Deauville Asia 2014 : Hommage à l’actrice Malani Fonseka

Posté par kristofy, le 6 mars 2014

Malani FonsekaA l’est, il y a du nouveau : toujours la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde mais aussi les Philippines, le Kazakhstan, l’Indonésie, l’Iran… Ce sont en tout cas les pays d'où viennent les films en compétition lors de ce 16e Festival du film asiatique de Deauville, qui se tient jusqu'au 9 mars. Parmi les concurrents, il y a des premiers films qui rivaliseront avec ceux de réalisateurs ayant déjà été sélectionnés à Cannes, comme Ugly de Anurag Kashyap (Gangs of Waeeypur) et Mater Dolorosa de Adolfo B. Alix Jr (Death March).

Pour remettre à l’un d’eux le lotus d’or 2014, le jury est composé des actrices Roxane Mesquida et Florence Loiret-Caille, du réalisateur et scénariste Gilles Marchand, du comédien Samir Guesmi, du producteur René Bonnell et du réalisateur Rachid Bouchareb, sous la houlette de la réalisatrice Claire Denis comme présidente.

En ouverture, Deauville a rendu hommage à une grande dame du cinéma du Sri-Lanka, dont les films sont souvent méconnus, qui célèbre cette année ses 50 ans de carrière : Malani Fonseka. Depuis son premier film en 1968, elle figure au générique de plus de 150 films sri-lankais. Elle a également produit et réalisé 3 longs-métrages.

Pour l’occasion, le festival permet de voir un choix de trois films qu’elle considère comme emblématiques de trois générations différentes de cinéastes sri-lankais : Le trésor de Lester James Peries (1972), Les wasps sont arrivés de Bambaru Avith (1978) et Les fleurs du ciel de Prasanna Vithanage (2010).

Par ailleurs, les festivaliers présents à Deauville attendent la venue des réalisateurs Hideo Nakata pour la première de Monsterz et Tsai Ming-Lang pour Les chiens errants, qui recevront eux-aussi un hommage en présentant leur derniers films, et Kiyoshi Kurosawa déjà venu pour présenter Real.

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16e Festival du film asiatique de Deauville
Du 5 au 9 mars 2014

Programme et informations sur le site de la manifestation

Vesoul 2014 : reprise d’une partie des films primés au Musée Guimet

Posté par MpM, le 2 mars 2014

On vous a beaucoup parlé de la 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul qui se tenait en février dernier. Pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à cette édition d’exception, l'auditorium du Musée Guimet de Paris propose du 5 au 7 mars l'occasion unique de découvrir certains des lauréats : 10 minutes de Lee Yong-seung (Corée du Sud), Summer's end de Kumakiri Kazuyoshi (Japon) et The Ferry de Shi Wei (Chine).

10 minutes10 minutes, déjà lauréat du prix FIPRESCI au Festival de Pusan en 2013, a reçu à Vesoul le Cyclo d'or et le coup de coeur du jury INALCO. Construit comme un quasi huis clos, le film suit le parcours de Kang Ho-chan, un étudiant rêvant de devenir producteur de télévision, dans l'administration où il est embauché comme stagiaire. Le récit très elliptique et la narration presque éparse donnent l'impression d'un film fuyant, fait de sensations et d'anecdotes.

Pourtant, un fil directeur émerge peu à peu de cette observation presque chirurgicale des relations professionnelles et familiales. L'ambivalence des rapports humains, l'absence de loyauté, les difficultés économiques et l'individualisme forcené sont notamment autant de thèmes effleurés par le cinéaste.
A voir le 5 mars à 12h15.

summer's endSummer's end, qui a été récompensé par le prix "Coup de cœur" du jury Guimet, est  l'adaptation élégante et feutrée du best-seller écrit par Setuchi Jakucho.

Il raconte comment une jeune femme gagne peu à peu sa liberté en s'affranchissant des différents hommes qui partagent sa vie. La mise en scène soignée et la beauté des images font oublier l'aspect parfois un peu statique du récit ainsi que ses quelques passages à vide.
A voir le 6 mars à 12h15.

The Ferry, prix du jury Emile Guimet, mais également prix NETPAC, raconte la relation ténue entre un vieil homme et son fils de retour au village pour les vacances.

En plus d'observer avec beaucoup de pudeur les liens qui se nouent entre les deux hommes, le film est un hymne à la solidarité et à la loyauté indéfectible. Une œuvre épurée d'une grande beauté formelle.
A voir le 7 mars à 20h30.

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Auditorium du Musée Guimet
6, place d'Iéna
75 016 Paris

Informations sur le site du Musée

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Céline Tran

Posté par kristofy, le 26 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul vient de fêter ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Céline Tran est une actrice de la saison 4 de la série Le Visiteur du Futur (à voir en dvd ou sur internet ici) que l'on va retrouver prochainement dans d'autres projets aussi bien pour la télévision que pour le cinéma, après plusieurs années dans l'univers du charme et des films pour adulte sous le nom de Katsuni et après quelques apparitions comme dans Les Kaïra de Franck Gastambide.

Ecran Noir : Si tu devais choisir un film asiatique qui t’a le plus étonnée…
Céline Tran : Le choix est difficile the hosttellement il existe de perles dans le cinéma asiatique. Mais j'ai envie de citer The Host de Bong Joon-Ho que j'ai découvert il y a quelques mois sur Netflix aux USA, en version originale sous-titrée. A mon sens on ne peut apprécier totalement un film et la performance de ses acteurs que dans sa version originale. J'avais été bluffée par Mother et Memories of murder, il me fallait regarder The Host !

Etant donné le titre et le visuel du film je m'attendais à voir un film de monstres, un film d'horreur, mais j'ai trouvé bien plus que cela. Ce film est surprenant, il jongle avec habilité avec les émotions du spectateur rebondissant d'un genre à l'autre (horreur, drame, comédie) sans jamais perdre sa cohérence. Derrière l'aventure invraisemblable d'un parfait anti-héros (l'excellent Song  Kang-Ho) et de sa famille, il y a une critique éloquente de la société coréenne, l'incompétence et la corruption de son système, la manipulation des médias et l'hypocrisie américaine qui se présente une fois de plus comme sauveur de l'humanité.

Et au milieu de cette hystérie parfaitement orchestrée sont parsemés, comme si souvent dans le cinéma coréen, des instants de délicatesse et de poésie, inattendus, rares, touchants. Les monstres ne sont pas forcément  ceux qu'on croit. Ce film est un bijou !

EN : Est-ce que tu te souviens des premiers films asiatiques qui t’ont impressionnée ?
CT : Sans aucun doute, c’est les films de Bruce Lee et de Jackie Chan avec lesquels j'ai grandi. Le premier devait être Big Boss ou La Fureur du Dragon. La violence y est tellement belle. J'étais fascinée par Bruce Lee. Qui ne l'a pas été d'ailleurs ? Je considère comme une chance d'avoir pu voir ses films très jeune. Ce sont de très belles sources d'inspiration malgré la violence des combats. Puisqu'il y a quelque chose de très noble dans ce type d'action.

EN : Les derniers que tu as vus ?
love exposureCT : Les derniers en date sont Tetsuo the Iron Man de Shinya Tsukamoto et Naked Blood de Hisayasu Sato, quelle violence ! Tetsuo est un ovni, une œuvre absolument hypnotique. Sur ma liste à regarder dans les prochains jours : Gozu (Takashi Miike), Glory the filmmaker (Takeshi Kitano), Love Exposure (Sono Sion), Female Convict Scorpion (Shunya Ito) et beaucoup d'autres !

EN : Isabelle Huppert en Corée du sud dans In Another Country de Hong Sang-Soo et aux Philippines dans Captive de Brillante Mendoza, Johnny Hallyday à Hong-Kong dans Vengeance de Johnnie To… Quel pays ou cinéaste asiatique te ferait envie pour un tournage ?
CT : Wow ! Sans hésiter la Corée du Sud ! Avec mes réalisateurs favoris Bong Joon-Ho, Kim Jee-Woon et surtout Park Chan-Wook que je rêve de rencontrer, ce serait juste incroyable de tourner pour lui.

tel pere, tel filsEN : En ce moment le film Tel père, tel fils de Kore-Eda Hirokazu (prix du jury à Cannes, Cyclo d'or d'honneur à Vesoul) sorti le 25 décembre est encore à l’affiche en février dans plus de 50 salles avec plus de 400 000 spectateurs en France (plus que de nombreux films français), ça t’inspire quoi ?
CT : C'est une excellente nouvelle. J'ai l'impression qu'il y a un intérêt grandissant pour le cinéma asiatique. Je trouve ça réconfortant de constater que les blockbusters américains n'ont pas forcément le monopole.

Je suis moi-même allée voir Tel Père, Tel fils, c'est drôle, le public se comportait comme lors d'une exposition d'art. Il y avait un silence total dans la salle, une sorte de respect, de recueillement devant une œuvre qui donne à réfléchir.

Le cinéma n'est pas juste un divertissement, il reprend ici ses lettres de noblesse en étant également objet d'art, fenêtre sur une autre culture, proposition d'un autre point de vue et miroir de notre propre condition.

Vesoul 2014 : trois questions à l’actrice Eugene Domingo

Posté par kristofy, le 20 février 2014

Eugene DomingoEugene Domingo, l'une des actrices les plus populaires des Philippines, avait fait le voyage jusqu'à Vesoul pour accompagner la rétrospective consacrée au cinéma de son pays lors de la 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie.

Cette habituée des comédies alterne grosses productions comme Here comes the bride de Chris Martinez et films indépendants comme The woman in the septik tank de Marlon Rivera, tous deux d'énormes succès au box office local, qui figuraient dans la sélection du FICA 2014. Elle a également joué dans des films plus dramatiques ou sociaux comme 100 de Chris Martinez, primé à Vesoul en 2009, ou John John de Brillante Mendoza.

Au cours d'une rencontre chaleureuse et décontractée, Eugene Domingo nous a parlé du cinéma philippin, populaire comme indépendant, et de ses choix en tant qu'actrice.

Ecran Noir : Pour le public français qui n’a pas la chance d’être familier du cinéma philippin et qui ne vous connaît pas encore comme actrice, quels films faudrait-il voir pour vous découvrir ?
Eugene DomingoEugene Domingo : Oh, pas seulement moi… Justement, ce film ici à Vesoul, Woman in the septik tank, pourrait être le premier film à voir pour me voir jouer mais aussi pour découvrir un aspect des films indépendants aux Philippines en ce moment. On y voit des jeunes cinéastes qui essaient de faire un film en visant une sélection en festival de cinéma pour être remarqués.

En plus, dans l’histoire, ils veulent engager l'actrice Eugene Domingo, donc je joue une parodie de moi-même. Ils pensent qu’en montrant le pire de la pauvreté, ils pourraient gagner un prix... Cela vient d’une observation faite à un moment où le circuit des festivals choisissait toujours des films avec des pauvres dans des bidonvilles… En tant qu’actrice, je trouve important de garder un équilibre entre films commerciaux ou projets à la télévision qui me font vivre et des films indépendants qui manquent d’argent, et pour lesquels je suis prête à m’engager pour le plaisir. Un film indépendant parle de choses plus substantielles à propos de notre pays.

EN : Est-ce que le film Woman in the septik tank est plus une critique du cinéma philippin (avec ses jeunes réalisateurs qui veulent se faire remarquer plus que raconter une histoire) ou une critique des festivals internationaux (qui recherchent des films à thèmes misérabilistes) ?
Eugene Domingo : Parfois la vie here comes the brideest encore plus étrange que dans une fiction. Je crois que Chris Martinez le scénariste et Marlon Rivera le réalisateur, qui sont aussi les producteurs, ont eu l’idée de ce film en se souvenant qu’il y a quelques années, au festival du film d'Osaka, ils ont présenté le film 100, à propos d’une femme atteinte d’un cancer. Or, quelqu’un dans le public leur a demandé pourquoi cette femme semblait riche et non pauvre…

Alors ils se sont demandés si les festivals ne montraient que des films philippins à propos de pauvreté ! Woman in the septik tank est une satire de cette idée que montrer un film avec de la pauvreté a beaucoup plus de chances de gagner un prix dans un festival. C’est une parodie des jeunes réalisateur ambitieux qui pensent exploiter la misère des gens pour intégrer le circuit des festivals internationaux.

EN : Vesoul fait découvrir Woman in the septik tank, film indépendant à très petit budget et la comédie Here comes the Bride, film commercial à gros budget…
woman in the septik tankEugene Domingo : Here comes the Bride a été produit par une grosse compagnie, avec un important budget pour les décors et les acteurs et beaucoup plus de jours de tournages. Ils espéraient une longue exploitation du film en salles pendant plus d’un mois. Pour gagner beaucoup d’argent, avoir beaucoup de moyens ça aide, et Here comes the Bride a été un gros succès. Woman in the septik tank a été produit avec une bourse obtenue du festival Cinemalaya (environ 10 000 dollars) et ne devait être montré aux Philippines que dans le cadre de ce festival spécialisé en films indépendants.

Ce qui s’est passé, c’est qu'après avoir été montré là-bas, le film a ensuite été acheté par un distributeur important qui voulait le placer dans les salles de cinéma commercial. A ce jour, c’est devenu le film indépendant qui a gagné le plus d’argent. On a eu de la chance. La qualité du film est une chose, mais il faut aussi bien en faire la promotion.

Le public va toujours voir en priorité les films commerciaux, les comédies romantiques et les films d’horreur. Les jeunes et les étudiants sont un peu plus ouverts aux films indépendants. C’est très important pour nous qu’un festival comme Vesoul organise ce genre de rétrospective des films philippins, quand je rentrerai à Manille je n’arrêterai pas d’en parler.

Lire l'intégralité de l'interview

Portraits d'Eugene Domingo : Michel Mollaret

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Sam Ho

Posté par kristofy, le 17 février 2014

sam hoLe Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul fête ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Sam Ho, qui a enseigné à l'université chinoise de Hong-Kong et à l'académie des arts de la scène de Hong-Kong, fut longtemps le responsable de programmation du Hong Kong Film Archive. Il a aussi contribué à l'écriture de plusieurs livres sur l'histoire des films hongkongais.

Membre du jury du FICA de Vesoul en 2013, il est de retour au festival cette année pour célébrer les 20 ans de cette manifestation pas comme les autres. A cette occasion, il nous a confié son sentiment sur le cinéma actuel à Hong-Kong :

Je pense que l’année dernière il y a eu deux films vraiment très bons qui sont The Grandmaster de Wong Kar-Wai et Drug War de Johnnie To. Ils sont emblématiques de la production cinématographique actuelle dans le sens où ils font le lien entre Hong-Kong et la Chine, ils ont eu d’ailleurs du succès sur le marché hongkongais et aussi sur le marché chinois.

Le cinéma de Hong-Kong a une très forte tradition de films de comédie, bien que ça soit plutôt les films d’action qui étaient exportés. Les Hongkongais ont le sens de l’humour, ils aiment rire et ils aiment faire rire les gens, et il y aura toujours beaucoup de comédies parce que le public en veut. Je pense en revanche que les films d’action, les films de kung-fu et les films d’arts martiaux font face à une période très difficile en ce moment.

Hong-Kong était connu pour la qualité de ses films d’action, mais mon opinion est que cela est désormais révolu. Le problème est que nous savons toujours faire des films d’arts martiaux et des films d’action mais nous ne parvenons pas à trouver un héros irrésistible qui représente notre présent. On avait ce genre de héros dans le passé avec des acteurs comme Jet Li et Jackie Chan et avant Ti Lung et David Chiang : ils ont chacun reflété et représenté le cinéma de leur époque de manière très puissante. Un film avec Jackie Chan ou Jet Li était marqué de l’identité et du style de l’acteur, un genre de personnage que le public suivait. Par exemple avec A better tomorrow de John Woo, l’acteur Chow Yun Fat s’est imposé comme le héros gangster, et ensuite il y a eu beaucoup de films de gangsters très bons.

Je pense que le problème des films d’action de Hong-Kong de ces quinze dernières années est de ne pas avoir réussi à créer une nouvelle figure héroïque. Par exemple Andy Lau dans Infernal Affairs est un agent double infiltré qui n’appartient vraiment ni à l’univers des méchants ni des gentils de l’histoire, ce film a été très important (ndr : Martin Scorsese l’a recopié avec Les Infiltrés), mais ensuite il n’y a pas eu de continuation ni de prolifération de films avec ce genre de héros.

Le cinéma de Hong-Kong n’est plus innovateur comme avant. Je pense qu’une des raisons est que les réalisateurs hongkongais cherchent trop à séduire le public chinois, et le marché chinois est différent, depuis une quinzaine d’années les films de Hong-Kong ne sont plus très originaux car il y a cette volonté d’être plus commercial pour viser plus d’argent. Il serait facile de dire que ces réalisateurs ont vendu leur âme, mais le cinéma c’est du business, et c’est une industrie avant tout. Je pense que les réalisateurs hongkongais cherchent un nouveau public plus large, dont les Chinois, mais qu’ils ne trouvent pas de connections avec ce public, et les films en pâtissent.

D'une manière générale, on peut considérer qu’il y a malheureusement un certain déclin du cinéma de Hong-Kong, et cela est dû à trois causes. D’abord on produisait autrefois beaucoup de films qui étaient exportés dans tout le sud-est asiatique, mais des pays comme la Corée ou la Thaïlande ont su développer leur propre cinéma, et ils ont donc moins besoin des films venus de Hong-Kong, qui trouvent moins de débouchés. Ensuite, en 1997, il y a eu la rétrocession de Hong-Kong qui a été alors rattaché à la Chine, et donc il y a eu plus de films faits en direction des Chinois et moins pour le public de hongkongais. Enfin, le contenu des télévisions de Hong-Kong était autrefois plutôt mauvais mais les réalisateurs y faisaient leur formation pour ensuite poursuivre leur métier dans le cinéma et y faire des choses mieux, mais la qualité des chaînes de télévision est devenue bien meilleure et désormais ces cinéastes restent travailler à la télé, sans se tourner vers le cinéma qui manque de nouveaux talents.

Berlin 2014 : un Palmarès où l’argent vaut plus que l’or

Posté par vincy, le 15 février 2014

black coal thin ice

Avec une aussi forte présence asiatique, il n'est pas étonnant que le palmarès récompense essentiellement les films venus d'Orient. Le jury de la 64e Berlinale avait un défi à relever : donner du relief à une compétition très inégale, voire assez faible dans l'ensemble. En couronnant Bai Ri Yan Huo (Black Coal, Thin Ice) de Diao Yinan (qui avait présenté son dernier film Train de nuit il y a sept ans à Cannes), la Berlinale s'offre un film noir venu de Chine. Memento distribuera en France cette histoire d'un policier devenu agent de sécurité qui part sur les traces d'un tueur en série dont toutes les victimes sont liées à une seule et même femme dont il tombe amoureux. C'est la quatrième fois dans l'histoire de la Berlinale qu'un film chinois est récompensé par un Ours d'or. Le film remporte également le prix d'interprétation masculine pour Liao Fan, acteur de 40 ans.. Le cinéma chinois, qui a envoyé trois films en compétition, tous autorisés par le système de censure des autorités du pays, est aussi récompensé par un prix technique pour le nouveau film de Lou Ye, Tui Na (Blind massage).

Le cinéma japonais s'est vu distingué par le prix d'interprétation féminine pour la jeune Haru Kuroki pour Chiisai Ouchi (The little House) du vétéran Yoji Yamada (83 ans). L'actrice était notamment la voix de Yuki dans Les enfants loups, Ame & Yuki.

Consécration de deux cinéastes américains

Au-delà de ces trois films archétypes du cinéma oriental, dont la force visuelle ne comble pas forcément le manque de scénario, le jury a récompensé deux autres cinématographies : le cinéma américain et le cinéma français. Oubliant au passage un film comme ' 71 qui avait su fédérer les festivaliers.
Côté américain, le Grand prix du jury pour le fantaisiste et enlevé The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson est une surprise. Cet Ours d'argent si prestigieux récompense sans aucun doute l'oeuvre d'Anderson puisqu'il ne s'agit pas de son plus grand film. A moins que ça ne révèle, en creux, la très grande faiblesse de cette Berlinale, ou le besoin de récompenser un film populaire et léger, en contraste avec un Ours d'or très sombre.
Autre cinéaste indépendant américain, à la marge d'Hollywood, Richard Linklater et son immense Boyhood, est sacré par un Ours d'argent de la mise en scène. Le choix est logique, même si le film méritait davantage, puisque Linklater a passé douze ans à tourner cette histoire et la découpe avec une fluidité saisissante. Diaphana n'a pas encore daté la sortie du film en France.  Avec ces deux films, clairement les Ours d'argent pèsent plus que l'Ours d'or.

Le cinéma français n'est pas en reste : Alain Resnais hérite d'un prix primant une oeuvre "avant-gardiste". Mais surtout, Berlin offre ses deux prix les plus prestigieux dans la catégorie court-métrage à des talents hexagonaux : Caroline Poggi et Jonathan Vinel pour l'Ours d'or et Guillaume Cailleau pour l'Ours d'argent.

Pour sauver le déshonneur du cinéma latino-américain, un film mexicain, Güeros , reçoit le prix du meilleur premier film et pour éviter l'humiliation, un film allemand, Kreuzweg (Chemin de croix), là encore une de ses rares oeuvres fédératrices au Festival, reçoit le prix du meilleur scénario. C'est encore Memento qui distribuera le film dans les salles françaises.

Palmarès de la compétition

- Ours d'or du meilleur film: Bai Ri Yan Huo (Black Coal, Thin Ice) de Diao Yinan (Chine)

- Grand prix du jury, Ours d'argent: The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson (Etats-Unis)

- Ours d'argent du meilleur réalisateur: Richard Linklater pour Boyhood (Etats-Unis) - lire notre actualité

- Ours d'argent de la meilleure actrice: Haru Kuroki pour Chiisai Ouchi (The little House) de Yoji Yamada (Japon)

- Ours d'argent du meilleur acteur: Liao Fan pour Bai Ri Yan Huo (Black Coal, Thin Ice) de Diao Yinan (Chine)

- Ours d'argent de la meilleure contribution artistique: Tui Na (Blind massage) de Lou Ye (Chine)

- Ours d'argent du meilleur scénario: Kreuzweg (Chemin de croix) d'Anna et Dietrich Brüggemann (Allemagne)

- Prix Alfred Bauer (en mémoire du fondateur du festival pour un film qui ouvre de nouvelles perspectives): Aimer, boire et chanter d'Alain Resnais (France) - lire notre actualité

- Prix du Meilleur premier film: Güeros d'Alonso Ruizpalacios (Mexique)

- Ours d'or du meilleur court métrage: Tant qu'il nous reste des fusils à pompe de Caroline Poggi et Jonathan Vinel (France)

- Ours d'argent du court métrage, Prix spécial du jury: Laborat de Guillaume Cailleau (France)

- Ours d'or d'honneur: Ken Loach (Grande-Bretagne) - lire notre actualité

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- Les autres prix remis à la Berlinale 2014
- Les prix du public de la sélection Panorama
- Les Teddy Awards 2014

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Anaïs Ravoux

Posté par kristofy, le 15 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul fête ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Anaïs Ravoux est une passionnée de cinéma coréen et de la Corée où elle a déjà séjourné. Elle apprend la langue en étudiant à l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) et à ce titre elle est membre du jury Langues O'/Inalco de ce 20e Festival de Vesoul.

Elle nous a confié ses plus beaux souvenirs de cinéma asiatique :

Le film asiatique qui m’a le plus marquée c’est peut-être Time de Kim Ki-Duk. Je pense que c’est un film qui représente bien la culture coréenne vraiment différente de la nôtre. Quand j’ai découvert Time, c’était un peu un retour vers Kim Ki-Duk, parce que le premier film asiatique que j’ai vu je crois que c’est Locataires (présenté à Vesoul en 2011) où il n’y a presque pas de parole et où tout passe par l’image. Ca m’a donné envie de faire du cinéma.

J’avais déjà vu des films asiatiques avant mais c’était quelques films Hong-kongais ou des choses plus commerciales, puis après des films japonais de samouraïs et les films de Takeshi Kitano. Je me souviens avoir vu Locataires quand j’étais au lycée dans des conditions assez horribles dans un cinéma de village à Pezenas, dans une petite rue où le cinéma puait un peu la moisissure... C’était en version originale avec les sous-titres, et heureusement car j’ai vu ensuite quelques films coréens doublés en français et ce n'est vraiment pas regardable. Il faut vraiment voir les films asiatiques dans leur langue originelle, ça apporte un plus, sinon on perd de l’authenticité de la culture du film.

Mon goût pour les films coréens sont une des raisons qui m’ont fait aller à l’Inalco pour apprendre la langue : je voulais comprendre moi-même les films sans les sous-titres. C’est l’institut où l'on peut apprendre des langues comme nulle part ailleurs, par exemple le khmer ou l’inuit. Depuis une dizaine d’années, un jury Inalco remet un prix au FICA de Vesoul. On essaye de primer un film peut-être plus pour son aspect culturel que pour ses qualités cinématographiques.

Le cinéma asiatique, c’est une bouffée d’air frais, avec des choses que l’on ne trouve pas dans notre cinéma, avec des émotions souvent extrêmes, oppressantes ou joyeuses. Pour moi c’est ça le cinéma, faire ressentir des choses aux gens qui ressortent de la salle terrorisés ou émerveillés.

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Armande Boulanger

Posté par kristofy, le 13 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul fête ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Armande Boulanger est une jeune actrice de 17 ans que l'on a pu voir dans le film Au bonheur des ogres (avec Raphaël Personnaz, Bérénice Bejo, Emir Kusturica, Guillaume De Tonquédec, Mélanie Bernier...) dont le dvd/blu-ray sera disponible le 26 février. Elle sera aussi la révélation du film La Pièce manquante qui sortira en salles le 19 mars (avec Philippe Torreton et Lola Dueñas).

Ce jeune talent à suivre nous a confié ses plus beaux souvenirs de cinéma asiatique :

"Tout le monde décède un jour mais personne ne meurt"
Cette réplique est tirée de Le chien jaune de Mongolie (à Vesoul en 2006) de Byambasuren Davaa, la réalisatrice de L'histoire du chameau qui pleure (à Vesoul en 2005). C'est l'histoire d'une petite fille qui trouve un chien abandonné et décide de le garder malgré le refus de ses parents. Mon père m'avait emmené le voir au cinéma, je devais avoir sept ans, presque le même âge que le personnage principal. J'avais adoré ! Il y avait les couleurs: le vert, le jaune et le bleu... Il y avait cette famille d'éleveurs de moutons qui déménageait sans cesse. Et on observait. Le rapport à la nature de l'autre bout du monde. Les montagnes, les nuages, le vent. Ce qu'ils mangeaient, ce qu'ils disaient, ce qui les effrayaient. Et leurs croyances, la valeur de la vie humaine, cette préoccupation de savoir en quoi les enfants vont se réincarner. Ce film est constamment entre le conte et le documentaire, et la ville n'est jamais montrée. On ne voit que la nature, la tradition, on assiste aux gestes du quotidien, aux repas. J'ai appris par la suite que ce n'était pas des acteurs professionnels, que la réalisatrice a filmé les membres d'une vraie famille.

Mis à part les films d'animations de Hayao Miyazaki, le premier film asiatique qui m'a impressionné est Tigres & Dragons de Ang Lee. Il y a cette séquence magnifique de duel dans les bambous, les acteurs ont l'air si légers que notre œil oublie les effets spéciaux. Le dernier film asiatique que j'ai vu est Castaway on the Moon, un film sud-coréen réalisé par Lee Hae-joon , l'histoire de deux solitaires qui cherchent à retrouver le goût de la vie. Ce film montre une solitude que je retrouve souvent dans le cinéma d'Asie, par exemple dans The Taste of Tea ou encore Tokyo! pour le segment réalisé par Bong Joon_Ho. À la fois au cœur du monde et isolé des autres, un regard qui observe les choses (voir son propre corps) avec distance. Peut-être un moyen d'accéder à la poésie...

Box office : Miyazaki Empereur du Japon et Bong Joon-ho Roi en Corée du Sud

Posté par vincy, le 13 août 2013

Le dernier film d'Hayao Miyazaki continue de dominer le box office japonais. Kaze tachinu (The Wind Rises) a déjà récolté 45 millions de $ de recettes en 3 semaines. Il est en passe de devenir le film le plus vu de l'année. Miyazaki confirme ainsi son statut de roi du box office local (4 des 10 plus grosses recettes historiques sont signées du Maître). Ses récents films (Ponyo, Le château ambulant, ...) ont tous été les champions de  leur année respective. Le Voyage de Chihiro conserve même le record historique, toutes nationalités confondues, au BO japonais.

De l'autre côté de la mer du Japon, c'est un autre Maître du cinéma local qui règne. Snowpiercer, le transperceneige premier film en anglais de Bong Joon-ho, sorti le 1er août en Corée du Sud a déjà récolté 41 millions de $ (environ 6,5 millions d'entrées!) en dix jours. Déjà rentabilisé. Il a ainsi capté 44% des billets vendus lors de son premier week-end. Le film ne devrait avoir aucun mal à battre Iron Man 3 (64 M$) et Miracle in Cell N°7 (82M$), les champions actuels du BO sud-coréens. Rappelons que les précédents films de BJH ont cartonné en salles : Mother a terminé 10e de l'année 2009 (16M$) et The Host a été le film le plus populaire de l'année 2006 (65,6M$). Ce dernier film est d'ailleurs toujours le détenteur du record historique pour un film sud-coréen, en Corée du sud, avec 13 millions d'entrées.

Cannes 2013 : le cinéma de Taiwan se sent pousser des ailes

Posté par MpM, le 16 mai 2013

taipei factoryChaque année, le cinéma taïwanais est à l'honneur dans les plus grands festivals internationaux. Cannes ne fait pas exception. Rarement en compétition, mais souvent dans les sections parallèles, et toujours dans les allées des marchés du film. Si la cinématographie de l'île a le vent en poupe, ce n'est pas seulement grâce à la notoriété de ses grands chefs de file comme Hou Hsiao-Hsien ou Tsai Ming-Liang. Il y a derrière cette visibilité croissante la volonté affirmée de valoriser Taïwan, et notamment sa capitale Taipei, à la fois en tant que centre artistique névralgique d'Asie et comme lieu incontournable dans l'industrie cinématographique mondiale.

La Taipei Film Commission (qui réunit le Maire de Taipei et les professionnels du secteur cinématographique) se consacre ainsi depuis 2008 à la tâche (ardue) de "relier l’industrie du film taïwanais au monde". Pour ce faire, elle assiste et facilite tous les projets se tenant à Taipei, de la recherche des décors aux demandes de subventions, en passant par la gestion des tournages sur la voie publique et la promotion des films. L'idée est avant tout de remettre à flot une industrie en perte de vitesse... et de financements. Et ça marche : en moins de quatre ans, la commission avait déjà aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers. Justement, les coproductions avec l'international sont implicitement l'objectif premier de la commission, qui va chercher l'argent là où il se trouve.

Nouvelle étape dans cette redynamisation du cinéma local, la mise en place cette année de la Taipei Factory, une résidence réunissant 8 jeunes cinéastes (4 Taïwanais, 4 venant du reste du monde) invités à écrire, tourner et finaliser (en binôme) un court métrage de 15 minutes. Cette initiative, qui cherche à "déclencher des idées originales à travers les différences culturelles, de langue, de passé et d’expériences" des 8 réalisateurs, a été menée en partenariat avec la Quinzaine des Réalisateurs qui présente le 16 mai en avant-première mondiale les 4 films réalisés.

Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine, y voit l'opportunité de vanter sa sélection comme "le coeur artistique du Festival de Cannes et l’événement qui s’engage vraiment à soutenir les nouveaux talents" comme il le déclarait lors de la conférence de presse inaugurale de l'événement en février 2013, soulignant un peu malicieusement : "La Quinzaine cherche toujours des moyens pour permettre aux cinéastes d’échanger, de faire face aux problèmes ensemble et de ne pas seulement fouler le tapis rouge pour regarder des films".

La Commission du Film de Taipei, quant à elle, trouve dans cette expérience l'occasion de renforcer les liens entre cinéastes taïwanais et européens. Mais aussi de faire connaître de nouveaux talents à l'international tout en mettant en valeur les infrastructures de production de la région. Histoire d'attirer des tournages du monde entier, le modèle affiché étant clairement celui de L'odyssée de Pi, d'Ang Lee, membre du jury de la compétition cannoise cette année, en partie tourné au zoo de Taipei, et devenu depuis un succès planétaire (et oscarisé). L'île s'offre ainsi une jolie visibilité sur la Croisette... et se pose dans le même temps en chevalier blanc (asiatique) de la création cinématographique.