Vesoul 2011 : Rithy Panh et le Cambodge d’aujourd’hui

Posté par kristofy, le 12 février 2011

Le Cambodge est un des deux pays, avec la Corée, qui est à l’honneur du 17ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul. On y attendait son réalisateur emblématique, le plus connu à l'étranger, Rithy Panh, qui a une longue histoire avec le Festival, puisqu'il y avait présenté Un soir apèrs la guerre en 1999.

Un réalisateur occupé par son tournage

Mais il n’est pas encore arrivé pour cause de tournage de son nouveau film, Gibier d'élevage, produit par ARTE. Le film est issu de l'Atelier de la Cinéfondation à Cannes. Il a planté sa caméra au Cambodge pour raconter une histoire d'enfants. En 1972, un avion américain bombarde la piste Ho Chi Minh et s'écrase dans les montagnes cambodgiennes. L'unique survivant, un afro-américain, est capturé par les enfants d'un village isolé. Ils le cachent aux yeux des adultes et jouent avec cet homme comme ils le feraient avec un animal domestique jusqu'au jour ou des maquisards Khmers rouges découvrent leur secret... Il s'agit d'une parabole sur l'asservissement du peuple cambodgien par les Khmers rouges. Rithy Panh, dans sa note d'intention évoque une rencontre entre deux mondes : celui des enfants endoctrines par les Khmers rouges et celui d'un pilote noir tombe du ciel. Aux yeux des enfants, par sa nationalité, sa race, sa langue, il n'est pas qu'un ennemi, mais aussi une bête. Gibier d'élevage devrait être prêt pour le prochain Festival de Cannes.

Si Rithy Panh est le plus connu des cinéastes cambodgiens, il n'est cependant pas le seul réalisateur venu de ce petit pays coincé entre le Vietnam, le Laos et la Thaïlande.

Il faut savoir que la plupart des 400 films cambodgiens réalisés entre 1960 et 1975 sont perdus ; le cinéma est quelque chose qui a d’ailleurs presque disparu aujourd’hui : seuls une dizaine de films ont été produits en 2010, ils sont tournés en quelques jours avec du matériel vidéo. Il n’existe plus de lieux de projections au Cambodge (les écrans de cinéma se comptent sur les doigts de la main), et faute de lieu de diffusion, le 7e art est moribond; si quelques films sont piratés sur CD, les noms de Hitchcock, Truffaut ou Spielberg y sont complètement inconnus. A l'inverse, pour la plupart des touristes occidentaux qui visitent le Cambodge, le pays se résume souvent au temple d'Angkor. Le travail de Rithy Panh est de nous ouvrir les yeux sur les conséquences d'un carnage sur une civilisation.

Un pays de survivants

Le Cambodge porte toujours le poids de sa tragique histoire : entre 1975 et 1979 les Khmères rouges causeront un génocide où un quart de la population (près de 2 millions de personnes) trouva la mort. Les divertissement sont bannis (sauf quelques œuvres de propagande), et Rithy Panh est justement l’artisan majeur de la réappropriation de la mémoire détruite par ce régime tyrannique. Vesoul programme 7 films du réalisateur (et une dizaine d’autres réalisés dans les années 60, dont deux inédits, par Norodom Sihanouk, le seul cinéaste qui est aussi roi d’un pays). Parmi ces films :

S21, la machine de mort Khmère rouge, documentaire  qui revient dans l'enfer du camp S21, lieu où ont été déportés, torturés et tués plus de 17 000 personnes. Rithy Pan revient sur ces lieux avec un survivant qui se confronte à d’anciens bourreaux : les geôliers décrivent leur ‘travail’ de ‘destruction’ de prisonniers après les avoir forcé à avouer des complots invraisemblables de trahison. Avec une devise comme ‘mieux vaut arrêter par erreur que laisser l’ennemi nous ronger de l’intérieur’ les Khmères rouges obtenaient de chaque victime une cinquantaine de noms d’autres personnes à arrêter, l’endoctrinement était tel que des enfants ont dénoncé des parents… Les pratiques du camp S21 sont restées impunies faute de procès qui n’a jamais eu lieu.

Les artistes du théâtre brûlé (photo) : Le film s’intéresse aux conséquences du génocide, en particulier d’éradication d’une histoire culturelle avec une absence d’infrastructure. Il y a toujours des artistes mais aucune salle de spectacle, d’autant plus que la télévision est maintenant partout. Dans un théâtre en ruine des comédiens répète une scène sans espoir, trouver de l’argent pour se nourrir au jour le jour est un vrai problème.

Le papier ne peut pas envelopper la braise : Les témoignages déchirants des condition de (sur)vie de prostituées. Vendre son corps est le seul moyen pour certaines femmes pour se nourrir, et aider une partie de sa famille. Elles subissent les pires violences (des clients et des souteneurs), doivent faire face à des grossesses (avortements et naissances), sont victimes de maladies (dont le sida sans même le savoir) et de la drogue… La prostitution est à la fois assumée ("qui fait le bien reçoit le bien, qui fait le mal reçoit de l’argent") et insupportable, comme si cet échappatoire faisait reculer une absence d’avenir.

À travers chacun de ses films Rithy Pan s’intéresse aux différentes facettes du Cambodge en explorant la négation d’humanité par de multiples témoignages.

Une institution singulière : Bophana

En parallèle des films de Rithy Pan, Vesoul présente aussi une sélection de films issus du programme Bophana, qui coproduit le nouveau film du cinéaste. Le centre Bophana est une institution  initiée par Rithy Pan qui a pour objectif  de réunir toutes les archives audiovisuelles du Cambodge afin de sauvegarder (photo) et restaurer une partie du patrimoine culturel du pays. Il est charge aussi d'une éducation audiovisuelle, notamment avec des ateliers pour initier l’émergence de nouvelles œuvres, des diffusions de films...

En étant programmés à Vesoul, c'est la première fois que quatre de ses films sont vus à l'extérieur du pays.

A Blurred way of life de Soa Sopheark montre une jeune fille qui ne peut poursuivre des études car elle doit vendre des journaux pour rapporter un peu d’argent à ses petits frères et sœurs et sa mère malade du sida ; A pedal man de Yos Katank s’attache au quotidien d’un vieux chauffeur de cyclo (vélo-taxi) qui ne peut plus parcourir de longue distance : il gagne une misère et ça ne fera qu'empirer ; My yesterday night de Chan Lida montre le travail précaire d’une femme qui devient chanteuse dans des bars ; I can be who I am de Chhoun Sarin s’intéresse au ‘ladieboy’, ces garçons qui se sentent filles et qui se travestissent, avec la difficulté d’être compris ou non par leur famille et les insultes des autres, …

Ces différents films du programme Bophana reflètent la société actuelle du Cambodge avec une approche documentariste, ce sont en même temps les débuts de jeunes talents prometteurs, qui croient au témoignage par l'image, observent ce pays, certes cicatrisant toujours ses plaies ouvertes, mais poussé par l'énergie de sa mutation.

MK2 rempile avec Assayas et Kiarostami

Posté par vincy, le 12 février 2011

À Berlin, MK2 a confirmé son goût pour la fidélité, et des histoires de jeunesse.

Olivier Assayas, dont MK2 avait distribué ses deux plus importants succès à l'étranger (Carlos et L'heure d'été), commencera le tournage de son film, Après mai, après Cannes. Logique. Le film tourne autour de la jeunesse post-mai68, à travers le regard d'un jeune homme de 17 ans. le film se tournera en Europe et se veut une oeuvre sur l'engagement et un portrait de la jeunesse européenne du début des années 70. Le péril jeune n'est pas loin.

La société continue aussi sa longue histoire avec Abbas Kiarostami, qui tournera The End au Japon. Le réalisateur de Copie conforme a choisi la star nationale Aoi Miyazaki (Eurêka) pour continuer sa nouvelle thématique : comment varient les liaisons amoureuses selon les continents. La jeune étudiante japonais vend son corps pour financer et ses études et tombe dans le piège d'un triangle amoureux, avec son fiancé et un client.

Le premier film est budgété 5,5 millions d'euros et le second 3,5 millions d'euros. Après mai doit être prêt pour Venise 2012 tandis que The End ciblera Cannes 2012.

Jamel Debbouze, Jude Law, Rachel Weisz et Anthony Hopkins dans le nouveau Meirelles

Posté par vincy, le 11 février 2011

Trois ans après l'ouverture du Festival de Cannes avec Blindness, 9 ans après sa révélation, hors-compétition, sur la Croisette avec La cité de Dieu, Fernando Meirelles revient avec un film cosmopolite, 360.

Le film observera les conséquences de relations amoureuses et sexuelles entre des personnages ayant des profils sociaux différents.

Il retrouvera son actrice de The Constant Gardener (2005), Rachel Weisz, qui donnera la réplique Jude Law, Anthony Hopkins, Ben Foster et ... Jamel Debbouze. Le comédien actuellement sur la scène du Casino de Paris pour son nouveau One-Man Show, a déjà tourné en anglais chez Spike Lee en 2004, et s'apprête à le faire dans Belleville Cop, de Rachid Bouchareb, face à Queen Latifah (voir actualité du 8 février).

360, au budget relativement modeste de 11 millions de $, a été scénarisé par Peter Morgan, à qui l'on doit le récent film de Clint Eastwood, Au-delà, mais aussi Frost/Nixon l'heure de vérité, Deux soeurs pour un roi, The Queen et Le dernier roi d'Ecosse. Le script est riré de la pièce La Ronde de l'Autrichien Arthur Schnitzler parue en 1900. La pièce a été de nombreuses fois adaptées, par Max Ophüls notamment, mais aussi Roger Vadim, ou encore Alan Rudoph, ...

Le tournage débute en mars et la sortie aura lieu en 2012.

L’instant Court : Hôtel Chevalier avec Natalie Portman et réalisé par Wes Anderson

Posté par kristofy, le 11 février 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Tron suédé par les frères Huéon, voici l’instant Court n° 19.

 Le film Black Swan d’abord découvert en septembre dernier au festival de Venise est enfin sorti dans les salles en France, et c’est le film du moment à ne pas manquer. Black Swan deviendra même peut-être un des meilleurs films de l’année, le meilleur film du réalisateur Darren Aronofsky, le meilleur film de l’actrice Natalie Portman… bientôt un Oscar ?

Depuis son premier rôle quand elle était encore une fillette de douze ans dans Léon de Luc Besson en 1994, son regard d’enfant-femme a su séduire les caméras des plus prestigieux réalisateurs en passant par Michael Mann, Woody Allen, Tim Burton, Amos Gitaï, Milos Forman, Wong Kar-Wai… Quand elle est choisie pour être incarner une héroïne c’est pour son allure de femme-enfant : qu’il s’agisse de la prélogie Star Wars, de V pour Vendetta, et cette fois dans Black Swan, Natalie Portman est encore et toujours à l’écran une jeune fille qui est dans le devenir d’une femme.

 Si l’actrice est devenue une star glamour (et même un fantasme autant chez les garçons que chez les filles), elle est en réalité une femme de 29 ans qui vient de révéler qu’elle attend un bébé. Natalie Portman s’intéresse aussi à la réalisation de films (elle a mis en scène le court Eve présenté à Venise, aussi un segment de New-York I love you) ainsi qu’à la production (à venir The Other Woman, Hesher, et peut-être un possible remake du Suspiria de Dario Argento).

 Natalie Portman a pourtant eu peu d’occasion d’interpréter des rôles de femme entière, comme par exemple une femme fatale qui fait irruption dans la chambre d’un homme pour une étreinte qui va le laisser malheureux…

Voila donc le court-métrage Hôtel Chevalier avec Natalie Portman réalisé par Wes Anderson. Ce court est en fait devenu un prologue à son film The Darjeeling Limited où le personnage de Jason Schwartzman parlera d’une rupture à ses frères réunit dans un train… Hôtel Chevalier a été rarement projeté sur écran comme première partie du film (comme à Venise), mais il était visible sur internet dans un but promotionnel (Natalie Portman nue ça fait du buzz...). Hôtel Chevalier est aussi et surtout un court-métrage qui se suffit à lui-même (indépendamment du long-métrage dont il est une introduction) car réalisé avec maestria par Wes Anderson, et avec une Natalie Portman peut-être plus beaucoup plus femme dans ces douze minutes de court que dans ses autres films…


Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Hôtel Chevalier.

Vesoul 2011 : Girish Kasaravalli face au public

Posté par kristofy, le 11 février 2011

garasavalliGirish Kasaravalli est un réalisateur indien qui est connu des festivaliers de Vesoul car son précédent film Gulabi Talkies avait été primé ici en 2009. Il compte déjà plus d’une dizaine de longs-métrages, et c’est son dernier film qui est montré en avant-première au FICA, dans le cadre de la compétition.

Riding with dreams est à l’opposé du folklore de Bollywood, puisqu' il évoque plutôt une région de l’Inde et le système des castes de population et nous fait vivre la mort avec deux points de vue différents sur un même évènement. Il commence d’ailleurs avec dans le générique une citation de Jean-Luc Godard : "une histoire doit avoir un début, un milieu et une fin ; mais pas nécessairement dans cet ordre".

Irya le fossoyeur du village a en rêve une vison de la divinité Siddha, ce qui est le signe d’un décès pour lequel il lui faut creuser une tombe qui lui rapportera un peu d’argent ; tandis que les proches du respectable Gowda dissimulent sa mort le temps de conclure une vente de terres à une usine. Le serviteur et la famille riche sont pris au piège de leur mensonge et risquent de devoir affronter l’opprobre de la communauté tandis que le pauvre Irya et sa femme vont douter de leur foi…

Suite à la projection, le public a eu l’occasion d’interroger le réalisateur Girish Kasaravalli. Voici un extrait de la discussion en attendant une possible sortie en salles de Riding with dreams.

- Quel est le point de départ du film ?

- Girish Kasaravalli : C’est une histoire tirée d’une nouvelle d’un jeune auteur, j’ai toujours voulu faire un film sur ce thème : la place des mythes dans notre vie contemporaine. L’Inde a subit la colonisation britannique pendant deux siècles, Anglais qui ont fait en sorte que nos mythes et traditions disparaissent progressivement.  Mais le fait est qu'aujourd’hui, au nom du progrès, l’Inde agit un peu de la même manière envers les populations tribales marginalisées. Les Britanniques plaçaient leurs traditions au-dessus des nôtres, avec une hiérarchie qui les rendait inférieures. Malheureusement, cette hiérarchisation continue aujourd’hui pour les rites de certaines régions.

- Que représente la figure de Siddha ?

- GK : La religion hindoue est immense et compte plusieurs courants, par rapport à un mort on pratique soit une crémation soit ailleurs un enterrement, comme c’est le cas ici dans la région du nord du Karnataka. Dans cet endroit particulièrement aride avec des sécheresses, il y a la croyance en Siddha. Ce n’est pas un dieu mais plutôt comme un saint pour faire un parallèle avec un contexte chrétien. Pour simplifier, l’hindouisme compte trois dieux qui sont Brahma, Vishnu et Shiva, et ceux qui ont foi en Shiva croient en Siddha qui est lié à l’idée de destruction avant une renaissance.

- La déconstruction du récit interpelle…

- GK : Le nouvelle originale commence avec un petit flash-back, où le personnage se demande si son rêve ne se réalisait pas. J’ai choisi d’aller beaucoup plus loin avec quelques allers-retours dans la chronologie du récit, c’est plus intéressant ainsi. C’est aussi en relation avec une tradition orale que l’on a de raconter une histoire qui compte plusieurs narrations.

Crédits photos : Michel Mollaret

Journée de soutien à Jafar Panahi : rassemblement à la Cinémathèque française

Posté par MpM, le 11 février 2011

liberté pour jafar panahiA l'appel du réalisateur Rafi Pitts, l'industrie cinématographique est invitée à respecter un arrêt de travail aujourd'hui entre 12h30 et 14h30 en soutien aux cinéastes iraniens Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov, condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de travail.

De nombreuses personnalités ont apporté leur soutien à cette mobilisation qui a lieu symboliquement le jour du 32e anniversaire de la révolution iranienne. A Paris, un rassemblement est prévu au même moment devant la Cinémathèque française rue de Bercy. A Berlin, cette première journée du festival est également consacrée aux deux artistes.

Dans l'attente d'une décision de justice, Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof peuvent être arrêtés à tout moment, aussi est-il important de montrer aux autorités iraniennes que le sort des deux hommes importe à des milliers de personnes à travers le monde et que quoi qu'il arrive,  nous ne les oublions pas.

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Rassemblement devant la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 12e, de 12h30 à 14h30.

Tarak Ben Ammar cherche-t-il à se racheter avec un film sur Mohamed Bouazizi?

Posté par vincy, le 10 février 2011

Le producteur de cinéma tunisien Tarak Ben Ammar a annoncé qu'il préparait un film sur le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi, dont l'immolation par le feu a déclenché les révoltes conduisant à la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali. Alors qu'il produit actuellement La soif noire, dont le tournage vient de s'achever en Tunisie, Ben Ammar est suspecté d'avoir fricoté d'un peu trop près avec l'ancien régime du dictateur (voir actualité du 19 janvier).

En lançant un projet 100% tunisien autour du héros de la "révolution de jasmin", Ben Ammar cherche-t-il à se racheter ou n'est-ce-qu'une opportunité pour remettre le cinéma tunisien sur la carte de la planète du 7e art? Le film sera réalisé par le cinéaste tunisien Mohamed Zran (Le casseur de pierres, sélectionné à Un certain regard à Cannes en 1990). Selon lui, cela ne peut-être qu'un film fait par des tunisiens. Comme on doute de la sincérité des intentions du producteur, on serait tenté de croire qu'opportunisme rime avec nationalisme.

L'événement a beau dater de décembre, l'écriture du scénario, une adaptation libre, donc très romancée, serait déjà en cours. Profiter de l'émotion devient un leitmotiv pour le cinéma. Des mineurs chiliens à l'affaire Bettencourt, le 7e art ne se laisse même plus le temps de prendre un peu de distance avec l'Histoire.

Le tournage devrait commencer en mai sur les lieux même du suicide de Mohammed Bouazizi. C'est à Sidi Bouzid, au centre du pays, que le 17 décembre un jeune vendeur de fruits et légumes, Mohammed Bouazizi, s'est immolé par le feu après une énième humiliation policière, marquant le déclenchement de la révolution tunisienne qui a culminé avec la fuite de Ben Ali le 14 janvier.

Ben Ammar, sans doute pour anticiper ses futurs rapports avec les autorités tunisiennes, cherche à séduire le peuple. Il déclare à l'AFP que "les recettes du film iront à sa famille et ses descendants à vie. Ce film est une manière de rendre son nom universel, d'en faire un symbole".

"Je veux produire ce film afin que nos enfants n'oublient pas la révolution et son symbole qui n'est ni un homme d'affaires, ni un intellectuel, mais un simple citoyen", ajoute le producteur.

À coup sûr, le film sortira le 17 décembre 2011, en guise d'anniversaire. Rien de mieux pour le marketing.

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La vie de Mohamed Bouazizi (wikipédia)

Berlin 2011 a du cran en ouvrant avec True Grit un Festival pressenti austère…

Posté par MpM, le 10 février 2011

Berlin 11C'est True Grit d'Ethan et Joël Coen qui lancera ce soir les festivités du 61e Festival de Berlin. Le film, qui sortira en France le 23 février, réunit Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin et la toute jeune Hailee Steinfeld dont c'est le premier rôle au cinéma.

Il s'agit de l'adaptation (relativement fidèle) par les frères Coen du roman culte de Charles Portis (True grit, 1968) qui raconte comment la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.

En 1969, Henri Hathaway s'était emparé de l'histoire pour en faire Cent dollars pour un shérif, qui valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. Une version qui gommait sensiblement le point de vue de sa jeune héroïne (et tout le décalage satirique qui en découle) et s'inscrivait assez classiquement dans les codes du western traditionnel. Pour les curieux ou les nostalgiques, le film est disponible en version Blu-Ray depuis le 8 février.

Sorti le 22 décembre aux USA, le film des frères Coen connaît quant à lui un énorme succès public. Avec plus de 150 millions de dollars engrangés, il a déjà rapporté quatre fois son budget. C'est déjà deux fois plus que No country for old men (4 Oscar en 2008, dont meilleur film et meilleurs réalisateurs) pendant toute sa période d'exploitation. Sans compter que True grit pourrait créer la surprise lors des Oscars 2011 où il est nommé dans dix catégories dont meilleur film, meilleurs réalisateurs, meilleur acteur et meilleur adaptation. Quel que soit le résultat, le film est déjà un gigantesque succès (156 millions de $ en Amérique du nord), et Berlin a eu du nez de le sélectionner... et de la chance de l'obtenir !true Grit

D'autant que cette ouverture prestigieuse ne semble pas tellement à l'image du reste de l'édition, qui fait la part belle à un cinéma d'auteur exigeant et peu médiatisé. Même le cinéma américain est surtout présent avec des films indépendants et des premiers films. Pour les avant-premières "glamour" ou attendues, il faudra repasser.

Pourtant, on a dû mal à croire que Berlin, l'un des trois plus grands festivals européens, n'ait pas eu la possibilité de sélectionner de "gros films" parmi les sorties du premier trimestre. On pense par exemple à The Adjustment Bureau avec Matt Damon, qui sort le mois prochain en France. Il faut donc probablement voir dans cette orientation de la programmation une volonté de Berlin de se démarquer de ce type de cinéma qui, il est vrai, n'a pas particulièrement besoin d'un festival (aussi important soit-il) pour se lancer en Europe.

En attendant, cette 61e Berlinale s'annonce d'autant plus excitante que l'on a le sentiment, à quelques heures de son ouverture, que la compétition est très ouverte, laissant une place importante aux surprises et aux découvertes. N'est-ce pas tout ce qu'on demande d'un festival ?

Vesoul 2011 : interview de Kim Dong-ho, créateur du festival de Pusan

Posté par kristofy, le 10 février 2011

Kim Dong-hoKim Dong-ho (à gauche, et ci-dessous avec Jean-Marc Thérouanne, délégué général du Festival)  a reçu du 17ème FICA de Vesoul un Cyclo d’Or d’honneur pour ses actions pour la promotion du cinéma. Il est notamment l'un des membres fondateur du NETPAC (Network for the Promotion of Asian Cinema) en 1990. D’ailleurs, chaque année à Vesoul, il y a un jury du NETPAC (cette année le président est Dharmasena Pathiraja).

Kim Dong-ho est aussi et surtout le Directeur honoraire du Festival International du film de Pusan en Corée du Sud. Ce festival né de son initiative est devenu le plus important festival de cinéma en Asie à la fois en tant que marché du film et en tant qu’espace de découverte de nouveaux talents. L’occasion d’une interview pour évoquer près de 60 ans d’histoire du cinéma coréen.

Ecran Noir : Présentez-nous le festival de Pusan…

Kim Dong-ho : Le festival de Pusan a été créé en 1996, c’est un festival international qui présente des films du monde entier, et en particulier qui fait découvrir aussi un très large panorama de films asiatiques. L’année dernière, nous avons montré à Pusan 304 films. Ce festival a aussi mis en place un système de soutien aux jeunes cinéastes et jeunes producteurs.

EN : Dans les années 1960, il y a eu un mouvement de renaissance du cinéma coréen, puis une tendance inverse dans les années 1970, que s’est-il passé ?

Kim Dong-ho : Il est vrai qu’entre 1956 et la décennie des années 60, il y a eu un âge d’or du cinéma coréen avec des cinéastes très talentueux, comme Kim Su-yong. A partir des années 70, on peut dire en effet qu'on a connu une régression de notre cinéma à cause de plusieurs facteurs. Tout d’abord avec l’apparition de la télévision, le cinéma coréen a perdu beaucoup de spectateurs, une tendance dans le monde entier d’ailleurs. Ensuite, on peut penser évidement aux censures exercées par le gouvernement de l’époque, la censure était particulièrement sévère pendant les années 70 et aussi les années 80. Cette censure avait pour effet une non-liberté dans le choix des sujets, de plus la liberté d’expression en général était réduite.

EN : Comment le cinéma coréen est devenu ces Kim-Dong-ho
dernières années non seulement un géant du cinéma asiatique mais aussi mondial ? avec Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Kim Jee-woon…

Kim Dong-ho : A partir de 1995, on peut parler de la deuxième renaissance du cinéma coréen, avec la combinaison de plusieurs facteurs qui ont été bénéfiques. Déjà, il y a eu une abolition de la censure, les cinéastes ont eu la liberté de choisir de traiter le sujet qu’ils voulaient. Ensuite, il y a eu aussi un système d’aides de l’état avec des subventions pour la production des films. Et surtout ces conditions ont encouragé des jeunes cinéastes à prendre la relève et à participer à faire du cinéma coréen leur cinéma. Vers la fin des années 90, diverses insitutions se sont engagées pour la promotion et la diffusion du cinéma coréen, bien entendu il y a le festival de Pusan mais aussi le KOFIC (Korean Film Council, équivalent à notre CNC). Une chose intéressante est que notre patrimoine cinématographique n’est pas oublié avec par exemple l’organisation de rétrospective des films des années 60. Le film La Servante de Kim Ki-young qui date justement de 1960 a été restauré et a de nouveau été un succès en salles (d’ailleurs en sélection Cannes Classics en 2008). C’est un classique qui a aussi fait l’objet d’une nouvelle version par Im Sang-soo : The Housemaid était à Cannes en 2010.

EN : Les screen quotas en Corée ont connu quelle évolution ?

Kim Dong-ho : Le système de screen quotas a en fait commencé durant les années 70, ce système a été créé pour protéger la part de marché du cinéma coréen face aux films occidentaux et notamment américains. En 1984, les distributeurs américains ont obtenus plus de liberté en pouvant distribuer eux-mêmes leurs films en Corée sans passer par l’intermédiaire d’un distributeur coréen, à partir de ce moment-là le gouvernement a renforcé le système de screen quotas. Il s’agissait d’imposer un nombre de films coréens dans les salles de cinéma pour éviter trop de films étrangers et ainsi soutenir notre production. Ce quota était de 146 jours par an. Mais en 2004, un nouveau gouvernement en Corée a cédé à la pression des Etats-Unis qui veulent que leurs films américains occupent le maximum d’écrans, le screen-quota a donc été réduit à la moitié, soit 73 jours par an. Cette réduction a provoqué des inquiétudes pour le cinéma coréen… Cependant, en même temps, notre cinéma a gagné en compétences et en talents, alors cet assouplissement des screen quotas a eu peu d’influence car les films coréens rencontrent par leurs qualités des grands succès en salles et en même temps aussi à l’international.

 Merci à Cho Myoug-jin pour la traduction.

Crédits photos Christophe Maulavé & Michel Mollaret

Vesoul 2011 : le jury international

Posté par MpM, le 9 février 2011

jury

Le jury international est arrivée à Vesoul, prêt à découvrir les neuf longs métrages qui sont en compétition pour le Cyclo d'or 2011. De gauche à droite sur notre photo, on reconnaît Darina Al Joundi (réalisatrice, actrice et scénariste libanaise), Lee Myung-se (réalisateur coréen et président du jury), Roshane Saidnattar (réalisatrice cambodgienne) et Mojtaba Mirtahmasb (réalisateur iranien).

C'est le long métrage Wang Liang’s Ideal du Chinois Gao Xiongjie qui ouvrira les hostilités lors de la séance officielle de ce soir. Le palmarès sera annoncé lors de la soirée de clôture le 15 février prochain.

Crédit photo : Michel Mollaret