Posté par vincy, le 24 mai 2015
Pour terminer notre série "Carte postale de Cannes", nous avons choisi l'Iran. A Cannes, Berlin, Venise, le cinéma iranien n'a jamais été en manque de reconnaissance. Et dès que la censure ou la justice de ce pays malmène les cinéastes, on peut compter sur les trois grands festivals pour défendre ou offrir une tribune aux réalisateurs iraniens, et bien entendu sélectionné leurs oeuvres.
depuis près de 25 ans, l'Iran s'invite à Cannes. Depuis plusieurs décennies, Venise et Berlin lui servaient de vitrine. Mohsen Makhmalbaf, Abolfazl Jalili, Babak Payami, Reza Naji, Parviz Kimiavi, Sohrab Shahid Saless, Shirin Neshat, Saman Salvar, Abolfazl Jalili, Hassan Yektapanah, Bahman Ghobadi, Niki Karimi sont autant de cinéastes primés ici et ailleurs. A Cannes, l'exilée Marjane Satrapi et Samira Makhmalbaf ont reçu le prix du jury. La Caméra d'or à été décernée à Mohsen Amiryoussefi (2004), Hassan Yektapanah (2000), Bahman Ghobadi (2000), Jafar Panahi (1995). Kiarostami (Palme d'or mais aussi Leopard d'or à Locarno), Asghar Farhadi (Ours d'or à Berlin) et bien sûr Jafar Panahi (Ours d'or, Lion d'or à Venise, Caméra d'or et Carrosse d'or à Cannes et Léopard d'or) sont les trois grandes figures du cinéma iranien contemporain.
Les deux premiers préfèrent aujourd'hui tourner à l'étranger. Le troisième est devenu l'emblème d'un cinéma persécuté. Cinéaste condamnée à rester chez lui, à ne plus filmer, il contourne sa sanction judiciaire en tournant clandestinement. Son dernier film, le magnifique Taxi Téhéran, prouve une fois de plus que le cinéma n'est pas une question de moyens mais de regard. La censure a toujours été contournée d'une manière ou d'une autre, par un formalisme (allégories) ou par des métaphores. Lui va beaucoup plus loin en bravant le pouvoir iranien, et en tournant dans des lieux "clos", tout en dénonçant l'absurdité du jugement qu'il subit.
L'Iran est un grand pays de cinéma, mais il reste liberticide. Il y a bien un cinéma d'auteur international, produit périlleusement, avec l'appui de partenaires étrangers, souvent interdits dans le pays (mais tacitement et hypocritement accepté, au nom d'une forme de gloire chauvine) et un cinéma grand public, acceptée voire financée par l'Etat dès qu'il s'agit de prosélytisme. Des films comme Une séparation sont l'exception. Quant au cinéma farsi, des romances simples avec des scènes de bagarre ou de danse, ils restent les plus populaires.
Car le cinéma iranien est loin d'être mort. Il renaît même, dans une certaine mesure. On y produit entre 70 et 90 films par an, mine de rien. De nouvelles salles s'ouvrent. Et si les films étrangers se passent sous le manteau, en version piratée, les Iraniens continuent d'aller en salles. Certains films dépassent le million d'entrées.
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Posté par vincy, le 23 mai 2015
C'est loin l'Australie. Il n'y a même pas de vols directs en provenance d'Europe. Cela n'empêche pas de voir de plus en plus de films en provenance de ce pays-continent. D'autant plus qu'il souffle un vent nouveau du côté des auteurs.
Cependant, tout n'est pas rose "Down Under". Le pays est un coproducteur international important, un lieu de tournage pour Hollywood. Mais à peine 50 films (les très grandes années) y sont produits. La part de marché des films australiens est même famélique, dépassant rarement les 10%. Le dernier gros triomphe date de 1986 avec Crocodile Dundee. Bien sûr quelques films ont fait exception plus récemment, comme Australia, Happy Feet ou Moulin Rouge! Des arbres qui cachent le désert.
On est loin du faste des années 75-95, avec des succès comme Mad Max, Babe, Muriel's Wedding, Priscilla folle du désert et des auteurs exportés à Hollywood tels Peter Weir, George Miller, Phillip Noyce, Russell Mulcahy, Bruce Beresford, Alex Proyas et Fred Schepisi. Sans oublier le chef opérateur de Wong Kar-wai, Christopher Doyle (récompensé à Cannes par le Grand prix de la Commission Supérieure Technique pour In the Mood for Love).
Depuis quelques années, le cinéma australien, vieux de 109 ans, connaît une véritable renaissance et une reconnaissance internationale. Ainsi, Warwick Thornton ramène au pays une Caméra d'or en 2009 avec Samson et Delilah. Une première depuis 1996 et Love Serenade de Shirley Barrett. Le vétéran Rolf de Heer a été récompensé deux fois à Un certain regard, en 2006 et l'an dernier. De Justin Kurzel à David Michôd, d'Andrew Dominik à James McTeigue, une nouvelle génération apparaît sur les écrans, principalement dans des films de genre.
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Posté par vincy, le 22 mai 2015
C'est la révolution! A l'instar du cinéma roumain et sud-coréen, le Mexique s'est placé sur la carte du cinéma mondial en quelques années. Pourtant, il ne date pas d'hier. Le premier film mexicain date de 1896. La première fiction est tournée deux ans après. Mais le vénérable cinéma mexicain s'est offert une cure de jeunesse.
Avec un voisin hollywoodien encombrant, ce n'était pas forcément gagné d'avance. Le Mexique a bénéficié, avant tout, d'une immigration de talents qui fuyaient l'URSS, l'Argentine fasciste ou l'Espagne franquiste. Ainsi Eisenstein est passé par là et Bunuel s'y est installé. Dans un pays où les spectateurs appréciaient avant tout les grands mélos et les farces, l'âge d'or qui allait naître au sortir de la gueule n'était pas forcément prévisible. Pourtant, le Mexique devint le plus gros producteur de films en langue espagnole durant les années 40.
Le Festival de Cannes a ainsi sélectionné dès 1946 un cinéaste mexicain, Emilio Fernández, avec son film, María Candelaria (incarnée par la star mondiale Dolores Del Rio). La qualité technique du film impressionne déjà: ce sera l'une des marques de fabrique de ce cinéma. Evidemment, le symbole international de ce 7e art s'appelle Luis Bunuel, prix de la mise en scène à Cannes en 1951 avec Los Olvidados. D'autres grands cinéastes apparaîtront dans les décennies suivantes tels Arturo Ripstein, Alejandro Jodorowski, Ismael Rodríguez...
Mais c'est au tournant des années 2000 que le cinéma mexicain s'impose sur la Croisette. Pour ne pas parler d'invasion. Trois prix de la mise en scène (Alejandro González Iñárritu pour Babel en 2006, Carlos Reygadas pour Post Tenebras Lux en 2012, Amat Escalante pour Heli en 2013), un prix du jury pour Lumière silencieuse, toujours de Carlos Reygadas, une Caméra d'or en 2010 pour Michael Rowe et son Année bissextile (et une mention pour Reygadas en 2002 pour Japon), un Prix Un certain regard en 2012 pour Michel Franco (Después de Lucía), qui est en compétition cette année. Sans oublier le duo Gael Garcia Bernal/Diego Luna et Salma Hayek, régulièrement présents à Cannes comme réalisateur, producteur, acteur ou président/membre de jury.
Le Mexique a aussi conquis Hollywood avec Guillermo del Toro (membre du jury cette année, déjà sélectionné), et les deux oscarisés Inarritu et Alfonso Cuaron. Pourtant, le pays ne produit désormais que 70-80 films par an, et les spectateurs mexicains préfèrent largement les films venus du nord de la frontière.
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Posté par vincy, le 21 mai 2015
C'est une drôle d'histoire que celle de Taïwan et de Cannes. Une histoire de grand amour qui n'a jamais conduit à la récompense suprême, la Palme d'or. Ce n'est pas faute de grands films ou d'immenses cinéastes. Cette petite île aux confins de l'Orient, toujours revendiquée par la Chine depuis qu'elle a pris son indépendance, n'a jamais manqué à l'appel des grands festivals: quatre Lions d'or à Venise et un Ours d'or à Berlin, notamment grâce à Ang Lee (trois de ces cinq prix). Les deux autres réalisateurs sacrés à Venise sont Tsai Ming-liang et Hou Hsiao-hsien (8 sélections officielles), deux habitués de Cannes: chacun n'est reparti qu'avec un prix, et ont même "partagé" le prix du jury en 2001 pour leur ingénieur du son, Tu Duu-Chih, qui avait travaillé sur Et là-bas quelle heure est-il du premier et Millennium mambo du second.
Le seul prix majeur que le cinéma taïwanais a obtenu à Cannes date d'il y a 15 ans: le prix de la mise en scène, donné à Edward Yang pour son émouvant Yi-Yi.
Sous influence du colonisateur japonais jusqu'en 1945, le cinéma de Taïwan n'a commencé à exister qu'après la seconde guerre mondiale, largement grâce à l'exode provenant de Shanghaï après la conquête du pouvoir chinois par Mao. Il naît réellement - infrastructures, institutions... - qu'au début des années 60, même s'il reste avant tout un outil de propagande, loin du cinéma poétique et allégorique que l'on connaît aujourd'hui. Même si l'esthétisme était déjà très présent, y compris dans les oeuvres populaires (comme celles de kung-fu). A Cannes Classics, cette année, on pourra ainsi revoir le culte A Touch of Zen de King Hu, premier film taïwanais au Festival de Cannes et premier film en langue mandarin à y être présenté: c'était en 1971.
Il faut attendre les années 80 pour que des auteurs s'emparent du 7e art, à leur manière. Outre les quatre cinéastes cités auparavant, les plus connus, d'autres émergent: Chen Kun-hou qui en fut la figure de proue, I-Chen Ko, Yi Chang, Lee You-ning puis plus tard Leste Chen, Yonfan, Lin Shu-yu, Wei Te-Sheng, Stan Lai, ... Et si le nombre de salles diminue sensiblement, le nombre de films produits se maintient autour de la cinquantaine d'oeuvres par an, avec une part de marché très honorable de plus de 20% de spectateurs pour les films locaux. Parfois même, certains, commencent à faire de l'ombre aux blockbusters étrangers. Petit dragon deviendra-t-il grand?
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Posté par vincy, le 20 mai 2015
Le modèle français a du bon. En reproduisant le schéma de financement du cinéma français, le cinéma de Corée du sud est devenu un acteur majeur de la cinéphilie mondiale, en moins de vingt ans, profitant d'une "movida" liée à la libéralisation politique du début des années 80.
Non seulement les films nationaux cartonnent au box office, et même à l'export, mais en plus, cela a donné toute une génération de nouveaux auteurs devenus cultes, renouvelant, notamment, le film de genre.
A Cannes, les deux cinémas - le traditionnel et le moderne - cohabitent depuis le début du millénaire. Im Kwon-taek, Park Chan-wook, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Im Sang-soo, Kim Jee-woon sont devenus des grands noms du cinéma avec des oeuvres radicalement différentes, parfois extrêmes, parfois poétiques, flirtant avec la SF ou ancré dans un réalisme social.
Et aucun de ces styles n'a été oublié par les jurys des différentes éditions depuis 2000: la mise en scène pour Im Kwon-taek avec le très beau Ivre de femmes et de peinture, le Grand prix du jury avec l'ultra-violent Old Boy et le prix du jury pour Thirst, ceci est mon sang, tous deux de Park Chan-wook, le scénario pour Lee Chang-dong avec l'étrange Poetry, le Prix Un Certain regard pour Hong Sang-soo avec Hahaha et pour Kim Ki-duk avec Arirang.
En pleine renaissance, ce "jeune" cinéma sud-coréen a largement mieux conquis le monde que ceux de ses voisins en misant sur la variété. contrairement au cinéma de Hong Kong, il n'a pas voulu produire que des polars, thrillers et autres séries B même brillantes ; contrairement au Japon, il n'a pas laissé ses auteurs sans moyens de production et de diffusion ; contrairement à la Chine, il n'y a pas de système de censure qui empêche l'épanouissement des cinéastes. A cela s'ajoute la création du plus grand Festival et marché du cinéma en Asie, à Pusan, et une farouche envie de ne pas se laisser envahir par les productions étrangères (avec un système de quotas).
Pas étonnant, dans ce cas, que chaque année, parmi les 200 films produits dans le pays, des films sud-coréens soient sélectionnés à Cannes ou ailleurs. Les sud-coréens sont des cinéphiles exigeants: avec 215 millions de spectateurs vont dans les salles chaque année (plus qu'en France donc) et la moitié de ces entrées concernent des films nationaux.
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Posté par vincy, le 19 mai 2015
L'an dernier, le Canada était représenté par trois films en compétition au festival de Cannes: Cronenberg (qui a ramené un prix d'interprétation féminine), Egoyan et Dolan (qui est reparti avec un prix du jury). Trois des grandes figures cannoises de ces vingt dernières années. David Cronenberg avait soulevé les passions avec Crash, Atom Agoyan avait frôlé la Palme avec De Beaux lendemains (Grand prix du jury tout de même) et Xavier Dolan est né sur la Croisette (côté Quinzaine des réalisateurs), où il a présenté tous ses films à l'exception de Tom à Ferme et est, déjà, le cinéaste canadien le plus primé du Festival.
Cette année encore, un cinéaste canadien va monter les marches: Denis Villeneuve, qui a déjà goûté au festival dans les sélections parallèles et a gagné une Palme d'or du court métrage, avant de migrer à Hollywood et devenir abonné au Festival de Toronto. Anglophones, francophones, acadiens ou allophones, les cinéastes canadiens ont toujours réussi à démontrer que le cinéma nord-américain n'était pas réservé qu'à leurs voisins, même s'ils empruntent leurs capitaux ou s'ils emploient leurs stars.
Mais il a aussi sa singularité. Rappelons nous en 2001 quand Zacharias Kunuk révélait Atanarjuat, premier film inuit sélectionné au Festival, et emportait avec lui la Caméra d'or. C'est surtout le cinéma québécois qui a brisé les préjugés sur le cinéma canadien. Ainsi Denys Arcand a gagné ses galons de cinéaste majeur sur la Croisette: meilleur scénario (Les invasions barbares en 2003), Prix du jury (Jésus de Montréal en 1989) et Prix FIPRESCI (Le déclin de l'empire américain en 1986).
Plus loin dans le temps, Michel Brault (Les Ordres, 1975) a gagné un prix de la mise en scène. Car le cinéma québécois a surtout brillé à Cannes dans les années 70. On a oublié que Jean Pierre Lefebvre reste le cinéaste canadien le plus projeté à Cannes, avec 11 films présentés dans les diverses sélections. Jean Beaudin, André Brassard, Carole Laure, Gilles Carle, Ted Kotcheff, Jean-Claude Lauzon, André Forcier, Jean-Claude Labrecque, Robert Lepage, Denis Côté, Philippe Falardeau, et on en oublie, sont tous passés par la Côte d'azur.
Avec 80 longs métrages environ produits côté anglophone et une trentaine en moyenne côté francophone, le Canada continue bon an mal an à exister dans le 7e art mondial. La part de marché reste fragile et l'export est devenu une nécessité. Mais depuis une quinzaine d'années, de nouveaux auteurs émergent et jamais autant de films canadiens n'ont été nommés aux Oscars ou aux César. Cela peut durer si les institutions restent aussi solides qu"auparavant, ce qui n'est pas sûr: la culture est loin d'être une priorité politique depuis quelques années.
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Posté par vincy, le 18 mai 2015
Avec la France et les Etats-Unis, l'Italie est le pays qui compte le plus important nombre de films primés sur Croisette. L'Italie est à moins d'une heure de voiture de Cannes, mais ceci n'explique pas cela. Le Festival de Cannes a construit une grande partie de sa renommée mondiale sur la Riviera française avec 11 palme d'or, 10 Grand prix, 3 prix du jury, 2 prix du scénario, un prix de la mise en scène. N'en jetez plus: de Fellini à Begnini, de Scola à Rohrwacher, de Visconti à Sorrentino, d'Antonioni à Moretti, malgré les crises du 7e art italien, il a toujours été présent au fil des décennies.
Né en 1896, le cinéma "italiano" a vécu plusieurs vies, dont certaines ont influencé le cinéma mondial, à commencer par le néoréalisme, dont le plus illustre représentant, Roberto Rossellini, époux d'Ingrid Bergman et père d'Isabella, a été honoré d'un Grand prix cannois (ancienne Palme d'or) en 1946 avec Rome ville ouverte.
Car Rome est bien la cousine de Cannes: de La Dolce Vita à La Grande Bellezza, la ville éternelle est l'une de celles qu'on connaît le mieux dans le Palais des Festivals.
On a longtemps cru que ce 7e art italien allait mourir, avec l'omniprésence de la télévision, la chute de la fréquentation en salles, l'emprise de Berlusconi sur la culture et les médias. Pourtant il a résisté. Il s'est même renouvelé, du film noir à Gomorra, de la comédie sociale à Nos meilleures années.
Mais on ne peut pas parler de renouveau. Certes, il s'est produit plus de 200 films l'an dernier, soit bien plus que les années précédentes. mais les entrées en salles sont en baisse, les budgets moyens par film aussi et la part de marché des films italiens est loin de ses scores d'antan. Cannes apparaît alors comme un refuge pour un cinéma qui refuse de disparaître alors qu'on annonce sa mort depuis si longtemps. La preuve encore cette année avec trois films en compétition.
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Posté par vincy, le 17 mai 2015
Le cinéma roumain s'est installé à Cannes. Une cinéphilie qui a pris sa carte d'abonnement depuis quelques années. Et Cannes renvoie l'ascenseur en allant tous les ans à Bucarest pour y projeter quelques films de la Sélection officielle. En dix ans, la Roumanie a récolté davantage de prix que durant les soixante années précédents, avec un seul prix majeur (la mise en scène en 1965 pour Liviu Ciulei et La Forêt des pendus): une Palme d'or (4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu), une caméra d'or (12 h 08 à l'est de Bucarest de Corneliu Porumboiu), deux Prix Un certain regard (La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu et California Dreamin' de Cristian Nemescu) et deux prix du scénario (dont le récent Au-delà des collines, toujours de Cristian Mungiu), la Roumanie est devenue la meilleure ambassadrice de l'ancienne Europe de l'Est sur la Croisette dans les années 2000.
Bien sûr on est loin de l'âge d'or de ce cinéma, quand les films locaux attiraient plus de 10 millions de spectateurs dans les années 60 et 70. Quand, après une Palme d'or du court métrage pour Ion Popescu-Gopo, le pays décidait de créer un studio d'animation, parmi les mailleurs d'Europe, AnimaFilm. La période "communiste" avait largement encouragé le cinéma national. Aujourd'hui, la Roumanie affiche le taux de fréquentation le plus faible d’Europe (10 millions d'entrées l'an dernier), la part de marché des films roumains ne dépasse pas les 3% et sa production de film reste très faible, avec moins de 20 films par an.
Si avant 1990, la censure empêchait le tournage de nombreux films, aujourd'hui le problème provient davantage de financements trop aléatoires pour ne pas dire inexistants. De plus, avec une libéralisation accélérée du marché, Hollywood a rapidement conquis les salles et le marché vidéo. Les multiplexes ont remplacé les cinémas vétustes, mais les salles art et essai restent rares.
La Nouvelle Vague a au moins balayé le souvenir d'un cinéma qu'on croyait disparu depuis l'ère glorieuses des films de Lucian Pintilie, Mircea Muresan, Mirel Iliesiu, Radu Gabrea, Mircea Daneliuc... Avec ses faibles moyens, le cinéma roumain est entré dans la cour des grands pays cinématographiques, amenant chaque année dans les grands festivals des oeuvres marquantes et souvent récompensées.
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Posté par vincy, le 16 mai 2015
L'Inde, c'est forcément Bollywood. Plus de 1500 films produits par an, toutes langues confondues, de l'Hindi au Tamoul. Mais le cinéma indien est beaucoup plus diversifié qu'on ne le croit et il a aussi ses auteurs. Évidemment, on pense immédiatement à Satyajit Ray, emblème mondial du 7e art du pays. On oublie que le premier cinéaste indien a été sélectionné en 1946, dès la première véritable édition du Festival de Cannes: Chetan Anand (La ville basse). Dans les années 80, Mrinal Sen avec Affaire classée reçoit un Prix du jury et Mira Nair avec Salaam Bombay! est récompensée d'une Caméra d'or. Murali Nair obtient cette même Caméra d'or avec Le trône de la mort en 1999.
Cannes a toujours aimé le faste bollywoodien. En 2002, avec Devdas, grosse production avec Shahrukh Khan au succès international. En 2013, la Croisette a célébré le centenaire de ce vénérable cinéma. Et cet hiver, ce pays en mutation, qui a tant attiré les cinéastes occidentaux, de Renoir à Corneau, de James Bond à Slumdog Millionaire, a fait un triomphe historique à la comédie satirique teintée de science fiction PK, en battant les records nationaux du box office.
Avec une crédibilité croissante dans les festivals - du drame social au polar - et des comédies (musicales ou pas) de plus en plus prospères, le cinéma Indien (qui s'exporte aussi bien en Afrique qu'en Europe) a de beaux jours devant lui... Cette année, fait rare, deux films indiens sont en sélection officielle, à Un certain regard: Chauthi Koot de Gurvinder Singh et Maasan, premier film de Neeraj Ghaywan.
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Posté par vincy, le 15 mai 2015
Le cinéma et la Hongrie, c'est une histoire de passion. Avec ses hauts et ses bas. Des cinéastes qui ont brillé dans les Festivals du monde entier, à l'instar d'István Szabó, Béla Tarr ou Miklós Jancsó, des figures historiques comme William Fox, le fondateur de la 20th Century Fox, Adolph Zukor, le findateur de la Paramount, Alexander Korda, qui a donné son nom au prix BAFTA du meilleur film britannique de l'année. Voilà pour les sommets. En ce moment, cela ressemble plutôt au calvaire: un pouvoir politique qui a pris la main sur l'industrie et les institutions (donc choisissant les films qu'il veut financer), production en baisse, cinéastes en exil ou en révolte, ... Tout ne va pas très bien à Budapest.
La Hongrie a été l'un des premiers pays a découvrir les films des frères Lumière en 1896. Avant même l'avènement du parlant, le cinéma hongrois était déjà très structuré: salles de cinéma, studios de tournages, formations... Mais l'Histoire s'en est mêlée. L'exode des grands talents vers le Royaume Uni et les Etats-Unis, puis la tutelle de l'URSS ont transformé le 7e art hongrois.
A Cannes, quelques cinéastes ont continué à transmettre l'héritage d'un cinéma à l'identité très forte. Márta Mészáros, Grand prix du jury, prix de la mise en scène, Miklós Jancsó, prix de la mise en scène, István Szabó, prix du jury et prix du scénario, Pal Erdoss et Ildiko Enyedi, tous deux Caméra d'or... Mais tout cela remonte aux années 70-80. Pourtant, les cinéastes de la nouvelle génération sont rarement oubliés en sélection officielle: György Pálfi, Kornel Mundruczo (Grand prix Un certain regard l'an dernier), Béla Tarr...
Cette année, c'est même un premier film qui a les honneurs de la compétition. Hélas, cette bonne nouvelle masque une réalité beaucoup plus dure. Moins de 20 films sont réellement tournés chaque année. Les salles art et essai disparaissent ou sont très fragiles et empêchent la diffusion de la plupart d'entre eux. La part de marché des films hongrois est anémique. Ce cinéma autrefois grand ne compte désormais que sur une poignée de passionnés, et sur les festivals internationaux, pour exister face à un pouvoir qui veut contrôler la culture et les médias.
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