Bertrand Tavernier au Salon Studyrama des Formations Artistiques & Culturelles

Posté par Claire Fayau, le 13 janvier 2011

A l'occasion du Salon Studyrama des Formations Artistiques & Culturelles, Bertrand Tavernier - réalisateur, scénariste, producteur et président de l'Institut Lumière - participera à une rencontre avec les jeunes le vendredi 14 janvier 2011 à 15 heures.

Le réalisateur évoquera son dernier film La Princesse de Montpensier et échangera avec le public sur les métiers du cinéma et son parcours professionnel.

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Informations sur le Salon : Entrée gratuite - Lieu : Espace Champerret - Paris 17e - Invitations et renseignements sur www.studyrama.com

Benoît Delépine et Gustave Kervern, prix Henri-Jeanson 2010

Posté par vincy, le 13 janvier 2011

Mammuth est clairement l'un des films français les plus singuliers, drôles, touchants et réussis de l'année qui vient de passer. Il est donc logique que les cinéastes et scénaristes Benoît Delépine et Gustave Kervern soient couronnés par la SACD du prix Henri-Jeanson 2010, qui récompense des auteurs pour leur insolence et leur humour.

"Benoît Delépine et Gustave Kervern ont été choisis pour leur singularité et la générosité qu'ils portent à travers leurs films. La SACD salue, par ce prix, le regard aigu sur la société ainsi que la vision personnelle, originale et salutaire sur le monde de ces deux cinéastes" explique la société des auteurs.

Le prix leur sera remis le 17 janvier.

On doit à Henri Jeanson des scénarios légendaires comme Hôtel du nord, Pot Bouille, La Tulipe noire mais aussi les dialogues de Pépé le Moko et Fanfan la tulipe.

Le prix a récompensé Radu Mihaileanu (2009), Cédric Klapisch (2008), Marjane Satrapi (2007), Rachid Bouchareb (2006), Francis Veber (2005), Jean-Loup Dabadie (2004),  Denys Arcand (2003), Michel Blanc (2002), Bertrand Blier (2001), Dominik Moll et Gilles Marchand (2000), Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (1999), Pascal Bonitzer (1998), et Robert Guédiguian et Jean-Louis Milési (1997).

La plus ancienne société de production française change de mains

Posté par vincy, le 13 janvier 2011

La Compagnie lyonnaise de cinéma, considérée comme l'une des plus anciennes sociétés de production cinématographique française, a changé de propriétaire. Fondée en 1936, la famille Charrier avait décidé de la céder à la mort de Daniel Charrier, son directeur, il y a quelques mois. Reprise par la nouvelle société Tangaro (Sabrina Azoulay, ancienne directrice de Paris Première, et Jean-François Boyer, producteur essentiellement de téléfilms comme Un village français), la CLC produit principalement des films pour la télévision (1 million d'euros de chiffre d'affaires) mais aussi des courts-métrages, des documentaires et des captations de spectacle vivants. Le catalogue comprend 10 longs (notamment un Jean-Pierre Améris et deux Georges Lautner), 29 courts et 425 docus.

Bilan 2010 – L’industrie Hollywoodienne est en panne de créativité

Posté par geoffroy, le 12 janvier 2011

L’année 2010 vient de s’achever. Elle fut en demi-teinte et peu d’outsiders ont réussi, au final, à tirer leur épingle du jeu. Malgré la 3D et les nombreuses suites ou autres remakes programmés par les studios, le total des entrées est en recul de 5,4 % par rapport à l’exercice 2009. Rien n’y fait et surtout pas cette politique absurde de la franchise, politique que l’on retrouvera malheureusement en 2011. Dans cette optique, point de salut. En effet, quelques films surnagent, laissent penser que tout va bien, alors que l’apport créatif s’effrite inéluctablement. A tel point que les studios hollywoodiens se tournent désormais vers l’international pour conquérir de nouveaux marchés, avec en priorité la Chine comme nouvel eldorado.

Cette stratégie est risquée car elle ne s’appuie pas sur une refonte, pourtant indispensable, du cinéma de divertissement et préfère, au contraire, miser sur l’élargissement de spectateurs potentiels à travers le monde afin de rentabiliser les sommes astronomiques investies. Conséquence : les films se ressemblent de plus en plus à tel point qu’ils deviennent interchangeables. La mondialisation du marché appauvri structurellement la qualité d’un cinéma grand public devenu insipide, sans prise de risque, "ultra-marketé" et assujetti depuis peu à la « révolution » d’une 3D décevante, elle-même emprisonnée dans une logique de rentabilité folle. Pour l’instant elle ne sauve rien ni personne, hormis le volume des recettes (stagnantes malgré tout en 2010), et s’adapte au marché en ne proposant presque jamais l’exclusive tant promis à des millions de spectateurs déjà blasés et de moins en moins crédules. En somme, Avatar aura été l’exception. Exception que les sieurs Spielberg et Jackson tenteront de rééditer avec un Tintin en Motion Capture tout beau, tout neuf prévu pour octobre 2011 partout dans le monde puisque Tron l’Héritage n’aura pas été à la hauteur des attentes numériques.

Osons la prise de risque

L’aspect créatif doit pouvoir dépasser le cadre restreint d’un retour sur investissement, certes primordial, mais en aucun cas suffisant. Non pas qu’il faille  financer du divertissement à perte pour retrouver un semblant de qualité. Ce serait, par ailleurs, aussi absurde qu’inutile. Mais quels risques prendraient les studios à demeurer plus à l’écoute d’un public en demande d’originalité ? A priori, aucun. L’exemple d’Inception, malgré son budget pharaonique avoisinant les 160M$, devrait donner des idées. A l’instar des Matrix, Avatar, Le seigneur des Anneaux ou encore The Dark Knight, le cinéma de divertissement est capable de proposer des œuvres denses, brillamment réalisées tout en sortant de l’ordinaire mou des sempiternelles blockbusters programmés chaque année.

Un tel constat serait-il exagéré ? Nous ne le pensons pas. Depuis la crise mondiale, la politique du « risque limite » est devenue le maître mot d’une industrie frileuse se réfugiant quasi systématiquement dans les suites, les remakes et autres adaptations de circonstance. Plus grave encore, les grands studios façonnent la grande majorité de leurs films comme de véritables marques ou l’originalité, la réalisation et le nom du cinéaste importe peu, à quelques exceptions près. L’objectif, plutôt basique, consiste à réutiliser le même personnage et l’univers qui l’accompagne afin de proposer de nouvelles aventures synonyme de nouveaux succès potentiels. En effet, si le « film/marque » originel fonctionne, il sera exploité jusqu’à la lie, une suite étant, selon les dires des majors, plus facile à monter puis à vendre qu’une histoire originale.

La franchise a tué Hollywood

Dans ce grand huit de la franchise institutionnalisée seuls quelques films attendus en 2010 auront été plébiscités (Toy Story 3, Alice au pays des merveilles, Iron Man 2, Harry Potter 7 1ere partie ou encore Twilight 3), tirant artificiellement l’économie vers le haut. Mais que dire des « flops » comme Prince of Persia, L'Agence tous risques, Sex and the City 2, Narnia 3, Percy Jackson et, dans une moindre mesure, Le Choc des titans, le Dernier maître de l’air, Mes parents et nous, Tron l’Héritage ou même Shrek 4. Qu’ils constituent des désillusions du tiroir-caisse, la lassitude grandissante du public étant proportionnelle au faible choix proposé par les studios devenus orphelins de scénarios originaux vraiment innovants. Dès lors, il n’est pas surprenant de retrouver sur le devant de la scène d’un Noël 2010 moribond trois films à faible budget. True Grit des frères Coen avec Jeff Bridges, Matt Damon et Josh Brolin (contrairement à ce qui est dit ici ou là, le film n’est pas un remake du long-métrage de Henry Hathaway, mais une nouvelle adaptation du roman de Charles Portis publié en 1968), Black Swan de Darren Aronofsky avec Nathalie Portman et The Fighter de David O. Russell avec Christian Bale et Mark Walhberg. Ces exemples avec de glorieuses têtes d’affiche démontrent  l’inventivité d’un cinéma capable de toucher différents publics. Certes ces trois films ne sont pas des blockbusters. Mais ils émanent de grands studios (Paramount pour True Grit et The Fighter, Fox Searchlight, filiale art & essai de la Fox, pour Black Swan) qui devraient, le plus tôt serait le mieux, prendre la tangente d’une politique en trompe l’œil.

2011, chant du cygne?

Hélas, l’année 2011 n’en prend pas le chemin. Pire, elle risque de devenir le symbole d’un cinéma dénué de créativité, de renouveau, d’ingéniosité. Voyez plutôt : Le frelon vert, Big mamma 3, Scream 4, Thor, Pirates des Caraïbes 4, Very Bad Trip 2, Kung Fu Panda 2, X-Men first Class, the Green Lantern, Cars 2, la Planète des singes, Transformers 3, HP7 deuxième partie, Captain America, Conan le barbare, Spy Kids 4, Final Destination 5, The Thing, paranormal Activity 3, les 3 Mousquetaires, Happy Feet 2, Twilight 4 partie 1, Mission Impossible 4, Sherlock Holmes 2, Tintin et la nouvelle version de Millenium par Fincher.

Une telle liste donne le vertige. Elle nous accable, aussi. Si, dans le lot, certains films seront plébiscités et d’autres de qualité, Hollywood s’enfonce dangereusement dans la caricature de son propre cinéma. Mais rien n’est joué. Et, toujours, respirera l’espoir d’un possible sursaut à même de façonner un cinéma ambitieux pour le grand public. En attendant un Nouvel Hollywood...

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Top 15 US 2010 (* films toujours en exploitation)

1. Toy Story 3 : 415M$

2. Alice au pays des merveilles : 334M$

3. Iron Man 2: 312M$

4. Twilight: Eclipse: 300M$

5. Inception : 292M$

6. Harry Potter et les reliques de la mort, partie 1* : 287M$

7. Moi, moche et méchant* : 251M$

8. Shrek 4, il était une fin : 238M$

9. Dragons : 217M$

10. Karaté kid : 176M$

11. Raiponce* : 175M$

12. Le choc des Titans : 163M$

13. Copains pour toujours : 162M$

14. Tron l’héritage*: 147M$

15. Megamind*: 144M$

Sources Boxofficemojo

Sortie de route pour Peter Yates (1929-2011)

Posté par vincy, le 11 janvier 2011

Sa filmographie a peut-être moins marqué les esprits que celle de ses confrères de la même époque, pourtant Peter Yates a signé une scène d'anthologie du 7e art : LA course-poursuite du siècle. Dans Bullitt (1968), une Mustang et une Dodge se filent dans les rues et les faubourgs de San Francisco, avec une allure variant de 120 à 180 kilomètres heure. La séquence a nécessité trois semaines de tournages pour une durée sur grand écran de 9 minutes 42 secondes. Seul regret, il n'y eut pas l'autorisation pour faire passer les deux voitures sur le pont du Golden Gate. Mais il y a tout le reste : certes le découpage est habile et les deux voitures deviennent des personnages à part entière. Cependant, les deux modèles offraient aussi des sons différents : une boîte de vitesse manuelle, nerveuse donc, pour la Mustang, et la boîte automatique, plus silencieuse de la Dodge. Les crissements des pneus rajoutaient une dose de stress. Et surtout, la musique de Lalo Schiffrin accompagnait à la perfection les images, s'effaçant presque au moment de l'explosion de la Dodge.

Le britannique Peter Yates fut donc le réalisateur qui réalisa cette folie. Né en 1929, il est décédé dimanche 9 janvier, à l'âge de 81 ans, des suite d'une longue maladie.

Il a débuté dans les années 1950 en étant assistant doubleur, puis assistant réalisateur (Les Canons de Navarone, Un brin d'escroquerie). Alternant petit et grand écran, il se forme au style britannique, mélangeant le réalisme social et les thrillers à forte tension, où sexe et violence font des arrière-plans dignes des films noirs.

Son premier film de cinéma, Vacances d'été, il le réalise en 1963. Une comédie musicale romantique avec Cliff Richard que devait faire Ken Russell. Puis il signe l'adaptation d'une pièce comique à succès, One Way Pendulum. Mais c'est en 1967 qu'il se fait remarquer, après plusieurs épisodes du Saint et de Destination Danger, en "modernisant" le premier western américain, Trois milliards d'un coup (The Great Train Robbery), film de braquage où il met déjà en scène une poursuite de voitures (dans les rues de Londres). Elle est si réaliste que cette séquence décidera Steve McQueen à l'engager pour Bullitt, l'année suivante.

Ce dernier est évidemment un de ces polars indémodables, mélange de corruption, volupté et de suspens, où la direction artistique et les comédiens (magnifiques Steve McQueen, Jacqueline Bisset et Robert Vaughn) sont aussi importants que le cadre et le montage. Énorme succès, le film gagne l'Oscar du meilleur montage, le prix Edgar Allan Poe du meilleur film, et rentrera au Patrimoine National du Cinéma en 2007.

Si ses films sont méconnus, c'est injuste. John et Mary (1969) avec Dustin Hoffman (meilleur acteur aux prix BAFTA) et Mia Farrow,  La Guerre de Murphy (1971), avec Peter O'Toole et Philippe Noiret, Les Quatre malfrats (1972, nommé à l'Oscar du meilleur montage) avec Robert Redford et George Segal, Les Copains d'Eddie Coyle (1973) avec Robert Mitchum sont des divertissements qui méritent le détour, et pas simplement pour leurs stars. Il touche à tout, du film de guerre à la comédie (son genre de prédilection) à raison d'un film par an : Ma femme est dingue (1974) avec Barbra Streisand, Ambulances tous risques (1976) avec Bill Cosby (du Cosby Show), Raquel Welch et Harvey Keitel (jeune), le film d'horreur Les grands fonds (1977, en pleines Dents de la mer "mania"), avec Jacqueline Bisset et Nick Nolte..

En 1979, il réalise La Bande des quatre, l'un des meilleurs films sportifs, et sans doute le meilleur sur le vélo. Le film est un fiasco financier mais il glane 5 nominations aux Oscars (film, actrice, réalisateur, musique et scénario, qu'il remporte). Il gagne aussi le Golden Globe du meilleur film dans la catégorie comédie.

Il se dirige alors vers le thriller. L'oeil du témoin (1981) avec Sigourney Weaver et William Hurt, le film fantastique Krull (1983), semi échec présenté à Avoriaz, ou encore Eleni (1985) avec un jeune John Malkovich, Suspect dangereux (1987) avec Cher, Dennis Quaid et Liam Neeson, succès de l'époque, Une femme en péril (1988) où il gagna le prix du meilleur film au Mystfest, avant de sombrer dans des séries B voire pire, malgré des castings plus ou moins chics. Une succession d'échecs artistiques et publics. Ironiquement son dernier film se nommera Curtain Call (1999). Le rideau est baissé.

On datera sa fin artistique à 1983. En réalisant le drame L'habilleur (1983), avec Albert Finney, qu'il obtient ses derniers lauriers : Cinq nominations à l'Oscar (dont film, réalisateur, scénario, et deux fois dans la catégorie acteur), sept nominations aux prix BAFTA et deux prix au Festival de Berlin (acteur, prix CIDALC récompensant un film qui oeuvre à la propagation des arts et de la littérature). Le film, histoire théâtrale où l'apprenti et le maître se combatte à travers Le Roi Lear, a reçu un joli accueil public.

Poupoupidou : une belle au bois dormant qui attend son prince charmant

Posté par elodie, le 11 janvier 2011

L'histoire : Il est parisien et l'auteur de polars à succès. Elle est l'effigie blonde du fromage Belle de Jura, la star de toute la Franche-Comté, persuadée qu'elle était, dans une autre vie, Marilyn Monroe... Quand ils vont se rencontrer à Mouthe, la ville la plus froide de France, lui est en panne totale d'inspiration et elle déjà morte. "Suicide probable aux somnifères" selon la gendarmerie. David Rousseau n'y croit pas. En enquêtant sur le passé de Candice Lecoeur, il est sûr de tenir un sujet pour un nouveau roman.

Notre avis : Le synopsis ainsi que les premières images du film nous laissent un peu dubitatifs. Avec ses plans de grands paysages enneigés, il a tout du style ennuyeux d'un film flirtant avec Fargo. Pourtant, Poupoupidou est une jolie surprise avec cette atmosphère de No Man's Land, cette sous-Marilyn, ce James Ellroy de pacotille. Mouthe, la ville la plus froide de France (autant dire le pôle Nord) est le théâtre de la mort de la star locale de la région. Une histoire policière pas comme les autres se dessine. Avec son deuxième film (Avril, 2006), Gérald Hustache-Mathieu a décidé de jouer dans l'originalité en transposant la propre histoire de Marilyn Monroe sur celle de son héroine, une blonde platine version Franche-Comté.

Poupoupidou est un mélange entre la comédie et le thriller. Le réalisateur manie avec plaisir ces deux genres. Avec subtilité, il parvient à faire rire et à nous tenir en haleine, certes, sans le brio d'un Aki Kaurismäki. La musique séduit par son ambiance jazzy, les gags font presque oublier que nous sommes dans un trou perdu. Les fameux journaux intimes de Candice Lecoeur permettent de faire quelques flashs back sur sa vie du début de sa carrière d'égérie d'un fromage de Franche Comté (le Belle de Jura) à ses prestations en tant que Miss météo pour la chaine locale. On avance ainsi dans l'enquête à travers les yeux d'un paumé fantasmant sur une bombe sexuelle de pacotille.

Le duo Jean-Paul Rouve-Sophie Quinton insuffle le rythme et le charme du film. Le premier exploite une facette méconnue de son jeu. Il est brillant dans son rôle d'écrivain à succès de polars La seconde illumine toute cette froideur. Ils s'amusent de l'imposture qu'ils représentent, comme deux comédiens assument le faux masque qu'ils portent. Divertissant, Poupoupidou se moque de ces vautours qui ne comprennent rien aux tragédies intimes mais savent si bien les exploiter.  Si leur histoire d'amour est vouée à l'impasse, le film puise dans ces malédictions pour offrir quelques moments de délectations.

Le fils à Jo : le cinéma régionaliste gagne du terrain et veut marquer un essai

Posté par kristofy, le 11 janvier 2011

L’histoire : Petit-fils d’une légende de rugby, fils d’une légende, et lui-même légende de rugby, Jo Canavaro élève seul son fils de 13 ans, Tom, dans un petit village du tarn. Au grand dam de Jo, Tom est aussi bon en maths que nul sur un terrain. Pour un Canavaro, la légende ne peut s’arrêter là, quitte à monter une équipe de rugby pour Tom contre la volonté de tout le village et celle de son fils lui-même…

Notre avis : Bienvenue à Doumiac, village du Tarn autant connu pour ses gloires passées en rugby que pour la bonhommie de ses habitants, et en particulier Jo Canavaro ex-joueur de rugby qui entend bien que son fils Tom suive ses pas ("Les Canavaro c’est plus qu’une marque de fabrique, et malheur à qui cassera le moule."). Sauf que le petit Tom est nul en rugby et que les dirigeants de l’équipe locale ne veulent pas de lui…

Jo Canavaro est une figure du village, les Canavaro font du rugby de père en fils, ils ont même un terrain pour jouer qu’ils utilisent de génération en génération. A Doumiac il est naturel pour tout le monde que n’importe quel gamin fasse des passes avec un ballon ovale, alors Jo commence à désespérer de son fils, comme d'autres désespéraient de voir un gamin préférer le ballet à la boxe. Simultanément, ‘son’ terrain de rugby géré par la municipalité est finalement vendu à une société britannique qui va redémarrer l’activité de l’entreprise du coin : Jo Canavaro doit partir... A partir de ces bouleversements, il va s’entêter à retrouver un autre terrain et reformer une équipe de rugby pour y intégrer son fils. Il n’a aucun moyen ni même aucune chance de réussir, mais il est entouré du simplet du village Pompon et de son fidèle pote Le Chinois qui est de retour après avoir bourlingué. Jo Canavaro se rend compte alors qu’il s’accroche aux souvenirs d’une autre époque et qu’il craint ne pas réussir à les transmettre à son fils. Les choses pourraient peut-être s’arranger mais les évènements lui échappent…

Le rugby c’est plus qu’une religion.

Le monde du rugby était encore peu ou mal représenté au cinéma, l’occasion était belle de s’en servir pour une comédie. Toutefois, même si le rugby y tient une place importante, le film évite de d’aborder les gestes techniques, ni même la fameuse troisième mi-temps festive. Le sport est presque laissé de côté car Le fils à Jo raconte surtout l’histoire des hommes qui le pratiquent. Même les néophytes ne seront pas perdus puisque la caméra est de toute façon plus tournée vers ceux qui sont au bord du terrain. C’est une histoire d’hommes qui en ont : des principes, de l’obstination, et du caractère à l’ancienne. Il est avant tout question de transmission d’une passion et de valeurs entre un père et son fils et en même temps de fidélité à ses amis. Le hasard fait bien les choses puisque autant le réalisateur que les acteurs Gérard Lanvin (Jo Canavaro) et Olivier Marchal (Le Chinois) ont pratiqué le rugby. Quant à Vincent Moscato, c'est un joueur de haut niveau reconverti en comédien. Ces personnages qui portent une virilité gaillarde en étendard ont une grosse carapace avec bien entendu derrière un grand cœur. Ils vont enfin prendre la mesure du temps qui a passé et qu’ils vont essayer de rattraper...

Premier film réalisé par Phillipe Guillard, qui a œuvré comme co-scénariste des "comédies" de Fabien Onteniente (3 zéros, Camping, Disco…), lui-même ancien rugbyman (champion de France), Le fils à Jo ne sort pas forcément de la mêlée mais ne mérite pas les sifflets. Si les péripéties sont certes prévisibles, il y a quand même quelques moments touchants, sans trop de vulgarité.

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Nota bene : Tour de Gaule (par V.)

Le fils à Jo est un film-terroir. Une tendance qui prend de l'ampleur dans un pays de plus en plus nombriliste, nostalgique d'une certaine idée de lui-même, peu enclin à s'ouvrir aux métissages. L'identité française n'est plus le "vivre ensemble" mais le "vivre chez nous". Bienvenue chez les Ch'tis reste à date le sommet du genre, et fut d'ailleurs copié. Désormais on sort les films "régionaux" dans leur région en avant-première, où ils bénéficient d'un circuit de distribution "de proximité". Loin de l'intelligentsia parisienne accusée de tous les maux. Ainsi Mariage chez les Bodin's a cartonné dans la région Centre, L'Apprenti a fait l'essentiel de ses entrées en Franche-Comté et Dany Boon remet ça avec son prochain film, Rien à déclarer, qui sortira d'abord en Belgique et dans le Nord de la France. Le fils à Jo n'a pas fait exception, en étant en salles depuis deux semaines dans le sud-ouest.

Ce populisme ("tendance artistique et en particulier littéraire qui s'attache à l'expression de la vie et des sentiments des milieux populaires" selon le Larousse) mériterait peut-être davantage de films dignes des romans de Zola que des comédies nous prenant par les sentiments. Mais ça c'est une autre histoire. À force de dénigrer les élites et de flatter le public, une chose est certaine : on nivellera plus qu'on élèvera par le haut. Le terroir ça a du bon, mais il serait plus intéressant de le confronter au monde, non en tant qu'ennemi mais en tant qu'apporteur de richesses. Cet anti-impérialisme qui soutient les scripts de ces films ne peut pas déboucher sur autre chose qu'un repli sur soi.

Jodie Foster présidera les 36e Cesar

Posté par vincy, le 10 janvier 2011

Actrice doublement oscarisée, réalisatrice (The Beaver sort cette année avec Mel Gibson), productrice et surtout adulée du public français (elle est souvent citée comme l'actrice hollywoodienne la plus populaire), la "smart girl", révélée dans Taxi Driver à 14 ans (Palme d'or), Jodie Foster présidera la cérémonie des Cesar le 25 février prochain. La soirée sera animée par Antoine de Caunes.

Pourquoi ne pas profiter de sa présence sur le sol français après tout? Elle va tourne Le Dieu du carnage dans les studios de Bry Sur Marne en Région Parisienne sous la direction de Roman Polanski à partir de février (voir actualité du 4 novembre 2010). C'est la première fois depuis 1993 (Marcello Mastroianni) qu'un Président de cérémonie n'est pas de nationalité française, et la 9e fois en 36 ans.

Bilingue, Jodie Foster a tourné en langue française dans Moi fleur bleue d'Eric Le Hung, Le sang des autres de Claude Chabrol et Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Elle se double elle-même en français. Considérée comme enfant prodige du cinéma hollywoodien, tout en étant farouchement indépendante du système, elle a porté sur ses épaules huit gros succès du box office entre 1991 et 2006 (le plus important restant Le silence des agneaux). Du mélo au thriller, Jodie Foster a tissé un lien fort avec le public, considérée comme l'une des rares comédiennes à l'égal des hommes grâce, notamment, à des personnages aussi virils que sensibles.

Point Blank – Le Point de non retour (reprise) : The Killer inside me

Posté par Claire Fayau, le 10 janvier 2011

"- Hé ! Quel est mon nom de famille ?
- Quel est mon prénom ?
"

Synopsis : A la suite d’un hold-up retentissant, Walker s’est fait doubler par son complice Reese qui s’est enfui avec sa femme et les 93 000 dollars du butin, après l’avoir laissé pour mort dans la prison désaffectée d’Alcatraz. Se remettant de ses blessures, Walker n’a désormais plus qu’une idée en tête : assouvir sa vengeance. Aidé par un mystérieux individu, il comprend peu à peu que Reese n’est qu’un rouage d’une gigantesque entreprise criminelle, l’Organisation…

Notre avis : De  la violence, du sexe, du style... Le Point de non retour est une adaptation du roman Comme une fleur (The Hunter) de Richard Stark alias Donald E. Westlake, roman qui a aussi inspiré le récent Payback. Thriller très stylisé et totalement "seventies", Point blank était pour l'époque un cocktail détonnant. En 2010, on ressent toujours un certain malaise, malgré le gavage d'hémoglobine hollywoodien subi depuis.

Surtout, le film est un grand moment de tension sexuelle, de suspense et et d'embarras ... De l'amour vache, presque masochiste, des coups (et pas seulement bas) ponctuent les séquences. Angie  Dickinson , superbe à  36 ans, assume ce rôle de femme fatale et piégée, qui la malmène avec aplomb! Ses moments avec Lee  Marvin, tout en non dits, sont parmi les meilleurs du film. Sans parler de leur scène de sexe , assez étonnante où leurs corps se confondent avec ceux de  Lynne et de Reese. On a parfois l'impression que Walker hallucine en permanence.

L'halucination préempte tout le film. John Boorman l'a voulu ainsi. Recommandé par Lee Marvin pour être derrière la caméra, il expérimente en permanence l'aspect visuel :  costumes assortis au décors jaunes ou verts .... Flashbacks nerveux, gros plans sur  des mélanges de cosmétiques dans une baignoire vide, panorama urbain désolés. Comme si Boorman, réalisateur britannique,  voulait à la fois se démarquer tout en assimilant les codes du films de gangsters américains.

Boorman conserve pourtant une trame classique, celle d'un film noir, avec un homme "emprisonné", où l'innocence n'existe plus. Du générique avec les barbelés et les barreaux, on le sent comme enfermé en permanence dans un cauchemar auquel il est impossible d'échapper. Comme d'habitude chez le cinéaste, la nature n'est pas absente. Elle symbolise le bonheur, la rédemption possible.

Entre ces images métaphoriques, le réalisateur insuffle une mise en scène baroque et n'oublie pas le scénario, pessimiste. On y voit d'ailleurs les prémices des films de la nouvelle vague américaine (Coppola et sa mafia, Scorsese et ses bas-fonds, Peckinpah et sa violence humaine). Le présent et le passé vont s'entrelacer, le mental et le sensoriel vont fusionner. Mais au final : tout est toujours pareil, rien ne change, et chaque jour qui passe est juste un réveil qui se répète.

Car à chaque fois, on revient à la case départ. Un film qui n'avance pas : un comble pour le cinéma. Et pourtant, une idée de génie.

À noter que c'est le premier  film à avoir été tourné à Alcatraz après sa désaffection...

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Le Point de non retour . Un film de John Boorman
Thriller – Etats-Unis – 1967 – 92 min – Couleur – Visa 33 857
Avec Lee Marvin, John Vernon et Angie Dickinson
Re-Sortie le 12 janvier 2011

Reprise parisienne du Palmarès du Festival du film d’animation

Posté par Claire Fayau, le 9 janvier 2011

Vous n'avez pu aller  à Bruz en 2010 ? Alors ne manquez pas la reprise du Palmarès du Festival national du film d'animation 2010 (voir notre actualité du 9 décembre), lors de l'Animathèque du mardi 11 janvier à 19h30, au cinéma Le Denfert (Paris, 14e).

Voici la sélection, alléchante et variée.

Le Grand Prix du court-métrage professionnel : Mei Ling de François Leroy et Stéphanie Lansaque (Je suis bien content), « une magnifique réalisation technique, graphique et sonore. » (In Communiqué de presse du  19/12/2010). L' histoire d'une jeune Chinoise, de son amoureux et d'un poulpe. Un mélange de 2D, 3D et prises de vues réelles. Les deux auteurs avaient déjà été récompensés lors de la dernière édition du Festival, en 2007, pour leur film Bonsoir Monsieur Chu.

Le Grand Prix du Court métrage étudiant : Je en Jeu de Guillaume Bourrachot (La Poudrière), « décerné à l’unanimité pour sa mise en scène simple et efficace, et la justesse de ses dialogues ».

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Deux mentions spéciales ont été attribuées à des films professionnels :
Au bal des pendus de Johan Pollefoort (Les Films du Nord)
Fard de Luis Briceno et David Alapont (Métronomic) qui a aussi obtenu le Prix de la Jeunesse.

La presse a aussi décerné ses prix. Je criais contre la vie. Ou pour elle de Vergine Keaton (25 films), qui a également reçu le Prix Emile  Reynaud « parce qu'il met tous nos sens en éveil, pour son adéquation parfaite entre son et image, pour son pouvoir hypnotique. »

Deux mentions spéciales ont été attribuées par le jury de la presse :
- Pour un court métrage professionnel : Hubert l’homme aux bonbons de Marie Paccou
- Pour un court métrage étudiant : Mémoires de chiffons de Marie-Pierre Hauwelle (La Poudrière).

Stretching (Drosofilms) a reçu le Prix SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique).

Il y a aussi deux Prix ex-aequo  de la SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques):
Ru de Florentine Grelier (Université Paris VIII)
Parade de Pierre Emmanuel Lyet (EnsAD).

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Retrouvez toutes les informations sur le site internet de l'AFCA: http://www.afca.asso.fr/ et  le blog : http://afcafete.blogspot.com/