Expo Indiens des Plaines : les Amérindiens réhabilités par le cinéma

Posté par vincy, le 8 avril 2014

indiens des plainesDu samedi 12 avril au dimanche 27 avril, le Musée du quai Branly propose une sélection de films, choisis par le critique et historien de cinéma Michel Ciment, à l'occasion de la nouvelle exposition Indiens des Plaines (8 avril-20 juillet 2014), qui s'ouvre aujourd'hui.

Cette exposition composée de 140 objets livre une vision inédite de toutes les traditions esthétiques de ces populations amérindiennes (Sioux, Cheyennes, Arapahos, Comanches...). "Sa particularité tient au fait qu’elle met en évidence la permanence de l’expression artistique et la continuité du style visuel des Indiens des Plaines alors même que les premiers contacts avec les européens, puis les américains, allaient apporter à ces territoires de profonds changements politiques et culturels" explique le musée. L’exposition intègre une salle de cinéma, dont la programmation intitulée "Stéréotypes", est conçue également par Michel Ciment, D'une durée de 20 minutes environ, ce programme intègre notamment des extraits de films de Cecil B. De Mille, John Ford, William A. Wellman...

L'Indien, le barbare qu'il fallait tuer

Pour compléter ce parcours, le cinéma est une bonne manière de découvrir la vision hollywoodienne (mais pas seulement) de ces peuples. Cette vision a évolué avec le temps. "Le musée propose une rétrospective du cinéma américain retraçant l’évolution de la représentation de l’Indien plus complexe qu’il n’y parait" peut-on lire dans le communiqué. Le cycle présente d'ailleurs des réalisations de cinéastes amérindiens, encore trop rares.

Mais, enfin, pendant très longtemps, un bon Indien au cinéma était un Indien mort. L'ennemi facile des Westerns était souvent un guerrier, sauvage, sanguinaire, prêt à scalper les gentils colonisateurs... Le Western était alors fondateur d'un mythe américain : la conquête du territoire, les héros historiques d'un pays neuf, la construction d'une civilisation (à opposer aux Indiens qui n'étaient pas civilisés). A son apogée, dans les années 50, tous les grands cinéastes et toutes les stars devaient se confronter au genre. Globalement, le Western était manichéen, les personnages stéréotypés, l'action assez binaire.

Il y a bien sûr des exceptions : en 1925, dans La Race qui meurt, George B. Seitz montrent les Indiens comme des victimes de la Conquête de l'Ouest. En 1944, dans Buffalo Bill, de William Wellmann, film antimilitariste sur le célèbre pionnier, on fait l'éloge des Hommes "qui se battent les mains nues avec la nature".

Prise de conscience

Dans les années 1950, quelques films réhabilitent les Indiens et tentent de créer des relations amoureuses "mixtes", toujours très compliquées (où souvent l'Indienne est sacrifiée, tuée...). John Sturges, Anthony Mann, Howard Hawks, Henry Hathaway, John Ford, Raoul Walsh ont essayé de les dépeindre de manière plus humaniste. C'est d'autant plus ironique que les mêmes étaient capables de filmer des Westerns racistes et d'autres complètement pro-Indiens. Car Hollywood prend conscience que les Indiens sont des victimes de racisme, comme les noirs à la même époque. Les Indiens ne sont plus forcément les méchants, au pire ils restent une menace.

De plus en plus engagé en faveur des Indiens, Hollywood vire progressivement sa cuti. Samuel Fuller, Martin Ritt, Sydney Pollack, Arthur Penn, Robert Altman, ... : avec les années 60 et 70 et l'arrivée d'un cinéma plus réaliste, les réalisateurs collent davantage à une réalité historique. Dans les films, on cesse de peindre des acteurs WASP pour engager de véritables comédien Amérindiens. Le Western se transforme par la même occasion. Le genre devient spaghetti ou naturaliste, social ou même politique. Puis il va glisser vers un aspect plus crépusculaire : Eastwood et Peckinpah remplacent Ford ou Hawks. John Wayne est mort, Gary Cooper à la retraite. Les héros blancs sont devenus tourmentés, ambivalents. La conquête de l'Ouest a son prix, et laisse un goût amer. Du sang coule à flots, la violence est plus crue. Comme pour le Vietnam, l'Amérique se retrouve face à elle-même : un génocide qu'elle n'assume pas. Avec Jeremiah Johnson, Sydney Pollack veut casser le mythe et préfigure ce que deviendra le Western 20 ans plus tard. Il devenait inconcevable de tourner un Western raciste, de se complaire avec le génocide amérindien. Les historiens, la conscience politique des années 70 étaient passés par là.

Avec l'arrivée des blockbusters et des effets spéciaux, le genre disparaît. Les Indiens avec. Il faut attendre les années 90 pour le voir réapparaître avec des films sombres, des Indiens enfin valorisés. Danse avec les Loups est emblématique de ce tournant : les tribus ne parlent plus anglais, les rites sont observés et respectés, le "blanc" n'est pas forcément le bienveillant. Outre le film multi-oscarisés de Kevin Costner, quelques films se démarquent par leur succès ou leur qualité, tels, respectivement, Le dernier des Mohicans ou Dead Man. L'an dernier, dans The Lone Ranger, l'Indien était même le véritable héros, honnête et "intègre", d'un spectacle où la civilisation "blanche" était corrompue et immorale.

Les films présentés au cycle du musée du Quai Branly:
- Une aventure de Buffalo Bill (The plainsman), Cecil B. DeMille
- Buffalo Bill, William A. Wellman
- The fighting blood, D.W Griffith
- The massacre, D.W Griffith
- The silent ennemy, H.P Carver
- La charge fantastique, Raoul Walsh
- Au-delà du Missouri, William A. Wellman
- La captive aux yeux clairs, Howard Hawks
- La rivière de nos amours, André de Toth
- La prisonnière du désert, John Ford
- Le jugement des flèches, Samuel Fuller
- Le vent de la plaine, John Huston
- Les deux cavaliers, John Ford
- Les Cheyennes, John Ford
- Un homme nommé cheval, Elliot Silverstein
- Les extravagantes aventures d'un visage pâle (Little Big Man), Arthur Penn,
- Le Soldat bleu, Ralph Nelson
- Jeremiah Johnson, Sydney Pollack
- Touche pas à la femme blanche, Marco Ferreri
- Buffalo Bill et les Indiens, Robert Altman
- La revanche d'un homme nommé cheval, Irvin Kershner
- The Black Hills are not for sale, Sandra Sunrising Osawa
- Images of Indians, Phil Lucas
- Our sacred land, Chris Spotted Eagle
- The Great Spirit Within The Hole, Chris Spotted Eagle
- Danse avec les loups, Kevin Costner,
- Jimmy P. (Psychothérapie d'un indien des plaines), Arnaud Desplechin

Nancy Cunard et les premiers pas du cinéma afro-américain

Posté par vincy, le 18 mars 2014

exposition nancy cunard musée du quai branlyDepuis le 4 mars et jusqu'au 18 mai, le musée du quai Branly accueille une exposition aussi passionnante qu'enrichissante, "L'Atlantique noir - Nancy Cunard, Negro Anthology (1931-1934)". La personnalité singulière et iconoclaste de Nancy Cunard (1896-1965), artiste avant-gardiste et citoyenne engagée contre le colonialisme et le racisme, permet de redécouvrir la lutte anti-discriminatoire des années 20 et 30. A partir de 1931, elle entreprend un travail documentaire exceptionnel qui dura trois ans avant d'aboutir à la publication de Negro Anthology: 855 pages qui mélangent culture populaire, sociologie, politique, histoire, histoire de l’art à travers des articles, des archives, des photographies, des extraits de presse, des partitions musicales et des témoignages. Les contributeurs sont militants, journalistes, artistes, universitaires, africains-américains, antillais, africains, malgaches, latino-américains, américains, européens, femmes et hommes. L'ouvrage est une revendication affirmée sur l'apport des noirs dans l'Histoire et notamment dans notre culture.

Le visiteur débute son parcours avec la découverte de cette femme anticonformiste puis découvre ceux qui ont participé à cette anthologie avant de rappeler le contexte de l'époque, ce qui inclut le cinéma.

Les premières vedettes afro-américaines

L’histoire culturelle des Noirs d’Amérique, des Antilles et d’Afrique est abordée dans des textes de Negro Anthology traitant de différents arts. L’aspect documentaire de l'ouvrage est illustré par la publication de photographies, de biographies et d’autobiographies d'artistes, incluant celles de comédiens et mais aussi des photos de tournages de films. Parfois ce sont des seconds-rôles, souvent ce sont aussi des chanteurs ou danseurs utilisés pour des comédies musicales.
La section « Negro Star » présente ainsi 45 photographies d’artistes noirs, de spectacles et de films. Les premières "vedettes" de "couleur" du grand écran.

kenneth macpherson borderlineDans le couloir qui mène vers la fin de l'exposition, un pan entier consacré au 7e art va plus loin et s'interroge sur la représentation du noir au cinéma, souvent cantonné dans le rôle du descendant d'esclaves, dans les champs de coton. Les noirs sont ainsi des nounous, des bouffons ou des fainéants (Wooing and wedding of a coon en 1905, The Masher en 1907, Coon Town Suffragettes en 1914), des métisses et mulâtres mal dans leur peau (The debt en 1912, In Humanity's cause, In slavery days, The octoroon en 1913, Naissance d'une nation en 1915, Within Our Gates en 1919) ou encore des sous-fifres souvent exploités. D.W. Griffith n'hésite pas à ajouter le personnage du sauvage, de la brute, du barbare dans Naissance d'une nation. Le criminel est un animal s'il est noir. Et même s'il est esclave et qu'il hait son propriétaire, il n'est pas légitime à prendre sa revanche ou à s'insurger.
Ce débat se retrouve dans la discussion entre le célèbre acteur/chanteur afro-américain Paul Robeson et le réalisateur écossais Kenneth Macpherson (photo). L'exposition la synthétise tout en montrant quelques extraits du film qu'ils ont tourné ensemble, Borderline (1930).

Sortir des clichés et des préjugés

Kenneth Macpherson, auteur du texte A Negro Film Union – Why Not? dans la Negro Anthology, et réalisateur de Bordeline, défend ici l’idée que les acteurs et réalisateurs noirs doivent s’approprier le cinéma. Borderline est l'histoire, à l'époque choquante, d'un triangle amoureux interracial où une femme noire tombe amoureuse d'un homme blanc déjà marié.

"En mêlant une image expérimentale, des intrigues psychologiques et sentimentales entre des Blancs, des Noirs, des homosexuels, des lesbiennes et en dénonçant le racisme, Macpherson réalise un film d’avant-garde du point du vue esthétique, théorique et politique" explique le dossier de presse. Pourtant, dans d'autres films, l'acteur noir américain Paul Robeson (Show Boat, les Mines du Roi Salomon), durant les années 20, est parfois filmé comme une « icône noire primitive ».

Un long chemin

L'an dernier, au Festival International du Documentaire à Marseille, Richard Peña, professeur d'Études filmiques à Columbia University, et ancien directeur de la programmation des festivals du Film de New York et de la Film Society of Lincoln Center, a expliqué que l'évolution s'était faite durant les années 30 : "Les Afro-Américains faisaient des films depuis l’ère du cinéma muet, et sont parvenu à créer, dès les années 30, leur propre industrie cinématographique qui a créé et distribué des films qui dépassaient les médias dominants des blancs. Ces films, où on trouve tous les genres — de la comédie à la comédie musicale et du western jusqu’aux films de gangsters — traitent souvent des thèmes qu’Hollywood n’osait pas à l’époque aborder, tel des amours mixtes, des préjugés sociaux dans la communauté afro-américaine elle-même ou le lynchage." On pense alors à Oscar Micheaux, considéré dans les années 30 comme le réalisateur emblématique des "Race movies", cinéma de résistance à la domination hollywoodienne.

the birth of raceSi Edison a filmé dès 1895 des Antillais et en 1898 The Colored Troops Disembarking et plus tard The Ninth Negro Cavalry Watering Horses, on se souvient aussi qu'en 1903, Edwin S. Porter réalise La Case de L'Oncle Tom avec un acteur blanc maquillé en noir. Et cette anomalie sera répétée avec Le Chanteur de Jazz de Alan Crosland, premier film "parlant" de l'histoire, réalisé en 1927, où l'acteur blanc doit se maquiller en personne de couleur.

Il y a bien des exceptions : certains réalisateurs ou acteurs ont donné une image positive de la population de couleur comme William Jones Foster avec le premier film afro-américain en 1912, The Railroad Porter. Six ans plus tard, Emmett J. Scott et John W. Noble produisent The Birth of a Race (photo), réponse au film raciste Naissance d'une nation. Et en 1916, la Lincoln Motion Picture Company est fondée : tous les membres de cette société sont noirs.

Il faudra attendre 1940 pour qu'Hollywood sortent les africains-américains de la marginalité. Hattie McDaniel rentre alors dans l'histoire en étant la première personne noire à remporter un Oscar pour son second rôle, très cliché, dans Autant en emporte le vent. Et la représentation du noir n'évoluera que dans les années 50/60, quand Hollywood décide de devenir un outil de propagande anti-ségrégationniste avec des films comme Du silence et des ombres ou La chaîne avec Sidney Poitier, première star noire traitée d'égal à égal avec ses collègues wasp.

Au Musée du Quai Branly, cheveux au cinoche et affiches gores ghanéennes

Posté par vincy, le 27 février 2013

demonic cat poster cinema ghana quai branlyLe Musée du Quai Branly célèbre le 7e art pour les vacances d'hiver.

Depuis hier, et jusqu'au 19 mai, la Mezzanine centrale accueille une exposition singulière, "Le rire, l'horreur et la mort" (tous les détails et informations pratiques) : des affiches peintes pour des vidéoclubs et des images des morts au Ghana. Les affiches, acquises il y a 10 ans par le musée, étaient exposées dans les vidéoclubs du pays africain à partir des années 80. Elles étaient réalisées à la demande par des artistes ou des ateliers collectifs, dans un style à la fois naïf, délirant et violent. Les films d'horreur étaient souvent produits au Ghana et au Nigéria, première puissance cinématographique africaine avec un "Nollywood" exclusivement dédié aux productions locales (2000 films vidéos par an).

Si le cinéma d'auteur est quasiment absent au Ghana (il reste une production assez vivace de documentaires), les productions populaires ont foisonné dès les années 80, souvent distribuées de manière anarchique. Le public est friand de films mêlant le fantastique africain, la violence du quotidien et le cinéma d'horreur hollywoodien. Entre sorcellerie et messages religieux, sujets politiques (souvent filmés sous forme de métaphores) et pouvoirs occultes, le visiteur découvre à travers cette exposition un cinéma inconnu en Occident, où le burlesque, les outrances, l'hémoglobine et les fables font bon ménage.

Vous pouvez voir 7 exemples d'affiches sur notre Tumblr.

affiche cycle cinéma cheveux chéris quai branlyMoins gore et plus glamour, le musée propose également le cycle cinéphile "Rien que pour vos cheveux" du 2 au 10 mars (tout le programme). L'accès est libre et gratuit, dans la limite des places disponibles. Les films accompagnent l'exposition Cheveux chéris, toujours à l'honneur au Quai Branly.

La programmation est aussi riche et variée que nos couleurs et tracés capillaires : The Shanghai Gesture, de Josef von Sternberg, avec la sublime brune Gene Tierney ;  Black Panthers, documentaire d’Agnès Varda ; Foxy Brown, de Jack Hill, avec l'icône afro-américaine Pam Grier ; Mirage de la vie, de Douglas Sirk, avec la blondissime Lana Turner ; Soldat Bleu, de Ralph Nelson, avec la classe Candice Bergen ; Tabou, de Friedrich Wilhelm Murnau, avec la mystérieuse tahitienne Anne Chevalier ; La fête du feu, d’Asghar Farahdi, avec la jeune et jolie persane Taraneh Allidousti ; Adieu ma concubine, de Chen Kaige, Palme d'or à Cannes, avec une Gong Li au sommet de sa beauté et un Leslie Cheung travesti ; et enfin Good Hair, documentaire de Jeff Stilson réalisé en 2009 et primé à Sundance, où l'on aperçoit Chris Rock, Ice-T et Kerry Washington (Django Unchained).

A cela s'ajoute une riche programmation ludique et pédagogique : un parcours-atelier guidé par des vidéos et le coiffeur-blogueur Frédéric Birault (du blog CutbyFred) et des lectures de contes et légendes où apparaissent cheveux et chevelures sur différents continents ; des échanges et des rencontres avec des artistes et des associations ont également lieu le 8 mars à l’occasion de la Journée de la Femme.

Le Jour le plus Court de la Gare Montparnasse au Lincoln Center à New York en passant par l’Algérie

Posté par vincy, le 20 décembre 2012

le jour le plus courtLe Jour le plus court, la fête du court métrage, démarre ce soir au Palais de Tokyo et se déroulera toute la journée de demain en France mais aussi dans 50 pays. Un record de 1 900 organisateurs inscrits a été enregistré pour contribuer à l'événement initié par le CNC l'an dernier. Ecran Noir participera en diffusant un court métrage chaque heure sur son blog. L'ouverture se fera avec Chris Marker, en hommage au cinéaste disparu cette année.

A Paris, par exemple, la Gare de Montparnasse diffusera sur de grands écrans  une sélection de courts métrages avec une programmation spécialement conçue pour les enfants ; un piano sera mis à disposition des artistes amateurs pour accompagner les films ; et sur le parvis de la Gare, le camion de l’INA proposera à partir de midi des programmes jeunesse ou les Paris remix réalisés à partir d’images d’archive.

Le camion, paradoxalement immobile, sert aussi de salle de cinéma à Nantes. Les Films du Camion projetteront 9 courts place Bouffay de 18h à 19h15, en plein air.

Au Musée du Louvre, la carte blanche à Abbas Kiarostami touche à sa fin : demain sera l'occasion de voir ses courts métrages. Quelques stations de métro plus loin, dans la salle privée de l'Elysée Biarritz, ce seront les femmes qui seront à l'honneur avec la projection du programme "Héroïnes", à 19h : des courts métrages réalisés, co-réalisés ou écrits par des femmes, en présence des équipes des films pendant la soirée. Au menu, des films de Keren Marciano, Anaïs Volpe, Katia Olivier, Chloé Bourges, Maud Ferrari, Audrey Clinet, Fleur Chabaud, Sara Verhagen et notre amie Julie Lipinski (un peu de copinage ne fait pas de mal).

Au Musée du Quai Branly s'est installé un "Ciné Club africain". Et à Lyon, des films seront diffusés toute la journée à l'Institut Lumière.

21 décembre 2012 oblige, il faut bien que la fin du monde, supercherie véhiculée par des occidentaux ignares, inspire... à l4espace Histoire-Image de Pessac en Gironde, une fresque grandeur nature autour du court métrage a été créée et des films autour du thème « Fin du monde : et si c’était du cinéma ? » seront proposés.

Cette année, c'est surtout l'internationalisation de cette journée qui est frappante.

En Algérie, l’association Cinéma & Mémoire organise une grande opération de diffusion de courts métrages dans quatre salles de la Cinémathèque Algérienne : 22 décembre à Béjaïa, 26 décembre à Tizi Ouzou, 27 décembre à Alger, 29 décembre à Oran. D’autres projections sont prévues à Timezrit le 25 décembre en partenariat avec le ciné-club Ciné+, et à Sétif le 21 décembre grâce au ciné-club Persé Ciné. Au programme, une large programmation de courts du monde arabe avec notamment une carte blanche à Assila Cherfi, les œuvres des réalisateurs Tahar Kessl et Abdelghani Raoul, ainsi qu’une sélection des Lutins du court métrage.

A New York, "The Shortest Day" prendra ses quartiers. Le Festival des Nouveaux Cinémas, organisé par Cinéfac, invite à découvrir la première séance de ce nouveau cycle. Au programme : des courts métrages innovants et audacieux venus du monde entier et un concert de Video Video, groupe de Brooklyn. De son côté, la Film society of Lincoln Center, qui organise chaque année au Lincoln Center le festival du film français à New Yor, participe avec une sélection de courts métrages français en partenariat avec Rose Kuo et Robert Koehler.

L’Asie se met également aux couleurs du Jour le plus Court avec des programmations spéciales en Chine, au Japon et particulièrement à Taïwan dans 7 universités avec le soutien de l’Alliance Française et de Kaohsiung Film.

En tout, ce sont environ "15 000 événements qui émailleront le territoire français pour fêter le court métrage", affirme le CNC.

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Le jour le plus court : demandez le programme!

Les réalisatrices africaines invitées à débattre au Quai Branly et à la BnF en novembre

Posté par vincy, le 25 octobre 2012

Le Musée du quai Branly et la Bibliothèque nationale de France célèbreront 40 ans de cinéma (1972-2012) à travers le regard des réalisatrices africaines francophones. Souvent documentaristes, elles sont encore peu nombreuses et peu visibles pour des raisons historiques, culturelles et économiques.

A cette occasion, le 23 novembre au Quai Branly et le 24 novembre à la BnF organiseront un colloque international en deux volets : le premier rassemblera des universitaires spécialistes du cinéma africain et le second réunira des cinéastes africaines et de la diaspora.

Seront présentes lors de ces événements : Sarah Maldoror (Antilles-Angola, photo), Fanta Regina Nacro (Burkina-Faso, primée à Amiens , Cannes et Clermont-Ferrand pour son court-métrage Bintou), Farida Benlyazid (Maroc, dont Juanita de Tanger a été sélectionné à San Sebastian), Oswalde Lewat (Cameroun), Nadia El Fani (France-Tunisie), Rahmatou Keïta (Niger), Fatima Sissani (France-Algérie) et Monique Mbeka Phoba (RDC-Belgique).

  • Le colloque débutera au Quai Branly avec une plénière de Beti Ellerson (40 ans de cinéma fait par des femmes en Afrique) avant de s'interroger sur les Femmes qui filment les femmes : deux films de la diaspora de l'Afrique de l'Ouest ou encore les Images de femmes à l'heure de la  mondialisation : identité et expériences transculturelles chez les réalisatrices africaines.
  • L'après-midi sera consacré notamment aux Fictions et documentaires au féminin : Créations, politique et esthétique mais aussi l'aut(eu)rité dans les films de Khady Sylla, la laïcité et le cinéma ou encore les Héritages et ruptures des indépendances à nos jours. Deux autres événements termineront la journée : Les réalisatrices filment l’histoire : Place des femmes et enjeux de la revendication des libertés et les Films expérimentaux des cinéastes maghrébines au XXIe siècle.
  • A la BnF, le lendemain, la Masterclass de Sarah Maldoror s'interrogera sur Comment faire un film en Afrique quand on est une femme ?. La suite de la journée réfléchira sur quelles histoires raconter, quels regards porter sur le monde dans le documentaire, et une table ronde tentera de démêler les identités plurielles avec Immigrations, exils et diasporas africaines en Europe.
  • Les deux journées se concluront avec la projection de Sambizanga, après présentation par son auteure Sarah Maldoror. Ce film de la cinéaste angolaise a 40 ans. Avec Safi Faye, il s'agit de la première réalisatrice africaine. Sambizanga avait reçu deux prix au Festival de Berlin et le Grand prix à celui de Carthage.

Le cinéma africain (hors Afrique du nord) est "né" en 1962 avec un premier long métrage reconnu internationalement d'Ousmène Semène (Carrosse d'or en 2005 à Cannes). Peu exporté, il a quand même reçu quelques grand prix (Yeelen/La lumière, Un homme qui crie) et quelques grands succès (Bamako, Mon nom est Tsotsi ces dernières années). Si le Sénégal est de loin le pays le plus important en nombre de cinéastes, des pays comme le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud et le Nigéria (avec Nollywood) disposent d'un réservoir important de talents. Quelques grands festivals, le Fespaco à Ouagadougou en premier lieu, offrent une vitrine promotionnelle internationale.

INFORMATIONS PRATIQUES : www.quaibranly.fr et www.bnf.fr

Les Freaks, c’est cinématographique au musée du quai Branly

Posté par vincy, le 25 janvier 2012

Le musée du quai Branly propose jusqu'au 3 juin "Exhibitions, L'invention du sauvage", exposition (utile et ludique, conseillée même aux enfants) sur la manière dont les ethnies des nouveaux mondes, les "barbares", les "freaks" ont été exhibés, transformés en "animaux de foire" à travers les siècles (jusqu'à l'après guerre pour être exact), que ce soit dans des expositions universelles, dans les Cours royales, ou dans les cirques. Cette exposition, composée d'affiches, de peintures, de sculptures, de photographies, reflète d'un point de vue historique le racisme et le complexe de supériorité qui s'est glissé dans l'inconscient occidental au fil des siècles. Le commissaire général Lilian Thuram (oui, l'ancien footballeur), président de la Fondation “Education contre le racisme”, et les commissaires scientifiques, Pascal Blanchard et Nanette Jacomijn Snoep, permettent ainsi un voyage pas si lointain dans le passé où "l'autre" était considéré comme un objet de curiosité. Ou comment nous avons inventé le "Sauvage"?

Cela fait longtemps que le cinéma s'est intéressé à cette réflexion.  Le musée du quai Branly propose à partir du 26 janvier et jusqu'au 6 avril, un cycle de projection, sur entrée libre.

Au programme, des films cultes ou très connus comme Freaks de Tod Browning, Lola Montès de Max Ophuls, Elephant Man de David Lynch, Man to Man de Régis Wargnier, Le sifflement de Kotan de Mikio Naruse, Vénus Noire d'Abdellatif Kechiche, L'énigme de Kaspar Hauser de Werner Herzog. Mais aussi des documentaires plus rares : une sélection de courts métrages des frères Lumière (qui ont filmé les expositions ethnographiques de Paris entre 1896 et 1897), un segment signé Rachid Bouchareb, Exhibitions, Joséphine Baker en couleurs, On l'appelait la vénus Hottentote, Des Zoos et des hommes...

Le musée organisera pour l'occasion des discussion et des rencontres avec les réalisateurs. Notamment, Régis Wargnier sera présent le 23 mars, à l'issue de la projection de son film.

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Tout savoir sur l'exposition

Programmation détaillée :

Jeu 26/01 19h00 Freaks 64min

Ven 27/01 18h00 Sélection films des frères Lumière 17min
19h00 Lola Montès 115min

Sam 28/01 14h00 The Couple in the cage 30min
15h00 Joséphine Baker en couleurs 54min
18h00 Elephant Man 125min

Dim 29/01 14h00  A World on display 40min
15h00 Exhibitions + Zoos humains 61min
17h00 L’Enigme de Kaspar Hauser 110min

Sam 04/02 14h00 On l’appelait la vénus Hottentote 52min
16h00 The return of Sarah Baartman 52min
18h00 Le Sifflement de Kotan 126min

Dim 05/02 14h00 Ota Benga 16min
15h00 Boma Tervuren 54min
17h00 Des Zoos et des hommes 70min

Ven 23/03 18h00 Man to Man 122min

Ven 06/04 18h00 Vénus noire 160min

Patrice Leconte ne compte pas prendre sa retraite cette année

Posté par Claire Fayau, le 17 janvier 2011


Le samedi 8 janvier, Patrice Leconte était le Grand témoin de l'Université populaire du Musée du Quai Branly. Le cinéaste s'est fort gentiment prêté au jeu des questions et réponses lors d'une rencontre animée par Hubert Prolongeau.

Celui qui se définit comme "vulgairement , une bonne gagneuse", fringant sexagénaire, nous a raconté son parcours, ses passions, et ses projets. En attendant de pouvoir lire l'intégralité des deux heures d'entretien sur le site de l'université du Quai Branly, Ecran Noir vous propose quelques morceaux choisis de cet entretien.

Patrice Leconte va-t-il prendre sa retraite?

Cette année, Leconte sera partout : d'abord il signe un livre d'entretiens J'arrête le cinéma qui paraîtra au printemps, et un mois après, il sort son dernier film, Voir  La Mer (il a aussi écrit le scénario). Rassurons- nous : le livre se termine sur "son envie de continuer le cinéma".

"Un petit film, Voir la mer, m'a redonné le goût du cinéma ". Le casting réunit Clément Sibony, Nicolas Giraud et Pauline Lefèvre (la présentatrice météo du Grand Journal qui a coupé ses cheveux pour l'occasion). Il s'attaque aussi à l'animation, avec  son adaptation du best-seller de Jean Teulé , Le  magasin des suicides. Et  un autre roman signé Leconte devrait  se trouver dans toutes les bonnes librairies : Riva Bella (Albin Michel). "J'aime l'idée d'être productif " : la retraite , ce n'est donc pas pour tout de suite !

Leconte l'éclectique

Des Bronzés à La Fille sur le pont, de Dogora à  La veuve de Saint -Pierre en passant par Ridicule, la diversité de ses films lui convient, mais il affirme que "(son) éclectisme lui a joué des tours". Mais la bande dessinée (certaines de ses planches sont actuellement présentées au Musée de la Bande dessinée d'Angoulême dans l'exposition "Parodies"), c'est une page tournée. Il n'en fera plus. À propos de son  film d'animation, Le  magasin des suicides,  il livre  à l'auditoire un "scoop" : "le film ne sera pas en  3D , mais en  2D relief", un procédé unique.

Les bons mots de Monsieur Leconte

- "Si le cinéaste ronronne, le public s'endort !"

- "J'adore entreprendre des choses avec incertitude."

- " Tous les films que j'ai fait, j'y ai toujours cru."

- "Je ne picole pas , je ne me drogue pas."

- À propos de l'IDHEC: "je  m'y suis ennuyé comme un rat."

- "Je suis Scorpion, mais je suis surtout caméléon."

- "Il faut que les films coûtent ce qu'ils doivent coûter."

- À propos de Jean Rochefort : "Il a ce goût du déraisonnable. il a conservé un grain de folie."

- À propos du public : "Le public se trompe rarement. Non , le public n'a jamais tort... un Film qui ne touche pas les gens n'est pas réussi. "




Au Quai Branly, les horizons perdus de l’Himalaya en 9 films

Posté par Claire Fayau, le 25 décembre 2010

Quitte à avoir froid, si on se dépaysait? Partons sur les traces des explorateurs du Toit du  Monde pour retrouver  Priscilla Telmon dimanche 26 décembre à 16h au Musée du quai Branly pour une projection-table ronde en présence de Marie-Madeleine Peyronnet (confidente et secrétaire d’Alexandra David-Néel), Jeanne Mascolo de Filippis (réalisatrice) et Irène Frain.

Les films ou extraits suivants seront  diffusés :

- projection du documentaire Alexandra David-Néel, du Sikkim au Tibet interdit de Jeanne Mascolo de Filippis et Antoine de Maximy (MK2 – France - 50’- 1993)

- extraits de Voyage au Tibet interdit de Priscilla Telmon (MK2 – France – 75’ – 2008)

Priscilla Telmon dédicacera son livre "Himalayas" à la librairie du Musée le 29 décembre à partir de 14h30.

Côté cinéma, du 26 décembre au 01 janvier, le musée nous offre un cycle de 9 films, réunissant de grands classiques (Horizons perdus de Capra, Kundun de Scorcese, ou le plus récent Himalaya, l’enfance d’un chef) et un film inédit en France (Richard Gere is my hero).

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Programme sur le site du Musée du quai Branly

Baba Bling : une exposition et des films qui signent la richesse de Singapour

Posté par Claire Fayau, le 20 octobre 2010

Le Musée du quai Branly  nous avait déjà gratifié d'une très belle exposition sur le métissage, Planète métisse , en 2008. Ici, l'accent est donné à un mélange des cultures dans un petit pays du continent asiatique : Singapour. "Traduction" du titre de l'exposition, Baba Bling, et présentation de l'enthousiasmant cycle de cinéma...

"Baba", késako?

Si vous pensez aux babas cool, vous vous trompez... En  mandarin ,« Baba » signifie «papa». A Singapour, le terme « Baba » se traduit par ...« homme chinois » et, par extension, les descendants de la diaspora chinoise (aujourd'hui 77% des 4 millions d'habitants de ce pays).

Le « Baba » désigne aussi le chef de famille qui a intégré des éléments de la culture européenne, via ses parents et ses grands parents pendant la période coloniale. Bref , le « Baba » est  un métis de la culture chinoise, malaise et occidentale...

"Bling ", quid ?

Cette fois, ce mot ne vient pas du chinois ou du singapourien, "bling" , c'est pour "bling bling". Car, parmi les 480 objets  de la communauté des Peranakan présentés au musée, il  y aura du doré, du clinquant, des signes extérieurs de richesse...

A noter que cette richesse culturelle pourra se déguster le 28 octobre à l'un des ateliers  culinaires de Christopher Tan.

Et le diàny?ng dans tout çà ?

Le cinéma de Singapour est relativement méconnu en Occident . On a parlé à Cannes d'Eric Khoo avec  Be With Me , sélectionné  à la Quinzaine des réalisateurs en 2005 , et l'émouvant My Magic, présenté en compétition en 2009 .

Les occasions de voir un film singapourien sont rares. Ne loupez pas celle-ci. Ajoutons que les réalisateurs seront présents pendant les projections, et que l'accès est gratuit (dans la limite des places disponibles)! Il n'y a donc aucune excuse pour manquer ces films  dépaysants.

Au  menu  (alléchant), du sucré - salé , des rires et des larmes...

En apéritif: un ciné concert !

Mark Chan accompagnera en live avec son orchestre un film muet de 1933  de Sun  Lingyu,« Little Toys ». Un chef - d'oeuvre avec " the actress " pour Stanley KWAN, Ruan Lingyu (interprétée par Maggie Cheung dans Center Stage ). Jeudi 25 et vendredi 26 novembre 2010, 19h.

En entrée :The Blue Mansion, de Glen Goei (2009, 100 min, VOSTF)
Synopsis : " Wee Bak Chuan, magnat asiatique, meurt dans d’étranges circonstances. Il revient en tant que fantôme pour résoudre l’énigme de sa propre mort."
Vendredi 29 octobre, 14h 30, et dimanche 31 octobre, 17h.

En plat de résistance : Here, de Ho Tzen Nyen (2009, 86 min, VOSTF)
Le pitch : "Choqué par la mort brutale de sa femme, He Zhiyuan sombre dans le mutisme et est interné à Island Hospital."
Here est présenté comme un "film narratif et conceptuel du jeune prodige du cinéma singapourien". (in DP).
Le film a été projeté en sélection officielle de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes en 2009, la même année que  My  Magic. 2009 , année faste du cinéma singapourien à Cannes!
Vendredi 29 octobre, 17h, et samedi 30 octobre, 14h30.

En dessert : 881, de Royston Tan (2007, 90 min, VOSTF)
L'histoire: " Deux amies d’enfance rêvent de devenir chanteuses de getaï. Ensemble,elles forment le duo des Papaya Sisters..."
881 est une comédie musicale déjantée sur le getaï, art de rue et de spectacle typiquement singapourien.
Samedi 30 octobre, 17h, et dimanche 31 octobre, 14h30.
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Site de l'exposition sur Quaibranly.fr


2009, année prophétique et apocalyptique ?

Posté par vincy, le 28 décembre 2009

tehotihuacan.jpgCourrier international vient de consacrer un énorme dossier sur un sujet que n'importe quel cinéphile connaît sur le bout des doigts : Prophéties, apocalypses et fins du monde.

C'est dans l'actu : le Musée du Quai Branly expose triomphalement la civilisation mésoaméricaine de Tehotihuacan (photo). Au bout du parcours, un panneau pédagogique nous apprend, selon les croyances des habitants de cette grande cité antique, que les Dieux, en tant que créateurs, décideront eux-mêmes de la fin de leur civilisation.

Plus au sud, les Mayas avaient prédit une fin du monde pour 2012. Prétexte au film de Roland Emmerich sorti cet automne, avec succès. Car l'apocalypse est un produit inusable. Fantasme destructeur imparabale, Hollywood nous en fait régulièrement des variations sur le même thème. En fait le cinéma a commencé à s'en préoccuper dès les années 1915.

Rien que cette année, des robots ont menacé notre planète dans Transformers, un super-héros a sacrifié les centres des plus grosses mégapoles dans Watchmen, un religieux du Vatican a survécu (temporairement) à une explosion à forte déflagration au dessus du Vatican dans Anges et démons, sans oublier Prédictions, District 9, ou le post-apocalyptique La route. A une différence de taille pour le spectateur : dans 2012, les êtres humains sont des silhouettes et des petites poupées numériques écrasées par l'intérêt du réalisateur de montrer des villes te des régions entières se détruire. L'Homme n'a que peu d'importance dans ce jeu de massacre. Dans La Route, c'est l'inverse, seule compte la détresse des survivants, et finalement leur désolation psychologique.

Les occasions n'ont pas manqué pour casser la belle planète bleue dans tous les sens. Et ce n'est pas nouveau. Emmerich avait déjà réalisé deux films dans le domaine, Independance Day et Le jour d'après. Extra-terrestre, spatiale (Armageddon), scientifique (Mr. Nobody, à venir en salles) ou climatique, les menaces sont toujours "bigger than ever". Et pourtant, à chaque fois, le monde est sauvé.

Fascinations qui jouent avec nos peurs et titillent notre existentialisme. Nous sommes si peu. De Nostradamus (mauvais biopic) à la science-fiction, les hommes ont toujours eu besoin de vivre par procuration l'ultime mort : celle de leur espèce. Mais à ce jeu là, le cinéma produit des visions inégales. La guerre des mondes de Steven Spielberg, farce horrifique sentimentale, a peu de choses à voir avec Terminator 2 : le jugement dernier de James Cameron, série B dopée aux emphés mais dotée, aussi, d'une scène ultra-réaliste d'une explosion nucléaire à Los Angeles. Là on rigole beaucoup moins. Très loin de Mars Attacks! de Tim Burton qui s'amuse avec les codes, tout en montrant les inévitables monuments du patrimoine mondial se faire dévaster.

Mais, sans effets spéciaux, et souvent avec une sobriété toute aussi saisissante, le cinéma, parfois imagine cette fin du monde sous le regards d'auteurs comme Don McKellar dans Last Night. Tout s'arrête à l'heure dite. Il n'y a plus rien. Ou comme les frères Larrieux cette année, dans Les derniers jours du monde, où, la nuit envahit tout, le temps s'est arrêté, la vie n'existe plus vraiment. Deux fables où l'écran, soudainement, devient noir.