Aki Kaurismäki dit « adios » au cinéma

Posté par vincy, le 16 février 2017

Faut-il le croire? Aki Kaurismäki a-t-il un simple "bébé blues" post-film? Alors que L'autre côté de l'espoir (The Other Side of Hope) est le grand favori pour l'Ours d'or à Berlin cette année, où le film a été présenté il y a deux jours, le cinéaste finlandais affirme que ce sera son dernier film.

L'AFP rapporte un entretien qu'il a eu à la télévision finlandaise, Yle: "J'ai déjà dit ça mais cette fois c'est vraiment 'adios'. On est tout près de voir que ce film sera le dernier pour moi". Il explique: "Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre ma propre vie, enfin."

Le cinéaste, également producteur, scénariste et monteur, n'a pourtant que 59 ans. Mais déjà 36 ans de carrière à son actif.

Plus surprenant, il avait affirmé que Le Havre et L'autre côté de l'espoir, ses deux derniers films, faisaient partis d'une trilogie. Le troisième film n'existera donc peut-être jamais.

Kaurismäki, considéré comme l'un des plus grands cinéastes européens contemporains a reçu le Carrosse d'or pour l'ensemble de sa carrière l'an dernier, le Grand Prix au Festival de Cannes et le Prix FIPRESCI du film de l'année à San Sebastian pour L'Homme sans passé, le Prix FIPRESCI à Cannes, le Prix Louis-Delluc et une nomination au César du meilleur réalisateur pour Le Havre, le Prix FIPRESCI à Berlin pour La vie de bohème et 14 prix pour lui seul aux Jussi (les César finlandais).

Mel Gibson retrouve la confiance d’Hollywood

Posté par vincy, le 16 février 2017

La traversée du désert semble terminée pour Mel Gibson. Grâce à Tu ne tueras point, sa dernière réalisation, il a renoué avec le succès public (165M$ au box office international) et critique (6 nominations aux Oscars, dont meilleur film et meilleur réalisateur) Il efface ainsi le semi-échec d'Apocalypto sorti en 2006. Est-il bankable pour autant en tant qu'acteur. Depuis 2002 et Signs, Gibson n'a joué que dans 6 films (certes avec un statut de persona non grata pendant pas mal d'années à Hollywood). Arrêté en état d'ivresse et après avoir tenu des propos antisémites en 2006, il avait été condamné à trois ans de probation.

Hollywood aime les résurrection, ce qui ne déplaira pas à ce catholique traditionaliste, et a décidé de le remettre sur les rails.

Tout d'abord avec Vince Vaughn dans Dragged Across Concrete, un polar autour de la brutalité policière réalisé par S. Craig Zahler. Le duo incarnera deux flics suspendus quand une vidéo révèle leurs méthodes violentes. Ils vont s'introduire dans le milieu criminel pour réaliser leur vengeance. A noter que Vaughn faisait parti du casting de Tu ne tueras point et qu'il a joué devant la caméra de Zahler dans Brawl in Cell Block 99, film prévu en salles cette année.

Ensuite, Mel Gibson est en pourparlers finaux pour la suite de Very Bad Dads (Daddy's Home), avec Will Ferrell et Mark Wahlberg. Cette suite, toujours réalisée par Sean Anders, semble logique vu le carton international du premier épisode (240M$). Gibson interpréterait le rôle du père de Wahlberg tandis que John Lithgow ("The Crown") serait le père de Farrell. Gibson en voie de "deniroisation"?

Enfin, la Warner, qui a accompagné toute la franchise L'Arme Fatale, a ouvert les discussions pour trouver le réalisateur de Suicide Squad 2. Et devinez qui en retrouve parmi les finalistes? Mel Gibson! On doute un peu qu'il donne suite. Mais cela confirme qu'il est bien redevenu hype. Outre Gibson, Ruben Fleischer (Zombieland), Daniel Espinosa (Safe House) et Jonathan Levine (Warm Bodies) ont été approchés.

Berlin 2017 : la situation économique portugaise s’invite en compétition avec Colo de Teresa Villaverde

Posté par MpM, le 15 février 2017

Il aura fallu attendre le 6e jour du 67e Festival de Berlin pour que la crise économique européenne fasse son apparition dans la compétition. La réalisatrice portugaise Teresa Villaverde, qui est de retour à Berlin après avoir été sélectionnée en 1991 au Forum pour le film Alex, a en effet posé sa caméra au sein d'une famille dont le père est au chômage depuis un long moment tandis que la mère cumule plusieurs emplois en même temps pour subvenir aux besoins de la famille. Lorsque le film commence, la situation est déjà bien installée. On sent à de petites choses (notamment l'anxiété du père lorsque sa femme tarde à rentrer) que le lent processus de détérioration de la cellule familiale est bien entamé. Même si les relations entre les personnages sont en apparence normales, on sent entre eux un malaise, une fragilité fébrile qui trahit l'éloignement et surtout l'isolement de chacun. Le père est à fleur de peau, sa femme dissimule son immense fatigue derrière une gaieté de façade, et la fille adolescente fait ce qu'elle peut pour s'extirper de ce tourbillon délétère et continuer à vivre normalement sa vie.

La réalisatrice observe ses personnages de loin, dans des plans souvent d'une grande beauté plastique et composés comme des tableaux. Elle les fige dans des encadrements de porte ou de fenêtre, individus coincés dans leur propre vie, les filme de haut, petits êtres malhabiles et perdus, les place derrière des vitres qui empêchent de les entendre parler, eux pour qui la communication est chaque jour plus ardue et moins spontanée. Chaque choix de mise en scène reflète ainsi l'empêchement des personnages, leurs aspirations ratées et leurs regrets pesants. Mais là où Teresa Villaverde est la meilleure, c'est dans sa représentation de l'errance, physique comme psychique. Ce n'est pas un hasard si chaque personnage est tenté par l'option de la disparition ou de la fuite pure et simple.

Plus allégorique que documentaire

La réalisatrice prend son temps pour montrer ces tentatives d'évasion, ces espoirs ténus d'échapper à l'étau de la misère et des larmes. Quitte à sembler aride (et trop long), le film accompagne les uns et les autres dans leurs déambulations désespérées, laissant respirer chaque scène et filant d'un bout à l'autre la métaphore de l'eau qui tantôt les conforte, tantôt les entraîne à la dérive. On est très clairement plus au niveau de la sensation et du non dit que dans l'explication ou l'hystérie. Les indices sont même plutôt épars : la mort de l'oiseau, la coupure d'électricité , le renoncement de la mère à maintenir l'image d'une famille unie... On a ainsi l'impression de faire face à une sensation d'étouffement larvé, comme un piège qui se referme lentement mais inexorablement sur ses victimes.

Cette manière de laisser la réalité économique du Portugal contaminer le récit sans jamais être mentionnée permet à Teresa Villaverde de réaliser un film plus allégorique que documentaire, où la recherche formelle va toujours de pair avec le propos, et dans lequel la famille en décomposition devient la métaphore du pays lui-même. Malgré les réserves que l'on peut émettre sur le film, qui n'est pas totalement abouti dans sa démonstration, et souffre de quelques longueurs, il faut reconnaître qu'on avait grandement besoin, dans cette édition en demi-teinte d'une Berlinale où se succèdent les films anecdotiques, d'une œuvre qui allie aussi fortement l'esthétisme d'un cinéma sensoriel à la démarche résolument politique d'une cinéaste soucieuse de parler de son époque.

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Berlin 2017: Catherine Deneuve et Catherine Frot, des femmes pas si sages

Posté par vincy, le 15 février 2017

deneuve berlinale 2017 © vincy thomasA l'applaudimètre, ça ne fait aucun doute. Les festivaliers berlinois, lors de la projection officielle de Sage Femme (hors-compétition de cette 67e Berlinale, mais avec les honneurs du tapis rouge du Berlinale Palast), la Deneuve l'emporte largement sur la Frot. Au seul nom de Deneuve, avant la projection, le public s'est levé comme un seul homme pour une ovation. Les deux "cathoches" les plus populaires du cinéma français (mais pas dans la même catégorie côté aura internationale et cinéphilique) sont à l'affiche de cette comédie dramatique de Martin Provost.

Vivre libre

Le film a ce qu'il faut de bons moments, de répliques un peu vachardes et d'émotion manipulée pour toucher un public assez large. Bien sûr, c'est la présence de ce deux stars françaises qui a sans doute conduit à une sélection officielle de ce film mineur à la prestigieuse Berlinale, ne nous illusionnons pas. Le scénario suit un parcours attendu mais mal maîtrisé vers la fin. La mise en scène épuise ses audaces au premier tiers du récit.

Si l'histoire est plaisante, malgré ses sujets dramatiques (une maternité qui ferme, un cancer, des solitudes, n'en jetez plus), si certains dialogues sont drôles (le public allemand y réagissait avec joie), et si l'ensemble tend vers un discours anti-libéral économiquement mais ultra-libertaire individuellement, cela ne suffit pas à en faire autre chose qu'une œuvre populaire (ce qui n'est déjà pas si mal) sans réelle personnalité.

Deux comédiennes d'exception

Martin Provost s'essaie à la comédie-sociale-dramatique-réaliste (après des films d'époque) mais reste concentré sur ce qui l'intéresse depuis toujours, les femmes. Là, reconnaissons, qu'il est généreux. Avec deux actrices au tempérament si prononcé, aux personnalités (et au jeu) si différentes, et au charisme indéniable, il en profite largement.

Catherine Frot hérite d'un rôle en creux, très intérieur, presque ingrat si elle n'avait pas un si beau métier, et opère sa mue lentement. Terne, elle devient lumineuse avec talent et sans forcer.

Catherine Deneuve, à l'inverse, sans trop heureuse d'avoir un personnage aussi cyclothymique, des rires aux larmes, s'en donne à cœur joie avec cette Béatrice flambeuse, fumeuse, alcoolique, malade, seule, ayant brûlé la vie à ne vivre que le présent hors du réel.

Un voyage interrompu

Si les deux actrices semblent efficacement incarner ces deux femmes opposées avec une facilité déconcertante, c'est sans aucun doute grâce à leur expérience et leur savoir-faire. Personne ne gagne un match où les deux camps jouent leur très bon niveau, sans aller au-delà.

Ce qu'on retiendra surtout de Sage femme, c'est leur duo. L'alchimie douce qui s'incruste dans cette relation tendue par un passé commun compliqué. Le réalisateur n'a pas résisté à l'idée de les rendre complices et dépendantes l'une de l'autre, s'offrant même un baiser tendre et amical ou un massage apaisant entre "Yolande" et "Belle de jour". Hélas, Martin Provost ne va jamais plus loin et reste en surface dans cette liaison étrange et mystérieuse, comme s'il avait peur de vouloir embarquer deux immenses comédiennes hors des sentiers battus, leur ouvrant de nouveaux horizons.

C'est d'autant plus regrettable qu'on a le sentiment qu'elles étaient prêtent à aller beaucoup plus loin dans ce voyage commun...

Vesoul 2017 : Des femmes et des bébés au palmarès

Posté par kristofy, le 15 février 2017

Le 23ème Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul s'est terminée avec sa chaleureuse convivialité habituelle et beaucoup de promesses pour le rendez-vous de l'année prochaine. La manifestation prend de plus en plus d'ampleur localement (avec des lycéens, d'autres salles dans d'autres villes proches, incluant même un débat en duplex, et une programmation post-festival à Paris et ailleurs) et à l'international (au festival de Busan en Corée, on parle autant de Vesoul que de Berlin, pour beaucoup d'invités la ville vosgienne restera leur première étape de découverte de la France...), tant et si bien que de nombreuses séances ont affiché 'complet'. Sur une semaine il y a eu tout de même environ 150 séances et il a fallu en rajouter pour satisfaire la demande.

Nos films préférés

C'est au FICA de Vesoul que l'on voit en avant-première des films comme Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai), Après la tempête de Kore-eda Hirokazu (découvert à Cannes, sortie le 26 avril), The Bacchus Lady de Lee Je-yong (en ce moment au festival de Berlin), et surtout la riche sélection des films en compétition dont la plupart n'ont pas encore de distributeurs.

Parmi nos préférés il y avait Hotel Salvation de Shubhashish Bhutiani (Inde), Reseba-The Dark Wind de Hussein Hassan (Irak), Baby Beside Me de Son Tae-gyum (Corée du Sud), et 500m 800m de Yao Tian (Chine), ce dernier étant d'ailleurs étrangement complémentaire avec un des films les plus fort d'une autre sélection Blind Mountain de Li Yang...

Le prix du public pour Reseba-The Dark Wind

Comme on le pressentait déjà Reseba-The Dark Wind a fait forte impression sur les festivaliers et repart avec deux prix : prix du public et prix des lycéens.

Mais c'est 500m 800m de Yao Tian qui a gagné le Cyclo d'or du jury international (la cinéaste iranienne Rakhshan Bani-Etemad comme présidente, la réalisatrice géorgienne Rusudan Chkonia, le réalisateur sri lankais Vimukthi Jayasundara et la réalisatrice mongole Byambasuren Davaa) : ce film chinois risque d'ailleurs de ne pas être vu dans son propre pays tant il critique la politique de l'enfant unique en Chine (qui a été assouplie depuis 2016).

Yao Tian, fils unique, Cyclo d'or

Le réalisateur Yao Tian qui était présent à Vesoul avait expliqué que «Je suis né dans les années 80 et je n'ai pas eu de petit frère ou petite sœur à cause de cette injonction de l'enfant unique. Ce n'était pas possible car sinon il y avait une très grosse amende impossible à payer, de plus pour qui avait un travail de fonctionnaire c'était le renvoi de cet emploi. Si jamais une seconde grossesse arrivait tout de même c'était comme dans le film 500m 800m, pas possible de donner naissance à un deuxième enfant, il n'y avait pas vraiment de limite au nombre de mois de grossesse pour un avortement (ndlr : comme une séquence marquante du film). Cette politique de l'enfant unique a durer longtemps et au bout d'un moment il y a eu un vieillissement de la population, c'est pourquoi ça a été changé début 2016 avec l'autorisation d'un deuxième enfant. »

Le titre du film 500m 800m évoque deux endroits voisins où s'est construit le barrage des Trois Gorges : dans le village rural à plus de 800 mètres d'altitudes un second enfant était permis sous certaines conditions (si le premier enfant était une fille, il fallait attendre 3 ans après sa naissance...) mais ses habitants apprennent qu'on leur ordonne de déménager pour être reloger ailleurs, dans des logements plus modernes, plus bas, sous 500 mètres d'altitude... La décision de tout quitter pour les plus âgés est dure, les autres sont séduits par l'avantage d'avoir enfin une école. Une femme du village au dessus des 800 mètres déjà maman d'une petite fille se retrouve enfin enceinte d'un second enfant (ce qui est permis) et la famille bon gré-mal gré déménage donc, mais là où ils arrivent c'est l'application stricte de la politique de l'enfant unique : il lui est interdit de garder son bébé à naître...

reseba the dark windGrossesses, viols, avortements, traditions, maternité: la femme dans tous ses états

A noter que la grossesse était un sujet de société et un sujet de débat dans de nombreux films du FICA de Vesoul cette année, dont certains se retrouvent dans le palmarès. En Chine dans 500m 800m il y a des avortements forcés dans le cadre de la politique de l'enfant unique, dans Blind Mountain il y a des jeunes femmes qui sont vendues et retenues prisonnières et violées pour enfanter dans certains villages avec une majorité d'hommes qui désirent eux une descendance... Le viol est d'ailleurs un drame collatéral en période de guerre comme dans This is my moon de Asoka Handagama ou dans Reseba-The Dark Wind de Hussein Hassan. Dans La belle-mère de Samanishvili de Edgar Shengelaia le remariage d'un patriarche implique un futur bébé possible et donc la menace que son héritage soit divisé: on lui cherche une femme stérile. À l'inverse dans The Hunt de Vasantha Obeysekere un bébé né d'une liaison incite une femme à retrouver l'homme géniteur pour l'obliger à sa promesse de se marier avec elle. Quand une femme d'un certain âge se retrouve de nouveau enceinte cela provoque beaucoup de questionnements chez ses proches dans Emma (Mother) de Riri Riza et même des scandales dans Walls Within de Prasanna Vithanage. C'est donc compliqué de décider d'avoir ou pas un enfant, d'ailleurs le débat sur l'avortement est le thème central du film iranien Being Born de Mohsen Abdolvahab , Grand prix du jury, avec en balance des dépenses supplémentaires, le poids de la religion, un épanouissement contrarié... Certaines femmes n'arrivent pas à assumer leur bébé, confié à l'adoption dans The Bacchus Lady de Lee Je-yong parce que sa mère prostituée coréenne a accouché d'un bébé métis suite une relation avec un soldat américain..., dans Baby Beside Me de Son Tae-gyum, Prix Emile Guimet, une mère disparaît du foyer en abandonnant son bébé à son compagnon qui ayant un doute sur sa réelle paternité envisage de le faire adopter.

Le Palmarès du Fica de Vesoul 2017 :

- Cyclo d'Or : 500M 800M de Yao Tian (Chine)
- Grand prix du Jury International : BEING BORN de Mohsen Abdolvahab (Iran)
- Prix du Jury International : GOING THE DISTANCE de Harumoto Yujiro (Japon)
- Mention spéciale du Jury International : Hiromi Hakogi dans HER MOTHER de Sato Yoshinori (Japon)

- Prix du Jury NETPAC : GOING THE DISTANCE de Harumoto Yujiro (Japon)
- Prix de la critique : HOTEL SALVATION de Shubhashish Bhutiani (Inde)
- Prix Emile Guimet : BABY BESIDE ME de Son Tae-gyum (Corée du Sud)
- Coup de cœur du Jury Guimet : GOING THE DISTANCE de Harumoto Yujiro (Japon)
- Prix INALCO : EMMA (Mother) de Riri Riza (Indonésie)
- Coup de coeur INALCO : 500m  800m de Yao Tian (Chine)

- Prix du public du film de fiction : THE DARK WIND de Hussein Hassan (Iraq)
- Prix du Jury Lycéen : THE DARK WIND de Hussein Hassan (Iraq)
- Prix du Public du film documentaire : UN INTOUCHABLE PARMI LES MORTS de Asil Rais (Inde)
- Prix du Jury Jeune : LE CRI INTERDIT de Marjolaine Grappe & Christophe Barreyre (France / Chine)

Berlin 2017 : le documentaire Beuys interroge l’influence de l’art sur la société

Posté par MpM, le 14 février 2017

Seul documentaire en compétition de cette 67e édition de la Berlinale, Beuys est aussi le premier film qui pose véritablement la question de l'art et de sa fonction. À travers la figure tutélaire de l'artiste contemporain Joseph Beuys, Andres Veiel se penche en effet sur ce que représente l'art et sur le pouvoir qu'il détient sur la société.

Réalisé presque exclusivement à partir d'images d'archives, le film est une plongée captivante dans le travail de cet artiste allemand à la renommée internationale qui remit en question la définition de l'art en proposant les notions d' "art étendu" et de "sculpture sociale", et donna un prolongement politique à son engagement artistique. On ne peut s'empêcher d'admirer le travail de montage réalisé par Andres Veiel car il parvient à raconter avec une grande fluidité la carrière de Beuys dans les grandes lignes, tout en mettant l'accent sur sa contribution à la conception contemporaine de l'art en tant qu'instrument social et politique.

Qu'est-ce que l'art?

On (ré)découvre ainsi avec beaucoup de plaisir certaines des œuvres les plus marquantes de l'artiste, comme The pack (des luges échappées d'un combi Volkswagen), I like America and America likes me (une performance durant laquelle il s'enferme avec un coyote représentant les Indiens d'Amérique décimés par les colons) ou encore 7000 chênes, une opération consistant à planter 7000 chênes accompagnés d'une pierre de basalt dans un geste écologique et artistique destiné à modifier durablement le paysage.

Ce qui est évidemment captivant, c'est qu'il s'agit du premier film de la compétition à interroger directement le concept d'art. Pour Beuys, il s'agit en effet de réfléchir à une forme d'art auquel tout le monde puisse participer, et dont le rôle n'est absolument pas de "faire joli", mais de donner l'exemple, de susciter des réactions, et d'amener ainsi à changer la société en profondeur. Pour lui, l'artiste à la responsabilité d'intervenir sur les questions sociales et de se demander sans relâche ce que l'art peut faire pour la société.

Le cinéma, 7e art sans art?

Alors que la Berlinale bat son plein, on ne peut s'empêcher d'être frappé par la justesse et l'actualité des ces questions qui s'appliquent aussi bien au cinéma qu'aux autres formes d'art. Depuis le début du festival, on a toutefois l'impression que l'art déserte les écrans, au profit de quelque chose qui se rapproche plus de l'entertainment. Comment agir sur la société, sans parler de l'améliorer, avec ce type d'œuvres ?

C'est d'ailleurs le documentaire de Veiel qui s'avère pour le moment le film le plus politique de la compétition, au coude à coude avec L'autre côté de l'espoir d'Aki Kaurismaki, et indéniablement le plus polémique. C'est que l'on n'a pas cessé, depuis Beuys, de chercher à comprendre la force et le pouvoir de l'art sur le monde, et d'en questionner le bien-fondé. Si Berlin est régulièrement le chef de file d'un courant voulant que le cinéma soit un vecteur de réflexion sur le monde qui nous entoure, il semble qu'il adopte plutôt cette année la vision d'un art insaisissable qui donne à voir le monde sans avoir la prétention de le changer. Mais peut-être ces mouvements en apparence contradictoires sont-ils les deux faces d'une même médaille. Car rien n'est jamais aussi politique qu'un moyen d'expression capable de toucher d'un coup de grandes quantités de gens.
Chaque film, quel que soit son sujet, participe ainsi un peu de cet art étendu auquel se référait Beuys. Tous ne sont pas destinés à révolutionner la société, mais chacun est, même malgré lui, le reflet des aspirations de son époque, et donc un geste social certes inconscient, mais bien réel.

Tom Hanks replonge dans la seconde guerre mondiale

Posté par vincy, le 14 février 2017

Tom Hanks ne se démoralise pas. Certes il n'a pas eu de nomination aux Oscars pour Sully, pourtant gros succès public et critique. Certes, Inferno, troisième volet de la franchise Da Vinci Code a été un bide aux USA (tout juste compensé par l'international). Certes, A Hologram for the King sera sans doute son premier film que personne n'aura vu. Il espère donc rebondir avec The Circle, thriller SF de James Ponsoldt avec Emma Watson. Le film sort en salles au printemps.

Au marché du film de Berlin, il a également confirmé un nouveau projet, dont il sera l'acteur principal, en plus d'en être le scénariste. Greyhound, qui sera réalisé par Aaron Schneider, racontera l'histoire du Commandant George Krause durant la seconde guerre mondiale. Capitaine de vaisseau, à la barre d'un destroyer de la Navy, il doit affronter l'ennemi combattif tout en gérant ses doutes et ses démons.

Il s'agit de l'adaptation du roman de C.S. Forester (à qui l'on doit African Queen), Bergers sur la mer (The Good Shepherd), publié au milieu des années 1950.

Le roman raconte l'histoire d'un fils d'un ministre luthérien sans fortune, élevé dans la piété, nourri de la Bible, orphelin de bonne heure, George Krause, qui n'a connu que la discipline et les déceptions. Des déboires conjugaux le poussent à s'éloigner des lieux qui lui rappellent sa femme dont il est follement amoureux. Boursier dans une école navale des États-Unis, il est désigné pendant la dernière guerre, pour commander une flottille de destroyers qui escorte un convoi américain de trente-sept cargos à destination de l'Europe. Il n'a que le souci de les défendre et de les conduire à bon port.
Le gros temps, les changements de route, les manœuvres qu'implique la défense des précieux chargements, tendent à disperser sans cesse les cargos sur la mer. À bord de son Keeling, le commandant Krause est le bon berger qui veille sur tous, lutte contre les difficultés de toutes sortes, résout d'instinct les problèmes urgents, présent partout, le jour, la nuit, oubliant de manger, négligeant de dormir, dévoré de scrupules, soucieux de justice. Mais son zèle admirable ne pourra rien contre des assauts imprévus, menés partout, dessus et dessous la surface de la mer. Sur les trente-sept cargos dont il avait la garde, trente seulement atteindront l'Irlande. Sept ont péri, torpillés ou incendiés, quand, le voyage touchant presque à son terme, l'arrivée d'une flottille de secours est enfin signalée.
Krause est de la famille des marins qui ne craignent que le déshonneur, qui considèrent leur corps comme un instrument à faire son devoir.

Sony voudrait sortir le film en 2018. Le tournage est prévu à partir de mai.

Berlin 2017: Les insoumis d’Aki Kaurismäki

Posté par vincy, le 14 février 2017

Deuxième volet de sa trilogie sur les ports et de l'immigration, après Le Havre, L'autre coté de l'espoir (The Other Side of Hope) signe le retour du plus singulier des cinéastes contemporains, Aki Kaurismäki. Le film est en compétition à la 67e Berlinale.

Dans le port d'Helsinki, un cargo livre du charbon, d'où sort un réfugié syrien, clandestin. Cette même nuit, un VRP qui vend des chemises fait sa valise, pose son alliance et ses clefs devant sa femme, en bigoudis, médusée et s'en va. On se doute bien que leur itinéraire va un jour se croiser...

Evidemment, le style du cinéaste finlandais n'a pas bougé d'un iota. Il se permet de mixer le burlesque et le drame, le conte tragique et une ironie cocasse, le désenchantement et l'espérance, le social et l'humain. Son film est un concentré d'humanisme brut où l'on rit, où l'on chante (du blues, comme une incantation), où l'on a aussi des abrutis de racistes qui ne sont pas tendres.

Mais ce ne serait pas juste de résumer cette œuvre bienveillante et touchante à ces quelques qualificatifs. Car, comme pour Le Havre, le film est profondément engagé. Il cherche à ouvrir les esprits. Mais il veut surtout montrer, sans être démonstratif, qu'il ne faut pas être résigné face aux montées de nationalisme, xénophobie, populisme et autres replis sur soi.

L'autre coté de l'espoir est un acte de résistance par la solidarité. Des gens s'entraident malgré les pourris (suprémacistes bêtes et méchants, bureaucrates aveugles, patrons voyous, ...). Ils contournent les lois, ne demandent rien en échange, font leur petit business entre eux, à l'écart du chaos du monde et des règles absurdes. L'humain reprend le dessus, avec une simplicité désarmante. Les anti-héros de Kaurismäki sont des insoumis à leur manière. Ils payent leurs impôts, cherchent à bien faire leur boulot, mais rechignent à devenir des salauds au service de puissants qui ont débranché leur cœur.

Avouons que ça fait un bien fou, même si le film est teinté d'une mélancolie tendre plus que l'émotion ne nous étreint. On peut trouver ça naïf. On peut admirer une fois de plus cette direction artistique vacillant entre nostalgie des fifties-sixties américaines et réalisme coloré d'une époque sans joie. Mais le talent du réalisateur est de nous rendre ces "losers" attachants comme jamais. Il se moque de l'époque, s'amuse avec nos travers, nous fait rire avec des dialogues gratinés, nous enchante avec son style à la Jacques Tati. Et pourtant il nous parle de la guerre en Syrie, de ces gens fuyant les guerres, traversant les frontières, seuls au monde, de la nécessité à rencontrer l'autre.

Alors oui, c'est une autre facette de l'espoir, celle des rêveurs. Et comme dans tous les rêves, le film se déroule selon un principe classique: le récit est attendu mais chaque séquence est inattendue. Aki Kaurismäki propose ainsi des scènes de la vie ordinaire qui ne se déroulent jamais comme le cinéma les imagine, comme le réel les construit. Non, chez lui, rien ne se passe vraiment comme prévu. C'est le plus malin qui domine le plus fort. C'est le plus fragile qui s'en sort. C'est toujours la bonté qui l'emporte sur l'égoïsme. C'est l'âme et les actes qui remplacent la morale et les lois.

Si on aime indiscutablement les mises en scène du réalisateur, on reconnaît qu'on succombe indéniablement à ses propos. Il y a quelque chose de Robin des bois dans son cinéma. Il pend les riches pour sauver les pauvres...

Berlin 2017: La splendeur et l’obsession selon James Gray

Posté par vincy, le 14 février 2017

On ignore pourquoi The Lost City of Z n'est pas en compétition à la Berlinale. Un manque de confiance des producteurs? Ou la volonté de Dieter Kosslick, le directeur du Festival, de ne pas écraser la concurrence avec cette œuvre épique et magnifique?

Changements de casting

Hors compétition, l'adaptation du livre de David Grann arrive enfin sur les écrans. Sept ans que le projet serpentait. En 2010, Brad Pitt confirmait qu'il allait s'embarquer dans cette aventure. Trois ans plus tard, sa société de production, Plan B, qui possède les droits d'adaptation, annonçait un changement d'acteur : Benedict Cumberbatch était désormais chargé d'incarner l'explorateur Percy Fawcett. La production se lance en fin en 2015, mais Cumberbatch n'est plus disponible, occupé à jouer les Doctor Strange. Charlie Hunnam le remplace.

Il est frappant de voir à quel point l'acteur ressemble à Brad Pitt dans ses premiers films (Et au milieu coule une rivière, Sept ans au Tibet). Même blondeur, même charme, même candeur, même fêlure.

A l'ombre des Maîtres

James Gray lui aussi a mis ses pas dans ceux de ses pairs. David Lean, Stanley Kubrick, John Huston... A chaque plan, sublimé par Darius Khondji (Fincher, Jeunet, Haneke, Allen, ...), un de leurs vieux films nous revient en mémoire. On ne boudera pas ce plaisir cinéphilique mais cela resterait un film à références plutôt qu'un film de référence.

Hors, si le cinéaste nous éblouit avec cette histoire qui mêle le portrait d'une caste anglaise, l'horreur de la première guerre mondiale et l'aventure exploratrice en terre inconnue, avec ce qu'il faut d'action, de périls mais aussi d'anthropologie et d'ouverture aux autres, c'est parce qu'il transcende d'autres confrères qui ont essayé ce genre de film. Citons Bob Rafelson avec Aux sources du Nil ou Roland Joffé avec son Mission. Plus proche de nous, on pourrait évoquer Martin Scorsese et son Silence, où une certaine pesanteur et surtout un discours unilatéral plutôt en faveur des Jésuites occidentaux nous conduisaient à avoir des réserves. James Gray a su bien mieux manier les séquences intimistes et d'autres plus contemplatives, la longue durée des multiples voyages et le sens du spectacle.

Vingt ans de quête

On se doit alors de trouver une autre filiation: le cinéaste britannique Hugh Hudson. Car avec Greystoke (1984) et Altamira (2016), plusieurs thèmes similaires (jusqu'aux débats houleux entre savants sur ces ethnies "primitives" qu'on déclassaient de l'échelle de la civilisation) se croisent dans The Lost City of Z. Là où Hudson échouait à chaque fois à flirter avec une grande œuvre faisant dialoguer la nature et l'Homme, les différences et les ressemblances, l'esprit de curiosité et le désir de conquête, James Gray y parvient.

Le spectateur pourra toujours se laisser envoûter par les décors somptueux, se laisser séduire par ce personnage hors-du-commun, prêt à tous les sacrifices pour atteindre son rêve, se laisser porter par ce récit sur vingt ans où la mort, l'amour et la vie s'entremêlent. The Lost City of Z est bien plus que cela.

Existentiel

L'obsession presque égoïste de Percy Fawcett, motivée par sa capacité à comprendre la jungle et à être humble devant ses habitants d'un autre temps, révèle à quel point un désir peut mener à une forme de folie qui faut mériter de vivre. Peu importe l'issue, c'est bien le parcours qui compte. Faire un film, peindre un tableau, composer une musique, écrire un livre suffit à rendre l'existence plus intense, et ce, même si le résultat n'est pas à la hauteur des attentes ou ne vaut aucune reconnaissance.

Le film est ainsi une glorification de l'ethnologie et de l'anthropologie, avec sa part de mystère et de mystique, où l'homme est seul face à lui-même, préférant risquer sa vie à avoir vu l'invisible plutôt que de se laisser vivre dans le confort du vécu. L'homme est pareil, partout, qu'il soit Indien ou Anglais, géographe ou soldat, pourri par les honneurs, les richesses ou sincère dans sa quête illuminatrice.

Jungle Fever

James Gray a du expurger de la violence pour des questions de classification américaine. Il a retiré du scénario les conséquences de la dernière expédition des Fawcett. Il nous laisse dans la brume tropicale de cette jungle (avec ce formidable plan de son épouse sortant de la Royal Geographical Society, par une serre, où les plantes rappellent la jungle).

Le cinéaste avait demandé à Francis Ford Coppola des conseils pour tourner dans la jungle (si le film se déroule entre la Bolivie et le Brésil, le tournage a eu lieu en Colombie): "N'y vas pas" lui a répondu le réalisateur d'Apocalypse Now, répétant ainsi le conseil que lui avait donné Roger Corman.

On ne peut-être qu'heureux de voir que Gray, comme son héros Fawcett, a désobéi. Sans doute poussé par un rêve obsessionnel et splendide qui le dépassait et dont il a su retranscrire toute la démesure. La cité d'or et de maïs est perdue, mais le réalisateur y a trouvé son plus joyau: l'inspiration.

Berlin 2017 : Pères et fils

Posté par MpM, le 13 février 2017

Mr Long

Coïncidence de programmation, après avoir mis l'accent sur de beaux personnages féminins, 67e la Berlinale proposait en ce 4e jour de compétition des histoires de relations filiales. De manière particulièrement évidente dans Helle Nachte de Thomas Arslan, et plus symboliquement dans Mr Long de Sabu.

Helle Nacht

Le premier raconte le voyage en Norvège de Michael, un ingénieur d'une quarantaine d’années, pour assister aux funérailles de son père dont il n’était pas proche. Son fils de 14 ans, Luis, accepte de l'accompagner. Rapidement, on comprend qu'il ne s'agit pas tant pour le personnage principal de se pencher sur son passé que de rattraper le temps perdu avec son propre fils.

Si l'on attend à chaque instant une révélation, ou un rebondissement de taille, c'est en réalité cette unique idée de départ qui guide tout le film. Par petites touches, et sans réel ressort dramatique, Thomas Arslan (Gold) observe simplement la relation maladroite qui lie les deux hommes et se contente d'une récit minimaliste, presque relâché, qui confine vite à l'ennui.

Sur une durée resserrée, et avec une vraie finesse d'analyse, la démarche subtile du cinéaste, consistant à en suggérer le plus possible, pourrait fonctionner. Mais le film reste terriblement superficiel sur ce qu'il est censé décortiquer (les relations entre les deux personnages) et, au lieu de portraits sensibles, offre des explications à l’emporte-pièce sur les raisons qui ont conduit le père et le fils à s’éloigner. Visuellement, le film propose des plans superbes sur la nature norvégienne, si magnifique qu'elle donne implacablement envie d'y aller immédiatement en vacances. Malheureusement, certaines séquences virtuoses sont purement gratuites (le très long plan en camera subjective sur la route de plus en plus dissimulée par le brouillard), et d'autres évoquent un clip de l'office du tourisme norvégien. Rien dans tout cela ne révèle réellement ce qui unit au finale les personnages, et lorsque le film veut nous faire croire dans sa conclusion que quelque chose de crucial a changé dans la relation entre Michael et Luis,  c'est une facilite supplémentaire de scénario.

Mr Long

Chez Sabu, au moins, la relation filiale semble plus intéressante car elle est choisie, et non héritée. Le personnage principal, un tueur à gage taïwanais dont le dernier contrat a mal tourné, est sauvé par un jeune garçon qui n'a pas de père, et dont la mère est une junkie (oui, c'est du lourd). Il se tisse entre les deux personnages un lien d'amitié ténu qui passe principalement par la nourriture. Mr Long, le héros, cuisine pour le jeune garçon, et devient peu à peu le cuistot attitré de tout le voisinage. Mutique et réservé, c'est à travers sa cuisine qu'il s'exprime, et c'est ainsi qu'il noue des relations fortes avec son jeune protégé ainsi qu'avec ses voisins.

Même si cette filiation symbolique n'est pas le motif central de l'intrigue, un mélange de polar sanglant, de comédie décalée et de mélodrame sirupeux, elle permet de structurer le récit en justifiant le changement de vie radical du tueur à gages. Contrairement à Helle Nacht, qui parle abstraitement de filiation, sans vraiment en montrer la réalité, Mr Long rend palpable les petits riens qui connectent un père à son fils.

C'est d'ailleurs l'unique fil directeur d'un récit qui part dans tous les sens à force de trop vouloir en raconter, et qui finit par ressembler à un condensé des pires clichés du polar asiatique, entre scènes d'action bâclées (les méchants attaquent sagement un à un, en file indienne, et à coups de bâtons, quand le héros est armé d'un couteau), misérabilisme patenté (il faut voir le personnage de dealer super méchant qui harcèle la mère du petit garçon) et sentimentalisme facile (l'interminable flash-back sur l'histoire de la mère, notamment). La rédemption par la paternité, ce n'est pas franchement subtil, mais il fallait y penser dans le cadre pourtant ultra codifié du film de gangsters.

On s'aperçoit ainsi que la sélection officielle s’avère pour le moment étrangement moins politique que d'habitude. A la place des gros thèmes de société dont raffole généralement la Berlinale, on trouve des films intimistes, très ancrés sur la cellule familiale, entre portrait et étude psychologique. Comme si, avant de se lancer dans des récits plus engagés, il importait de remettre avant tout l'humain au centre des préoccupations. Un projet qui est au fond éminemment politique.