Berlin 2011 : les mondes de Mindadze, Fiennes et Le Guay s’entrechoquent

Posté par MpM, le 15 février 2011

La collision d'univers ou de préoccupations opposés était un peu le maître-mot de cette quatrième journée de compétition.

Premier en lice, le russe Alexander Mindadze a trouvé le moyen de situer Innocent saturday le 26 avril 1986 sur le site de Tchernobyl et d'utiliser la catastrophe nucléaire comme une toile de fond légèrement grotesque plutôt que d'en faire le vrai sujet du film. C'est regrettable : cela aurait sans doute été plus intéressant que l'errance du personnage principal, qui a bien compris qu'il faut fuir, mais ne le fait pas. En revanche, il court beaucoup, boit encore plus et pratique même des solos de batterie. Le tout filmé caméra à l'épaule.

Dans la continuité, on a pu découvrir le premier long métrage de l'acteur Ralph Fiennes, Coriolanus (photo), une adaptation résolument moderne du Coriolan de Shakespeare. Moderne car située à notre époque et parsemée de scènes de guerre dignes de certains "actionners" musclés. Le texte original est là, mais le treillis remplace le costume d'époque, et certains thèmes abordés ont des résonances familières. Notamment la séquence d'ouverture (très réussie) où une foule mécontente réclame du pain devant un dépôt de blé gardé par l'armée. Les protestations et la répression qui les accompagnent évoquent immanquablement la Tunisie et l'Égypte tandis que les questions liées à la démocratie et à l'équilibre des pouvoirs gardent tout leur sens.

Présenté hors compétition, Les femmes du 6e étage de Philippe Le Guay s'empare quant à lui de la rencontre entre deux mondes que tout sépare (un patron bourgeois et sa domestique espagnole) pour en faire une fable drôle et humaniste. L'opposition entre les deux milieux n'est pas tant au coeur du film que leur rapprochement sincère et harmonieux, ce qui est plus intéressant.

Enfin, dernière collision de la journée, celle entre le planning de la Berlinale (qui propose plusieurs dizaines de films par jour) et l'état de fatigue des journalistes qui ne bénéficient pas du don d'ubiquité. Et là, en revanche, le choc peut faire des dégâts.

Berlin 2011 : Wim Wenders parle de Pina

Posté par MpM, le 14 février 2011

Wim Wenders est venu défendre son film devant une salle de journalistes enthousiastes et émus par la vision qu'il donne de son amie, la célèbre chorégraphe Pina Bausch, dans le documentaire en 3D, Pina. Florilège.

Le regard de Pina Bausch

"C'est un peu le thème de notre film. Elle avait un regard incroyablement précis, qui va jusqu'au fond de l'âme et elle en a fait des pièces. Et justement, ses pièces disent comment la regarder, elle. Mais on ne se sentait pas mis à nu quand elle nous regardait. C'était un regard plein d'amour."

Inspiration

"C'est difficile de dire quelle inspiration Pina a été pour moi. En tant que réalisateur, on a l'impression d'avoir une certaine maîtrise de son métier. Quand j'ai vu Pina pour la première fois, mais aussi les fois suivantes, j'ai réalisé que je connais le mouvement au cinéma mais que je ne connais pas la réalité du mouvement tel que Pina le créait. Elle a aiguisé mon regard. Avec elle, je me suis senti comme un débutant, et je le suis encore."

Le film

"C'était notre rêve à tous les deux de faire ce film. Quand on a décidé de le faire quand même, malgré sa mort, j'ai eu l'impression que Pina regardait par dessus mon épaule. Tout le monde s'est effacé devant elle, nous étions tous conscients de faire le film pour elle. La principale difficulté, c'est que le film prévu n'a pas pu être réalisé. Pina devait être le personnage principal, on l'aurait accompagnée sur deux tournées à l'étranger, comme dans un road movie.  Nous avions discutés des détails avec Pina. Ce qui était très clair, c'est qu'elle ne voulait pas expliquer ou interpréter son travail, et je lui avais promis que ce ne serait pas le cas. On aurait filmé les répétitions, les corrections. Nous l'aurions observée au travail. Le film aurait été complétement différent. Finalement, nous avons eu l'idée que les danseurs puissent devenir sa voix. Sa méthode qui consistait à poser des questions est apparue comme une bonne méthode pour faire le film. On s'en est rendu compte pendant le tournage."

La 3D

"L'émotion réside dans le travail de Pina. Quand la possibilité d'un espace tridimensionnel s'est présentée, j'ai enfin trouvé le moyen d'approcher ce travail. La 3D est faite sur mesure pour la danse. Où mieux utiliser ce nouveau médium ? C'est formidable. Le langage de Pina était dénué de mots. La nouvelle dimension offerte par le relief permet en quelque sorte de compenser cette absence de mots."

Berlin 2011 : la 3D déferle sur le festival

Posté par MpM, le 13 février 2011

PinaInvitée désormais inévitable des festivals, la 3D a surgi en force dans cette 61e Berlinale avec pas moins de trois films en relief dans une même journée. Pour commencer, Les contes de la nuit de Michel Ocelot qui cumule les particularités d'être à la fois le seul film français et le long métrage d'animation en compétition. Ensuite, on a enfin découvert le très attendu Pina de Wim Wenders et The cave of forgotten dreams de Werner Herzog. Deux réalisateurs qui mettent la technologie 3D au service du documentaire : Pina est un hommage à la chorégraphe Pina Bausch, décédée subitement en 2009, et The cave of forgotten dreams emmène le spectateur dans la grotte Chauvet, en Ardèche, où ont été découvertes des peintures vieilles de plus de 30 000 ans.

Et cette tendance émergente pourrait bien devenir la règle, si l'on en croit Wim Wenders cité par l'édition quotidienne de The Hollywood reporter à Berlin, qui voit dans le relief l'avenir du documentaire. Il faut avouer que l'on commence enfin à trouver un certain intérêt au cinéma en relief en regardant ces deux films qui ont en commun de recréer directement pour le spectateur une expérience vécue "en live". Wim Wenders n'aurait d'ailleurs pas entrepris ce film si la technologie 3D ne lui avait pas permis de reconstituer le plus fidèlement possible la fluidité et l'expressivité des chorégraphies de Pina Bausch. Le spectateur est tantôt au milieu des danseurs, tantôt dans la salle de spectacle où se déroule le ballet. C'est notamment impressionnant dans les séquences où les danseurs évoluent en groupe ou dans un espace recouvert de chaises, et cela permet d'être au plus près des corps. Visuellement, c'est plutôt une réussite. Mais le film s'essouffle, peut-être pour cause de scénarisation confuse.

Pour Werner Herzog, l'enjeu est encore plus grand, puisqu'il s'agit de permettre au grand public de découvrir les trésors de la grotte Chauvet, bien trop fragile pour être visitée. On évolue ainsi dans ce décor prodigieux de stalactites et de roches, où apparaissent des peintures si bien conservées qu'elles semblent dater de notre époque. Grâce à la 3D, on est vraiment dans la grotte, et chaque dessin se détache presque miraculeusement dans la pénombre. Les séquences extérieures gagnent aussi en saveur et en second degré, créant de petits portraits truculents des différents intervenants. On est bien au-delà du simple film éducatif pour se rapprocher d'une oeuvre esthétiquement et philosophiquement dense.

Plus classiquement, Michel Ocelot utilise la 3D pour gagner en profondeur de champ et en ampleur. Sans être à 100% convaincant, le relief participe de la magie visuelle du film, qui joue sur le contraste entre les personnages en ombres chinoises et les décors somptueux dans lesquels ils évoluent. On est clairement dans le domaine du conte où humour, rêve, voyage et aventure s'entrecroisent assez simplement. Michel Ocelot y ajoute un message de tolérance, d'universalisme et de générosité, faisant primer l'amour sur les possessions terrestres, la droiture sur le pouvoir. Dommage que la répartition des rôles reste aussi conservatrice entre le personnage masculin, forcément un héros au grand coeur, et le personnage féminin, qui est au mieux une victime, au pire une garce manipulatrice. Les clichés sexistes, dernier bastion à conquérir ? Et là, la 3D ne change rien à l'affaire...

Berlin 2011 : l’Egypte s’invite sur le tapis rouge

Posté par MpM, le 12 février 2011

Les réalisateurs égyptiens présents à la Berlinale vendredi soir ont fêté le départ de l'ancien président Hosni Mubarak après 18 jours d'un mouvement populaire sans précédent. Logiquement, ces événements devraient donner lieu à de nombreux fictions et documentaires dans les années à venir. Films que l'on verra peut-être en compétition pour l'Ours d'or ?

De nombreux artistes étaient d'ailleurs en première ligne pendant ces semaines de manifestation, certains tentant de "capter" l'Histoire en marche dans leur pays. Ainsi, la maison de production et de distribution Al Arabia s'est vue offrir des vidéos tournées pendant ces 18 jours et a annoncé son attention de les intégrer à un documentaire sur la révolution égyptienne.

A Berlin, on voit quelques effets de cette révolution : plusieurs réalisateurs égyptiens ont choisi de ne pas faire le déplacement car il leur semblait plus important de continuer à soutenir le mouvement. Et puis, pour beaucoup de festivaliers, l'Egypte reste au centre des préoccupations.

Sahar El Sherbini, la responsable des ventes internationales d'Al Arabia, qui a fait le déplacement, a quant à elle déclaré que le départ de Mubarak allait dynamiser la production cinématographique et artistique du pays. En attendant, bien sûr, toute cette effervescence populaire n'empêche pas la société de faire des affaires et de présenter deux nouveaux films à Berlin... Qui refuserait une occasion supplémentaire de faire la fête ?

Jafar Panahi : Paris, Berlin, Cannes…

Posté par vincy, le 12 février 2011

liberté pour jafar panahi

Paris

Le monde du cinéma se mobilise toujours en soutien à Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov, les deux cinéastes incarcérés par le régime iranien et interdits d'exercer leur profession pour 20 ans. Vendredi, à Paris, une centaine de personnes (réalisateurs, acteurs, producteurs et autres professionnels du cinéma) s'est réunie entre 12h30 et 14h devant la Cinémathèque Française (voir aussi actualité du 11 février). À deux voix, Golshifteh Farahani et Aïssa Maïga ont lu en Persan et en Français la lettre adressée au Festival de Berlin par Jafar Panahi.
"Je souhaite que mes confrères des quatre coins du monde réalisent de grands films de sorte que, lorsque je sortirai de prison, je sois inspiré pour continuer à vivre dans le monde qu'ils ont rêvé dans leurs films", a écrit Jafar Panahi. "Je me soumets à la réalité de la captivité et des geôliers. Je chercherai la manifestation de mes rêves dans vos films. J'espère y retrouver ce dont on m'a dépossédé".

Dans le public on pouvait croiser Léa Drucker, Laurent Tuel, Solveig Anspach, Bertrand Bonello, Alain Riou, Claire Simon... L'initiative a été soutenue par de nombreuses personnalités comme Mathieu Amalric, Renato Berta, Annie Ernaux, Romain Goupil, Cédric Kahn, Nicolas Klotz,Tonie Marshall, Chiara Mastroianni, Annie Maurette, Bulle Ogier, Nicolas Philibert, Michelange Quay, Agnes Varda, ...

Le 11 février, "journée de soutien", avait été choisi comme date symbolique et historique pour l'Iran, puisqu'il correspond au 32è anniversaire de la Révolution.

Berlin

Le Festival de Berlin a décidé de suivre cet appel du 11 février en organisant une journée pour Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov (voir aussi actualité du 20 janvier). Comme à Cannes ou à Venise, Berlin lui a rendu hommage en laissant une chaise vide parmi celles des jurés, prenant clairement position "en faveur de la liberté de l'artiste". La Berlinale avait programmé vendredi une "journée spéciale Jafar Panahi" en projetant ses oeuvres dans ses différentes sections.

"Nous espérons encore qu'il sera en mesure de venir. Nous n'avons pas abandonné. Sa présence dans un festival international est importante et il est important que nous continuions de penser à lui", a déclaré Isabella Rossellini, présidente du jury. "La liberté d'expression c'est la liberté de l'artiste. C'est ce que la Berlinale a voulu marquer en l'invitant, tout en sachant qu'il était possible qu'il ne puisse pas venir: une position claire et marquée en faveur de la liberté de l'artiste".

"Si on ne faisait plus que des films de propagande payés par les gouvernements, ce serait la mort de l'art", a ajouté l'actrice italo-américaine.

Cannes

Caméra D'Or en 1995 à Cannes pour "Le Ballon blanc", Ours d'Argent à Berlin en 2006 pour "Hors-jeu" et Lion d'Or en 2000 à Venise pour "Le Cercle", Jafar Panahi, 50 ans, honoré par tous les grands festivals de cinéma du monde, recevra aussi le Carosse d'or 2011 au prochain Festival de Cannes. La Société des réalisateurs de films qui, chaque année depuis 2002, remet le Carrosse d’Or à l’un des leurs pour « les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production », a décidé d'être « attentive à toute atteinte à la liberté d’expression et de création ». Aussi la SRF affirme soutenir le cinéaste «et tout le peuple iranien dans leur combat pour la démocratie » et vouloir « honorer tous les cinéastes iraniens qui, en exil ou dans leur pays, continuent de faire des films ».

Dixième Carosse d'or de l'histoire, il devrait être absent de la cérémonie, prévue le 12 mai à 19h, lors de la soirée d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs.

À moins que la population iranienne ne s'inspire des événements récents qui bousculent le monde arabe.

Berlin 2011 a du cran en ouvrant avec True Grit un Festival pressenti austère…

Posté par MpM, le 10 février 2011

Berlin 11C'est True Grit d'Ethan et Joël Coen qui lancera ce soir les festivités du 61e Festival de Berlin. Le film, qui sortira en France le 23 février, réunit Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin et la toute jeune Hailee Steinfeld dont c'est le premier rôle au cinéma.

Il s'agit de l'adaptation (relativement fidèle) par les frères Coen du roman culte de Charles Portis (True grit, 1968) qui raconte comment la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.

En 1969, Henri Hathaway s'était emparé de l'histoire pour en faire Cent dollars pour un shérif, qui valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. Une version qui gommait sensiblement le point de vue de sa jeune héroïne (et tout le décalage satirique qui en découle) et s'inscrivait assez classiquement dans les codes du western traditionnel. Pour les curieux ou les nostalgiques, le film est disponible en version Blu-Ray depuis le 8 février.

Sorti le 22 décembre aux USA, le film des frères Coen connaît quant à lui un énorme succès public. Avec plus de 150 millions de dollars engrangés, il a déjà rapporté quatre fois son budget. C'est déjà deux fois plus que No country for old men (4 Oscar en 2008, dont meilleur film et meilleurs réalisateurs) pendant toute sa période d'exploitation. Sans compter que True grit pourrait créer la surprise lors des Oscars 2011 où il est nommé dans dix catégories dont meilleur film, meilleurs réalisateurs, meilleur acteur et meilleur adaptation. Quel que soit le résultat, le film est déjà un gigantesque succès (156 millions de $ en Amérique du nord), et Berlin a eu du nez de le sélectionner... et de la chance de l'obtenir !true Grit

D'autant que cette ouverture prestigieuse ne semble pas tellement à l'image du reste de l'édition, qui fait la part belle à un cinéma d'auteur exigeant et peu médiatisé. Même le cinéma américain est surtout présent avec des films indépendants et des premiers films. Pour les avant-premières "glamour" ou attendues, il faudra repasser.

Pourtant, on a dû mal à croire que Berlin, l'un des trois plus grands festivals européens, n'ait pas eu la possibilité de sélectionner de "gros films" parmi les sorties du premier trimestre. On pense par exemple à The Adjustment Bureau avec Matt Damon, qui sort le mois prochain en France. Il faut donc probablement voir dans cette orientation de la programmation une volonté de Berlin de se démarquer de ce type de cinéma qui, il est vrai, n'a pas particulièrement besoin d'un festival (aussi important soit-il) pour se lancer en Europe.

En attendant, cette 61e Berlinale s'annonce d'autant plus excitante que l'on a le sentiment, à quelques heures de son ouverture, que la compétition est très ouverte, laissant une place importante aux surprises et aux découvertes. N'est-ce pas tout ce qu'on demande d'un festival ?

Rétrospective Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof à la Cinémathèque

Posté par MpM, le 1 février 2011

liberté pour jafar panahiDu 3 au 28 février 2011, la cinémathèque française diffusera un film du cinéaste iranien Jafar Panahi ou de son confrère Mohammad Rasoulof chaque jour à 18h. "Montrer leurs films, c'est une manière de les défendre et de militer en faveur de leur liberté", a estimé la Cinémathèque qui s'engage à reverser la totalité des recettes récoltées à l'Association des Amis de Jafar Panahi.

Elle est appuyée dans cette initiative par le Festival de Cannes et la SACD qui étaient également à l'origine de la pétition en faveur des deux réalisateurs iraniens signée par plus de 20 000 personnes dans le monde.

Parmi les signataires, on retrouve de nombreux cinéastes, comédiens et comédiennes, écrivains et personnalités diverses dont Francis Ford Coppola, Wong Kar-wai, David Lynch, Michael Moore, Jacques Rivette, Quentin Tarentino, Bertrand Tavernier, Apichatpong Weerasethakul, Emir Kusturica, Catherine Deneuve, Helen Mirren, Jeanne Moreau, Hanna Schygulla, Elisabeth & Robert Badinter, André Glucksmann, Patrick Modiano...

La mobilisation en faveur des deux réalisateurs condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de tourner s'intensifie à l'approche de  la décision des autorités iraniennes sur la recevabilité de leur appel. Une soirée de soutien se tient ce mardi 1er février au cinéma La Pagode tandis qu'un appel à cesser le travail le 11 février prochain a été lancé par Rafi Pitts.

Par ailleurs, le festival de Vesoul consacrera sa soirée de clôture à Jafar Panahi. Quant à la Berlinale, où le réalisateur aurait dû siéger en tant que juré, elle l'a déclaré "cinéaste du monde" et lui rendra hommage en diffusant chacun de ses films pendant le festival.  

Pourtant, en dépit de cette mobilisation unanime, l'inquiètude se fait plus lourde : après Berlin, Cannes, Vesoul, Venise... en 2010, combien de temps encore sa chaise restera-t-elle vide dans les mois et les années à venir ?

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Programmation
Le Ballon blanc - Le Miroir - Le Cercle - Sang et Or - Hors Jeu de Jafar Panahi
La Parabole et La Vie sur l’eau de Mohammad Rasoulof

Calendrier des projections sur www.cinematheque.fr

Berlin 2011 : la section Panorama

Posté par MpM, le 26 janvier 2011

Dans la profusion de sélections et de films présentés à Berlin, la section "panorama" est le lieu où découvrir des films "art et essai" novateurs et originaux, qui témoignent d'une véritable inspiration créatrice. Cette année, les organisateurs sont allés aux quatre coins du monde pour prendre la température de la cinématographique de ce que certains appellent la période "post-crise". Logiquement, on retrouve un nombre important de documentaires ou de fictions qui cherchent à rendre compte du monde dans lequel nous vivons.  Les migrations et la corruption seront notamment au centre de plusieurs films.

Les célébrités ne seront pas pour autant absentes, puisque l'on croisera Juno Temple et  Milla Jovovich chez Abe Sylvia, Dominic Cooper et Ludivine Sagnier chez Lee Tamahori, Gael Garcia Bernal chez Icíar Bollaín (Même la pluie) ou encore Brendan Gleeson et Don Cheadle chez John Michael McDonagh. Le lauréat de l'Ours d'or 2008 (Jose Padilha) sera là lui aussi avec la suite de Troupes d'élite. La Française Angélique Bosio fait appel à Gus Van Sant et John Waters pour dresser le portrait de Bruce LaBruce (The Advocate For Fagdom) tandis qu' Elfi Mikesch réunit Isabelle Huppert, Ingrid Caven ou encore Wim Wenders pour Mondo Lux.

Enfin, on note la présence de la jeune réalisatrice française Céline Sciamma (Naissance des pieuvres) avec Tomboy, son deuxième long métrage, et du premier film d'Angelo Cianci, Dernier étage gauche gauche, qu'Ecran Noir a défendu lors de sa sortie en novembre dernier.

Panorama

Ouverture Tomboy de Céline Sciamma (France)

Into the White Night de Yoshihiro Fukagawa (Japon)
Dernier étage gauche gauche d'Angelo Cianci (France)
Asshole de Kaushik Mukherjee (Inde)
Here de Braden King (USA)Invisible de Michal Aviad (Israël)
OFF BEAT de Jan Gassmann (Suisse)
Qualunquemente de Giulio Manfredonia (Italie)
Romeos de Sabine Bernardi (Allemagne)
Même la pluie de Icíar Bollaín (Espagne)
The Mortician de Gareth Maxwell Roberts (Grande Bretagne)
Vampire d'Iwai Shunji (USA)
The Unjust de Ryoo Seung-wan (Corée du Sud)
Ashamed de Kim Soo-hyun (Corée du Sud)
Dance Town de Jeon Kyu-hwan (Corée du Sud)
Dirty Girl d'Abe Sylvia (USA)
The Mountain de Ole Giæver (Norvège)
The Guard de John Michael McDonagh (Irlande)

Panorama special

Ouvertures : Tropa de Elite 2 (Elite Squad 2 - The Enemy within) de José Padilha (Brésil) & The Devil's Double de Lee Tamahori (Belgique)

7 Sins Forgiven de Vishal Bhardwaj (Inde)
Amador de Fernando León De Aranoa (Espagne)
Life In A Day de Kevin MacDonald (Grande Bretagne)
Man At Sea de Constantine Giannaris (Grèce)
Medianeras de Gustavo Taretto (Argentine)
Suicide Room de Jan Komasa (Pologne)
Mothers de Milcho Manchevski (Macédoine)
Target d'Alexander Zeldovich (Russie)
Bullhead de Michaël R. Roskam (Belgique)
Über uns das All de Jan Schomburg (Allemagne)
The Fatherless de Marie Kreutzer (Autriche)

Panorama documentaire

Ouverture : Barzakh de Mantas Kvedaravicius (Finlande)

The Advocate For Fagdom d'Angélique Bosio (France)
The Black Power Mixtape 1967-1975 de Göran Hugo Olsson (Suède)
BRASCH - Das Wünschen und das Fürchten de Christoph Rüter (Allemagne)
homo@lv de Kaspars Goba (Lettonie)
House Of Shame / Chantal All Night Long de Johanna Jackie Baier (Allemagne)
Rent Boys de Rosa von Praunheim (Allemagne)
Khodorkovsky de Cyril Tuschi (Allemagne)
Mondo Lux de Elfi Mikesch (Allemagne)
The Queen Has No Crown de Tomer Heymann, Israel, world premiere
!Women Art Revolution - A Secret History de Lynn Hershman Leeson (USA)
We Were Here de David Weissman (USA)
Bombay Beach d'Alma Har’el (USA)
How Are You de Jannik Splidsboel (Danemark)
Im Himmel, Unter der Erde. Der Jüdische Friedhof Weißensee de Britta Wauer (Allemagne)
Leicht muss man sein, Fliegen muss man können d'Annette Frick (Allemagne)
Mama Africa de Mika Kaurismäki (Finlande)
The Bengali Detective de Philip Cox (Grande Bretagne)
The Big Eden de Peter Dörfler (Allemagne)
Together de Zhao Liang (Chine)

Berlin 2011 : un jury féminin présidé par Isabella Rossellini

Posté par MpM, le 26 janvier 2011

C'est un jury majoritairement féminin qui décernera cette année le 61e Ours d'Or.

Sous la houlette de l'actrice Isabella Rossellini, la productrice australienne Jan Chapman, l'actrice allemande Nina Hoss et la costumière britannique Sandy Powell seront en effet aux premières loges pour distinguer le meilleur film de la compétition. A leurs côtés, la superstar bollywoodienne Aamir Khan et le cinéaste canadien Guy Maddin ne seront pas en reste.

Seul le réalisateur Jafar Panahi, membre de droit de ce jury, risque de lui faire faux bond, en raison de sa condamnation à une peine de six ans de prison et vingt années d'interdiction de travailler ou quitter le territoire pour avoir voulu réaliser un film sur l'opposition au régime iranien. Le festival de Berlin a tenu à lui garder une place libre dans son plus prestigieux jury (comme l'avait fait Cannes en mai 2010) afin de "manifester son soutien au cinéaste dans son combat pour la liberté".

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Le jury

Isabella Rossellini (Italie)
Présidente

Jafar Panahi (Iran)
Jan Chapman (Australie)
Nina Hoss (Allemagne)
Aamir Khan (Inde)
Guy Maddin (Canada)
Sandy Powell (Grande Bretagne)

Berlin 2011 : le festival se mobilise pour Jafar Panahi

Posté par MpM, le 20 janvier 2011

liberté pour jafar panahiLe Festival de Berlin poursuit la mobilisation en faveur de Jafar Panahi. Après avoir invité le réalisateur iranien à faire partie du jury de son édition 2011, ce qui ne sera pas possible en raison de la condamnation qui le frappe,  les organisateurs ont annoncé que la Berlinale 2011 préparait plusieurs actions de soutien.

Ainsi, les différentes sections du festival (Panorama, Forum, Génération...) ont chacune ajouté un film de Jafar Panahi à leur programmation. La première projection aura symboliquement  lieu le 11 février, jour du 32e anniversaire de la révolution iranienne, et proposera aux festivaliers et au public de revoir Hors-jeu, ours d'argent 2006, dans le palais où a lieu la compétition officielle. D'autres projections suivront tout au long de la manifestation.

Une table ronde aura également lieu le 17 février sur le thème de la censure et de la restriction de la liberté d'expression en Iran. Plusieurs artistes iraniens seront présents, dont le réalisateur et acteur Rafi Pitts (The hunter) qui a lancé un appel à cesser le travail le 11 février prochain en soutien à ses collègues Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof (voir actualité du 4 janvier).

Au moment où artistes et intellectuels du monde entier se mobilisent pour obtenir son acquittement, Jafar Panahi est en liberté surveillée. Il a fait appel du premier jugement qui le condamnait à six ans de prison et vingt ans d'interdiction de travailler, de s'exprimer dans la presse ou encore de voyager. Alors qu'il attend la décision finale des juges, il fait l'objet bien malgré lui d'une polémique entre le pouvoir exécutif (proche d'Ahmadinejad) et le pouvoir judiciaire, détenu par les ultra-conservateurs. Esfandiar Rahim Mashaie, le chef de cabinet du président iranien, a en effet déclaré que "le jugement contre [Jafar Panahi] a été prononcé par la justice, et le gouvernement et le président ne partagent pas cet avis." Ajoutant : "nous n'approuvons pas le fait que Jafar Panahi ne puisse pas travailler pour une longue période."

Esfandiar Rahim Mashaie, un proche d'Ahmadinejad, est considéré comme la "bête noire" des plus conservateurs du régime qui l'accusent régulièrement d'être trop libéral dans ses déclarations et de ne pas assez se conformer aux dogmes islamiques en matière de culture, religion ou libertés civiles. Les deux courants se sont ainsi opposés à plusieurs reprises ces derniers mois, ce qui donne une petite idée de l'ambiance qui règne dans les hautes sphères du pouvoir en Iran... tout en rappelant que la situation politique du pays est plus complexe qu'on veut parfois le croire. Quant à savoir si cette divergence d'opinion servira la cause de Jafar Panahi... difficile à dire, tant les deux camps semblent capables de se réconcilier sur son dos.