Philippe Hellmman : le Grand Rex, UGC et Walt Disney endeuillés

Posté par vincy, le 21 novembre 2010

raiponce pleure philippe hellmannAvec 5 458 entrées mercredi dans la seule salle du Grand Rex, Raiponce est arrivée en deuxième place du box office premier jour de Paris et Banlieue, devant six films disposant d'une combinaison de 10 salles et plus.

C'est à la fois la magie du Disney de Noël mais aussi celle de la grande salle de 2 700 fauteuils du Grand Rex, classé monument historique (depuis 1981). Ce lieu mythique  accueille depuis des années le traditionnel film familial des fêtes, deux semaines avant sa sortie nationale.

Le Grand Rex est pourtant en deuil. Philippe Hellmann, son propriétaire, est mort à l'âge de 68 ans d'une maladie foudroyante, samedi 13 novembre. Il a été inhumé jeudi 18 novembre en présence de nombreuses personnalités du cinéma. Ce "Monsieur Cinéma" avait hérité de cette salle mythique à 24 ans, quand son père était décédé. Jean Hellmann gérait depuis 1939 cette salle construite sept ans plus tôt.

Le Grand Rex est un des rares grands cinémas indépendants de la capitale. Il en fut souvent le plus innovant. Pour exemple, en 1988, il inaugure son écran le Grand Large (21 x 11 mètres), à l'époque le plus grand d'Europe, avec le film de Luc Besson, Le Grand Bleu.

Hellmann a tout transformé au fil des années, jusqu'à lui annexer le Rex Club à la fois boîte de nuit et salle de concert. Au Grand Rex, on peut voir des comédies musicales familiales (Franklin) et générationnelles (Joe Dassin). Une centaine d'artistes se produisent chaque année, de Jacques Higelin à Jeff Mills. Dans les sous-sols du Rex Club ou dans la grande salle, il peut accueillir des artistes "underground" majeurs ou des vedettes du pop et du rock, et même du One Man Show. Il avait, en effet, diversifié son offre bien avant qu'on ne diffuse de l'opéra et du football dans les salles de cinéma, en 3D.  Il voulait reprendre une autre tradition, celle du Music-Hall, à quelques stations de métro de l'Olympia. "A l'origine, c'était le Théâtre Rex. Dans les années 1930, il y avait ici à demeure un orchestre de 80 musiciens et 30 girls qui donnaient un spectacle avant chaque séance", expliquait en mars dernier au journal Le Parisien ce propriétaire jamais à court d'idées.

Seul échec majeur du propriétaire : il avait perdu la bataille de l'agrandissement de son lieu. La mairie du IIe arrondissement, seule mairie d'arrondissement dirigée par un élu Vert, lui refuse le principe d'un parking, ce qui fait sombrer le projet global : 14 salles, un jardin, trois restaurants. Une erreur majeure de la municipalité face à la désaffection des cinémas du quartier Opéra-Grands Boulevards.

Sa structure UGC Ph a financé les premiers films de Christopher Nolan et Ang Lee

Au début de sa carrière, Philippe Hellmann avait intégré UGC , touchant ainsi à tous les métiers du cinéma. À l'époque, le groupe n'avait que 52 salles, il en possède aujourd'hui 400. Puis il avait créé une structure spécifique : le distributeur/producteur UGC Ph (Philippe Hellmann) à qui l'on doit Memento (Christopher Nolan), les meilleurs films de Kenneth Branagh (Les amis de Peter, Beaucoup de bruit pour rien) et les oeuvres d'Ang Lee (de Garçon d'honneur au Secret de Brockeback Mountain). Des textes de Nolan et Lee furent d'ailleurs lus lors des funérailles. UGC Ph a aussi distribué Gilliam, Cronenberg, un documentaire de Cameron et Almodovar, entre autres.

Walt Disney n'a pas manqué de rendre hommage à celui qui a lancé de nombreux dessins animés dans sa salle, avec le triomphe que l'on sait. En plus d'une pleine page dans le journal professionnel Le Film Français où il a été demandé au superviseur de l'animation de Raiponce, Glen Keane, de dessiner l'héroïne pleurant un "ami" perdu. "Je me souviens de l'incroyable succès d'Aladdin ou du Roi Lion. Ce dernier a en effet vu défiler 130 000 spectateurs alors qu'il était seul à l'affiche du Grand Rex" déclare Jean-François Camilleri P-DG de Walt Disney Pictures France. Un record qui tient toujours.

En 2007, Philippe Hellmann avait racheté les murs du Grand Rex aux Galeries Lafayette, qui les possédaient. Depuis Le Grand Rex organise aussi des  avant-premières nationales, comme L'Arnacœur, au printemps, ou Salt, en août. Des festivals (Chéris-Chéries, Pariscience, Jules Verne) s'y déroulent.
Le Grand Rex est aujourd'hui composé de 7 salles, pouvant accueillir 4 200 spectateurs simultanément. Il est dirigé depuis plus de vingt ans par Bruno Blanckaert.

Ang Lee choisit un inconnu pour incarner Pi

Posté par vincy, le 29 octobre 2010


Ang Lee a enfin trouvé son Piscine Molitor Martel, alias Pi. Le jeune Suraj Sharma a été l'élu parmi 3 000 candidats auditionnés. À 17 ans, ce sera son premier rôle au cinéma. Sharma est un étudiant indien qui vit à New Delhi.

Life of Pi (L'histoire de Pi en français) est l'adaptation du best-seller international de Yann Martel, paru en 2004.

Le tournage, souvent retardé (désistement de cinéastes comme M.Night Shyamalan, Jean-Pierre Jeunet et Alfonso Cuaron ; problèmes de financement...) commencera au début de l'année prochaine, en Inde et à Taïwan, pour une sortie déjà planifiée le 14 décembre 2012 aux Etats-Unis. Le film sera aussi la première production en 3D pour le cinéaste de Tigre et Dragon. La Fox déboursera 50 millions de $.

Le script a été écrit par David Magee (Finding Neverland, Miss Pettigrew). Il s'agit de l'histoire d'un adolescent de 16 ans qui quitte Pondichéry (Inde) pour le Canada. Sa famille embarque sur un cargo japonais, en compagnie d'animaux du zoo familial qui a fait faillite. Le navire fait naufrage et Pi dérive durant 227 jours sur un canot de sauvetage en compagnie d'un tigre du Bengale, en plein Océan Pacifique.

Berlin 2010 : Ang Lee, garçon d’honneur avec deux Ours d’or

Posté par vincy, le 12 février 2010

Avec deux films radicalement différents, le cinéaste Ang Lee doit à Berlin deux de ses plus prestigieux prix, l'Ours d'or. Il est le seul réalisateur à avoir obtenu deux fois la récompense pour Garçon d'honneur, une comédie de moeurs (1993), et Raisons et sentiments, drame sentimental (1995). De la communauté chinoise expatriée à New York aux costumes de Jane Austen, il montre déjà son goût du grand écart. Pourtant, il y a beaucoup en commun : le refoulement des émotions, l'impossibilité d'exprimer son Amour (avec un grand A) au grand jour, les carcans de la société qui empêchent de s'épanouir ouvertement.

Garçon d'honneur, avec un soupçon de mélancolie et quelques touches cocasses, fait vibrer les coeurs et, avec ce film, il débute une longue filmographie gay-friendly.

Raisons et sentiments, non sans sarcasme dans le scénario d'Emma Thompson, s'avère plus subtil et lui permet d'explorer des mondes très étrangers (lointains?) de sa propre culture.

Dans les deux cas, il est le représentant de cette vague asiatique qui déferle depuis la fin des années 80 à Berlin. En 1988, Zhang Yimou (cette année encore en compétition), remporte le premier Ours d'or du continent avec Le Sorgho Rouge. En 1993, ex-aequo, avec Garçon d'honneur (officiellement taïwannais), La femme du lac des  âmes parfumées de Xie Fei, donne le deuxième Ours au cinéma chinois.

Le film fantôme de Stanley Kubrick

Posté par vincy, le 23 août 2009

aryanpapers.jpgOù l'on reparle d'un projet avorté de feu Stanley Kubrick, dix ans après la mort et le dernier film du Maître.
Ce film s'appelait Aryan Papers. Adaptation du roman en partie autobiographique de Louis Begley, Wartime Lies (en français Une éducation polonaise). On doit à l'écrivain le roman Monsieur Schmidt qui avait donné le film éponyme d'Alexander Payne.

Le cinéaste prend contact avec la République Tchèque pour tourner le film. Un premier scénario est écrit, l'histoire d'une jeune femme juive sa nièce et son neveu qui se font passer pour ces chrétiens dans une Pologne nazifiée.

Kubrick avait tourné un gros quart d'heure de films et avait fait des séances d'essai en costume avec l'actrice Johanna ter Steege dans le rôle principal de Tania. Néerlandaise, on l'a vue dans des films comme L'homme qui voulait savoir, Vincent & Theo, Immortal Beloved... La jeune Uma Thurman devait jouer la nièce et Joseph Mazzello le garçon, qui incarne l'auteur Louis Begley. Le livre est raconté à travers ses yeux.
Il abandonna ce projet, parmi d'autres, quand il a vu le succès de La liste de Schindler de Steven Spielberg. Kubrick le vécu comme un échec, tant il s'était impliqué dans l'histoire, et entra alors en dépression. Il avait commencé à travaillé sur ce thème dessus en 1976, envisageant même de faire un film sur l'industrie de propagande du cinéma nazi. C'est lors de ses recherches qu'il est tombé sur le roman de Louis Begley.
Le producteur de Kubrick, par ailleurs son beau-frère, Jan Harlan espère convaincre la Warner de concrétiser ce projet. Le studio voudrait confier le film à Ang Lee. Mais le cinéaste a déjà deux gros projets en route... Tout cela explique pourquoi on a dévoilé plus tôt dans l'année les archives de Kubrick concernant ce film, et relançant ainsi les espoirs de mise en production. Harlan explique que le script est plutôt risqué, avec de nombeux passages silencieux et dramatiques.

Ce ne sera pas le premier concept de Kubrick a être réalisé de manière posthume puisque c'était déjà le cas de A.I. Intelligence artificielle, de Steven Spielberg. De même le scénario longtemps perdu de Lunatic at Large, écrit dans les années 50 et retrouvé en 2006, devrait être adapté prochainement. Quatre autres scripts existent dans les Archives.

Venise 2009 : le jury

Posté par vincy, le 30 juillet 2009

Ang Lee, double Lion d'or, sera entouré de l'actrice et réalisatrice française Sandrine Bonnaire, prix d'interprétation à Venise il y a quatorze ans, de la cinéaste italienne Liliana Cavani, du réalisateur américain Joe Dante (les Germlin's), de son confrère indien Anurag Kashyap et de l'itaien Luciano Ligabue, chanteur pop, composuteur, écrivain et réalisateur. Il fut révélé en 1998 qui présenta son succès, Radiofreccia.

Taïwan night : bain de minuit avec Shu Qi

Posté par MpM, le 20 mai 2009

shuqi.jpgMalgré ses responsabilités de membre du grand jury, l'actrice Shu Qi n'a pas fait faux bond à la Taïwan Night, soirée extrêmement prisée où se retrouvent tous les professionnels liés de près ou de loin à la cinématographie de l'île. Elle est même restée assez tard sur la plage du Carlton où se déroulait l'événement, répondant avec énormément de gentillesse à toutes les sollicitations.

A ses côtés, on pouvait croiser la star internationale Michelle Yeoh, l'acteur Lee Kang-sheng et son mentor Tsai Ming-liang ou encore l'Oscarisé Ang Lee... Même le Hongkongais Anthony Wong, présent au générique de Vengeance, était de la partie, sans doute au nom du rapprochement entre les "trois royaumes". Cette concentration de stars d'envergure internationale au mètre carré confirme la place désormais prédominante de Taïwan dans le paysage cinématographique mondial.

Un succès qui n'a toutefois pas empêché tout ce petit monde de rester extrêmement simple et disponible. A minuit, alors que la soirée s'achevait, Shu Qi était encore pieds nus au bord de l'eau, un sourire radieux et presque enfantin sur le visage. Sans façons, juste heureuse d'être à Cannes, et de profiter de l'énergie qui s'en dégage.

Venise : Ang Lee président du jury 2009

Posté par MpM, le 4 mars 2009

Ang LeeAprès Wim Wenders, la Mostra de Venise choisit un autre habitué de l’île du Lido pour présider son grand jury international : le cinéaste taïwanais Ang Lee qui a déjà remporté à deux reprises le prestigieux Lion d’or.

La première fois en 2005 pour l’étonnant western sentimental Le secret de Brokeback mountain et la deuxième en 2007 avec un film tourné cette fois-ci en Asie, Lust, caution. Ang Lee, qui vit aux Etats-Unis depuis 1978, alterne en effet les tournages dans son pays natal (Salé sucré, Tigres et dragons) et dans son pays d’adoption (Raisons et sentiment, Ice storm, Hulk).

Difficile d’imaginer quel type de films sa présence au jury favorisera-t-elle, tant il a lui-même montré un intérêt pour des genres extrêmement différents (intimiste, fresque historique, actionner...). Toutefois, cela l’élimine de fait des réalisateurs en compétition à Venise cette année, renforçant la possibilité d’une sélection cannoise pour son nouveau film, Taking woodstock.

Cannes : les films américains attendus sur la Croisette

Posté par MpM, le 28 février 2009

Dès lors qu'il s'agit de cinéma américain, pour un festival, il s'agit de garder une juste mesure entre glamour et cinéphilie. A Cannes, les Etats-Unis ne sont jamais ni absents, ni anecdotiques, représentant à peu de choses près 20% de la compétition officielle et presque la moitié des séances de prestige, sans pourtant donner l'impression d'être la seule voie possible. Après les chocs cinématographiques du Che et de Two lovers, on compte largement sur Thierry Frémaux et son équipe pour dénicher les équivalents 2009 parmi la pléthore de longs métrages d'ores et déjà pressentis (et espérés) sur la Croisette.

ingloriousbasterds1.jpgIndéniable favori numéro 1, Quentin Tarantino, l’enfant chéri du Festival, qui avec son projet ambitieux (Inglourious basterds) et son casting de folie (Brad Pitt, Samuel L. Jackson, Maggie Cheung, Mélanie Laurent, Diane Kruger...) semble avoir une place d'ores et déjà réservée en Sélection officielle. A l'heure actuelle, la vraie question ne serait d'ailleurs pas : "le film sera-t-il à Cannes ?" mais "sera-t-il en compétition ou en séance de minuit ?". Plus compliqué qu'on ne le croit, la présidente du jury cannois, Isabelle Huppert, ayant été pressentie pour jouer dans le film avant de finalement refuser pour des raisons peu claires... On la voit mal devoir maintenant juger de la qualité finale.

D'autres habitués de la compétition cannoise pourraient être de nouveau de la partie, à commencer par les frères Coen (A serious man), Jim Jarmusch (The limits of control), Steven Soderbergh (qui a même deux films à proposer : The girlfriend experience et The informant avec Matt Damon) et Michael Moore. Mais ils devront faire face à la concurrence de cinéastes moins fréquemment sélectionnés et qui présentent peut-être l'avantage de donner une impression de changement, à défaut de renouveau. On pense ainsi à Francis Ford Coppola (Tetro) qui n'est pas venu à Cannes depuis des années ou encore à Terry Gilliam (The imaginarium of Dr Parnassus, le dernier rôle d’Heath Ledger) dont chaque nouveau film est une promesse excitante. Sans oublier Todd Solondz (Forgiveness), Neil Jordan (Ondine), Richard Kelly (The box) et George A. Romero (Island of the dead) qui font office d'alternative séduisante et non négligeable. On pense aussi à à Ang Lee (Taking woodstock, sur le concert mythique) qui a toujours préféré Venise, mais qui vient d'être nommé Président du jury à la Mostra italienne. Il est impossible qu'un président de jury présente en plus son film en compétition.

Parmi les étrangers travaillant à Hollywood, on peut enfin espérer la venue d'Alejandro Amenabar (Agora) qui met en scène Rachel Weisz dans le rôle de la philosophe antique Hypatie et de Jane Campion (la seule réalisatrice à détenir une Palme d'or) avec Bright star, un film sur le poète britannique John Keats.

Et quid des grosses machines présentées à Cannes en avant-première pour le divertissement des festivaliers ? Après Indiana Jones IV et Kung-fu panda, la barre est placée un cran plus haut que d'habitude, mais Terminator renaissance (de McG) avec Christian Bale apparait comme un choix logique. Quant à Harry Potter et le Prince de sang mêlé, ce serait indéniablement un sacré coup médiatique. En tout cas plus plausible que GI Joe, le réveil du cobra ou Transformers la revanche, les deux autres blockbusters de l'été...

On peut aussi rêver : Up de Pixar?

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A suivre : les autres continents en course pour la Palme d'or

Cannes : les films européens qui pourraient monter les marches

Posté par MpM, le 27 février 2009

Berlin terminé, les Oscars décernés… pour s’occuper, la profession n’a plus qu’à lorgner du côté de Cannes et des films qui, s’ils étaient prêts à temps, pourraient faire sensation sur le tapis rouge. La liste est longue et parfois fantasque, mais certains noms reviennent avec une vraie constance. Sûrement de quoi amuser Thierry Frémaux qui, comme chaque année, va au cours des deux mois qui viennent découvrir au fil des articles de journaux ce qu’il est censé aimer ou détester.

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Aux réalisateurs français déjà cités (voir notre article du 18 janvier), se sont peu à peu ajoutés l’incontournable Bruno Dumont (Hadewijch), Marina de Van (Ne te retourne pas, déjà pressenti en 2008) et Gaspar Noe (Soudain le vide), trois réalisateurs susceptibles de susciter une vraie bonne polémique comme la Croisette en est friande. Dans un genre très différent, certains parlent du documentaire de Nicolas Hulot, The titanic Syndrome tandis qu'en outsiders, on voit bien Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon, adapté d'un roman de Eric Holder) ainsi qu' Albert Pereira Lazaro et son complice Emmanuel Klotz pour le film d'animation Les lascars.

Déjà venus, Tony Gatlif (Liberté), Alain Resnais (Les herbes folles) et Cédric Kahn (Les regrets) pourraient enfin faire également partie des prétendants présentés aux sélectionneurs du Festival. On l'a compris, le choix final risque d'être particulièrement complexe... d'autant que, traditionnellement, seuls trois ou quatre films français figurent en compétition.  Même avec la possibilité d'un "repêchage" en "séance spéciale" ou dans le cadre de la section "Un certain regard", la majorité des longs métrages envisagés ne fera pas le voyage, et cela indépendamment de toute considération artistique.

Almodovar, Loach, Von Trier, Mungiu...

Il ne faut pas croire que la sélection s'annonce plus facile dans le reste de l'Europe. Même parmi les "fidèles", voire les déjà palmés, un tri drastique va s'imposer. De Pedro Almodovar (Los abrazios rotos, avec Peneloppe Cruz) dont on ne compte plus les tentatives de remporter la Palme à Ken Loach (Looking for Eric, sur et avec Eric Cantonna) qui l'a reçue en 2006, ils sont tous prêts : Lars von Trier (Antichrist avec Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg), Fatih Atkin (Soul kitchen, une comédie avec Morritz Bleibtreu), Michael Haneke (Le ruban blanc), Cristian Mungiu (Palme d’or 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui revient avec Tales from the golden age, sur la Roumanie communiste), Marco Belloccio (Vincere), Bela Tarr (The Turin horse), Andreas Arnold (Fish tank), Danis Tanovic (Triage)...

Toutefois, la surprise pourrait aussi venir de ceux qui n'ont jamais connu les honneurs de la compétition ou même du Festival : l'Italien Michele Placido (Il grande sogno), l'Autrichienne Jessica Hausner (Lourdes), l'Islandais Dagur Kari (The good heart), l'Allemand Matthias Glasner (This is love, sur la prostitution enfantine en Thaïlande) ou encore le film d'animation nordique, Metropia, dirigé par Tarik Saleh.

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A suivre : les films nord-américains attendus sur la Croisette

2008 : L’échec de la cause homosexuelle

Posté par vincy, le 26 décembre 2008

brokebackmountain gyllenhaal ledgerC'est en Italie. En 2008. Il y a une semaine, la principale chaîne de télévision publique ampute deux scènes d'un film nommé aux Oscars, Lion d'or à Venise, considéré par beaucoup comme un "classique", Brokeback Mountain. Rien de choquant : juste deux séquences où Heath Ledger et Jack Gyllenhaal s'embrassent, s'enlacent, font l'amour. Une censure inacceptable dans un pays où le sujet reste tabou.

C'est aux Etats-Unis. En 2008. Les Américains se sont déplacés en masse pour voter en faveur de Barack Obama. Les mêmes électeurs en Californie ont rejeté l'officialisation du mariage homosexuel. On peut accepter un métis à la Maison Blanche mais pas deux hommes ou deux femmes sous un même toit. Du coup, l'Etat le plus riche et le plus peuplé du pays a subit une grève (un jour sans gays). La communauté se mobilise, fort de ses soutiens, notamment hollywoodiens, pour refaire le vote par voie référendaire. Cette proposition 8 (voir actualité du 26 septembre) a des incidences réelles sur l'industrie du cinéma puisque le Festival de Sundance, en plein état Mormon et homophobe (mais polygame) est menacé de boycott. Nombreux sont ceux qui sont en désaccord avec ces formes de protestations. beaucoup préfèrent aller voir Harvey Milk, de Gus Van Sant : l'histoire du premier politicien ouvertement gay aux USA. Le film est dans les dix favoris de l'année et remplit son parc de salles, pourtant limité

C'est à l'ONU. En 2008. Rama Yade, qui a souvent plus de couilles que son patron Bernard Kouchner, va faire face à 192 nations dont seulement 66 ont signé l'appel à la dépénalisation de l'homosexualité. 77 pays punissent même l'acte sexuel entre deux personnes de même sexe. Dans sept pays, la peine de mort est possible. Juste parce que deux filles, deux mecs se font plaisir, ne font pas de mal.

C'est en cela où le film de Ang lee est universel, et n'est ni homo, ni hétéro, ni même sexuel. Juste une romance, avec ses sentiments, ses émotions, ses souffrances.