Fin de parade pour Annie Cordy (1928-2020)

Posté par vincy, le 4 septembre 2020

Incontestablement la plus populaire des Belges (le roi Albert II l'a d'ailleurs faite Baronne), la passionnée, éclectique et fantasque Annie Cordy est morte le 4 septembre près de Cannes à l'âge de 92 ans. Née Léonie Juliana Cooreman, surnommée Nini la chance, elle a été durant près de 80 ans chanteuse, meneuse de revue et actrice. 700 chansons (dont quelques tubes et un compagnonnage musical avec Bourvil), une vingtaine de comédies musicales (Hello Dolly en haut de l'affiche) et d'opérettes, une quarantaine de films, une trentaine de séries et téléfilms, une dizaine de pièces de théâtre: "La passion fait la force" était sa devise.

Si cette boule d'énergie, toujours de bonne humeur en public, maniant la dérision et l'absurde comme ses compatriotes savent le faire, laisse l'image d'une artiste flamboyante, pailletée et colorée, ses rôles au cinéma étaient souvent bien plus dramatiques, touchants et même bouleversants.

Annie Cordy aura traversé sept décennies de cinéma depuis 1954 (Boum sur Paris de Maurice de Canonge, Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry et Poisson d'avril de Gilles Grangier). Souvent en second-rôle, mais capable de voler des scènes aux plus grands, d'habiter un personnage en un plan.

Bronson, Gabin...

Elle est ainsi Cri-Cri dans Le Chanteur de Mexico, Mimi dans Tabarin (tous deux de Richard Pottier), Lily dans Ces dames s'en mêlent de Raoul André. Folle, excentrique, délurée, elle assume sa belgitude. A partir des années 1970, Annie Cordy opère un virage en allant vers des films plus dramatiques: Le Passager de la pluie de René Clément, avec Charles Bronson et Marlène Jobert, La Rupture de Claude Chabrol, en épouse de Jean Carmet, Le Chat de Pierre Granier-Deferre, où patronne d'hôtel elle devient la confidente de Jean Gabin, ... Cela ne l'empêche pas de jouer de petits rôles dans des comédies (Elle court, elle court la banlieue, Disco, Tamara 2), de passer de psychanalyste à baronne, de mère à concierge, de vendeuse de poisson à grande séductrice, sans qu'aucun des films jusque dans les années 2000 ne marquent les esprits.

Beaux souvenirs

Là, elle retrouve des cinéastes d'envergure ou des rôles plus riche: Le Dernier des fous de Laurent Achard, en grand mère idéale, C'est beau une ville la nuit de Richard Bohringer, en mamie de banlieue, Le crime est notre affaire de Pascal Thomas, en chasseuse de papillons suisse, Le Dernier Diamant, polar d'Éric Barbier, Le Cancre de Paul Vecchiali, sélectionné à Cannes, Les Herbes folles, film surréaliste d'Alain Resnais ou encore Les Souvenirs de Jean-Paul Rouve, fabuleuse et émouvante grand mère en fin de vie. Nini avait ce mélange de gaieté optimiste et de sensibilité sincère. Le cinéma, sans avoir été ingrat, n'aura pas été aussi généreux avec son talent qu'elle ne l'a été pour ces films.

Annie Cordy aura également chanté des chansons pour les VF de films d'animation de Disney, prêtant même sa voix dans Pocahontas et Frère des Ours. Sur le petit écran, elle fut Madame Sans-Gêne, Madame S.O.S, ou la grand mère de Marion dans "Scènes de ménage". Il y a deux ans, elle so'ffrait deux dernières apparitions: dans le drame télévisé Illettré de Jean-Pierre Améris et dans un court-métrage, Les Jouvencelles de de Delphine Corrard. Et en effet, elle fut un éternel bain de jouvence...

Soumission de Michel Houellebecq (finalement) au cinéma

Posté par redaction, le 21 février 2020

Ce sera le quatrième film adapté d'un roman de Michel Houellebecq, après Extension du domaine de la lutte de Philippe Harrel (1999), Les particules élémentaires d'Oskar Roehler (2006) et La possibilité d'une île, réalisé par l'écrivain lui-même en 2008. Soumission sera filmé par Guillaume Nicloux en septembre. Jean-Paul Rouve aura le rôle principal.

Soumission, paru en 2015 et vendu à 2 millions d'exemplaires dans le monde, raconte l'histoire d'un professeur d'université, François, dont le déclin semble inexorable, comme la France dans laquelle il habite. Le contexte politique évolue vite puisque désormais un musulman centriste et une chrétienne d'extrême-droite sont les figures dominantes en France. Bloqué dans sa carrière , François va profiter de la situation, du chaos ambiant et de l'islamisation de la société pour retrouver un peu de gloire et de pouvoir.

Il y a un an, le projet franco-allemand était annoncé en série télévisée, coécrite par Guillaume Nicloux, avec Nathalie Leuthreau et Victor Rodenbach. Finalement ce sera un long-métrage. Après trois films où Nicloux dirigeait Michel Houellebecq en tant qu'acteur (L'Affaire Gordji: histoire d'une cohabitation, un téléfilm de 2006, et deux films de cinéma, L'enlèvement de Michel Houellebecq en 2012 et Thalasso en 2019), c'est la première fois que le cinéaste adapte directement un romans de l'écrivain, qui plus est son plus controversé.

En annonçant le projet en ouverture du marché du film de Berlin, on imagine bien que Soumission pourrait être l'un des événements de la Berlinale en 2021.

Edito: quand nos César font Boon

Posté par redaction, le 1 février 2018

Les César créent un nouveau prix: le César du public. En 2009, Dany Boon avait réussi un bad buzz autour de la cérémonie en faisant un esclandre parce que son film Bienvenue chez les Ch'tis, le plus gros succès français dans les salles, n'avait reçu qu'une nomination (dans la catégorie scénario). Ce n'est pas injuste, contrairement à ce qu'il pensait: le film n'est pas une grande œuvre de cinéma. C'est un film populaire, culte, drôle pour beaucoup, pas drôle pour certains (l'humour est une denrée si subjective). Or les César, normalement, se doivent de récompenser la qualité sans se soucier du public.

Certes, les films populaires ne sont pas souvent représentés aux César. Mais ils ne le sont pas plus aux Oscars. Hormis Dunkerque et Get Out, cette année, aucun nommé aux Oscars cette année n'a dépassé les 100M$ de recettes. Les quatre récents vainqueurs de l'Oscar du meilleur film n'ont pas franchi la barre des 60M$. A l'inverse on peut aussi dire que les César ont récompensé de nombreux films populaires: 3 des lauréats ont attiré plus de 5 millions de spectateurs, 9 d'entre eux ont séduit plus de 3 millions de spectateurs, et 8 autres ont fait plus de 2 millions d'entrées. En fait, les César ont rarement récompensé un film d'auteur qui n'a pas trouvé son public (seulement 4 lauréats n'ont pas rassemblé plus de 700000 spectateurs).

En 2009, Dany Boon avait pourtant proposé de créer un César de la comédie. C'était un non-sens. D'une part, un film populaire n'est pas forcément une comédie. Ensuite, comment définit-on la comédie? D'ailleurs, même si la catégorie existe aux Golden Globes, elle est sujette à controverse: Jordan Peele, réalisateur de Get Out, avait milité pour que son film soit catégorisé en drame (finalement il a été placé du côté des comédies et musicals). Et prenons comme exemple Trois hommes et un couffin ou Le fabuleux destin d'Amélie Poulain : est-ce que ces films populaires et césarisés auraient été qualifiés de comédie? Enfin, ces dernières années, la comédie n'a pas été oubliée par les César. Dans la catégorie meilleur film, en prenant le genre au sens large, on note la présence parmi les nommés de Persépolis, de Paris, du Premier jour du reste de ta vie, de Mammuth, du Nom des gens, de L'Arnacœur, de The Artist, d'Intouchables, de Camille redouble, des Garçons et Guillaume à table!, du Prénom, de La famille Bélier, de Victoria, de Ma Loute et cette année du Brio et du Sens de la fête.

Alors on a créé un César du public. On ne conteste pas le principe d'un prix du public. C'est juste un César sur mesure pour des films qui n'ont pas retenu l'attention des professionnels. On peut gloser année après année sur les aberrations ou les oublis des listes de nommés. On peut être étonnés de certains films surestimés ou manqués. Personne ne reprochera aux votants d'avoir zappé Alibi.com, Santa et cie, Epouse-moi mon pote etc... Le César du public est en fait un prix honorifique. C'est là qu'il y a un sérieux malentendu. Le Film Français décerne déjà chaque année ses trophées pour les films ayant fait le plus d'entrées (français, étranger, premier film). Le résultat est objectif, chiffré, économique. C'est le principe même d'un trophée professionnel.

Or c'est exactement ce que va reproduire l'Académie: le prix du film français ayant fait le plus d'entrées. Un César connu d'avance (ou presque) comme le César d'honneur. Ce n'est donc pas un César du public, mais un César du box office (ce que les prix québécois, les Iris, ex-Jutra, faisaient par exemple avec le "Billet d'or"). Officiellement c'est d'ailleurs le César des Entrées (article 2 du règlement).

Les César auraient du faire comme pour les Victoires ou les European Film Awards: un vrai prix du public, où, par exemple, les Français auraient été invités à voter pour l'un des cinq films ayant été les plus vus dans l'année. Non, ils ont décidé de ne pas miser sur l'appréciation ou la popularité mais sur la quantité de tickets vendus. Car après tout qui nous dit que Raid Dingue (4,6 millions d'entrées) ait davantage plus au public que Valérian (4 millions), Alibi.com (3,6 millions), Le sens de la fête (3 millions) ou Epouse-moi mon pote (2,5 millions). Un vote par sms aurait été générateur de recettes, qui plus est, en plus de créer éventuellement une surprise. Comme pour les télé crochets. Quand bien-même, les votants n'auraient pas vu le film, ils auraient choisi un réalisateur ou une star qu'ils aiment.

La soirée des César est plutôt un drame qu'une comédie

On comprend bien que les organisateurs veulent redynamiser cette cérémonie qui ne parvient plus à drainer de larges audiences et se prend des critiques et des trolls à longueur de soirée. Même l'Eurovision est mieux respectée. Mais rien n'empêche les César de changer son format, ses invités, l'écriture des sketches. Les Oscars l'ont bien compris en se réjouissant systématiquement d'avoir un super-héros ou une légende vivante sur son tapis rouge pour annoncer un lauréat. C'est une grande fête du cinéma, où comiques de télé et têtes d'affiche de blockbusters, lauréats de la précédente année et Oscars d'antan, sont réunis le temps d'une nuit. Le cinéma français a la chance d'être varié. Les César sont l'occasion de valoriser cette diversité. C'est souvent ce qui manque, cette loyauté envers les professionnels de la profession, en plus d'uniformiser la cérémonie avec des textes souvent plats ou qui cherchent à être drôles. Les César n'ont pas le sens de la fête et on comprend bien tout le drame quand on les regarde: ce n'est vraiment pas une comédie.

Aussi espèrent-ils le 2 mars s'offrir un moment populaire et comique en récompensant le film le plus vu de l'année. A priori c'est Raid Dingue de et avec Dany Boon. Manière de répondre à son esclandre d'il y a 9 ans. Il pourra troquer son survêtement contre un costard. Cela lui fera une belle pub pour son nouveau film, sorti une semaine avant. Le suspens est tué. mais ce n'est pas grave. Sauf que.

Ironie de l'histoire, les règles de ce nouveau prix ne sont pas les mêmes règles que pour les autres films. Les César récompensent tous les films sortis du 1er janvier au 31 décembre de l'année. Le César des Entrées "peut être décerné chaque année, au film occupant la première place du box-office France (les chiffres étant arrêtés à minuit le mardi précédant la Cérémonie), parmi tous les films de long métrage admis à concourir pour le « César du Meilleur Film ». Tout arbitrage sera effectué sur le nombre d’entrées comptabilisées par la CNC au terme de la huitième semaine d’exploitation de chaque film."

Soit un film sorti du 1er janvier à fin février de l'année suivante. Et le chiffre qui sert de référence ne sera pas le résultat final mais celui enregistré deux mois après sa sortie. Raid Dingue a alors attiré 4 523 888 spectateurs en 8 semaines. Il faudra donc que son seul concurrent, Les Tuche 3, 12e meilleur premier jour français hier, loin devant Raid dingue l'an dernier, fasse mieux en un mois, pour obtenir ce nouveau César.

Ce serait alors l'humiliation suprême: que ce César fait pour Boon revienne aux Tuche. Dans tous les cas ce sera un Ch'ti et un humour à base d'accents au régime frites qui monteront sur scène: Boon est d'Armentières et Rouve de Dunkerque.

Fin de tournage pour la suite de « Embrassez qui vous voudrez »

Posté par vincy, le 28 octobre 2017

Fin de tournage pour la suite d'un film vieux de 15 ans. En effet, Michel Blanc tourne depuis deux mois, entre Paris et Cabourg, Voyez comme on danse, sequel de Embrassez qui vous voudrez, sorti en 2002. C'est la première fois depuis ce film que Michel Blanc revient à la réalisation. Avant ça, il avait déjà filmé Marche à l'ombre, Grosse fatigue et Mauvaise passe

Michel Blanc, derrière et devant la caméra, retrouve ainsi une partie du casting de l'époque, soit Karin Viard, Carole Bouquet, Charlotte Rampling et Jacques Dutronc. En 15 ans, certains se sont mariés, d'autres ont divorcé, et les enfants ont grandi... Jean-Paul Rouve et William Lebghil, tous deux actuellement à l'affiche du Sens de la fête, ainsi que Guillaume Labbé (Les hommes du feu) s'ajoutent au générique. En revanche, Lou Doillon, Sami Bouajila, Clotilde Courau, Vincent Elbaz, Gaspard Ulliel et Mélanie Laurent n'en sont pas.

Le film sortira l'an prochain avec UGC. Embrassez qui vous voudrez avait attiré 1,53 million de spectateurs. Le film avait été récompensé par un César du meilleur second rôle féminin pour Karin Viard et un Prix Lumières du meilleur espoir masculin 2003 pour Gaspard Ulliel.

Gérardmer 2017: du sang, du gore, du glam et un clown en perspective

Posté par cynthia, le 17 janvier 2017

poster affiche gerardmer 2017À une semaine de son ouverture, le 24e festival international du film fantastique de Gerardmer (25-29 janvier) dévoile un programme alléchant et un jury glamour.

Enfin presque: parce que Gérardmer c'est aussi une vision décalée du monde qu'annonce d'emblée le dossier de presse: "Il sied au Festival de Gérardmer d’être un observateur privilégié des dérèglements chaotiques de la psyché humaine, générant des pathologies dont le genre fantastique se fait l’écho. Fugace audace dont on ne se lasse. Amis paranoïaques, schizophrènes, vampires, cannibales, zombies, bipolaires, ressuscités, sorcières, venez tous vous réjouir dans l’enclos de vos passions." Vaste programme.

Présidé par le comédien Jean-Paul Rouve, le jury sera composé des actrices Florence Loiret Caille et Audrey Fleurot, du duo musical rock & pop Aaron, du comédien Olivier Baroux et des réalisateurs Louis Leterrier et Hervé Hadmar.

La programmation de la 24e édition, se place cette année encore sous le signe de l’éclectisme avec notamment Orgueil et préjugés et zombies de Burr Steers ou l'adaptation loufoque d'un livre adapté lui-même de l'oeuvre de Jane Austen (les zombies en plus) avec la sublime Lily Jams (Cendrillon) et le bien trop sexy Douglas Booth (The Riot Club) ou encore le calvaire d'un père emprisonné dans un costume de clown dans Clown premier film de Jon Watts, réalisateur du prochain Spider-man. On pourra aussi voir Noomi Rapace dans Rupture de Steven Shainberg et tout en frémir d'impatience pour voir le sensationnel Grave premier film de Julia Ducournau qui conte l'histoire d'une végétarienne devenue... cannibale. Rien que ça! Nous allons adorer aller à la cafétéria du festival après ça. Et "last but nos least", nous dévouvrirons avec plaisir (et dès l'ouverture) le Split de Night Shamaylan où James McAvoy incarne avec brio un schizophrène.

Compétition
The Autopsy of Jane Doe d’André Øvredal (Royaume-Uni)
Clown de Jon Watts (Canada, États-Unis) - 1er film
The Girl With All the Gifts de Colm McCarthy (Royaume-Uni) - 2e film, avant-première
Grave de Julia Ducournau (France, Belgique) - 1er film
On l’appelle Jeeg Robot de Gabriele Mainetti (Italie) - 1er film
Orgueil et préjugés et zombies de Burr Steers (États-Unis, Royaume-Uni)
Realive de Mateo Gil (Espagne, France)
Rupture de Steven Shainberg (Canada, États-Unis) - avant-première
Split de M. Night Shyamalan (États-Unis) - film d’ouverture et avant-première
Under the Shadow de Babak Anvari (Royaume-Uni, Qatar, Jordanie, Iran) - 1er film

Hors compétition, nous retrouverons le documentaire consacré à David Lynch, David Lynch: the Art Life de Jon Nguyen, Rick Barnes et Olivia Neergaard-Holm etL’enfer des zombies de Lucio Fulci (1979), en version restaurée.

Le festival proposera une série de films sur le thème Holidays avec une anthologie de huit films d’épouvante qui revisitent les fêtes traditionnelles.

Enfin, plusieurs avant-premières sont également au programme, comme Underworld: Blood Wars d’Anna Foerster et Viral d’Henry Joost et Ariel Schulman. Incarnate de Brad Peyton clôturera le festival.

Le festival rendra également hommage au réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa (Real, Loft, Kaïro, Cure, Vers l'autre rive, prix de la mise en scène à Un certain regard au Festival de Cannes 2015, Le secret de la chambre noire). "Kiyoshi Kurosawa, qui nous fait l’honneur d’accepter notre Hommage, a lui-même, à travers son œuvre, exploré les ténèbres de l’âme humaine, révélant de manière magistrale les lois binaires de notre dualité, parfois salvatrice et vivifiante, parfois meurtrissante. Ce maître du cinéma élève le
genre, de spectral ventral à luminescence des sens
" rappelle le directeur du festival, Bruno Barde.

Nakache et Toledano enrôlent Bacri, Lellouche et Rouve

Posté par vincy, le 5 mai 2016

Le marché du film de Cannes s'approche. Les producteurs s'activent pour annoncer leurs projets les plus importants. La Gaumont a lancé les festivités (hostilités?) avec le prochain film d'Olivier Nakache et Eric Toledano.

Selon Le Film Français, après Intouchables et Samba, le duo va tourner son sixième film, Les Temps difficiles, avec Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Hélène Vincent (La vie est un long fleuve tranquille), Suzanne Clément (Mommy), Benjamin Lavernhe (de la Comédie française, vu dans Elle l'adore, L'Affaire SK1 et Le Goût des merveilles), Judith Chemla (à l'affiche de Ce sentiment de l'été), William Lebghil (Soda, Les Souvenirs, Les nouvelles aventures d'Aladin), Eye Haidara (Les gorilles), Kevin Azais (Les combattants) et Alban Ivanov (sur scène avec son spectacle "Élément Perturbateur").

La comédie se passe le temps d'une journée de mariage, dans les coulisses de la soirée, en suivant divers protagonistes - du traiteur au photographe - dont les observations composeront un portrait de la France d'aujourd’hui.

Le tournage débute fin mai.

David Foenkinos: le jury du prix Renaudot aime les écrivains-cinéastes

Posté par vincy, le 6 novembre 2014

david foenkinos publicité lvmhLe prix Renaudot aime les écrivains qui font du cinéma. Deuxième prix littéraire par son importance en France, décerné quelques secondes juste après le Goncourt, le jury du Renaudot a déjà récompensé les scénaristes et réalisateurs Dan Franck, Philippe Claudel, Frédéric Beigbeder, Virginie Despentes, Emmanuel Carrère et Yann Moix.

Mercredi 5 novembre, c'était au tour de David Foenkinos d'être consacré parmi les grands prix d'automne de la littérature française pour son roman Charlotte.

Foenkinos avait adapté avec son frère Stéphane son roman La délicatesse. Il avait rédigé le scénario et ils avaient co-réalisé le film, avec Audrey Tautou et François Damien en tête d'affiche. Le film, sorti en 2011, avait reçu deux nomination aux Césars: meilleur premier film et meilleure adaptation. Il avait séduit près de 800000 spectateurs en France.

On retrouvera l'univers de l'écrivain en janvier dans les salles avec Les souvenirs, adaptation du best-seller de l'écrivain. David Foenkinos a co-écrit le scénario avec le réalisateur, Jean-Paul Rouve. Le film a été présenté dans les Festivals d'Angoulême, de Namur et de Saint-Jean-de-Luz. Il réunit Annie Cordy, Michel Blanc, Mathieu Spinosi, Chantal Lauby et Audrey Lamy.

Le roman Charlotte, primé par le Renaudot, même s'il conserve une part du style ironique et mélancolique de l'auteur, est en rupture avec les précédents romans de David Foenkinos. Il s'agit de l’histoire de Charlotte Salomon, artiste peintre juive allemande déportée à Auschwitz à 26 ans alors qu'elle était enceinte. La jeune femme a pu confier ses toiles (aujourd'hui conservées au musée juif d'Amsterdam) juste avant sa mort.

Saint-Jean-de-Luz 2014 : la rançon du passé, la respiration du présent

Posté par vincy, le 11 octobre 2014

Deuxième partie et dernière ligne droite pour le nouveau Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz (lire notre article sur le jury et la programmation de cette année). Le cinéma Le Sélect ne souffre pas trop des travaux du nouveau complexe résidentiel en construction, Les Erables (au passage le cinéma va gagner une salle, passant de quatre à cinq).

Jour 4, 17h30: Lena est une femme allemande qui, un soir de fête, perd soudainement la mémoire biographique : sa vie, ses amis, ses écrits, elle a tout oublié jusqu'à son visage. Elle ne se reconnaît pas. Elle n'existe plus. Comme on appuie sur un bouton reset pour redémarrer une machine. Pour retrouver la mémoire, aidée par son mari, elle cherche des éléments de la femme qu'elle était. Mais au lieu de se les approprier, elle ne fait que les imiter. Au point de faire coexister une Lena qui n'existe plus avec une nouvelle personnalité, qui n'a aucun repère.

Jan Schomburg a donné le rôle principal à sa compagne, Maria Schrader (Aimée & Jaguar), étonnante: parfois vieillie, parfois enfantine, tantôt enlaidie, tantôt embellie, elle livre une performance assez saisissante, sur le bord du précipice où elle peut basculer dans la folie. Ce drame allemand (intitulé Oublie mon moi en VO) très maîtrisé ne laisse aucune porte de sortie au spectateur : enfermée dans sa logique de (dé)fragmentation du "conscient" et de l'individu, la mise en scène s'appuie en permanence, avec intelligence, sur des effets de reflets troublés ou d'images floutées. Sortie en France en 2015.

20h30: L'oranais de Lyes Salem, déjà primé à Angoulême, est une fresque historico-romanesque sur l'Algérie, depuis la guerre contre la France jusqu'aux années 80. A travers un groupe de quatre amis, aux destins et opinions qui vont diverger avec le temps, on suit les espoirs, tragédies et trahisons (idéalistes comme humaines) des uns et des autres. Le film est ambitieux par son propos et son ampleur. Ce qui ne signifie pas qu'il parvient à convaincre complètement. Ce feuilleton aux accents de Arcady époque Grand Sirocco accuse parfois quelques redondances et certaines langueurs. A trop vouloir dire et dénoncer, le scénario passe à côté d'une intimité plus profonde entre ces "héros" qui ont libéré l'Algérie. Lyes Salem montre pourtant une voie intéressante pour le cinéma algérien, mélange de critique et d'amour pour son pays. Avec de beaux moyens, et un film grand public, il donne de la voix à un pays toujours méconnu, si loin, si proche. Sortie en France le 19 novembre 2015.

Jour 5, 12h: Déjà présenté à la Semaine de la Critique, Respire est le deuxième long métrage de Mélanie Laurent. Elle avait lu le roman d'Anne-Sophie Brasme à l'âge de 17 ans. Cette histoire ne l'a pas quittée depuis. Par rapport aux Adoptés, la cinéaste a changé tous ses codes cinématographiques pour filmer la vie de Charlie (formidable Joséphine Japy) l'année de son Bac, de ses 18 ans. En cours d'année scolaire, surgit Sarah, fille magnétique, fascinante (Lou de Lâage, idoine pour le rôle). Amitié fusionnelle pour deux êtres qui ont besoin d'être aimées. Mais Sarah est une perverse narcissique et va attirer la lumineuse Charlie dans son enfer.

Il n'y a pas beaucoup d'issue à ce type de situations. Mélanie Laurent a filmé caméra à l'épaule, au plus près des personnages, pour ressentir l'oppression qui piège ces proies, aussi intelligentes et entourées soient-elles. Respire est avant tout un cri silencieux. Celui de Charlie qui ne dit rien alors qu'elle souffre. Celui que vivent des milliers de jeunes gens victimes d'humiliations, de manipulations et même de révélations publiques. Sortie en France le 12 novembre.

17h30: Inutile de vous le cacher très longtemps: Bébé tigre n'est pas seulement un véritable coup de coeur durant ce festival, c'est sans doute l'un des meilleurs premiers films français de ces dernières années. Cyprien Val, accompagné de Céline Sciamma (Tomboy) et Marie Amachoukeli (Party Girl) pour le scénario, nous offre une oeuvre généreuse autour d'un personnage, Many, jeune indien arrivé en France clandestinement à l'âge de 15 ans, "mineur étranger isolé". Deux ans plus tard, en famille d'accueil et au lycée, entre la volonté de s'intégrer et la nécessité d'envoyer de l'argent à ses parents, Many est pigé à force de tout vouloir concilier, au risque d'être renvoyé dans son pays à sa majorité.

Entre Bande de filles (en plus abouti, plus tendu) et La cour de Babel (côté fiction), Bébé Tigre pourrait avoir comme slogan "le film que Eric Zemmour ne peut pas voir". Avec un regard véritable sur la jeunesse immigrée qui ne demande qu'à s'intégrer, à travailler et à étudier, sans naïveté et avec réalisme, Cyprien Val construit son film comme un suspense social, où l'émotion est loin d'être absente. Il a trouvé en Harmandeep Palminder, jeune garçon fascinant, un acteur idéal pour incarner l'ambivalence des situations, subies ou choisies. Il photographie une France métissée et travailleuse, autant que rigide et précaire. En 87 minutes tout est dit, montré. Et la bande son est un bijou pour les oreilles, donnant des accents contemporains punchy à un récit moderne et universel. Sortie en France le 28 janvier 2015.

Jour 6, 12h15: Film de clôture, Les souvenirs est l'adaptation du best-seller de David Foenkinos, coscénarisé par l'écrivain et le réalisateur, Jean-Peul Rouve. Une grand-mère qui doit aller vivre en maison de retraite, l'un de ses trois fils qui est mis à la retraite, son épouse qui aimerait que tout cela bouge un peu, leur fils, 23 ans, avide de croquer la vie, à sa façon, et une multitude personnages qui gravitent autour de cette famille pas vraiment prête à passer à la prochaine étape de leur vie.

Feel-good movie par excellence, Les souvenirs ne manque pas d'humour, d'émotion et de situations cocasses. Les dialogues sont de la dentelle pour des comédiens aussi différents qu'Annie Cordy, Michel Blanc, Chantal Lauby et Mathieu Spinosi (violoniste avant d'être acteur), auxquels on peut ajouter Audrey Lamy et Jea-Paul Rouve. Tous ont le souci du travail bien fait, l'envie de donner le change au public. Peut-être aussi parce que tous ces comédiens ont un ADN commun: l'opérette, le Splendid, les Nuls, les Robins des bois, Scènes de ménages : chaque génération de la comédie est représentée, ce qui forme un orchestre cohérent pour une partition efficace et touchante. Sortie en France le 14 janvier 2015.

Le Festival de Saint-Jean-de-Luz fait peau neuve

Posté par vincy, le 17 septembre 2014

affiche saint jean de luz 2014Après 18 éditions sous le nom du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, on change tout, de l'organisation à la charte graphique.

Le 1er Festival International du film de Saint-Jean-de-Luz, toujours dirigé par Patrick Fabre, se déroulera du 6 au 11 octobre: 10 longs métrages (dont 6 avant-premières françaises) et 8 courts métrages seront en compétition.

Le jury, présidé par le réalisateur-scénariste-acteur Xavier Beauvois, représentera tous les métiers du cinéma: les comédiennes Marie Kremer et Michèle Laroque, la réalisatrice Stéphanie Murat, le compositeur Alex Beaupain, l'écrivain et réalisateur Laurent Bénégui et le chef opérateur Christophe Offenstein.

Un mois après Venise, La rançon de la gloire, dernier film de Xavier Beauvois, sera présenté en ouverture. Les souvenirs, d'après le roman de David Foenkinos, réalisé par Jean-Paul Rouve, fermera les festivités.

La compétition opposera Terre Battue de Stéphane Demoustier (avec Olivier Gourmet et Valéria Bruni-Tedeschi), '71 de Yann Damage (Royaume Uni), qui sera aussi à Dinard, Jesse and Zibby de Josh Radnor (Etats-Unis), Los Tontos y los estupidos de Roberto Caston (Espagne), Max & Lenny de Fred Nicolas, Le dernier coup de marteau d'Alix Delaporte (l'acteur Romain Paul a d'ailleurs été primé à Venise), Lena de Jan Schomburg (Allemagne), L'Oranais de Lyes Salem (récompensé à Angoulême), Bébé Tigre de Cyprien Val et Respire de Mélanie Laurent, remarqué à la Semaine de la critique à Cannes.

Enfin, deux Masterclass sont prévues, l'une sur l'écriture d'un scénario l'autre sur l'évolution de la presse cinéma.

Cabourg 2014 : Rencontre avec Flore Bonaventura, lauréate du Prix « premiers rendez-vous »

Posté par kristofy, le 19 juin 2014

Flora BonaventuraPour soutenir l’émergence de jeunes talents cinématographiques, le Festival de Cabourg a créé en 2008 le Prix "premiers rendez-vous" : il récompense la première apparition d’une actrice ou d’un acteur dans un rôle de premier plan. Les lauréates des années précédentes comptent Astrid Bergès-Frisbey, Alice de Lencquesaing, Ana Girardot et Victoire Belezy. Cette année la récompense est allée à Flore Bonaventura pour Casse-tête chinois de Cédric Klapisch :

EcranNoir : Avant le film Casse-tête chinois, on vous a vu dans Comme des frères de Hugo Gélin, quelles différences entre cette expérience de tournage cinéma et les tournages de téléfilms que tu connaissais déjà ?
Flore Bonaventura : Quand on tourne pour le cinéma, on a plus de temps pour la recherche, ou pour l’improvisation parfois. Sur un plateau de téléfilm les choses doivent aller très vite, il faut que tout soit rôdé dès le départ. Il y a moins de liberté sur un unitaire télé qu’au cinéma.

EN : Comment est arrivé le rôle dans Casse-tête chinois de Cédric Klapisch ?
Flore Bonaventura : Pour ce rôle du personnage d'Isabelle, il y a eu un long processus de casting, avec trois tours durant lesquels ils ont réduit le nombre d’actrices possibles. Le premier tour c’était avec juste une directrice de casting, ensuite il y a eu une rencontre avec Cédric Klapisch et aussi Cécile de France, j’avais une scène à préparer. Les deux premiers films L’auberge espagnole et Les poupées russes, c’était comme des films cultes pour moi, je les ai énormément regardés quand j’étais ado. Me retrouver avec tous ces personnages-là et en plus aux Etats-Unis à New-York sur un plateau américain, c’est quelque chose, ça a été un moment super intense pour moi ce tournage.

EN : Ce Prix premiers rendez-vous du Festival de Cabourg reconnaît un talent qu’on veut retrouver, est-ce que ça vous conforte dans votre envie de continuer comme actrice devant une caméra de cinéma ?
Flore Bonaventura : Oui, bien évidement, je suis dans le bonne direction. Je suis très heureuse d’avoir eu ce prix, parce que ça prouve que des gens reconnaissent le travail que je fais. Moi j’essaie de ne pas trop mettre de barrière entre le cinéma, la télé et le théâtre.

EN : Votre visage est peut-être devenu Flora Bonaventura & Clotilde Courauplus connu depuis votre rôle dans la série télé La Source, avec Christophe Lambert et Clotilde Courau sur France2, est-ce que vous ne craignez pas une sorte d’étiquette "actrice de télévision" ?
Flore Bonaventura : Je fais des choix dans les propositions de téléfilms, j’ai refusé pas mal de choses. Il y a des très beaux téléfilms et il y a des films cinéma qui ne sont pas bons du tout. J’essaie de faire avant tout des projets vraiment intéressants avec un personnage à défendre. Je trouve ça un peu dommage cette barrière entre la télévision et le cinéma. On voit de plus en plus des comédiens de cinéma qui viennent faire de la télé, il y a eu Fanny Ardant dans Résistance il n’y a pas longtemps. Là j’ai un téléfilm dans lequel je vais tourner avec Emmanuelle Devos, c’est à propos de Simone Veil et de la loi sur l’avortement. Tans que les projets sont intéressants et bien filmés, moi j’y vais avec plaisir.

EN : Quel rôle, qu’on ne vous  pas encore proposé, rêveriez-vous de faire ?
Flore Bonaventura : Un jour j’aimerais bien peut-être faire un biopic, pour tout le travail sur la gestuelle, les mimiques, la voix où il faut se rapprocher le plus possible d’une personne qui a vraiment existé, ça m’intéresserait beaucoup d’explorer cette dimension.

EN : Que pouvez-vous nous dire de votre prochain film Les souvenirs sous la direction de Jean-Paul Rouve ?
Flore Bonaventura : C’est une adaptation d’un roman de David Foenkinos, c’est une jolie comédie familiale. On y retrouve Michel Blanc, Chantal Lauby, et Annie Cordy, et Mathieu Spinosi. C’est l’histoire d’une relation assez fusionnelle entre une grand-mère et son petit-fils, et moi je joue la fille dont le personnage principal va tomber amoureux.