50 éditeurs vidéo lancent un appel pour sauver leur filière

Posté par vincy, le 5 juin 2020

Un collectif réunissant un très large panel d’éditeurs vidéo exprime "l’inquiétude d’une filière importante, créative et dynamique, garante de la diversité culturelle des œuvres et de la qualité de leur restitution, et qui participe à renforcer les liens entre tous les publics et le cinéma."

Rappelant que "la vidéo physique fait vivre le patrimoine cinématographique et audiovisuel assurant sa préservation, sa diffusion et sa transmission", l'appel souligne que cette filière "contribue aussi à l’économie de toute une filière cinéma : des ayant-droits aux laboratoires techniques et artistiques, des agences de création aux attachés de presse."

Or la vidéo physique est menacée. Selon le bilan 2019 du CNC, publié aujourd'hui, le marché de la vidéo physique a encaissé en baisse de 9,3 % en 2019, atteignant 406,9 millions d'euros de C.A (contre plus de 700 millions d'euros en 2015). Le DVD capte 70,0 % du marché en valeur. En 2019, les films ont réalisé 65,9 % du chiffre d’affaires de la vidéo physique et les films français ont généré 20,1 % des recettes des films. Au total, 5,5 millions de DVD et de Blu-ray de films français ont été vendus en 2019.

La part de la vidéo à la demande représente désormais 72,1 % du marché de la vidéo, en hausse de 9,1 points par rapport à 2018, dépassant le milliard d'euros de recette (dont 37,5% pour les films français).

"En cette période de confinement que nous venons de vivre où la TV et la VOD/SVOD ont fidélisé ou conquis de nouveaux publics, il est important de rappeler que l’ensemble des moyens de diffusion fonctionne les uns avec les autres, et pas les uns contre les autres. La salle de cinéma annonce la vidéo, qui participe à son tour au rayonnement des films en TV/VOD/SVOD" explique le collectif.

Cependant la vidéo physique est menacée au profit du streaming ou de l'achat à l'acte. La crise économique met cependant en péril ce travail de cinéphilie et de diversité et visibilité du cinéma.

Le marché "pourrait perdre entre 30 et 40% de sa valeur commerciale, du fait de la grave crise que nous traversons" indique le texte. Le marché a perdu près de 75% de ventes potentielles sur les ventes habituelles depuis le confinement, ce qui a un impact sur la chaîne de conception et fabrication, des laboratoires aux agences, des chargés de projets aux presseurs, sur la chaîne logistique, les prestataires ayant logiquement réduit leurs activités, de nombreux postes ont été fermés et les sociétés d’expédition n’ont fonctionné que de façon très réduite, sur les circuits de distribution, les magasins traditionnels rouvrant au fur et à mesure, la vente à distance ne compensant pas la perte des ventes en magasins et sur les réseaux dits institutionnels, les commandes sont quasiment au point mort, les clients de ces réseaux (médiathèques, bibliothèques) ayant été fermés, et la reprise s’annonçant très lente (pas avant la rentrée pour un retour à la normale).

Face à cette situation préoccupante, les éditeurs vidéo demandent aux pouvoirs publics un plan de sauvegarde avec la création d’un budget spécifique de sauvegarde pour la culture, incluant notamment l’univers de la vidéo physique, en plus des exploitants, des distributeurs ou des producteurs, à l'image de que le Centre national du livre a fait pour la filière du livre, des librairies aux auteurs, en plus des aides sélectives gouvernementales.

"En plus d’un plan de sauvegarde, un plan de relance doit parallèlement être mis en route, avec des actions nationales à mener sur la vidéo par tous ses acteurs (éditeurs, prestataires, points de vente, festivals), pour faire exister encore plus pleinement le support physique" exigent les éditeurs indépendants.

"La vidéo physique conserve de très forts atouts" selon les éditeurs, qui en répertorient quatre principaux.

"- Elle propose de beaux objets, durables, transmissibles et qui répondent à une envie unique, à l’opposé de la culture au débit : elle est la seule assurance de posséder, durablement dans le temps, sans dépendre d’inventaires à l’accès variable.
- L’édition vidéo initie au cinéma avec ses fameux suppléments qui offrent une place unique à des documents rares permettant d’approfondir la découverte d’une oeuvre, que l’on soit néophyte ou initié.
- L’édition vidéo participe de la démocratisation de la culture avec l’accès aux objets en CDI/médiathèques à des conditions très avantageuses.
- L’édition vidéo innove au service des créateurs. L’Ultra HD 4K est aujourd’hui le meilleur support – et de loin – de restitution des films cinéma. L’Ultra HD 4K propose sur certaines éditions un « préréglage réalisateur » qui permet de voir le film en respectant l’étalonnage exact voulu par son créateur. Christopher Nolan et Martin Scorsese ont notamment parrainé cette innovation exclusive au support qui permet de respecter l’étalonnage (le rendu des couleurs) voulu par le réalisateur
."

Bilan 2014: la France, la très bonne élève du cinéma en Europe

Posté par redaction, le 5 mai 2015

L'Observatoire européen de l'audiovisuel a fournit ses données provisoires pour le continent concernant l'année 2014.

La France et la Turquie bons élèves, le retour de l'Espagne

© oeaPremier élément: les recettes brutes des salles dans l’Union européenne ont connu en 2014 une légère hausse de 0,6 % pour atteindre 6,32 milliards d’EUR. Il s’agit du deuxième résultat le plus faible sur les cinq dernières années. Les recettes ont particulièrement chuté en Italie et en Allemagne, alors qu'elles ont augmenté en France, en Espagne et en Pologne. Comme en 2013, la courbe des recettes brutes des salles suit celle de la fréquentation, qui connaît une modeste croissance de 0,7 % et se situe à 911 millions de places vendues, soit environ 6,5 millions de plus qu’en 2013.
En nombre d'entrées la France reste le plus gros marché européen avec 208M de spectateurs, devant la Russie (hors calcul), le Royaume Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. La Turquie (hors calcul) connaît la plus forte croissance et devance la Pologne.
Sur les 36 marchés analysés, deux ont une part de marché nationale supérieure à 30% (la Turquie avec 58% et la France avec 44%). La république Tchèque, l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, le Royaume Uni, l'Italie, la Lituanie, les Pays Bas, la Pologne, la Suède et la Norvège limitent la casse avec plus de 20% de part de marché pour les films nationaux.

Deux films français dans le Top 10, des scores décevants pour Hollywood

© oeaDeuxième point: Le derniers volet de The Hobbit et le troisième épisode de The Hunger Games sont en tête des box-offices de l’Union européenne, avec respectivement 22,7 millions de spectateurs et 20,1 millions de tickets vendus. Juste derrière se trouve Dragons 2. Au total, 9 suites ou spin-off se classent dans le Top 20 des films les plus fréquentés. Pire, seuls trois films européens ont réussi à se faire une place au soleil: Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? (5e avec 17,1 millions d'entrées), Lucy (6e, avec 15,2 millions d'entrées) et Ocho apellidos vascos (18e, avec 9,3 millions d'entrées et plus gros succès historique du cinéma espagnol). Tout le reste du Top 20 est américain ou coproduit avec les Etats-Unis. 16 films ont dépassé les 10 millions de spectateurs. Cependant, les superproductions hollywoodiennes ont attiré largement moins de spectateurs que les champions des années précédentes, généralement au dessus des 35 millions d'entrées.

Le cinéma français domine dans un marché europhile

© oeaCe qui conduit à un troisième constat: La part de marché des films européens atteint 33,6 %, soit un record depuis 1996. 12 films ont même dépassé les 3 millions d'entrées en 2014. Outre les deux champions français cités plus haut et le carton du film espagnol, des films comme Paddington, Supercondriaque ou la suite de The Inbetweeners ont fédéré plus de 5 millions de spectateurs. Le cinéma français est en pleine forme avec 5 films dans le Top 10 et 10 dans le Top 20. Certains ont fait l'essentiel de leurs recettes en France et en Wallonie, mais d'autres ont connu le succès dans plusieurs pays. Le cinéma britannique place 3 films, les cinémas allemand et espagnol 2 chacun, les cinémas belge, suédois et polonais un chacun. Quatre films de ce Top 20 sont sortis en 2013 et un gros tiers n'était pas encore sorti dans tous les gros marchés.

Plus de films produits et plus de salles numérisées

Quatrième donnée: Avec 1603 longs métrages (y compris les documentaires), la production de films dans l’Union européenne poursuit sa progression, après avoir déjà atteint un record l'an dernier avec 1587 longs métrages. 32% d'entre eux sont des coproductions.

Enfin, dernière observation; La numérisation des écrans est presque achevée puisque 92 % du parc de l’Union européenne étaient convertis fin 2014, contre 14% en 2010 et 87% en 2013. Il reste quelques points noirs comme la République Tchèque, la Grèce et les pays Baltes.

Le cinéma européen rêve du marché chinois

Posté par MpM, le 21 avril 2013

François Hollande effectue son premier déplacement d'état en Chine les 25 et 26 avril prochain, et les professionnels du cinéma français ont décidé d'en profiter pour réclamer une plus grande ouverture du marché chinois aux films du continent européen. "J'espère qu'il va en parler. En tout cas, je ne vois pourquoi il n'y aurait pas un quota équivalent de films européens aux films américains", remarque le réalisateur Jean-Paul Salomé, à la tête d'Unifrance depuis début 2013.

Ce qui affole la profession, c'est l'immense manne financière que pourrait représenter à terme l'augmentation des sorties françaises et européennes sur le territoire chinois, actuel deuxième marché mondial des films derrière les Etats-Unis avec 2 milliards d'euros de recettes de billetterie en 2012. "Il y a des publics pour Iron Man et il y a des publics pour Amour et des films français", déclare également Jean-paul Salomé. "Il y a des publics de niches, mais en Chine ce sont des grosses niches, cela vaut le coup".

Ce qui coince, c'est le quota de 34 films étrangers autorisés à la distribution dans les salles chinoises dont profitent en priorité les films américains. "Les Américains ont ce dynamisme et cette notion que pour eux le cinéma, cela s'exporte. C'est vrai qu'on ne joue pas dans la même cour, il faut être réaliste. En même temps, il n'y a aucune raison qu'on soit cantonné à quelques films par an", relève le patron d'Unifrance.

En 2012, Washington a même réussi à obtenir l'admission supplémentaire de 14 superproductions d'Hollywood en exerçant une forte pression à l'Organisation mondiale du Commerce. Mais pour Isabelle Glachant, représentante pour la Chine d'UniFrance, "la position européenne est que le cinéma ne se négocie pas au sein de l'OMC."

Des négociations sont justement en cours pour trouver un distributeur chinois à Amour. Paradoxalement, alors que le film connaît une très belle carrière à l'étranger et peut s’enorgueillir d'une palme d'or et d'un Oscar, l'opération s'avère compliquée. D'où l'espoir que la visite de François Hollande puisse provoquer une vraie réflexion conjointe sur la manière de faciliter, à terme, la diffusion des films français et européens en Chine.

Le marché du documentaire en 2011 : dynamique, sauf en salles

Posté par vincy, le 2 juillet 2012

??Le Sunny Side of the Doc de La Rochelle s'est achevé vendredi avec 1 755 participants, 286 décideurs et acheteurs et 1 450 spectateurs. Le prix du meilleur long métrage ?documentaire a été décerné au canadien Songbird SOS.

Une production dynamique en 2011

A l'occasion de cette manifestation, le CNC a publié son étude annuelle sur le marché du documentaire en 2011. Au total 2 649 heures de documentaires ont été produites (+7,7%) pour un total des devis de 387,3 millions d'euros. Les chaînes de télévision nationales gratuites représentent encore l'essentiel du volume des commandes (61,1%) même si leur part diminue fortement.

Le long métrage documentaire, renforcé par ses sélections dans les festivals et l'intérêt des spectateurs, poursuit sa dynamique avec 37 films agréés dans le genre (pour 34,1 millions d'euros de devis), soit dix de plus qu'en 2010. Le record de 2008 (année hors norme dans le genre) a été battu. Le devis moyen est aussi en hausse, passant de 670 000 euros en 2010 à 920 000 euros en 2011. Les subventions versées par le CNC aux producteurs français de documentaire s’élèvent à 79,4 millions d'euros en 2011, soit une augmentation de 7,9 % par rapport à 2010.

En 2011, ce sont Amazonia et Terre des Ours qui ont été les documentaires les plus chers, coûtant respectivement 9,5 millions d'euros et 5 millions d'euros.

Une année 2011 sans hit malgré l'offre abondante

"L’offre de films documentaires dans les salles est abondante avec 90 longs métrages inédits en 2011, dont 54 films français, 10 films américains et 20 films européens" précise le rapport. Il s'agit d'un record depuis 10 ans. Mais le CNC souligne qu'un film documentaire, en 2011, ne sort, en moyenne, que sur 15 copies (contre 137 pour l'ensemble des films). Quelques grands noms (Herzog, Wenders, ...) ont permit de donner une large exposition à certains docus. Reste que la fréquentation est la plus faible depuis 10 ans si l'on excepte l'année 2003 : 1,33 million d'entrées l'an dernier contre 4,5 millions en 2010 grâce à Océans et 6,45 millions en 2004 (Fahrenheit 9/11). Seuls 4 des 90 documentaires diffusés en salles ont dépassé le cap des 100 000 spectateurs. Depuis 2002, 10 documentaires seulement ont séduit plus de 500 000 cinéphiles. Mais aucun en 2011. Pina (347 000 entrées) est le champion de l'année, et le seul à se classer dans le Top 20 de ces 5 dernières années.

On constate par ailleurs que les films documentaires axent leur campagne promotionnelle essentiellement sur la presse écrite et accuse un retard dans les investissements marketing sur Internet. Par conséquent, le docu attire un public majoritairement adulte (69% de plus de 25%, et même un tiers de plus de 50 ans).

Prochaine étape en septembre : les propositions pour l'avenir du documentaire

Enfin, suite à la publication du rapport intitulé « Le documentaire dans tous ses états », remis par Serge Gordey, Catherine Lamour, Jacques Perrin et Carlos Pinsky au Ministre de la Culture et de la Communication en avril dernier, le CNC formulera des propositions en septembre. L'un des enjeux principaux reste ka définition du documentaire de création : "Il ressort notamment de ces premiers échanges un souhait partagé de mieux prendre en compte les différents types d’écritures documentaires dans les modalités de calcul du soutien automatique - sans modifier les fondamentaux de ce dernier - notamment en favorisant les démarches d'écriture et de production les plus exigeantes" explique le communiqué du CNC.

Le Comic-Con se transforme en foire de cinéma

Posté par vincy, le 2 août 2010

green lantern ryan reynoldsLa plus importante manifestation de BD aux USA, le Comic-Con (chaque année à San Diego, 160 000 entrées) devient de plus en plus un espace dédié aux studios hollywoodiens pour lancer projets et films adaptés de comics en tous genres. Au point que certains s'inquiètent du phagocytage de l'événement phare du 9e art par l'industrie du 7e art.

Une routine, une tendance? En tout cas, cela manquait de surprise, de panache, et finalement de véritables grandes annonces. Peut-être qu'après les mauvais résultats du box office au début de l'été, la gueule de bois généralisée a déteint sur l'ambiance. Mais reconnaissons qu'après la flamboyante année 2008 (The Dark Knight et Iron Man en tête du box office annuel) et hormis les cartons de la franchise Spider-Man et le doublé de 2006 (X-Men 3, Superman Returns), aucune adaptation n'a réellement changé la donne à Hollywood.

Pourtant tous les producteurs se précipitent à une heure de vol de leurs bureaux, optionnant des BD, déclinant des héros ou balançant leurs teasers. Rendez-vous immanquable pour Hollywood alors que seul Iron Man 2  a fait (relativement) ses preuves cette année?

Cette année, Disney a diffusé les premières images de Tron : Legacy, DreamWorks a dévoilé les premières images de Cowboys & Aliens et de Megamind, DC Comics a projeté en petit comité un montage et les visuels de Green Lantern, Sony s'est amusé avec Priest et Universal avec Scott Pilgrim vs The World, Marvel a présenté Thor, Captain America et The Avengers, invitant au passage les stars rattachées aux différents films (on a ainsi appris que Mark Ruffalo remplacerait Edward Norton dans le rôle de l'Incroyable Hulk). Il faut impressionner, faire saliver, satisfaire un public hautement fanatique. On sort même du registre de l'adaptation en faisant venir des films fantastiques, des thrillers ou de la science-fiction. Ainsi les spectateurs ont pu voir RED, Sucker Punch, ou encore Battle : Los Angeles, et même The Expandables. Les années précédentes, Twilight avait déchaîné les foules : quel rapport avec la bande dessinée? Star Wars, on peut comprendre, mais Salt (le dernier Angelina Jolie), quel intérêt?

Tout simplement, Hollywood utilise l'événement bédéiste comme une rampe de lancement promotionnelle. A l'instar de ce que fait déjà Hollywood dans des festivals comme Cannes, Venise ou Toronto. Les artistes sont convoqués et les studios organisent des conférences où l'on annonce les projets de Guillermo del Toro et où Johnny Depp fait son show en 3D pour vendre Pirates des Caraïbes 4.

Pourtant un succès au Comic Con ne signifie pas que le public se ruera dans les salles. Il s'agit donc juste de marketing.  Mais aussi de laboratoire : les réactions des spectateurs sont étudiées à la loupe. Un marché se créé dans les allées, pour observer ce que le public achète (ou adore). Des droits sont négociés. Malgré tout 24 adaptations ont dépassé les 100 millions de $ de recettes en Amérique du nord dans les années 2000. Un sacré business.

Berlin : un festival artistiquement terne, économiquement heureux

Posté par vincy, le 16 février 2009

ours d'or berlinaleLa 59e Berlinale s'est achevée sur une note d'espoir. Célébrant la chute du mur, fêtant une nouvelle cinéaste, le festival de Berlin veut croire que demain sera meilleur. L'an prochain, le 60e anniversaire  battera son plein. De quoi vite effacer une édition en demi-teinte.

La bonne nouvelle vient du public. Il a répondu présent et n'a jamais été aussi nombreux. 383 films (1 238 projections) ont été présentés à 20 000 professionnels et journalistes venus de 136 pays. Mais surtout 270 000 billets ont été vendus au public : un record historique pour le festival, battu dès le mercredi. berlinale 2009

Le marché, quant à lui, n'a pas trop souffert de la crise. On s'attendait à pire. Même si le problème du crédit et du financement était l'obsession de tous, les inquiétudes des uns et la tentative de repli des autres n'a pas trop atteint les négociations. De nombreux films ont été vendus sur plusieurs territoires, même si les distributeurs russes et brésiliens ont fait baisser fortement les prix pour cause de dévaluation monétaire. Les génériques prestigieux (réalisateurs, stars) ont souvent été une valeur refuge (voir actualité du 9 février 2009). Il y avait peu de productions à risques présentées dans les catalogues.

On devrait dire hélas. Dans un entretien à l'AFP, Vincent Maraval (Wild Bunch) estime que le cinéma n'échappera pas à la crise financnière, les banques se retirant du jeu au fil des mois. "Aux Etats-Unis les films indépendants ambitieux, visant un public adulte, tels que No country for old men ou There will be blood, devraient se faire plus rares. Pour nous, c'est une opportunité: ces réalisateurs viendront en Europe !"

Etrangement ce sont souvent des films à venir, parfois prévus pour Cannes ou Venise, qui ont connu les meilleures ventes. La sélection officielle n'a pas été le moteur du marché cette année. Peu de films en compétition ont séduit.

claudia llosa la testa asustada ours d'orCette Berlinale artistiquement terne gâche un peu l'ambiance. La critique a trouvé l'ensemble des films assez faible, ne s'enthousiasmant jamais pour un film ou un autre. La teta asustada, Ours d'or, premier film d'une cinéaste péruvienne, est le seul à avoir fait l'unanimité. Le palmarès fait la part belle aux films latino-américains : d'un Teddy Bear à un film mexicain aux multiples prix de l'argentin Gigante. D'un point de vue global, les cinémas germanophones et sud américains ont distancé les autrs, considérés comme médiocres.

Si la Berlinale essuie le feu des critiques qui jugent les sélections de plus en plus moyennes, notons que Berlin poursuit une double cohérence historique. D'une part l'accompagnement d'un cinéma émergeant. Après avoir sacré un cinéma chinois renaissantà la fin des années 80, la Berlinale a privilégié les nouveaux territoires comme l'Afrique du Sud, la Turquie, la Bosnie et surtout le Brésil, primé deux fois en 10 ans. Le Pérou confirme cette tendance. berlinale 2009 palmares

Enfin, la jeunesse l'a emporté sur les grands noms. Depuis l'Ours d'or remis à Walter Salles en 1998, neuf primés étaient des nouveaux talents du 7e Art. Et en fait depuis Winterbottom en 2003, tous les Ours d'or ont été réalisés par des cinéastes ayant commencé leur carrière après 1998.

En cela la Berlinale, qui a porté en triomphe Fatih Akin, Ang Lee, Walter Salles, Paul Thomas Anderson ou encore Paul Greengrass avant tous les autres, a encore vocation à briller artistiquement...

Berlin : film exceptionnel et très lucratif cherche distributeur

Posté par MpM, le 10 février 2009

i was here rene vilbreDans un festival de l’envergure de Berlin, certains privilégiés ont la chance de découvrir les films d’après-demain, ceux qui feront peut-être les délices d’un autre festival ou finiront sur nos écrans courant 2010. Le marché du film européen organisé dans le cadre de la Berlinale permet en effet aux professionnels de jauger les œuvres ayant connu un certain succès dans leur pays d’origine ou sur le point d’y être diffusées, et de décider si elles sont "exportables" dans une autre région du monde.

Pour séduire parmi les centaines de films proposés, tous les moyens sont donc bons, avec une nette préférence pour les chiffres qui, lorsqu’ils existent, font miroiter aux acheteurs un solide retour sur investissement. Prenons au hasard The Admiral de Andrey Kravchuk, "la plus grosse production russe de tous les temps", "record du box-office 2008 avec 38 millions de dollars" ; ou encore Winter in Wartime de Martin Koolhoven, "plus de 800 000 entrées et sept millions de dollars au Box-office néerlandais". A côté, les "presque 200 000 entrées" des Plages d’Agnès d’Agnès Varda semblent modestes, mais restent néanmoins suffisamment signifiantes pour figurer sur les programmes…

Bien sûr, pour les œuvres qui se targuent de jouer sur des arguments plus qualitatifs, rien de tel qu’un florilège de critiques flatteuses, à l’image de celles affichées par Adam resurrected de Paul Schrader ("On ne recommandera jamais assez ce film", "Il n’y a jamais rien eu de tel dans l’histoire du cinéma", etc.) ou Lymelife de Derick Martini, "tout simplement hilarant" mais aussi "tendre et plein d’esprit". L'avantage avec cette solution, c'est qu'il n'y a pas besoin d'écrire soi-même les slogans. L'inconvénient, bien sûr, c'est qu'il faut trouver au moins une personne ayant dit du bien du film... ou tout au moins qui en donne l'impression.

Dans le même ordre d'idée, les "phrases choc" spécialement écrites pour la promotion ont elles-aussi la côte, allez savoir pourquoi. Peut-être une manière de caresser les professionnels dans le sens du poil en les faisant rire avec des aphorismes presque toujours ridicules ? Par exemple I was here de Rene Vilbre, une coproduction finlandaise et estonienne, qui affiche sans rougir : "Personne n’est né pour être dealer". On aime aussi beaucoup : "Pas de règles, pas de pitié, seuls les plus forts survivent" (Fireball de Thanakorn Pongsuwan) ou "Dans un monde sans lois, il impose la sienne" (Blood and bone de Ben Ramsey), "Il y a des lignes qu’il ne faut pas franchir" (La linea de James Cotten), "Elle était la reine de tout un empire mais son cœur n’appartenait qu’à un seul homme" (The young victoria de Jean-Marc Vallée)... sans oublier la meilleure : Lesbian vampire killers de Phil Claydon, sous-titré en toute simplicité : "que pourriez-vous désirer de plus ?" En effet, on se le demande…

Le monde entier fait son marché à Locarno

Posté par MpM, le 14 août 2008

Les organisateurs du marché du film de Locarno n’en reviennent pas. A trois jours de la clôture du Festival, les droits de cinq films sélectionnés en compétition officielle ont déjà été achetés. Un autre homme (Lionel Baier, Suisse), Yuri’s day (Kirill Serebrennikov, Russie), Daytime drinking (Noh Young-seok, Corée du Sud), Mar Nero (Federico Bondi, Italie) et Sonbahar (Özcan Alper, Turquie) sont donc dès maintenant assurés d’une carrière en salles.

Pour Locarno, c’est d’autant plus un succès que d’autres accords pourraient encore être signés dans les jours à venir, suite aux discussions initiées pendant la manifestation. Nadia Dresty, la responsable de l’Industry Office, précise en effet que les retours des professionnels sur la qualité de la compétition sont excellents. Pour la première fois cette année, le Festival suisse a attiré 215 acheteurs venus de 29 pays différents, preuve indiscutable de l’importance qu’il revêt désormais dans le circuit mondial des marchés jugés incontournables.