Drunk ennivre les European Film Awards 2020

Posté par vincy, le 13 décembre 2020

Logiquement, le film danois Drunk (Another Round) de Thomas Vinterberg emporte la plupart des trophées principaux aux European Film Awards. C'est la troisième fois que le cinéma danois est récompensé en tant que meilleur film, après deux réalisations de Lars Von Trier il y a vingt ans. Vinterberg, comme Mads Mikkelsen, sont pour la première fois honorés en tant que réalisateur et acteur.

Signalons aussi le prix de la meilleure actrice pour Paula Beer dans Ondine et le prix de la meilleure comédie pour le film français Un triomphe.

Meilleur film européen
Drunk de Thomas Vinterberg (le film est exploité en France depuis le 14 octobre par Haut et Court). Ce film est aussi le candidat du Danemark à l'Oscar du meilleur film étranger.

Meilleure réalisation
Thomas Vinterberg pour Drunk

Meilleure interprétation masculine
Mads Mikkelsen pour Drunk

Meilleure interprétation masculine
Paula Beer pour Ondine de Christian Petzold (le film est sorti en France sous la bannière des Films du Losange le 23 septembre). 

Découverte de l'année - prix FIPRESCI
Carlo Sironi pour Sole

Meilleur scénario
Thomas Vinterberg et Tobias Lindholm pour Drunk

Meilleure comédie
Un triomphe d'Emmanuel Courcol

Meilleur film d'animation
Josep d'Aurel

Meilleur documentaire
L'affaire collective de Alexander Nanau

Prix Eurimages à la coproduction
Luis Urbano

Meilleur court métrage
La nuit tous les chats sont gris de Lasse Linder

Meilleure photo
Matteo Cocco pour Je voulais me cacher

Meilleur montage
Maria Fantastica Valmori pour Once More unto the Breach

Meilleurs décors
Cristina Casali pour The personal History of David Copperfield

Meilleurs costumes
Ursula Patzak pour Je voulais me cacher

Meilleurs maquillages et coiffures
Yolanda Piña, Félix Terrero & Nacho Diaz pour Une vie secrète

Meilleure musique
Dascha Dauenhauer pour Berlin Aklexanderplatz

Meilleur son
Yolande Decarsin pour Petite fille

Meilleurs effets visuels
Iñaki Madariaga pour La Plateforme

Lumière 2020: le cap de la quarantaine dans Drunk et All About Eve

Posté par vincy, le 12 octobre 2020

© ecran noir

Pas facile de vieillir. Ni pour un enseignant Danois ni pour une star de Broadway. Cela entraîne de sérieuses addictions, et autant de dommages collatéraux, pour ne pas dire des dérapages dans le décor.

L'addiction dans Drunk est dans le titre: l'alcool (on boit aussi beaucoup dans Eve ceci dit). L'alcool, ça désinhibe. Ça donne confiance en soi. Et quand on sombre vers la cinquantaine, que le job, la famille, la vie ne sont que routines, ça peut revigorer et, finalement, retrouver le goût à la vie. Thomas Vinterberg, grandement aidé par son casting d'acteurs, l'excellent Mads Mikkelsen en tête, suit donc une année scolaire avec quatre profs au bord de la crise d'ennui. La force du jeu de Mikkelsen est de nous conduire subtilement de son état apathique à son esprit de reconquête, avec un regard perdu, ailleurs, pour finir dansant, prêt à dévorer la vie. Jamais moraliste, toujours humaniste, le scénario montre tous les aspects de la dépendance (et donc de la dose à consommer) aux élixirs enivrants. Mais Drunk (sélectionné à Cannes 2020) est avant tout un film vivifiant (et pas seulement parce qu'il fait revivre son quatuor). Cette renaissance (doublé d'une prise de conscience de chacun sur leurs échecs) est contagieuse (mise en scène, musique, final formidable et joyeux). On se reconnaît dans leurs failles (indispensables pour que l'on puisse comprendre le prix de l'existence et pour faire entrer sa lumière) et on les accompagne collectivement dans leur envie de boire, non pas pour oublier, mais bien pour se révéler.

La révélation c'est aussi le sujet de Eve, classique de John L. Mankiewicz (6 Oscars, meilleure actrice et prix du jury à Cannes en 1951) avec la charismatique Bette Davis, l'insupportable Anne Baxter et la novice Marilyn Monroe. Ici, l'addiction est davantage psychologique: le pouvoir, et même l'emprise. Cette histoire de harcèlement (dont on retrouve l'héritage dans des films comme Showgirls ou Black Swan), qui a inspiré Tout sur ma mère de Pedro Almodovar, est un magnifique jeu de manipulation entre une star établie, fragilisée par son vieillissement dans un business où la quarantaine signe la retraite, et une fille mystérieuse, trop bienveillante pour être honnête, et qui ne cherche qu'à prendre sa place en haut de l'affiche. Bette Davis brille par sa performance pleine de nuances, tour à tour montrée comme un monstre égoïste puis comme une victime de sa prédatrice. De l'antipathie qu'on pourrait éprouver pour elle, naît, chez le spectateur, une véritable compassion, tandis que le réalisateur inverse symétriquement les rôles avec le personnage de Baxter: la jeune fille pour laquelle on a de la pitié se mue en garce froide et calculatrice. Le film n'a pas vieillit et s'avère un girl fight plein d'esprit entre gens bien élevés.

Dans les deux cas, avec Mads Mikkelsen d'un côté et Bette Davis de l'autre, on comprend que la maturité est synonyme de vulnérabilité. L'amour ne fait pas tout, ni le succès, ni même le confort. Il y a cette réalité qu'on a les plus belles années derrière nous, que la jeunesse, ses rêves et ses espoirs ont fané. Mais que ce soit dans le Danemark d'aujourd'hui ou le Broadway d'hier, le cap rugissant de la quarantaine n'est pas insurmontable tant qu'on reste lucide (bizarrement l'alcool n'est pas un obstacle, au contraire). Tout est dans l'équilibre entre satisfaction égoïste, acceptation de la réalité, et aspiration à vivre sans se soucier de l'horloge qui tourne. On peut plaire, aimer, et danser (vite). Même après quarante ans. Il suffit de quelques applaudissements et d'un bon champagne pour aborder la seconde partie de sa vie.

[2020 dans le viseur] Nos 30 films les plus attendus (2/3)

Posté par redaction, le 12 janvier 2020

Black Widow de Cate Shortland

Reset. L'univers Avengers est achevé. Et Natasha Romanoff aka Black Widow s'était sacrifiée. Pourtant, nous la retrouvons dans ce premier film du nouveau cycle Marvel. Une manière de tester la "vista" de Kevin Feige avec une super-héroïne qui méritait son film depuis longtemps.

Druk de Thomas Vinterberg

Ce sont les retrouvailles du réalisateur danois avec Mads Mikkelsen, huit ans après La chasse. Ce drame autour de l'alcool, et de ses conséquences, s'il devait être présenté dans un grand festival, devrait décourager certains de finir la soirée bourrés.

Annette de Leos Carax

Un projet forcément excitant sur le papier. D'abord parce Leos Carax est l'un des cinéastes les plus singuliers et audacieux. Ensuite parce qu'il réunit Adam Driver et Marion Cotillard. Enfin, pour son premier film en anglais, il réalise un musical autour du couple, sur des chansons des Sparks.

Nomadland de Chloe Zhao

Bien sûr, la réalisatrice de The Rider est attendue pour un gros blockbuster, Les Eternels, made in Marvel. Mais c'est son autre film, Nomadland que l'on attend le plus, avec Frances McDormand. Un drame entre road-movie et crise économique, bref une autre facette de l'Amérique.

Eté 84 de François Ozon

Ozon nostalgique? Le voici qui livre un teen-movie dans une station balnéaire en Normandie durant les années 1980, où un ado se révèle à lui-même. Melvil Poupaud, Valeria Bruni Tedeschi, Benjamin Voisin, Philippine Velge et celui qui sera le centre du film, Félix Lefebvre sont au générique.

Stillwater de Tom McCarthy

Après l'Oscar du meilleur film pour Spotlight, le réalisateur s'oriente vers une nouvelle aventure, qu'il a scénarisé par Jacques Audiard, Thomas Bidegain et Noé Debré. Matt Damon incarnera un père qui doit aller en France pour aider sa fille, arrêtée pour meurtre.

Peninsula de Yeon Sang-ho

Quatre ans après avoir pris le Dernier train pour Busan, le virus zombie s'est répandu à travers la Corée. Yeon Sang-ho veut faire de cette suite surprise une extension de l'univers. Cela se passe après les événements de Busan, mais pas avec les mêmes personnages.

The French Dispatch de Wes Anderson

Autant dire qu'on est un peu surexcité à l'idée de cette histoire française par le plus stylé des cinéastes américains. Surtout que le casting de ce scénario-puzzle réunit Timothée Chalamet, Léa Seydoux (qui avec le James Bond et le Dumont s'offre une belle année), Tilda Swinton, Saoirse Ronan, Benicio Del Toro, Frances McDormand, Kate Winslet et Bill Murray.

#Jesuislà d'Eric Lartigau

Si on devait retenir une comédie populaire françaie, ce serait celle-là. Parce q'Alain Chabat (et Blanche Gardin). Parce que la Corée du sud. Parce que Lartigau, comme Nakache/Toledano, maîtrise généralement bien ses scénarios.

Mort sur le Nil de Kenneth Branagh

Le film d'énigme redevient à la mode. En reprenant la moustache et l'accent belge d'Hercule Poirot, Branagh (qui réalise aussi Artemis Fowl cette année), s'offre de nouveau Agatha Christie et un casting chic (Gal Gadot, Armie Hammer, Annette Bening, Tom Bateman, Letitia Wright , Sophie Okonedo, Jennifer Saunders, Ali Fazal...) pour rebooter ce classique policier.

Mads Mikkelsen retrouve Thomas Vinterberg

Posté par vincy, le 6 septembre 2019

Druk, ou dans sa version anglaise Another Round, sera le nouveau film (danois) de Thomas Vinterberg. Le magazine Screen International vient d'en publier le premier cliché. Ecrit par le réalisateur et Tobias Lindholm (qui a réalisé Hijacking, A War et deux épisodes de Mindhunter), le film raconte l'histoire de professeurs de lycées qui tentent une expérience pour supporter leur quotidien: vivre constamment aevc un certain degré d'alcool dans le sang. De l'amitié à leur liberté, cette intoxication aura des conséquences.

Cette comédie dramatique et provocatrice réunit Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe, Susse Wold, tous quatre au casting de La chasse du même Vintebrerg (2012), mais aussi Magnus Millang et Maria Bonnevie. La sortie est calée pour 2020.

Thomas Vinterberg a réalisé ses dernières années Loin de la foule déchainée, La communauté et Kursk (sorti l'an dernier). Mads Mikkelsen vient de tourner le film SF Chaos Walking de Doug Liman, avec Daisy Ridleye et Tom Holland.

Léa Seydoux enchaîne les tournages

Posté par redaction, le 6 mai 2017

Depuis le tournage de Juste la fin du monde de Xavier Dolan sorti l'an dernier, Léa Seydoux n'avait plus rien tourné. En février, elle a confirmé qu'elle se remettait au travail avec Kursk de Thomas Vinterberg (lire notre actualité du 8 février). Le film du réalisateur danois, produit par Luc Besson, est en tournage depuis deux semaines.

L'actrice française enchaînera dès lundi, le 8 mai, à Montréal le tournage de Zoe. Réalisé par Drake Doremus (A la folie, Equals), ce film de science-fiction qui mêle drame et romance, a été scénarisé par Richard Greenberg (la série "The Beauty Inside"). Léa Seydoux rejoint ainsi Ewan McGregor, Christina Aguilera (Burlesque), Theo James (Divergente), Rashida Jones (The Social Network), Miranda Otto (La Guerre des mondes) et Matthew Gray Gubler ("Esprits criminels").

Seydoux et McGregor y seront deux collègues travaillant dans un laboratoire de recherches sur l’amélioration des relations amoureuses (lire notre article du 23 janvier). Au fil de leurs travaux, ils découvrent que leur produit va beaucoup plus loin que ce qu'ils imaginaient.

Thomas Vinterberg, Matthias Schoenaerts, Colin Firth et Léa Seydoux à bord du Koursk

Posté par vincy, le 8 février 2017

Thomas Vinterberg, actuellement en salles avec son film La communauté, embarque Matthias Schoenaerts (qui avait déjà joué pour le cinéaste danois dans Loin de la foule déchaînée), Colin Firth et Léa Seydoux dans son prochain film, Kursk.

L'adaptation du roman de Robert Moore, A Time To Die: The Kursk Disaster, non traduit en France et publié en 2002, a été écrite par Robert Rodat (Il faut sauver le Soldat Ryan, The Patriot, Thor: Le monde des ténèbres). Le livre raconte la véritable histoire du naufrage du sous-marin nucléaire russe Kursk. "Tandis qu’à bord du navire endommagé les marins se débattent pour survivre, au sol, leurs familles luttent désespérément contre les blocages politiques qui ne cessent de compromettre l’espoir de les sauver" explique le pitch de la production.

Le tournage de cette coproduction Via Est-Belga Productions-EuropaCorp débutera le 18 avril.

Le K-141 « Koursk » est un sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière russe mis en service en 1994. Il a sombré le 12 août 2000 avec ses 118 hommes d'équipage, à la suite d'une série d'explosions à son bord.

Berlin 2016 : nos pronostics et favoris pour le palmarès

Posté par MpM, le 19 février 2016

Fuocoammare

L'heure est déjà aux pronostics et bilans en vue du palmarès du 66e festival de Berlin qui sera révélé samedi 20 février, après dix jours d'une compétition éclectique et de bonne facture qui a permis de mettre à l'honneur le cinéma dans tous ses états. Premier constat, c'est que là où Cannes entérine le talent en invitant chaque année les plus grands réalisateurs du monde, Berlin essaye de le révéler, de donner une chance aux nouveaux venus ou cinéastes moins réputés, et se concentre pour cela en priorité sur ce que proposent les films sélectionnés plus que sur ceux qui les font, stars et paillettes incluses.

Pour le jury, il ne s'agit donc plus de distinguer le plus "méritant" parmi ses pairs, mais bien de choisir une direction, un type de cinéma, une esthétique, voire un message à défendre, en prenant en compte au-delà des qualités purement  cinématographiques, une notion d'urgence et de nécessité, d'expérimentation ou d'audace. Dans cette optique, bien des choix s'offrent à la présidente Meryl Streep et aux jurés.

Fuocoammare, ours d'or trop évident ?

crosscurrentDans la droite ligne de la tradition berlinoise, l'Ours d'or pourrait aller à l'un des films les plus politiques de la sélection. Un choix logique serait Fuocoammare de Gianfranco Rosi qui aborde avec beaucoup de subtilité le sort terrible des migrants en recherche d'une terre d’accueil. Mais peut-être est-ce trop évident, dans une Berlinale qui a mis continuellement l'accent sur l'aide aux réfugiés. Un Grand prix pourrait alors faire l'affaire, à condition de choisir un ours d'or qui fasse contrepoint.

De notre point de vue, CrossCurrent de Yang Chao serait le choix idéal, mêlant des qualités cinématographiques sidérantes à un propos complexe sur la Chine contemporaine. Ce serait alors le 2e Ours d'or pour un film chinois en l'espace de trois éditions (Black coal, thin ice de Diao Yi'nan en 2014) et le 3e en 10 ans (Le mariage de Tuya de Wang Quan'an en 2007).

Mais ce sont loin d'être les seules options du jury pour les deux plus grands prix. S'il souhaite être radical, il s'orientera vers A Lullaby to the Sorrowful Mystery de Lav Diaz et ses 8 heures de projection-marathon dans un noir et blanc classieux. S'il souhaite être politique, il choisira Mort à Sarajevo de Danis Tanovic et sa vision corrosive de l'ex-Yougoslavie et de l'Europe, ou même Zero days, l'impressionnant documentaire d'Alex Gibney sur le virus Stuxnet et le recours par les Etats-Unis à la guerre virale pour lutter contre le nucléaire iranien... A condition que Meryl Streep n'ait rien contre le fait de se fâcher avec l'administration Obama.

Hedi, prix du scénario du coeur

Le point fort de la compétition cette année hediétait clairement le scénario, et les candidats au prix ne manquent pas. On a une préférence pour Hedi de Mohammed Ben Attia qui raconte l'émancipation d'un jeune homme jusque là étouffé par une famille trop aimante. Avec une subtilité déconcertante, le film évite tous les écueils du drame familial qui tourne au cauchemar pour aller systématiquement vers la lumière et l'espoir.

A côté des sujets plutôt lourds abordés par les autres concurrents, ce premier film tunisien intimiste a quelque chose de l'outsider improbable, et pourtant il est incontestablement la découverte du festival. A défaut du scénario, Meryl Streep pourrait choisir de distinguer l'acteur masculin, le caméléon Majd Mastoura qui arrive à changer de physionomie d'une scène à l'autre, recroquevillé et maladroit quand il est sous le joug de sa mère, ouvert et séduisant quand il est enfin libre.

Quand on a 17 ans d'André Téchiné serait également un choix intéressant de prix du scénario, tant le film vaut par sa finesse d'écriture, là encore toujours plus subtile que son sujet ne le laissait présager. Même chose pour The commune de Thomas Vinterberg qui a par ailleurs l'avantage d'être l'un des films les plus drôles, quoique grinçant, de la compétition, avec l'Avenir de Mia Hansen-Love, lui aussi joliment écrit. Toutefois, les jurés pourraient leur préférer 24 Wochen d'Anne Zohra Berrached, pas vraiment un grand film, mais qui tient un propos intelligent et mesuré sur la difficile question de l'avortement thérapeutique.

CrossCurrent et A Lullaby to the Sorrowful Mystery favoris pour le Prix de mise en scène ?

lullabyLe choix sera sans doute plus facile pour le prix de mise en scène qui devrait en toute logique récompenser l'une des propositions esthétiques de la compétition, à condition que les plus fortes d'entre elles (CrossCurrent de Yang Chao et A Lullaby to the Sorrowful Mystery de Lav Diaz) n'aient pas déjà reçu une récompense plus importante.

Les teintes désaturées du film polonais United states of love de Tomasz Wasilewski ou la construction expérimentale de A dragon arrives de Mani Haghighi peuvent alors être des seconds choix intéressants.

En revanche, il faut espérer que le jury ne tombera pas dans le piège du noir et blanc maniéré d'Ivo M. Ferreira pour Lettres de guerre. A la limite, on préférerait voir distinguée la rigueur stylistique de Jeff Nichols dans Midnight special, même si le film se perd en route.

Isabelle Huppert, Julia Jentsch et Trine Dyrholm en tête

On a vu plusieurs grands rôles féminins juliacette année, et il est possible que la présence de Meryl Streep au jury fasse pencher la balance en faveur d'une des deux cinquantenaires délaissées : celle de l'Avenir de Mia Hansen-Love, incarnée avec humour par une Isabelle Huppert très juste, ou celle de The commune de Thomas Vinterberg, Trine Dyrholm, qui propose une composition plus dramatique.

Julia Jentsch (24 Wochen) serait elle-aussi une candidate sérieuse en femme contrainte à une décision impossible, mais elle a déjà obtenu le prix en 2005 pour son rôle dans Sophie Scholl, les derniers jours. Un doublé à l'horizon ?

Bien sûr, la surprise pourrait aussi venir du casting féminin d'United states of love avec un prix collectif pour les quatre actrices Julia Kijowska, Magdalena Cielecka, Dorota Kolak et Marta Nieradkiewicz.

Pas de favori pour le prix d'interprétation masculine

soy neroCôté acteurs masculins, personne ne se détache vraiment, ce qui laisse la possibilité au jury de mettre en avant un film sur lequel il n'arrive pas à se mettre d'accord. On pense notamment à Johnny Ortiz, le jeune homme déraciné de Soy Nero, à Majd Mastoura pour Hedi, à Amir Jadidi pour A dragon arrives, à Qin Hao pour Crosscurrent, au casting masculin dans sa globalité du film de Lav Diaz, ou même au duo Kacey Mottet Klein et Corentin Fila pour Quand on a 17 ans.

S'ils sont vraiment désespérés, les jurés pourraient toutefois aller jusqu'à se tourner vers des performances pensées pour impressionner comme celles de Brendan Gleeson en résistant au nazisme dans Alone in Berlin de Vincent Perez, de Denis Lavant dans Boris sans Béatrice de Denis Côté ou de Colin Firth et Jude Law, respectivement éditeur de génie et écrivain grandiloquent dans Genius de Michael Grandage.

Mais avant même de connaître les lauréats 2016, on peut d'ores et déjà se réjouir des belles propositions de cinéma découvertes pendant cette 66e édition de la Berlinale, qui viennent rappeler que le cinéma ne se résume pas aux suites, prequels, franchises, comédies décérébrées et autres blockbusters qui se bousculent au box-office à longueurs d'année. Un cinéma engagé (politiquement comme artistiquement), ancré dans son époque, qui propose des pistes de réflexion et d'interrogation au spectateur, et refuse les voies formatées du prêt-à-penser. Contrairement à ce que laissait entendre un titre de la compétition, le cinéphile, lui, n'est jamais seul à Berlin.

La 66e Berlinale : 18 films pour un Ours d’or

Posté par vincy, le 11 février 2016

Le jury du 66e Festival de Berlin présidé par Meryl Streep, entourée de Lars Eidinger (acteur), Nick James (critique), Brigitte Lacombe (chef op), Clive Owen (acteur), Alba Rohrwacher (actrice) et Ma?gorzata Szumowska (réalisatrice), va devoir choisir entre 18 films de la compétition pour trouver le successeur de Taxi Téhéran de Jafar Panahi.

Même si la Berlinale ne se résume pas à cette sélection (la section Panorama, plus éclectique et cosmopolite, est souvent la plus intéressante), même si les 30 ans des Teddy Awards feront aussi l'événement, il y a parmi ces films un Ours d'or qui fera parler de lui.

Côté français, Mia Hansen-Love, André Téchiné et Vincent Perez seront en lice. D'Amérique du nord, on verra les nouveaux films de Denis Coté et Jeff Nichols. Et puis il y a de grands noms du cinéma mondial: Yan Chao de Chine, Lav Diaz des Philippines, Thomas Vinterberg du Danemark, Danis Tanovic de Bosnie... La compétition accueille même deux documentaires et deux premiers films.

Hors compétition, les Coen, Delépine et Kervern Lee Tamahori, Dominik Moll et Spike Lee feront sensation au Berlinale Palast. Et dans les séances spéciales on attend les films de Terence Davies, Don Cheadle, Kiyoshi Kurosawa et Michael Moore.

Notons dans la section panorama la présence des films de Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Théo et Hugo dans le même bateau), Rachid Bouchareb (La route d'Istanbul), d'Oliver Schmitz (Shepherds and Bitchers), de Bouli Lanners (Les premiers, les derniers), de Daniel Burman (El rey del once) et de Wayne Wang (While the Women Are Sleeping)

La Berlinale n'a pas particulièrement misé sur le glamour cette année, à l'exception du tapis rouge pour Avé César! des frères Coen et son casting de folie en ouverture: Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Tilda Swinton et Channing Tatum. Mais plusieurs stars sont attendues: Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Michael Shannon, Ewan McGregor, Colin Firth, Emma Thompson, Nicole Kidman, Jude Law, Daniel Brühl, Kirsten Dunst, Jennifer Ehle, Steve Coogan, James Franco, Julianne Moore, Greta Gerwig...

Cannes 2013 : Thomas Vinterberg, prix Media de l’Union européenne

Posté par vincy, le 13 mai 2013

thomas vinterberg

Après Asghar Farhadi l'an dernier, c'est le cinéaste danois Thomas Vinterberg qui recevra le prix Media de l'Union européenne dimanche 16 mai à 11h30 au Café des Palmes lors du Festival de Cannes. Ce prix récompense le meilleur nouveau projet cinématographique avec un fort potentiel de succès, susceptible de bénéficier d'un soutien au titre du programme européen MEDIA pour le cinéma. Cela a porté chance à Farhadi (Une séparation) qui avait bénéficié du généreux chèque de 60 000 € pour finaliser le développement de son film Le Passé (lire notre actualité), cette année en compétition à Cannes.

Vinterberg avait été révélé sur la Croisette en 1998 avec Festen, prix du jury. L'an dernier il était en compétition avec La chasse, prix du jury eucuménique et qui permit à Mads Mikkelsen de recevoir le prix d'interprétation masculine. Président du jury des Courts métrages en 1999, le cinéaste danois est cette année président du jury Un certain regard.

Le réalisateur recevra son prix des mains d'Androulla Vassiliou, Commissaire chargé de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse. Un beau cadeau d'anniversaire puisqu'il célèbrera ses 44 ans ce jour là.

Thomas Vinterberg, son co-auteur Tobias Lindholm et sa productrice Sisse Graum (Zentropa) ont été choisis pour leur film Kollektivet (The Commune) : l'histoire retrace la vie dans une commune danoise dans les années 70.

«Le développement est une étape tellement essentielle et une partie éminemment créative du processus de création cinématographique. Quelle chance de pouvoir compter sur une institution telle que le programme MEDIA de l'Union européenne, qui reconnaît et soutient la création cinématographique à son stade le plus délicat!», a déclaré Thomas Vinterberg.

«Les films de Thomas ne sont jamais banals: ils stimulent toujours la réflexion et sont toujours magnifiquement écrits et interprétés. Il n'a pas peur de prendre des risques et, après le succès mondial de son chef-d’œuvre La Chasse, nous sommes impatients de découvrir son prochain film », a déclaré Mme Vassiliou.

Cannes 2012 : Qui est Mads Mikkelsen ?

Posté par MpM, le 20 mai 2012

Avec son visage anguleux et son regard impénétrable, Mads Mikkelsen semble être de ces comédiens capables de tout jouer sans effort. Compositeur post-romantique révolutionnaire, guerrier sauvage ou directeur d’un orphelinat indien, il entre dans la peau de chacun de ses personnages avec une aisance qui le rend systématiquement crédible, et souvent remarquable. Peut-être parce qu’il a commencé sa carrière au théâtre, brûlant les planches de son Danemark natal pendant une dizaine d’années avant de faire une entrée fracassante dans le monde du cinéma avec Pusher de son compatriote Nicolas Winding Refn, le premier volet d’une trilogie noire et violente sur le milieu du crime à Copenhague.

Très vite, les rôles s’enchaînent. Avant d’obtenir son premier grand rôle dans Pusher 2 en 2004, il joue ainsi notamment dans un autre polar signé Anders Thomas Jensen (Lumières dansantes), puis dans la comédie grinçante du même réalisateur, Les bouchers verts, et débute également sa collaboration avec la cinéaste Suzanne Bier (Open hearts), avec laquelle il tournera After the Wedding, nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, en 2007.

Tout en poursuivant son travail à domicile, Mads Mikkelsen entame une carrière internationale en 2004 avec Le roi Arthur d’Antoine Fuqua, incarnant Tristan, l’un des chevaliers de la table ronde. Le film ne laisse pas un souvenir impérissable, mais le comédien danois a désormais un pied à Hollywood. Il devient le chiffre, le méchant charismatique de Casino royale, aux côtés de Daniel Craig. C’est un succès à la fois critique et public, qui ouvre à Mikkelsen des horizons insoupçonnés.

Continuant de partager son temps de travail entre cinéma danois et superproductions internationales, l’acteur est Igor Stravinski dans Coco et Igor de Jan Kounen, le sauvage One-Eye dans Le guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn, le chef des gardes royaux d’Argos dans Le choc des titans de Louis Leterrier, le comte de Rochefort dans Les trois mousquetaires de Paul W.S. Anderson et le physicien royal allemand Johann Friedrich Struensee, conseiller du Roi Christian VII du Danemark, dans Une affaire royale de Nikolaj Arcel.

Aussi convaincant en costume d’époque avec perruque qu’en homme d’action abonné à la 3D, Mads Mikkelsen donne l’impression ces dernières années d’avoir surtout privilégié ce second type de rôle. Avec The Hunt (La chasse) du Danois Thomas Vinterberg, en lice pour la palme d’or, il renoue avec un cinéma plus auteuriste sans doute moins spectaculaire, mais peut-être plus payant pour accéder au rêve de tout acteur : un prix d’interprétation dans un grand festival international.