Festivals : écrans noirs à Manosque et Saint-Denis

Posté par vincy, le 4 février 2009

rencontres de manosqueEffet Obama? En tout cas Barack est en arrière-plan de deux festivals de cinéma. La culture afro-américaine n'en finit plus de passionner, fasciner, donner des idées aux organisateurs d'événements.

Ainsi Charles Burnett est l'invité de deux manifestataions en France, à Manosque puis à Saint-Denis. Les 22e rencontres de cinéma de Manoque la venue du réalisateur indépendant afro-américain , connu pour ses films Killer of   Sheep et La rage au coeur. Killer of Sheep, dans la veine du néoréalisme italien, classé parmi les cinquante films les plus importants de l'Histoire du cinéma américain, a été projeté en ouverture, hier. "Avec Charles Burnett, il y a une cohérence avec ce qui s'est passé dans l'histoire récente et le parcours de Barack Obama", souligne Pascal Privet, chargé de la programmation. Outre ses deux films les plus connus, il a sélectionné Warming By the Devil's Fire et My Brother's Wedding.

Se déroulant du 3 au 8 février, les Rencontres de Manosque présenteront aussi en avant-première le film de la globe-trotteuse Claire Denis, 35 Rhums.
saint denis black revolution

A 900 kilomètres de là, le 9e Festival de cinéma de Saint-Denis lance sa Black Revolution, dédiée au rêve américain du melting-pot et aux combats des afro-américains contre la ségrégation. Du 4 au 10 février, le festival s'intéresse à la manière dont le cinéma a accompagné les luttes des mouvements afro-américains. Soit au total une centaine de films rares, inédits ou en avant-première, associés à des rencontres et des concerts. On pourra voir ainsi Stormy Weather, Boyz'N the Hood, Loin du Paradis, Mirage de la vie, Foxy Brown, Ghost Dog, ou encore Malcom X...

Du passé esclavagiste à la culture rap, cette édition "dresse le tableau d'une Amérique marquée par les fluctuations du rêve du melting-pot, encouragé ou rejeté selon la nature des crises qui ont secoué la société", expliquent les organisateurs.

L'acteur Melvin Van Peebles, initiateur du genre Blaxploitation en 1971 avec son film culte Sweet Sweetback's Baadasssss Song (en ouverture) rejoint Charles Burnett parmi les invités de prestige. Anne Crémieux, auteure d'un essai, Les Cinéastes noirs américains et le rêve hollywoodien (L’Harmattan) participera à une rencontre.

Une chose est sûre. On peut toujours parler d'opportunisme, il serait impossible en France de faire une telle programmatoion sur le même sujet. 

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Rencontres de Manosque
Festival de Saint-Denis

Huppert dit « No » à Tarantino

Posté par vincy, le 9 octobre 2008

L'Express avait révélé que l'actrice Isabelle Huppert avait été choisie par Quentin Tarantino pour jouer l'un des principaux rôles français du film Inglorious Basterds, aux côtés de Mélanie Laurent. Deneuve, semble-t-il avait aussi été approchée.

Mais le même magazine nous apprend, sans doute de source identique, que Tarantino, finalement, est revenu sur sa décision. Semble-t-il l'actrice serait arrivé en retard aux rendez-vous, n'aurait pas été emballée par l'idée de travailler avec le réalisateur...

Ceci dit, il a jusqu'en janvier pour choisir sa patronne de cinéma ménopausée. Lors de son séjour en France, il devrait avoir une Carte blanche lors du prochain Salon du cinéma qui se tiendra dorénavant à La Villette. Il vise toujours une sélection cannoise malgré les délais serrés...

 Quant à Huppert, on la verra chez Rithy Panh, Claire Denis, Alexandra Leclère et semble-t-il chez Jean-Marie Poiré. C'est sûr que Tarantino, à côté...

Arte défend un certain cinéma

Posté par MpM, le 10 septembre 2008

La belle personneEntre Arte et le cinéma, c’est souvent plus qu’une histoire d’argent. La grande époque de Pierre Chevalier, directeur de l’unité fiction de 1991 à 2003, nous a habitué à voir la petite chaîne culturelle coproduire des œuvres d’auteur, exigeantes et personnelles, qui, souvent, connaissaient en salles (même après une diffusion télé pourtant jugée dangereuse) un joli succès populaire. Le péril jeune de Cédric Klapisch, Lady Chatterley de Pascale Ferran, Ressources humaines de Laurent Cantet, Beau travail de Claire Denis… c’est elle !

En ces temps de rentrée, la chaîne franco-allemande ne déroge pas à la tradition et propose de nouveaux rendez-vous pour cinéphiles avertis ou tout simplement curieux. Vendredi 12 septembre, c’est Christophe Honoré qui s’y colle avec la diffusion de La belle personne, adaptation moderne de La princesse de Clèves, en salles le mercredi suivant. Puis Bamako, la cour, du Malien Abderrahmane Sissako, (version télé de Bamako, Grand prix du public lors de sa présentation au festival Paris cinéma 2006), New wave, inédit de Gaël Morel avec Béatrice Dalle, ou encore Nés en 68 d’Olivier Ducastel et Jacques Marineau, sorti en mai dernier.

A cela s’ajoute une programmation plus classique : un cycle "Star à 20 ans" (les débuts de Romy Schneider, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve…), un cycle "nouveau cinéma allemand" (avec l’oscarisé La vie des autres, mais aussi Head-on de Fatih Atkin, ours d’or en 2004, et Good-bye Lenin !), un cycle Depardieu (chez Truffaut, Blier, Pialat…)… et de nombreuses sorties en salles de qualité comme le très beau film de Béla Tarr L’homme de londres (présenté à Cannes en 2007), le film à sketches Tokyo ! qui réunit Michel Gondry, Bong Joon-ho et Leos Carax, Stella de Sylvie Verheyde, coup de cœur du festival de Venise, et Il divo de Paolo Sorrentino (Prix du Jury à Cannes en 2008), tous coproduits par Arte.

Cinéma français à Venise : entre incompréhension et sensibilité

Posté par MpM, le 5 septembre 2008

L’image que donnent les différentes sélections vénitiennes du cinéma français depuis le début du festival est plutôt contrasté et pas forcément reluisant. Par moments, les intrigues sont réduites à la portion congrue et certaines mises en scène, pour le moins déroutantes. A croire que les organisateurs ont eu du mal à trouver des films à la fois disponibles, ambitieux et réussis…

En plus d’Inju, la bête dans l’ombre de Barbet Schroeder (dont on a déjà dit tout le mal qu’on en pense), deux films concourent pour le Lion d’or : Nuit de chien de Werner Schroeter et L’autre de Patrick Mario Bernard et Pierre Tridivic. Le premier met en scène une flopée de célébrités (Pascal Gréggory, Amira Casar, Elsa Zylberstein, Eric Caravaca…) dans une mascarade théâtrale et outrée sur une ville en état de siège. Le temps d’une nuit, les alliances politiques vont se faire et se défaire, chaque leader potentiel choisissant la voie (soumission ou résistance) que lui dicte sa conscience (ou son sens de la real politique). Tout est si surjoué que l’on se croirait dans une parodie de pièce de boulevard où les personnages sont des caricatures dénués de psychologie et de profondeur. Agrémenté d’une once de philosophie de bazar (sur l’inévitabilité de la mort), d’une pincée de sadisme sexuel (pauvre Amira Casar) et d’une bonne dose de pédanterie, le film a beaucoup fait rire (involontairement, et presque injustement) les rares spectateurs qui n’avaient pas quitté la salle.


L’autre

Heureusement, dans un genre très différent mais bien mieux maîtrisé, L’autre aborde avec beaucoup de subtilité la jalousie amoureuse et le basculement dans la folie. Reposant presqu’entièrement sur les épaules de la toujours plus impeccable Dominique Blanc, cette adaptation d’un roman d’Annie Ernaux ("L’occupation") nous emporte avec sensibilité et retenue sur les voies mystérieuses où l’esprit se perd. Les jeux de miroirs (dans lesquels le personnage principal croit voir un double qui n’est pas elle) rendent palpables l’inextinguible angoisse qui habite le personnage. L’autre n’est plus sa rivale réelle et déclarée (la nouvelle compagne de son ex-amant) mais cette réplique d’elle-même susceptible de "sortir du miroir" et de prendre sa place. Car quoi de plus effrayant que de perdre le contrôle de nous-mêmes ? Avec ce film, le duo Tridivic et Bernard continue d’explorer le sillon débuté avec Dancing, où un homme isolé se découvrait un double. Un prétendant sérieux au palmarès.

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