plus tard. Le sexe devient synonyme de meurtre, de punition et de torture. Eprouvant sans aucun doute, le film reçoit le prix de la mise en scène à Cannes.

Il ne revient que cinq ans plus tard, avec un film qui marquera le summum de son oeuvre : Furyo (Merry Christmas Mr. Lawrence). David Bowie y croise Takeshi Kitano et Ryuichi Sakamoto. Là encore, Oshima filme un décor qu'il affectionne, la prison, pour mieux y voir s'ébattre des protagonistes entre domination, soumission et humiliation. La charge homo-érotique (une sorte de fantasme homosexuel sublimé par l'aspect uniquement suggestif) renvoie à certains grands films hollywoodiens frustrés par le code de censure, mais aussi à Pasolini et Fassbinder. Le masochisme a rarement été aussi magnifié. La musique de Sakamoto accentuera avec grâce l'ambivalence de l'histoire.

Déclin

A partir de là, Oshima ne livrera plus que trois films : l'audacieux Max mon amour, avec Charlotte Rampling et un chimpanzé ; Kyoto, My Mother's Place ; et Tabou qui évoquait l'homosexualité chez les Samouraïs. Furyo, Max et Tabou ont tous été sélectionnés à Cannes (au total il a présenté 10 de ses films sur la Croisette)

Documentariste prolifique, il tourna également pour la télévision et même quelques films étranges comme Carnets secrets des ninjas, adaptation expérimentale d'un manga à partir de dessins ou encore le satirique La Cérémonie. Il restera comme un grand auteur subversif en Occident, même si sa filmographie est davantage sociale et sombre. Commandeur des Arts et des Lettres, la plus haute distinction française pour un artiste, Oshima, qui aimait Genet et Godard, laissera une oeuvre radicale qui cherchait à réveiller les consciences, sans être consensuel.

Silence infini pour Ravi Shankar (1920-2012)

Posté par vincy, le 12 décembre 2012

ravi shankarMaître du sitar,  "Parrain des musiques du monde", "Trésor national indien", Ravi Shankar est mort cette nuit à l'âge de 92 ans. Si on lui doit la notoriété des sonorités indiennes en Occident, il a surtout été connu pour s'être confronté à la pop, au jazz, au classique, au flamenco et au rock, en collaborant avec des artistes aussi réputés que George Harrison, Brian Jones, Phillip Glass ou Yehudi Menuhin. Ce dernier le comparait, par son génie et son humanité, à Mozart.

Shankar fut naturellement appelé à travailler avec le cinéma, de Mumbay à Hollywood. Il composa la musique de la trilogie d'Apu de Satyajit Ray (1955-1959). Il fut aussi à l'origine de la partition du film du cinéaste indien, La pierre philosophale. Mais la consécration viendra en 1983 avec l'Oscar de la meilleure bande originale de film, qu'il partagea avec George Fenton, pour Gandhi, de Richard Attenborough.

Les studios n'hésitèrent pas à utiliser ses créations pour illustrer musicalement des films aussi divers que Hôtel Woodstock (il participa au Festival), A bord du Darjeeling Limited, Cinglée, Le come-back ou encore Tueurs nés.

Père de Norah Jones, ancien parlementaire indien, il avait créer une fondation pour transmettre son amour de la musique. Le campus est situé à New Delhi.

Ravi Shankar était né le 7 avril 1920 dans la ville sacrée de Bénarès d'une famille de brahmanes bengalis, la plus haute caste dans la hiérarchie sociale traditionnelle hindoue.

Sylvia Kristel (1952-2012) : Histoire d’E. (comme Emmanuelle)

Posté par vincy, le 18 octobre 2012

sylvia kristelUne icône. Nue, les seins généreux offerts à nos yeux, assise sur un fauteuil en rotin. Telle est l'image qu'on gardera de Sylvia Kristel, éternelle Emmanuelle. Il ne reste sans doute, de tous les films érotiques et pornos des années 60-80, que deux personnages dans l'inconscient mémoriel : O et son histoire, et Emmanuelle, fantasme de l'érotisme chic.

L'actrice néerlandaise est morte à 60 ans dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle souffrait d'un cancer de la gorge et se faisait soignée pour des métastases au foie. Une attaque cérébrale l'avait conduite à l'hôpital débit juillet.

Un triomphe empoisonné

Née le 28 septembre 1952 à Utrecht aux Pays-Bas, elle devient l'objet de désir de dizaines de millions de spectateurs/voyeurs dans le monde grâce au film de Just Jaeckin, adaptation d'un best-seller érotique BCBG d'une épouse de diplomate français, Emmanuelle Arsan. Le réalisateur la voyait comme une femme merveilleuse, très naïve et reconnait que le film n'a pas eu que des conséquences heureuses.

Le succès est là, phénoménal. Véritable poison pour l'actrice qui déclare que cette Emmanuelle n'est rien. Echappant à la censure, le film est vu par 9 millions de français dans les salles (il reste d'ailleurs 553  semaines à l'affiche d'un cinéma des Champs-Élysées). Et on ne compte pas les diffusions TV, les ventes de vidéos ou encore le piratage depuis qu'Internet existe. Emmanuelle est culte. Aussi ingénue qu'allumeuse,sexy qu'élégante. Lolita plus mature, jamais vulgaire.

Mocky, Vadim, Chabrol...

"J'étais une actrice muette, un corps. J'appartenais aux rêves, à ceux que l'on ne peut pas briser", écrivait-elle sur la quatrième de couverture de son autobiographie, Nue (Le cherche midi), sortie en 2006. Elle y relate son parcours à Hollywood, sa rencontre avec des stars telles qu'Alain Delon, Gérard Depardieu, Roger Vadim, ou encore Warren Beatty,. mais aussi sa lutte contre la maladie, l'abus sexuel dont elle a été victime à 9 ans, son passage atroce dans un pensionnat religieux.

Ex Miss TV Europe, cette bourgeoise pudique ne parviendra pas à sortir de ce rôle qu'elle reprendra dans quatre autres suites, de 1975 à 1993. Elle tournera cependant quelques films comme Un linceul n'a pas de poches (Jean-Pierre Mocky, 1974), Le jeu avec le feu (Alain Robbe-Grillet, 1975), Une femme fidèle (Roger Vadim, 1976), Alice ou la dernière fugue (Claude Chabrol, 1977), René la canne (Francis Girod, 1977), Airport '79 (avec Delon, 1979), L'amant de Lady Chatterley (Just Jaeckin, 1981). Entre temps, l'alcool, la drogue ont causé quelques dégâts. La prison dorée du succès l'a empêchée de s'envoler... Après cela, l'actrice fut cantonnée dans des navets ou des petits rôles.

En 2004, elle réalise un court métrage d'animation, Topor et moi, remarqué au Festival de Tribeca. Elle peignait également.

L'AFP rapporte, dans une interview au quotidien De Volkskrant donnée en 2005, qu'elle déclarait : "Quand je pense à la fin de ma vie, je pense surtout : je ne suis pas restée sans rien faire mais j'aurais pu faire plus".

Koji Wakamatsu (1936-2012) : sa vie était un roman

Posté par vincy, le 18 octobre 2012

Il y a un an, Angelopoulos était mort après avoir été renversé par un motard (voir actualité du 25 janvier 2012). Le réalisateur japonais Koji Wakamatsu est décédé mercredi soir, renversé par un taxi. A 76 ans, le producteur de l'Empire des sens venait de remporter le prix du Réalisateur asiatique de l'année. au 17e Festival international du film de Busan (BIFF), en Corée du sud.

En mai dernier, il avait présenté Le jour où Mishima a choisi son destin à Cannes (Un certain regard), "biopic" peu consensuel sur l'écrivain et ses aspirations nationalistes qui l'ont conduit à une fin tragique. En septembre, Venise avait projeté son dernier film, The Millennial Rapture, adaptation du roman de Kenji Nakagami, Mille ans de plaisir.

Wakamatsu a vécu un destin peu commun : emprisonné durant sa jeunesse bagarreuse, il rejoint les Yakuza. Pour leur compte, il surveille les plateaux de tournage de cinéma. Tendance extrême-gauche (autant dire révolutionnaire au Japon, le réalisateur était engagé dans une vision du monde plutôt opposée à la ligne officielle de son pays. Il commence sa carrière avec des films érotiques. Prince du pinku eiga, il se tournera ensuite vers des films plus sociaux et politiques.

Produisant à bas-coût tous ses films, là encore en marge du système japonais, il conservera une grande liberté tout au long de sa carrière. Artiste rebelle, il n'en a pas moins été reconnu et consacré, primé à Berlin et à Tokyo pour United Ted Army. Il a également aidé de nombreux cinéastes à leurs débuts, comme Banmei Takahashi, Genji Nakamura et Kan Mukai.

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voir aussi notre portrait publié lors du Festival de Cannes 2012

Bretislav Pojar (1923-2012) : L’ours et les oursons en deuil

Posté par vincy, le 13 octobre 2012

Bretislav Pojar, réalisateur de films d'animations tchèque connu pour ses films de marionnettes, est mort vendredi 12 octobre à Prague, cinq jours après son 89e anniversaire, selon l'agence CTK. Il avait réalisé la séquence du rêve dans L'Ours de Jean-Jacques Annaud.

Né le 7 octobre 1923 à Susice, il entre au studio d'animation tchèque "Bratri v Triku" dirigé par le marionnettiste, cinéaste, illustrateur et peintre Jiri Trnka (1912-1969).

Il commence à réaliser ses propres films au début des années 50 avec Une chaumière en pain d’épices. Un verre de trop en 1954 reçoit une mention au Festival de Cannes, où il sera également récompensé en 1972 (meilleur court métrage pour Balablok) et en 1979 (prix du jury du court métrage pour Bum).

Auparavant il avait remporté le grand prix à Annecy en 1960 avec Le Lion et la Chanson. Berlin lui avait également décerné le prix du meilleur court métrage pour Pyschocratie en 1969.

Bretislav Pojar avait fait une incursion dans le long métrage avec Les Aventures dans la baie d’or (1955). Ses plus grands succès restent le cycle des Oursons (en France, les courts ont été compilés sous le titre de Monsieur et Monsieur).

Il a longtemps travaillé au Canada avant de revenir dans son pays. Auteur de 70 films d'animation, il a reçu à Karlovy-Vary en 2007 un Globe de cristal pour sa contribution artistique exceptionnelle au cinéma mondial.

Claude Pinoteau (1925-2012) : silencieux à tout jamais

Posté par vincy, le 6 octobre 2012

Claude Pinoteau, né le 25 mai 1925, est mort hier, le 5 octobre 2012 à Neuilly-sur-Seine. L'information a été confirmée par son agent Elizabeth Tanner. Il avait reçu le prix Louis-Delluc pour La Gifle en 1974.

Réalisateur de grands succès populaires comme La gifle avec Lino Ventura, Anne Girardot et la jeune Isabelle Adjani ou Le grand escogriffe avec Yves Montand, il avait réalisé son premier long métrage en 1973, avec Le silencieux, film d'espionnage modèle de cette époque, avec Ventura (son acteur fétiche avec qui il tourna la plupart de ses premiers longs métrages) et Suzanne Flon.

C'est surtout avec La Boum, sa suite et L'étudiante qu'il devint un cinéaste "bankable", tout en confirmant son incroyable flair pour les jeunes comédiennes en révélant Sophie Marceau qui le considérait comme son père de cinéma. Alternant comédies, polars et sur la fin de sa carrière des films plus romanesques, Pinoteau fit aussi découvrir au public Géraldine Pailhas dans La neige et le feu.

Après quelques échecs publics, il retrouva les faveurs des spectateurs en 1997 grâce à l'adaptation de la pièce moliérisée Les Palmes de Monsieur Shultz, avec Isabelle Huppert, Charles Berling et Philippe Noiret.

Malade, il ne tourna rien d'autre qu'un documentaire sur l'Abbé Pierre dans les années 2000.

Réalisateur, adaptateur, dialoguiste ou producteur, Claude Pinoteau avait pratiqué tous les métiers du cinéma. Il avait débuté comme accessoiriste et régisseur, avant de devenir assistant réalisateur de Jean Cocteau (Les Parents terribles), Jean-Pierre Melville (Les Enfants terribles), Max Ophüls (Lola Montes), Philippe de Borcas (Les tribulations d'un chinois en Chine), Henri Verneuil (Un singe en hiver, mélodie en sous-sol) et de Claude Lelouch (L'Aventure, c'est l'aventure).

Claude Pinoteau aimait par dessous tout filmer les contradictions sentimentales et les tourments émotionnels de la jeunesse. La grande Histoire lui servait souvent de prétexte pour raconter sa vision des rapports humains, loyaux mais souvent bousculés.

Le scénariste Claude Brulé (Paris brûle-t-il?) nous quitte

Posté par vincy, le 1 octobre 2012

Claude Brulé est mort dimanche à Paris à l'âge de 86 ans, selon l'AFP. Ancien président de la SACD et journaliste, Claude Brulé avait débuté en 1959 avec l'adaptation des Liaisons dangereuses pour Roger Vadim.

Pour Vadim, il écrira aussi La bride sur le cou, Et mourir de plaisir et Barbarella. Claude Brulé scénarisera aussi des films de Claude Chabrol (Le scandale, la route de Corinthe), d'Alexandre Astruc (La proie pour l'ombre) ou encore le culte Angélique, marquise des anges pour Bernard Borderie.

C'est évidemment en adaptant Paris brûle-t-il? de Larry Collins et Dominique Lapierre pour René Clément qu'il connaît son plus grand succès en 1966.

A partir de 1972, il abandonne le cinéma pour se tourner vers le petit écran (notamment Arsène Lupin). Il aura ainsi transposé en films ou téléfilms Choderlos de Laclos, Françoise Sagan, Alexandre Dumas, Maurice Leblanc, Heinrich Mann, Emile Zola ou encore George Sand.

Pierre Mondy (1925-2012) : l’un des derniers anciens combattants de la comédie française s’éteint

Posté par vincy, le 15 septembre 2012

Pierre Mondy est décédé à l'âge de 87 ans. Porte-drapeau de la comédie française, dans ses aspects les plus caricaturaux parfois, il avait, cependant joué de nombreuses fois dans des films plus dramatiques, avant de devenir une star du petit écran avec la série (avouons-le, ringarde) "Cordier juge et flic", créée il y a vingt ans sur TF1. Acteur très populaire à la télévision et au théâtre, le cinéma lui a rarement donné de grands personnages à défendre.

Né le 10 février 1925 à Neuilly-sur-Seine, Pierre Cuq, son vrai nom (Mondy est le nom de jeune fille de ma grand-mère maternelle. ), grandit dans le Tarn avant de débuter devant la caméra de Jacques Becker dans Rendez-vous de juillet en 1949. Ancien étudiant des cours Simon, il regrettera souvent de ne pas avoir été un premier rôle de cinéma. Cela ne l'a pas empêché d'être à l'affiche de près de 100 films.

Si Mondy, dans l'esprit des spectateurs, est associé aux gros succès de Robert Lamoureux, la franchise La 7e compagnie, dans les années 70, il a été aussi filmé par quelques grands cinéastes comme Claude Autant-Lara (le Comte de Monte-Cristo, où il incarne Caderousse, tailleur devenu aubergiste, un peu assassin puis forçat évadé), Henri Verneuil (Des gens sans importance, où il est routier, L'affaire d'une nuit, Week-end à Zuydcoote), Yves Allégret (en commissaire dans Quand la femme s'en mêle), Jean Duvivier (Boulevard), André Hunebelle (Les Mystères de Paris), et Costa-Gavras (Compartiment tueurs, là encore en flic, aux côtés d'Yves Montand). Plus récemment, on l'a vu dans Le fils préféré de Nicole Garcia.

C'est évidemment en Napoléon Bonaparte dans Austerlitz d'Abel Gance (1960) qu'il trouve son plus grand rôle sur grand écran.

Mais le grand public le connaît essentiellement pour ses comédies. "La comédie, c'est un terrain de jeu où j'ai joué junior, senior et vétéran!", expliquait-il. Il fut ainsi vedette des films de Jacques Pinoteau (Le Triporteur), Yves Robert (Bébert et l'Omnibus, Les Copains), Gérard Oury (Le crime ne paie pas), Pierre Richard (Les Malheurs d'Alfred, en Guy Lux pétant les plombs), Marc Simenon (Signé Furax), Gérard Jugnot (Pinot simple flic), et un nombre incalculable de navets. On peut cependant sauver sa participation dans La cage aux folles d'Edouard Molinaro. Certes, on ne l'y voit pas mais il est la voix française de Renato (Ugo Tognazzi). Il avait d'ailleurs mis en scène en 1974 "La cage aux folles", la pièce écrite par son ami Jean Poiret. Elle sera jouée plus de 1 500 fois.

Sur les planches il interprète Feydeau, Goldoni, Sacha Guitry, Neil Simon, David Mamet, joue avec Jacqueline Maillan ou Michel Serrault, remplit les salles jusqu'en 2007. Il met en scène Knock ou le triomphe de la médecine, Le Canard à l'orange et surtout Le Dîner de cons de Francis Veber.

Veber avait scénarisé Appelez-moi Mathilde, seul film que Mondy a réalisé, en 1969. Sacré casting : Jacqueline Maillan, Michel Serrault, Robert Hirsch, Guy Bedos, Jacques Dufilho et Bernard Blier.

L'homme était sensible, généreux, sincère, tendre. Il n'avait jamais arrêté de travailler entre 1948 et 2011. La maladie a été plus forte que son envie de continuer : "Si j'arrête, je me rouille. Tant que vous avez la mémoire, l'énergie et l'envie, il n'y a pas de raison d'arrêter". Mondy a finalement pris sa retraite, contraint et forcé.