David Fincher entre deux eaux

Posté par vincy, le 23 janvier 2013

Dans la série "Les cinéastes majeurs sont indécis", voici David Fincher. Après Spielberg qui ne sait pas quoi réaliser depuis le dernier clap de Lincoln et Nolan qui négocie toujours sa venue sur Interstellar, le cinéaste de The Social Network hésite entre deux projets, dont l'un pourrait tomber à l'eau : le remake de 20 000 lieues sous les mers. Disney avait demandé au réalisateur de donner son accord d'ici la fin 2012. Or Fincher voulait y embarquer Brad Pitt dans le rôle autrefois tenu par Kirk Douglas : la star n'a jamais donné son accord. Le studio se retrouve avec un projet en stand-by sur les bras, s'il est encore d'actualité, ce qui n'est même pas certain selon Variety.

Par conséquent, David Fincher se penche sur un autre projet. Il discute actuellement avec la Fox pour réaliser l'adaptation du best-seller Les apparences, de Gillian Flynn (publié chez Sonatine en août dernier). L'histoire est celle de Nick et d'Amy, couple modèle, frappés par la crise financière, et obligés de quitter leur vie de rêve à Manhattan pour s'installer dans la ville natale de Nick dans le Missouri. Mais, le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, une mauvaise surprise l'attend : leur maison est saccagée et Amy est portée disparue...

Le roman s'est vendu à 2 millions d'exemplaires aux USA et la 20th Century Fox a fait un chèque à sept chiffres pour en obtenir les droits face aux autres studios. La production est assurée par la société Pacific Standard, c'est-à-dire par Reese Witherspoon elle-même. Cependant, rien ne dit que l'actrice aura le rôle féminin principal si Fincher accepte la proposition du studio.

Au pire, si le cinéaste refuse finalement de tourner Les apparences (Gone Girl en vo), il pourra toujours s'attaquer au 2e épisode de Millenium pour Sony. Mais le scénario de Steve Zaillian n'est pas prêt, d'où le retard à l'allumage de ce projet et l'envie pour Fincher de combler son emploi du temps.

Berlin 2013 : un forum axé sur l’Europe et les bouleversements sociaux

Posté par MpM, le 22 janvier 2013

berlin 2013La section Forum est traditionnellement la plus audacieuse de la Berlinale, celle qui propose un cinéma de recherche et de découverte, voire d'expérimentation. Cette année, on y trouvera 41 longs métrages venus du monde entier, avec une belle représentation de l'Europe.

Les bouleversements sociaux et les périodes de transition et de changement devraient être au cœur des thématiques abordées, à l'image du film croate A Stranger de Bobo Jel?i? qui observe les divisions insurmontables entre les différentes communautés de la ville de Mostar ou The Plague de l'Espagnol Neus Ballús, à mi chemin entre documentaire et fiction,  qui suit cinq personnes d'origines diverses dans les rues de Barcelone, luttant désespérément pour leur survie.

Une fois encore, la sélection du Forum devrait ainsi ouvrir une fenêtre à la fois sur le monde tel qu'il est, mais également sur le cinéma tel qu'il est en train de se faire.

La sélection

Die 727 Tage ohne Karamo de Anja Salomonowitz (Autriche)
A Single Shot de David M. Rosenthal (USA/Grande Bretagne/Canada)
Al-khoroug lel-nahar de Hala Lotfy (Egypte)
A batalha de Tabatô de João Viana (Guinée-Bissau/Portugal)
Computer Chess d'Andrew Bujalski (USA)
Echolot d'Athanasios Karanikolas (Allemagne)
Elelwani de Ntshavheni Wa Luruli (Afrique du Sud)
Fahtum pandinsoong de Nontawat Numbenchapol (Thaïlande/Cambodge)
Fynbos de Harry Patramanis (Afrique du Sud/Grèce)
Grzeli nateli dgeebi de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß (Géorgie/Allemagne)
Halbschatten de Nicolas Wackerbarth (Allemagne/France)
Hélio Oiticica de Cesar Oiticia Filho (Brésil)
I aionia epistrofi tou Antoni Paraskeua d'Elina Psykou (Grèce)
I kóri de Thanos Anastopoulos (Grèce/Italie)
I Used to Be Darker de Matt Porterfield (USA)
Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Attia (France)
Krugovi de Srdan Golubovi? (Serbie/Allemagne)
Kujira no machi de Keiko Tsuruoka (Japan)
Lamma shoftak d'Annemarie Jacir (Palestine/Jordanie)
Matar extraños de Jacob Secher Schulsinger, Nicolás Pereda (Mexique/Danemark)
Materia oscura de Massimo D’Anolfi et Martina Perenti (Italie)
Das merkwürdige Kätzchen de Ramon Zürcher (Allemagne)
Le météore de François Delisle (Canada)
Mo sheng de Quan Ling (Chine)
…Moddhikhane Char de Sourav Sarangi (Inde)
Obrana i zaštita de Bobo Jel?i? (Croatie)
La Paz de Santiago Loza (Argentine)
La plaga de Neus Ballús (Espagne)
Powerless de Fahad Mustafa et Deepti Kakkar (Inde)
Sakura namiki no mankai no shita ni d'Atsushi Funahashi (Japon)
Senzo ni naru de Kaoru Ikeya (Japon)
Shirley – Visions of Reality de Gustav Deutsch (Autriche)
Sieniawka de Marcin Malaszczak (Allemagne/Pologne)
Stemple Pass de James Benning (USA)
Sto lyko de Christina Koutsospyrou et Aran Hughes (Grèce/France)
Terra de ninguém de Salomé Lamas (Portugal)
Tian mi mi de Hsu Chao-jen (Taiwan)
Vaters Garten – Die Liebe meiner Eltern de Peter Liechti (Suisse)
Viola de Matías Piñeiro (Argentine)
The Weight of Elephants de Daniel Joseph Borgman (Nouvelle Zélande/Danemark)
Za Marksa... de Svetlana Baskova (Russie)

Berlin 2013 : la section panorama avec James Franco, Isabel Coixet, Arvin Chen, Sébastien Lifshitz…

Posté par MpM, le 22 janvier 2013

berlin 2013La section Panorama, traditionnellement l'une des plus riches de la Berlinale, propose cette année 52 longs métrages, dont 20 documentaires, issus de 33 pays. En tout, 11 films sont des premiers films et 20 ont été réalisés par des femmes.

On peut noter la forte présence des États-Unis (une quinzaine de films) ainsi que la bonne représentation de l'Asie (et notamment de la Corée du Sud).

A priori, on sera particulièrement attentif aux films signés Joseph Gordon-Levitt (Don Jon’s Addiction), James Franco (le sulfureux Interior. Leather Bar.), Noah Baumbach (Frances Ha), Nicolas Philibert (le documentaire La maison de la radio), Arvin Chen (Will You Still Love Me Tomorrow ?), Isabel Coixet (Yesterday Never Ends) ou encore Sébastien Lifshitz (Bambi).

Mais on s'attend surtout à être surpris par de nouveaux cinéastes et de nouveaux styles, et à découvrir dans cette section les futurs grands des prochaines années.

Films de fiction

Baek Ya de Hee-il LeeSong (Corée du Sud)
Behind the Camera de E J-Yong (Corée du Sud)
Boven is het stil de Nanouk Leopold (Pays-Bas/Allemagne)
The Broken Circle Breakdown de Felix van Groeningen (Belgique)
Burn it up Djassa de Lonesome Solo (Côte d'Ivoire/France)
Chemi sabnis naketsi de Zaza Rusadze (Géorgie)
Concussion de Stacie Passon (USA)
Deshora de Barbara Sarasola-Day (Argentine/Colombie/Norvège)
Don Jon’s Addiction de Joseph Gordon-Levitt (USA)
Flores Raras de Bruno Barreto (Brésil)
Frances Ha de Noah Baumbach (USA)
Habi, la extranjera de María Florencia Alvarez (Argentine/Brésil)
Hayatboyu de Asli Ozge (Allemagne)
Inch'Allah d'Anaïs Barbeau-Lavalette (Canada)
Interior. Leather Bar. de Travis Mathews et James Franco (USA)
Kai PO Che d'Abhishek Kapoor (Inde)
Kashi-ggot de Don-ku Lee (Corée du Sud)
Lose Your Head de Stefan Westerwelle, Patrick Schuckmann (Allemagne)
Lovelace de Rob Epstein, Jeffrey Friedman (USA)
Maladies de Carter (USA)
Meine Schwestern de Lars Kraume (Allemagne)
Mes séances de lutte de Jacques Doillon (France)
La Piscina de Carlos Machado Quintela (Cuba/Venezuela)
Rock the Casbah de Yariv Horowitz (Israël)
So?uk de U?ur Yücel (Turquie)
Something in the Way de Teddy Soeriaatmadja (Indonésie)
Tanta Agua d'Ana Guevara Pose, Leticia Jorge Romero (Uruguay/Mexique/Pays-Bas/Allemagne)
Upstream Color de Shane Carruth (USA)
Will You Still Love Me Tomorrow ? d'Arvin Chen (Taiwan)
Workers de José Luis Valle González (Mexique/Allemagne)
Yesterday Never Ends d'Isabel Coixet (Espagne)
Youth de Tom Shoval (Israel/Germany)

Documentaires

Alam laysa lana de Mahdi Fleifel (Grande Bretagne/Liban/Danemark)
Art/Violence d' Udi Aloni, Batoul Taleb et Mariam Abu Khaled (Palestine/USA) Gut Renovation de Su Friedrich (USA)
Bambi de Sébastien Lifshitz (France)
Belleville Baby de Mia Engberg (Suède)
Born This Way de Shaun Kadlec et Deb Tullmann (USA)
EXPOSED de Beth B (USA)
Fifi Howls from Happiness de Mitra Farahani (USA)
La maison de la radio de Nicolas Philibert (France/Japon)
Naked Opera d'Angela Christlieb (Luxembourg/Allemagne)
Narco Cultura de Shaul Schwarz (USA) Roland Klick - The Heart Is a Hungry Hunter de Sandra Prechtel (Allemagne)
Out in East Berlin - Lesbians and Gays in the GDR de Jochen Hick (Allemagne)
Parade d'Olivier Meyrou (France/USA)
Paul Bowles: The Cage Door is Always Open de Daniel Young (Suisse)
Salma de Kim Longinotto (Grande Bretagne)
Sing Me the Songs That Say I Love You - A Concert for Kate McGarrigle de Lian Lunson (USA)
State 194 de Dan Setton (USA/Israël)
The Act of Killing de Joshua Oppenheimer (Danemark/Norvège/Grande Bretagne)
TPB AFK: The Pirate Bay Away From Keyboard de Simon Klose (Suède)

Séance spéciale

Die Legende von Paul und Paula d'Heiner Carow (Allemagne)

Courts métrages

After Hours de Steffen Köhn (Allemagne)
Jury de Kim Dongho (Corée du Sud)
Two Girls Against the Rain de Sao Sopheak (Cambodge)

Le cinéma allemand, un ami pas forcément privilégié (Das deutsche Kino, ein nicht notwendigerweise privilegierter Freund)

Posté par vincy, le 22 janvier 2013
Juliette Binoche et Yves Montand sur le Mur de Berlin © vincy thomas

Juliette Binoche et Yves Montand sur le Mur de Berlin © vincy thomas

50 ans d'amitié franco-allemande et après? Les Français ne parlent pas plus allemand. Même s'ils aiment aller faire la fête à Berlin, boire de la bière à Munich, se laisser charmer par les villes rhénanes, admirer le dynamisme d'Hambourg... On lit parfois des auteurs allemands, une élite culturelle vénère danseurs, metteurs en scène et opéras des voisins de l'Est, on écoute rarement de la pop ou du rock germanique, et il n'y a bien que les quelques centaines de milliers de téléspectateurs d'ARTE qui regardent des programmes bilingues. L'Allemagne c'est quoi finalement pour un Français? La rigide chancelière, des marques de voiture, Hugo Boss, éventuellement la coopération aéronautique, des supermarchés low-cost, des Kinders avec un cadeau à l'intérieur, les immuables Playmobil, Adidas, de la colle Uhu, de la crème Nivea, des appareils Siemens...

Et le cinéma? Il est de plus en plus "absent". En France, le cinéma allemand est vu de la même manière que le cinéma belge, italien ou scandinave. Les cinéphiles français sont plus proches des cinémas espagnols et anglais. Ça n'a pas toujours été comme ça mais c'est ainsi. Il est loin le temps où Jules et Jim, L'As des As, La Grande vadrouille valorisaient les liens renoués entre les deux pays, tout en cartonnant au box office des deux côtés du Rhin.

Ce lien est aujourd'hui invisible, et financier. Le nombre de coproductions entre les deux pays a considérablement augmenté depuis le début des années 2000, donnant des Palmes d'or comme Le Pianiste, Le Ruban blanc ou le récent Amour, ou des triomphes populaires comme Astérix. Là encore, la création d'ARTE n'y est pas pour rien. La chaîne reverse une partie de son budget annuel (3,5%) pour coproduire des films européens (Lars von Trier entre autres). Des centaines de films de plusieurs dizaines de nationalités ont ainsi profité de ce financement, propulsant la chaîne dans les génériques de films sélectionnés dans les plus grands festivals de cinéma du monde.

Quelques succès cachent le fossé

Mais. Il y a 30 ans, les cinéphiles couraient voir les films de Rainer Werner Fassbinder, Volker Schlöndorff et Wim Wenders. Ils ont influencé des générations de cinéastes, à l'instar de François Ozon. Aujourd'hui, aucun cinéaste allemand n'a leur notoriété, ou même celle d'un Kaurismaki, d'un Moretti, d'un Almodovar, d'un Verhoeven, d'un Von Trier, ou encore d'un Ceylan (considérant que la Turquie est en partie européenne). Et que dire des stars allemandes? Spontanément on cite qui? Où sont les Dietrich ou les Schneider d'antan? Bien sûr, il y a des succès. Et pas des moindres : La Vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 1,4 million d'entrées), Good Bye Lenin (Wolfgang Becker, 1,2 million d'entrées), Le Parfum (Tom Tykwer, 925 000 entrées) ou La Chute (Oliver Hirschbiegel, 795 000 entrées).

Mais plus généralement, un film allemand, quand il trouve son public, ne dépasse pas les 350 000 spectateurs, que ce soit Pina de Wim Wenders, La grotte des rêves perdus de Werner Herzog, Soul Kitchen ou en 2012 Barbara (225 000 entrées). A peine dix films allemands ont bénéficié d'une couverture médiatique minimale (critiques dans la presse écrite, chroniques à la radio, campagne d'affichage...). Il faut avoir reçu des prix internationaux (Barbara) ou profité du nom du cinéaste (Into the Abyss de Werner Herzog) pour obtenir davantage (interview d'un cinéaste, portrait d'un comédien). La télévision reste à l'écart, et ne participe pas à un quelconque essor.

Une relation déséquilibrée même dans les grands festivals

En fait, la relation bilatérale entre les deux cinématographies est plus que bancale. Si le Festival de Berlin met en compétition de nombreux films Français (jusqu'à les primer : 2 Ours d'or en 20 ans, 3 prix de mise en scène, 3 prix d'interprétation, 4 Ours d'or d'honneur...), le Festival de Cannes est souvent critiqué par les professionnels allemands pour ignorer le cinéma germanique dans sa compétition. La dernière Palme d'or remonte à 1984, le dernier Grand prix du jury à 1993, le dernier prix de la mise en scène à 1987, le dernier prix d'interprétation féminine à 1986, et aucun acteur n'a jamais été récompensé... Wenders est le dernier cinéaste a avoir été retenu en compétition, en 2008. Fatih Akin, sans doute le réalisateur allemand le plus passionnant de ce début de millénaire, est le dernier à avoir été récompensé, par un prix du scénario pour De l'autre côté. On note cependant quelques pépites dans les autres sélections (Pour lui, meilleur film allemand 2011, à Un certain regard). A Venise, la tendance est la même qu'à Cannes. En France, les César n'ont donné qu'un seul prix (La vie des autres) pour trois nominations (De l'autre côté, la même année, et Good Bye Lenin!) dans le même laps de temps.

Côté box office, on constate le même déséquilibre. Intouchables attire 8,5 millions de spectateurs dans les salles allemandes. The Artist, Et si on vivait tous ensemble et le troisième Astérix se classent dans le Top 100 de 2012. Aucun film allemand ne parvient à réussir cet exploit en France.

Et que dire des succès allemands que l'on ne verra jamais en France comme Türkisch für Anfänger (12e du BO annuel), Mann tut was Mann kann ou même la version cinéma du Club des Cinq?

Comme si le Rhin était un fossé infranchissable dans un sens, mais pas dans l'autre. Cependant le cinéma allemand est aussi responsable de ses propres maux. La part de marché locale ne dépasse par les 25% (et sera même beaucoup plus faible en 2012) là où le cinéma français séduit 35 à 40% des spectateurs français. En 2011, un seul film allemand (Kokowääh) était classé dans les 20 films européens les plus vus en Europe. On est loin du record de 2009 (avec trois films, même si aucun d'eux n'a été réellement exporté hors pays germanophones). Même les films récompensés aux German Film Awards ne sortent pas dans les salles françaises.

Un cinéma marginalisé même dans un pays cinéphile

Pourtant il existe le cinéma allemand : cinq réalisateurs germaniques ont été nommés à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère depuis 2000 (et deux ont gagné). Le dernier grand événement lié au cinéma allemand fut la rétrospective Fritz Lang et l'exposition Metropolis à la Cinémathèque française. On pourrait alors se demander si le cinéma allemand a intérêt à se concentrer sur le rendez-vous de la Berlinale chaque année, en se coupant des autres festivals... Le nombre de productions respectables est peut-être trop faible pour jouer toute son année en un seul rendez-vous...

Alors, où est le problème? Une nostalgie d'un cinéma autrefois glorieux et audacieux et aujourd'hui banalisé par l'invasion de cinématographies de pays comme l'Argentine, la Corée du sud ou la Roumanie? Une absence de cinéphilie experte permettant de valoriser ce cinéma en France? Un problème allemand, politique et culturel, qui ne permet pas de promouvoir son cinéma à l'extérieur de ses frontières? Ou, plus concrètement, la fragilité d'un cinéma d'auteur allemand? Un peu de tout ça sans doute. Auquel on ajoute une carence de vision européenne du 7e art de la part des institutions : le cinéma reste un domaine national quand il s'agit de création. Seuls les capitaux sont transfrontraliers. Ainsi Haneke, autrichien, est coproduit par la France et l'Allemagne, tout comme Polanski franco-polonais, qui vient tourner à Berlin, etc... La mondialisation est partout, sauf dans les sujets, dans les projets.

Des initiatives institutionnelles et professionnelles, coupées du public

Face à cette impuissance à copuler ensemble, le cinéma allemand et le cinéma français essaye d'initier des collaborations "en amont" et "en aval". L’Académie franco-allemande du cinéma a été initiée en 2000 par le chancelier allemand Schröder et le président français Jacques Chirac pour favoriser la collaboration entre ces deux pays en matière de cinéma. Sous la tutelle du Centre National de la Cinématographie et de l'Image animée (CNC) et du Beauftragter für Kultur und Medien (BKM), elle a pour objectif de contribuer à la construction de l’Europe du cinéma, en renforçant la collaboration entre la France et l’Allemagne dans quatre secteurs : la production, la distribution, la formation et le patrimoine.

Par ailleurs, le CNC et la Filmförderungsanstalt (FFA) ont mis en place un fonds dans lequel chaque pays contribue à hauteur de 1,5 millions d’euros. Ce fonds, appelé également mini-traité, permet aux producteurs d’accéder à des aides pour la coproduction franco-allemande.

Dans le cadre de cette Académie, une formation commune dans les secteurs de la production et de la distribution de films a été créée en 2001 entre La Fémis et l’école de cinéma à Ludwigsburg.

Enfin, en 2003,  Les rendez-vous franco-allemands du cinéma permettent d’harmoniser les deux systèmes de production pour faciliter les coproductions et d’encourager la distribution des films allemands en France et des films français en Allemagne. Ils ont lieu chaque année, alternativement en France et en Allemagne, sous le parrainage d'Unifrance et German Films.

Il y a aussi Les Journées du film français à Stuttgart et Le Festival du cinéma allemand à Paris. Mais il faudra bien plus pour que le pont entre les deux pays, les deux cinématographies, soit consolidé. Des films qui font le lien comme Joyeux Noël par exemple. C'est d'autant plus important que le cinéma, culture de masse par excellence, est un outil de divertissement idéal pour mieux comprendre son voisin, abattre les préjugés et apprendre à connaître la culture et la société de cet ami de 50 ans. Il faut en finir avec l'idée que l'Allemagne c'est Derrick. Comme la France est parvenue à remplacer Louis de Funès par Omar Sy.

Christopher Nolan n’est pas encore propulsé dans Interstellar

Posté par vincy, le 21 janvier 2013

Interstellar, prochain projet de Christopher Nolan? Rien n'est encore sûr.

A l'origine, Steven Spielberg, qui pourrait rester coproducteur du film, a abandonné le projet en 2007, écrit par par Jonathan Nolan, le frère de Christopher. Depuis Jonathan a revu sa copie, mais il est toujours l'auteur du script.

Depuis le début de l'année, Christopher Nolan est en négociations pour reprendre le flambeau derrière la caméra. Le film est à la (dé)mesure de son ambition : voyage dans le temps, science-fiction, différentes dimensions... le tout fondé sur les théories scientifiques de Kip Thorne (voir son profil sur Wikipédia).

Cependant, il semble, selon The Hollywood Reporter, que les négociations s'avèrent plus complexes que prévues. Le projet est entre les mains de la Paramount, qui ne peut pas supporter le budget de ce projet en solo. L'arrivée de Nolan, sans doute bénie par les patrons de la maison, permettrait de partager les coûts avec la Warner Bros., qui a un "deal" avec la société de production du réalisateur d'Inception, Syncopy.

Depuis The Dark Knight Rises, Nolan n'a toujours pas de film en préparation, hormis ses productions Man of Steel (cette année) et Transcendence (l'an prochain) et l'hypothèse d'un Justice League en 2015.

Record d’entrées dans le monde pour le cinéma français grâce à Taken 2 et Intouchables

Posté par vincy, le 20 janvier 2013

Unifrance va ajouter des arguments à ceux qui expliquent les vertus du financement actuel du cinéma français. 2012 a en effet été une année record en nombre d'entrées, à l'étranger. 140 millions de spectateurs (le double de l'année précédente) ont vu une production française dans les salles. Ce sont donc 875 millions d'euros de recettes qui ont été encaissées!

On pourra toujours expliquer que le score phénoménal sera difficile à répéter en 2013. On peut aussi toujours s'inquiéter des difficultés structurelles que connaît le cinéma hexagonal : accès aux salles compliqué, budgets marketing de plus en plus élevés, manque de notoriété de nos stars...

Cependant, 2012, malgré ces écueils, fut faste. 455 films français (contre 507 en 2011) ont réalisé 1 650 sorties en salles dans le monde. 48% d'entre eux sont en langue française, soit un cumul de 66 millions d'entrées. "Not bad". 3 titres ont évidemment dominé le box office international : Taken 2, Intouchables et The Artist. Mix étrange d'un film en anglais, un film en français et un autre muet. Ces trois films représentent 65% de la fréquentation globale à l'international. Au niveau box office mondial, Intouchables se situe à la 14e place et Taken 2 à la 17e : du jamais vu là où d'habitude les films américains dominent le Top 50 mondial année après année.

Par conséquent, toutes les zones territoriales sont en hausse. Ainsi, le cinéma français enregistre un record de fréquentation depuis le début des années 2000 en Europe occidentale tandis quel la plus forte hausse de fréquentation en 2012 par rapport à l’an passé a été enregistrée en Asie.

Enfin, on remarquera que la plupart de ces films font bien mieux au box office international qu'en France, doublant parfois leur nombre d'entrées.

Top 15 en 2012 (certains films sont également sortis en 2011 et d'autres sont toujours en exploitation en 2013)

1. Taken 2 (46 460 000 entrées, 77 pays)
2. Intouchables (30 460 000 e., 57 p.)
3. The Artist (13 260 000 e, 49 p.)
4. Carnage (3 650 000 e., 38 p.)
5. Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté (3 190 000 e, 27 p.)
6. Un monstre à Paris (1 360 000 e., 24 p.)
7. Les femmes du 6e étage (1 280 000 e., 27 p.)
8. Amour (980 000 e., 18 p)
9. Sur la piste du Marsupilami (920 000 e., 8 p.)
10. Sur la route (850 000 e., 20 p.)
11. Le prénom (800 000 e., 14 p.)
12. Et si on vivait tous ensemble ? (780 000 e., 15 p.)
13. Les infidèles (770 000 e., 16 p.)
14. The Lady (760 000 e., 30 p.)
15. La délicatesse (750 000 e., 27 p.)

Les Prix Lumières « in love » avec Amour

Posté par vincy, le 19 janvier 2013

Attribués vendredi soir, les Prix Lumières 2013 sont décernés chaque année par les correspondants étrangers en poste à Paris, réplique des Golden Globes américains. La cérémonie était présidée par Victoria Abril à la Gaîté lyrique à Paris.

La Tunisie était le pays mis à l'honneur (projections de films, Master Class animée par le réalisateur Férid Boughedir à l'Institut International de l'Image et du Son 3IS à Trappes) et un hommage a été rendu à "une enfant du pays" Claudia Cardinale, née à Tunis il y a 75 ans.

L'Académie des Lumières a également organisé ses premières Rencontres Francophones.

Côté palmarès, Amour de Michael Haneke a remporté trois prix principaux, De rouille et d'os, deux et Camille redouble deux autres. Trois films cannois ont donc séduit le corps électoral de cette Académie, créée en 1996. Ils étaient les favoris par le nombre de nominations (14 au total à eux trois). Holy Motors repart bredouille. Un avant-goût des Césars, dont les nominations seront connues vendredi prochain?

Audiard reçoit pour la deuxième fois le prix du meilleur réalisateur.

Palmarès

- Meilleur film: Amour, de Michael Haneke

- Prix spécial des Lumières: Camille redouble, de Noémie Lvovsky

- Meilleur réalisateur: Jacques Audiard, pour De rouille et d’os

- Meilleur scénario: Jacques Audiard et Thomas Bidegain, pour De rouille et d’os

- Meilleure actrice: Emmanuelle Riva (Amour)

- Meilleur acteur: Jean-Louis Trintignant (Amour)

- Meilleurs espoirs féminins: Judith Chemla, Julia Faure, India Hair (Camille redouble)

- Meilleur espoir masculin: Ernst Umhauer (Dans la maison, de François Ozon)

- Meilleur film francophone (Hors de France): La pirogue, de Moussa Touré

- Prix spécial de la CST (Commission supérieure technique de l’image et du son), qui récompense le meilleur directeur photo: Antoine Heberlé, pour Héritage et Quelques heures de printemps

L’instant Court : Du poil de la bête, avec Bernadette Lafont et Louise Monot

Posté par kristofy, le 19 janvier 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage La souris coiffeur réalisé par Michel Gondry, voici l’instant Court n° 98.

Cette semaine l’évènement est évidement Django Unchained de Quentin Tarantino. Mais, pour une alternative, il y a aussi la comédie Paulette où une mamie se lance dans le trafic de drogue pour arrondir ses fins de mois. Ce film a la particularité de remettre en vedette sur l’affiche dans un premier rôle Bernadette Lafont. Il faut se souvenir qu’elle a été la plus belle muse du mouvement de La Nouvelle Vague.

Bernadette Laffont avait déjà raconté sa vie et ses rencontres en 1978 dans une biographie titrée La fiancée du cinéma :  un jour la toute jeune Bernadette Lafont qui n'a alors même pas 20 ans et son compagnon-acteur Gérard Blain discutent cinéma avec un critique nommé François Truffaut et un copain Jean-Claude Brialy, puis elle rencontre l’équipe de la revue Les Cahiers du Cinéma : Eric Rohmer, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard (et Kast, Doniol-Valcroze, Domarchi, Rivette…) qui ne faisaient alors que débattre et écrire sur des films sans encore en faire… Extraits choisis où Bernadette Laffont se souvient de son premier tournage de cinéma :

« Je campais souvent aux Cahiers, et un jour il fut décidé que nous irions à Cannes pour le festival. En intervenant dans une polémique autour de la santé du cinéma français, Truffaut dépassait ses prérogatives, on estimait qu’il allait trop loin. Mais, pour lui, il n’y avait aucune ambiguïté : la critique est un état qu’il faut nécessairement dépasser. En l’occurrence, son but n’était rien d’autre que la mise en scène. Un bel après-midi, je me dorais au soleil avec Gérard. Truffaut arrive sur la plage, nous dévisage et dit en regardant la mer : "dans trois mois je tourne un film. Il y a surtout deux rôles. Je voudrais que Bernadette en fasse un. Gérard tu feras l’autre." Le 13 août 1957 fut le premier jour de tournage. Nos pauvres moyens nous dispensaient de la mythologie hollywoodienne. C’est tout juste si nous avions l’impression de tourner un film. De plus, je n’étais pas dans la peau d’un personnage. Bernadette, c’était moi. La caméra ne m’intimidait plus. Avec Truffaut, tout était complicité au deuxième degré. De grands gosses imitant le cinoche, se gorgeant de références. Les Mistons m’auront appris beaucoup de choses. Je naissais à mon métier et à ma passion dans des conditions idéales. Nous vivions seulement l’apparence du cinéma. J’avais fait un film. »

Voici donc un court-métrage avec une apparition de Bernadette Lafont : Du poil de la bête réalisé par l'acteur Gregori Baquet, une ‘comédie animalière’ impertinente en 3 actes (qui est en fait une publicité pour des bijoux), avec aussi Louise Monot et Albert Delpy. On y découvre des filles qui jouent avec des animaux de compagnie…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Du poil de la bête.

Berlin finalise sa liste de films en sélection officielle

Posté par vincy, le 18 janvier 2013

La prochaine Berlinale s'approche (elle ouvre le 7 février). Pour cette 63e édition, le Festival vient de finaliser sa liste des films en compétition. Au total, ils sont 20 après les 5 films annoncés mi décembre et les 9 autres révélés il y a une semaine.

La compétition comprendra donc un mélange de grands noms (Van Sant, Soderbergh, Sangsoo, Seidl, August, Panahi), de premiers films (Baigazin et Bond), et finalement une domination du cinéma européen. Dans la sélection officielle, on note la présence de deux pays nord-américains, un sud-américain, un africain, quatre asiatiques, et 14 européens!

Parmi les derniers ajouts, on remarque également une forte présence de films sélectionnés cette semaine à Sundance. Hors-compétition, Berlin a invité la suite de Before Sunrise et surtout le film posthume avec River Phoenix, 20 ans après son décès!

Compétition

Dolgaya schastlivaya zhizn (A Long and Happy Life), de Boris Khlebnikov , avec Alexander Yatsenko, Eugene Sitiy

Night Train to Lisbon, de Bille August, avec Jeremy Irons, Mélanie Laurent, Christopher Lee, Charlotte Rampling

Prince Avalanche, de David Gordon Green, avec Paul Rudd, Emile Hirsch

Uroki Garmonii (Harmony Lessons), d'Emir Baigazin (premier film), avec Timur Aidarbekov

Vic+Flo ont vu un ours (Vic+Flo Saw a Bear), de Denis Côté, avec Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, Marc-André Grondin

W imi?... (In the Name of), de Ma?go?ka Szumowska, avec Andrzej Chyra, Mateusz Ko?ciukieiwcz

Hors compétition
Before Midnight, de Richard Linklater, avec Ethan Hawke, Julie Delpy

Dark Blood, de George Sluizer, avec River Phoenix († 1993), Judy Davis, Jonathan Pryce

Omar Sy va faire revivre l’incroyable et dramatique destin du clown Chocolat

Posté par vincy, le 18 janvier 2013

Le journaliste du Monde Jean Birnbaum, responsable du Monde des Livres, a dévoilé en deux tweets le futur film d'Omar Sy.

"Omar Sy vient d'accepter de jouer le rôle du clown Chocolat dans l'adaptation du livre de l'historien Gérard Noiriel.Tournage printemps 2014" ; "L'adaptation au cinéma du livre "Chocolat, clown nègre", de l'historien Gérard Noiriel, avec Omar Sy, sera produite par E. et N. Altmayer".

Eric et Nicolas Altmayer sont à la tête de la société Mandarin Cinéma. On leur doit la série des OSS 117 mais aussi les derniers Ozon, Potiche et Dans la maison, Brice de Nice ou encore Le premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon. Ils viennent de travailler avec Omar Sy, personnalité préférée des Français selon le dernier baromètre du JDD, en produisant De l'autre côté du périph' qui vient de passer la barre des 2 millions de spectateurs.

L'essai, Chocolat, clown nègre : l'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, de Gérard Noiriel est paru en mars dernier (chez Bayard éditions). Noiriel explique que le clown « Chocolat faisait rire, mais rares étaient ceux qui le considéraient comme un véritable artiste ». De son vrai nom Rafael Padilla (1868-1917), cet esclave cubain a fui en Europe et est devenu le clown Chocolat. Il fut le premier artiste noir à susciter l'engouement populaire. Grâce au duo qu'il formait avec Footit, il connu un grand succès, qui fut interrompu de façon brutale avec l'affaire Dreyfus, qui déclencha une prise de conscience sur le racisme. Ses spectacles ont été immortalisés sur la pellicule des Frères Lumière et ont inspiré les plus grands artistes, de Toulouse-Lautrec à Claude Debussy, de Jean Cocteau à Samuel Beckett. Raphael est enterré dans le carré des indigents au cimetière de Bordeaux.

On a pu le voir en automate, « Le nègre joueur de tambour » ainsi qu'en dessin de Toulouse-Lautrec, dans la récente exposition du Musée du Quai Branly, « Exhibitions : l’invention du sauvage » dont Lilian Thuram était commissaire général. La fondation de l'ancien footballeur a par ailleurs aidé une adaptation récente pour la scène signée Gérard Noiriel et Marcel Bozonnet, jouée à Amiens, au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, et à la Comédie de Caen l'an dernier.