Cannes 2014 : Qui est Miles Teller?

Posté par vincy, le 20 mai 2014

miles tellerL'ÉLÈVE DOUÉ

Il a 27 ans. Miles Teller est l'un des espoirs les plus prometteurs du cinéma américain. Avec son allure à la Mitchum, le jeune comédien n'est pas un de ces teenagers "heartthrib" que les studios affectionnent tant pour attirer le jeune public dans les salles. Début 2013, Sundance lui octroie un Prix spécial du jury pour son interprétation dans The Spectacular Now, qu'il partage avec sa partenaire Shailene Woodley (The Descendants, Divergente). Il incarne un jeune homme alcoolique, obsédé par l'absence de son père. En janvier dernier, son film Whiplash remporte le Grand prix du jury à Cannes et débarque sur la Croisette en mai, à la Quinzaine des réalisateurs.

Autant dire qu'au sein du cinéma indépendant, le jeune homme s'est très vite propulser parmi les grands. Fils d'un ingénieur en centrale nucléaire et d'une agent immobilier, avec des origines Russe, Anglaise, Irlandaise, Polonaise et Française, ce garçon du New Jersey qui a grandit en Floride, a d'abord appris la musique (saxophone, batterie). Pas de façon extrême comme dans Whiplash où il tape comme un forcené sur sa batterie pour devenir le meilleur. Il s'intéresse au théâtre dès les années collège.

A 23 ans, il fait ses débuts chez John Cameron Mitchell dans Rabbit Hole. Il y est un adolescent troublé, qui dessine des BD et fréquente la mère de l'enfant qu'il a tué accidentellement. Comme ile le dit, "Rabbit Hole m'a donné une bonne approche du jeu dans le cinéma". Il sait aussi danser, faire des claquettes et chanter. Il reprend son rôle de Willard créé sur scène pour la version cinéma de Footloose, le remake. On l'aperçoit dans Projet X, le film déjanté d'une génération paumé. Après The Spectacular Now, il enchaîne les tournages. Il devient le meilleur ami de Zac Efron dans That Awkward Moment, comédie décalée sortie au début de l'année puis retrouve Shailene Woodley dans Divergente, carton en salles. Il a deux films en boîte (Get a Job, Two Night Stand). Doué pour la comédie, doué pour le drame, à l'aise partout.

Pour Whiplash, de Damien Chazelle, il se donne à fond. Impressionne la critique. Délivre une performance rare qui dévoile tout le potentiel du comédien.

Les studios ne s'y trompent pas. On lui propose le rôle de Dan Aykroyd dans le biopic sur John Belushi et le personnage de Mister Fantastic dans le reboot des Quatre Fantastiques. Pourtant, il l'avoue lui-même : "Honnêtement je ne suis pas un grand fan de blockbusters. Les seuls que je possède ce sont les trois premiers Indiana Jones." Mais l'idée de jouer un super-héros, ne serait-ce que pour le gros cachet qui va avec, le tentait beaucoup... Mais pas seulement. Il est ne quête de crédibilité et de respectabilité. Il ne cache pas ses ambitions : "J'en ai toujours eu. Je voulais aller à l'université. Je pouvais faire la fête, mais il fallait que j'ai les meilleures notes."

Fruitvale Station : rencontre avec le réalisateur Ryan Coogler

Posté par kristofy, le 2 janvier 2014

ryan coogler fruitvale station cannes 2013Fruitvale Station est un film dont on connaît d’avance la fin mais dont on ignore le début, et c’est cette histoire qui est racontée. Dès le début il y a les images d’un fait divers tragique enregistrées avec un téléphone portable. Sur le quai de cette gare à Oakland en Californie le 1er janvier 2009 à 2h15 du matin, un contrôle de police dégénère : le jeune Oscar Grant de 22 ans reçoit une balle dans le dos tirée par un policier. Bavure banale? Oui mais la victime est noire, le policier est blanc. Et le premier ne menaçait pas le second.

Le film nous fait le portrait de qui était Oscar Grant durant les 24 heures qui ont précédées ce drame. Il sort en France le jour de la date anniversaire du 1er janvier. Le film avait déjà été récompensé au Festival de Sundance, à Cannes et au dernier Festival américain de Deauville où nous y avions rencontré son réalisateur Ryan Coogler :

Ecran Noir : Fruitvale Station montre à différents moments de la journée des instants de la vie de Oscar Grant devant nos yeux…
Ryan Coogler : Je voulais trouver le moyen que les acteurs se surprennent entre eux, et qu’il y ait une fraîcheur de jeu. On avait un planning de tournage très serré, je me suis basé avant tout sur le scénario pour les plans prévus dans le planning de tournage, et après ça on pouvait respirer et essayer des choses. Pour moi il s’agissait d’abord de rendre compte des faits en s’attachant à l’humanité des personnes impliquées. L’histoire du film est avant tout celle de ces gens.

EN : Qu’est ce qui était le plus difficile à recréer comme scène de vie : la tension entre policiers et jeunes dans le train où l’intimité familiale entre Oscar, sa femme et sa fille ?
Ryan Coogler : Ce sont deux choses qui ont été difficiles à tourner pour différentes raisons. En premier lieu c’est  la contrainte du planning, très serré. Pour ce qui des séquences avec les policiers, on avait le quai de la gare à disposition seulement pour 4 heures de tournage ! Pour les scènes domestiques avec la famille, il y avait beaucoup d’émotions différentes à capturer à travers les disputes ou les coups de téléphones. Et là aussi il a fallu composer avec le facteur temps en ce qui concerne la jeune actrice qui joue leur petite fille : puisque c’est une enfant il y a des limitations spécifiques du nombre d’heures consécutives de tournage. Par exemple on ne pouvait pas la faire tourner après minuit. C’est la gestion du temps de tournage qui était la principale difficulté.

EN : Pensez-vous qu'une fiction réaliste est un témoignage plus puissant qu’un reportage aux informations de la télévision ?
Ryan Coogler : Oui je pense que cela peut être le cas. Je pense qu’un film peut rendre le public beaucoup plus proche des personnages. Pour ce qui de la télévision, cela dépend comment le reportage est monté. Pour le cas d’Oscar, le drame a été enregistré par des téléphones. Voir ce genre d’enregistrement des faits nous fait devenir témoin de ce qui c’est passé, mais d’autres incidents arrivent sans qu’on puisse en voir des images. Ils ne sont que racontés. Un film apporte beaucoup de proximité, voir même de l’intimité, et peut apporter d’autres éléments à mettre en perspective. Fruitvale Station a eu une certaine répercussion dans le milieu de la police, à propos des procédures de certains agents. J’espère que ce genre d’incident ne se reproduira plus.

Chéries Chéris ouvrira avec Gérontophilia de Bruce LaBruce

Posté par vincy, le 9 septembre 2013

Gerontophilia

Le 19e Festival du film gay, lesbien, bi trans et +++ de Paris, alias Chéries Chéris, se déroulera du 15 au 20 octobre au Forum des images. La programmation a été révélée. On retrouve en compétition de nombreux films qui ont été sélectionnés dans les grands festivals ces derniers mois, avec, en ouverture, le très attendu Gérontophilia de Bruce LaBruce (photo). D'un hommage à Cocteau par Dombasle à une superbe fiction autour d'un prêtre homosexuel polonais (In the name of, Teddy Award à Berlin), la sélection s'annonce variée tant dans les genres que dans les styles.

Le jury
Océanerosemarie
Thomas Riera
Maria Di Giovanni
Gérard Lefort
Philippe Tasca
Stéphane Riethauser

La compétition
Gérontophilia, de Bruce LaBruce (Venise 2013, Toronto 2013) - film d'ouverture
Concussion, de Stacie Passon (Sundance 2013, Berlin 2013) - Prix du jury Teddy à Berlin
Sarah préfère la course, de Chloé Robichaud (Un certain Regard, Cannes 2013)
Noor, de Guillaume Giovanetti et Cagla Zencirci (Acid, Cannes 2012)
Two Mothers, d'Anne Zohra Berrached (Berlin 2013)
Les rencontres d'après-minuit, d'Yann Gonzalez (Semaine de la critique, Cannes 2013)
My Brother the Devil, de Sally El Hosaini (Sundance 2012, Berlin 2012- - Meilleure image Sundance 2012, Prix Label Europa Cinémas Berlin 2012
The Comedian, de Tom Shkolnik (Dinard 2012, Les Arcs 2012)

Autres longs métrages
Jenny Bel Air de Régine Abadia (patrimoine)
Morgan de Michael Akers
Qui a peur de Vagina Wolf? d'Anna Margarita Albelo (séance spéciale)
Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot (patrimoine)
Une longue journée qui s'achève de Terence Davies (patrimoine, séance spéciale)
Pulsions de Brian De Palma (patrimoine)
Opium d'Arielle Dombasle
Lesbiana : une révolution parallèle de Myriam Fougère (documentaire)
Cruising de William Friedkin (patrimoine) et Interior Leather Bar de James Franco et Travis Matthews
Amazona del Oeste de Maximaliano Gonzalez (documentaire)
La partida (Le dernier match) d'Antonio Hens
Little Gay Boy d'Antony Hickling (séance spéciale)
Inconditionnel de Bryan Higgins
M. Angel de Dan Hunt (documentaire)
Monster de Patty Jenkins (patrimoine)
Free Fall de Stéfan Lacant
She : their love story de Sranya Noithai
Vito et I am Divine de Jeffrey Schwarz (documentaire)
Gay Best Friend de Darren Stein
In the Name of de Malgorzata Sumowska
Last Summer de Mark Thiedeman
Wildness de Wu Tsang (documentaire, séance spéciale)

Deauville 2013 : Sundance « bis » et autres blockbusters

Posté par vincy, le 22 juillet 2013

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a annoncé son programme : la compétition et les avant-premières. Dans la première on retrouve énormément de films venus de Sundance, et pas de films primés à Tribeca et Austin, les autres grands rendez-vous du ciné indé US. 4 films déjà vus à Cannes seront présentés dont Fruitvale Station, qui fait sensation aux USA actuellement et qui est reparti avec le Prix de l'avenir à Un certain regard sur la Croisette.

Côté avant-premières, on note le Woody Allen, quelques gros blockbusters de la saison, quelques fiascos hollywoodiens (ce qui ne veut rien dire) et le Quentin Dupieux, présenté également à Locarno.

La compétition :

A single shot, de David M. Rosenthal, avec Sam Rockwell, Jeffrey Wright. Berlin 2013.
All is lost, de J.C. Chandor, avec Robert Redford. Cannes 2013.
Blue Ruin, de Jeremy Saulnier, avec Macon Blair, Amy Hargreaves. Cannes 2013.
Breathe In de Drake Doremus, avec Guy Pearce, Felicity Jones. Sundance 2013.
Fruitvale Station, de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan, Melonie Diaz. Grand prix à Sundance 2013, Cannes 2013.
Ain’t them Bodies Saints (Les amants du Texas), de David Lowery, avec Rooney Mara, Casey Affleck. Sundance 2013.
Lily, de Matt Cread, avec Amy Grantham, Simon Chaput. Tribeca 2013.
Sweet Vengeance (Shérif Jackson), de Logan Noah Miller, avec Ed Harris, January Jones. Sundance 2013.
Short Term 12, de Destin Cretton, avec Brie Larson, John Gallagher Jr. Austin SWS 2013.
Stand clear of the closing Doors, de Sam Fleischner, avec Jesus Sanchez-Velez, Andrea Suarez Paz. Tribeca 2013.
The Retrieval, de Chris Eska, avec Ashton Sanders, Tishuan Scott. Austin SWS 2013.
We are what we are, de Jim Mickle, avec Bill Sage, Ambyr Childers. Sundance 2013 et Cannes 2013.

Les avant-premières :

Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas, Matt Damon (film d'ouverture)
Blue Jasmine, de Woody Allen, avec Cate Blanchett, Alec Baldwin
White House down, de Roland Emmerich, avec Channing Tatum, Jamie Foxx
Very good Girls, de Naomi Foner, avec Dakota Fanning, Elizabeth Olsen
Joe, de David Gordon Green, avec Nicolas Cage, TYe Sheridan
Rush, de Ron Howard, avec Daniel Brühl, Chris Hemsworth
Killing Season, de Mark Steven Johnson, avec Robert De Niro, John Travolta
Wrong Cops, de Quentin Dupieux, avec Mark Burnham, Marilyn Manson
Planes, de Klay Hall. Animation.

Le film de clôture sera un film surprise, "très attendu cinématographiquement par la forte personnalité du metteur en scène et la rencontre d'une oeuvre mythique." Forcément on pense au Don Jon de Joseph Gordon-Levitt.

Sean Ellis (Metro Manila) : du rififi aux Philippines

Posté par vincy, le 17 juillet 2013

sean ellisLors de l'entretien (à paraître ce week-end sur EcranNoir.fr) que nous a accordé Sean Ellis (Cashback, The Broken) à l'occasion de la sortie de l'excellent thriller social Metro Manila, prix du public à Sundance cette année, le cinéaste a avoué que son film de braquage préféré était sans doute Du Rififi chez les hommes, de Jules Dassin (1955). Pas fan particulièrement de ces nombreuses productions où le casse sert de prétexte à un divertissement, il a pourtant réalisé un film qui en reprend tous les codes.

C'est en allant aux Philippines pour les vacances qu'il a en a eu l'idée. Il a assisté en direct à un braquage d'un convoi de fonds en plein Manille. "Les voyages m'inspirent et je recherche toujours d'autres couleurs. Cashback était un film français même s'il ne se déroulait pas en France, et The Broken a des allures de film nordique". De là à émerger l'idée, vite stimulée par l'envie de filmer une histoire de "chantage". "Ce qui fait une grande histoire, ce sont les personnages, particulièrement quand ceux-ci veulent absolument quelque chose. Le public aime ça. Après mes deux premiers films, j'avais besoin de temps [5 ans, ndlr] pour trouver un projet qui m'implique vraiment."

C'est ainsi qu'il s'imagine un polar, avec l'équation à résoudre : "le crime paie ou le crime ne paie pas? La solution était inhérente au personnage principal, Oscar, un paysan, intègre et digne. Il ne faut pas que le public soit floué ni trahir l'intention de départ" nous confie-t-il.

Autoproduit, le film s'est adapté à son environnement. "Les permis n'ont pas été facile à décrocher : pour la scène où Oscar va chercher l'argent dans la banque, il a fallu la tourner en caméra cachée, en une prise. Et puis la météo n'aidait pas, avec la chaleur tropicale. A partir de ces obstacles, j'ai essayé de les contourner en m'adaptant à l'esthétique locale. Je ne voulais pas faire un thriller "international" comme Jason Bourne. J'ai toujours évoqué Metro Manila comme un petit film philippin, avec un budget de film asiatique."

Ellis avoue même avoir du réécrire son scénario au fil des trois semaines de pré-production pour gommer les incohérences. "Je cherchais une certaine authenticité. Par exemple, j'ai découvert qu'il n'y avait pas de train entre la province d'où venait la famille et Manille. Il y a 16 heures de route! Mais comme on m'avait dit que c'était la plus belle région du pays, j'en ai fait un élément crucial pour le film : l'exode est dur et long et il traduit leur désespoir." De nombreux éléments du scénario ont ainsi été modifiés, adaptés. Jusqu'à ce récit inséré dans le film où un jeune homme, acculé par le manque d'argent, braque les passagers d'un avion, en vol, et saute en parachute avec son butin : "C'est une histoire vraie qu'on m'a raconté là bas. J'ai "googelisé" et j'ai pu vérifier l'aspect absurde de ce fait divers : je ne pouvais pas ne pas le filmer."

Cannes 2013 : Qui est Juno Temple ?

Posté par vincy, le 23 mai 2013

juno templeJuno Temple a des airs d'Ellen Page, le même côté femme-enfant. Britannique de naissance, elle a déménagé aux USA dès l'âge de 4 ans, avant que sa famille ne retourne en Angleterre. Mais pour elle, à 4 ans, ce fut un autre voyage qu'elle commença : une vocation d'actrice, en regardant La belle et la bête de Jean Cocteau. Adorant s'habiller avec des vêtements colorés et ethniques, elle n'a pas besoin de convaincre son père, Julien Temple, réalisateur de comédies musicales, documentaires rock et vidéos clips, qu'elle peut jouer. La gamine débute à 9 ans avec Vigo, histoire d'une passion sous la direction de son père. Elle tournera également pour lui dans Pandemonium.

Etudiante moyenne, elle se lance dans le métier, sérieusement, à 15 ans. Pour son premier rôle important, elle joue la fille, pétulante et tourmentée, de Cate Blanchett (Chronique d'un scandale). Mais c'est Joe Wright qui lui propose sa première transformation en la teignant en rousse dans Reviens-moi. Elle impressionne. Dans les deux volets des comédies déjantées St. Trinian's, elle fait mouche en jouant sur l'excentricité. Manquant un rôle dans Harry Potter, après quelques films anglais oubliés, sentant que sa carrière commence à frémir, elle s'envole pour Los Angeles rejoindre son fiancé et convaincue que le "business" est en Californie.

Mais Juno Temple est curieuse, avide d'expériences singulières et ne se contente pas d'attendre un projet de studio. Elle fait ainsi le grand écart entre la comédie américaine Year One, avec Jack Black et Michael Cera, et l'oeuvre fantastique et sensible de Jaco Van Dormael, Mr. Nobody. Deux flops.

Elle n'hésite pas à se mettre en danger, et sortir ainsi des critères hollywoodiens ; par exemple, en réalisant un sketch parodique ou en s'invitant dans le casting du délirant Kaboom de Gregg Araki, Queer Palm à Cannes. Elle allume Eva Green dans Cracks, donne la réplique à Ben Stiller dans le drame léger Greenberg, joue les Lolitas "gay friendly" dans Dirty Girl, n'a pas de pudeur pour être une lesbienne (un brin schizophrénique) dans Jack & Diane (à l'origine le personnage était pour une certaine Ellen Page) et file à l'anglaise pour suivre des skateboarders dans Little Birds... Insaisissable, elle incarne Anne d'Autriche dans Les trois mousquetaires de Paul W.S. Anderson.

Premier rôle de films indépendants, second rôle de grosses productions : elle avance. Et parfois épate comme dans Killer Joe de William Friedkin, où elle interprète la soeur pas très nette d'un tueur minable et machiavélique (Matthew McConaughey). On l'aperçoit aussi dans The Dark Knight Rises de Christopher Nolan, qui voulait, à l'origine retrouver Ellen Page pour ce personnage de Jen.

Mais c'est bien cette année, que Temple commence à intriguer les festivaliers. A Sundance, elle présente Afternoon Delight, comédie dramatique de Jill Soloway, qui reçoit le prix de la mise en scène. A Berlin, elle accompagne Lovelace, biopic sur l'actrice porno. Temple y est la meilleure (et sincère) amie de Linda Lovelace. A Cannes, elle vient présenter à la Quinzaine des réalisateurs Magic Magic du chilien Sebastián Silva. Pas étonnant qu'elle reçoive en février le prix BAFTA du talent de demain, choisie par le public. Mélancolique ou rieuse, se complaisant dans les déguisements, fragile et déterminée, elle est tout cela à la fois : de la pâte à modeler pour les réalisateurs.

Peu connue, ayant pourtant joué avec les stars du moment, Juno Temple a un agenda rempli. On la verra dans Horns d'Alexandre Aja, Sin City 2 de Robert Rodriguez et Frank Miller, en fée dans Maléfique avec Angelina Jolie, Truck Stop... "Je veux juste travailler. Je n'ai pas peur d'essayer quoi que ce soit. Si ça ne marche pas, je ne le referai plus... J'ai juste 23 ans, je donne ma chance à tout" explique-t-elle en guise de profession de foi.

Vesoul 2013 : Rencontre avec O Muel, le réalisateur de Jiseul

Posté par kristofy, le 12 février 2013

Présent en compétition de ce 19e FICA de Vesoul, le film Jiseul du réalisateur O Muel a su faire sensation auprès des spectateurs. Il aborde une page d’histoire méconnue de Corée où l’ordre fût donné aux soldats de tuer les résidents de l’île de Jeju désignés comme communistes : environ 30 000 civils ont ainsi été tués.

Les militaires ont pourchassé les villageois qui n’étaient pas partis jusque dans les grottes où ils se terraient, cachés pendant plusieurs semaines en subsistant avec quelques pommes de terre (que désigne le mot Jiseul). Le film Jiseul tout en noir et blanc très esthétique et très graphique joue avec différents éléments visuels : une fumée qui se dissipe montre plus de détails, des gros plans de visages se détachent sur un fond sombre qui fait abstraction du décors, des plans larges de paysages enneigés isolent les personnages...

On suit un groupe de villageois réfugiés dans une grotte et un groupe de militaires en opération. Jiseul est un film de guerre avec une dimension universelle, qui parvient à réunir dans certaines situations un peu d'humour noir burlesque et rendre compte à la fois des différents comportements face aux horreurs subies.

Il a reçu le Grand prix du jury au dernier Festival de Sundance et 4 prix à celui de Pusan.

Rencontre avec le réalisateur O Muel :

Ecran Noir : Le film évoque les massacres de Jeju dont l’histoire est quasiment ignorée par tout le monde, y compris par la majorité des coréens. Comment est-il possible qu'autant de milliers de morts aient été quasiment oubliés ?

O Muel : C’est un évènement historique pendant lequel les responsables qui ont ordonné ce massacre ont vu des proches de leur sensibilité politique se succéder au pouvoir. Le gouvernement ne voulait pas que l’ampleur de tout ceci soit révélée. Il ne fallait pas parler de cet évènement et son histoire a été oubliée, avant 1990 le fait de mentionner un massacre de tant de milliers de personnes était réprimandé. La Corée du Sud était gouvernée par un régime militaire pendant lequel il y a eu un autre massacre important plus tard, celui du la répression du18 mai 1980. La seule issue pour libérer la parole a été une alternance politique. A la tête du pays, en 1990, est arrivé au pouvoir un gouvernement de gauche, et on pouvait plus parler du passé. Puis il y a dix ans est arrivé le gouvernement aussi de gauche du président Roh Moo-hyun, qui a présenté au nom de l’Etat les excuses de la Corée pour ces morts de Jeju, environ cinquante ans après les évènements donc. Mais après son mandat, il y a eu de nouveau un gouvernement de droite qui a stoppé toutes les subventions promises par le gouvernement précédent au mémorial de Jeju.

EN : Jiseul est filmé en noir et blanc avec quelques effets graphiques, en quoi l’impact est plus fort que des images en couleurs plus réalistes?

O Muel : Les spectateurs ont une certaine habitude de voir l’histoire du passé en noir et blanc. Par ailleurs je voulais parler de ces évènements au-delà de l’apparence de Jeju, qui est en fait une île touristique pleine de couleurs splendides. Je voulais tendre vers une vérité qui dépasse les couleurs d’une reconstitution. Dans la peinture coréenne, où on utilise une encre noire, il y a en fait dans le noir et blanc beaucoup de nuances. Ces degrés de variations en noir et blanc pour les images du film sont aussi synonymes de tristesse.

EN : Le film semble rythmé avec différents sous-titres (‘la recherche spirituelle’, ‘là où les esprits reposent’, ‘nourriture à la mémoire des morts’), c’est une forme de prière en hommage aux morts ?

O Muel : Cette structure du film vient en effet d’un culte traditionnel pour les morts, ce culte est encore suivi aujourd’hui. A la fin du culte on fait brûler une bande de papier avec dessus le nom du défunt et son métier, c’est un signe pour laisser l’esprit partir en paix. Le film raconte autant sur le fond que sur la forme l’histoire de ces milliers de personnes qui ont trouvé la mort.

EN : Jiseul a gagné de multiples prix à Busan avant d’être découvert à l’étranger comme à Sundance (grand prix), Rotterdam et maintenant Vesoul avant même la sortie du film en Corée fin mars…

O Muel : J’espère que ces expériences de festivals vont aider à une meilleure distribution du film. Certains spectateurs vont apprendre quelque chose sur un aspect inconnu de la Corée à partir du film. Mais Jiseul n’est pas seulement un film qui décrit ce qui s’est passé, ce n’est pas une leçon historique. C’est les violences d’une guerre. Je suis ravi que ça soit un film de cinéma qui puisse plaire autant dans d’autres pays.

Joseph Gordon-Levitt enlève les scènes pornos de son film

Posté par vincy, le 11 février 2013

C'est la rançon du succès. Don Jon's Addiction, premier film réalisé par l'acteur Joseph Gordon-Levitt, va faire l'objet de coupes afin de pouvoir être distribué aux USA. Une censure qui a le consentement du réalisateur, sans doute très sensible aux bonnes critiques reçues par son film à Berlin, où il est sélectionné dans Panorama.

Une censure dictée également par un impératif économique : Relativity a acheté les droits pour distribuer le film aux USA en signant un chèque de 4 millions de $ lors du dernier festival de Sundance (avec une garantie de 25 millions de $ en dépenses marketing). Il faut pouvoir rentabiliser l'investissement.

Gordon-Levitt explique que "cela n'affectera pas le film". Pour ne pas être classé parmi les films pornographiques, il devra en effet retirer des scènes explicitement sexuelles. Lors de sa conférence de presse berlinoise, l'acteur avoue qu'il s'attendait à ça.

Dans son film, JGL incarne un mélange de Lothaire (Don Quichotte) et de Don Juan (d'où Don Jon) des temps modernes, complètement addict à la pornographie et la masturbation.

Le film réunit Scarlett Johansson en Jessica Rabbit plus vraie que nature, Julianne Moore et Tony Danza (Madame est servie). Joseph Gordon-Levitt relativise la portée des images X dans son film (dans ce cas pourquoi les avoir tournées?) en justifiant que c'est la répétition des actes qui est essentielle à la compréhension psychologique du personnage. Pour lui, son film est avant une comédie romantique dans une société où notre culture, obsédée par les objets et les images, réduit notre capacité à pouvoir vivre une intimité entre humains.

On peut cependant espérer que le film sera visible en Europe dans sa version intégrale. Les codes de censure ne sont pas identiques et le sexe n'est pas aussi tabou qu'aux USA. Dans le même genre, Lars Von Trier a déjà anticipé le problème avec Nymphomaniac, en proposant deux versions de son film : l'une avec des scènes X et l'autre purgée de séquences pornos.

Fruitvale et Blood Brother primés par le jury et le public de Sundance

Posté par vincy, le 27 janvier 2013

Deux films ont reçu deux prix au palmarès de Sundance, qui se déroulait hier soir dans la ville de l'Utah.

Fruitvale, l'histoire réelle d'un jeune Noir, Oscar Grant, tué par la police à Oakland (Californie) en 2009, a été couronné à la fois par le jury et par le public. remporté samedi les plus hautes récompenses samedi au festival du film indépendant américain Sundance, à Park City (ouest des Etats-Unis). Avec ce doublé (le premier depuis Precious en 2009), il ne serait pas étonnant de le voir à Cannes, dans la sélection Un certain regard, pour sa première internationale. La distribution de Fruitvale a été acquise par The Weisntein Company, ce qui le place d'ores et déjà en bonne position pour les Oscars de l'an prochain.

Un autre film a réalisé le doublé, le documentaire américain Blood Brother, de Steve Hoover, lui aussi titré par le jury et par le public : un portrait de Rocky Braat, militant américain, en voyage de villégiature en Inde, qui s'est installé dans ce pays pour aider une population touchée par le Sida. C'est la première fois depuis 2006 que le jury et le public de Sundance récompensent deux films identiques.

Le palmarès a par ailleurs récompensé des films aussi variés qu'un documentaire sur les Pussy Riot, une fiction sur l'exode rural aux Philippines, un scénario afghan qui suit une jeune fille enceinte malgré elle, un documentaire sur la révolution égyptienne, un drame chilien autour de la drogue, un documentaire cambodgien sur la crise environnementale, ou le film sud-coréen Jiseul, qui retrace le massacre de civils par l'armée coréenne en 1948, Grand prix du jury pour les fictions étrangères.

Le Palmarès

Grand prix du jury / Fiction US : Fruitvale de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan, Octavia Spencer

Grand prix du jury / Fictions étrangères : Jiseul, de Muel O (Corée du sud), avec Min-chul Sung, Jung-won Yang et Young-soon Oh

Grand prix du jury / Documentaire US : Blood Brother de Steve Hoover

Grand prix du jury / Documentaires étrangers : A River Changes Course, de Kalyanee Mam (Cambodge)

Prix du public / Fictions US : Fruitvale de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan, Octavia Spencer

Prix du public / Fictions étrangères : Metro Manila, de Sean Ellis (Philippines/Royaume Uni) , avec Jake Macapagal, John Arcilla et  Althea Vega

Prix du public / Documentaires US : Blood Brother, de Steve Hoover

Prix du public / Documentaires étrangers : The Square (Al Midan), de Jehane Noujaim (Egypte)

Prix du public / Best of NEXT : This is Martin Bonner, de Chad Hartigan, avec Paul Eenhoorn, Richmond Arquette et Sam Buchanan

Prix de la mise en scène / Fictions US : Afternoon Delight, de Jill Soloway

Prix de la mise en scène / Fictions étrangères : Crystal Fairy, de Sebastián Silva (Chili)

Prix de la mise en scène / Documentaires US : Cutie and the Boxer, de Zachary Heinzerling

Prix de la mise en scène / Documentaires étrangers : The Machine Which Makes Everything Disappear, de Tinatin Gurchiani (Géorge/Allemagne)

Prix Waldo Salt du scénario / Fictions US : In a World..., de Lake Bell

Prix du scénario / Fictions étrangères : Wajma (An Afghan Love Story), de Barmak Akram (Afghanistan)

Prix du montage / Documentaires US : Gideon's Army, de Dawn Porter

Prix du montage / Documentaires étrangers : The Summit, de Nick Ryan (Irlande)

Prix de la photo / Fictions US : Bradford Young pour Ain’t Them Bodies Saints et Mother of George

Prix de la photo / Fictions étrangères : Lasting, de Jacek Borcuch (Pologne/Espagne)

Prix de la photo / Documentaires US : Dirty Wars, de Richard Rowley

Prix de la photo / Documentaires étrangers : Who is Dayani Cristal?, de Marc Silver (Royaume Uni)

Prix spécial du jury pour la mise en scène / Documentaires US : Inequality for All de Jacob Kornbluth et American Promise, de  Joe Brewster et Michèle Stephenson

Prix spécial du jury pour l'interprétation :  Miles Teller et Shailene Woodley dans The Spectacular Now, de James Ponsold

Prix spécial du jury pour le son / Fictions US : Shane Carruth et Johnny Marshall pour Upstream Color, de Shane Carruth

Prix spécial du jury / Fictions étrangères : Circles, de Srdan Golubovic (Serbie / Allemagne / France / Croatie / Slovénie)

Prix spécial du jury pour l'esprit punk / Documentaires étrangers : Pussy Riot – A Punk Prayer , de Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin (Russie/Royaume Uni)

Prix du public du court métrage : Catnip: Egress to Oblivion?, de Jason Willis

James Ellroy par James Franco ?

Posté par vincy, le 27 janvier 2013

Alors qu'il présentait son dernier film en tant que réalisateur à Sundance, Interior. Leather Bar,  et un autre en tant que comédien, Lovelace, James Franco a exprimé son intérêt pour adapter le roman culte de James Ellroy, American Tabloid.

Ellroy est un grand habitué d'Hollywood : scénariste (Rempart, Au bout de la nuit), il fournit, avec ses romans policiers, un matéirau inépuisable pour les studios (L.A. Confidential, Le Dahlia noir, Dark blue...)

Le roman a dix huit ans. Un polar avec du crime façon film noir dans la Los Angeles corrompue des années 50-60, avec l'assassinat de Kennedy en toile de fond. Ce thriller explosif a pour protagonistes sont John et Robert Kennedy, Jimmy Hoffa, J. Edgar Hoover, Howard Hughes et Fidel Castro. Rien que ça. American Tabloid est le premier livre d'une trilogie, avec The Cold Dark Thousand et Blood’s A Rover.

Mais entre temps Franco a un agenda bien rempli en tant que comédien ou cinéaste : quatre films déjà présentés dans les Festivals depuis Spring Breakers à Venise, Le Monde fantastique d'Oz de Sam Raimi prêt à envahir les multiplexes, quatre films en post-production, deux en tournage, et trois en préparation.

Et pourtant, à Sundance, Franco a également annoncé qu'il allait réaliser un film sur la styliste Jay Sebring assassinée par Charles Manson, Beautiful people.

Il sera doublement à Berlin le mois prochain avec Interior. Leather Bar et Maladies de Carter avec Catherine Keener et David Strathairn.