Albert Finney (1936-2019), acteur prodigieux et carrière prestigieuse

Posté par vincy, le 8 février 2019

L'acteur britannique Albert Finney est mort aujourd'hui à l'âge de 92 ans. Son élégance naturelle alliée à un corps robuste et un regard malicieux restent inoubliables. Fils de bookmaker, il a parfois pris des risques. Il avait refusé le rôle de Lawrence d'Arabie. Ce qui ne l'a pas empêché au fil des décennies d'obtenu cinq nominations aux Oscars, de gagner trois Golden Globes (en plus de six nominations), de remporter un BAFTA (et 8 autres nominations) et de tourner durant 50 ans au Royaume Uni comme aux Etats-Unis. Il a notamment été marié avec Jane Wenham, puis Anouk Aimée et enfin Pene Delmage.

En 2000, Steven Soderbergh le remet sur le devant de la scène en lui offrant le rôle masculin principal d'Erin Brokovich, où il joue un avocat-mentor de Julia Robert dans une "class-action" écologique. Soderbergh le réembauche pour Traffic et surtout pour Ocean's Twelve, pour une apparition dans l'épilogue, en père voleur de Catherine Zeta-Jones. Albert Finney jouera ainsi les valeurs ajoutées dans plusieurs productions hollywoodiennes: Une grande année de Ridley Scott, La Vengeance dans la peau de Paul Greengrass (en affreux Dr Hirsh) ou Skyfall de Sam Mendes (en garde-chasse de la propriété familiale de James Bond). Le 007 sera son dernier film de cinéma, il y a 7 ans.

Tim Burton lui offre aussi le rôle de Ed Bloom âgé (jeune, il est incarné par Ewan McGregor) dans Big Fish (et il fera une voix dans Les noces funèbres). Il faut dire que Finney est entouré d'un culte pour les cinéastes de cette génération.

Débutant d'abord au théâtre, aux côtés d'Alan Bates et Peter O'Tool, il joue Shakespeare durant les années 1950. On le considéra souvent comme l'héritier de Laurence Olivier. Il débute sur le grand écran en 1960, dans Samedi soir et dimanche matin de Karel Reisz. Tout au long de sa vie, épris de sa liberté, il refuse des gros cachets ou des responsabilités. L'argent ne l'intéresse pas. En 1962, il est Tom Jones dans le film éponyme de Tony Richardson. Albert Finney est l'acteur emblématique de ce Free Cinema britannique qui s'impose dans le Swinging London. Bad boy sympathique dans ce film culte, il envoute la critique qui le propulse dans le star-système. Avec Tony Richardson, il connaît aussi son plus grand succès théâtral dans les années 1960 en incarnant Martin Luther King dans Luther.

Cette liberté artistique le pousse à n'en faire qu'à sa tête. Il réalise ainsi Charlie Bubbles, autoportrait parodique où l'on croise une jeune Liza Minelli. Il fonde la société de production Memorial Enterprises, qui remporte la Palme d'or avec If..., et lance Stephen Frears avec Gumshoe (avec Finney en acteur), Mike Leigh avec Bleak moments et Tony Scott avec Loving Memory.

Audrey Hepburn et Hercule Poirot

Cela ne l'empêche pas de céder à certaines sirènes. dans les années, 1960, il tourne Voyage à deux, de Stanley Donen, périple ensoleillé et cruel avec Audrey Hepburn (avec qui il a eu une liaison) autour d'un couple. Film de guerre, thriller, comédie, il ne cherche pas à s'installer dans un genre. Il excelle en misanthrope dans le film familial Scrooge. Il campe un légendaire Hercule Poirot dans Le crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet (qui le retrouvera pour son ultime film en 2007, le très noir 7h58 ce samedi-là, en doyen familial). Les années 1970 ne sont finalement pas moins riches, même s'il se fait rare, contrairement à Sean Connery ou Michael Caine. Admirable Fouché dans Les Duellistes de Ridley Scott (où il fut payé par une caisse de champagne), il enchaîne des films comme Looker film de SF de Michael Crichton, L'usure du temps d'Alan Parker ou L'habilleur de Peter Yates. On notera surtout sa participation aux œuvres de John Huston, la comédie musicale Annie, et le drame Au-dessous du volcan, où il transcende son personnage de consul solitaire et dépressif.

Les années 1990 peuvent être perçues comme sa traversée du désert au cinéma. Ce serait oublié son passage chez les Coen, en parrain de la mafia irlandaise dans Miller's crossing et surtout deux rôles importants chez Mike Figgis dans The Browning Version en prof homosexuel amer et chez Suri Krishnamma dans Un homme sans importance en chauffeur de bus homosexuel toujours dans "le placard".

les critiques des films d'Albert Finney

Finney tournera un tiers de sa filmographie entre 2000 et 2012, passant de Agnieszka Holland à Michael Apted, en passant par Alan Rudolph. Il a eu pour partenaire Diane Keaton, Jill Clayburgh, Jacqueline Bisset, Julia Roberts. Sur le petit écran il a incarné le pape Jean-Paul II et Winston Churchill. Il a été soldat, docteur, juge, écrivain.

A ne jamais faire trop de concession, à conserver son talent toujours intact, même pour un petit rôle, Albert Finney est resté l'un des acteurs les plus respectés. Son charme et son charisme, son refus d'être acheté par le système et son aspiration à s'en affranchir en ont fait une figure à part dans le cinéma anglo-saxon. Il savait être drôle ou inquiétant, séduisant ou antipathique, sensuel ou monumental. Mais c'est bien son esprit rebelle qui restera : il a refusé tout anoblissement et honneur royal au cours de sa vie, rejetant ainsi le titre de Sir. Pourtant, il a donné de beaux titres de noblesse au métier d'acteur.

James Bond, 50 ans de cinéma en 2012 : un 23e film, deux expos, un coffret Blu-ray et d’autres cadeaux

Posté par vincy, le 18 juin 2012

Immuable, l'Aston Martin qui s'affiche devant la première photo officielle du prochain James Bond, Skyfall, le 23e officiellement produit par Broccoli et fille, a la même plaque d'immatriculation depuis 50 ans au cinéma : BMT 216A. Voilà un signe qui ne change pas. Le héros de Ian Fleming a été incarné par 7 acteurs différents. Pour la troisième fois, 007aura les traits et la silhouette deDaniel Craig dans ce film "anniversaire".

Ce qu'on sait déjà de Skyfall, dont le tournage vient de s'achever (voir notre actualité sur le lancement du tournage pour des informations complémentaires) : Javier Bardem interprète Silva, le méchant très méchant. Dans le pitch officiel, le MI6 où travaille Bond, est menacé directement, a priori par ce Silva, qui cible M (la toujours excellente Lady Judy Dench, dont c'est le 7e Bond et qui a déjà été kidnappée dans Le monde ne suffit pas). Les producteurs sous-entendent qu'il y a un lourd contentieux entre les deux et que M aurait caché une partie de son passé mais, également, que Bond a une relation spéciale avec lui.

Bond voyagera en Ecosse (du whisky dans le Martini? Craig en kilt?), au Japon (déjà visité sous l'ère Connery) avec la fameuse l'île abandonnée de Gunkanjima, à Shanghai et Macau (casino oblige) et en Turquie (Le monde ne suffit pas, again). Bref rien de vraiment exotique. L'Inde avait été envisagée mais il semblerait que les conditions de tournage se soient heurtées aux exigences du gouvernement... La production a migré les scènes indiennes en Turquie. On nous promet déjà une course-poursuite, une explosion et un déraillement de train dans le métro londonien (rappel sans doute des faits réels de 2005). Sam Mendes est derrière la caméra. Un choix qui montre l'exigence des producteurs puisque le cinéaste oscarisé est connu pour ses drames psychologique (American Beauty, Les Sentiers de la perdition, Jarhead : La Fin de l'innocence, Les Noces rebelles et Away We Go).

La grande force de Skyfall sera son casting : Ralph Fiennes (un représentant du gouvernement qui a sous sa responsabilité le MI6), Albert Finney, Ben Wishaw (en Q), et trois James Bond Girls : Naomie Harris (en agent du MI6 nommée Eve), la française Bérénice Marlhoe (choisie sur l'IMDB, nommée Séverine, énigmatique et pas forcément dans le bon camp), et l'actrice/top model grecque Tonia Sotiropoulou.

50 ans ça se fêtera également en Blu-ray, avec un coffret tout neuf compilant tous les films de la série, et deux expositions : "Designing 007: 50 Years of Bond Style" du 6 juillet au 5 septembre au Barbican Centre à Londres et "Bond in Motion" au National Motor Museum de Beaulieu.

Sans oublier un nouveau roman écrit par William Boyd à paraître fin 2013 (60 ans après la publication du premier, Casino Royale et deux ans après Carte Blanche de Jeffrey Deaver) et un biopic sur le créateur de l'espion au service secret de sa majesté, Ian Fleming (voir actualité du 19 mai dernier).

James Bond : début du tournage de Skyfall lundi prochain

Posté par vincy, le 3 novembre 2011

Skyfall. Tel est le titre du 23e James Bond officiel qui sortira le 24 octobre 2012 en France, le 26 octobre 2012 au Royaume Uni et en Irlande (le 9 novembre aux USA). Annoncé aujourd'hui de manière officielle, le titre du nouveau 007 a été accompagné de confirmations sur le casting et les lieux de tournages.

A l'affiche, aux côtés de Daniel Craig, nous retrouverons Javier Bardem, Ralph Fiennes (voir notre actualité Deux méchants catégorie A pour le prochain James Bond), Judi Dench alias M (dont le passé va ressurgir et bousculer la loyauté de 007), Naomie Harris et la française Berenice Marlohe (photo) en James Bond Girls, Helen McCrory, Ben Whishaw et le vénérable Albert Finney.

Sam Mendès commencera le tournage lundi. Le film nous emmènera à Londres, en Chine (a priori dans des lieux jamais visités par Bond comme Shanghai), à Istanbul (déjà au coeur de deux épisodes de la série), et en Ecosse. Rien de très exotique (voir la la liste des destinations) et surtout cela annule les deux rumeurs persistantes : New York et l'Inde (dont le gouvernement avait protesté contre la mauvaise image des trains nationaux qui auraient été véhiculés par le film).

La production a engagé le grand chef opérateur neuf nommé aux Oscars Roger Deakins (True Grit, L'assasinnat de Jesse James.., No country for old men, Kundun, fargo, Jarhead, Revolution Road, Les noces rebelles, ...).

Le scénario a été écrit par Neal Purvis et Robert Wade (on leur doit Le Monde ne suffit pas, Meurs un autre jour, Casino Royale, Quantum of Solace et les deux Johnny English) en collaboration avec John Logan (Lincoln, Hugo Cabret, Rango).

Les vétérans de la franchise réengagés pour The Bourne Legacy

Posté par vincy, le 31 juillet 2011

Joan Allen et Albert Finney, respectivement apparus dans le 2e et 3e épisode de la franchise Jason Bourne, ont confirmé leur engagement dans le 4e épisode, un spin-off sans Matt Damon, The Bourne Legacy.

Ils feront le lien entre la première trilogie et le "reboot", qui suscite des remous au sein de la communauté de fans... Joan Allen est un agent de la CIA, Pam Landy, celle-là même qui traquait puis aidait Bourne dans sa reconquête d'identité, tandis qu'Albert Finney, alias le Dr. Albert Hirsch, était le médecin en charge de "fabriquer" les supers-tueurs de l'Opération Tradestone.

The Bourne Legacy se concentre sur un autre assassin professionnel, incarné par Jeremy Renner (voir actualité du 22 avril). Le casting comprend aussi Rachel Weisz, Oscar Isaac et certainement Edward Norton, en discussion pour jouer le méchant à abattre.

Le film est réalisé par Tony Gilroy. Le tournage débute en septembre. La sortie est programmée le 3 août 2012 aux USA.

Sortie de route pour Peter Yates (1929-2011)

Posté par vincy, le 11 janvier 2011

Sa filmographie a peut-être moins marqué les esprits que celle de ses confrères de la même époque, pourtant Peter Yates a signé une scène d'anthologie du 7e art : LA course-poursuite du siècle. Dans Bullitt (1968), une Mustang et une Dodge se filent dans les rues et les faubourgs de San Francisco, avec une allure variant de 120 à 180 kilomètres heure. La séquence a nécessité trois semaines de tournages pour une durée sur grand écran de 9 minutes 42 secondes. Seul regret, il n'y eut pas l'autorisation pour faire passer les deux voitures sur le pont du Golden Gate. Mais il y a tout le reste : certes le découpage est habile et les deux voitures deviennent des personnages à part entière. Cependant, les deux modèles offraient aussi des sons différents : une boîte de vitesse manuelle, nerveuse donc, pour la Mustang, et la boîte automatique, plus silencieuse de la Dodge. Les crissements des pneus rajoutaient une dose de stress. Et surtout, la musique de Lalo Schiffrin accompagnait à la perfection les images, s'effaçant presque au moment de l'explosion de la Dodge.

Le britannique Peter Yates fut donc le réalisateur qui réalisa cette folie. Né en 1929, il est décédé dimanche 9 janvier, à l'âge de 81 ans, des suite d'une longue maladie.

Il a débuté dans les années 1950 en étant assistant doubleur, puis assistant réalisateur (Les Canons de Navarone, Un brin d'escroquerie). Alternant petit et grand écran, il se forme au style britannique, mélangeant le réalisme social et les thrillers à forte tension, où sexe et violence font des arrière-plans dignes des films noirs.

Son premier film de cinéma, Vacances d'été, il le réalise en 1963. Une comédie musicale romantique avec Cliff Richard que devait faire Ken Russell. Puis il signe l'adaptation d'une pièce comique à succès, One Way Pendulum. Mais c'est en 1967 qu'il se fait remarquer, après plusieurs épisodes du Saint et de Destination Danger, en "modernisant" le premier western américain, Trois milliards d'un coup (The Great Train Robbery), film de braquage où il met déjà en scène une poursuite de voitures (dans les rues de Londres). Elle est si réaliste que cette séquence décidera Steve McQueen à l'engager pour Bullitt, l'année suivante.

Ce dernier est évidemment un de ces polars indémodables, mélange de corruption, volupté et de suspens, où la direction artistique et les comédiens (magnifiques Steve McQueen, Jacqueline Bisset et Robert Vaughn) sont aussi importants que le cadre et le montage. Énorme succès, le film gagne l'Oscar du meilleur montage, le prix Edgar Allan Poe du meilleur film, et rentrera au Patrimoine National du Cinéma en 2007.

Si ses films sont méconnus, c'est injuste. John et Mary (1969) avec Dustin Hoffman (meilleur acteur aux prix BAFTA) et Mia Farrow,  La Guerre de Murphy (1971), avec Peter O'Toole et Philippe Noiret, Les Quatre malfrats (1972, nommé à l'Oscar du meilleur montage) avec Robert Redford et George Segal, Les Copains d'Eddie Coyle (1973) avec Robert Mitchum sont des divertissements qui méritent le détour, et pas simplement pour leurs stars. Il touche à tout, du film de guerre à la comédie (son genre de prédilection) à raison d'un film par an : Ma femme est dingue (1974) avec Barbra Streisand, Ambulances tous risques (1976) avec Bill Cosby (du Cosby Show), Raquel Welch et Harvey Keitel (jeune), le film d'horreur Les grands fonds (1977, en pleines Dents de la mer "mania"), avec Jacqueline Bisset et Nick Nolte..

En 1979, il réalise La Bande des quatre, l'un des meilleurs films sportifs, et sans doute le meilleur sur le vélo. Le film est un fiasco financier mais il glane 5 nominations aux Oscars (film, actrice, réalisateur, musique et scénario, qu'il remporte). Il gagne aussi le Golden Globe du meilleur film dans la catégorie comédie.

Il se dirige alors vers le thriller. L'oeil du témoin (1981) avec Sigourney Weaver et William Hurt, le film fantastique Krull (1983), semi échec présenté à Avoriaz, ou encore Eleni (1985) avec un jeune John Malkovich, Suspect dangereux (1987) avec Cher, Dennis Quaid et Liam Neeson, succès de l'époque, Une femme en péril (1988) où il gagna le prix du meilleur film au Mystfest, avant de sombrer dans des séries B voire pire, malgré des castings plus ou moins chics. Une succession d'échecs artistiques et publics. Ironiquement son dernier film se nommera Curtain Call (1999). Le rideau est baissé.

On datera sa fin artistique à 1983. En réalisant le drame L'habilleur (1983), avec Albert Finney, qu'il obtient ses derniers lauriers : Cinq nominations à l'Oscar (dont film, réalisateur, scénario, et deux fois dans la catégorie acteur), sept nominations aux prix BAFTA et deux prix au Festival de Berlin (acteur, prix CIDALC récompensant un film qui oeuvre à la propagation des arts et de la littérature). Le film, histoire théâtrale où l'apprenti et le maître se combatte à travers Le Roi Lear, a reçu un joli accueil public.