Annulation de la Quinzaine des Réalisateurs, de la Semaine de la Critique et de l’ACID

Posté par vincy, le 15 avril 2020

"À la suite de l'annonce du Président de la République du lundi 13 avril 2020 interdisant tout festival jusqu'à mi-juillet, les sections parallèles du Festival de Cannes prennent acte que le report envisagé fin juin début juillet n’est plus possible. Par conséquent, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique et l'ACID ont le regret d’annoncer l’annulation de leurs éditions cannoises 2020" annoncent dans un communiqué commun les trois sélections parallèles du festival.

"La crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés ne nous permet pas de prévoir concrètement la suite des événements. Afin de soutenir l’ensemble du secteur cinématographique, très affecté par la situation présente, chaque section, en concertation avec le Festival de Cannes, étudie cependant la meilleure façon de continuer à accompagner les films soumis à leur édition 2020" ajoutent les trois organismes.

Pour le cinéma indépendant, cette annulation est un coup dur. Les producteurs devront attendre l'été et l'automne pour espérer se faire une place dans les festivals. A moins de garder le film au frais jusqu'à l'année prochaine...

« Le Festival de Cannes ne peut pas être organisé cette année sous sa forme initiale »

Posté par vincy, le 14 avril 2020

Le président de la République Emmanuel Macron l'a annoncé hier: les salles de cinémas resteront fermés au-delà du 11 mai et les festivals culturels (musique, théâtre, cinéma) ne pourront pas avoir lieu avant la mi-juillet: Avignon annulé, comme les Francopholies, le Champs-Elysées Film festival ou le festival de cinéma de La Rochelle. Le Festival de Cannes, qui avait opté pour un report entre le 23 juin et le 5 juillet, devait donc prendre acte de ce nouveau calendrier.

"Suite à la déclaration du Président de la République du lundi 13 avril, nous avons pris acte que le report envisagé à fin juin début juillet pour la 73e édition du Festival International du Film de Cannes n’est plus possible à cette date. Il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale" annonce le Festival dans un communiqué. Il ajoute: "Nous espérons être en mesure de communiquer rapidement sur les formes que pourrait prendre ce Cannes 2020."

Idéalement, si celui de Venise était décalé, Cannes pourrait reprendre sa place. Mais cela pourrait aussi prendre une toute autre forme à d'autres dates.

"Nous avons commencé hier soir de nombreuses consultations dans le milieu professionnel en France et à l’étranger. Elles s'accordent sur le fait que le Festival de Cannes, qui est un instrument essentiel de soutien à l’industrie cinématographique, doit continuer à étudier l’ensemble des éventualités permettant d’accompagner l’année cinéma en faisant exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre" précisent les organisateurs.

"Quand la crise sanitaire, dont la résolution reste la priorité de tous, sera passée, il faudra redire et démontrer l’importance et la place que le cinéma, ses œuvres, ses artistes, ses professionnels et ses salles et leurs publics occupent dans nos vies. C’est à cela que le Festival de Cannes, son Marché du film et les sections parallèles (Semaine de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs, ACID) entendent contribuer. Nous nous y engageons et remercions tous ceux qui sont à nos côtés, les responsables publics (Mairie de Cannes, Ministère de la Culture, CNC), les professionnels ainsi que nos partenaires" affirme le Festival.

La Rochelle et l’ACID en suspens, Aubagne en virtuel

Posté par vincy, le 20 mars 2020

acid 2020Cinéma du Réel, Festival du cinéma de Brive, Cinélatino à Toulouse, Visions du Réel en Suisse, Festival de films de femmes de Créteil, le BIFFF à Bruxelles ... tous les festivals se sont annulés les uns après les autres. Et hier, c'est le Festival de Cannes qui a officiellement annoncé son éventuel report à fin juin, entre celui d'Annecy, toujours maintenu, et le Festival La Rochelle Cinéma (26 juin-5 juillet).

Ce dernier, se retrouve avec un double problème. Son partenaire Il Cinema Ritrovato à Bologne, du 20 au 28 juin, pourrait être annulé. Mais surtout, le festival pourrait pâtir d'un décalage cannois: "Alors que toute la profession se demandait si le Festival de Cannes pourrait être reporté, nous avons appris avec surprise que "l’hypothèse principale serait un simple report fin juin-début juillet". Si cette option se confirmait, nous serions privés de nos précieux collaborateurs (projectionnistes, régisseurs, interprètes, attachées de presse, etc.) engagés par les deux festivals et déjà lourdement impactés par l’annulation de dizaines d’événements."

Le Festival ajoute que "si cette pandémie s’installait durablement en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique latine, en Afrique ou ailleurs", il n'aurait "certainement pas le goût à la fête fin juin" et serait "peut-être dans l’obligation d’annuler cette 48e édition".

L'ACID est la première sélection parallèle à avoir réagit au report du Festival de Cannes. "Nous continuons de visionner les films qui nous ont été envoyés pour l'ACID Cannes, avec le soin et l'exigence que nous devons à ceux qui continuent de créer et de résister. Nous ne savons pas encore la forme que cette programmation prendra, ni quand nous pourrons l'annoncer, mais nous tâcherons d'être à la hauteur de la situation, afin que vivent les cinémas que nous aimons" explique l'association.

La solution est peut-être celle que le Festival International du Film d’Aubagne - Music & Cinema, qui devait se tenir du 30 mars au 4 avril, avant d'être contraint à l'annulation, a choisi. "Les films pour lesquelles il a obtenu l'autorisation de diffusion sur internet seront disponibles gratuitement, pendant 24h, à la date initialement prévue pendant le Festival, en SVOD (subscription video on demand). Il suffira à l’e-festivalier de créer un compte pour y accéder" explique le Festival.

Par ailleurs, tous ses rendez-vous professionnels sont maintenus en visio-conférence: le SiRAR, qui permet à un jeune scénariste de réaliser son premier court métrage et à un jeune compositeur de créer une partition musicale pour cette œuvre, l’Espace Kiosque, un lieu de rencontre entre producteurs et scénaristes, et le Marché européen de la composition musicale pour l’image, une plateforme de mise en connexion entre les réalisateurs-producteurs et les compositeurs autour de projets cinématographiques.

Le Festival de Cannes 2020 reporté

Posté par vincy, le 19 mars 2020

"Aujourd’hui, nous avons pris la décision suivante: le Festival de Cannes ne pourra se tenir aux dates prévues, du 12 au 23 mai prochains. Plusieurs hypothèses sont à l’étude afin d’en préserver le déroulement, dont la principale serait un simple report, à Cannes, fin juin - début juillet 2020" explique le Festival de Cannes, qui n'aura donc pas attendu la mi-avril pour prendre sa décision. Déjà, le marché du film envisageait une édition "virtuelle" depuis quelques jours.

Le communiqué confie également: "En cette période de crise sanitaire planétaire, nous avons une pensée pour les victimes du COVID-19, et nous exprimons notre solidarité avec tous ceux qui luttent contre la maladie."

"Dès que l’évolution de la situation sanitaire française et internationale nous permettra d’en évaluer la possibilité réelle, nous ferons connaître notre décision, dans le cadre de la concertation actuelle avec l'Etat et la Mairie de Cannes ainsi qu’avec le conseil d’Administration du Festival, les professionnels du cinéma et l’ensemble des partenaires de la manifestation" ajoutent les organisateurs.

Cannes 2020: 15 projets retenus pour l’Atelier de la Cinéfondation

Posté par vincy, le 9 mars 2020

La 16e édition de l’Atelier de la Cinéfondation accueille 16 réalisatrices et réalisateurs. Les 15 projets de film sélectionnés, de 15 pays différents (dont certains assez rares sur les écrans) ont été jugés particulièrement prometteurs. Les cinéastes et leurs producteurs pourront rencontrer du 14 au 21 mai des partenaires potentiels, indispensables pour finaliser leur projet et passer à la réalisation de leur film. L’Atelier ouvre également à ses participants les portes des coproductions internationales, accélérant ainsi le processus de finition du film.

L'objectif de l'Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes est d'encourager le cinéma de création et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes dans le monde,  233 projets, dont 171 sont sortis sur les écrans et 14 sont actuellement en pré-production

  • Dayao Swims Against the Flow , Zhang Tao, Chine
  • A Male, Fabian Hernández, Colombie
  • Carnaval, Mohamed Siam, Egypte
  • Animal, Sofia Exarchou, Grèce
  • Marichjhapi, Bauddhayan Mukherji, Inde
  • The Happiest Man in The World, Teona Strugar Mitevska, Macédoine du nord
  • Tiger Stripes, Amanda Nell Eu, Malaysie
  • A Fucked up Tribute to Motherly Love, Esther Rots & Dan Geesin, Pays-Bas
  • Some Nights I Feel Like Walking, Petersen Vargas, Philippines
  • Le serviteur, Marian Crisan, Roumanie
  • Birchanger Green, Moin Hussain, Royaume-Uni
  • Frost, Pavle Vuckovic, Serbie
  • The Store, Hanna Sköld, Suède
  • Balkaya, Emin Alper, Turquie
  • The Station, Sara Ishaq, Yemen

Les festivals et les films atteints par le coronavirus

Posté par vincy, le 6 mars 2020

Le cinéma en Chine a été le premier à subir l'effet coronavirus. Les salles fermées, les sorties repoussées, de nombreux tournages annulés. Maintenant que le Covid-19, son joli nom scientifique, est en Europe, et notamment en Italie, où les salles ont aussi fermées.

Le virus se propageant, de nombreuses manifestations et événements populaires sont annulés ou reportés. Passage en revue.

Le Festival de Cannes n'est pas concerné par les mesures gouvernementales (rappelons que tout événement réunissant plus de 5000 personnes en milieu confiné est interdit). Le plus grand festival du monde, qui doit se dérouler du 12 au 23 mai, maintient son calendrier.

Pourtant deux événements cannois - le MipTV et Canneséries - ont été respectivement annulé et reporté, alors qu'ils se tiennent au même endroit et accueillent moins de monde. Si le Festival de Cannes n'est pas reporté, on peut être sûr que de nombreux participants américains ne viendront pas si le virus perdure : les studios ont interdit de voyager à leurs employéés. De même la clientèle asiatique - Chine, Corée du sud, Japon - risque de se faire rare. Et ne parlons pas des Italiens, qui, s'ils restent confinés d'ici là, manqueront à l'appel.

Canneséries est reporté en octobre. Ce qui n'est pas plus mal face à la concurrence frontale au printemps avec SERIES MANIA. Ce festival, à Lille, maintient ses dates fin mars. Mais là encore, de nombreux étrangers pourraient annuler leur participation.

Les studios comme les assureurs ne veulent pas prendre de risques. On comprend que les tournées promotionnelles se réduisent dans ce contexte là. Mais le décalage de certaines sorties obéit aussi à un autre problème: la fréquentation dans les salles. Si Mulan (Disney) est toujours programmé pour le 25 mars en France, sa sortie en Chine est reportée sans nouvelle date. Le plus gros blockbuster du printemps, Mourir peut attendre (Universal), le nouveau James Bond, aura en effet attendu sa sortie.  A l'origine prévu pour 2017, le film avait finalement calé une date à l'automne 2019 avant de changer ses plans pour février puis avril 2020. Ce sera finalement à la mi-novembre 2020 qu'on purra voir une dernière fois Daniel Craig en 007.

De son côté, la Warner a reporté la comédie de Ruben Alves, Miss, prévue le 11 mars, pour le 23 septembre. D'autres films sortent des programmes du printemps pour viser l'été, comme Rocks, (Haut et court) qui sortira finalement le 17 juin et non plus le 15 avril. (Actualisation: Le Pacte a annoncé le report à une date ultérieure de La Daronne, comédie policière de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, prévu le 25 mars).

Le virus a aussi touché le festival de Locarno qui annule L'immagine et la parola, son festival artistique du printemps qui devait avoir lieu fin mars.

Aux Etats-Unis, en attendant des nouvelles de Tribeca, c'est le festival SXSW à Austin au Texas, qui souffre le plus des défections de participants. Le festival doit se tenir du 13 au 22 mars.  Warner Media, Netflix, Apple, Amazon ont tous annulé leur participation. Nul ne doute que le festival sera le premier événement majeur à être retiré du calendrier.

César 2020: « Les Misérables » triomphe

Posté par vincy, le 28 février 2020

Florence Foresti a ouvert cette cérémonie pas comme les autres, avec Tchéky Karyo, qui ne s'est pas "rasé depuis Nikita". La 45e cérémonie des "connards, euh des César" a commencé avec un film court où elle parodie le Joker, personnage qui, rappelons-le, tente de faire rire en se croyant fait pour le stand-up.

Comme quoi le cinéma américain est toujours plus inspirant pour les ouvertures de cette soirée annuelle. Mais il fallait bien chauffer la salle depuis que ces César étaient menacés de gel. "Ça va la diversité? Vous vous êtes crus à la MJC de Bobigny. ici, c'est l'élite, on dégage".  Une polémique de moins. "Je suis très heureuse d'être là... enfin non... je suis très courageuse. Elle a bien choisi son année pour revenir la Foresti", balance-t-elle. "On est sur du rire bio".

Brillante, évidemment, elle s'est moquée de l'époque avec son autodérision habituelle (blackface et salut nazi): "Il semblerait que je sois blanche, hétéro, d'héritage chrétien. C'est pas grave!" Mais évidemment on l'attendait sur J'accuse -" douze moments où on va avoir un souci". Et elle s'en est bien sortie, avouons-le. Piquant avec humour Céline Sciamma et son équipe à 80% féminine, loin des objectifs du collectif 50/50. Du coronavirus à la bite de Benjamin Griveaux, toute l'actu y est passée pendant la cérémonie. Jusqu'à se payer l'Académie: "Y a plus de patron, c'est pas une intérim qui va m'arrêter". Jusqu'à rencontrer Isabelle Adjani dans un sketch filmé. Rappelons que Foresti avait fait il y a 5 ans une parodie de la star qui est devenue culte. Et Adjani de jouer les fausses folles, reprenant ainsi le sketch télévisuel de Foresti.

Sandrine Kiberlain a alors ouvert la soirée en tant que présidente. "Heureuse et touchée" d'être présidente de cette cérémonie, "la dernière d'une époque, la première d'une nouvelle", elle a pesé chacun de ses mots et clamé un discours résolument féministe. Un discours très social aussi  "Je crois profondément aux vertus de la crise" affirme-t-elle, citant Victor Hugo, mai 68, mais aussi des films oubliés par les nominations comme Les invisibles, C'est ça l'amour et Tu mérites un amour. Classe.

Moins convaincants, les discours des remettants, trop insistants, maladroits, parfois lourds ou plombants (on ne le dira jamais assez: l'écriture est le parent pauvre du cinéma), ou alors complètement insipides. Dommage parce que ça allait dans le bon sens de l'inclusion et de la diversité. Au final, beaucoup d'intermèdes étaient trop longs et assez vains. Il a fallu attendre deux heures et demi pour passer aux catégories reines. Imaginez notre supplice. Heureusement, il y a eu le bel hommage à Agnès Varda, en chanson, en voix et en images.

La diversité, l'égalité et la mixité étaient pourtant sur scène, notamment avec beaucoup de femmes lauréates (y compris dans les métiers techniques). Les remettants, bien sûr, mais aussi du côté des lauréats avec la belle double victoire Papicha. Ce n'est pas la seule réalisatrice couronnée puisque Yolande Zauberman a été primée côté documentaires, succédant à Agnès Varda et Mélanie Laurent dans cette catégorie essentiellement masculine. Et le court métrage a récompensé une co-réalisatrice (Lauriane Escaffre).
Avec sa nouvelle règle, le César du public a échappé à Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?, champion du box office, au profit des Misérables de Ladj Ly.

C'est une fois de plus le festival de Cannes qui cartonne avec J'ai perdu mon corps, La belle époque, Roubaix une lumière, Portrait de la jeune fille en feu, Parasite, Alice et le maire, Les Misérables et Papicha parmi les vainqueurs. Il n'y a pas eu de vrais perdants parmi les multi-nommés. C'est même plutôt un palmarès plutôt équilibré. Et de Roschdy Zem à Anaïs Demoustier en passant par Fanny Ardant et Swann Arlaud, les remerciements étaient beaux, les prix mérités.

Mais c'est bien Roman Polanski, récompensé personnellement par deux César dont celui de la réalisation, qui aura fait un bras d'honneur à tous.  On aurait tellement aimé, pour le symbole, que Céline Sciamma, soit distinguée. Les professionnels ont finalement fait de la résistance en séparant l'homme de l'artiste. Mais c'est quand même une provocation ce César pour Polanski (certes pas le premier). Un "symbole mauvais" comme anticipait le ministre de la Cuture. Adèle Haenel en a quitté la salle. Elle qui a tout bousculé, ouvert la voie, donner de la voix aux femmes, aura finalement été humiliée par les votants de l'Académie. D'autres personnes, dont Céline Sciamma, la suivent en criant "Quelle honte !". Un silence glacial paralyse la salle. Florence Foresti balance un "écoeurée" sur Instagram.

Heureusement, le seul vainqueur est un premier film venue de la banlieue, métissé et certes très masculin. Les Misérables, et son petit budget, a été récompensé quatre fois et sacré par le prix meilleur film. Le cinéma français, terre de contrastes et de contradictions...

Palmarès

César du meilleur film : Les Misérables
César de la meilleure réalisation : Roman Polanski pour J'accuse
César du meilleur premier film : Papicha de Mounia Meddour
César du film d'animation (long métrage) : J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
César du film d'animation (court métrage) : La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel
César du meilleur film documentaire : M de Yolande Zauberman
César du meilleur court métrage : Pile poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
César du public : Les Misérables
César du meilleur film étranger : Parasite de Bong Joon-ho

César de la meilleure actrice : Anaïs Demoustier dans Alice et le maire
César du meilleur acteur : Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière
César du meilleur second-rôle féminin : Fanny Ardant dans La belle époque
César du meilleur second-rôle masculin : Swann Arlaud dans Grâce à Dieu
César du meilleur espoir féminin: Lyna Khoudri dans Papicha
César du meilleur espoir masculin: Alexis Manenti dans Les Misérables

César du meilleur scénario original : Nicolas Bedos pour La belle époque
César de la meilleure adaptation: Roman Polanski et Robert Harris pour J'accuse, d'après le roman D. de Robert Harris
César de la meilleure musique : Dan Levy pour J'ai perdu mon corps
César de la meilleure photo : Claire Mathon pour Portrait de la jeune fille en feu
César du meilleur montage : Flora Volpelière pour Les Misérables
César des meilleurs décors: Stéphane Rozenbaum pour La belle époque
César des meilleurs costumes: Pascaline Chavanne pour J'accuse
César du meilleur son : Nicolas Cantin, Thomas Desjonquières, Raphaël Mouterde, Olivier Goinard et Randy Thom pour Le Chant du loup

Arnaud Desplechin reçoit le 16e Prix Jacques-Deray du film policier

Posté par redaction, le 25 février 2020

Samedi 22 février à 19h à l’Institut Lumière, le réalisateur Arnaud Desplechin a reçu le 16e Prix Jacques Deray du meilleur film policier français de 2019 pour Roubaix, une lumière. le film a été présenté en avant-première mondiale et en compétition au dernier festival de Cannes. Il est en lice pour 7 César, dont ceux du meilleur film, réalisateur, acteur et scénario adapté.

Le réalisateur est revenu sur le fait divers et le documentaire à l’origine du projet, de son travail sur le scénario, co-écrit avec Léa Mysius, qui a fait l’objet d’une documentation minutieuse dans la ville de Roubaix, qui est aussi sa ville natale ainsi que sur ses propres influences, citant Georges Simenon et Fiodor Dostoïevski. "Aussi douloureux soit votre condition, il y a toujours une lumière" a conclu Arnaud Desplechin avant de recevoir le Prix.

C'est Thierry Frémaux qui a lu la lettre-hommage de Bertrand Tavernier, adressée à Arnaud Desplechin. "Comme spectateur, j’accompagne l’œuvre d’Arnaud Desplechin depuis ses débuts, depuis La Vie des morts et La Sentinelle, où nous avons commencé à correspondre. C’est un cinéaste qui me surprend toujours par le choix de ses sujets et par la façon dont, à chaque projet, il propose une mise en scène, un voyage. Et c’est encore le cas, ô combien, avec Roubaix, une lumière" explique Tavernier, qui confie: "j’ai été ébloui par cette œuvre extrêmement forte et singulière". Il ajoute: "Grâce à la caméra (admirable photo d’Irina Lubtchansky), le film les regardait en face, avec franchise et pourtant avec humilité. Leur fragilité, leurs souffrances, la part d’ombre et de nuit qu’ils trimballaient stoppaient tout déballage pyrotechnique, toute obligation spectaculaire, car la force de ce regard porté sur eux suffisait".

"Le film va constamment au cœur des choses, au cœur des âmes et il ne laisse personne de côté. Tous les personnages, je dis bien tous, sont importants. C’est un cinéma de grands et de petits rôles – les gens ont des accents, des trognes, des manières régionales et ils sont pourtant universels. Ils sont et incarnent ces existences, ces douleurs aussi, et cette misère, tout ce qu’une partie de la classe politique et médiatique ignore" pointe-t-il avec élégance.

Arnaud Desplechin succède à Pierre Salvadori (En Liberté !), Christian Carion (Mon garçon) Arthur Harari (Diamant noir), Vincent Garenq (L'Enquête), Frédéric Tellier (L'Affaire SK1), Jérôme Salle (Zulu), Philippe Lefebvre (Une nuit), Maïwenn (Polisse), Fred Cavayé (À bout portant), Michel Hazanavicius (OSS 117, Rio ne répond plus), Pascal Thomas (Le Crime est notre affaire), Alain Corneau (Le Deuxième souffle), Guillaume Canet (Ne le dis à personne), Jacques Audiard (De battre mon coeur s'est arrêté) et Olivier Marchal (36, quai des Orfèvres).

Triplé gagnant pour Les Misérables aux prix Lumières 2020

Posté par vincy, le 28 janvier 2020

La 25e Cérémonie des prix Lumières de la presse internationale, diffusée pour la première fois sur Canal+, était présidée par Isabelle Huppert. C'était surtout un festival cannois avec trois prix pour Les Misérables, deux autres pour Portrait de la jeune fille en feu, un prix chacun pour Roubaix, une lumière, J'ai perdu mon corps et It Must be Heaven. Les Misérables, nommé aux Oscars, prix du jury à Cannes et Grand prix de la critique, part favori pour les César.

Les journalistes étrangers basés à Paris ont osé sacrer Roman Polanski, malgré les polémiques dans la catégorie réalisateur.

L’Académie des Lumières, composée de 130 correspondants représentant plus de quarante pays, a tenu à rendre un hommage spécial au réalisateur Costa-Gavras pour sa contribution au rayonnement mondial du cinéma français et à Roberto Benigni, lauréat d’un Lumière du meilleur film étranger lors de la 4e cérémonie pour La vie est belle.

Meilleur Film
LES MISÉRABLES de Ladj Ly

Meilleure Mise en scène
ROMAN POLANSKI - J’accuse

Meilleure Actrice
NOÉMIE MERLANT Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

Meilleur Acteur
ROSCHDY ZEMRoubaix, une lumière de Arnaud Depleschin

Meilleur Scénario
LADJ LY, GIORDANO GEDERLINI et ALEXIS MANENTILes Misérables

Meilleure Image
CLAIRE MATHONPortrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

Révélation féminine
NINA MEURISSE - Camille de Boris Lojkine

Révélation masculine
ALEXIS MANENTILes Misérables de Ladj Ly

Meilleur Premier film
NEVADA de Laure de Clermont-Tonnerre

Meilleure Coproduction internationale
IT MUST BE HEAVEN de Elia Suleiman

Meilleur Film d'animation
J’AI PERDU MON CORPS de Jérémy Clapin

Meilleur Documentaire
M de Yolande Zauberman

Meilleure Musique
ALEXANDRE DESPLATAdults in the Room de Costa-Gavras

Spike Lee, président du jury du Festival de Cannes 2020

Posté par vincy, le 14 janvier 2020

On ne pouvait pas avoir un président plus engagé (politiquement) et plus anti-trumpiste en pleine année présidentielle, pour ce 73e Festival de Cannes (12-23 mai).

Le réalisateur américain Spike Lee sera le Président du Jury de Cannes. Scénariste, acteur, monteur et producteur, révolté permanent, "Il est celui qui lève le poing, rappelle le Festival. Il est aussi celui qui rend hommage à Robert Mitchum avec les mots « amour » et « haine » gravés sur ses bagues lors de son entrée remarquée dans la grande salle du Palais des Festivals en 2018."

Son dernier film, Blackkklansman a reçu le Grand prix du jury à Cannes en 2018, avant d'être honoré pour la première fois de sa carrière aux Oscars pour le prix du scénario. Un film tourné vers le public, tout en étant un pamphlet, un polar, une scrutation des liens entre noirs et blancs, et un décryptage de la montée de l'extrême droite aux USA.

Dans leur communiqué, Pierre Lescure, Président, et Thierry Frémaux, Délégué général du festival, se réjouissent d’accueillir "l’artiste autant que le citoyen". Pour eux, "Le regard de Spike Lee est plus que jamais précieux. Cannes est une terre d’accueil naturelle et une caisse de résonnance mondiale pour ceux qui (r)éveillent les esprits et questionnent chacun dans ses postures et ses convictions. La personnalité flamboyante de Spike Lee promet beaucoup."

La déclaration complète de Spike Lee

"Tout au long de ma vie, les événements heureux me sont arrivés de façon inopinée sans que je m’y attende. Quand on m’a appelé pour devenir Président du Jury de Cannes en 2020, je n’en suis pas revenu, j’étais à la fois heureux, surpris et fier.

À titre personnel, le Festival de Cannes (outre le fait qu’il soit le plus grand festival de cinéma au monde – sans vouloir offenser qui que ce soit) a eu un impact énorme sur ma carrière de cinéaste. On pourrait même aller jusqu’à dire que Cannes a façonné ma trajectoire dans le cinéma mondial.

Tout a commencé en 1986. Mon premier long métrage She’s Gotta Have It (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête) a remporté le Prix de la jeunesse à la Quinzaine des Réalisateurs. Le film suivant, en 1989, Do the Right Thing, était en Sélection officielle, et en Compétition. Et je n’ai ici ni le temps ni la place pour décrire l’explosion cinématographique que cela a engendré et se fait encore sentir trente ans plus tard.

Puis Jungle Fever en 1991 en Compétition, Girl 6 en 1996 Hors Compétition, Summer of Sam en 1999 à la Quinzaine des Réalisateurs, Ten Minutes Older en 2002 au Certain Regard.

Et enfin la présence de BLACKkKLANSMAN en 2018 en Compétition, où il a remporté le Grand Prix, est devenue la rampe de lancement de sa sortie en salles dans le monde entier et m’a valu de remporter l’Oscar du meilleur scénario.

Donc, pour ceux qui tiennent les comptes, cela fait sept « Spike joints » à avoir été sélectionnés.

Pour couronner le tout, je suis honoré d’être la première personne de la diaspora africaine (États-Unis) à assurer la présidence du Jury de Cannes et d’un grand festival.

La famille Lee remercie sincèrement le Festival de Cannes, Pierre Lescure et Thierry Frémaux, ainsi que le merveilleux public français qui soutient ma carrière cinématographique depuis quatre décennies.

Je porterai toujours dans mon cœur cette relation particulière.

Peace and Love,"

Spike Lee, Da People's Republic Of Brooklyn, New York.

L'enfant de Brooklyn a mis un coup de pieds dans la fourmilière du cinéma américain dès les années 1980 avec des sujets audacieux, des dialogues travaillés, des bande-son contemporaines, une mise en scène évolutive et adaptative, des récits profondément humains. Il aura touché à tous les genres, du thriller de braquage à la comédie romantique, du polar urbain au biopic politique, du documentaire aux épopées universalistes: Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s Gotta Have It), Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s Gotta Have It), Mo' Better Blues, Jungle Fever, Malcom X, Girl 6, He Got Game, Summer of Sam, La 25e Heure, Inside Man, Miracle at St. Anna... Spike Lee a séduit autant que déconcerté, touché la gloire et traversé le désert.

Ce qui l'intéresse ce sont les enjeux de son époque, de la culture machiste à la représentation des afro-américains dans les médias et dans l'Histoire, de la perte des valeurs morales à un discours universel sur la tolérance. Baskets, lunettes et casquette comme tenue de combat (ça va colorer le tapis rouge), provocateur, trublion, malicieux, facétieux, enragé, sniper, il est devenu le parrain de tout un cinéma afro-américain, tout autant qu'un des auteurs phares du cinéma mondial, œuvrant à ses causes tout en refusant l'injustice.

Oscar d'honneur en 2016, César d'honneur en 2003, ce cinéaste controversé, souvent mis à l'écart par le système hollywoodien (qui a quand même pu engranger 430M$ de recettes au box office grâce à ses films), professeur de cinéma à la New York University, devrait apporter du rythme et un regard singulier sur la prochaine compétition. Fan d'Hitchcock et de grands maîtres japonais, de David Lean et de Federico Fellini, de Truffaut et de Mad Max, on imagine d'avance que ses choix seront éclectiques dans une compétition qui devra succéder à une édition exceptionnelle.

La question est maintenant de savoir si son nouveau film, Da 5 Blood, prévu par Netflix sur sa plateforme cette année, pourra être projeté à Cannes, hors-compétition. Ce film sur les effets de la guerre du Vietnam réunit Giancarlo Esposito, Paul Walter Hauser, Chadwick Boseman, Jean Reno, Jasper Pääkkönen et Mélanie Thierry.