Quinzaine 50 : entretien avec Edouard Waintrop, délégué général

Posté par redaction, le 9 mai 2018

Héritière directe de ceux qui voulaient affranchir le cinéma de ses chaînes en 1968, la Quinzaine célèbre cette année sa 50e édition. L'occasion d'une promenade à son image - en toute liberté, et forcément subjective - dans une histoire chargée de découvertes, d'audaces, d’enthousiasmes, de coups de maîtres et de films devenus incontournables.

En partenariat avec Critique-Film. Retrouvez tout le dossier ici.

À l'occasion de l'anniversaire de la Quinzaine des Réalisateurs, rencontre avec son délégué général, Edouard Waintrop, qui quittera ses fonctions après sa septième édition en tant que sélectionneur. Merci à lui pour cet entretien.

Quelle image aviez-vous de la Quinzaine avant d'en devenir le sélectionneur ?

Avant tout celle des premières années. Je me suis intéressé au cinéma à l'adolescence alors que la Quinzaine naissait. Du coup j'ai découvert La Première charge à la machette de Manuel Octavio Gomez, le film d'ouverture de cette première édition, sorti à Paris quelques semaines après son passage à Cannes. Les cinq premières années, celles dont parle le livre de Bruno Icher [La Quinzaine des réalisateurs - Les jeunes années 1967-1975], je les ai vécues pleinement comme cinéphile. J'avais un attachement sentimental très fort à la Quinzaine. C'était ma maison. En tout cas, c'est là où j'ai été formé.

À l'époque c'était simple, il y avait plein de nouveaux noms qui apparaissaient. J'ai été élevé à Ford, Hawks et consorts. Et tout d'un coup, on découvrait Glauber Rocha, Paulo Cezar Saraceni, Nelson Pereira dos Santos, Marco Bellochio avec Les Mains dans les poches, Alain Tanner avec Charles mort ou vif [Semaine de la Critique en 1969] puis avec La Salamandre, Ken Loach très vite aussi avec Kes et Family Life, Werner Herzog, Werner Schroeter, c'était impressionnant, Zanussi chez les polonais encore… On découvrait des nouveaux cinéastes tout le temps, tout le temps ! On voyait bien que les choses bougeaient. Le mouvement était général. Il y avait une effervescence dans le cinéma, mais aussi dans la politique et dans le monde en général. La quinzaine a chevauché ces deux effervescences.

Bruno Icher évoque dans son livre la façon dont les choses se sont mises en place, des fois n'importe comment. À la fin quand même le résultat fut positif. Ça a réussi à se faire alors que ça n'aurait pas du marcher, grâce à un élan incroyable qui n'existe plus aujourd'hui. Et ce n'est pas de notre faute seulement. C'est la réalité de la société qui a encore beaucoup plus séparé les gens. Le cinéma n'a plus l'importance en 2018 qu'il avait en 1969. À l'époque je me souviens, quand on allait au cinéma, c'était un acte presque militant. Quand on allait voir un film de Glauber Rocha, c'était aussi pour changer le monde.

D'autres films de cette période vous ont marqué ?

Lucia de Humberto Solas, Wanda de Barbara Loden, THX 11 38 de George Lucas, Mean Streets de Martin Scorsese, Aguirre la colère de Dieu de Werner Herzog, La Pendaison de Nagisa Oshima… C'est ce cinéma-là qui m'a complètement formé entre 69 et 75. Je suis allé pour la première fois en 1976 au Festival de Cannes. J'ai suivi la Quinzaine mais aussi des films de la compétition que j'aime beaucoup dont Au fil du temps de Wim Wenders avec Rudiger Vogler et Hanns Zischler. Le film m'avait d'autant plus impressionné qu'à l'époque j'étais encore un peu germanophone. J'avais fait allemand en première langue. La problématique de la séparation de l'Allemagne en deux était pour moi très forte, donc cette histoire de «camion cinéma» qui suit la ligne de frontière entre les deux Allemagne, j'ai trouvé ça très beau, très triste. J'aimais vraiment beaucoup ce film. Mais celui qui m'a le plus estomaqué, c'est quand même Taxi Driver qui a eu la Palme. Mais le fond pour moi, c'était la Quinzaine.

Vous pouvez évoquer le moment où vous avez candidaté au poste de délégué général ? Quelle vision vouliez-vous donner de la Quinzaine et est-ce que cela a évolué ?

Mon idée à l'époque était de faire de la Quinzaine le rendez-vous de tous les cinéastes et de retrouver l'âme des premières quinzaines. Ça s'est révélé totalement impossible ! À ce niveau là, j'ai abdiqué. Sur le reste, je fais béatement confiance à mon goût et à mon équipe. Je n'ai pris que des gens qui n'avaient ni la même éducation ni les mêmes goûts que moi - pour ce que j'en savais - et n'étaient pas de la même génération. Je pensais que de ce frottement de silex contraires naîtrait une étincelle et qu'on ferait des bonnes sélections. Je ne connaissais absolument pas les trois quarts d'entre eux et ça s'est très bien passé pendant sept ans. Je suis quand même assez sûr de moi, même de mes erreurs - car ça fait partie de la vie - pour des fois n'en faire qu'à ma tête. Mais toujours en les écoutant. La seule chose qui m'intéresse, c'est d'entendre l'avis des autres, surtout ceux avec lesquels je ne suis pas d'accord. Moi je suis plutôt de gauche et anarchisant, mais j'adore lire Le Figaro. Ça ne m'intéresse pas de lire des gens qui ont les mêmes avis que moi, les expriment mal et ensuite ne m'apportent rien parce qu'on est d'accord. Je lis un journal pour me faire réfléchir donc il vaut mieux que ce soit des avis que je ne partage pas.

Avec vos équipes, même si vous disiez assumer vos choix et vos erreurs, ils vous ont aussi poussé à accepter certains films ?

Oui, bien sur, sans ça, il n'y a pas de jeu. Ils m'ont convaincu, des fois sur des films importants. Et sur lesquels j'avais des réserves et qui se sont révélés être de gros succès.

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La Quinzaine des Réalisateurs changera de délégué général en 2019

Posté par vincy, le 8 novembre 2017

La Société des réalisateurs de films confirme le maintien d'Edouard Waintrop pour la 50e édition de la Quinzaine des réalisateurs en tant que délégué général. Cependant, ela SRF annonce dans le même temps: "En tant que partisans de l'alternance, c'est cette réussite qui nous autorise aujourd'hui à faire le pari du changement en accueillant un nouveau profil à la tête de la Quinzaine 2019. Une nouvelle page de l’histoire du Festival de Cannes va s’écrire avec une nouvelle, un nouveau délégué.e général.e.".

Il est de coutume que le futur délégué général accompagne durant une édition précédant son mandat celui en poste. Il devrait donc être nommé d'ici le printemps. La fiche de poste sera envoyée dans deux semaines.

Cependant, "La Société des Réalisateurs de Films a renouvelé sa confiance à son délégué général Edouard Waintrop, pour la septième année consécutive. Nous sommes heureux qu’il soit le maître d’œuvre de ce moment important de notre histoire, qui connaît avec lui des années fastes en termes de visibilité, de fréquentation, de confiance des acteurs de l’industrie."

Une quinzaine très césarisée

Edouard Waintrop a en effet réussi à redorer le blason de la Quinzaine, qui a sélectionné quelques uns des meilleurs films des dernières années, en plus de faire découvrir de nouveaux talents récompensés par la suite. On lui doit quelques beaux coups comme Camille redouble, Ernest et Célestine, No, Les garçons et Guillaume, à Table!, Le géant égoïste, Bande de filles, Les combattants, P'Tit Quinquin, Whiplash, Fatima, Much loved, Mustang, Trois souvenirs de ma jeunesse, Divines, Ma vie de Courgette, etc...

La Quinzaine a connu cinq autres délégués : Pierre-Henri Deleau (1969-1999), Marie-Pierre Macia (1999-2003), François Da Silva (2003-2004), Olivier Père (2004-2010) et Frédéric Boyer (2010-2011).

Le Maroc censure Much Loved sans avoir vu le film: appel à soutien et pétition pour défendre la liberté d’expression

Posté par vincy, le 30 mai 2015

Comme nous vous l'annoncions plus tôt cette semaine, le film Much Loved de Nabil Ayouch, présenté à la dernière Quinzaine des réalisateurs, a été interdit d'exploitation au Maroc, suite à un climat de violence et d'agressivité sur les réseaux sociaux autour du réalisateur et de son actrice principale au Maroc. Cette décision a soulevé un vent de contestation du côté de la profession.

Much Loved raconte l'histoire de Noha, Randa, Soukaina, Hlima et d'autres femmes qui vivent d’amours tarifés dans le Marrakech aujourd'hui. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Joyeuses et complices, dignes et émancipées dans leur royaume de femmes, elles surmontent la violence d’une société marocaine qui les utilise tout en les condamnant.

Le gouvernement marocain a annoncé lundi que le film serait interdit de projection au Maroc. Pour le gouvernement marocain, il comporte un "outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine". "Cette interdiction encourage les pires attaques des courants conservateurs marocains envers le film, Nabil Ayouch et Loubna Abidar faisant l’objet de menaces de mort sur les réseaux sociaux", souligne l'appel à soutien diffusé sur le site de la SRF.

Près de 80 cinéastes et producteurs ont dénoncé cette censure: Stéphane Brizé, Claire Burger, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Arnaud Desplechin, Pascale Ferran, Costa-Gavras, Yann Gonzalez, Mahamat-Saleh Haroun, Michel Hazanavicius, Agnès Jaoui, Laurent Cantet, Pascale Ferran, Costa-Gavras, Michel Hazanavicius, Rithy Panh, Pierre Salvadori, Riad Sattouf, Volker Schlöndorff, Céline Sciamma, Bertrand Tavernier et Rebecca Zlotowski figurent parmi les "premiers signataires" de ce texte.

"De tous temps, le cinéma a eu vocation à montrer la réalité sous tous ses aspects. De toute évidence, ce film sur le milieu de la prostitution à Marrakech montre une réalité que les autorités marocaines refusent de regarder en face. Pourtant cette réalité niée ne sera modifiée en rien par cet acte de censure délibérée.
Alors que le Maroc accueille de très nombreux tournages français et internationaux et que se tient à Marrakech annuellement un grand festival de cinéma, nous condamnons cette interdiction avec la plus grande fermeté.
Nous nous associons à l’Union des Réalisateurs Auteurs Marocains et au large courant de solidarité qui s’est levé autour du cinéaste franco-marocain Nabil Ayouch et de son film, pour dénoncer l’obscurantisme et les violentes atteintes à la liberté que cette interdiction constitue : atteinte à la liberté d’expression, atteinte à la liberté du metteur en scène d’exposer son travail, atteinte à la liberté des spectateurs qui ne peuvent avoir accès au film dans les salles de cinémas marocaines.
"

Par ailleurs déjà plus de 400 personnes ont signé la pétition initiée par l'actrice principale du film Loubna Abidar sur Avaaz.org.

"Nous, artistes, intellectuels, créateurs, journalistes et acteurs dans différents secteurs de la société, déclarons notre attachement à la liberté de pensée, d’expression et de création en tant que droit garanti par la constitution marocaine et les conventions internationales. Nous appelons les spécialistes et l’ensemble des amateurs à se ranger du côté de la critique constructive et élever le niveau du débat loin de la diffamation et l'incitation à la haine qui s’appuient sur de prétendus arguments moraux sans considération aucune ni à la liberté d’expression ni de création dans les domaines de la production intellectuelle et esthétique" explique la pétition, qui ajoute : "Aucune tutelle sur la création, aucune prohibition de la créativité! Par la même occasion, nous désavouons la décision illégale impartiale et apriori prise par le Ministre de la communication d’interdire la diffusion du film dans les salles de cinéma au Maroc."

Stupéfait, Edouard Waintrop, directeur de la Quinzaine des réalisateurs, s'est exprimé en rappelant, qu'à l'évidence, "ce film sur la prostitution à Marrakech montre une réalité que les autorités marocaines refusent de voir. Cependant ce déni de réalité ne devrait pas amené à un acte délibéré de censure."

Le plus ironique dans cette histoire est que le réalisateur du film a expliqué à Variety qu'aucun des cinq membres de la Commission de censure n'avait vu le film et que lui-même n'avait pas encore demandé un visa de sortie au ministère. La décision a été prise suite à la diffusion de deux extraits sur Internet, qui ont entraîné un flot de commentaires et de critiques sur les réseaux sociaux.

Cannes 2015: le nouveau film de Miguel Gomes à la Quinzaine des réalisateurs

Posté par MpM, le 19 avril 2015

Les Mille et une nuits, le nouveau film de Miguel Gomes (Tabou), a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Absent de la Sélection officielle révélée jeudi par Thierry Frémaux, il rejoint les films de Philippe Garrel et Arnaud Desplechin dans la liste des films qui seront présentés à la Quinzaine, dont la sélection complète sera révélée mardi.

«Les Mille et une nuits, le film, ou plutôt les trois merveilleux films de Miguel Gomes, seront programmés à la Quinzaine des Réalisateurs. Cette superbe série inspirée par les histoires racontées par Schéhérazade et des événements survenus dans le Portugal des années 2013 et 2014, pays alors soumis à une politique niant toute justice sociale, rythmera notre programmation. Chaque film mis en scène avec une fantaisie débridée et une grande liberté aura sa journée» a déclaré hier Edouard Waintrop, Délégué général de la section parallèle cannoise.

As mil e uma noites (Les Mille et une nuits) est un récit en trois tomes du portugais Miguel Gomes: Volume 1, o inquieto (l'inquiet) ; Volume 2, o desolado (le désolé) ; Volume 3, o encantado (l'enchanté). Le projet avait été annoncé lors du Festival de Cannes 2013.

Dans un pays d'Europe en crise, le Portugal, un réalisateur se propose d'écrire des fictions inspirées de la misérable réalité dans laquelle il est pris. Mais incapable de trouver un sens à son travail, il s'échappe lâchement et donne sa place à la belle Schéhérazade. Il lui faudra bien du courage et de l'esprit pour ne pas ennuyer le Roi avec les tristes histoires de ce pays ! Alors qu'au fil des nuits l'inquiétude laisse place à la désolation et la désolation à l'enchantement, elle organise ses récits en trois volumes. Elle commence ainsi : « Ô Roi bienheureux, on raconte que dans un triste pays parmi les pays...»

Le casting rassemble Crista Alfaiate, Dinarte Branco, Carloto Cotta, Adriano Luz, Rogério Samora, Maria Rueff, Cristina Carvalhal, Luisa Cruz, Américo Silva, Diogo Dória, Bruno Bravo, Tiago Fagulha et Teresa Madruga.

Le film est une coproduction française (Agat Films, Arte, Shellac), allemande et portugaise.

Enthousiaste, la Quinzaine des réalisateurs récupère le film d’Arnaud Desplechin

Posté par redaction, le 17 avril 2015

C'était l'un des grands absents de la révélation de la Sélection officielle du 68e Festival de Cannes hier matin. Tout le monde attendait Arnaud Desplechin en compétition. Mais il n'était nulle part. Thierry Frémaux a entretenu le suspens: "Pour l'instant, il n'y est pas", a expliqué le délégué général avant de rappeler: "il n'y est pas mais mériterait de l'être, mais y a été souvent." Manière de dire qu'il attendait de voir si la Quinzaine le voulait ou pas avant de se décider de le prendre (à Un certain regard par exemple).

La réponse n'a pas tardé: Trois souvenirs de jeunesse (anciennement titré Nos Arcadies) sera à la Quinzaine des Réalisateurs. "C'est avec enthousiasme que nous annonçons la présentation de Trois souvenirs de jeunesse, le dernier film d'Arnaud Desplechin, peut être son meilleur et son plus émouvant, à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes, le vendredi 15 mai prochain. On y retrouvera Mathieu Amalric et les jeunes Quentin Dolmaire, Lou-Roy Lecollinet, dans une brillante et déchirante recherche du temps et des amours perdus …" s'est enflammé Édouard Waintrop, Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs.

Trois souvenirs de jeunesse, sorte de prequel à Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), film aux accents biographiques de Desplechin réalisé en 1996, se réapproprie les personnages de Paul Dédalus et d'Esther.

Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient de son enfance à Roubaix, des crises de folie de sa mèren, du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient de ses seize ans, de son père, veuf inconsolable, de ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe… Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa soeur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir… Mais aussi de ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Béhanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le coeur de sa vie. Doucement, « un coeur fanatique ».

Le film sort le 20 mai dans les salles françaises.

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Lire aussi : Arnaud Desplechin termine Nos Arcadies

Cannes 2015: Philippe Garrel en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs

Posté par redaction, le 15 avril 2015

L'ombre des femmes, le nouveau film de Philippe Garrel, ouvrira la 47e Quinzaine des Réalisateurs du prochain Festival de Cannes, le jeudi 14 mai. Le cinéaste, qui fut de la première sélection de la Quinzaine en 1969 avec Le lit de la Vierge, met en scène un casting singulier composé de Stanislas Merhar, Clotilde Courau, Lena Paugam, Vimala Pons et Mounir Margoum. Le film sort le 27 mai dans les salles françaises, distribué par SBS distribution. Notons que la photo, noir et blanc, est signée du grand Renato Berta, qui a collaboré avec Chabrol, Resnais, Malle, Oliveira...

Pour Édouard Waintrop, Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs, "L'Ombre des femmes est un film mis en scène par Philippe Garrel. Un film d'amour et sur l'amour, sur les trahisons, les grandes et les petites, celles qui prennent place dans l'histoire et celles qui nous empoisonnent la vie. Un film élégant, cruel et tendre sur la lâcheté ordinaire des hommes, l'intelligence des femmes, l'héroïsme quotidien des amoureuses, leur lucidité... Avec Clotilde Courau, éblouissante, Lena Paugam et Stanislas Merhar."

Le film est l'histoire de Pierre et Manon, deux précaires qui font des documentaires avec rien et ivivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, qui devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux. Un jour Elisabeth, la jeune maîtresse de Pierre, découvre que Manon, la femme de Pierre, a un amant. Et elle le dit à Pierre… Pierre se retourne vers Manon parce que c’est elle qu’il aimait. Et comme il se sent trahi, il implore Manon et délaisse Elisabeth. Manon, elle, rompt tout de suite avec son amant. On peut supposer que c’est parce qu’elle aime Pierre.

Plus habitué d'être à Venise que sur la Croisette, Garrel avait été en Compétition en 2008 avec La frontière de l'aube.

Cannes 2013 : le cinéma de Taiwan se sent pousser des ailes

Posté par MpM, le 16 mai 2013

taipei factoryChaque année, le cinéma taïwanais est à l'honneur dans les plus grands festivals internationaux. Cannes ne fait pas exception. Rarement en compétition, mais souvent dans les sections parallèles, et toujours dans les allées des marchés du film. Si la cinématographie de l'île a le vent en poupe, ce n'est pas seulement grâce à la notoriété de ses grands chefs de file comme Hou Hsiao-Hsien ou Tsai Ming-Liang. Il y a derrière cette visibilité croissante la volonté affirmée de valoriser Taïwan, et notamment sa capitale Taipei, à la fois en tant que centre artistique névralgique d'Asie et comme lieu incontournable dans l'industrie cinématographique mondiale.

La Taipei Film Commission (qui réunit le Maire de Taipei et les professionnels du secteur cinématographique) se consacre ainsi depuis 2008 à la tâche (ardue) de "relier l’industrie du film taïwanais au monde". Pour ce faire, elle assiste et facilite tous les projets se tenant à Taipei, de la recherche des décors aux demandes de subventions, en passant par la gestion des tournages sur la voie publique et la promotion des films. L'idée est avant tout de remettre à flot une industrie en perte de vitesse... et de financements. Et ça marche : en moins de quatre ans, la commission avait déjà aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers. Justement, les coproductions avec l'international sont implicitement l'objectif premier de la commission, qui va chercher l'argent là où il se trouve.

Nouvelle étape dans cette redynamisation du cinéma local, la mise en place cette année de la Taipei Factory, une résidence réunissant 8 jeunes cinéastes (4 Taïwanais, 4 venant du reste du monde) invités à écrire, tourner et finaliser (en binôme) un court métrage de 15 minutes. Cette initiative, qui cherche à "déclencher des idées originales à travers les différences culturelles, de langue, de passé et d’expériences" des 8 réalisateurs, a été menée en partenariat avec la Quinzaine des Réalisateurs qui présente le 16 mai en avant-première mondiale les 4 films réalisés.

Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine, y voit l'opportunité de vanter sa sélection comme "le coeur artistique du Festival de Cannes et l’événement qui s’engage vraiment à soutenir les nouveaux talents" comme il le déclarait lors de la conférence de presse inaugurale de l'événement en février 2013, soulignant un peu malicieusement : "La Quinzaine cherche toujours des moyens pour permettre aux cinéastes d’échanger, de faire face aux problèmes ensemble et de ne pas seulement fouler le tapis rouge pour regarder des films".

La Commission du Film de Taipei, quant à elle, trouve dans cette expérience l'occasion de renforcer les liens entre cinéastes taïwanais et européens. Mais aussi de faire connaître de nouveaux talents à l'international tout en mettant en valeur les infrastructures de production de la région. Histoire d'attirer des tournages du monde entier, le modèle affiché étant clairement celui de L'odyssée de Pi, d'Ang Lee, membre du jury de la compétition cannoise cette année, en partie tourné au zoo de Taipei, et devenu depuis un succès planétaire (et oscarisé). L'île s'offre ainsi une jolie visibilité sur la Croisette... et se pose dans le même temps en chevalier blanc (asiatique) de la création cinématographique.

Cannes 2013 : une Quinzaine des Réalisateurs qui joue la carte du genre

Posté par MpM, le 23 avril 2013

quinzaine des réalisateurs 2013Édouard Waintrop déborde d'enthousiasme lorsqu'il évoque le cru 2013 de la Quinzaine des réalisateurs, sa deuxième sélection en tant que Délégué. Il avoue même avoir versé "des larmes de joie" en découvrant certains des films sélectionnés. Voilà qui donne le ton pour une édition 2013 qui s'annonce (sur la papier) de très haute tenue.

Au programme, 21 longs métrages dont quelques comédies, mais aussi des polars, des documentaires et même deux films d'horreur, qui mêlent nouveaux venus (sept premiers films) et grands vétérans (Marcel Ophuls et Alejandro Jodorowsky qui reviennent tous deux à leur manière sur leur propre vie).

Le cinéma français est une fois encore bien représenté (c'est une constante dans toutes les sections du Festival de Cannes 2013) avec des propositions aussi variés que celles de Guillaume Gallienne, Serge Bozon et Thierry de Peretti. L'Asie s'invite également dans le jeu avec des films de Singapour (Ilo ilo), des Philippines (On the job) et d'Inde (Ugly, par le réalisateur de Gangs of Wasseypur). Enfin, les pays anglophones (Grande Bretagne, Etats-Unis) sont eux aussi bien représentés avec le polar Blue ruin, le film d'anticipation Last days on Mars ou encore le film d'horreur We are what we are.

Du côté des courts métrages, on notera la sélection de cinéastes comme Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin) avec Swimmer, Oscar Ruiz Navia (La barra) avec Solecito, Yann Le Quellec (Je sens le beat qui monte en moi) avec Le quepa sur la vilni ! ou encore Edouardo Williams (Pude ver un puma) avec Que je tombe tout le temps ?

On découvrira également les films réalisés dans le cadre de la Taipei factory, qui ont permis à huit réalisateurs (4 Taïwanais, 4 venus d'ailleurs) de tourner ensemble quatre courts métrages en 17 jours.

Enfin, la Quinzaine des Réalisateurs poursuit l'expérience lancée en 2012 et instaure "l'Assemblée des cinéastes", une tribune pour les réalisateurs du monde entier, invités à échanger entre eux, mais aussi avec les professionnels et le grand public. Deux séances sont d'ores et déjà prévues pendant le Festival de Cannes : Expériences de cinéastes indépendants à travers le monde et La crise européenne et ses conséquences sur les politiques culturelles des pays de l'Union européenne.

La sélection de longs métrages

Above the Hill de Raphaël Nadjari

Les Apaches de Thierry De Peretti

Ate ver a luz de Basil Da Cunha

Blue Ruin de Jeremy Saulnier

Le Congrès de Ari Folman (film d'ouverture)

La Danza de la realidad d'Alejandro Jodorowsky

L'Escale de Kaveh Bakhtiari

La Fille du 14 Juillet de Antonin Peretjako

Henri de Yolande Moreau (film de clôture)

Ilo Ilo d'Anthony Chen

Jodorowsky's Dune de Franck Pavich

Last Days on Mars de Ruairi Robinson

Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne

Magic Magic de Sebastian Silva

On the Job de Erik Matti

The Selfish Giant de Clio Barnard

Tip Top de Serge Bozon

Ugly de Anurag Kashyap

Un voyageur de Marcel Ophuls

El verano de los peces voladores de Marcela Said

We Are What We Are de Jim Mickle

La sélection de courts métrages

Gambozinos de João Nicolau

Lágy Es? de Dénes Nagy

LE QUEPA SUR LA VILNI ! de Yann Le Quellec

Man kann nicht alles auf einmal tun, aber man kann alles auf einmal lassen de Marie-Elsa Sgualdo

O umbra de nor de Radu Jude

Pouco mais de um mês de André Novais Oliveira

Que je tombe tout le temps ? de Eduardo Williams

Solecito de Oscar Ruiz Navia

Swimmer de Lynne Ramsay

La Taipei Factory

The pig de Singing Chen (Taïwan) et Jero Yun (Corée du Sud)

Silent asylum de Midi Z (Taïwan) et Joana Preiss (France)

A nice travel de Shen Ko-shang (Taïwan) et Luis Cifuentes (Chili)

Mr Chang's new adress de Chang Jung-chi (Taïwan) et Alireza Khatami (Iran)

Cannes 2012 : une Quinzaine des réalisateurs aguicheuse

Posté par MpM, le 24 avril 2012

Pour sa première édition, Édouard Waintrop, le nouveau délégué de la Quinzaine des Réalisateurs, a voulu raviver l'image ternie de sa sélection en la plaçant "sous le signe de la joie". Ce sont ainsi deux comédies (The We and the I de Michel Gondry et Camille redouble de Noémie Lvovsky) qui auront les honneurs de l'ouverture et de la clôture tandis qu'on retrouve en compétition une autre comédie française, Adieu Berthe - L'Enterrement de Mémé de Bruno Podalydès.

Voilà le programme d'Edouard Waintrop, nouveau délégué de la Sélection parallèle : « Nous allons essayer de construire une structure qui permette de développer cette dimension de lieu de rencontre, afin que la Quinzaine soit un lieu des Etats généraux permanents du cinéma ».

En tout, vingt et un longs métrages (dont deux films d'animation) et dix courts seront présentés dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs 2012 à Cannes 2012. Ils viennent pour une grande part d'Europe (avec une forte représentation de la France) et d'Amérique latine (Uruguay, Mexique, Argentine, Chili, Colombie). On retrouvera notamment des cinéastes remarqués en festivals par le passé comme Pablo Larraín (Tony Manero, Santiago 73, Post mortem), Pablo Stoll Ward (Whiskey), Stéphane Aubier et Vincent Patar (Panique au village) ou Jaime Rosales (La soledad, Un tir dans la tête).

A noter enfin la présence du dernier film de Raoul Ruiz, La Nuit d'en face, projeté en séance spéciale.

Par ailleurs, la Quinzaine va organiser quatre débats autour de  films de la sélection entre le dimanche 20  et le mercredi 23 mai  : Les nouveaux noms du cinéma latino-américain ; Multiplicités des cinémas indiens- Bollywood : l’arbre qui cache la forêt ? ; Nouvelles audaces du cinéma français ; Le cinéma des pays arabes aujourd’hui.

La sélection

Le Repenti de Merzak Allouache (Algérie)

Room 237 de Rodney Ascher (Etats-Unis)

Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner (France, Belgique, Luxembourg)

Infancia clandestina de Benjamín Ávila (Argentine)

Une famille respectable de Massoud Bakhshi (Iran)

Rengaine de Rachid Djaidani (France)

The We and the I de Michel Gondry (Etats-Unis) - Ouverture

Les Liaisons dangereuses de Jin-ho Hur (Chine)

Gangs of Wasseypur de Anurag Kashyap (Inde)

No de Pablo Larraín (Chili)

Camille redouble de Noémie Lvovsky (France) - Clôture

Fogo de Yulene Olaizola (Mexique)

Adieu Berthe - L'Enterrement de Mémé de Bruno Podalydès (France)

Sueño y silencio de Jaime Rosales (Espagne)

La Nuit d'en face de Raúl Ruiz (Chili, France) - Séance spéciale

La Sirga de William Vega (Colombie, France, Mexique)

Opération Libertad de Nicolas Wadimoff (Suisse)

Alyah de Elie Wajeman (France)

3 de Pablo Stoll Ward (Uruguay)

Sightseers de Ben Wheatley (Royaume-Uni) - Séance spéciale

The King of pigs de Yeun Sang-ho (Corée du Sud)

Edouard Waintrop, ancien critique à Libération, à la tête de la Quinzaine des réalisateurs

Posté par vincy, le 22 juillet 2011

La Société des Réalisateurs de Films (SRF) a nommé le nouveau délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, un mois après l'éviction de Frédéric Boyer (voir actualité du 21 juin).

Edouard Waintrop, 58 ans, reprend donc un flambeau un peu abîmé depuis le départ d'Olivier Père en 2009, qui lui enflamme désormais le Festival de Locarno. Ancien critique de cinéma à Libération, Waintrop anime sur le site du quotidien un blog dédié au 7e art, Le cinoque.

Sur son blog, il décrit ainsi sa passion : "Adolescent, je décidai de sécher mes cours de mathématiques pour assouvir ma passion du cinéma. Comme j’étais dans une section scientifique, j’ai vu de nombreux films. Des Ford, des Hitchcock, des Hawks, des Walsh, des Ray et des McCarey, des Lubitsch et des Preminger, des Carné, des Renoir, des Godard, des Chabrol et des Truffaut… Et cette fièvre ne m’a jamais quitté. C’est elle que j’ai essayé de diffuser dans mes papiers de Libération pendant vingt-six ans (j'ai quitté Libé au printemps 2008)."

Depuis, il s'était fait engagé comme directeur du festival international du film de Fribourg en Suisse, qu'il a animé durant quatre ans - il a été remplacé par Thierry Jobin - avant de diriger depuis le 1er avril les salles de cinéma du Grütli (ex-Centre d'animation cinématographique-Voltaire) à Genève.