Toulouse opère un « zoom arrière » sur le patrimoine cinématographique

Posté par MpM, le 5 mars 2009

Zoom arrièrePartager le patrimoine cinématographique avec un large public, tel est le crédo du Festival "Zoom arrière" dont la 3e édition se tient à la Cinémathèque de Toulouse jusqu’au 15 mars prochain. Cette manifestation unique en France a en effet à cœur de mettre à l’honneur non pas les nouveautés, mais bien d’anciens films méconnus, peu diffusés ou fraîchement restaurés, et de faire la chasse aux idées reçues sur les "vieux films" qui seraient forcément poussiéreux et rébarbatifs.

Sous le regard bienveillant du parrain Jean-Pierre Jeunet (qui présentera ses cinq longs métrages et animera une master-class), le festival se concentrera en effet cette année sur la thématique "magie et cinéma" permettant de présenter des films de Georges Méliès, l’inventeur des effets spéciaux, ainsi que des œuvres de George Franju, Marcel Lherbier, Terry Gilliam… ou encore le Faust de Friedrich Wilhelm Murnau et le Magicien de Rex Ingram.

En parallèle, le Gosfilmofond de Moscou, troisième fonds d’archive mondial, créé en 1948, sera mis à l’honneur au travers d’une rétrospective de 31 films à thématique juive (Kinojudaica) produits entre 1910 et 1960 dans l’Empire russe puis en Union soviétique, et dont 70% n’ont jamais été montrés hors d’URSS.  Afin de replacer cette production dans une perspective historique, un colloque scientifique consacré à l’image des Juifs dans le cinéma russe et soviétique complétera les projections les 12 et 13 mars.

Dernier grand axe de Zoom arrière, la présentation en avant-premières de films récemment restaurés par d’autres archives cinématographiques européennes invitées comme la cinémathèque de Lausanne, la filmoteca espagnola ou encore la cinetecca de Turin. A noter par exemple la soirée consacrée à la ville de Toulouse au travers d’une série de courts métrages en partenariat avec les archives françaises du film.

Viennent enfin s’ajouter à tout cela des rencontres, des ateliers jeunes publics, des expositions et des ciné-concerts endiablés qui permettent à chacun de trouver sa propre voie pour (re)découvrir le patrimoine. Qu’on se le dise, il n’y a pas de date de péremption sur le cinéma, et les dix ou quinze sorties hebdomadaires n’ont pas encore réussi à totalement effacer les œuvres du passé.
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Programmation et information sur le site de la cinémathèque.
Pour le public parisien, reprise d’une partie de la programmation en mars au musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme et au mémorial de la Shoah.

Cannes : les films américains attendus sur la Croisette

Posté par MpM, le 28 février 2009

Dès lors qu'il s'agit de cinéma américain, pour un festival, il s'agit de garder une juste mesure entre glamour et cinéphilie. A Cannes, les Etats-Unis ne sont jamais ni absents, ni anecdotiques, représentant à peu de choses près 20% de la compétition officielle et presque la moitié des séances de prestige, sans pourtant donner l'impression d'être la seule voie possible. Après les chocs cinématographiques du Che et de Two lovers, on compte largement sur Thierry Frémaux et son équipe pour dénicher les équivalents 2009 parmi la pléthore de longs métrages d'ores et déjà pressentis (et espérés) sur la Croisette.

ingloriousbasterds1.jpgIndéniable favori numéro 1, Quentin Tarantino, l’enfant chéri du Festival, qui avec son projet ambitieux (Inglourious basterds) et son casting de folie (Brad Pitt, Samuel L. Jackson, Maggie Cheung, Mélanie Laurent, Diane Kruger...) semble avoir une place d'ores et déjà réservée en Sélection officielle. A l'heure actuelle, la vraie question ne serait d'ailleurs pas : "le film sera-t-il à Cannes ?" mais "sera-t-il en compétition ou en séance de minuit ?". Plus compliqué qu'on ne le croit, la présidente du jury cannois, Isabelle Huppert, ayant été pressentie pour jouer dans le film avant de finalement refuser pour des raisons peu claires... On la voit mal devoir maintenant juger de la qualité finale.

D'autres habitués de la compétition cannoise pourraient être de nouveau de la partie, à commencer par les frères Coen (A serious man), Jim Jarmusch (The limits of control), Steven Soderbergh (qui a même deux films à proposer : The girlfriend experience et The informant avec Matt Damon) et Michael Moore. Mais ils devront faire face à la concurrence de cinéastes moins fréquemment sélectionnés et qui présentent peut-être l'avantage de donner une impression de changement, à défaut de renouveau. On pense ainsi à Francis Ford Coppola (Tetro) qui n'est pas venu à Cannes depuis des années ou encore à Terry Gilliam (The imaginarium of Dr Parnassus, le dernier rôle d’Heath Ledger) dont chaque nouveau film est une promesse excitante. Sans oublier Todd Solondz (Forgiveness), Neil Jordan (Ondine), Richard Kelly (The box) et George A. Romero (Island of the dead) qui font office d'alternative séduisante et non négligeable. On pense aussi à à Ang Lee (Taking woodstock, sur le concert mythique) qui a toujours préféré Venise, mais qui vient d'être nommé Président du jury à la Mostra italienne. Il est impossible qu'un président de jury présente en plus son film en compétition.

Parmi les étrangers travaillant à Hollywood, on peut enfin espérer la venue d'Alejandro Amenabar (Agora) qui met en scène Rachel Weisz dans le rôle de la philosophe antique Hypatie et de Jane Campion (la seule réalisatrice à détenir une Palme d'or) avec Bright star, un film sur le poète britannique John Keats.

Et quid des grosses machines présentées à Cannes en avant-première pour le divertissement des festivaliers ? Après Indiana Jones IV et Kung-fu panda, la barre est placée un cran plus haut que d'habitude, mais Terminator renaissance (de McG) avec Christian Bale apparait comme un choix logique. Quant à Harry Potter et le Prince de sang mêlé, ce serait indéniablement un sacré coup médiatique. En tout cas plus plausible que GI Joe, le réveil du cobra ou Transformers la revanche, les deux autres blockbusters de l'été...

On peut aussi rêver : Up de Pixar?

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A suivre : les autres continents en course pour la Palme d'or

Cannes : les films européens qui pourraient monter les marches

Posté par MpM, le 27 février 2009

Berlin terminé, les Oscars décernés… pour s’occuper, la profession n’a plus qu’à lorgner du côté de Cannes et des films qui, s’ils étaient prêts à temps, pourraient faire sensation sur le tapis rouge. La liste est longue et parfois fantasque, mais certains noms reviennent avec une vraie constance. Sûrement de quoi amuser Thierry Frémaux qui, comme chaque année, va au cours des deux mois qui viennent découvrir au fil des articles de journaux ce qu’il est censé aimer ou détester.

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Aux réalisateurs français déjà cités (voir notre article du 18 janvier), se sont peu à peu ajoutés l’incontournable Bruno Dumont (Hadewijch), Marina de Van (Ne te retourne pas, déjà pressenti en 2008) et Gaspar Noe (Soudain le vide), trois réalisateurs susceptibles de susciter une vraie bonne polémique comme la Croisette en est friande. Dans un genre très différent, certains parlent du documentaire de Nicolas Hulot, The titanic Syndrome tandis qu'en outsiders, on voit bien Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon, adapté d'un roman de Eric Holder) ainsi qu' Albert Pereira Lazaro et son complice Emmanuel Klotz pour le film d'animation Les lascars.

Déjà venus, Tony Gatlif (Liberté), Alain Resnais (Les herbes folles) et Cédric Kahn (Les regrets) pourraient enfin faire également partie des prétendants présentés aux sélectionneurs du Festival. On l'a compris, le choix final risque d'être particulièrement complexe... d'autant que, traditionnellement, seuls trois ou quatre films français figurent en compétition.  Même avec la possibilité d'un "repêchage" en "séance spéciale" ou dans le cadre de la section "Un certain regard", la majorité des longs métrages envisagés ne fera pas le voyage, et cela indépendamment de toute considération artistique.

Almodovar, Loach, Von Trier, Mungiu...

Il ne faut pas croire que la sélection s'annonce plus facile dans le reste de l'Europe. Même parmi les "fidèles", voire les déjà palmés, un tri drastique va s'imposer. De Pedro Almodovar (Los abrazios rotos, avec Peneloppe Cruz) dont on ne compte plus les tentatives de remporter la Palme à Ken Loach (Looking for Eric, sur et avec Eric Cantonna) qui l'a reçue en 2006, ils sont tous prêts : Lars von Trier (Antichrist avec Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg), Fatih Atkin (Soul kitchen, une comédie avec Morritz Bleibtreu), Michael Haneke (Le ruban blanc), Cristian Mungiu (Palme d’or 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui revient avec Tales from the golden age, sur la Roumanie communiste), Marco Belloccio (Vincere), Bela Tarr (The Turin horse), Andreas Arnold (Fish tank), Danis Tanovic (Triage)...

Toutefois, la surprise pourrait aussi venir de ceux qui n'ont jamais connu les honneurs de la compétition ou même du Festival : l'Italien Michele Placido (Il grande sogno), l'Autrichienne Jessica Hausner (Lourdes), l'Islandais Dagur Kari (The good heart), l'Allemand Matthias Glasner (This is love, sur la prostitution enfantine en Thaïlande) ou encore le film d'animation nordique, Metropia, dirigé par Tarik Saleh.

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A suivre : les films nord-américains attendus sur la Croisette

Heath Ledger, joker pour Terry Gilliam ?

Posté par MpM, le 25 août 2008

Heath ledger, joker dans BatmanCa devient de plus en plus compliqué pour Terry Gilliam ! Le fameux réalisateur de Brazil a en effet des difficultés croissantes pour financer et distribuer ses films. Ainsi, The Imaginarium Of Dr. Parnassus, son dernier opus, bien qu’il réunisse Colin Farrell, Johnny Depp, Jude Law et surtout le regretté Heath Ledger, n’a toujours pas trouvé de distributeur outre-atlantique. La cause ? Une histoire peu grand public (mêlant mondes parallèles et troupe de théâtre déjantée) et surtout le passif de Terry Gilliam, abonné aux tournages interrompus (L'Homme qui tua Don Quichotte), aux dépassements de budget et aux échecs au box-office…

"Dans ce marché, à moins d’être sûr qu’un film comme ça sera un succès, je ne prendrais pas le moindre risque, même avec Heath Ledger" aurait déclaré un distributeur. Toutefois, les studios n'étant pas complément idiots, ils ont bien conscience du potentiel que peut malgré tout représenter le dernier film d’Heath Ledger, surtout après le succès de Batman… On attend donc qu’un déclic se produise, notamment chez Lions Gate qui s’occupe de la vente du film à l’étranger, et pourrait par exemple décider de le distribuer sur le territoire américain.

Notons que les trois comédiens qui ont remplacé l'acteur défunt pour interpréter le même rôle ont décidé de faire don de leur cachet à la fille de Heath Ledger et Michelle Williams.