Millénium, version hollywoodienne

Posté par vincy, le 18 décembre 2009

Est-ce bien utile? Le carton littéraire de Stieg Larsson, la trilogie Millénium, va être adapté au cinéma par le producteur Scott Rudin.

Sony a quasiment bouclé son contrat avec la société de production scandinave Yellow Bird, déjà producteur des films et téléfilms sortis cette année. Le premier épisode a été un beau succès en Italie, espagne, Allemagne et France (1,2 millions de spectateurs) et surtout un triomphe dans les pays nordiques. Les deux suites ne sont sortis qu'en Scandinavie. Le troisième opus vest actuellement en tête du box office suédois.

Alors pourquoi Sony et Scott Rudin sont-ils intéressés par les droits en langue anglaise du livre? D'abord il y a le succès des films en Europe. Même si aucun calendrier n'est encore confirmé pour la sortie du deuxième film en France, la récente diffusion d'une bande annonce avec sous titres en français peut laisser espérer une sortie début mai. Ensuite, la trilogie littéraire commence à bien se vendre et se télécharger aux Etats-Unis.

Les principaux points du contrat, incluant les conditions financières, sont actés et devraient être signés dans les semaines qui viennent. Sony insiste sur le fait qu'il ne s'agira pas de remakes - on imagine mal les scènes SM dans un film hollywoodien - mais de versions américaines qui leur sont propres. "Nous produirons des films basés sur les mêmes livres, mais pas sur les films suédois", a expliqué le directeur de Yellow Bird Mikael Wallén. "Avec un peu de chance le tournage pourrait débuter en 2011 et le premier film prêt dans la seconde moitié de 2012", a-t-il ajouté.

Seul espoir de cet étrange projet, l'implication de Scott Rudin. Producteur de Wes Anderson , The Hours, Sleepy Hollow, The Truman Show, The Queen et No Country for Old Men, on peut croire que ces adaptations anglosaxonnes ne seront pas tout à fait inutiles.

Il souffle à Poitiers un humour glacial venu du Nord

Posté par Benjamin, le 14 décembre 2009

Dans les 40 films de la compétition, il y a évidemment des films qui retiennent l'attention, qui restent en tête et desquels on veut parler. Et bien, force est de constater que ces 32ème Rencontres Henri Langlois sont considérablement marqués par les films issus du nord et du nord-ouest de l'Europe. Beaucoup de films allemands très remarquables par exemple comme Für Miriam ou le documentaire L'importance des petites choses. Mais ce que l'on retient également, c'est que peu ont osé s'aventurer sur le terrain du comique, de l'humour noir et grinçant. Oeuvres très sérieuses, à la réflexion profonde, certains en oublie que la légèreté fait parfois du bien. Chose que semble avoir parfaitement compris deux films: l'un vient de Suède et a pour titre Elkland, l'autre, finlandais, se nomme The Electrician.

Deux films qui ne sont pas à proprement parler des coups de coeur mais qui, tout en s'inscrivant dans une certaine tendance du festival, sortent du lot par l'introduction de l'humoir noir. En effet, bien que diamétralement opposés, ces deux films mettent en scène des personnages en marge de la société, que ce soit par leur métier ou par leur lieu d'habitat (paumé dans les forêts finlandaises). Des personnages qui ont donc appris à vivre d'une autre façon que la grande majorité des gens et qui donc n'ont pas les mêmes relations que les autres par rapport à la mort par exemple (un thème que tout deux abordent avec humour).

The Electrician est audacieux, court et coup de poing. Le personnage principal, Marvin, est totalement perdu suite à l'abolition de la peine de mort car il avait pour rôle d'exécuter les condamnés sur la chaise électrique. La page se tourne mais lui ne suit pas. Miina Alajärvi, le réalisateur, s'amuse alors du morbide contraste sociétaire qu'entraîne le licenciement de cet homme plus habitué à "tuer" les gens qu'à entretenir avec eux des relations amicales. Un contraste teinté noir mais étrangement d'actualité.

Elkland, lui, est un film plus développé, plus travaillé sur le plan émotionnel. Un film qui prend le temps de poser et de développer ses protagonistes. Et, Per Hanefjord, le réalisateur, même s'il dit ne pas l'avoir "souhaité volontairement" inclut dans cette poignante tragédie des touches d'humour noir particulièrement savoureuses et très appréciées par le public. L'enterrement du père se transforme alors en bouffonerie macabre malgré le chemin dramatique que prend l'histoire.

Deux films qui ont le courage, par le biais de l'humour, de bousculer un peu le sérieux de cette compétition et d'apporter un petit vent frais au festival.

Millénium 2 cartonne en Scandinavie

Posté par vincy, le 25 septembre 2009

477 000 entrées dans les quatre pays scandinaves - Suède, Danemark, Norvège et Finlande - pour le premier week-end d'exploitation du deuxième volet de la trilogie adaptée des romans de Stieg Larsson. Millenium 2 - La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, sorti le 18 septembre dans ses territoires nordiques, a battu d'une courte tête les 470 000 entrées du premier vole.

La critique a été moins enthousiaste avec cette deuxième histoire mais 181 000 Danois se sont précipités, soit davantage que de Suédois et de Norvégiens. Le deuxième épisode doit maintenant sortir en Italie et en Espagne. En France, UGC n'a toujours pas confirmé s'il sortait (et quand) la suite de la trilogie. Le premier film avait séduit 1,2 millions de spectateurs (2,9 millions dans le monde). Un record pour un film suédois.

L'Allemagne s'apprête tout juste à découvrir le premier film.

Millénium, thriller efficace porté par un duo en état de grâce

Posté par vincy, le 9 avril 2009

millenium filmCe matin avait lieu la projection unique pour la presse, les exploitants, les libraires et autres invités du film Millénium, adapté du best-seller de Stieg Larsson.

Au bout de 2h30 de projection, deux évidences  s'imposaient : le thriller est artistiquement bien foutu et cinématographiquement classique mais efficace. Bref le divertissement est au rendez-vous, avec sa dose de noirceur et de violence. Tout l'aspect sordide du roman se retrouve cinétiquement magnifié par les somptueux paysages suédois.

Mais surtout, le film se détachera de la concurrence (Anges et démons, par exemple) grâce à son duo de comédiens, l'expérimenté Michael Nyqvist et la novice Noomi Rapace, saisissants, charistmatiques, terriblement humains. Les deux comédiens, dans la douleur comme dans les coups, dans la torture comme dans le viol, ont une alchimie qui transcende la pellicule et permet à l'enquête de ne jamais être fade ou barbante.

Le film a été en tête des box office suédois et danois durant 5 semaines, norvégien pendant 3 semaines, et a déjà cumulé, rien qu'en Scandinavie près de 29 millions de $ de recettes. Fort de ce succès, revenant ainsi sur leur décision d'origine, les deux suites, initalement prévues pour la télévision, sortiront aussi au cinéma cet automne.

Festival du cinéma nordique : Palmarès

Posté par denis, le 30 mars 2009

pause dejeunerVingt deux ans d’existence pour ce festival du cinéma nordique ancré  à Rouen et qui se porte toujours bien ! Fort d’un public ayant régulièrement rempli les salles, la manifestation vient de remettre son palmarès, et c’est à la Norvège que revient l’honneur d’être couronné pour cette édition 2009, dont la sélection officielle était composée de deux films danois, deux suédois, deux norvégiens, un néerlandais, un islandais, un belge et un finlandais.

Le prix du jury a donc été décerné au film norvégien Pause déjeuner / Cold Lunch (voir actualité du 26 mars 2009) réalisé par Eva Sorhaug. Dans ce film un peu décalé, la réalisatrice raconte comment un homme bouleverse la vie de tout un quartier d'Oslo à partir d’un petit incident domestique. Drôle et cocasse, avec toujours cette petite touche douce-amère propre à la Scandinavie, Pause déjeuner fait mouche et mériterait une sortie en salles sur notre territoire.

Concernant les prix d’interprétation masculine et féminine, ce sont respectivement Mikael Persbrandt et Maria Lundqvist qui ont été récompensés pour leurs rôles dans le film suédois Au coeur du Paradis. Ce film de Simon Staho raconte l'histoire de Lars et Susanna mariés depuis 20 ans et soudain confrontés à la tentation de l'adultère. Enfin le prix du public a été attribué à La rébellion de Kantokeino, un film norvégien de Nils Gaup et celui du jeune jury européen à Instants éternels, un film suédois de Jan Troell.

Festival du cinéma nordique : un événement trans-genres

Posté par geoffroy, le 26 mars 2009

La compétition officielle du 22e festival nordique mérite bien, au même titre que le reste de sa programmation, son label « éclectique ». Naviguant constamment entre plusieurs genres – drame, comédie loufoque, film d’auteur, grosse production, portrait intimiste ou encore reconstitution historique – sans jamais se départir d’une certaine singularité, ce cinéma venu du nord perpétue une tradition cinématographique complexe oscillant depuis des décennies entre un pessimisme lucide, un rejet des conventions morales (surtout dans le cinéma danois et suédois) ou bien une approche existentielle – qu’elle soit décalée ou pas – propre aux cultures nordiques.

Un peu, d’ailleurs, comme ce Mariage à l’islandaise, premier long-métrage de la monteuse Valdis Oskarsdottir. Fausse comédie légère qui bascule par intermittence dans un road-movie au départ improbable, tout est situation à dégommer les conventions. Un mariage dans un petit village, deux autocars pour emmener séparément les mariés, un témoin qui disparaît, une attente dans les bus et des vérités pas toujours bonnes à dire. Les personnages vont interagir les uns vis-à-vis des autres en distillant non sans humour ni gravité une tension sous-jacente. La narration, savoureuse, provoque des effets boule de neige jusqu’au dénouement final, certes un brin convenu, mais somme toute logique. A découvrir dans les salles françaises le 03 juin prochain.

Sous la peau se positionne en opposition. Drame humain sans concession autour d’une femme agressée dans sa chair, le film nous interpelle sur la difficulté de vivre avec le souvenir d’une épreuve traumatisante qui vous hante nuit et jour. Réfugiée dans une maison de campagne délabrée ou tout reste à faire, Marieke a fuit Amsterdam pour essayer de se reconstruire. Parabole, dirons nous immersive, dans l’univers déstructuré de la jeune femme, Sous la peau délivre une tension par à coups aussi mentale que physique. Les deux sont liés intimement, sans distanciation ni contrôle. L’intrusion de flashs, de visions, de crises ou de spleen total dans la nouvelle vie de Marieke exacerbent cette souffrance sourde car intime. Prenant, minimaliste et magistralement interprété, Sous la peau demeure un essai fort et sincère sur une thématique sociale contemporaine.

Objet Filmique Non Identifié

Soit le contraire de Pause déjeuner, sorte d’OFNI (Objet Filmique Non Identifié) réalisée par la réalisatrice Eva Sorhaug (signalons tout de même qu’après Mariage à l’islandaise et Sous la peau, il s’agit du troisième film réalisé par une femme, soit près de 30% de la sélection officielle). Choral et découpé narrativement en fonction des personnages développés, le lien entre l’incident déclencheur et les autres protagonistes reste faible en terme d’enjeux – excepté pour Léni, directement «frappée » par la mort de son père). Un poil trop lent par moment, décalé juste ce qu’il faut, grave mais sans plus, parfois redondant ou bien tournant autour du pot, le film se positionne entre deux eaux. Mais le plus étrange reste sans aucun doute son côté impersonnel et peu communicatif, malgré deux ou trois séquences réussies (landau sur le balcon, scène de sodomie, dispute dans la voiture, sandwichs uniformes de Léni). Trop peu, sans doute, pour affirmer un univers comme cette apparition de milliers d’oiseaux façon Magnolia (en référence à la pluie de grenouilles vers la fin du film de Paul Thomas Anderson).
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Festival du cinéma nordique : politique, polars et fantastique

Posté par denis, le 24 mars 2009

eva jolyPour cette nouvelle édition, le festival du cinéma nordique a axé sa programmation, hors les films en compétition, sur une rétrospective de films sur Rembrandt, sur un cycle fantastique et sur le portrait de la juge Eva Joly.

Ce week-end fut donc projeté Eva Joly, une justice malgré tout (photo), un documentaire s’attachant moins à décrire les batailles qu’a mené la magistrate qu’à brosser le portrait d’une femme combattant toutes formes d’injustice. Echouant à rendre intéressante cette bio, la réalisatrice filme un quotidien qui n’intéressera que les aficionados des émissions sociologiques du service public. Bien heureusement l’intervention de la principale intéressée à la suite de la projection rééquilibrera avec le manque de portée économique et politique du film. Ne mâchant pas ses mots et tirant sur les avaries de notre pays, Eva Joly a montré qu’elle ne baisse toujours pas les bras et que son entrée sur la scène politique européenne risque de provoquer quelques remous. Un bien beau moment de partage et d’échanges au sein de cette plateforme d’idées qu’est le cinéma.

Ce week-end aura été aussi le théâtre d’affrontements plus sanglants avec la projection de films fantastiques représentant la variété des approches du genre par les cinéastes nordiques. Avec Cold Prey 1 et 2 nous avons eu le droit à des variantes du slasher transposé dans les montagnes norvégiennes, deux pellicules sympathiques même si pas forcément originales. Morse quant à lui continue son bonhomme de chemin, égrenant festival après festival ses qualités thématiques et graphiques. Seul film fantastique datant des années 80, L’ascenseur était présent pour rappeler que le cinéma de genre n’est pas nouveau dans les pays scandinaves. Enfin nous attendrons Manhunt, survival mixant Délivrance et Massacre à la tronçonneuse, et Sauna, qui jouera le fantastique d’atmosphère assez troublant.

Une programmation riche et diversifiée donc, qui continuera à troubler et divertir les rouennais jusqu’au 29 mars.

Millénium en trois volets au cinéma

Posté par vincy, le 20 mars 2009

Rien n'est simple. Au départ, les producteurs suédois, allemands et danois décident de produire la trilogie Millénium, adaptée des best-sellers de Stieg Larsson, de la manière suivante : un film, le premier tome, pour les salles de cinéma et trois fois deux épisodes pour la télévision, pour l'ensmble de la saga. UGC emporte les droits de diffusion du film pour une sortie le 13 mai 2009 en France et Canal +, il y a quelques semaines, acquiert les droits de diffusion de la série télévisée pour une programmation en octobre prochain.

UGC a ainsi grillé Pathé et EuropaCorp, sur les rangs. Surtout, la société française cherche à empêcher par tous les moyens que les producteurs scandinaves revendent les droits pour un remake américain. Car, d'une part, aucun distributeur américain ne s'est manifesté jusqu'à présent, attendant sans doute de voir si les romans allaient séduire le public états-unien ; d'autre part, le format imaginé au départ ne correspond pas à une manière d'exploiter un livre pour le cinéma. Le mélange grand écran-petit écran n'est pas dans leurs habitudes.

Il aurait pu en être autrement. Mais le grand manitou de la télévision suédoise, l'homme le plus puissant des médias scandinaves, s'est entêté avec son casting 100% suédois, son concept (1 film + 2 téléfilms) et ne s'attendait sûrement pas à un intérêt aussi vivace pour ce polar violent.

Or, le film cartonne en Suède et au Danemark et maintenant en Norvège, avec un total de 1,5 millions d'entrées. Et, surtout, refusé par Cannes - il ne correspondait pas aux critères d'exclusivité de plus en plus exigés par le Festival - il va devoir se lancer à l'assault de l'Europe, face à Anges & Démons, notamment, sans le coup de pouce marketing qu'aurait offert les marches du palais de la Croisette.

Yellow Bird et Swedish Television ont donc décidé aujourd'hui, de manière inattendue, de sortir les deux suites au cinéma. Ce qui va poser un problème pour ceux qui ont acheté les droits télévisés. Mais les producteurs assurent que les contrats ne seront pas retouchés. Le deuxième volet sortira en Suède en septembre et le troisième en novembre.

Les distributeurs étrangers vont donc désormais négociés pour les deux suites, mais surtout devront prévoir des sorties très "rapprochées". A moins que Canal + décale sa diffusion télévisée, UGC n'aura que cinq mois pour sortir les opus deux et trois. La télévision suédoise a préféré attendre mars 2010 pour diffuser la série de six épisodes (9 heures). Etrangement, elle sera disponible en DVD dans les pays scandinaves dès décembre.

A ce point d'improvisation et d'anarchie, on ne connaît qu'un équivalent : les chaînes de télé françaises capables de mélanger les saisons d'une série américaine en une soirée. ;-)

Festival du Cinéma Nordique : de Rembrandt à Eva Joly

Posté par geoffroy, le 18 mars 2009

nordic-2009-225.jpgDu 18 au 29 mars prochain la ville de Rouen (Seine-Maritime) accueille la 22e édition du festival du cinéma nordique.
Créé en 1988 celui-ci est devenu, au fil des ans, un évènement incontournable pour la création cinématographique du nord de l’Europe. Original, vivant, parfois méconnu mais capable d’offrir de grands cinéastes comme Lars Von Trier, Roy Andersson, Thomas Vinterberg, Aki Kaurismäki ou plus récemment Balstar Kormakour (Jar City) et Bent Hammer (La nouvelle vie de monsieur Horten), le cinéma scandinave ne cesse de se rénover en proposant une vision singulière du monde. Cette force créative se retrouve dans une programmation avant tout éclectique, où fiction, documentaire, court-métrage et animation s’entremêlent. De la Finlande à l’Islande en passant par la Belgique, cette 22e édition brassera pas moins de 60 films autour de sections variées et ambitieuses.

Une sélection officielle comptant 10 films venus de 7 pays différents (petit regret néanmoins de ne pas retrouver les pays Baltes) et une attente particulière autour de deux films. Instants Eternels du maître suédois Jan Troell (les Emigrants 1971 et le Vol de l’aigle 1982) et Mariage à l’islandaise, premier long métrage de la monteuse islandaise Valdis Oskarsdottir ayant travaillé sur Mongol et Mister Lovelly.

Une programmation thématique déclinée sur trois axes.

- L’actu du nord tout d’abord, qui proposera des films pour la plupart inédits, sera marquée par la présentation du documentaire de Hege Dehli, Eva Joly, une justice malgré tout consacré à la magistrate norvégienne aujourd’hui candidate aux élections européennes de juin 2009 en Ile-de-France sur la liste des Verts. Celle-ci sera d’ailleurs présente le 21 et 22 mars.

- Ensuite, un regard sous forme d’éloge au peintre néerlandais du XVIIe, Rembrandt. Huit films tenteront de percer le mystère de ce maître baroque dont le tout dernier et admirable Peter Greenaway, la Ronde de nuit.

- Pour finir, une invitation au cinéma de genre fantastique en plein essor depuis une dizaine d’années dans ces contrées du froid viendra saisir le public avide de frissons et de découvertes. Pour tous ceux qui ont raté le dernier Grand Prix au festival de Gérardmer, Morse de Tomas Alfredson s’affichera au côté de ses petits camarades horrifiques.

Enfin et pour clore cette programmation naviguant sur deux cinémas et trois salles autour de débats, de premiers films et de rencontres avec le public, le festival proposera un pont entre littérature et cinéma par l’hommage rendu au romancier de polar norvégien Gunnar Staalesen.

Morse : de quoi être mordu…

Posté par denis, le 4 février 2009

morse.jpg

A savoir : Morse a reçu le Grand prix et le prix de la critique du festival de Gerardmer. Il avait déjà obtenu le prix de la critique aux festival de Toronto, au Nat Film festival et au festival du film fantastique de Puchon mais aussi le prix du meilleur film au festival du film nordique de Göteborg, au festival du film de Tribeca, au festival FantAsia. Un remake est déjà en préparation aux Etats-Unis. Matt Reeves (Cloverfield) en sera le réalisateur.

L'histoire : Oskar est un jeune adolescent de 12 ans, vivant près de Stokholm, au début des années 1980. Il est régulièrement martyrisé par ses camarades de classe, ne trouvant pas la force de répliquer il passe ses nuits à rêver de vengeance, répétant des attaques au couteau dans la cour de son immeuble. Un soir il rencontre la jeune Eli, qui est depuis peu sa voisine, habitant seule avec un homme. Eli semble être une jeune fille de 12 ans mais elle est étrangement pâle, ne sort que la nuit et ne semble pas être affectée par le froid de l'hiver Suédois. Très vite, Eli intrigue Oskar, de plus son arrivée dans le quartier coïncide avec une série de meurtres et de disparitions mystérieuses. Oskar ne tardera pas a découvrir la vérité : Eli est un vampire. Leur complicité n'en souffrira pas au contraire elle n'en sera que plus forte.

Notre avis : Petit film venu du froid, cette étrange histoire d’amour et de sang parvient magistralement à renouveler le mythe du vampire. Primé dans de nombreux festivals, Morse, de Tomas Alfredson, en effet mérite sa réputation et va bien au-delà de ce que l’on a l’habitude de voir au cinéma.

Sur fond d’amitié et d’enfance, ce drame humain est avant tout d’une parfaite maîtrise tant au niveau du cadre que de la photo. Bleutée et vacillante, l’image de Morse est à contre-pied de celles chaudes et sanguines des films habituels de vampires. Posée, voire lente, elle prend le temps d’installer ses personnages dans leurs tourments existentiels (même si la plupart des protagonistes ne sont que des enfants), et de les définir dans leurs fragilités. Tout le film semble d’ailleurs soutenu par une mince couche de glace pouvant se briser à tout instant. Reste à savoir sous les pieds de quel enfant : le gentil albinos, la mystérieuse petite fille, ou les bêtes et méchants camarades d’école.

Cette incertitude donne au film sa tonalité tragique et belle à la fois. Plus l’intrigue informe le spectateur et plus elle se distingue des clichés auxquels elle est rattachée. Morse en cela se permet même des scènes jusque là inédites dans la mythologie vampirique et que peu de pays oserait mettre en images.

Morse est un bijou délicat, à peine sculpté, un drame humain bouleversant confirmant après Les Prédateurs et Aux frontières de l’aube la porté universelle du mythe vampirique.