Cannes 2017 : 10 questions (im)pertinentes pour faire le bilan

Posté par kristofy, le 31 mai 2017

Le 70ème Festival de Cannes est terminé officiellement, mais en réalité il va continuer durant quelques mois encore sous une autre forme au rythme des sorties de films en salles de cinéma. Pourquoi la Palme d'or à The Square et pas à 120 battements pas minute ? Que s'est-il est passé avec Okja et Netflix ? Et du côté des films de Lynne Ramsay et de Sofia Coppola ? On s'est déjà posé 10 questions (im)pertinentes, avec des réponses possibles. Avec des si on referait le monde... alors refaisons Cannes.

1 - Pourquoi Okja de Bong Joon-ho ne figure pas au palmarès ?

En ouverture de festival, Pedro Almodovar a été questionné en tant que président du jury à propos d'une éventuelle Palme d'or à un film distribué par Netflix. Il a fait une déclaration qui a été comprise comme une exclusion de deux films en compétition (Okja et The Meyerowitz Stories) pour la récompense suprême : « Ce serait un énorme paradoxe que la Palme d'or ou un autre prix à un film ne puisse pas être vu en salles, il ne faut pas que cette nouvelle plate-forme se substitue au fait d'aller voir des films en salles... » (il ne faut pas découvrir un film sur un écran plus petit que sa chaise... lire aussi notre actualité du 19 mai). A savoir qu'il y aurait eu recadrage pour une correction diplomatique dès le lendemain : «Ni moi ni aucun des membres de mon jury ne ferons de distinction entre les deux films Netflix et les autres en compétition. Nous sommes ici pour juger les dix-neuf longs métrages sélectionnés sur le plan artistique... ». Reste que Bong Joon-ho est l'un des plus grands réalisateurs de sa génération et que son film Okja était l'un des meilleurs de la sélection cette année. Alors l'ignorer en dit long sur la capacité à juger un film populaire et divertissant, tout en étant porté par un message politique (coucou les jurés du festival de Cannes 2006 qui ont oublié dans leur palmarès Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro).

2 - Quel est le vrai problème avec Netflix ?

En France il y a diverses règlementations liées à la chronologie des médias, avec un délais pour un film entre son exploitation en salles de cinéma et sa diffusion en VàD sur internet. Le système est plutôt vertueux en France. Le cinéma français est en partie financé via le CNC avec un pourcentage prélevé sur chaque ticket de cinéma vendu. Les plateformes de VàD sont soumises à un impôt sur leurs revenus (comme toute entreprise). Netflix diffuse des films en France sans vraiment être taxé - le problème de l'évasion fiscale est d'ailleurs un macro-problème européen puisque des sociétés géantes de par leurs bénéfices minimisent leur imposition au maximum (dont Amazon qui distribue aussi des films, dont L'Oréal partenaire du festival de Cannes, dont Renault, autre partenaire, qui a installé son siège au Pays-Bas...).
Pedro Almodovar (et son frère producteur Agustin Almodovar) connait bien le sujet pour avoir été impliqué en avril 2016 dans le scandale des 'Panama papers' avec un compte offshore, au point d'arrêter la promotion de son film Julieta en Espagne (lire notre actualité du 12 avril 2016). Cela ne l'a pas empêché d'ailleurs de venir présenter Julieta ensuite en mai à Cannes.
Netflix, dont on ne conteste absolument pas la qualité des productions, loin de là, c'est avant tout un problème d'argent : les impôts d'une part, le financement du cinéma d'autre part. Ce n'est donc pas simplement un souci de chronologie des médias.

3 - Un film Netflix peut-il sortir en salles de cinéma ?

Netflix est, selon certains films et certaines séries, co-producteur et/ou diffuseur. Quand Netflix achète un titre pour le diffuser dans le monde via sa plateforme on dit alors qu'il s'agit d'un "film Netflix". Ainsi le film Message from the King réalisé aux Etats-Unis par le belge Fabrice Du Welz est un film Netflix qui est donc diffusé via Netflix, mais un accord a été trouvé avec la société de distribution The Jokers pour la France qui aura été l'un des rares pays à sortir ce film en salles de cinéma, c'était le 10 mai bien avant le débat à Cannes... Okja sortira en salles le 28 juin en Corée du Sud. Quant à The Meyerowitz Stories, s'il veut concourir aux Oscars, il devra au moins être diffusé à Los Angeles sur grand écran. Preuve que quand Netflix veut, Netflix peut. En France, il semblerait qu'aucun accord n'ait été trouvé avec des distributeurs. Mais il s'agirait plutôt d'un manque de volonté de la part de la plateforme. Dans cette histoire, c'est le spectateur qui est perdant. Il va falloir revoir la Loi. Pour l'instant, seul Arte a réussi à contourner le problème avec des films comme Carole Matthieu ou I am not your Negro, les diffusant en exclusivité durant 7 jours sur sa chaîne en "replay" après une diffusion en prime-time, avant de les rendre disponible pour une sortie en salles. D'un côté un million de téléspectateurs ont vu le documentaire de Raoul Peck. De l'autre, il n'a été vu que par 31000 spectateurs en salles.

4 - Quel est l'enjeu pour Okja?

Pour Okja de Bong Joon-ho, c'est bien plus compliqué que pour un (télé)film avec Isabelle Adjani. Ce film est considéré comme une poule aux œufs d'or par Netflix, qui attend un retour sur investissement après l'avoir financé à hauteur de 50 millions de dollars ! Il faut savoir que le film précédent du réalisateur Snowpiercer, le Transperceneige avait été exploité aux Etats-Unis par the Weinstein Company en VàD avec succès, c'était même un record de bénéfices de l'année en vidéo à la demande. Snowpiercer, le Transperceneige est devenu un 'gamechanger' pour l'industry : distribuer ce film en VàD a coûté moins cher et a rapporté plus d'argent que via un circuit de salles de cinéma (nuançons: les Weinstein avait massacré au montage la version cinéma aux USA)...
Il faut se souvenir que en France cette expérience de produire un film et de maximiser les recettes sans passer par les salles avait déjà eu lieu. Wild Bunch l'avait expérimenté en 2014 avec Welcome to New-York de Abel Ferrara avec Gérard Depardieu, tout en profitant de Cannes pour son lancement (mais lors de projections hors sélections cannoises, lire aussi notre actualité du 4 mai 2014).

Okja est produit et diffusé par Netflix, mais ce film est aussi coproduit par Plan B, la société de production de Brad Pitt, dont le dernier film, War Machine n'est visible que sur Netflix. Plan B produit donc des films dans lesquels Brad Pitt est acteur bien entendu mais aussi quantité de films d'auteur qui ont été récompensés aux Oscars, comme il y a quelques mois Moonlight, mais aussi The big short: Le casse du siècle ou 12 years a slave... Plan B a eu aussi des films sélectionnés en compétition au Festival de Cannes comme en 2012 Cogan: killing them softly, et avant en 2011 The Tree of life de Terrence Malick qui a obtenu la Palme d'or. En dehors du débat Netflix, Okja de Bong Joon-ho avait bien évidement toute sa place en compétition à Cannes.

5 - Comment juger de la qualité de la sélection des films en compétition ?

Environ 1500 longs métrages ont été vus par le comité de la sélection officielle, et 19 films ont été retenus en compétition, le tout sous la responsabilité de Thierry Frémaux. Il a d'ailleurs publié un livre à ce sujet (Sélection officielle, journal) où il indique notamment avoir refusé le dernier film de Emir Kusturica pourtant déjà double-palmé d'or et avoir avertit Sean Penn qu'il fallait mieux revoir le montage de son The last face (hué l'année dernière)... Certains films ne sont pas achevés lors de leur sélection, d'autres revoient leur montage après les projections cannoises.

Cannes se doit d'être dans une certaine mesure fidèle à "ses" auteurs, les fameux "abonnés" comme Michael Haneke, Naomi Kawase, Andreï Zviaguintsev, Sergei Loznitsa, Hong Sang-soo... (et bien entendu Pedro Almodovar, au détriment de tout autre réalisateur espagnol), tout en étant une vitrine du meilleur du cinéma international. Difficile donc de figurer en compétition pour un premier film (même si ça a été le cas). Généralement, il y a une sorte de parcours fléché, qui va d'un premier film en section parallèle, à une sélection à Un certain regard puis un passage en compétition. Il arrive aussi que des fidèles et même des palmés, à l'instar de Kawase ou Cantet ou même Van Sant, soient retenus à Un certain regard et pas en compétition.

Si la sélection ressemble parfois à du name-dropping Thierry Frémaux le premier sait bien que les films choisis sont de qualité inégale. Certains décèlent un indice de faiblesse quand le film "monte les marches" en pleine après midi (cette année ce fut le cas avec Wonderstruck de Todd Haynes, Le jour d'après de Hong Sang-soo, Rodin de Jacques Doillon, Une femme douce de Sergei Loznitsa, tous ignorés du palmarès). Chaque année on se dit rétrospectivement que tel film ne méritait pas la compétition et aurait été mieux dans la sélection Un Certain Regard, et inversement. Ainsi Jeune Femme le premier film français de Leonor Seraille était à découvrir à Un Certain Regard et a d'ailleurs remporté le prix de la Caméra d'or. Mais comme on le constate dans les tableaux d'étoiles des divers critiques de la presse écrite mondiale, tous les goûts sont dans la nature. Et une chose est sûre: la moitié de la compétition, comme chaque année, fera l'événement lors des palmarès de fin d'année et des sorties en salles (il suffit de voir tous les prix récoltés par Toni Erdmann alors que le film n'a pas reçu un seul prix au palmarès cannois).

6 - Quelle place pour les femmes réalisatrices ?

La question revient chaque année: il faudrait plus de femmes en compétition. Mais doit-on se soucier qui est derrière la caméra quand on doit sélectionner la crème du cinéma? Michel Ciment nous confiait lors de cette 70e édition qu'il s'agissait d'un faux procès: combien de chefs d'œuvre réalisés par une femme ont été oubliés sur la Croisette ? Le problème est en amont: dans l'accès à la réalisation pour les cinéastes femmes. Pas dans une sélection qui choisi en fonction des films qu'on lui propose. L'actrice Jessica Chastain membre du jury a déclaré après le palmarès: « Il y a des exceptions, mais pour la majeure partie j'ai été surprise par la représentation des personnages féminins à l'écran, cette vision des femmes à l'écran est assez perturbante pour être honnête ». Névrosée, soumise, battue, violée, trompée, victime, absente, abusée: on ne peut pas dire que les personnages féminins étaient radieux cette année. La réalisatrice allemande Maren Ade a ajouté: « Nous n’avons pas primé des femmes parce que ce sont des femmes, mais il est vrai que c’est la première fois que le prix de la mise en scène est remis à une femme » (en fait c'est la deuxième fois: en 1961, la russe Ioulia Solntseva était entrée dans l'Histoire en étant la première réalisatrice primée) et par l’actrice chinoise Fan Bing Bing « très heureuse d’avoir remis le prix à Sofia Coppola qui a fait un travail remarquable ».

On aime vraiment beaucoup les films de Sofia Coppola, mais son dernier Les Proies n'est pas son film le plus fort : ce remake de Don Siegel d'après un roman écrit par un homme ((lire notre décryptage sur le sujet) et où les personnages féminins se perdent dans la jalousie jusqu'à préméditer torture et meurtre est même un peu le contraire de l'intention féministe affichée. Donner un prix de mise en scène à Sofia Coppola parce que ce serait une femme, si c'est le cas, c'est aussi troublant que si Naomi Kawase avait été palmée pour Vers la lumière, moins convaincant que le sublime Still the Water (ignoré par le jury à l'époque). Et quitte à faire du féminisme, alors Lynne Ramsey méritait une Palme d'or pour You Were Never really Here, l'un des rares chocs du Festival. La britannique est repartie avec un prix du scénario ex-aequo. Dommage que Jessica Chastain, Maren Ade et Fan Bing Bing n'aient pas vu Jeune Femme de Leonor Seraille (où d'ailleurs dans l'équipe technique il y avait quasiment que des femmes cheffe de poste à l'image, au montage, au son...)...

7) Pourquoi la réalisatrice Lynne Ramsay n'a pas eu le prix de mise en scène ou la Palme d'or ?

Le prix de mise en scène au remake Les Proies de Sofia Coppola est une hérésie, surtout que plus de la moitié des cinéastes en compétition méritait davantage ce prix (de Hong Sang-soo aux frères Safdie). Au fait, et pourquoi ce prix de mise en scène n'a pas été à Lynne Ramsay qui, avec son You were never really her, était largement plus justifié ? Il y a une explication : le règlement actuel du festival n'autorise plus que ce prix de la mise en scène puisse être cumulé avec un autre prix. Et comme le jury voulait pour ce film remettre le prix du meilleur acteur à Joaquin Phoenix, alors il a cité Lynne Ramsay ailleurs dans le palmarès avec un prix ex-aequo du scénario. Ce qui d'ailleurs est assez cocasse vu le scénario minimaliste du film : "un tueur à gages au grand-coeur sensible va protéger une jeune fille victime d'une élite pourrie" (soit la même trame dont se sert Luc Besson pour produire Léon, Le baiser mortel du dragon, Le Transporteur, Hitman, Taken...). Ici, évidemment, c'est brillant, percutant, audacieux. C'est bien grâce à sa direction d'acteur, sa réalisation, son jeu avec le hors-champs, son sens du montage, que le film se distingue des autres.

8 - Pourquoi les marches avaient un air de déjà-vu ?

On constate depuis quelques années un autre groupe de fidèles: les acteurs et actrices. Quand il y a au générique Isabelle Huppert, Marion Cotillard, Juliette Binoche, Vincent Lindon, Nicole Kidman, Robert Pattinson, Kirsten Stewart, Tilda Swinton ou encore Jessica Chastain, la probabilité d'être à Cannes augmente. Il y a un "casting" Cannes. Des acteurs qui choisissent les bons auteurs ou des auteurs qui préfèrent la sécurité d'un comédien ou d'une comédienne renomé(e) dans le circuit art et essai? Reste que cette concentration ne favorise pas l'excitation. Voir quatre fois Kidman, aussi bonne soit-elle et aussi judicieux soient ses choix, ou Huppert (l'an dernier) en douze jours, ça frôle l'overdose. Retrouver Cotillard tous les ans sur les marches depuis quelques festivals, ça lasse un peu. Il manque de la fraîcheur, de la nouveauté, du jamais vu à Cannes. D'où le "hot buzz" autour de Will Smith cette année ou de Julia Roberts l'année dernière. En compétition au 70e Festival, ce sont finalement les jeunes qui ont apporté cet oxygène (Okja, 120 BPM, Wonderstruck, ...) et ce sont deux acteurs plus rares à Cannes qui ont emporté le prix d'interprétation: Diane Kruger (pour la deuxième fois en compétition sur 6 films en sélection officielle) et Joaquin Phoenix, qui n'avait pas eu de films en compétition depuis quatre ans (et qui l'a toujours été avec James Gray jusque là).

9 - C'est quoi un bon film de minuit ?

L'année dernière on a été gâtés avec la Corée du Sud et Dernier train pour Busan, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut considérer le polar coréen comme un réservoir où trouver des films de minuit. Pourtant ce fut encore le cas en 2017 avec The Villainess et The Merciless, certes plaisants, parfois jouissifs, mais sans plus. Quitte à mettre un film d'action coréen en séance de minuit il aurait mieux valu choisir par exemple The Battleship Island de Ryoo Seung-wan en avant-première (sortie en juillet en Corée). Si d'autres années les séances de minuit ont été inoubliables avec L'armée des morts de Zack Snyder ou Jusqu'en enfer de Sam Raimi, ce n'est pas seulement parce que il y avait des zombies ou des démons : c'est parce que c'était avant tout des bons films, qui nous font revivre un genre de cinéma qu'on a découvert bien plus jeune (et différent de certains films trop longs de 2h20 avec des plans fixes...). Le mot-clé pour une séance de minuit c'est 'divertissement', une séance de minuit ça doit être un peu festif comme par exemple avec la venue l'année dernière de Mel Gibson pour Blood Father ou carrément sulfureux comme Love de Gaspar Noé. On aurait bien voulu une séance de minuit idéale avec le film Baby Driver réalisé par Edgar Wright en sa présence avec sa bande d'acteurs (Ansel Elgort, Lily James, Jamie Foxx, Kevin Spacey, Jon Hamm...) qui va sortir en juillet. Malheureusement, cette année, les films hors-compétition ou séances spéciales étaient avant tout des (bons) documentaires, trois films d'auteurs grand public plutôt ratés (Miike, Cameron Mitchell, Polanski) et des formats singuliers (série TV, Réalité virtuelle). Pas l'ombre d'un blockbuster hollywoodien, pour la première fois depuis très longtemps.

10 - Et si le festival de Cannes interdisait qu'un film en compétition sorte en salles durant le festival ?

Rodin de Jacques Doillon est sorti en salles le 24 mai, L'amant double de François Ozon est sorti en salles le 26 mai : ces films qui étaient en compétition officielle furent donc visibles dans n'importe quel cinéma en même temps (voir même avant) que la projection officielle de Cannes. C'est le cas chaque année pour certains titres. Le règlement actuel impose que le film en compétition ne soit pas sorti avant dans un autre pays que le sien (ainsi les Almodovar sortent souvent en avril, même s'ils sont à Cannes en mai).

Pour le cinéma français, depuis Cyrano, en salles deux mois avant sa sélection cannoise, les films peuvent, au mieux, sortir le même jour que sa montée des marches. Ce qui est surprenant c'est que la plupart des distributeurs ont cessé de sortir un film cannois pendant Cannes. A une époque, durant le Festival, plusieurs films essayaient de profiter du buzz de la Croisette et de son exposition médiatique maximale pour séduire les spectateurs. Il s'avère que c'était assez contre-productif. D'une part, le distributeur et l'attaché de presse frôlaient le burn-out entre la présence cannoise et la sortie du film. Ensuite, pour peu que le film ait été mal reçu par la presse à Cannes, cela le plombait.

Généralement, désormais, les films cannois sortent entre la mi-août et le début de l'hiver. Il y a plusieurs avantages. La presse peut revoir à la hausse son évaluation du film avec le temps. En sortant plus tard, il revient à la mémoire des professionnels quand il s'agit de voter pour les césar, Oscars & co. Cela permet aussi d'installer une attente sur certains films, notamment quand ils figurent au palmarès. Enfin, il y a plus de spectateurs adeptes de films art et essai en octobre et décembre dans les cinémas qu'entre mai et juillet, où les productions hollywoodiennes dominent les écrans.

La moindre des choses seraient au moins d'attendre la fin du festival et un éventuel prix au palmarès. On sent bien que Cannes ne sert que de vitrine promotionnelle. Le Festival a déjà pris des mesures en 2018 pour qu'un film Netflix ne soit pas en compétition sans la possibilité d'une sortie en salles en France (ce qui laisse une porte ouverte à une sélection de prestige hors-compétition...). Il faudrait aussi contraindre les films en compétition à ne pas sortir durant le Festival. Chiche ?

Cannes 2017 : le jury du 70e Festival

Posté par wyzman, le 25 avril 2017

A trois semaines de la 70ème édition, les organisateurs du festival de Cannes viennent de dévoiler la liste des jurés. Du 17 au 28 mai, et comme nous vous l'avions déjà annoncé, Pedro Almodóvar (réalisateur espagnol) présidera ce jury.

Il sera épaulé par Jessica Chastain (actrice américaine), Will Smith (acteur américain), Fan Bingbing (actrice chinoise), Maren Ade (réalisatrice allemande), Park Chan-wook (réalisateur sud-coréen), Agnès Jaoui (actrice française), Paolo Sorrentino (réalisateur italien), Gabriel Yarde (compositeur français). Très international, ce jury est également assez paritaire : quatre femmes et quatre hommes aux côtés de Pedro Almodovar.

Toni Erdmann domine le palmarès des European Film Awards

Posté par vincy, le 10 décembre 2016

Meilleur film, meilleure réalisatrice et meilleur scénariste pour Maren Ade, meilleur acteur pour Peter Simonischek, meilleure actrice pour Sandra Hüller: Toni Erdmann, reparti sans prix du Festival de Cannes, a tout raflé à la 29e cérémonie des European Film Awards ce soir.

On peut souligner que Ma vie de courgette, coproduction helvético-française a gagné le prix du meilleur film d'animation.
Le Lion d'or de Venise, Fuocoammare, a remporté le prix du meilleur documentaire.

Le reste du palmarès a distingué Mr Ove (meilleure comédie), Olli Mäki (prix Fipresci de la découverte), 9 Days - From my window in Aleppo (meilleur court métrage), Land of Mine (meilleure image, meilleurs costumes), La communauté (meilleur montage), Le disciple (meulleur musique), 11 minutes (meilleur son).

La productrice Leontine Petit (The Lobster) a reçu le prix Eurimage de la coproduction européenne. Jean-Claude Carrière et Pierce Brosnan ont été honoré. La cérémonie se déroulant à Wroclaw en Pologne, un prix spécial de l'Académie a été décernée au cinéaste Andrzej Wajda tandis que c'est un film polonais, Body (Cialo), qui été couronné par le prix du Public. Le film a été présenté au Festival de Berlin en 2015 et n'est sorti que dans quelques pays.

Autant dire que les problèmes liés à ces European Film Awards perdurent aussi bien sur le calendrier des films sélectionnés que sur les votants. Globalement le palmarès confirme son tropisme pour les films d'Europe centrale et d'Europe du nord. Rassurons-nous: malgré ses presque 30 ans, les Oscars européens n'ont toujours pas acquis la notoriété attendue (et on s'en désole, mais comment faire autrement avec des films qui datent parfois de 15 mois) et n'ont aucun impact sur les films (et c'est regrettable)

Quatre films de la compétition cannoise en tête des nominations des European Film Awards 2016

Posté par vincy, le 5 novembre 2016

Le 29e European Film Awards ont révélé leurs nominations au Festival du film européen de Séville en Espagne. Notons que l'écrivain et scénariste français Jean-Claude Carrière recevra un prix en l'honneur de toute sa carrière et que l'acteur et producteur Pierce Brosnan sera distingué par un prix honorifique européen pour sa contribution au cinéma mondial.

La cérémonie aura le 10 décembre à Wroclaw en Pologne, capitale européenne de la Culture, dans un pays qui, néanmoins, n'est pas un modèle concernant la liberté d'expression des médias et le soutien à son cinéma.

Le film allemand Toni Erdmann, en compétition à Cannes, domine la liste des nominations avec 5 citations, suivi de la Palme d'or britannique, Moi, Daniel Blake, de Ken Loach (4 nominations), l'espagnol Julieta, de Pedro Almodovar et le français Elle de Paul Verhoeven, tous deux également en compétition à Cannes (3 nominations).

Le Festival de Cannes fait d'ailleurs une razzia sur cette liste avec des films venus d'Un Certain regard et de la Quinzaine des réalisateurs dans différentes catégories.

Meilleur film: Elle, Moi Daniel Blake, Julieta, Room, Toni Erdmann
Meilleure comédie européenne: Mr. Ove, Look who's Back, La vache
Meilleur nouveau talent (Prix Fipresci): Dogs, Liebmann, Sand Storm, Olli Mäki, Thirst (Jajda)
Meilleur documentaire: 21 x New York, A Family Affair, Fuocoammare, Mr Gaga, S is For Stanley, Land of the Enlightened
Meilleur film d'animation: Ma vie de Courgette, Psiconautas los ninos olvidados, La tortue rouge

Meilleur réalisateur: Paul Verhoeven, Cristian Mungiu (Baccalauréat), Ken Loach, Pedro Almodovar, Maren Ade
Meilleure actrice: Isabelle Huppert, Emma Suarez & Adriana Ugarte, Valeria Bruni Tedeschi (Folles de joie), Trine Dyrholm (La Commune), Sandra Huller
Meilleur acteur: Rolf Lassgard, Hugh Grant (Florence Foster Jenkins), Dave Johns, Burghart Klaussner (Fritz Bauer, un héros allemand), Peter Simonischek, Javier Camara (Truman)
Meilleur scénario: Baccalauréat, Moi Daniel Blake, Room, Toni Erdmann, United States of Love

« Ma vie de Courgette » parmi les trois finalistes du Prix Lux 2016

Posté par vincy, le 27 juillet 2016

Lors de la révélation de la sélection des Venice Days, les trois finalistes du 10e Prix Lux du parlement européen ont été dévoilés.

- A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid (co-production franco-tunisienne), présenté aux Venice Days 2015 et récompensé par le label Europa Cinemas. Le film avait séduit près de 100000 spectateurs en France lors de sa sortie en décembre. Le film a aussi reçu plusieurs prix aux festivals de Carthage, Dubaï et East End (Royaume Uni) ainsi que deux nominations aux Prix Lumière (Meilleur Espoir Féminin, Meilleur film francophone hors de France).

- Ma vie de Courgette de Claude Barras (co-production suisse-France), devient le premier film d’animation nommé aux Prix Lux. Grand prix et prix du public à Annecy, il avait enthousiasmé les cannois lors de son avant-première à la Quinzaine des réalisateurs. En compétition au Festival du film francophone d'Angoulême, le dessin animé sort en salles le 19 octobre. Le scénario est co-signé par Céline Sciamma, adapté du roman de Gilles Paris.

- Toni Erdmann de Maren Ade (co-production germano-roumaine) était l'un des favoris de la critique parmi les films en compétition au dernier festival de Cannes. Il a d'ailleurs reçu le prix Fipresci.  Trois semaines après sa sortie en Allemagne, il est toujours dans le Top 10 avec déjà 225000 entrées. Il a également reçu trois prix au Festival du film de Bruxelles (Meilleurfilm, Meilleur scénario, et prix de la RTBF). Il sort le 17 août en France.

Cannes 2016 : Qui est Maren Ade ?

Posté par MpM, le 14 mai 2016

En France, on la connaît mal, et sa sélection en compétition officielle du 69e festival de Cannes a pu surprendre. Pourtant, Maren Ade, réalisatrice, scénariste et productrice allemande qui s’apprête à souffler sa 40e bougie, est loin d’être une nouvelle venue dans le paysage cinématographique européen et même mondial. Der Wald vor Lauter Bäumen, son premier long métrage, qui est également son film de fin d’études à l’école de cinéma de Münich, l’a en effet révélée dès 2005 grâce à une moisson de prix glanés en festivals, de Sundance (Prix spécial du jury) à Valence (meilleur film) en passant par IndieLisboa (Grand prix) et Buenos Aires (meilleure actrice pour Eva Löbau).

En parallèle, la jeune femme poursuit dans la production, sa première passion. Avec Komplizen film, la société qu’elle a créée en 2000 avec Janine Jackowski et Jonas Dornbach, elle produit en 2006 Hotel Very Welcome de Sonja Heiss, dont elle avait déjà produit Karma Cowboy en 2002. Elle ne cessera plus de travailler en alternance sur ses projets et sur ceux des autres, donnant rapidement l’impression d’être au cœur d’une sorte de « nouvelle vague » allemande saluée par les médias.

En 2009, la réalisatrice présente son deuxième long métrage, Alle Anderen (Everyone else) à la Berlinale où il reçoit un accueil triomphal. Le jury présidé par Tilda Swinton lui décerne le Grand prix tandis que son actrice principale, Birgit Minichmayr, reçoit l’Ours d’argent de la meilleure actrice. Un doublé qui confirme l’intérêt des professionnels pour le cinéma volontairement naturaliste et générationnel de Maren Ade, dans lequel la question des rapports de force entre les deux sexes et le difficile équilibre dans le couple se pose parfois avec maladresse, mais toujours avec acuité.

Il faudra malgré tout attendre sept ans pour que la cinéaste retourne derrière la caméra. Entre deux, elle travaille à plusieurs reprises avec le réalisateur portugais Miguel Gomes dont elle coproduit Tabou, Redemption et Les mille et une nuits. Elle accompagne également Schlafkrankheit (La maladie du sommeil) de son compagnon Ulrich Köhler et le très sensible Tanta agua des Urugayennes Ana Guevara et Leticia Jorge.

Toni Erdmann, son troisième long métrage en tant que réalisatrice, lui ouvre donc directement les portes de la compétition cannoise avec l’histoire a priori décalée d’un père cherchant à renouer avec sa fille qu’il accuse d’avoir perdu le sens de l’humour…En tant qu’outsider au milieu des habitués du tapis rouge, le film devrait apporter un peu de renouveau sur la Croisette, et, qui sait, créer une belle surprise. En contrepartie, Maren Ade prend le risque de déchaîner les haters de service, qui lui reprocheront secrètement de prendre la place d’un réalisateur (mâle) plus installé. Raison de plus pour être impatient de juger sur pièce.