Berlin 2011 : la sélection officielle

Posté par MpM, le 18 janvier 2011

Berlin 11La sélection officielle de cette 61e Berlinale est désormais complète, à l'exception du film de clôture. Fidèle à ses habitudes, le grand festival allemand a choisi de privilégier son rôle de découvreur de talent en sélectionnant pas moins de six premiers films (dont 4 en compétition) , et peu d'auteurs "majeurs". Hormis les frères Coen qui ouvrent le festival (hors compétition),  ce sont donc surtout des réalisateurs ayant fait leurs preuves en festivals mais peu connus du grand public qui ont cette année les honneurs de la course à l'Ours d'or.

On retrouve ainsi Bela Tarr, le plus intrigant des cinéastes hongrois, sélectionné à Cannes à plusieurs reprises ; Joshua Marston, dont on avait remarqué Maria Full of grace (Ours d'argent de la meilleure actrice en 2004 et Prix-Alfred Bauer) ; Asghar Farhadi qui avait remporté l'Ours d'argent du meilleur réalisateur en 2009 avec A propos d'Elly ; Wolfgang Murnberger à qui l'on doit Bienvenue à Cadavres-les-bains ; Rodrigo Moreno, Prix-Alfred Bauer avec Le garde du corps en 2006 ou encore Miranda July qui avait fait sensation à Cannes en 2005 avec Moi, toi et tout les autres (Caméra d'or et Prix de la Semaine de la Critique).

La France est superbement représentée avec le nouveau film d'animation en 3D (ce qui monte à trois le nombre de films en relief dans le programme officiel) de Michel Ocelot, Les contes de la nuit, et bénéficie d'une deuxième sélection, hors compétition celle-là, avec Les femmes du 6ème étage de Philippe le Guay.

A noter également les débuts de Ralf Fiennes derrière la caméra avec Coriolanus, la première mondiale du très attendu Pina de Wim Wenders (hors compétition) et une séance spéciale consacrée à Jafar Panahi (Offside, ours d'argent en 2006) qui s'inscrit dans une action plus large du Festival en faveur du cinéaste emprisonné.

Ouverture

True Grit
des frères Coen (USA)

En compétition

Our Grand Despair
de Seyfi Teoman (Turquie)

Coriolanus
de Ralph Fiennes (Grande Bretagne) true Grit

Lipstikka
de Jonathan Sagall (Israël)

If not us, who ?
d'Andres Veiel (Allemagne)

Yelling To The Sky
de Victoria Mahoney (USA)

The Future
de Miranda July (USA)

The Turin Horse
de Béla Tarr (Hongrie)

The Prize
de Paula Markovitch (Mexique)

Nader And Simin, A Separation
d'Asghar Farhadi (Iran)

Les contes de la nuit
de Michel Ocelot (France)

Margin Call
de JC Chandor ( USA)

Come Rain Come Shine
de Lee Yoon-ki (Corée du Sud) Pina

Sleeping Sickness
d'Ulrich Köhler (Allemagne)

The Forgiveness Of Blood
de Joshua Marston (USA)

A Mysterious World
de Rodrigo Moreno (Argentine)

Innocent Saturday
d'Alexander Mindadze (Russie)

Hors compétition
Pina
de Wim Wenders (Allemagne)

Almanya - Willkommen in Deutschland
de Yasemin Samdereli (Allemagne)

Les femmes du 6ème étage
de Philippe Le Guay (France)

My Best Enemy
de Wolfgang Murnberger (Autriche)

Unknown
de Jaume Collet-Serra (Allemagne)

Séances spéciales

Cave Of Forgotten Dreams
de Werner Herzog (USA)

Hors jeu
de Jafar Panahi (Iran)

Appel à cesser le travail le 11 février 2011 en soutien à Jafar Panahi

Posté par mp, le 4 janvier 2011

Le cinéaste iranien Raffi Pitts a lancé un appel à cesser le travail symboliquement entre 15h et 17h le 11 février prochain, en solidarité avec Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de tourner ou de quitter le territoire iranien. Cet appel s'adresse aux réalisateurs et aux membres de l'industrie cinématographique "quelles que soient leur nationalité, frontières, religions ou convictions politiques".

Dans une lettre ouverte au président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Rafi Pitts déclare : "En 1979, il y a eu une Révolution. Sa commémoration, le 32e anniversaire de notre révolution iranienne, se tiendra le 11 février 2011. Je vous rappelle ces faits car j’ai l’impression que vous en avez  oublié les causes. Je me trompe peut-être, ou peut-être devriez-vous vous expliquer.  Vous avez peut-être votre propre définition de notre révolution… Dans ce cas, je pense que vous devriez répondre à la question : Pourquoi avons-nous eu une révolution en 1979 ? Le temps est également venu de clarifier vos raisons pour l’éviction des cinéastes. Vos raisons pour vouloir sacrifier une vie, une carrière, au nom de la Révolution, ou peut-être ma question n’est-elle pas la bonne : ne s’agit-il pas tout simplement  de votre réélection ?"

Le cinéaste iranien souligne également que ses deux confrères ont été condamnés pour une simple idée, celle d'un film qu'ils n'ont même pas eu le temps de faire : "Ils sont tous deux punis de s’être intéressés à leurs compatriotes. Punis d’avoir voulu comprendre les événements de juin 2009. Punis de s’être préoccupés des vies perdues dans les conflits issus des élections."

Il rappelle enfin que "les candidatures [de l'opposition] étaient validées par le régime. Les choix étaient clairs et parfaitement légaux. Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof ont pris leur décision aux côtés de la majorité de notre industrie cinématographique. C’est devenu le Mouvement Vert. C’est un droit qui nous avait été donné."

Alors que l'on attend la décision en appel qui statuera sur le sort de Jafar Panahi et de Mohammad Rasoulof, de nombreuses voix se sont déjà élevées pour protester contre la persécution dont sont victimes les deux cinéastes. Le Festival de Berlin a réservé une place de membre du jury au réalisateur, place qui risque de rester vide, exactement comme lors du dernier festival de Cannes. Le festival des cinémas d'Asie de Vesoul a quant à lui décidé d'apporter son soutien à Jafar Panahi en lui consacrant sa soirée de clôture. On attend également des actions de la part du comité de soutien initié par Thierry Frémeaux dès l'annonce de la décision de justice. Chacun est invité à participer à cette grande vague de mobilisation en signant la pétition en ligne. Et pour cela, nul besoin d'attendre le 11 février...

Jafar Panahi : la mobilisation s’organise

Posté par MpM, le 23 décembre 2010

Depuis l'annonce de la sentence qui a frappé Jafar Panahi le 20 décembre dernier (6 ans de prison et 20 années d'interdiction de travailler et de sortir de son pays), de nombreuses voix se sont élevées en France et dans le monde pour prendre la défense du cinéaste iranien condamné au silence.

Thierry Frémaux, le délégué général du festival de Cannes, a immédiatement réagi, tentant d'organiser dès le 20 au soir un comité de soutien avec la cinémathèque française et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), présidée par le réalisateur Bertrand Tavernier. "Serge Toubiana, Costa-Gavras (les directeur-général et président de la cinémathèque], la SACD... tout le monde est d'accord", a-t-il précisé avant de rappeler qu'au "terme de son premier emprisonnement l'an dernier, Jafar Panahi nous avait fait savoir à quel point le soutien venu de l'étranger lui avait été précieux. C'est important qu'il sache que nous sommes là. Ce qui vient de se passer montre qu'on avait eu raison de prendre au sérieux les premières menaces à son encontre..."

Du côté de Berlin, qui avait invité Jafar Panahi à être membre de son jury 2011, le directeur Dieter Kosslick a assuré le cinéaste de son soutien le plus total, avouant son inquiétude et son indignation face à la décision de la justice iranienne.

A Rotterdam, c'est la colère qui prédomine. "Il est inacceptable que le travail d'un cinéaste majeur, humain et impliqué comme Panahi, soit soumis à l'oppression" ont déclaré les organisateurs dans un communiqué, appelant à à la libération immédiate de Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof (son coréalisateur). "Le Festival international du film de Rotterdam espère que la protestation trouvera un écho dans le monde entier et appelle tous les cinéphiles à condamner cette scandaleuse sentence", déclarait également le communiqué.

Bernard-Henri Lévy a quant à lui souligné que le pouvoir iranien a inventé "le délit de synopsis" et "déclaré la guerre à ses artistes et à sa société civile toute entière". Il promet de mettre "toutes ses forces", dont celles de sa revue "La règle du jeu" et d'Arte dont il préside le conseil de surveillance, pour remporter "ce bras de fer symbolique" avec les autorités de Téhéran.

En attendant de connaître la forme exacte que prendra cette mobilisation générale, une pétition est disponible en ligne pour tous ceux qui souhaitent manifester leur soutien à Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof.

Berlin 2011 : la section « génération » dévoile sa sélection

Posté par MpM, le 23 décembre 2010

Avant de divulguer la teneur de sa compétition officielle, sujette à moult spéculations, Berlin a annoncé les premiers sélectionnés dans la section "Génération". Cette sélection, qui est réservée au jeune public, se tiendra pour la première fois à la Maison des cultures du monde du 10 au 20 février prochains.

Parmi les heureux élus, on note la présence de deux films français : A pas de loup d'Olivier Ringer et Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, ainsi que du nouvel opus de Zhang Yimou, Under the Hawthorn Tree. L'Europe du Nord est également particulièrement bien représentée avec deux longs métrages danois et un norvégien, tandis que les Etats-Unis n'ont qu'un seul représentant et que l'Allemagne, elle, est pour le moment carrément absente !

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Sélection Kplus

A pas de loup d'Olivier Ringer (France, Belgique),
Tomorrow Will Be Better de Dorota K?dzierzawska (Pologne, Japon)
The Liverpool Goalie d'Arild Andresen (Norvège)
The Flood de Guy Nattiv (Israël, Canada, Allemagne, France)
Sampaguita, National Flower de Francis Xavier E. Pasion (Philippines)
Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (France, Belgique, Pays-Bas, Suisse)

Sélection 14plus

Rebounce de Heidi Marie Faisst (Danemark)
Griff the Invisible de Leon Ford (Australie)
Under the Hawthorn Tree de Zhang Yimou (Chine)
Skyscraper de Rune Schjøtt (Danemark)
The Dynamiter de Matthew Gordon (États-Unis)
West Is West d'Andy De Emmony (Royaume-Uni)

Jafar Panahi condamné à six ans de prison

Posté par MpM, le 20 décembre 2010

Jafar Panahi ne sera probablement pas au Festival de Berlin, où il avait été invité à être membre du jury, en février prochain. De la même manière, on ne le verra sans doute ni à Cannes, ni à Venise, ni dans aucun de ces nombreux festivals internationaux qui avaient pris sa défense l'an dernier après son arrestation par le régime iranien.

Le réalisateur iranien vient en effet d'être condamné à six années de prison "pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime". Par ailleurs, son avocate Farideh Gheirat a ajouté qu'il est également "frappé d'une interdiction de réaliser des films, d'écrire des scénarios, de voyager à l'étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers durant les 20 prochaines années", avant de préciser qu'elle allait faire appel de cette décision.

Mohammad Rasoulof, un autre réalisateur iranien qui travaillait avec Jafar Panahi avant son arrestation, a lui aussi été condamné à six ans de prison pour des faits similaires.

Avec ce jugement, le pouvoir iranien poursuit donc la stratégie consistant à isoler le réalisateur, aussi bien humainement que professionnellement, en le privant de toute possibilité de s'exprimer à l'intérieur comme à l'extérieur de son pays. Une fois qu'il sera emmuré dans ce silence forcé, qu'il effectue ou non les six années de détention fait presque l'impression d'un détail, puisque son esprit, ses idées et son désir de créer seront prisonniers à l'intérieur de la pire prison qui soit, celle du corps. A ce compte-là, sur l'échelle de la privation de liberté, seules les potentielles tortures physiques et les privations font une réelle différence. Il semble donc clair que Jafar Panahi est destiné à servir d'exemple aux yeux de tous ceux qui, en Iran, pourraient être tentés de suivre ses pas sur le chemin de l'opposition ouverte au régime.

Quelle que soit l'issue de l'inégal bras de fer qui oppose le cinéaste aux autorités d'un pays bien décidé à maintenir une chape de plomb sur ses citoyens, on peut compter sur la mobilisation des milieux culturels et cinématographiques du monde entier. Mais cette fois, un soutien politique, diplomatique et économique ne serait pas de trop : il ne s'agit plus tant d'injustice que de meurtre à petit feu.

Berlin 2011 : les frères Coen en ouverture et Jafar Panahi au jury

Posté par MpM, le 8 décembre 2010


Faut-il y voir un retour vers une édition plus glamour ? Alors que lors de son 60e anniversaire en 2010, le festival de Berlin s'était tourné vers un film chinois (Apart together de Wang Quan'an) pour sa prestigieuse soirée d'ouverture, en 2011, ce sera le très attendu western des frères américains Joel et Ethan Coen qui lancera la 61e édition de la Berlinale.

Un western hollywoodien en ouverture

Or True grit est le remake du classique Cent dollars pour un shérif de  Henry Hathaway (1969), qui valut un Oscar à John Wayne. Présenté en première internationale, il est sélectionné hors compétition, et pourrait amener à Berlin Jeff Bridges, Matt Damon et Josh Brolin qui se partagent les rôles principaux auprès de la jeune actrice Hailee Steinfeld.

Le directeur du festival, Dieter Kosslick, a rappelé que les frères Coen "sont représentatifs du cinéma américain indépendant de qualité. Ils ont toujours enthousiasmé le public grâce à leur penchant pour l'ironie, les personnages et les histoires décalés."  Les deux réalisateurs ont déjà à leur actif une Palme d'or à Cannes (Barton fink), quelques prix de la mise en scène (Fargo, The barber) et plusieurs Oscars (Fargo, No country for old men).

Panahi pourra-t-il répondre à son invitation?

Les pronostics vont désormais bon train pour deviner les films qui tiendront compagnie à True grit sur le tapis rouge de la Potzdamer Platz du 10 au 20 février prochains (les rumeurs sont persistantes concernant le dernier Terrence Malick, arlésienne des festivals 2010) ainsi que les personnalités qui composeront le jury présidé par Isabella Rossellini (voir actualité du 30 août).

Globalement, peu d'informations ont pour le moment filtré, si ce n'est que Jafar Panahi est officiellement invité à faire partie des jurés, mais on ignore s'il sera cette fois en mesure de se déplacer. Le réalisateur iranien, emprisonné durant plusieurs mois cette année, aurait en effet déjà dû être à Berlin lors de l'édition 2010. Il en avait été empêché par le gouvernement de son pays, de même que lorsqu'il avait voulu se rendre dans plusieurs festivals internationaux comme Vesoul (où il devait recevoir un Cyclo d'honneur), Cannes (où il était membre du jury)  et Venise (où a été présenté son dernier court métrage).

Une nouvelle maison pour remplacer les jeunes cinéphiles

En revanche, une chose est sûre concernant cette 61e Berlinale, c'est qu'elle s'offre un nouveau lieu de projection avec la Maison des cultures du monde (Haus der Kulturen der Welt) qui accueillera désormais les séances officielles des deux sections Generation Kplus et 14plus (pour les jeunes et les enfants), ce qui permettra par ailleurs de les réunir sous le même toit. Le Zoo Palast étant en travaux jusqu'en 2012, la section "Panorama special"  se partagera quant à elle entre le très beau cinéma Friedrichstadtpalast et le Kino International.

L'occasion pour les festivaliers de s'aventurer hors de la Potzdamer Platz, lieu traditionnel de la Berlinale, et de découvrir d'autres quartiers de la fabuleuse capitale allemande. En espérant que le temps sera plus clément qu'en 2010, et permettra cette fois aux spectateurs d'emprunter les trottoirs berlinois sans risquer de se casser une jambe...

Isabella Rossellini sera la présidente du jury de la Berlinale 2011

Posté par vincy, le 30 août 2010

isabella rossellini

Le 61e Festival international du film de Berlin (10/21 février 2011) aura comme présidente du jury, la mannequin, actrice, réalisatrice et productrice Isabella Rossellini. Fille de Roberto Rossellini et d'Ingrid Bergman, ancienne compagne (et muse) de David Lynch mais aussi de Martin Scorsese et Gary Oldman, Isabella baigne dans le cinéma depuis sa naissance en 1952.

On l'a notamment vu et adoré dans Blue Velvet, Sailor & Lula, Fearless, Big Night, ou récemment Two Lovers. Elle sera aussi du casting de Poulet aux prunes, le nouveau film de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, actuellement en tournage à Berlin. Elle joue aussi dans La solitude des nombres premiers, qui sera présenté la semaine prochaine au Festival de Venise. Isabella Rossellini a aussi été dirigée par les frères Taviani, Abel Ferrara, Peter Greenaway, Robert Zemeckis, Norman Mailer.

A Berlin, elle avait reçu une mention spéciale pour son interprétation dans Left Luggage, de Jeroen Krabbé, en 1998. Elle a aussi réalisé un court métrage, Oh La La en 2006, et surtout une série de court hilarants mélangeant pornographie et animaux, dans Green Porno, en 2007, qui fit sensation à la Berlinale en 2008. Elle y avait déjà présenté Dad is 100 Years Old, hommage à son père réalisé par Guy Maddin, qui présenta aussi l'année suivante Upon the Brain! où elle était la narratrice.

Les derniers présidents du jury étaient Werner Herzog, Tilda Swinton, Costa-Gavras, Paul Shrader et Charlotte Rampling.