BIFFF 2017 : le meilleur de l’action en Asie en 3 films

Posté par kristofy, le 16 avril 2017

Call of Heroes

Le BIFFF c’est donc le Bruxelles International Fantastic Film Festival, avec de la fantasy, du thriller, de la science-fiction, et des films d'action où on se bagarre en combat rapproché et où on se tire dessus pour tout faire exploser : ennemi, voiture, bâtiment, rétines des spectateurs.

Voilà trois exemples de films qui sauront vous redonner envie de voir des (bons) films d'action :

Call of Heroes, de Benny Chan avec Sammo Hung en chorégraphe des combats.
Tout ce que vous aimez dans les westerns et dans les films de kung-fu se retrouve dans ce ‘eastern’ : le fils d’un seigneur de guerre est coupable de trois meurtres dans un village. Il est donc condamné à mort, mais son armée exige sa libération, menaçant, sinon, de tuer tout le monde… On y retrouve le personnage du vagabond expert en combat qui passe par là et qui va s’impliquer dans l'affaire, une shérif qui tient à faire respecter la justice, des villageois qui ne veulent pas mourir à cause de l’entêtement de leur chef, un condamné qui s’amuse de tout ça car son armée a de toute façon prévu de piller le village et de tuer tout le monde... L’histoire est l’archétype de David contre Goliath, du faible qui défend la justice et l’honneur de son village contre le fort violent qui envahit d’autres territoires. Call of Heroes concentre tout les ingrédients des films d'arts-martiaux d'antan mais dans une grande fresque moderne et spectaculaire.

Opération Mékong, de Dante Lam.
Le film se base sur un fait survenu en Asie dans le ‘triangle d’or’ de la drogue, à la frontière de la Thaïlande, du Laos et du Myanmar (ancienne Birmanie): il y avait eu sur le fleuve Mekong une attaque d’une embarcation pleine d’un étrange chargement. 13 chinois ont été retrouvés dans l’eau les mains attachées et mort d’une balle tandis que la marchandise (des milliers de cachets de méthamphétamine) a été retrouvée ailleurs. Plusieurs pays décident d’unir leur force de police en commun pour enquêter et arrêter les gros bonnets du cartel producteur de drogue, en particulier les policiers chinois, qui sont ici les héros. Si Dante Lam, expert en film d’action a été un peu oublié, il prouve bien qu’il est l’un des meilleur du genre avec Opération Mekong : exfiltration d’une no-go zone avec combats à tout les étages pour finir en cascades de voitures et lance-roquette, négociation d’un gros deal qui foire dans un centre commercial bondé de gens avec des combats dans tout les sens et même une voiture qui casse tout à l’intérieur, assaut de repaire du big boss dans la jungle façon Rambo avec grenades, course-poursuite de plusieurs bateaux à toute vitesse sur le fleuve en vidant quantité de chargeurs d’arme à feu, et en bonus des enfants soldats assassins…

Headshot, de The Mo Brothers
Le nouveau film du duo Timo Tjahjanto et Kimo Stamboel continue une progression vers un cinéma un peu plus grand public, après le gore de Macabre et les tortures de Killers . Ce nouveau film est avant tout de la grosse baston. Leur as c'est Iko Uwais la star de The Raid (également chorégraphe des scènes de combat). Le point de départ est comme Jason Bourne ou XIII : il est à l’hôpital après qu’on lui ai tiré dessus, et il est amnésique… Sans surprise il se révèle être désormais un ‘gentil’ que son ancien gang de ‘méchants’ veut abattre: il était un tueur expert en combat mais maintenant il doit se défendre contre eux et protéger, en plus, la belle infirmière tombée amoureuse de lui. Festival de coups de machette, de pieds-poings dans la gueule et de bras tordus avec pour décor un commissariat qui sera détruit ou un bus qui sera brulé, Iko Uwais est bel et bien un phénomène qui pourrait séduire Hollywood.

BIFFF 2017 : Rencontre avec Stanley Tong (Kung-Fu Yoga)

Posté par kristofy, le 15 avril 2017
Sonu Sood, Stanley Tong et Disha Patani

Sonu Sood, Stanley Tong et Disha Patani

Stanley Tong est connu pour avoir réalisé plusieurs films avec Jackie Chan (Police Story 3 (Supercop), Jackie Chan dans le Bronx, The Myth... ). Il a commencé comme cascadeur puis a occupé différents postes sur des tournages de films, avant de devenir scénaristes et réalisateur. Il est aussi producteur de films comme de séries télé, il gère également un circuit de salles de cinéma. Il est venu au BIFFF de Bruxelles pour présenter son nouvel opus, encore avec Jackie Chan : Kung-Fu Yoga.

Le pitch

Après une introduction en forme de cours d'histoire sur une bataille en Inde à ses élèves, un archéologue du nom de Jack Chan (!) rencontre une consœur venant d'Inde avec une ancienne carte abimée qui évoque un trésor légendaire du Royaume de Magadha : c'est parti pour une expédition pleine d'aventures. Des combats dans une grotte glacée sous une montagne au Tibet, un bijou volé qu'il faut retrouver à Dubai sans se le refaire voler avec une folle poursuite en voitures (et un lion), et enfin l'Inde : le groupe sera attaqué sur un marché typique (et donc bagarre avec dresseur de cordes et avaleur de sabres, ce qui n'existe plus vraiment en dehors des cartes postales), il faudra s'échapper d'une fosse d'hyènes affamées, explorer le labyrinthe d'un temple et ses pièges (façon Indiana Jones)... Bref un trésor convoité par une bande de mercenaires avec au générique 3 vedettes chinoises et 3 vedettes indiennes dont la belle Disha Patani. Les connaissances en kung-fu des uns et en yoga des autres vont leur permettre de se sortir de situations périlleuses et pour plusieurs combats. On y retrouve Jackie Chan comme on le connaît en train de sautiller dans tout les sens et d'utiliser ce qu'il a sous la main pour combattre, toujours avec agilité et humour...

Jackie Chan

"Je travaille avec Jackie Chan depuis 26 ans, on est amis, Jackie est un grand acteur. On connaît tout les deux les cascades, on imagine des scènes d'action qui doivent être originales et aussi amusante. Quand j'ai fait Supercop (Police Story 3) à cette époque la plupart des films de Jackie Chan se terminaient dans un entrepôt, j'ai voulu autre chose avec des hélicoptères. Une bonne scène d'action doit suivre un certain rythme, oller au tempo de la musique qu'il y aura, c'est essentiel de penser à l'avance au montage. Avec l'âge et l'expérience on fait plus attention durant les prises, il y a eu moins de prises où Jackie se fait mal. A la fin du générique de ses films il y a souvent un petit best-of de prises ratées, il n'y en a pas pour Kung-Fu Yoga. La raison principale est que le film devait sortir en période de nouvel an en Chine donc on ne pouvait pas terminer sur des prises ratées où quelqu'un tombe en se faisant mal, à la place il y a cette séquence de danse finale qui rend tout le monde heureux."

Jackie Chan dans Kung Fu Yoga

Une coproduction Chine-Inde

"Le tournage a eu lieu en Chine, en Islande, à Dubai et en Inde. J'étais déjà allé à Dubai avant et je m'étais dit qu'un jour je mettrais dans un film ce que j'y avais vu : des courses de chameaux, les voitures de luxe de la police, des hôtels gigantesques; c'est donc dans Kung-Fu Yoga. Si un jour j'avais le budget pour ça je ferais une poursuite de voitures avec les voitures les plus luxueuses qui soit, j'ai pu faire ça aussi.
En Chine le public en salle de cinéma est plus majoritairement féminin, et leur type de film préféré est d'abord les comédies, puis les films d'action, puis les romances. Kung-Fu Yoga est aussi un film de fille, d'ailleurs il y a 3 personnages de femmes. Kung-Fu Yoga c'est un 'family-picture', de l'action spectaculaire mais pas vraiment de violence et pas de sang, vous pouvez emmener vos enfants voir ce film. C'est difficile de plaire à d'autres publics dans différents pays asiatiques en dehors de la Chine ou en Europe, certains pays préfèrent beaucoup des explications pour l'intrigue quand d'autres pays préfèrent que ça parle moins. Pour les cinéastes c'est de plus en plus difficile d'attirer le public de masse dans les salles: beaucoup de gens attendent quelques semaines pour voir le film sur internet."

BIFFF 17 : la salsa des démons

Posté par kristofy, le 11 avril 2017

Le BIFFF c’est donc le Bruxelles International Fantastic Film Festival, avec de la fantasy, du thriller, de la science-fiction, et des créatures surnaturelles comme par exemple des démons venu de l’au-delà, voire des enfers. Ils peuvent prendre différentes formes mais leur but est bien connu : vous faire mourir (de peur).

Voilà trois exemples de films qui sauront vous faire trembler le trouillomètre :

Nails
Imaginez être paralysé sur un lit d’hôpital, qu’un genre de fantôme vienne dans votre chambre, et qu’en plus personne ne vous croit, quoi de plus effrayant ? Pourtant à force de vous faire des griffures sur la peau, il pourrait bien vous tuer tout comme certains enfants morts dans le passé… C’est l’occasion de revoir l’héroïne britannique la plus déterminée à survivre, après le gouffre de The Descent et les loups garous de Howl : Shauna Macdonald.

Dans Nails elle doit beaucoup lutter : un accident de voiture l’a rendue paralysée des jambes, avec un tuyau dans la gorge pour un respirateur artificiel qui l’empêche de parler, elle communique avec un ordinateur, son mari lui serait peut-être infidèle, et surtout un démon sa cacherait dans le placard de sa chambre… Heureusement sa situation médicale va s’arranger un peu mais malheureusement pas sa peur, qui va grandir. Le film pioche ici ou là beaucoup d’ingrédients (un passé trouble, des médecins bizarres, des caméras  de surveillance, une créature qui surgit de n’importe où…) presque en dépit de la plus élémentaire logique mais qu’importe, le plaisir de se faire peur est là.

The Void
Le décor de The Void est aussi un hôpita,l mais celui-ci est quasi vide puisque presque tout le monde a été emmené ailleurs. Il reste quelques médecins et infirmières, une jeune fille enceinte sur le point d’accoucher, et un policier qui vient d’amener un homme blessé en bordure de route… et c’est quoi tout ces gens avec des cagoules qui sont arrivés pour entourer le bâtiment ? Dans le genre "fallait pas le laisser entrer", l’homme blessé n’avait pas été pourchassé sans raison, et maintenant cette chose est dans l’hôpital… là où il y aurait quelque chose d’inconcevable et d’encore pire.

« Statistiquement il y a plus de chance de mourir dans un hôpital qu'ailleurs. » Dans The Void, il n’y a pas que le démon qui représente un danger, il y aussi un fou d’ésotérisme qui cherche un passage pour aller ailleurs… Le film est intriguant à défaut d’être pleinement convaincant, une curiosité à voir un jour probablement en vod.

From a House on Willow street
Le début ressemble à un thriller, quatre gangsters sont en train de planifier le kidnapping d’une jeune fille pour obtenir une grosse rançon de son père,  mais il va bien s’agir de fantastique. Le plan est de garder la fille attachée dans une cave le temps d’être payé et de la libérer ensuite, mais c’est difficile de contacter sa famille. L’équipe va finir par se demander qui ils ont enlevé, et bientôt quoi...

Gare au démon qui veut prendre votre âme, surtout que pour lutter contre celui-ci, il faudra autre chose qu’un exorcisme !

BIFFF 17 : rencontre avec Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 8 avril 2017

Il a secoué Cannes avec Calvaire puis Venise avec Vinyan. Après la parenthèse malheureuse d’un film de commande en France (Colt 45), il était revenu à ses amours avec Alleluia qui avait de nouveau secoué Cannes. Il est ensuite parti expérimenter un film de commande aux Etats-Unis : Message from the King, une histoire de vengeance emmenée par Chadwick Boseman, et avec Luke Evans, Teresa Palmer et Alfred Molina. Il en est revenu et – scoop – il s’apprête à tourner cet été un autre film pour terminer une trilogie d’amour fou dans les Ardennes : Calvaire, Alleluia, et prochainement Adoration.

Fabrice Du Welz est donc le cinéaste belge le plus fantastique du moment, lui qui est déjà venu des dizaines de fois au BIFFF comme spectateur a fait découvrir son nouveau film Message from the King puis a participé à une masterclass. Il était d’ailleurs accompagné de son scénariste (et producteur) Vincent Tavier, du chef-op Manu Dacosse et de la monteuse Anne-Laure Guégan.

Influences

Mon premier grand choc cinématographique a été Massacre à la tronçonneuse, un choc que je n’ai jamais retrouvé dans ma vie. Après, il y a eu des films comme L’exorciste, Psychose, et donc Hitchcock et d’autres : ça a été une arborescence dont le point 0 est Massacre à la tronçonneuse. C’est un film témoin des années 70 aux Etats-Unis, film d’horreur pour drive-in, film de festival en passant par Cannes et même film d’art projeté au MOMA. Ce film sublime le grotesque, le grotesque étant autant poétique que fascinant.

J’ai une grande admiration pour Brian De Palma, c’est un cinéaste architecte passionnant, tout comme Park Chan-Wook avec qui j’ai eu l’occasion de discuter et qui était là pour l’ouverture du BIFFF. Je tiens Bergman comme l’un des plus grands cinéastes, et son film L’heure du loup est peut-être le plus grand film d’horreur, ça obsède aussi Lars Von Trier. J’aime autant De Palma que Bergman que Cronenberg ou Argento que des films avec Jean Lefèbvre, il ne faut pas faire de hiérarchie. Je suis d’abord cinéphile avant d’être cinéaste, le cinéma des autres m’intéresse plus que le mien.

Calvaire


Assez jeune j’ai eu ce désir de faire du cinéma. J’avais un projet de court-métrage mais personne en Belgique n’a voulu le produire, sauf Vincent [Tavier]. Pour mon premier long-métrage Calvaire, il faut se souvenir qu’à l’époque, vers 2003-2004, ce qu’on appelle le "film de genre", ça n’existait plus chez nous, donc c’est compliqué, on recommence à en re-parler avec le Haute tension de Alexandre Aja. On a eu une commission qui nous a suivi pour une avance et un autre producteur et Calvaire a pu se faire.

Vu le scénario pour un premier film on avait une belle part d’inconscience... Le début de l’histoire c’est en gros un gars qui tombe en panne près d’une auberge, en fait c’est un peu le début de Psychose, dans Calvaire y’a aussi un travestissement d’ailleurs. Une idée de départ était d’avoir Philippe Nahon pour le psychopathe, mais Jackie Berroyer avec qui j’avais fait un court m’a dit "prend-moi je serais mieux", et en fait comme il semble plus normal ça en fait un psychopathe encore plus efficace, et Philippe Nahon a eu un autre rôle. Si on y réfléchit, une clé du succès du film Harry un ami qui vous veut du bien c’est que le psychopathe c’est le gentil bonhomme Sergi Lopez et pas Laurent Lucas qui aurait été trop évident.

Vinyan


Sur Calvaire et Vinyan, j’étais obsédé par la forme, peut-être un peu trop. Je préfère partir d’un réalisme pour aller vers l’abstraction. Vinyan est peut-être mon film préféré alors que c’est peut-être celui qui a été le plus décrié par le public. Le scénario était très écrit et je faisais mon Apocalyse now en Thaïlande, je m’intéressais beaucoup trop à la forme du film et aux paysages et j’ai amputé plein de choses du premier acte du scénario ; c’est dommage car ça approfondissait la relation de couple au début. Le plan final avec Emmanuelle Béart nue entourée des enfants apporte une grâce magnifique juste après la scène d’horreur où Rufus Sewell est déchiqueté. La maladie mentale est un antagonisme fort à l’intérieur d’un personnage.

Alleluia


Pour Alleluia, j’ai croisé dans un festival Yolande Moreau et j’ai eu envie de faire un film avec elle dans un rôle de salope intégrale. L’idée a pris du temps à devenir le scénario que vous connaissez, d’après l’histoire des tueurs de la lune de miel, et trouver le bon casting a été difficile surtout pour le rôle masculin. Car pour un rôle de méchant, il y a des candidats mais pour un rôle de lâche beaucoup moins, en plus il y avait cette dimension délicate de dépendance sexuelle. Lola Duenas a été prodigieuse, pareil pour Laurent Lucas.

Je n’aime pas trop le réalisme dans le cinéma francophone. Tout le monde veut se réclamer de Pialat et ça m’emmerde un peu. N’importe quel acteur ou vedette en France fait un film, bêtement, sans vision. Il y a des réalisateurs qui filment des scénarios, ça ne m’intéresse pas. Je veux transcender le scénario, aller au delà, ce qui m’intéresse c’est les sensations et faire des choix de mise en scène.  Le plateau est mon espace où je vis pleinement, je mime les actions et même je parle aux acteurs durant les prises...

Message from the King

J’ai de la chance car je peux encore tourner aujourd’hui ce que je veux où je veux, mais à un moment on a besoin d’un peu de succès au box-office pour continuer. C’était un peu le moteur pour avoir accepté Colt 45 qui était un film de commande, mais ça a été une mauvaise expérience.

En France, on court après des financements de la télévision et des acteurs vedettes qui prennent un gros chèque, c’est compliqué de progresser. Mon nouveau film Message from the King est aussi un film de commande aux Etats-Unis, et là ça a été une collaboration idéale avec les acteurs, ça a été plus difficile pour la post-production, mais c’est le système américain qui fait que tout le monde producteurs et agents veut donner son avis contre le réalisateur.

Comme pour mes autres films, j’ ai tourné en pellicule, avec d’ailleurs des techniciens pas au niveau comme un pointeur (first ac) qui faisait du flou mais que je ne pouvais pas virer, bref on a tourné le film en 28 jours.

Netflix ?

La France est l’un des rares pays où il y aura une sortie en salles de cinéma (le 10 mai), pour les autres ça sera sur Netflix. J’aurais préféré que mon film soit acheté par un distributeur du genre Lions Gate avec une sortie en salles partout, mais il a été acheté par Netflix qui a proposé plus d’argent, c’est les affaires des producteurs qui ne me demandent pas mon avis.

Netflix a un budget de volume d’achats de films supérieur aux studios traditionnels. Netflix, ils ont les prochains films de Martin Scorsese et de Bong Joon-ho, eux-aussi vont viser les Oscars. Il va y avoir plus de concurrence entre les différentes sociétés de streaming comme Netflix et Amazon et d’autres, à l’avenir je suppose qu’il va y avoir des contrats pour signer des réalisateurs sur 4 ou 5 films pour s’attacher des talents. L’arrivée des différents sites de streaming comme Netflix ça va chambouler plein de choses pour le cinéma…

BIFFF 2017 : rendez-vous avec Park Chan-wook, Alejandro Amenabar et Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 22 mars 2017

Qu'est-ce que le BIFFF ? Peut-être le plus grand festival du monde où le spectacle n’est pas sur un tapis rouge mais tout simplement dans ses salles de projection…

Autrement dit le Bruxelles International Fantastic Film Festival, qui fête cette année son 35e anniversaire : « On se rend très vite compte que le BIFFF comblait un manque. On se souvient de notre ami Dario Argento, de Wes Craven en train de gribouiller le scénario de 'People under the stairs' dans un resto bruxellois, de  Luc Besson qui déjà ambitieux fulmine en ratant le Corbeau d’Or avec Le dernier combat, de Peter Jackson qui nous parle d’un projet fou: l’adaptation du Seigneur des anneaux…»

Pour cette édition spéciale, le BIFFF va rendre hommage en leur présence aux réalisateurs Park Chan-wook et Alejandro Amenabar. Il y aura aussi une masterclass de Fabrice Du Welz et la première de son film Message from the King. Entre The girl with all the gifts de Colm McCarthy et The Bar de Alex de la Iglésia, en clôture et en ouverture, c’est quasiment 150 films qui seront proposés pendant une douzaine de jours. L’occasion de croiser des invités aussi différents que Yoshihiro Nishimura pour Meatball Machine Kodoku, Jason Flemyng pour son Eat Local, le jeune Nathan Ambrosioni pour son film Therapy (réalisé à 16 ans), et dans les différents jurys Macarena Gomez, Jean-Jacques Rausin et Xavier Seron, Axelle Carolyn, l’icône suedoise Christina Lindberg…

L’Asie sera comme d’habitude  très présente avec un large panorama de films dont on déplore déjà qu’ils ne soient pas (mieux) distribués en France, y compris les derniers opus des plus grands cinéastes de genre : Call of heroes de Benny Chan, Headshot des Mo' Brothers (avec Iko Uwais), Little nightmares de Takashi Shimizu, Psycho Rama de Anurag Kashyap, Operation Mekong de Dante Lam, Antiporno de Sono Sion, la version de Death Note: Light Up The New World de Shinsuke Sato, Kung-fu Yoga de Stanley Tong (avec Jackie Chan), et le célèbre Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai).

Bruxelles sera par ailleurs le lieu idéal pour découvrir en avant-première Free Fire de Ben Wheatley, The Oath de Baltasar Kormakur, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina, Small Town Killers de Ole Bornedal…

Voici un court aperçu à dominante fantasy, thriller et science-fiction de cette édition d'ores et déjà incontournable.

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35e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 04 au 16 avril 2017, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

BIFFF 2016 : Corbeau d’or pour le japonais I am a hero de Shinsuke Sato

Posté par kristofy, le 11 avril 2016

Le 34e BIFFF, le Bruxelles International Fantastic Film Festival, s’est déroulé comme les autres années dans une joyeuse ambiance : plus d’une centaines de films au programme, et environ 53 000 spectateurs ont été de nouveau fidèles au rendez-vous (dont l'Entarteur Noël Godin et la réalisatrice Axelle Carolyn). Les attentats du 22 mars en Belgique la semaine précédant le début du festival n’auront eu aucune incidence sur le cinéma, à l'exception de l’absence de Kevin Smith, et c’est tant mieux ! Même la zombie-parade s’est traînée dans les rues.

Une centaine de films donc, certains en avant-première mondiale ou européenne, avec de la fantasy, du thriller, de la science-fiction, des fantômes, des psychopathes divers et des zombies affamés… Les trois nouvelles répliques cultes de cette année (peut-être reprises par les Bifffeurs l’année prochaine ?) auront été “Nimus” (une petite fille qui cherche son lapin, que ses parents sont en train de manger dans What we become de Bo Mikkelsen), “la la la” (trois notes à chanter pour reconnaître la personne qui va nous aimer dans The virgin psychotics de Sono Sion) et “wunderbar” (la satisfaction des petites créatures dans Yoga hosers de Kevin Smith).

Grand prix pour I am a hero


La plupart des films ont été vus par différents jurés dans le cadre de la Compétition internationale, la Compétition européenne, la Compétition 7e Orbit, la Compétition Thriller… Cette année, l'Asie est particulièrement à l'honneur avec le Corbeau d'or pour le film japonais I am a hero de Shinsuke Sato,adaptation d'un manga.Dans un pays qui sacralise la bande-dessinée (un musée, des sculptures et des illustrations de BD sont partout dans la ville), voilà une récompense assez symbolique de la grande proximité entre 9e art et 7e art.

Ont aussi été distingués deux films coréens tandis qu'une mention était attribuée à un chinois. En revanche, Yoga hosers de Kevin Smith est une petite déception et seuls deux gros favoris ont véritablement émergé et logiquement été récompensés : I am a hero, grand prix donc, et Anacleto, agent secret, prix du public.

Les autres titres forts du BIFFF comme par exemple 31Hardcore Henry, Green room, The survivalist, Summer camp, Veteran, Memories of the sword, Scherzo Diabolico, Le cadavre de Anna Fritz... ne figuraient pas dans la compétition internationale, mais ils ont bien fait sensation. Même le très très romantique The beauty inside en provenance de Corée a laissé les Bifffeurs muets d'émotion, eux qui d'habitude n'hésitent pas à partager leur joie (quand c'est bien sanglant) ou leur désapprobation (quand c'est ennuyeux).

Tout le palmarès

Le palmarès de la Compétition Internationale, avec autour du président du jury Jaume Balaguero, les actrices Bai Ling et Jasna Kohoutova, et Marc Caro et Luigi Cozzi :

- Corbeau d’Or, Grand Prix : I am a hero, réalisé par Shinsuke Sato (le dernier film présenté en compétition aura été le meilleur, un film de zombies spectaculaire, jouissif), sortie le 23 avril au Japon.
Corbeau d’Argent ex aequoThe Phone réalisé par Kim Bong-joo (polar où un homme essaye d'empêcher sa femme de mourir un an après son assassinat)
Corbeau d’Argent ex aequoSeoul station réalisé par Yeon Sang-ho (une classique histoire de zombies sans relief mais en film d'animation, par l'auteur de The king of pigs passé par Cannes)
- Mention spéciale : The arti : the adventure begins de Huang Wen Chang (film d'animation avec des marionnettes)

Le palmarès des autres sections :

Méliès d’Argent : Demon, réalisé par Marcin Wrona (en effet une belle surprise, revoir ici)
Prix ThrillerThe Photographer, réalisé par Waldemar Krzystek
Prix du 7e Parallèle : Traders, réalisé par Rachael Moriarty et Peter Murphy (l'irrévérence british ou plutôt irlandaise frappante, des désespérés organisent des duels à mort avec à la prime les économies du vaincu)
- Prix du Public : Anacleto, agent secret (Spy time), réalisé par Javier Ruiz Caldera (son deuxième prix du public après son film précédent Ghost Graduation en 2013, il était d'ailleurs favori, à revoir ici)

BIFFF 2016 : les films dont vous êtes le héros

Posté par kristofy, le 9 avril 2016

Cette année, la programmation du BIFFF comporte trois films qui exploitent le principe dit de la caméra subjective : ce que vous voyez à l’écran est la vision du personnage via ses yeux. Le spectateur se retrouve à la place du héros, ou presque. Le procédé est surtout utilisé dans les jeux-vidéo puisque le joueur avec sa manette doit conduire une voiture ou tirer sur des ennemis en étant actif sur l’action. Le processus d’immersion fonctionne alors à plein.

Devant un film, c’est plus difficile de se croire dedans : il faut déjà s’identifier au personnage principal (La femme défendue de Philippe Harel avec sa voix d’homme qui tombe amoureux de Isabelle Carré fonctionne mieux pour les spectateurs masculins), il faut s'imaginer agir comme lui (dans le remake de Maniac par Franck Khalfoun le spectateur est donc le tueur), il faut ne pas être trop attaché à ce qui est crédible dans la réalité (dans Enter the void de Gaspar Noé vous êtes un esprit entre la mort et la vie)... Le fantastique en général offre un fabuleux terrain de jeu d'expérimentations, en voici trois en particulier au BIFFF :

Jeruzalem, réalisé par Doron et Yoav Paz : tout ce qui se passe est vu à travers des smartglasses, une paire de lunettes connectée au web qui peut à la fois enregistrer des images photo ou vidéo, faire apparaître dans un coin le profil facebook de la personne devant soi, voire communiquer avec quelqu’un d’autre via skype. Le point de vue est celui d’une jeune femme qui fait du tourisme en Israël. Avec une amie, elle découvre Jérusalem : visite de la ville, arrivée à hôtel, repas entre amis…

Environ un tiers du film montre des choses anodines, longtemps après le début on attend encore qu’il se passe quelque chose avec les créatures infernales que l’on pressent. Enfin, une alerte dans la ville, des gens courent dans la panique, il faut s’enfuir ou se cacher. Comme tout le film est raconté via des lunettes électroniques, il va donc y avoir du mouvement : images saccadées, un endroit sans lumière, une chute, on pourrait presque s’y croire face ces immenses bestioles qui nous attaquent... C'est du found-footage (connecté au web), l'immersion fonctionne donc plutôt bien, mais au fond seule l'utilisation de ce procédé rend le film original.

Pandemic, réalisé par John Suits : tout ce qui se passe est vu à travers une petite caméra située dans le casque d’une combinaison de protection contre un virus. Une petite équipe qui porte ce type de combinaison a pour mission de retrouver des personnes qui ne seraient pas infectées par le virus Fila qui transforme tout le pays en zombies… Ici, il y a surtout le point de vue subjectif de quatre personnages qui sont presque toujours ensemble, le principe de caméra subjective ne fonctionne pas vraiment puisque en fait il y a des champs contre-champs comme dans n’importe quel autre film, même des transitions via des images de surveillance vidéo et même quelques plans où des personnages sont filmés de face alors qu’il n’y a personne devant eux.

Au début, cela ressemble à beaucoup d’autres histoires du même genre, cependant au fil des rebondissements, le scénario est assez malin pour se distinguer des autres films du même acabit. Mieux, ce procédé de point de vue subjectif qui donc ne fonctionne pas se révèle pour plusieurs séquences un moyen original de filmer l’action (par exemple lors d'un combat façon fps dans une école, ou lorsqu'on est à la place d’un personnage qui se fait dévorer les boyaux…). L'immersion fonctionne moyennement, il aurait mieux valu ne garder ce procédé que pour certaines séquences, mais le film est plutôt vraiment bien.

Hardore Henry, réalisé par Ilya Naishuller : tout ce qui se passe est vu à travers les yeux de Henry (pas de caméra), dès le début du film Henry se réveille sans presque aucun souvenir et sans pouvoir parler, Henry (et donc le spectateur lui-aussi) découvre où il est et ce qui lui est arrivé : vous avez été sérieusement blessé et on vous greffe des prothèses. Soudain un commando arrive et il vous faut fuir : vous êtes alors lancé dans une folle course-poursuite pendant environ 90 minutes en Russie. Vous allez chuter de haut, courir au dessus d'un fleuve, être dans un bus en flammes; et surtout taper et tuer beaucoup d'ennemis dans la rue, dans un club libertin, dans une forêt...

L'immersion fonctionne très bien, le film est une succession de séquences complètement dingues rien que vos yeux. Pour qui n'est pas allergique aux films de genre cyberpunk et surtout pour qui aime être époustouflé par de l'action quasi non-stop dans tout les sens : rendez-vous pour découvrir cette folie en salles de cinéma le 13 avril !

BIFFF 2016 : le cinéma coréen éclatant de vitalité

Posté par kristofy, le 8 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des films de zombies divers et avariés (dans une station de ski en Autriche, en film d'animation à Séoul...), mais, cette année encore, les meilleurs thrillers sont marqués par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud.

Les débutants livrent d'ailleurs des films très aboutis et maitrisés. The Deal, premier film de Son Yong-ho qui dans un premier tiers de bobine semble s'inspirer de The Chaser (un tueur en série qui doit révéler l'emplacement des corps de ses victimes aux policiers...) mais dont le sujet se déroule trois ans plus tard : un proche d'une victime entreprend une vengeance contre le tueur qui est en prison (un moyen de le faire sortir et de le kidnapper pour le tuer...), avec une conclusion qui fait débat sur l'application de la peine de mort.

The phone de Kim Bong-joo, également un premier film, joue avec les codes du polar avec une variante de science-fiction : une bizarrerie temporelle où un veuf reçoit un appel téléphonique de sa femme un an après jour pour jour qu'elle soit retrouvée assassinée, il va alors enquêter pour faire en sorte qu'en parlant avec elle au téléphone elle évite d'être tuée un an auparavant...

Voici trois autres films coréens très différents les uns des autres mais avec une même exigence autant visuelle que narrative. Encore une fois on pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France et qu'il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Veteran, réalisé par Ryoo Seung-wan : C'est lui le spécialiste du film d'action sud-coréen depuis longtemps avec par exemple No blood no tears, Arahan, Crying first, The Unjust (tous directement en dvd, sauf The city of violence qui a eu une sortie en salles). Un flic aussi habile pour se battre qu'intègre en toutes circonstances va enquêter contre un puissant dirigeant d'entreprise chez qui un syndicaliste aurait été retrouvé 'suicidé'...

Le film est généreux avec deux longues séquences d'ouverture pour en même temps présenter les membres de l'équipe de police et le début de l'intrigue, surtout l'occasion de deux séquences d'action (bagarre contre plusieurs dans un garage, arrestation à plusieurs d'une bande dans un port) à la fois drôles et spectaculaires avant de rentrer dans le vif de l'histoire. Tout à fait le genre de film qui rend jaloux et envieux ceux qui ont œuvré à Taken 3 ou Die Hard 4...

The exclusive : beat the devil's tatoo, réalisé par Roh Deok : Derrière ce titre en anglais improbable il y a une réalisatrice (son deuxième film, à 36 ans), car oui en Corée du Sud il y a des femmes qui dirigent des polars ! Elle confronte deux univers qui font des enquêtes : la police et la télévision. Un reporter se fait virer de sa chaine mais va tout de même voir un témoin qui avait téléphoné pour une info à propos d'un serial-killer. Il revient avec une lettre manuscrite du tueur inconnu qui y confesse ses crimes : le voila de nouveau réembauché avec ce scoop diffusé à l'antenne.

Les policiers qui enquêtaient dans une autre direction veulent en savoir plus sur sa source mais, petit problème, il s'agît d'une méprise qui n'a rien à voir avec l'individu recherché. Trop tard, la machine médiatique et policière est lancée et son erreur devient impossible à révéler tandis que le véritable tueur va continuer ses crimes... Le film est plus centré sur le fonctionnement des médias mais il contient aussi sa part de scène d'action (dont un duel brutal impliquant une troisième personne pendue...). Pour qui a trouvé le temps bien long devant Zodiac ou Spotlight...

Memories of the sword, réalisé par Park Heung-sik : La Corée du Sud, c'est aussi tout un pan de films de sabres en costumes, celui-ci est un peu la réponse coréenne aux voltiges de Tigre et dragon, aux combats du Secret des poignards volants, aux chorégraphies de Yuen Woo-ping dans Kill Bill 1&2, à l'esthétisme de The assassin... Une jeune fille qui n'a pas encore 20 ans mais est déjà experte en arts-martiaux dédie sa vie à venger l'assassinat de ses parents, mais elle ignore des secrets sur ses origines. En même temps se trame un complot politique pour prendre le pouvoir sur le trône...

On y retrouve la star Lee Byung-hun (révélé avec A bittersweet life, Le bon la brute et le cinglé, J'ai rencontré le Diable, puis GI Joe, Terminator genisys...), Jeon Do-yeon (à Cannes dans Secret sunshine, The housemaid...) et la jeune Kim Go-eun (à Cannes l'année dernière avec Coin locker girl) dans des combats virtuoses en suspension ou avec des ralentis. Les décors et costumes sont majestueux, le film est à la fois spectaculaire pour l'action et émouvant dans sa résolution. Tant de somptuosité donne la larme à l’œil...

BIFFF 2016 : le cinéma espagnol n’en finit plus de surprendre

Posté par kristofy, le 7 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des pépites de films fantastiques au Brésil ou au Danemark par exemple, mais, cette année encore, le genre est dominé par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud et de l'Espagne. En plus de Summer Camp de Alberto Marini (et coproduit par Jaume Balaguero) qui rivalise (en mieux) avec des productions américaines, voici trois autres films espagnols très différents qui rivalisent d'originalité et d'inventivité. On pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France, il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Anacleto, agent secret , réalisé par Javier Luiz Caldera : Son film précédent Ghost Graduation était le grand gagnant du BIFFF 2013 avec le doublé idéal Corbeau d’or et Prix du Public, et là encore il est favori pour au moins le Prix du Public avec son mélange action et comédie irrésistible.

Si on devait comparer Javier Luiz Caldera (toujours inconnu en France), il serait un peu comme un mélange des britanniques Matthew Vaughn & Guy Ritchie +Edgar Wright & Simon Pegg...

En guise d’ouverture, on découvre un agent secret âgé mais au smoking irréprochable qui ne peut empêcher l’évasion d’un criminel qu’il avait mis en prison et qui jure de se venger sur ce qui lui est plus cher : son fils. Le fils est un trentenaire malchanceux qui vient d’apprendre que sa fiancée le quitte et qui a toujours cru que son père était fabriquant de saucisses, et qui se retrouve pourchassé désormais par des tueurs : il va découvrir l’activité d’agent secret tout en essayant de re-séduire son ex-fiancée…

On retrouve au générique Imanol Arias, Quim Gutiérrez et surtout Carlos Areces et Alexandra Jiménez qui étaient déjà dans son film précédent. De retour au BIFFF, Javier Luiz Caldera a expliqué : « L’inspiration est venue de la bande-dessinée du même titre qui date d’il y a environ 30 ans, j’en suis fan, c’était une parodie de James Bond avec un humour un peu naïf. On y a mis notre humour à nous d’aujourd’hui, et surtout on a actualisé le personnage en lui donnant un fils qui ne connaît pas les activités de son père »

Le cadavre de Anna Fritz, réalisé par Hector Hernandez Vicens : Une célèbre actrice est retrouvée morte et son corps vient d'arriver à la morgue d'un hôpital... Evidemment, deux potes demandent à leur ami qui y travaille de les laisser voir ce corps qui les faisait fantasmer. Evidemment, ce trio devant ce beau corps nu ne va pas faire que regarder. Evidemment, cette partie de sexe nécrophile improvisée a pour effet de faire se réveiller la star qui n'était pas vraiment morte... Que faire ? Assumer ce type de viol étant impensable, puisque tout le monde la croyait morte, alors autant qu'elle le reste, elle et tous les témoins potentiels...

Le point de départ est une idée macabre, plutôt traitée comme une comédie au début, mais qui tourne vite au thriller claustrophobe et au suspens (forcément à couper au couteau). Le film a fait le tour des festivals (South by Southwest, Neuchâtel, Sitges...) avec à chaque fois le même engouement.

Tout comme au BIFFF qui est tombé sous le charme de l'actrice Alba Ribas : « Jouer une morte qui revient à la vie c’est plutôt particulier comme rôle, durant la préparation j’ai passé un peu de temps avec un médecin spécialiste des sorties de coma. Avec toute l’équipe on a eu 3 semaines de répétition, on a travaillé sur la confiance entre nous puisque il y a quelques scènes de nudité et d’autres de bagarres. La dernière semaine on a fait une répétition du film dans l’ordre chronologique, ce qui aussi aider le réalisateur à clarifier ce qu’il voulait et ce qu’il ne voulait pas. Le film montre surtout une capacité à faire des choses insensées pour sauvegarder l’honneur de sa vie sociale»

Mi gran noche, réalisé par Alex de la Iglésia : On y retrouve plusieurs de ses acteurs fétiches comme Santiago Segura, Hugo Silva, Carlos Areces (extraordinaire déguisé en Russe), Terele Pávez, Mario casas, sa muse et compagne Carolina Bang, et égalementPepón Nieto, vedette du film avec la belle Blanca Suárez. Presque tout le bottin du cinéma espagnol réuni !

On est en octobre 2015 sur le tournage de l’émission spéciale de télévision du nouvel an 2016, et le tournage est long et chaotique. Un vieux chanteur de charme ne supporte pas de passer après un nouveau chanteur à la mode, une danseuse récupère le sperme d’une vedette pour du chantage, un nouveau figurant pour le public est coincé entre son devoir d’aller chercher sa mère et une jolie inconnue pas farouche, les deux animateurs se disputent, les techniciens redoutent d’être sur la liste de qui sera viré, un homme s’est incrusté avec un pistolet pour tuer une star, et à l’extérieur une manifestation dégénère… Bienvenue dans les coulisses d’un plateau de télé version Alex de la Iglésia !

Le point commun de la plupart est le désir de ne plus être figurant de sa propre vie et de faire en sorte que ça change… On est loin de l’extravagance de 800 balles, Balada triste, Les sorcières de Zugarramurdi, c’est plutôt une folle comédie du genre Le crime farpait ou Un jour de chance. A noter que Mi gran noche est en fait co-écrit par Alex de la Iglésia et son complice habituel Jorge Guerricaechevarría (plus de 10 films ensemble, il est aussi scénariste du succès El nino par Daniel Monzon, toujours inédit en France…), et que faute de réactivité côté distributeur français il y a un risque de sortie directe en vod puisque leur dernier film El Bar dont le tournage s'est achevé en février est déjà prêt pour Cannes ou Venise…

BIFFF 2016 : les fantômes font-ils encore peur ?

Posté par kristofy, le 6 avril 2016

Strange houseS'il y a un endroit où il n’est pas rare de se retrouver face à un fantôme, c’est bien le festival fantastique de Bruxelles, et de manière générale se faire tuer ou revenir d’entre les morts est d’ailleurs un peu la vie du BIFFF…
On attendait donc beaucoup des maîtres asiatiques avec leurs nouveaux films du genre spooky, tout en étant curieux des autres apparitions d'esprits, et finalement la véritable bonne surprise est venue de Pologne.

On a apprécié la belle ambiance étrange avec Sensoria, où une fillette recherche une mère en Suède, la vengeance sanglante d'orgueil adolescent dans Some kind of hate aux Etats-Unis, ou encore l'invocation d'un mauvais esprit qui ne veut plus partir en Russie avec le passable Queen of spades, mais trois films en particulier nous ont marqués :

The strange house, réalisé par Danny Pang : les frères Pang resteront toujours les réalisateurs qui ont secoué Hong-Kong avec leurs premiers films Bangkok Dangerous et The Eye (d’ailleurs ils ont ensuite eu des remakes américains). Danny et Oxyde Pang travaillent ensemble sur leurs films mais depuis quelques années, ils travaillent parfois en solo surr certains projets. La France les a quelque peu oubliés depuis Re-cycle pourtant présenté à Cannes en 2006 alors que depuis il y a eu tout de même le succès chinois Out of inferno 3D (d’ailleurs passé par le BIFFF en 2014, sorti directement en dvd en 2015).

Hélas ce n’est pas avec The strange house que ça va changer : une jeune fille accepte la proposition de se faire passer pour une autre morte qui lui ressemble face à une grand-mère presque mourante, elle va voir des fantômes dans cette autre famille qui semble vouloir la tuer pour un héritage à moins que… Le scénario bancal peine à se redresser avec un twist final, les personnages sont outrageusement mal joués, la musique et les effets sonores essaient de sauver une mise-en-scène guignolesque. On espère que Danny Pang a été plus inspiré pour son film suivant Blind Spot

Ghost theater, réalisé par Hideo Nakata : Même malheureux constat d'oubli pour l’auteur de Ring et Dark water, mais en moins pire. Depuis Chatroom son thriller américain en 2010 ses autres films d’épouvante tournés au Japon (The suicide forest, The complex…) ne sortent plus en France, pas même son remake très réussi de Monsterz que Hideo Nakata était pourtant venu présenté à Deauville en 2014 (et toujours pas disponible non plus en dvd).

Avec Ghost theater il reprend ghost theatre la classique figure de la poupée maléfique, ici elle est sur la scène d’un théâtre comme accessoire d’une grande pièce dont c’est les répétitions et différentes actrices dans le rôles principal vont être troublées par cette poupée qui va faire perdre la vie à différentes personnes de la troupe… Histoire classique sans surprise, le déroulé en images est plutôt lent et ne fait d’ailleurs jamais peur, le film ne laisse aucun souvenir particulier sauf si on en était encore au début des années 2000. Un faux-pas de Hideo Nakata sans conséquences.

Demon, réalisé par Marcin Wrona : Il s’agit du troisième long-métrage de ce Polonais habitués des festivals (ses deux premiers films ont eu de multiples récompenses), son dernier film aussi puisqu’il s’est suicidé à l’automne dernier à 42 ans… Le début de Demon est un peu laborieux avec un jeune-homme qui s’apprête à se marier avec une femme dont il ne connaît pas vraiment la famille, le couple prévoit des travaux dans une ancienne maison et en creusant un trou lui va découvrir un squelette. La cérémonie du mariage commence et elle va durer toute la nuit, et ce sont ces heures de fête pour les uns et de malheurs pour les autres qui occupent alors toute la durée du film : depuis sa macabre découverte le marié ne semble plus être le même, son esprit serait possédé par l’âme d’une fille décédée depuis plusieurs générations…

Marcin Wrona réussit le tour de force de faire plutôt une comédie à partir d’un cas de possession, il utilise la figure d’un dibbouk (l’âme d’une personne morte qui s’attache à un vivant dans la religion juive) peu traitée au cinéma, il fait le portrait de la Pologne d’aujourd’hui tout en évoquant celle d’antan, et surtout son récit est celui d’un mariage où les proches de la mariée (le père qui réprouve cette union, le prétendant éconduit, le prêtre qui veut surtout rentrer chez lui, un médecin qui se cache son alcoolisme…) tentent de sauver les apparences afin que tout se passe bien pour les nombreux invités alors que le marié n’est plus du tout lui-même… Demon est original parce qu’il s’éloigne d’un fantôme qui fait peur aux vivants (et au spectateur) et s'intéresse plutôt aux conséquences dramatiques de son apparition avec en prime un certain humour : une belle surprise.