Box Office USA : la guerre des blockbusters de l’été 2014 (1)

Posté par geoffroy, le 8 mai 2014

Jamais deux sans trois. Après the Avengers en 2012 et Iron-man 3 en 2013, voici que le 2ème opus du reboot de Spiderman lance la saison estivale 2014. Pourtant, avec 92 millions de $ pendant son premier week-end, The Amazing Spider-Man 2 montre moins de muscle que le 2e opus de Captain America, sorti au début du printemps. Il n'y a plus de saisons?

Si : les studios continuent de miser l'essentiel de leur artillerie lourde durant la période mai-août (pour la période juillet-août : lire notre actualité du 5 juillet 2014). Mais cette année, aucun film prévu ne nous semble armé pour aller titiller les cimes du BO US. Une surprise est bien sûr possible, tel l’incroyable succès planétaire du dernier Disney, La reine des neiges. Si nous devions choisir un favori, il pourrait bien venir des rangs de l’animation avec la suite très attendue de l’excellent Dragons des studios Dreamworks. Mais attention, les fiascos monstrueux de l'an dernier, et les récents flops monumentaux (Transcendence, Jack Ryan, Need for Speed, I Frankenstein...), peuvent aussi créer la surprise, dans le mauvais sens. Pour les recettes, il n'y a plus forcément la recette.

Pronostics mai-juin 2014

2 mai 2014

The Amazing Spider-Man 2. Le reboot initial, sans être extraordinaire, avait tout de même totalisé 262 millions de dollars aux États-Unis en 2012. C’est dire si le super-héros arachnéen est synonyme d’adhésion populaire auprès des ados. Accueilli par des critiques plus que médiocres, ce nouvel opus, toujours réalisé par Marc Webb, devra compter sur un très bon démarrage pour espérer égaler le score du premier épisode. Cet impératif est renforcé – doublement, même – par les sorties courant mai de Godzilla et X-Men : days of future past. Ils pourraient bien lui porter en deux petits rounds l’estocade finale d’un succès en demi-teinte.

Pronostic : 245M$

9 mai 2014

Nos pires voisins : Première comédie R-Rated en lice de l’été avec Seth Rogen en porte-étendard (En cloque, mode d’emploi, Funny people, Le frelon vert…). Le pitch qui surfe sur le principe des oppositions rendant possible le comique de situation (la famille vs les copains), peut faire mouche. Bien que Seth Rogen ne soit pas à l’écriture, les premiers avis semblent très positifs avec, en prime, la présence de Zac-les-beaux-abdos-Efron en voisin perturbateur. Ce qui augure un bouche-à-oreille performant à même de laisser monter la mayonnaise auprès d’un public jeune adepte de l’humour trash, potache, décalé.

Pronostic : 150M$

16 mai 2014

Godzilla : La façon dont la Warner a lancé le film a été admirable. Anxiogène, mystérieux, cataclysmique, le Godzilla 2014 ne semble pas se définir uniquement comme un bon gros film de monstres. Peu de gens le verront avant la sortie. Une seule projection presse, et pas dans une grande salle, a été organisée en France. S’il n’a pas été conditionné par Hollywood, le réalisateur britannique Gareth Edwards a sans doute pu déployer sa poétique envoutante, déjà aperçue dans Monsters. Mais rassurez-vous, les images chocs seront au rendez-vous et feront le buzz pour attirer les curieux comme les déçus, très nombreux, du Godzilla de Roland Emmerich (1998). Si le film tient ses promesses, il est assuré de dépasser les 200 millions de dollars et, pourquoi pas, de faire sauter le box-office en allant vers les 300-400 millions de $.

Pronostic : 255M$ au minimum

Million Dollars Arm : Encore un film sur l’univers du baseball. Cette fois c’est Jon Harm, la vedette des Mad Men, qui s’y colle. Le pitch, assez original pour le coup (Un agent sportif se rend en Inde pour organiser un jeu de télé réalité intitulé "Million Dollar Arm" afin de dénicher les talents du baseball de demain), peut lui assurer un soupçon de curiosité supplémentaire auprès de spectateurs plutôt blasés au sujet des films sportifs. Les récents succès du Stratège (avec Brad Pitt) et de 42 (avec Harrison Ford) laissent quelques vrais espoirs pour cette programmation à contre-courant des blockbusters estivaux façon Slumdog Millionnaire dans le royaume du sport.

Pronostic : 85M$

22 mai

X-Men : Days of future past : Bryan Singer est de retour dans la saga qui l’a rendu célèbre. Il prend la suite de Matthew Vaughn dans l’excellent X-Men : le commencement. Mais avec seulement 145 millions de dollars au box-office américain, le film a eu du mal à convaincre un public en manque de repères. Le retour des anciens acteurs de la saga comme Hugh Jackman, plutôt bankable, Ian McKellen, Patrick Stewart ou encore Halle Berry sera-t-il suffisant pour (re) donner envie à un public aficionado de super-héros en tout genre ? Si Bryan Singer ne réédite pas la naïveté coupable de son dernier film, son talent de conteur fera le reste. A moins que la polémique sur les soupçons d'abus sexuels sur mineur n'entachent le buzz autour du film.

Pronostic : 260M$

Blended : Que serait un été sans Adam Sandler ? En effet, cela fait vingt ans, ou presque, que l’acteur à la bouille d’ado éternel sillonne le B.O américain avec succès, malgré quelques belles gamelles. Pour Blended, Adam Sandler retrouve son pote réalisateur Frank Coraci (Weeding Singer, Waterboy, Click) et l’actrice Drew Barrymore. Le duo qui a toujours fonctionné ne doute pas de son pouvoir d’attraction, ce qui pourrait permettre à Sandler de comptabiliser un 15ème film au-delà des 100 millions de dollars.

Pronostic : 110M$

30 mai

Maléfique : Après trois ans d’absence, Angelina Jolie est de retour devant la caméra. Et qui d’autre, en effet, aurait pu incarner la Maléfique de la Belle au bois dormant ? Disney ne s’est pas trompé et continue ses réadaptations de classiques depuis le succès planétaire d’Alice au pays des merveilles. Si le Oz de Sam Raimi a déçu le studio (moins de 500 millions de dollars dans le monde), celui-ci espère bien se rattraper avec cette relecture d’un personnage de méchante charismatique. Avec son classement « PG », le film cible principalement les familles. Ce qui pourrait lui donner un avantage par rapport au film Blanche-neige et le chasseur (PG-13) qui avait ouvert à la même période (été 2012).

Pronostic : 180M$

Albert à l’ouest : Seth McFarlane est le papa télévisuel d’American Dad !, des Griffin, de The Cleveland Show et de Ted, incursion cinématographique sous la forme d’une comédie loufoque mettant en scène un ours en peluche doué de la parole. Le succès du film (218M$), a fait récidiver McFarlane qui nous offre cette année une nouvelle comédie se déroulant au Far West. Le mélange des genres n’étant pas la panacée du public américain, il faudra toutes les qualités d’écriture du bonhomme pour enlever l’adhésion. Pour réussir son nouveau challenge, il sera épaulé par deux acteurs d’envergure : la belle Charlize Theron et le tenace Liam Neeson.

Pronostic : 140M$

6 Juin

Edge Of Tomorrow : Tom Cruise est infatigable puisqu’ à 52 ans il joue encore au justicier inflexible. Film de S-F au scénario original, Edge of Tomorrow est réalisé par le solide Doug Liman (La mémoire dans la peau, Fair Game, Mr. & Mrs. Smith). Quand on pense aux déconvenues des films de S-F de l’année dernière (Oblivion avec Tom Cruise, Elysium, After Earth…), il est difficile d’imaginer cet opus futuriste, guerrier, s’articulant autour de la facture temporelle, comme l’un des hits de l’été. Surtout que le pouvoir d’attraction de l’acteur de Top Gun n’est plus ce qu’il était. La seule question valable est de savoir si Edge Of Tomorrow arrivera à dépasser les 100 millions de dollars. Marque que Tom Cruise n’a réussi à enlever qu’une seule fois depuis 2006 et son Mission Impossible : le protocole fantôme.

Pronostic : 95M$

13 juin

Dragons 2 : Dragons, film d’animation de l’écurie Dreamworks, est sans doute l’une des productions du studio à jouir d’une côte de popularité égale aux meilleurs films estampillés Pixar. D’où l’attente réelle, quatre ans après la sortie de Dragons, de cette suite réalisée par Dean Dubois, Chris Sanders ayant quitté le navire, occupé qu’il était à mettre en boite le sympathique La famille Croods. Sans aucune concurrence jusqu’au 18 juillet, Dragons 2 à un véritable boulevard devant lui. Sauf catastrophe artistique, on ne voit pas comment le film pourrait être un échec. Et en bonus, son avant-première à Cannes devrait lui assurer une rampe de lancement digne de Shrek.

Pronostic : 315M$

22 Jump Street : Suite au succès surprise du premier opus, ils ne pouvaient en rester là. De 21 on passe à 22. Même duo de réalisateurs, mêmes acteurs, même pitch. Bref, rien de bien neuf sous le soleil. Si on ne voit pas le film faire un bon colossal au BO cet été, sa base de fans est suffisamment solide pour rééditer le score de 21 Jump Street (138M$). Reste que le film sort le même week-end que Dragons 2, favori des bookmakers et cible première des familles. L’handicap est de taille mais pas insurmontable pour lui priver des 100 millions de dollars.

Pronostic : 135M$

20 juin

Think Like a man too : Il s’agit du deuxième volet d’un film sortit en 2012 célébrants de façon détournée les rapports complexes entre les hommes et les femmes. Bien qu’inédit en France, le film a totalisé 91 millions de dollars au BO américain. Auréolée de son plus grand succès cette année (Mise à l’épreuve en salles le 14 mai prochain), la star Kevin Hart retrouve Tim Story (les 4 Fantastiques) dans ce qui pourrait être une valeur sûre lors d’un week-end de sortie sans véritable concurrence.

Pronostic : 95M$

27 juin

Transformers : l’âge de l’extinction : Suite au départ de Shia LaBeouf de la franchise, c’est le très bankable Mark Wahlberg qui reprend le flambeau des mâles au cœur du combat que se livrent les Autobos et les Decepticons. Pour tout vous dire, on n’attend pas grand-chose de ce quatrième volet toujours réalisé par Michael Bay. Si l’on en croit les différentes bandes-annonces, le renouvellement n’est pas pour aujourd’hui. On peut juste se dire qu’avec Wahlberg l’aspect naïf, voire un peu inepte des précédents volets, risque de voler en éclats pour une implication tout en puissance virile. Sa date de sortie idéale compensera un essoufflement possible d’une franchise lancée il y a seulement sept ans.

Pronostic : 330M$

Cannes 2014 – les prétendants : un contingent nord-américain catégorie poids lourds

Posté par vincy, le 28 mars 2014

david cronenberg robert pattinson maps to the stars

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. Avec la possibilité de croire à des avant-premières mondiales de Transformers 4 ou Dragons 2.

Woody AllenMagic in the Moonlight. Avec Emma Stone, Colin Firth, Hamish Linklater, Eileen Atkins, Marcia Gay Harden. Le retour de Woody à Cannes? Hors-compétition nécessairement. Une palme d'or d'honneur, forcément. Une comédie romantique, séduisant.

Paul Thomas AndersonInherent Vice. Avec Jena Malone, Joaquin Phoenix, Reese Witherspoon, Josh Brolin, Benicio Del Toro. Le film sera-t-il prêt? Cette adaptation d'un roman de Thomas Pynchon pourrait opter pour une avant-première à Venise ou Toronto.

- Gregg Araki, White bird in a blizzard. Avec Shailene Woodley et Eva Green. Dans les années 80, l'histoire, adaptée d'un roman de Laura Kasischke, est celle d'une fille qui sombre dnas un chaos psychologique lorsque sa mère disparaît.

- Ramin Bahrani, 99 Homes. Avec Andrew Garfield, Michael Shannon, Laura Dern. Une famille est délogée par un promoteur immobilier : le père ne cherche qu'une seule chose, retourner dans leur foyer.

Tim BurtonBig Eyes. Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Terence Stamp, Jason Schwartzman, Krysten Ritter. Comme pour P.T. Anderson, la question est d'ordre marketing : s'il est prêt, le studio veut-il lancer ce film de fin d'année si tôt à Cannes?  Ce biopic sur les peintres Margaret et Walter Keane serait le premier film de Burton en compétition...

- Damien Chazelle, Whiplash. Avec Miles Teller, J.K. Simmons. Grand prix à Sundance, cette histoire de batteur de jazz qui va jusqu'au bout de ses limites physiques et psychologiques devraient être l'un des événements d'Un certain regard.

Larry Clark The Smell of Us. PAvec Michael Pitt, Lukas Ionesco, Niseema Theillaud. Tourné à Paris, dans l'environnement des skateboarders, on imagine mal que ce film soit absent dans une sélection ou une autre.

David CronenbergMaps to the Stars. Avec Julianne Moore, Robert Pattinson, Mia Wasikowska, John Cusack. Un chouchou de la Croisette avec un scénario satirique sur Hollywood : on a déjà vu ça en clôture.

- Gabrielle Demeestere, Yosemite. Avec James Franco. Adapté des nouvelles autobiographiques de Franco, il s'agit de l'un des trois films réalisés par de jeunes réalisateurs qu'il a lui-même recruté.

Xavier DolanMommy. Avec Suzanne Clément, Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon. Ses trois premiers films étaient sur la Croisette. Et Dolan fit la tête parce que Laurence Anyways n'était pas en compétition. Fâcherie. Son dernier, qui va sortir en France, partit donc à Venise. Mommy sera-t-il le signe d'une réconciliation? Il y a déjà beaucoup de prétendants canadiens...

Clint EastwoodJersey Boys. Avec Christopher Walken, Freua Tingley. 6 ans que Eastwood n'est pas venu à Cannes. Sera-t-il de retour avec ce biopic musical autour du groupe The Four Seasons, adaptation d'une pièce de Broadway?

Atom EgoyanThe Captive. Avec Ryan Reynolds, Scott Speedman, Rosario Dawson. Autrefois sélectionné quasiment à chacun de ses films, Egoyan est devenu rare à Cannes. Ce thriller psychologique sera peut-être l'occasion de l'y revoir, 6 ans après Adoration.

Abel FerraraWelcome to New York. Avec Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset. L'histoire inspirée de l'affaire DSK dans son Sofitel de New York. L'événement avait parasité le Festival de Cannes. Sans rancune?

- James Franco, Bukowski. Avec Alex Kingston, Josh Peck, Shannen Doherty. Biopic autour du célèbre écrivain.

Alejandro Gonzalez InarrituBirdman. Avec Emma Stone, Michael Keaton, Naomi Watts, Edward Norton. Une comédie pour cet habitué cannois. S'il vient, ce sera forcément en compétition.

Ryan GoslingHow to Catch a Monster. Avec Saoirse Ronan, Christina Hendricks, Eva Mendes. Un thriller fantastique vers un monde souterrain et sous-marin.

Tommy Lee JonesThe Homesman. Avec Hilary Swank, Miranda Otto, James Spader, Meryl Streep. Adaptation du roman de Glendon Swarthout, un western au féminin ou féministe, selon. Primé à Cannes pour son premier film, Trois enterrements, il n'y a pas de raison que ce film qui sort en mai ne soit pas quelque part dans la sélection officielle.

- Terrence Malick, Knights of Cup. Avec Imogen Poots, Christian Bale, Natalie Portman. Ou Voyage of Time. Avec Brad Pitt, Emma Thompson. Mais les deux films sont-ils prêts? Knights of Cup, une histoire sur les excès d'Hollywood, semble le plus crédible en termes de calendrier.

Bennett MillerFoxcatcher. Avec Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo. Le film devait sortir à la fin de l'année dernière. Le réalisateur de Truman Capote s'intéresse à une histoire vraie, sur fond de catch.

- Ryan Murphy, The Normal Heart. Avec Mark Ruffalo, Matt Bomer, Taylor Kitsch, Jim Parson, Julia Roberts, Alfred Molina. Un film HBO comme Elephant ou Ma vie avec Liberace. Ici l'adaptation de la pièce de Larry Kramer (Glee), autour du SIDA et l'occasion pour Gilles Jacob d'accueillir l'une de ses stars préférées, Julia Roberts.

Jeff NicholsMidnight special. Avec Kirsten Dunst, Michael Shannon, Joel Edgerton, Adam Driver. Et de trois? Les deux premiers films de Nicholas sont venus à Cannes. Ce film dans la veine de ceux de John Carpenter des années 80, entre drame père/fils et science-fiction, pourrait définitivement le consacrer.

- Alex Ross Perry, Listen Up Philip. Avec Krysten Ritter, Elisabeth Moss, Jason Schwartzman. Un favori venu de Sundance. L'histoire d'un écrivain qui a du mal à gérer le stress lié à son métier et ne cherche qu'à être en paix avec lui-même.

- Bryan SingerX-Men: Days of Future Past. Avec tous les X-Men habituels. Sans aucun doute le cast le plus difficile à caser dans les hôtels. Mais ce serait la première fois qu'une franchise hollywoodienne aurait été sélectionnée deux fois à Cannes, 8 ans après L'affrontement final.

Robert StrombergMaleficent. Avec Angelina Jolie, Elle Fanning, Juno Temple. Le film sort juste après Cannes dans les salles occidentales. De quoi lui assurer la promo mondiale nécessaire. Et Angelina Jolie est une fidèle du festival.

Nancy Cunard et les premiers pas du cinéma afro-américain

Posté par vincy, le 18 mars 2014

exposition nancy cunard musée du quai branlyDepuis le 4 mars et jusqu'au 18 mai, le musée du quai Branly accueille une exposition aussi passionnante qu'enrichissante, "L'Atlantique noir - Nancy Cunard, Negro Anthology (1931-1934)". La personnalité singulière et iconoclaste de Nancy Cunard (1896-1965), artiste avant-gardiste et citoyenne engagée contre le colonialisme et le racisme, permet de redécouvrir la lutte anti-discriminatoire des années 20 et 30. A partir de 1931, elle entreprend un travail documentaire exceptionnel qui dura trois ans avant d'aboutir à la publication de Negro Anthology: 855 pages qui mélangent culture populaire, sociologie, politique, histoire, histoire de l’art à travers des articles, des archives, des photographies, des extraits de presse, des partitions musicales et des témoignages. Les contributeurs sont militants, journalistes, artistes, universitaires, africains-américains, antillais, africains, malgaches, latino-américains, américains, européens, femmes et hommes. L'ouvrage est une revendication affirmée sur l'apport des noirs dans l'Histoire et notamment dans notre culture.

Le visiteur débute son parcours avec la découverte de cette femme anticonformiste puis découvre ceux qui ont participé à cette anthologie avant de rappeler le contexte de l'époque, ce qui inclut le cinéma.

Les premières vedettes afro-américaines

L’histoire culturelle des Noirs d’Amérique, des Antilles et d’Afrique est abordée dans des textes de Negro Anthology traitant de différents arts. L’aspect documentaire de l'ouvrage est illustré par la publication de photographies, de biographies et d’autobiographies d'artistes, incluant celles de comédiens et mais aussi des photos de tournages de films. Parfois ce sont des seconds-rôles, souvent ce sont aussi des chanteurs ou danseurs utilisés pour des comédies musicales.
La section « Negro Star » présente ainsi 45 photographies d’artistes noirs, de spectacles et de films. Les premières "vedettes" de "couleur" du grand écran.

kenneth macpherson borderlineDans le couloir qui mène vers la fin de l'exposition, un pan entier consacré au 7e art va plus loin et s'interroge sur la représentation du noir au cinéma, souvent cantonné dans le rôle du descendant d'esclaves, dans les champs de coton. Les noirs sont ainsi des nounous, des bouffons ou des fainéants (Wooing and wedding of a coon en 1905, The Masher en 1907, Coon Town Suffragettes en 1914), des métisses et mulâtres mal dans leur peau (The debt en 1912, In Humanity's cause, In slavery days, The octoroon en 1913, Naissance d'une nation en 1915, Within Our Gates en 1919) ou encore des sous-fifres souvent exploités. D.W. Griffith n'hésite pas à ajouter le personnage du sauvage, de la brute, du barbare dans Naissance d'une nation. Le criminel est un animal s'il est noir. Et même s'il est esclave et qu'il hait son propriétaire, il n'est pas légitime à prendre sa revanche ou à s'insurger.
Ce débat se retrouve dans la discussion entre le célèbre acteur/chanteur afro-américain Paul Robeson et le réalisateur écossais Kenneth Macpherson (photo). L'exposition la synthétise tout en montrant quelques extraits du film qu'ils ont tourné ensemble, Borderline (1930).

Sortir des clichés et des préjugés

Kenneth Macpherson, auteur du texte A Negro Film Union – Why Not? dans la Negro Anthology, et réalisateur de Bordeline, défend ici l’idée que les acteurs et réalisateurs noirs doivent s’approprier le cinéma. Borderline est l'histoire, à l'époque choquante, d'un triangle amoureux interracial où une femme noire tombe amoureuse d'un homme blanc déjà marié.

"En mêlant une image expérimentale, des intrigues psychologiques et sentimentales entre des Blancs, des Noirs, des homosexuels, des lesbiennes et en dénonçant le racisme, Macpherson réalise un film d’avant-garde du point du vue esthétique, théorique et politique" explique le dossier de presse. Pourtant, dans d'autres films, l'acteur noir américain Paul Robeson (Show Boat, les Mines du Roi Salomon), durant les années 20, est parfois filmé comme une « icône noire primitive ».

Un long chemin

L'an dernier, au Festival International du Documentaire à Marseille, Richard Peña, professeur d'Études filmiques à Columbia University, et ancien directeur de la programmation des festivals du Film de New York et de la Film Society of Lincoln Center, a expliqué que l'évolution s'était faite durant les années 30 : "Les Afro-Américains faisaient des films depuis l’ère du cinéma muet, et sont parvenu à créer, dès les années 30, leur propre industrie cinématographique qui a créé et distribué des films qui dépassaient les médias dominants des blancs. Ces films, où on trouve tous les genres — de la comédie à la comédie musicale et du western jusqu’aux films de gangsters — traitent souvent des thèmes qu’Hollywood n’osait pas à l’époque aborder, tel des amours mixtes, des préjugés sociaux dans la communauté afro-américaine elle-même ou le lynchage." On pense alors à Oscar Micheaux, considéré dans les années 30 comme le réalisateur emblématique des "Race movies", cinéma de résistance à la domination hollywoodienne.

the birth of raceSi Edison a filmé dès 1895 des Antillais et en 1898 The Colored Troops Disembarking et plus tard The Ninth Negro Cavalry Watering Horses, on se souvient aussi qu'en 1903, Edwin S. Porter réalise La Case de L'Oncle Tom avec un acteur blanc maquillé en noir. Et cette anomalie sera répétée avec Le Chanteur de Jazz de Alan Crosland, premier film "parlant" de l'histoire, réalisé en 1927, où l'acteur blanc doit se maquiller en personne de couleur.

Il y a bien des exceptions : certains réalisateurs ou acteurs ont donné une image positive de la population de couleur comme William Jones Foster avec le premier film afro-américain en 1912, The Railroad Porter. Six ans plus tard, Emmett J. Scott et John W. Noble produisent The Birth of a Race (photo), réponse au film raciste Naissance d'une nation. Et en 1916, la Lincoln Motion Picture Company est fondée : tous les membres de cette société sont noirs.

Il faudra attendre 1940 pour qu'Hollywood sortent les africains-américains de la marginalité. Hattie McDaniel rentre alors dans l'histoire en étant la première personne noire à remporter un Oscar pour son second rôle, très cliché, dans Autant en emporte le vent. Et la représentation du noir n'évoluera que dans les années 50/60, quand Hollywood décide de devenir un outil de propagande anti-ségrégationniste avec des films comme Du silence et des ombres ou La chaîne avec Sidney Poitier, première star noire traitée d'égal à égal avec ses collègues wasp.

Les relations ambivalentes entre la Chine et Hollywood

Posté par vincy, le 11 mars 2014

iron man wang xueqi chine hollywood

Les deals se multiplient entre Hollywood et la Chine. Il est loin le temps où les studios et producteurs craignaient une invasion japonaise dans les années 80. Désormais, ils signent avec les Emirats, l'Inde, et la Chine pour trouver des accords de financement et de production. La Chine est devenue en moins de dix ans un géant du cinéma : 2e marché mondial (recettes en salles), dépassant ainsi le Japon, un cinéma réputé et respecté (grands prix dans les Festivals comme l'Ours d'or à Berlin en février), production de films en hausse (638 en 2013, dont 45 exportés), accroissement du nombre de cinémas (5 000 écrans supplémentaires rien qu'en 2013).

Hollywood se laisse donc séduire par les dragons de l'Empire du milieu. Les annonces se bousculent depuis trois mois.

Derniers contrats en date :

    • Robert Simonds et Gigi Pritzker avec le géant TPG et le chinois Hony Capital (10 films par an) ;
    • Walt Disney avec Shanghai Media Group pour développer des films chinois à la Disney ;
    • Disney (toujours) avec You On Demand (pour la diffusion de produits sur les mobiles) et BesTV (contenus numériques);
    • Disney (encore) qui va créer un parc d'attraction à Shanghai ;
    • Relativity a pactisé avec le fonds d'investissements IDG ;
    • Le chinois DMG a signé des accords avec Alcon Entertainment (Transcendance, avec Johnny Depp et le remake de Point Break)
    • Studio 8, société de l'ancien patron de Warner Jeff Robinov, avec Huayi Brothers (qui a injecté 120 millions de $) ;
    • L'agence de talents Resolution a accepté le chinois Bison Capital dans son capital ;
    • Bona Film possède 20% de 21st Century Fox ;
    • After Dark Films va faire 5 films avec la télévision chinoise Shengshia Entertainment ;
    • DreamWorks qui a créé son studio Oriental DreamWorks et qui a signé un accord avec le site de streaming local Youku, etc... (lire nos actualités)
    • La transaction la plus impressionnante reste le rachat de la chaîne de cinéma américaine AMC Entertainment par le géant de l'immobilier chinois Wanda pour 2,6 milliards de $ en 2012.
    • Le même Wanda a signé un partenariat de grande ampleur avec le canadien IMAX pour construire 120 salles dotées d'écrans géants.

Tous ces deals permettent évidemment d'obtenir de l'argent frais, mais avant tout de conquérir le marché chinois : d'abord en contournant le problème des quotas (la Chine limite le nombre de films étrangers qui sortent en salles) mais aussi en évitant la censure en produisant des films spécifiquement pour le marché chinois (avec les normes et le formatage imposé pour un public encore plus puritain que les Américains : les Chinois n'ont pas pu voir le sein de Kate Winslet dans Titanic).

Le système de quotas a légèrement évolué en augmentant le nombre de films étrangers (principalement américains) autorisés sur le sol chinois. Avant 2012, 20 films étrangers étaient diffusables en Chine. Depuis un an, le nombre a été porté à 34 (lire notre actualité). La Chine réfléchit actuellement à faire passer le nombre à 44. Le système de censure est en passe de changer également puisque le gouvernement chinois souhaite décentraliser la censure en donnant l'autorité à chaque province.

Un conflit financier

Pourtant, Hollywood devrait se méfier de cet eldorado. L'an dernier, la Chine a cessé de payer aux studios hollywoodiens leur part sur les recettes locales de leurs films. Le conflit a commencé avec l’introduction d’une nouvelle taxe sur les bénéfices (2%), taxe refusée par les studios.

Les arriérés se chiffraient à plusieurs dizaines de millions de dollars, selon The Hollywood Reporter, et les six «majors» hollywoodiennes - Disney, Warner, Universal, Paramount, Fox et Sony - semblaient concernées.

Selon les calculs du magazine, les autorités chinoises, à travers le China Film Group, plus gros distributeur du pays, devraient notamment plus de 31 millions de dollars à Warner pour Man of Steel, 23 millions à Sony pour Skyfall et 20th Century Fox pour L’Odyssée de Pi.

La Motion Picture Association of America (MPAA), qui représente les intérêts des studios, a négocié durant un mois avec les autorités chinoises pour déterminer qui devra payer cette taxe. On ne sait pas comment cela s'est résolu - le contenu de l'accord a été maintenu secret - mais en août dernier, la MPAA a annoncé que l'affaire était close.

Hollywood soumis au système chinois

Pour Hollywood, le marché chinois n'est pas sans danger : les dates de sorties de films sont décidées par les autorités chinoises et peuvent être changées au dernier moment (comme pour Django Unchained, censuré quelques jours avant son lancement en Chine : lire notre actualité). Evidemment, les périodes les plus sollicitées (comme l'automne et le Nouvel An chinois) sont quasiment inaccessibles pour les films étrangers. C'est aussi le gouvernement qui décide des films qu'ils veulent montrer aux Chinois. Cela rend les studios américains très dépendants : la plupart d'entre eux préfèrent se soumettre à ce diktat plutôt que de se voir refuser la sortie d'un film. C'est aussi ce qui les incite à trouver des partenaires locaux pour augmenter leurs chances d'avoir une (petite) part de ce gâteau grandissant. Ainsi Iron Man 3 a été cofinancé avec le chinois DMG Entertainment (lire notre actualité et Lionsgate (Hunger Games) est en quête d'un partenaire.

L'autre gros problème chinois qui menace Hollywood c'est évidemment le piratage. Le gouvernement chinois tarde à prendre des mesures pour atténuer le problème. Il est possible de trouver n'importe quel film, d'Amour de Michael Haeneke à Iron Man 3, dans un vidéoclub ou sur le trottoir d'une ville chinoise, le film à peine sorti en salles aux Etats-Unis. Autant de revenus en moins dans les caisses hollywoodiennes.

Deauville 2013 : Rencontre avec Lee Daniels et Forest Whitaker (Le Majordome)

Posté par kristofy, le 11 septembre 2013

lee daniels le majordomeC’est le succès surprise de la fin de l’été aux Etats-Unis (100 M$ au box office) et plusieurs nominations aux Oscars sont déjà espérées… Le film Le Majordome a été un des évènements de ce 39ème Festival Américain de Deauville, où il a été présenté en présence du réalisateur Lee Daniels et de Forest Whitaker.

Au service de sept présidents…

Lee Daniels : Il y aura toujours quelqu’un qui trouvera à redire quelque chose pour n’importe quel film, même pour Cendrillon. Il y a eu une remarque à propos de Jane Fonda qui, ayant été opposante à la guerre au Vietnam, n’aurait pas dû être choisie pour jouer l’épouse du président Reagan dans le film : une personne au Texas a considéré cette actrice comme "pas assez patriote" pour interpréter une première dame des Etats-Unis. Un article de ce genre n’est pas forcément une controverse, ce n’est vraiment pas important pour nous. Le film est apprécié autant par ma grand-mère que par le président Obama, c’est ça qui compte.
Le film est en tête du box-office en Amérique du nord depuis plusieurs semaines avec, d'après ce qu'on dit un public de spectateurs majoritairement blancs. Mais dans les faits le public est très varié et rassemble toute sorte de gens aussi bien noirs que blancs ou asiatiques ou gays comme pour beaucoup d’autres films.
Le succès du film vient du fait qu’il va un peu au-delà de l’Histoire américaine, c’est aussi plus largement une question humaine universelle. Une réplique dit "N’importe quel blanc peut tuer n’importe quel noir et ne pas être condamné" et on espère que ceci est derrière nous. Ces gens dans le bus qui sont brutalisés pour la couleur de leur peau et ceux qui ont risqué de se prendre une balle pour le droit de vote sont des héros. Cette année est celle du 50ème anniversaire du discours de Martin Luther King. Le chemin parcouru est long, mais il est encore long à parcourir.

…Un casting de stars

Lee Daniels : L’histoire est assez importante et conséquente pour demander à différentes célébrités de participer au film. Mon but est aussi d’amener les gens dans les salles pour voir mon film. Enrôler des stars contribue aussi à mieux faire parler du film. Je connaissais Oprah Winfrey qui était déjà productrice exécutive de Precious mais c’était un peu étrange au début sur le plateau de la diriger comme actrice. Lenny Kravitz et Mariah Carey étaient aussi déjà dans Precious, et John Cusack était dans Paperboy. Pour ceux qui font des apparitions, comme Robin Williams, Alan Rickman et Liev Schreiber, le plus dur a été de faire disparaître leur visage connu derrière les visages des présidents.

Forest Whitaker : Pareil pour moi. Il s’agissait de ça, disparaître derrière le rôle de ce majordome, comprendre ses peurs et être dans la retenue. C’était un processus très différent que d’être dans la peau d’un personnage flamboyant comme celui du Dernier roi d’Ecosse ou du rôle plutôt déprimé de Charlie Parker dans Bird. Chaque rôle a ses propres difficultés, ici il fallait évoluer en âge et en maturité sur plusieurs décennies. Le Majordome raconte autant l’histoire d’un père et de ses fils que celle d’un serviteur à la Maison Blanche, et c’est cela qui est au premier plan, avant les évènements liés aux droits civiques. Le succès au box-office est un cadeau après cette belle expérience de tournage. Je savais que ce film avait le pouvoir de toucher le cœur des gens.

Deauville 2013 : Palmarès engagé et un John Travolta impliqué pour le dernier jour

Posté par kristofy, le 8 septembre 2013

Jesse Eisenberg Night MovesLe festival du cinéma américain de Deauville s'est achevé hier soir avec son palmarès.

Grand prix du jury : Night moves de Kelly Reichardt, avec Dakota Fanning, Jesse Eisenberg, Peter Sarsgaard.
Également en compétition à Venise et sélectionné à Toronto, le film raconte l'histoire de trois écologistes radicaux, convaincus de la nécessité de passer à l'action extrême pour défendre leur cause. Ils décident de faire exploser un barrage hydroélectrique mais cet acte aura des conséquences auxquelles ils ne s'attendaient pas...

Prix du jury ex æquo : All is lost de Jeffrey C. Chandor, qui était hors-compétition à Cannes et Stand clear of the closing doors , qui avait déjà reçu une mention spéciale à Tribeca, de Sam Fleischner.
Dans All is Lost, Robert Redford, seul à l'image, est un navigateur confronté aux éléments déchaînés au milieu de l'océan Indien, alors que son embarcation prend l'eau.
Dans Stand clear of the closing doors, on suit l'errance d'un adolescent autiste dans le métro de New York à l'approche de l'ouragan Sandy.

Prix du public et prix de la révélation Cartier : Fruitvale station de Ryan Coogler.
Le film a déjà reçu le Prix de l'avenir de la sélection "Un certain regard" au Festival de Cannes, le Grand prix du jury et le Prix du public du festival de Sundance. Il est produit par Forrest Whitaker.

Prix de la critique internationale : The Retrieval de Chris Eska.
Le film, déjà présenté aux Festivals d'Austin et de Phoenix, suit un jeune garçon chargé de retrouvé un homme recherché par la justice, à l'époque de la guerre de Sécession.

John Travolta, entre amour du public et opposition à la guerre

Dernier invité de prestige sur les planches normandes, John Travolta. Deauville a rendu hommage à la star, déjà présente il y a 25 ans du temps de Grease. Travolta a renversé les rôles en rendant hommage à Deauville et au public français. La star s’est montrée très proche des festivaliers, se rendant disponible le plus possible : entre un bain de foule en milieu d’après-midi et le tapis-rouge du soir tous ceux qui étaient présents ont pu avoir une photo avec lui ou une dédicace. "Le public (c'est) ma motivation", a-t-il dit vendredi soir en français.

Il venait présenter Killing Season de Mark Steven Johnson, avec Robert de Niro en partenaire. On l'y découvre en soldat revenu de la guerre de Bosnie, avec le cheveux ras et un collier de barbe. "Mon objectif était de comprendre cette guerre et ce qui fait que Monsieur tout le monde peut devenir un criminel de guerre", a-t-il expliqué. "Cette guerre était moins une question religieuse, ou politique qu'une question financière contrôlée par des pays plus grands" selon lui. Farouche opposant à la guerre, il rappelle : "J'ai été adolescent dans les années 60 et 70. J'ai assisté à une vague de protestation contre le concept de guerre. C'est là qu'est mon coeur".
Travolta, comme beaucoup d'autres stars hollywoodiennes cette année, regrette que ce genre de films, "avec un message" soit "de nos jours plus difficile" à financer, nécessitant l'appel à une coproduction belge.

Deauville 2013 : les stars arrivent sur les planches!

Posté par kristofy, le 29 août 2013

Le 39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville s'ouvre ce soir, pour célébrer encore une fois le cinéma made in USA dans sa diversité, avec à la fois les gros films de studios mais aussi les petits films indépendants. Surtout les célébrités les plus prestigieuses viendront arpenter les planches de la cité balnéaire chic et mythique.

Deauville va accueillir en grande pompe Nicolas Cage, pourtant déclinant (et qui présentera ses deux derniers films Joe et Suspect), John Travolta (Killing Season), la radieuse Cate Blanchett (Blue Jasmine, le nouveau Woody Allen qui a séduit les Américain cet été), le sulfureux réalisateur Larry Clark (avec l’intégrale de ses films, dont Marfa Girl primé à Rome l'an dernier), la productrice Gale Ann Hurd (Terminator, Armageddon, Abyss, la série "The Walking Dead"… et le nouveau Very Good Girls).

En ouverture du festival reviendront une nouvelle fois sur les planches Deauvillaises Michael Douglas et le réalisateur Steven Soderbergh, qui donnera aussi une masterclass qui reviendra sur sa carrière. Ils accompagneront Ma vie avec Liberace, en compétition au dernier festival de Cannes. L’équipe de White House Down, gros flop aux US, viendra en force avec Roland Emmerich, Jamie Foxx et Channing Tatum ; le réalisateur Lee Daniels présentera le succès du Box office US du moment, Le Majordome, biopic à Oscars, et l’actrice Jena Malone sera là pour The Wait

Snowpiercer Le transperceneigeCertains des autres films présentés en avant-première ou en compétition ont été également remarqués à Cannes (All is lost, Fruitvale Station, Les amants du Texas, We are what we are), à Berlin (Lovelace, Upstream Color), à Locarno (Wrong Cops de Quentin Dupieux), ou projetés en parallèle de leur sélection à Venise (comme Night Moves de Kelly Reichardt).

Le film de clôture sera une avant-première de Snowpiercer en présence du réalisateur Bong Joon-ho. Il s'agit de la plus importante production de Corée du Sud (qui est en train de battre en ce moment des records d’entrées au box office local). Tourné en langue anglaise, avec un casting international (Chris Evans, Tilda Swinton, Jamie Bell, Octavia Spencer, John Hurt, Ed Harris...) qui entoure le populaire Song Kang-ho, il s'agit de l’adaptation de la bande-dessinée française le Transperceneige.

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39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville
Du 30 août au 8 septembre 2013
Programme et renseignements sur le site de la manifestation

Box office US : un week-end de Thanksgiving décevant

Posté par vincy, le 28 novembre 2011

Les chiffres ont beau être impressionnants : le box office du week-end de Thanksgiving a été moins performant que celui de l'an dernier.

En 2010, Harry Potter et les Reliques de la mort, 1ere partie avait récolté 75 millions de $, et Raiponce, plus de 68 millions. 6 autres films avaient empoché plus de 10 millions de $. Au total, les salles de cinéma avaient encaissé 181 242 458 de $, sensiblement la même somme qu'en 2009.

Cette année, le week-end de Thanksgiving a atteint son niveau de 2008. Cette tendance est la même depuis le début de l'année. Le cinéma ne parvient pas à retrouver son niveau d'avant la crise. C'est d'autant plus inquiétant que les recettes sont calculées sur un prix du ticket de cinéma en hausse constante : la fréquentation est donc en baisse continuelle.

Le week-end de Thanksgiving de 2011 a rapporté 162 960 400 $. Une perte sèche de 20 millions de $ en un an. Le leader, Twilight, chapitre 4, 1ere partie, ne glane ainsi que 62 millions de $. C'est beaucoup moins qu'Harry Potter l'an dernier et même que Raiponce. Cet affaiblissement se retrouve aussi dans le 2e film le plus vu du week-end, Les Muppets, qui n'engrange 42 millions de $. De même, seules 3 nouveautés sont entrées dans le Top 10 (contre 4 l'an dernier). Et avec 5 films en progression (contre 6 en 2010), on voit aussi que les continuités ont moins bien profité de ce long week-end férié.

La saison automnale n'aura donc pas connu de véritable embellie. Twilight 4, Le chat potté, Paranormal Activity 3 sont les seuls films à avoir franchi le cap des 100 millions de $. L'an dernier 5 films avaient réalisé cette performance. Et cinq autres films sortis en décembre avaient dépassé ce score.

Il reste 5 semaines pour que le box office américain rattrape son retard. En 2010, à date équivalente, 1,34 milliard de billets avaient été vendus pour un box office global de 10,57 milliards de $ de recettes. Pour l'instant, en 2011, 1,16 milliard de billets ont été vendus pour un B.O. de 9,23 milliards de $.

Parmi les grosses sorties sur lesquelles mise Hollywood, il y a la comédie New Year's Eve, la suite de la série familiale Alvin et les Chipmunks, la suite de Sherlock Holmes, deux Spielberg (Tintin, Cheval de guerre), le quatrième épisode de Mission : Impossible, le remake de Millenium, et la comédie dramatique We Bought a Zoo.

Deauville 2011 : la compétition à mi-parcours

Posté par kristofy, le 7 septembre 2011

Cette année, le réalisateur Olivier Assayas préside le jury du 37e Festival du cinéma américaine de Deauville, entouré par Nathalie Baye, Chiara Mastroianni, Bruno Todeschini, la réalisatrice Claire Denis, Nicolas Godin (musicien du groupe Air), Angelin Preljocaj (chorégraphe) et de Jean Rolin (écrivain). Ils vont devoir s’accorder pour remettre le Grand Prix et le Prix du Jury, le nombre de films en compétition est maintenant de 14.
Le jury Révélation a pour tâche de récompenser un des films de la sélection pour son originalité. C’est le réalisateur et écrivain Samuel Benchetrit qui en est le président, il est entouré des comédiennes Sabrina Ouzani, Leïla Hatami (à l’affiche du film Une Séparation), Elisa Sednaoui et de Benjamin Siskou.

A mi-parcours de la découverte de la compétition, l’occasion pour un point sur les films sélectionnés :

- Return : présenté par sa réalisatrice Liza Johnson et sa comédienne Linda Cardellini. Une femme militaire revient du front où se déroule la guerre, elle retrouve dans sa petite ville son mari et ses deux filles, son travail et ses amies. Elle éprouve des difficultés à reprendre sa vie d’avant après les violences qu’elle a vue et dont elle ne veut pas parler. Son couple se délite et différents incidents la conduisent à une condamnation pour ivresse au volant avec le risque de perdre la garde ses filles… Peut-être un prix du jury ?

- Take Shelter : présenté par son comédien Michael Shannon. Un homme est sujet à des hallucinations terrifiantes, et son comportement inquiète sa famille et ses proches. Le film était une des bonnes surprises de Cannes.

- On The Ice : présenté par son réalisateur Andrew Okpeaha MacLean. L’originalité du film est de se dérouler en Alaska, territoire rarement filmé. Trois adolescents partis à la chasse au milieu de la banquise se bagarrent et il en résulte un mort, les deux autres reviennent et déclarent un accident un accident de scooter des neige. Leur mensonge est en balance avec le poids de la culpabilité…

- Another Happy Day : présenté par son réalisateur Sam Levinson et ses comédiennes Ellen Barkin (aussi co-productrice) et Kate Bosworth (avec au casting : Ezra Miller, Demi Moore et Ellen Burstyn). Une famille décomposée se réunit quelques jours avant un mariage et les dysfonctionnements des uns et des autres éclatent lors de crises hystériques. Il y a surtout la mère encore meurtrie d’avoir été quittée par son premier mari qui avait choisi de garder avec lui l’aîné mais pas la petite sœur… Une réunion de famille où les membres de trois générations ont tous une blessure et en font souffrir les autres.

- En Secret : présenté par sa comédienne Sarah Kazemy. En Iran, deux jeunes filles profitent de leur jeunesse en cachette des interdits de la tradition, elle ses découvrent même une attirance réciproque. Mais le frère de l’une d’elle est très religieux et collabore à la police des mœurs qui réprime tout comportement d’émancipation…

- Yelling To The Sky : présenté par réalisatrice Victoria Mahoney et son comédien Jason Clarke. Une adolescente métisse (l’actrice Zoë Kravitz) subit la mauvaise influence de l’environnement de son quartier, et elle est en bute contre son père. Une genre de girl in the hood avec une ado sur la mauvaise pente avant qu’elle comprenne qu’elle doit s’en sortir…

- The Dynamiter : présenté par son réalisateur Matthew Gordon. Robbie est un adolescent qui va sur ses 15 ans qui doit déjà assumer des responsabilités d’adulte. Sa mère a abandonné le domicile et il doit s’occuper de son jeune demi-frère et de sa grand-mère, son grand-frère adulte revient car il a été viré de son logement… On découvre Robbie comme un mauvais élève voleur et menteur avant de mieux connaître sa vie où il doit travailler pour aider sa famille. Une tranche de vie émouvante à la fois bien interprétée et bien filmée qui a été favorablement remarquée... Peut-être un prix du jury ?

- Jess + Moss : présenté par son réalisateur Clay Jeter et sa comédienne Sarah Hagan. Jess est une grande fille de 18 ans et Moss est un garçon de 12 ans, ils sont tout les deux livrés à eux-mêmes dans un coin de campagne où ils profitent d’une maison à l’abandon comme refuge pour jouer et se raconter des histoires. Le film fait la part belle aux gros plans sur des parties de corps avec en voix-off des paroles des deux personnages qui viennent le plus souvent de leur magnétophone à cassette. On devine leur souffrance d’avoir été comme abandonnés avec des bribes de souvenirs. Le film est assez expérimental dans son traitement avec un montage d’images et de sons plutôt disparates duquel ressort, sinon un certain ennui, une certaine poésie. Peut-être un prix de la Révélation ?

Il leur reste encore six films à découvrir avant de rendre leur palmarès.

Deauville 2011 : Shirley MacLaine la nostalgique

Posté par kristofy, le 5 septembre 2011

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a rendu un double hommage à Shirley MacLaine pour à la fois sa carrière au cinéma d’actrice (et de réalisatrice) et aussi sa carrière littéraire (elle a écrit une douzaine de livres). A cette occasion Deauville fait redécouvrir ses films La garçonnière, La rumeur, Irma la douce, Le tournant de la vie, Bienvenue Mister Chance, Tendres passions et plus récemment Ma sorcière bien-aimée. Shirley MacLaine est un peu chez elle puisqu'une suite porte son nom dans l'un des Palaces de la ville.

Son parcours de comédienne est légendaire, elle a joué devant les caméras d'Alfred Hitchcock, Vincente Minnelli, Billy Wilder, Jack Cardiff, Robert Wise, Vittorio de Sica, Don Siegel, Hal Ashby, plus récemment Nora Ephron, Curtis Hanson, Rob Reiner, Garry Marshall et dernièrement Richard Linklater. Certains de ses livres sont biographiques et d’autres témoignent de son intérêt pour la réincarnation et autre spiritualité et de son engagement politique (les droits civiques, les droits des femmes…). Elle a aussi joué à travers le monde un spectacle one-woman show.

Ce sont toutes ces facettes de sa personnalités qui ont été abordées avec la presse, des questions les plus diverses auxquelles la comédienne a répondu soit avec des traits d’humour ironiques soit avec une sincérité désarmante. Ainsi ses plus grands bonheurs aujourd’hui sont de voyager facilement en avion et... son chien !

Le cinéma actue l? "La technologie est en train de pervertir la communication émotionnelle"... Elle semble désabusée : "C’est devenu surtout du marketing, et des suites de suites de suites. Les histoires audacieuses sont une chose révolue, aujourd’hui il s'agit surtout d'utiliser le dernier outil technologique. J’en ai un peu marre de m’asseoir au cinéma à attendre le prochain objet qui va me sauter à la figure avec des lunettes 3D. L'âge d'or du cinéma était celui des histoires qui éveillaient la conscience des spectateurs. On n'est plus là dedans."

Toutefois elle déclare que sa dernière belle expérience de cinéma est son dernier tournage : Bernie, avec Jack Black et Matthew McConaughey, réalisé par Richard Linklater. Mais elle regrette que le 7e art ait oublié les silences ... "Ça ressemble presque à une démarche intentionnelle pour maintenir les gens à l'écart les uns des autres."

Shirley MacLaine en images lors de la conférence de presse :