Omar Sharif se couche (1932-2015)

Posté par vincy, le 10 juillet 2015

Il était beau, il était brun, il sentait bon le sable chaud. Omar Sharif aura été l'incarnation de la star mondialisée avant l'heure, avec sa gloire, les paillettes, les excès, et sa déchéance, la maladie, le vice du jeu... Nomade sans frontières qui a vécu en France, aux Etats-Unis, en Italie, polyglotte et résidant dans les Palaces, l'acteur égyptien doit toute sa carrière internationale à David Lean. Mais c'est Youssef Chahine qui l'a fait naître. Deux grands noms du cinéma qui ont créé l'image qu'il projetait au fil des décennies.

Chahine et Hamama

Né Michel Chalhoub le 10 avril 1932 à Alexandrie, entre Sahara et Méditerranéen, dans une famille d'origine libanaise, il est mort d'une crise cardiaque dans une clinique du Caire ce vendredi 10 juillet, à l'âge de 83 ans. Il souffrait d'Alzheimer et s'affaiblissait gravement depuis quelques semaines. La maladie lui avait fait prendre sa retraite, après 70 films, en 2012.

Omar Sharif a commencé sa carrière cinématographique en 1954, il y a plus de 60 ans, avec Ciel d'enfer, de Youssef Chahine, avec Faten Hamama, récemment disparue. Le film est en sélection à Cannes. Il se marie avec elle, véritable icône du cinéma égyptien. A cette occasion, ce catholique melkite s'était converti à l'islam. Il tourne avec elle son premier film occidental, La châtelaine du Liban de Richard Pottier, en 1956. Entre temps, il est à l'affiche de deux autres films de Chahine, Le Démon du désert et Les eaux noirs.

David Lean

Mais c'est évidemment six ans plus tard qu'Omar Sharif va briller dans le monde entier, avec un second rôle mémorable dans Lawrence d'Arabie de David Lean. Il empoche un Golden Globe et une nomination à l'Oscar au passage. Une première pour un comédien africain. Omar Sharif a également reçu Lion d'or au festival du film de Venise pour l'ensemble de sa carrière en 2003 et un César français du meilleur acteur pour Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron.

"Si je parle anglais, c'est parce que ma mère, qui voulait que je sois le plus beau, trouvait que j'étais trop gros lorsque j'étais enfant. Alors, elle m'a envoyé en pensionnat à l'école anglaise, parce qu'on y mangeait mal" expliquait-il au journal Libération en 2001. Cette pratique de l'anglais lui permet d'être enrôlé par David Lean, qui cherchait absolument un bel acteur arabe anglophone. En incarnant le prince altier Ali Ibn El-Kharish dans Lawrence d'Arabie, il s'impose comme un véritable alter-égo à l'autre révélation du film, Peter O'Toole. Trois ans plus tard, le cinéaste britannique l'engage de nouveau pour le rôle principal du médecin aventureux de Docteur Jivago, autre immense succès populaire. Et cette fois-ci, c'est le Golden Globe du meilleur acteur qu'il emporte dans ses valises.

Deneuve, Aimée, Huppert...

En signant à l'époque un contrat avec la Columbia, une première pour un acteur arabe, et en s'installant aux Etats-Unis, Omar Sharif devient vite une star de grandes fresques historiques incarnant Sohamus dans La chute de l'Empire romain d'Anthony Mann, Genghis Khan dans le film éponyme d'Henry Levin, l'emir Alla Hou dans La Fabuleuse aventure de Marco Polo de Denys de la Patellière et Noël Coward, Che Guevara dans Che! de Richard Fleisher, l'archiduc Rodolphe embrassant Catherine Deneuve dans Mayerling de Terence Young (avec qui il a tourné de nombreux films)...

Sa filmographie est impressionnante côté réalisateurs: Fred Zinnemann pour Et vint le jour de la vengeance, Francesco Rosi pour La belle et le cavalier, Sidney Lumet pour Le rendez-vous aux côtés d'Anouk Aimée, John Frankenheimer pour Les cavaliers, Henri Verneuil en flic grec pourri pour Le Casse opposé à Jean-Paul Belmondo, Blake Edward pour Top Secret et Quand la panthère rose s'en mêle, Andrzej Wajda pour Les Possédées avec Isabelle Huppert... Et on pourrait aussi citer Alejandro Jodorowsky, John McTiernan, Juan Antonio Bardem, Richard Lester, ... Pourtant, il ne se foulait pas. Il aurait pu avoir plus d'audace mais il confessait: "Ce que j’aime dans le métier d’acteur, c’est que je ne fous rien."

Streisand et la rupture égyptienne

En 1968, avec Funny Girl de William Wyler, il interprète un juif de la diaspora soutenant Israël, face à Barbra Streisand. Triomphe aux USA mais en pleine guerre des Six jours, le film provoque une énorme polémique dans son pays. Il est alors interdit de séjour en Egypte durant 9 ans. Il y est indifférent, ne supportant pas le régime autoritaire du pays.

Barbra Streisand s'est exprimé ce soir sur le décès de son première partenaire masculin au cinéma: "Il était beau, sophistiqué et charmant. Il était fier d'être Egyptien et pour certains le fait de l'avoir choisi était considéré comme controversé. (...) J'ai été chanceuse d'vaoir l'opportunité de travailler avec Omar, et je suis profondément triste d'apprendre sa mort."

Champion de bridge et ambassadeur du tiercé

Si cette carrière semble si chaotique, c'est aussi parce que ce seigneur d'un autre temps, aristocrate atemporel, avait le jeu dans le sang, au point, parfois, de perdre beaucoup. "Je préfère jouer au bridge que de faire un mauvais film" disait-il. Mais parfois il était bien obligé de faire un mauvais film pour jouer au bridge ou rembourser ses dettes (il ne faut pas oublier que la Columbia l'a exploité avec un contrat de cinq ans délibérément sous-évalué. Il a tourné Docteur Jivago pour des miettes de pain). Les Français se souviennent de la publicité pour Tiercé magazine. Cependant, ce champion de bridge (il a écrit de nombreux livres sur le sujet), habitué des casinos pour fuir sa solitude, était aussi propriétaire d'une importante écurie de chevaux de course.

Mais Omar Sharif était un affectueux. Fidèle aussi. S'il avait besoin de cash et tournait des films médiocres, accepter des petits rôles (Aux sources du Nil de Bob Rafelson, Hidalgo de Joe Johnston), il pouvait aussi s'impliquer complètement dans des personnages qui lui tenaient à coeur. Ainsi, avec Claudia Cardinale, il forme le couple du diptyque biographique d'Henri Verneuil, Mayrig et 588, rue Paradis. Et puis il peut aussi être la voix du lion dans le Monde de Narnia ou le narrateur dans 10000 de Roland Emmerich, ou, pire, jouer pour Arielle Dombasle (deux fois). On préfère son passage éclair et parodique dans Top Secret de Zucker-Abrahams-Zucker.

Tolérance et charisme

Mais son dernier grand rôle, celui qu'il aimait le plus était bien ce monsieur Ibrahim de François Dupeyron, vieil épicier arabe qui se lie d'amitié avec un jeune garçon juif.

Car il aura plaider constamment pour la tolérance entre les peuples, peu importe leur confession religieuse ou leur sexualité. Il a ainsi assumé publiquement l'homosexualité de son fils, Tarek, né de son mariage avec Faten Hamama, quitte à être incompris de ses compatriotes. Toujours engagé, contre les guerres de George Bush, il a soutenu ailleurs par le Printemps arabe (lire notre actualité du 30 janvier 2011).

Son autobiographie s'intitulait "L'éternel masculin". Physiquement, il y avait de ça. Il avait une aura incroyable, un charisme unique, une séduction diabolique, un humour sarcastique, parfois un tempérament ombrageux. L'homme était plus complexe. Selon lui, on lui a collé une image déformante, une vie qui n'était pas la sienne. Issu de l'élite, diplômé en sciences, curieux de tout, mais lassé de beaucoup de choses, y compris des paysages, il ne cherchait finalement qu'une chose: "Je veux qu'aujourd'hui soit comme hier. Est-ce trop demandé?" Mais aujourd'hui ne fut pas comme hier.

Faten Hamama (1931-2015), la grande dame du cinéma arabe s’en va

Posté par vincy, le 18 janvier 2015

faten hamama omar sharif

L'actrice égyptienne Faten Hamama, icône du cinéma arabe, muse de Youssef Chahine et d'Henry Barakat, et bien entendu ex-femme du célèbre acteur Omar Sharif, est décédée samedi à l'âge de 83 ans, a indiqué à l'AFP son fils. Elégante et discrète, gracieuse et humble, elle pouvait incarner des femmes émancipées ou suaves dans des films très différents, allant jusqu'à interpréter parfois deux rôles (soeur ou mère et fille) dans un même film.

Figures de l'âge d'or du cinéma égyptien, a surtout été célèbre entre les années 1950 et 1970, lorsqu'elle jouait aussi bien dans des comédies romantiques et musicales, notamment avec le "crooner" Abdel Halim Hafez, que dans des mélos, des drames historiques ou des films engagés, dénonçant les inégalités sociales ou défendant les droits des femmes.

Son film Je veux une solution (Orid hallan) de Said Marzouk (1975), qui narre le parcours de combattant d'une Egyptienne tentant d'obtenir le divorce de son mari, avait d'ailleurs permis une révision de la législation pour permettre aux femmes de demander le divorce.

A partir des années 70, elle avait décidé de ne jouer que dans des films reflétant les valeurs de la société. Faten Hamama avait quitté l'Egypte entre 1966 et 1971, partageant sa vie entre le Liban et Londres, à cause de pressions politiques à l'époque. De nombreux intellectuels avaient réclamé au président Nasser son retour au pays, la qualifiant de "trésor national".

Egérie des plus grands cinéastes, à l'affiche des plus grands films égyptiens

"La grande dame du cinéma arabe", telle qu'elle était surnommée, avait à peine 10 ans lorsqu'elle a commencé sa carrière au cinéma grâce à Mohammed Karim, qui lui fit tourné ses premiers films dans les années 40. Depuis elle est apparue dans une centaine de films, dont plusieurs signés Youssef Chahine, Kamal El Sheikh, Salah Abouseif et Henry Barakat. Grâce à Barakat (leur collaboration s'est étendue sur cinq décennies), elle fut en compétition à Cannes en 1965 (El haram) et à Berlin en 1960 (Doa al karawan (The Curlew's Cry)). Il l'a également dirigée dans El bab el maftuh (The Open Door, 1964). Kamal El Sheikh l'avait aussi conduite sur les marches cannoises en 1964 avec La dernière nuit. Mais c'est bien avec Chahine qu'elle fut révélée avec des films comme Papa Amin, premier film du cinéaste (1950), Le fils du Nil (1951, en compétition à Cannes), Le grand bouffon (1952), Ciel d'enfer (avec Omar Sharif, 1954, en compétition à Cannes) et Les eaux noires (1956). Le réalisateur disait d'elle qu'elle était son actrice favorite et la meilleure actrice égyptienne de tous les temps.

Elle a évidemment partagé plusieurs fois l'affiche avec son ex-mari Omar Sharif (notamment Nos plus beaux jours de Helmy Halim en 1955 et Le Fleuve de l'amour, de Ezzel Dine Zulficar, en 1961, une variation du roman de Léon Tolstoï Anna Karenine), qui s'était converti à l'islam pour l'épouser en 1955. Le couple a divorcé en 1974. Cela n'empêchait pas Omar Sharif de la décrire comme le seul amour de sa vie.

Elle était considérée comme "l'actrice la plus importante du pays" durant la commémoration du centenaire de la naissance du cinéma égyptien en 1996, pour sa contribution au plus grand nombre de films classés parmi les 100 meilleures oeuvres du cinéma égyptien durant ces 100 dernières années. Elle avait reçu sa récompense lors du Festival du film du Caire, qui lui avait décerné un prix d'interprétation en 1977 et un prix honorifique en 1991. Au Festival de Téhéran, elle avait été trois fois primée au cours de sa carrière. Le Festival de Dubaï lui a remis un prix d'honneur en 2009.

Depuis les années 80, elle ne tournait quasiment plus. Ses dernières apparitions furent réservées au petit écran.

Les Inattendus reprennent leurs quartiers d’été à Lyon

Posté par Morgane, le 17 juin 2010

inattendus.jpgLe temps n’annonce pas l’été et le soleil se fait désirer, mais les Inattendus y croient et relancent les Toiles d’été à Lyon, du 25 juin au 19 juillet. Rendez-vous donc à la Guillotière (Lyon 3e et Lyon 7e) pour fêter l’été avec un voyage à travers les cinémas des trois mondes, en plein air et gratuit.

Au programme, Nanouk (1922) de Robert Flaherty, Gare centrale (1958) de Youssef Chahine, Yeelen (La Lumière) (1984) de Souleymane Cissé, Not for sale (2003) de Yaël Bitton, Changement au village (Gamperaliya) (1965) de Lester James Peries et un ciné-concert durant lequel le collectif de musiciens Ceux qui font improvisera sur une sélection de courts métrages.

Lyonnais, le cinéma s’installe dans la rue, faites-en de même...

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Bobigny honore la mémoire de Youssef Chahine

Posté par vincy, le 2 avril 2010

A l'occasion du 21 Festival Théâtres au cinéma, qui se déroule à Bobigny du 30 mars au 11 avril, une rue Youssef Chahine a été inaugurée mardi dernier dans la ville. Le cinéaste égyptien, disparu en juillet 2008, a le droit aussi à une rétrospective intégrale, qui a commencé dès le 30 mars avec la projection de La Mémoire.

Par ailleurs, le Festival rend  hommage au producteur Humbert Balsan et accueille le grand Omar Sharif en invité d'honneur le 9 avril. Une dizaine de films avec l'acteur sont projetés. Une sélection en rapport avec Albert Camus complète le programme.

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Venise mêle politique des auteurs et curiosité cinématographique

Posté par MpM, le 29 juillet 2008

venezia_salagrande.jpgPour sa 65e édition (du 27 août au 6 septembre), qui sera dédiée à Youssef Chahine, la Mostra de Venise semble marcher dans les pas de son rival cannois en mêlant habilement auteurs confirmés (et pour certains même détournés de la Croisette, comme les Coen, Kitano ou encore Aronofsky) et nouveaux venus intrigants et prometteurs, à l'image de Christian Petzold (remarqué à Berlin en 2007) ou de Tariq Teguia (déjà sélectionné en 2006 avec Rome plutôt que vous). Le festival rompt même avec sa fidélité envers les cinéastes de la nouvelle vague en choisissant des auteurs très personnels comme Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic (réalisateurs et interprètes de Dancing en 2003) ou encore Barbet Schroeder pour représenter la France.

Le signe d'une vraie exigence qui en éclipserait presque la profusion de stars attendues (Kim Basinger, Guy Pearce, Charlize Theron, Anne Hathaway, Anthony Wong, Benoît Magimel, Mickey Rourke, Ralph Fiennes..., mais sans elles, pas de festival digne de ce nom) et surtout l'annonce la plus excitante de la compétition (et qui nous vient une fois encore de l'animation) : la sélection de deux des plus grands cinéastes de l'animation contemporaine, les Japonais Hayao Miyazaki (avec son dernier succès Ponyo sur la falaise) et Mamoru Oshii (le réalisateur culte de Ghost in the shell), adulés bien au-delà des frontières de leur pays. Joli doublé pour Venise qui réussit ainsi ce dont bien des festivals, Cannes en tête, ont rêvé.
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Youssef Chahine, fils du Nil, s’en va… (1926-2008)

Posté par vincy, le 27 juillet 2008

chahine.jpgSes Pyramides et sa signature introduisaient tous les films de son distributeur français, Pyramide. Youssef Chahine, le plus grand cinéaste d'Egypte, et sans doute l'un des plus grands du monde arabe, vient de mourir, le 27 juillet, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 82 ans. Une hémorragie cérébrale l'avait plongé dans le coma depuis plusieurs semaines.

Né le 25 janvier 1926 à Alexandrie, il étudiera le cinéma en Californie juste après la seconde guerre mondiale. Il réalise son premier film, Papa Amin, en 1950. Son dernier, Chaos, a été produit en 2007.

Dès 1951, il entamera une grande histoire d'amour avec le Festival de Cannes (six sélections). Si Berlin lui offre un Ours d'argent pour Alexandrie, Pourquoi ? (1978), c'est avec Le destin (1997) qu'il atteindra sa reconnaissance mondiale quand la présidente du jury, Isabelle Adjani, lui remettra le prix du 50e anniversaire du Festival de Cannes pour l'ensemble de son œuvre. Ce film, aux allures de fresque populaire, est inspiré de la vie du philosophe arabe (et tolérant) Averroès. Chahine, très fortement engagé politiquement, n'avait pas pu empêcher la censure de son film dans son propre pays. Le destin dénonce justement l'intégrisme et les conséquences de l'ignorance et de l'aveuglement. A l'époque, nous écrivions sur "cette poésie optimiste et révoltée" : "Ce film plein de vie bascule entre l'exubérance des sages, et la dureté froide des puissants. N'y cherchons aucune fidélité historique dans les paysages, retenons juste l'universalisme des messages, et fatalité des visages."
Notablement opposés au régime d'Hosni Moubarak, perpétuel président égyptien, mais surtout aux islamistes et aux fanatiques, rêvant d'un monde arabe éclairé et démocratique, ses films heurtaient la censure et provoquaient des embrasements dans son pays. Youssef Chahine dénonçait la bêtise et l'impasse de l'intégrisme.

Surtout ses films faisaient preuve, malgré, parfois, le manque de moyens, d'une véritable audace dans la forme, et surtout d'une fraîcheur revigorante. Il aimait les mélos et les musiques, flirtant ainsi avec un côté Bollywood dans certaines de ses œuvres. A l'instar de ces chanteurs de variété qui collent des rythmes dansants sur des textes graves... Cela ne l'empêchait pas de faire de grandes reconstitutions historiques (Adieu Bonaparte). De ses quarante films qui évoquent l'Egypte sous toutes ses coutures, de la misère à l'indépendance politique, on retiendra surtout sa trilogie autobiographique, tel un roman sur une Egypte disparue, d'avant guerre : Alexandrie, pourquoi ? (1978), La mémoire (1982) et Alexandrie encore et toujours (1989).

Figure de proue du cinéma égyptien, Youssef Chahine était davantage reconnu à l'étranger que dans son propre pays. La télévision égyptienne n'a fait que le strict minimum lors de l'annonce de sa mort, passée en deuxième plan dans la hiérarchie des informations. Il avait pourtant eu les honneurs d'une rétrospective complète à Locarno en 1996. Il avait même mis en scène Caligula d'Albert Camus à la Comédie Française en 1992.

Mythe du monde du cinéma arabe, marié à une française, honni par les "censeurs" de son pays, les artistes égyptiens n'ont pas hésité à louanger Chahine, rappelant qu'il avait découvert l'autre monstre sacré du cinéma égyptien : Omar Sharif. Il l'avait fait jouer dans Les eaux noires (1952). Il avait aussi magnifié Dalida peu de temps avant sa mort dans Le sixième jour (1986).

"Un cinéaste du tiers-monde n'est jamais assez engagé", racontait-il en 2007 dans Le Monde. "Chaque fois qu'il fait un film, il écrit trois scénarios: l'histoire qu'il veut raconter, l'éloge du gouvernement qui le commandite et le combat qu'il mène contre les adversaires politiques."

Espérons qu'il ait des héritiers, en Egypte et ailleurs...