Un succès à la Semaine de la critique l'an dernier à Cannes, 800 000 spectateurs dans les salles, deux César (meilleure actrice et meilleur scénario original) : Le nom des gens aura marqué les esprits, et pas seulement à cause de la présence de l'ancien premier ministre Lionel Jospin au générique. Autant dire que dorénavant le scénariste et réalisateur Michel Leclerc a le vent en poupe.
Il n'a eu aucun mal à réunir les deux césarisés de l'année : son actrice fétiche, Sara Forestier, et le Gainsbourg de Joann Sfar, Eric Elmosnino pour Télé-gaucho, co-écrit avec Thomas Lilti (réalisateur de Les yeux bandés). Le casting se compose aussi d'Emmanuelle Béart, qui revient à la comédie, Maïwenn et l'une des révélations de LOL, Félix Moati.
Le film a été écrit avant le scénario du Nom des gens. Le tournage débutera fin juillet.
Après une édition 2010 assez catastrophique, les Cesar 2011 ont réalisé vendredi soir leur deuxième meilleure audience historique sur Canal+ en rassemblant 2,944 millions de téléspectateurs, soit une part d'audience de 14,5% sur la France contre 1,7 million de téléspectateurs et 9,1% de part d'audience l'an dernier. Le record date de 2005 avec 3,3 millions de téléspectateurs.
Et pourtant, cette soirée n'a pas brillé par son inventivité ou son rythme, s'essoufflant au bout de deux heures et souffrant de nombreux temps morts. Comme d'habitude, est-on tenté d'écrire, même si la cérémonie a semblé cette année tenter d'aller droit à l'essentiel. Antoine de Caunes a alterné vrais bons mots et piques faciles, Jodie Foster a été impeccable en maîtresse de cérémonie classe, Quentin Tarantino s'est un peu facilement réfugié derrière une émotion qui le laissait "sans mots"... Chez les remettants comme chez les lauréats, pas vraiment de coups d'éclat. On retiendra la pirouette inattendue de Sara Forestier qui a prétendu avoir interprété une "pute politique" dans Le nom des gens alors qu'à l'époque elle était vierge et n'y connaissait rien en politique (!), l'arrivée sur scène d'une Leïla Bekhti bouleversée (et empêtrée dans une incroyable robe, trop longue et trop décolletée), la bonhommie de Michael Lonsdale recevant son premier Cesar... C'est un peu comme si vrais jolis moments avaient alterné avec flottements et ennui.
Côté palmarès, on assiste pour une fois à une belle répartition des prix entre favoris et outsiders, chacun étant récompensé pour ses points forts, et non de manière systématique. Ainsi ne peut-on que se réjouir du César du meilleur espoir pour Edgar Ramirez qui crève l'écran dans Carlos, du meilleur acteur pour Eric Elmosnino qui campe un Gainsbourg plus vrai que nature, du meilleur scénario original pour Le nom des gens qui a fait l'effet d'une petite bouffée d'air frais dans le paysage cinématographique... Par ailleurs, Des hommes et des Dieux était en effet le film de l'année, et Roman Polanski a prouvé une nouvelle fois qu'il est un incroyable réalisateur, même "en taule".
Après on a le droit d'avoir des regrets : où est Tournée, qui était l'autre film-surprise de 2010 ? Tout le monde a salué la métamorphose de Laetitia Casta en Bardot mais elle est absente du palmarès. Catherine Deneuve était formidable en Potiche, et on peut trouver injuste de lui avoir préféré Sara Forestier... et ainsi de suite. Dans tout cela, il y a des éléments objectifs et une grosse part de subjectivité. Subjectivité partagée avec les votants, qui ont dû faire des choix.
Bien sûr le palmarès 2011 ne reflète-t-il pas toute la diversité du cinéma français, puisque de nombreux bons films en étaient exclus dès le départ, mais au moins tente-t-il de représenter, parmi les nommés, des courants variés et tous passionnants. Et en cela, il est déjà meilleur que certains autres.
Trophée de la première oeuvre, Trophée du public TF1, 2e Duo révélation cinéma, 3e film français le plus populaire, L'Arnacoeur a clairement dominé le palmarès des Trophées du Film Français (le magazine des professionnels de la profession). En réunissant 31% des votes pour le Trophée du public, loin devant Les petits mouchoirs (13%), il a su séduire le public (3,8 millions d'entrées) et se rappeler à leurs bons souvenirs. Cette comédie se paie même le luxe de multiples nominations aux César.
Guillaume Canet peut se consoler : 3e pour le Trophée de la personnalité de l'année, Trophée du film français le plus populaire;, 2e pour le Trophée des trophées. Cela compense sa quasi-absence des prochains César.
Trophée de la personnalité de l'année : Laetitia Gonzales et Yaël Fogiel (Les films du poisson), productrices de Tournée et de L'arbre
Trophée du public TF1 :L'Arnacoeur (31% des 3 000 votes)
Trophée duo cinéma :Des Hommes et des Dieux (Xavier Beauvois réalisateur, Why Not productions)
Trophée duo révélation cinéma :Le nom des gens (Michel Leclerc réalisateur, Karé et Delante Films)
Trophée de l'exploitant : Antoine Cabot, directeur de l'UGC Cité-Ciné Les Halles à Paris (3,16 entrées en 2010, voir aussi actualité du 18 février 2009)
Les prix Lumières sont l'équivalent des Golden Globes. La presse étrangère basée à Paris décerne ses prix depuis 1995. On ne connaîtra les lauréats que le 14 janvier prochain, mais les nominations ont déjà été révélées.
Des hommes et des Dieux est en tête de la liste avec 4 citations tandis que Carlos, Gainsbourg (vie héroïque), The Ghost-Writer sont à égalité avec trois nominations. Notons la présence d'un film d'animation dans la catégorie meilleur film, et la forte présence des films présentés au Festival de Cannes (toutes sélections confondues) avec 20 nominations sur 50.
Meilleur réalisateur
Olivier Assayas (Carlos)
Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux)
Roman Polanski (The Ghost Writer)
Joann Sfar (Gainsbourg (vie héroïque))
Mathieu Amalric (Tournée).
Meilleur scénario
Julie Bertuccelli (L’arbre)
Olivier Lorelle et Rachid Bouchareb (Hors-la-loi)
Robert Harris et Roman Polanski (The Ghost Writer)
Michel Leclerc et Baya Kasmi (Le nom des gens)
Géraldine Nakache et Hervé Mimran (Tout ce qui brille).
Meilleur espoir féminin
Lolita Chammah (Copacabana)
Linda Doudaeva (Les mains en l’air)
Marie Féret (Nannerl, la sœur de Mozart)
Nina Rodriguez (No et moi)
Yahima Torres (Vénus noire)
Meilleur film francophone Amer d’Hélène Cattet et Bruno Forzani Les amours imaginaires de Xavier Dolan Un homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun
Illégal d’Olivier Masset-Depasse
Orly d’Angela Schanelec
Chaque jour, le festival d'Arras diffuse un magazine vidéo réalisé par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix en partenariat avec Ecran Noir. Dans cette édition, retrouvez Jacques Gamblin, Michel Leclerc et Baya Kasmi pour Le nom des gens.
A découvrir également : les premières animations du festival, la lithographie exceptionnelle réalisée en l'honneur d'Anna Karina, la comédie musicale Anna de Pierre Koralnik, Damjan Kozole et son film Slovenian girl.
- Prix de la Jeunesse 2010 : Yo, También de Álvaro Pastor et Antonio Naharro
- Coup de coeur 2010 : Christophe Lambert (notre photo avec Sophie Marceau) dans La Disparue de Deauville de Sophie Marceau, L'Homme de chevet d'Alain Monne et White Material de Claire Denis.
- Coup de foudre 2010 : Benoît Delépine et Gustave Kervern pour Mammuth
Swan d’Or 2010 :
- Meilleure comédie romantique : L'arnacoeur de Pascal Chaumeil.
- Meilleure réalisatrice : Julie Delpy pour La comtesse.
- Meilleur acteur : Eric Elmosnino (notre photo, avec Dinara Droukarova) pour Gainsbourg (vie héroïque).
- Meilleure actrice : Marina Hands (notre photo, avec Guillaume Galienne) pour Ensemble, nous allons vivre une très très grande histoire d'amour.
- Révélation masculine : Vincent Rottiers pour Qu'un seul tienne et les autres suivront.
- Révélation féminine : Leila Bekhti pour Tout ce qui brille.
Section Courts Métrages 2010
- Meilleur Réalisateur : Amal Kateb pour On ne mourra pas
- Meilleure Actrice : Yelle pour Une pute et un poussin de Clément Michel
- Meilleur Acteur : Joseph Malerba pour Le Cygne de Emma Perret
Il apparaît quelques minutes dans Le nom des gens, présenté en ouverture de la Semaine de la Critique, dans son propre rôle. En cadeau d'anniversaire offert à un "fan" (Jacques Gamblin). Et les "Jospinistes sont aussi rares que les canards mandarins sur l'île de Ré". Alors Jospin se reconvertira-t-il en comédien?