Berlin récompense le singulier Richard Linklater

Posté par vincy, le 12 février 2013

En pleines festivités, la Berlinale 2013 a remis hier soir une Berlinale Camera surprise à Richard Linklater. Le réalisateur américain rejoint ainsi Isabella Rossellini et Rosa von Praunheim dans le palmarès de ce 63e Festival de Berlin.

La Berlinale Camera récompense des personnalités du cinéma ou des institutions auxquelles le Festival se sent particulièrement redevable en exprimant ses remerciements.

Richard Linklater avait reçu l'Ours d'argent pour Before Sunrise en 1995 ; la suite, Before Sunset, avait également été présentée à Berlin en 2004. Il revient cette année, hors compétition, avec un troisième volet, Before Midnight, qui a enchanté les festivaliers par son rythme effréné et ses dialogues à la fois justes et pleins d'humour. Le cinéaste a reçu son prix en marge de la projection officielle. Cette trilogie, qui a la particularité d'avoir été écrite par le réalisateur et ses deux comédiens principaux, Ethan Hawke et Julie Delpy, suit l'histoire d'amour tumultueuse d'une Française et d'un Américain sur une période de presque vingt ans.

Linklater, texan de 53 ans refusant de migrer à Hollywood, est incontestablement l'un des réalisateurs les plus intrigants du cinéma américain de ces trente dernières années. Par des scénarios singuliers et une mise en scène variant selon les sujets, il a séduit public et critique avec des films comme le culte Dazed and Confused (1993), le film animé Waking Life (2001), le déjanté Rock Academy (2003), le fabuleux et inégal Fast Food Nation (2006, sélectionné en compétition à Cannes) ou encore l'expérimental film animé A Scanner Darkly (2006). D'autres films, en revanche, ont manqué leur cible et n'ont pas convaincus (Me and Orson Welles, The Newton Boys, Tape...).

Son récent Bernie (2012), avec Jack Black, Shirley MacLaine et Matthew McConaughey, a été un joli succès surprise dans la catégorie art et essai aux USA, recevant quelques prix fin 2012 ; il a, notamment, été sélectionné parmi les 10 films de l'année du National Board of Review.

Il vient également de produire et réaliser la série TV Up to Speed. Et prépare actuellement Boyhood, avec Patricia Arquette et Ethan Hawke.

Berlin 2013 : le cinéma taïwanais bien représenté, en attendant les lauréats de la Taipei factory à Cannes

Posté par MpM, le 11 février 2013

La fête battait son plein dimanche soir lors de la traditionnelle Taïwan party de Berlin (en présence de plusieurs stars dont le réalisateur Arvin Chen, voir notre photo), et tous les professionnels taïwanais présents avaient l'air content. Il faut dire qu'il y a de quoi. La Taipei Film Commission, créée en 2008, promeut le cinéma taïwanais à travers le monde, mais soutient également les productions internationales soucieuses de tourner à Taïwan ainsi que les coproductions locales. Résultat, en moins de quatre ans, la commission a aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers.

Avec une politique aussi incitative, il n'est guère étonnant de retrouver le cinéma taïwanais dans les plus grands festivals internationaux. Cette année, quatre films taïwanais sont ainsi présents dans la sélection berlinoise : Cutaways of Jiang Chun Gen - Forward and Back Again de James T. Hong (court métrage présenté dans la section Forum expanded) ; Together de Hsu Chao-jen (Forum) ; Touch of the light de Chang Jung-Chi (Generation 14plus) et Will you still love me tomorrow d'Arvin Chen (Panorama special).

Et ce n'est pas fini. Il y a peu, la Commisison annonçait la création d'une "Taipei Factory" permettant à de jeunes cinéastes taïwanais et internationaux de travailler ensemble. Cette résidence, qui se tient à Taïwan du 25 février au 15 mars, réunit quatre binômes de réalisateurs invités à écrire, tourner et finaliser un court métrage de 15 min. Ils auront également l'occasion de rencontrer des représentants de l’industrie cinématographique du monde entier (producteurs, distributeurs, représentants de festival…) susceptibles de les aider dans le développement de leurs projets de longs-métrages.

L'actrice et cinéaste français Joanna Preiss (Sibérie) fait partie des participants au programme. Elle travaillera en tandem avec le Taïwanais Midi Zhao. Les autres duos sont Chang Jung-Chi (Taïwan) et Alireza Khatami (Iran) ; Shen Ko-Shang (Taïwan) et Luis Cifuentes (Chili) ; Singing Chen (Taïwan) et Jero Yun (Corée du Sud).

La première projection mondiale des films ainsi réalisés aura lieu le 16 mai prochain à Cannes. En effet, la Quinzaine des Réalisateurs s'est associée à cette première édition de la "Taipei Factory" et invite les 8 réalisateurs à venir rencontrer public et professionnels présents pendant le Festival. Une initiative passionnante qu'il sera donc facile de suivre de près, et qui pourrait bien faire des émules parmi les pays les plus cinéphiles de la planète.

Joseph Gordon-Levitt enlève les scènes pornos de son film

Posté par vincy, le 11 février 2013

C'est la rançon du succès. Don Jon's Addiction, premier film réalisé par l'acteur Joseph Gordon-Levitt, va faire l'objet de coupes afin de pouvoir être distribué aux USA. Une censure qui a le consentement du réalisateur, sans doute très sensible aux bonnes critiques reçues par son film à Berlin, où il est sélectionné dans Panorama.

Une censure dictée également par un impératif économique : Relativity a acheté les droits pour distribuer le film aux USA en signant un chèque de 4 millions de $ lors du dernier festival de Sundance (avec une garantie de 25 millions de $ en dépenses marketing). Il faut pouvoir rentabiliser l'investissement.

Gordon-Levitt explique que "cela n'affectera pas le film". Pour ne pas être classé parmi les films pornographiques, il devra en effet retirer des scènes explicitement sexuelles. Lors de sa conférence de presse berlinoise, l'acteur avoue qu'il s'attendait à ça.

Dans son film, JGL incarne un mélange de Lothaire (Don Quichotte) et de Don Juan (d'où Don Jon) des temps modernes, complètement addict à la pornographie et la masturbation.

Le film réunit Scarlett Johansson en Jessica Rabbit plus vraie que nature, Julianne Moore et Tony Danza (Madame est servie). Joseph Gordon-Levitt relativise la portée des images X dans son film (dans ce cas pourquoi les avoir tournées?) en justifiant que c'est la répétition des actes qui est essentielle à la compréhension psychologique du personnage. Pour lui, son film est avant une comédie romantique dans une société où notre culture, obsédée par les objets et les images, réduit notre capacité à pouvoir vivre une intimité entre humains.

On peut cependant espérer que le film sera visible en Europe dans sa version intégrale. Les codes de censure ne sont pas identiques et le sexe n'est pas aussi tabou qu'aux USA. Dans le même genre, Lars Von Trier a déjà anticipé le problème avec Nymphomaniac, en proposant deux versions de son film : l'une avec des scènes X et l'autre purgée de séquences pornos.

Berlin 2013 : un film en sélection cartonne déjà (légalement) sur youtube

Posté par MpM, le 11 février 2013

Présenté dans la section Panorama, le documentaire TPB QFK: the pirate bay away from keyboard du Suédois Simon Klose (sur les fondateurs de The Pirate Bay) est disponible gratuitement et légalement sur youtube depuis sa présentation berlinoise le 8 février dernier. Le cinéaste (cité par Screen international) assure que plus de 200 000 personnes ont regardé le film durant les premières 20 heures. Trois jours plus tard, le nombre frise les 900 000, à quelques encablures seulement de l'objectif (désormais parfaitement réaliste) d'un million en une semaine.

D'autant que d'après Klose, il s'agit là simplement du nombre de fois où la vidéo a été vue sur youtube, sans tenir compte des échanges sur les réseaux de partage de fichiers, difficilement calculables. Ce n'est pas la première fois qu'un film est mis légalement à disposition sur internet avant sa commercialisation en salles (voir notamment notre news du 31 octobre), mais il s'agit de la première opération d'une telle envergure, intervenant aussi amont dans la chronologie traditionnelle de diffusion des films. Une opération pas totalement neutre puisque le cinéaste a déclaré avoir déjà reçu 30 000 dollars de donation de la part des internautes.

Bien sûr, le procédé pose un certain nombre de questions, et notamment la possibilité pour le film de connaître une carrière en salles après avoir été ainsi mis à la disposition de tout un chacun sur le web. Il pourrait même singulièrement remettre en cause le circuit traditionnel de distribution (à l'image de certains films qui sortent directement en dvd, on peut imaginer une diffusion directement sur internet) et offrir un canal supplémentaire à certaines oeuvres fragiles ou militantes. Indéniablement, le sujet risque de revenir régulièrement dans les mois à venir, tant internet change la donne en matière de diffusion et de distribution des oeuvres. C'est sûr, des systèmes restent à imaginer et tester. Car quel réalisateur ne rêverait pas d'attirer un million de spectateurs en seulement quelques jours ?

En attendant, pour ce qui est de la qualité intrinsèque de TPB AFK, puisque c'est possible, et recommandé par l'auteur, le mieux est encore de se faire sa propre idée :

Brèves de Berlin : Gosling, Streisand et Jacquot

Posté par vincy, le 11 février 2013

Ryan Gosling va lui aussi se lancer dans la réalisation. Alors que James Franco et Joseph Gordon-Levitt présentent leurs films à Berlin, l’acteur a confirmé qu’il filmerait How to Catch A Monster. Il a annoncé que Saoirse Ronan tiendrait le rôle principal de son projet.

Grand retour derrière la caméra pour Barbra Streisand. Son dernier film, Leçons de séduction (The Mirror has Two Faces), date de 1996. La star doit encore choisir parmi les multiples projets qu’elle a en tête, mais elle déjà signé un contrat avec une société de production. Ce sera son quatrième long métrage depuis Yentl en 1983.

Est-ce bien utile ? Toujours est-il que <a href="http://www.ecrannoir.fr/recherche/recherche.php?rech=benoit%20jacquot"<Benoît Jacquot, dont Les Adieux à la Reine avait été en compétition à Berlin l’an dernier, va réaliser une nouvelle version du Journal d’une femme de chambre. Luis Bunuel et Jean Renoir ont déjà filmé l’adaptation d’Octave Mirbeau, avec respectivement Jeanne Moreau et Paulette Goddard. Jacquot promet une version plus fidèle au roman. On connaîtra le nom de l’actrice au prochain festival de Cannes.

Berlin 2013 : Wer ist Nina Hoss ?

Posté par MpM, le 9 février 2013

nina hossNina Hoss n'en finit plus de chambouler les festivaliers berlinois. Il faut dire que l'actrice allemande a une longue histoire avec la Berlinale qui l'a placée sous le feu des projecteurs dès 2000 en faisant d'elle une  "shooting star", l'une des meilleurs jeunes talents européens soutenus par l'EFP (European Film Production). Des années plus tard, elle est revenue par la grande porte en faisant partie du jury (2011).

Entre deux, beaucoup de films et de travail. Puis, en 2007, la récompense berlinoise suprême : l'Ours d'argent de la meilleure actrice pour le film Yella de Christian Petzold. C'est leur deuxième collaboration (après Wolfsburg en 2003, pour lequel elle reçoit un Adolf Grimme Award) et depuis le cinéaste n'a cessé de lui offrir ses plus beaux rôles. On la retrouve ainsi dans Jerichow en 2009 et surtout dans Barbara, Grand Prix  en 2012.

Dans ce thriller froid et paranoïaque, elle incarne une médecin exilée dans une petite ville d'Allemagne de l'Est pour avoir fait une demande de visa étranger. Le film est acclamé par la presse ainsi que sa prestation glaçante mais habitée.

Et cette année, Nina Hoss est de retour, plus impressionnante que jamais dans Gold de Thomas Arslan. L'actrice, qui n'a plus rien à prouver, surprend en pionnière attirée par le mirage de l'or. A cheval, dans de vastes paysages, et une carabine à la main, elle est l'héritière des cowboys d'antan, indestructible et obstinée, avec une pointe d'humour en prime. Le film est un drôle de western au féminin dans lequel les candidats à la ruée vers l'or disparaissent les uns après les autres, comme dans une émission de téléréalité. C'est également un joli portrait de groupe et surtout un très beau portrait de femme, ambivalente et forte, rôle dans lequel l'actrice excelle.

Une fois encore, elle mériterait un prix d'interprétation... mais il est peu probable qu'on lui en attribue un deuxième en si peu d'années. Trop d'ours tuent les ours...  Toutefois, puisqu'elle est attendue dans le dernier film d'Anton Corbijn, A most wanted man, d'après le roman de John le Carré, on se prend à rêver : pourquoi ne pas l'imaginer fouler les marches d'un autre grand festival européen et, qui sait, ajouter un nouveau trophée à son palmarès ? Histoire de prouver que, quelle que soit la forme de la statuette, 'elle est définitivement une actrice en or.

Un fiasco critique pour un film de la compétition

Posté par vincy, le 9 février 2013

0,8. Rarement une note aussi basse a été décernée à un film de la compétition par le panel de critiques de Screen International. 4 bulles, deux 1 étoile et deux 2 étoiles. Autant dire que ce premier film de Fredrik Bond - avec Shia LaBeouf, toujours aussi exhib, Evan Rachel Wood, proche du ridicule, et Mads Mikkelsen, qui s'en sort dignement - a refroidit la température d’une compétition jugée pour l’instant assez tiède. The Necessary Death of Charlie Countryman mérite cependant cette sanction tant le film est un mélange de genres incohérent qui part dans toutes les directions, porté par des personnages caricaturaux et incohérents, avec un scénario simpliste et assez vain. Le scénario a été écrit par Matt Drake, à qui l'on doit Projet X.

Berlin 2013 : qui sont les shooting stars ?

Posté par MpM, le 8 février 2013

Dix jeunes acteurs et actrices, dont les noms et les visages se sont déjà imposés dans le paysage cinématographique européen, vont durant la Berlinale connaître une médiatisation exceptionnelle. Il s'agit des meilleurs jeunes talents européens 2013, sélectionnés par un jury international de professionnels du cinéma pour leur travail et leur potentiel.

Ces "shooting stars" participent du 9 au 11 février à un programme organisé par l'EFP (European film promotion) leur permettant de rencontrer des directeurs de casting internationaux et d'assister à différentes présentations, shootings et conférences de presse. Ce faisant, ils marchent sur les pas de Carey Mulligan, Mélanie Laurent, Nicolas Cazalé ou encore Anaïs Demoustier.

Parmi les lauréats, on retrouve l'actrice française Christa Théret révélée dans LOL de Lisa Azuelos et aperçue depuis dans Renoir de Gilles Bourdos et L'homme qui rit de Jean-Pierre Améris. Le jury précise avoir été conquis par "la maturité de son interprétation dans La Brindille". "C'est une actrice très précise", a-t-il par ailleurs indiqué, saluant le mélange de fragilité, de mélancolie et de charisme qui caractérise la jeune fille.

A ses côtés, on peut souligner la présence de Mikkel Boe Følsgaard (Danemark), récompensé par un prix d'interprétation à Berlin en 2012 pour son rôle dans A royal affair de Nikolaj Arcel ; Arta Dobroshi (République du Kosovo) que l'on a vue dernièrement dans Trois mondes de Catherine Corsini ; Nermina Luka? (Suède), bientôt à l'affiche de Eat Sleep Die de Gabriela Pichler et Jure Henigman (Slovénie) découvert dans A Trip de Nejc Gazvoda.

Les autres lauréats sont Carla Juri (Suisse), Ada Condeescu (Roumanie), Luca Marinelli (Italie), Saskia Rosendahl (Allemagne) et Laura Birn (Finlande).

Berlin 2013 : In the Name of… Teddy

Posté par vincy, le 8 février 2013

La compétition berlinoise a été lancée par un drame polonais sensible et subtil, romantique et viril, réalisé par Malgorzata Szumowska (à qui on devait Elles, avec Juliette Binoche). In the Name of est un blasphème en soi. Un prêtre (Adam, craquant avec ses yeux bleus et sa barbe de cinq jours) se désintéresse de la seule jolie femme du coin (Eve) et préfère un jeune homme beau et sauvage, doux et sans père, un Jésus qui ne sait même pas nager. Dans les dortoirs du séminaire, un ange blond maudit va sodomiser un de ses camarades consentant, et qui, honteux, se suicidera. L'homosexualité au sein de l'église.

Logique que ce film soit également en compétition pour les 27e Teddy Awards. Les 9 jurés internationaux n'auront que l'embarras du choix. La remise des prix aura lieu le 15 février, et s'achèvera dans une soirée orchestrée par John Cameron Mitchell.

La sélection de longs métrages comporte des films en provenance de tous les pays et de toutes les sections du Festival : Corée du sud (White Night), Géorgie (A Fold in My Blanket), Argentine (Belated), France (La religieuse), Japon (The Town of Whales), Brésil (Reaching for the Moon), Canada (Vic+Flo ont vu un ours), Taiwan (Will you still love me tomorrow). On y remarque aussi deux films avec James Franco, acteur culte chez les "LGBT" : Maladies et Interior. Leather Bar.

Des classiques (Victor, Victoria ou Certains l'aiment chaud) sont également présentés. Une sélection de documentaires et de courts métrages s'ajoute à l'ensemble.

Famille et icônes

Cette année, la devise n'est pas Au nom de (des paires ou de la liberté ou de l'égalité, ...) mais "We are Family". Avec un hommage à Jean Marais, président du jury à Berlin en 1985, dont on célèbre le centenaire de naissance en 2013. Marais n'est pas la seule icône choisie pour symboliser l'esprit de famille de la culture Queer. Marlene Dietrich, Divine, Greta Garbo, James Dean, Virginia Woolf, Jodie Foster, Freddie Mercury, Jimmy Sommerville, Montgomery Clft, tous sont exposés dans "Golden Queers", des tableaux presque warholiens de Ronaldo Hopf.

Ici les Teddy sont une institution. Alors que l'Assemblée nationale française rivalise en phrases vexantes, humiliantes, déplacées, agressives à l'égard des homosexuels, le catalogue des Teddy accueille une tribune du Maire de Berlin et une autre du Directeur du Festival de Berlin, des publicités comme celles d'Air France, sponsor officiel (!) ou des Galeries Lafayette (bien ciblée).

Même si certains ne manqueront pas de critiquer le communautarisme de ces Teddy, un simple constat montre leur utilité : tant que la relation amoureuse ou sexuelle entre deux personnes du même sexe pose problème, tant qu'un jeune homo sera conduit au suicide parce que l'homophobie environnante le rejette, tant qu'un transsexuel ne sera pas reconnu comme un être banal, tant qu'un travesti attirera les regards méprisants ou moqueurs, les Teddy Awards, mais aussi ses équivalents à Cannes et Venise, auront leur place, sans voler celle des autres. Si le cinéma s'intéresse autant à la difficulté d'être "différent" c'est bien parce que la société n'a pas encore assimilé cette différence en tant que composante naturelle, avec sa richesse et sa diversité, de notre planète.

Berlin 2013 – Wong Kar-wai : « un grand maître doit être généreux »

Posté par MpM, le 7 février 2013

Wong kar wai - zhang ziyi - tony leungOn peut être surpris de voir Wong Kar-wai ouvrir la 63e Berlinale avec un film de kung-fu, hommage au grand maître Ip Man qui enseigna les arts martiaux à Bruce Lee. C'est que pour lui, The grandmaster (voir notre critique) peut être vu à plusieurs niveaux. "C'est un film sur le kung-fu, mais pas que ça", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse du film. "Il va au-delà des simples techniques pour parler de ses valeurs, de sa philosophie et de son code d'honneur. Je trouve cet univers fascinant. Et j'espère que le film peut apporter au public une nouvelle perspective sur les arts martiaux."

L'idée d'un film qui retracerait la vie d'Ip Man lui est venue après avoir vu un documentaire, dans lequel le maître, très âgé, faisait une démonstration assez longue de mouvements de kung-fu. "Tout à coup", se souvient-il, "il s'est arrêté parce qu'il ne pouvait plus continuer, soit parce qu'il avait mal, soit parce qu'il ne savait plus les mouvements... et ce moment m'a touché profondément."

Ip Man a toujours refusé de faire des démonstrations privées de son art, même en échange de grosses sommes d'argent. Il ne voulait pas transmettre à un seul disciple, mais à tous sans distinction. Pour Wong Kar-zai, c'est là un des enseignements du kung-fu : "un grand maitre doit être généreux".

Il se dit d'ailleurs surpris de ses rencontres avec différents maîtres kung-fu lorsqu'il préparait le tournage de The grandmaster : "J'ai été frappé par leur modestie. A l'origine, le kung-fu est un art de défense. Il peut tuer. Si les grands maîtres sont si modestes, c'est parce qu'ils savent qu'ils ont des armes dans la main. "

Le réalisateur a par ailleurs reconnu que le mécanisme qui pousse les cinéastes à faire des films est relativement simple : "Nous avons envie de dire quelque chose, et pour ça nous avons besoin d'un public avec qui le partager, quel que soit le sujet."

Pendant 10 jours, en tant que président du jury, il va exceptionnellement se retrouver dans le rôle de celui qui reçoit le film, et semble s'en réjouir. "Nous sommes ici pour servir les films", a-t-il en effet confié. "Nous ne sommes pas là pour les juger mais pour les apprécier, promouvoir ceux qui nous inspirent et nous transportent."

Crédit photo : MpM