Prix Magritte 2016 : 10 nominations pour « Le tout nouveau testament » de Jaco van Dormael

Posté par kristofy, le 15 janvier 2016

Avant les César en France, la 6ème cérémonie des Magritte du cinéma se déroulera à Bruxelles le 6 février : c’est le rendez-vous des récompenses pour les films belges francophones. Cette année la soirée se déroulera sous la présidence de Marie Gillain.

L’ensemble des nominations  en catégories artistiques et techniques distinguent déjà 6 favoris :
- 4 nominations pour Melody de Bernard Bellefroid (avec Lucie Debay, aussi dans la liste des révélations pour un César, sorti en France le 6 mai)
- 6 nominations pour Préjudice d’Antoine Cuypers (avec Nathalie Baye, sortie en France à venir ce 3 février)
- 7 nominations pour Je suis mort mais j’ai des amis de Stéphane et Guillaume Malandrin (avec Bouli Lanners et Wim Willaert, sorti en France le 22 juillet)
- 8 nominations pour Alleluia de Fabrice Du Welz (une petite bizarrerie calendaire après avoir été découvert à La Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en 2014, sorti en France en novembre 2014),
- 9 nominations Tous les chats sont gris de Savina Dellicour (avec le duo Bouli Lanners et Anne Coesens)
- 10 nominations Le tout nouveau testament de Jaco van Dormael (à La Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2015, sorti en France le 2 septembre). Le film est aussi le plus gros succès belge en France avec plus de 800000 entrées.

Lors de l'édition 2011, Jaco van Dormael avec reçu la plupart des Magritte pour son Mr. Nobody (meilleur film, réalisateur, scénario, image, montage, musique), mais cette année il devra partager quelques statuettes avec d'autres... Pour mémoire, les années suivantes les meilleurs films/réalisateurs ont été en 2012 Les géants de Bouli Lanners (film, réalisateur, second rôle féminin, image, musique); en 2013 A perdre la raison de Joachim Lafosse (film, réalisateur, actrice); en 2014 c'était le film animé Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner (film, réalisateur); et l'année dernière Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne (film, réalisateur, actrice, acteur).

Pour ce qui est de la catégorie meilleure actrice, les nominées figurent à l’affiche d’œuvres qui curieusement ne sont pas en catégorie meilleur film : Annie Cordy pour son rôle dans Les souvenirs, Veerle Baetens dans Un début prometteur, Yolande Moreau pour Le voyage en Chine (qui est aussi dans la catégorie second rôle pour Le tout nouveau testament), et Christelle Cornil pour Jacques a vu. Pour le meilleur acteur on retrouve Jérémie Renier pour Ni le ciel ni la terre, François Damiens pour La famille Bélier, Bouli Lanners pour Tous les chats sont gris et Wim Willaert pour Je suis mort mais j’ai des amis. On note que Benoît Poelvoorde est paradoxalement oublié...

Voici les principales catégories et leurs nominations :

Meilleur film : Je suis mort mais j'ai des amis de Guillaume Malandrin & Stéphane Malandrin, Le tout nouveau testament de Jaco Van Dormael, Melody de Bernard Bellefroid, Préjudice de Antoine Cuypers, Tous les chats sont gris de Savina Dellicour
Meilleur premier film : L'année prochaine de Vania Leturcq, Préjudice de Antoine Cuypers, Tous les chats sont gris de Savina Dellicour
Meilleur réalisateur : Fabrice Du Welz (Alleluia),  Jaco Van Dormael (Le tout nouveau testament), Bernard Bellefroid (Melody), Savina Dellicour (Tous les chats sont gris)

Meilleur film étranger en coproduction :
La famille Bélier de Eric Lartigau, Le chant de la mer de Tomm Moore, Marguerite de Xavier Giannoli, Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore
Meilleur film flamand: Brabançonne de Vincent Bal, Cafard de Jan Bultheel, D'Ardennen de Robin Pront, Waste Land de Pieter Van Hees
Meilleur scénario original ou adaptation : Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Le tout nouveau testament, Préjudice

Meilleure actrice : Christelle Cornil, Yolande Moreau, Annie Cordy, Veerle Baetens
Meilleur acteur : Wim Willaert, François Damiens, Jérémie Renier, Bouli Lanners
Meilleure actrice dans un second rôle : Helena Noguerra, Yolande Moreau,  Anne Coesens, Babetida Sadjo
Meilleur acteur dans un second rôle : Marc Zinga, Laurent Capelluto, David Murgia, Arno Hintjens
Meilleur espoir féminin : Stéphanie Van Vyve, Pili Groyne, Lucie Debay, Manon Capelle
Meilleur espoir masculin : David Thielemans, Benjamin Ramon, Romain Gelin, Arthur Bols

Meilleure image: Alleluia, Le tout nouveau testament, Préjudice : Frédéric Noirhomme
Meilleur son: Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Le tout nouveau testament
Meilleurs décors: Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Tous les chats sont gris
Meilleurs costumes: Je suis mort mais j'ai des amis, La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, Tous les chats sont gris
Meilleure musique: Alleluia, Le tout nouveau testament, Melody
Meilleur montage: Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Tous les chats sont gris
Meilleur documentaire: Bureau de chômage de Anne Schitz et Charlotte Grégoire, I don't belong anywhere - Le cinéma de Chantal Akerman de Marianne Lambert, L'himme qui répare les femmes de Thierry Michel, La nef des fous de Patrick Lemy et Eric D'Agostino
Meilleur court métrage de fiction : Jay parmi les hommes de Zeno Graton, L'ours noir de Méryl Fortunat-Rossi & Xavier Seron (le premier long-métrage de Xavier Séron Je me tue à le dire avec Jean-Jacques Rausin vient d'ailleurs d'être primé au festival de Palm Springs, sortie courant 2016), Tout va bien de Laurent Scheid

Chantal Akerman (1950-2015) déménage là-bas…

Posté par vincy, le 6 octobre 2015

Libération a annoncé ce mardi 6 octobre le décès de la cinéaste belge Chantal Akerman à l'âge de 65 ans. Elle a mis fin à ses jours.

Réalisatrice prolifique, mélangeant humour décalé, écriture du nouveau roman, cadrage épuré et art plastique, Chantal Ackerman filmait avec rigueur et exigence des histoires cérébrales et tendres. Souffrant d'une sale réputation, on la disait soupe au lait et arrogante, elle refusait la langue de bois, se méfiait de la diplomatie et de la courtoisie hypocrite. Froide? sans doute. Chaleureuse aussi. Au point souvent de se sentir trahie quand la fidélité et l'amitié étaient blessées sur l'autel des compromis.

Issue d'une famille de juifs originaires d'Europe centrale venue s'installer en Belgique dans les années 30 (sa mère a survécu aux camps de concentration), Chantal Akerman a réalisé près de 50 films.

Née en 1950 à Bruxelles, elle avait soif de cinéma, quitte à plaquer le lycée puis l'Insass (la Fémis belge) avant leur terme. Chantal Akerman réalise son premier court-métrage à 18 ans, Saute ma ville, où elle se suicide en se faisant exploser. Prémonitoire? La fin de son premier film, allégorie de sa propre fin. Tout est déjà dit, montré. C'est Pierrot le fou, le film qui l'a conduite à son métier, muée en folie Ackerman. D'un naturel dépressif, trop perfectionniste, enragée de l'intérieure, la jeune femme trouvera à New York de quoi l'apaiser, même si, elle l'avouera plus tard, elle ne sera jamais apaisée. En 1974, dans Je tu il elle, la féministe se filme dans une scène lesbienne sublime. La séquence est encore une référence...

En 1975, elle tourne Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles, avec Delphine Seyrig. L'histoire d'une jeune veuve qui influencera Gus van Sant et Todd Haynes. Elle filme sans chichis, de manière frontale le quotidien, la routine, les rites comme personne, en étirant le temps jusqu'à faire exploser la soupape. 3h45 de cinéma. Il y a une part de tragédie dans chacune de ses oeuvres. Dans celle-ci tout y est: la prostitution subie, la souffrance dans laquelle on se complaît, le plaisir impossible, l'orgasme dévorant... Marguerite Duras a dit "Cette femme est folle" en parlant du personnage.

Le désordre mental de ses personnages illustre aussi l'éclectisme et l'éclatement d'une filmographie sans ordre. "Je pense que j'ai de la chance d'être là et je ne vais pas cracher sur la vie. Mieux je me porte, mieux je travaille" expliquait-elle dans Libération il y a deux ans. Entre cinéma expérimental et tentatives de comédies décalées, fictions quasi documentaires et documentaires presque romancés, elle aborde tout, de la danse (Pina Bausch avec Un jour Pina m'a demandé) à la comédie musicale (Golden Eighties, fortement influencée par Jacques Demy).

Full sentimentale

A partir des années 1990, le cinéma de Chantal Akerman gagne en notoriété. Malgré son tournage désastreux, elle réussit à finir Un divan à New York, avec Juliette Binoche et William Hurt. La Captive, adaptation de La prisonnière de Marcel Proust, avec Stanislas Mehrar et Sylvie Testud, est sans doute la plus belle histoire d'amour qu'elle ait filmée. Toujours avec Testud et aussi Aurore Clément et Jean-Pierre Marielle, elle s'essaye à la fantaisie avec Demain on déménage, meilleur film francophone aux prix Lumière. La psychanalyse imprègne toutes ses histoires. En 2012 elle continue d'explorer les névroses sentimentales avec La folie Almayer, d'après le roman éponyme de Joseph Conrad, où elle retrouve Mehrar. On peut aussi citer Histoires d'Amérique (en compétition à Berlin en 1989), quête de l'identité juive de la cinéaste, et Nuit et jour (en compétition à Venise en 1991), histoire d'un triangle amoureux où Julie passe ses nuits avec Joseph et ses journées avec Jack.

Toujours enquête de formalisme, toujours à fouiller les angoisses des mères ou des couples, Akerman cherchait l'image parfaite pour traduire le vide existentiel, la tristesse de la solitude, l'humour comme rempart à la mélancolie et surtout à comprendre les liens entre le sexe et l'argent, l'amour et la matière. L'espace et le temps font le reste: ils sont là pour exprimer l'ennui. Elle a étendu son art aux installations contemporaines, plasticiennes.

Pour le réel, elle préférait le documentaire: les émigrants mexicains dans De l'autre côté, la vie en Europe de l'Est au moment de la chute du bloc soviétique dans D'Est, New York dans News from Home, sa mère dans No Home Movie, présenté à Locarno en août dernier, Là-bas, nommé aux Césars, sur Israël.

Captive de ses troubles, Chantal Akerman essayait de regarder la réalité en face, de comprendre ce qui poussait les gens non pas dans la folie mais dans les territoires dangereux où la raison pouvait se perdre.

Adèle Haenel cherche la Fille inconnue pour les Dardenne

Posté par redaction, le 23 avril 2015

adele haenelLe Film français révèle qu'Adèle Haenel, César de la meilleure actrice cette année pour Les Combattants, sera l'interprète principale dans le prochain film des frères Dardenne.

La fille inconnue sera tourné cet automne (on imagine déjà une sélection à Cannes l'an prochain). Jean-Pierre et Luc Dardenne ont imaginé l'histoire de Jenny (Adèle Haenel), médecin généraliste, qui n'a pas ouvert la porte de son cabinet à une jeune fille retrouvée morte peu de temps après. L'identité de la jeune fille est inconnue, Jenny, qui se sent coupable, se met en quête de trouver son nom...

Sur le site web de leur société de production, Les Films du fleuve, ils annoncent que le film sera distribué en France par Diaphana, et coproduit avec Archipel 35.

Le dernier film des Dardenne, Deux jours, une nuit, était en compétition au Festival de Cannes l'an dernier. Pour la première fois, le film est reparti sans aucun prix au palmarès.

Les Magritte 2015 partagent ses prix entre les Dardenne, Belvaux et Coninx

Posté par kristofy, le 9 février 2015

marion cotillard deux jours une nuit

Pour sa cinquième édition, la cérémonie des Magritte, l'équivalent des César pour les films belges francophones, a récompensé les deux films belges qui ont eu à la fois un succès critique et public aussi bien en Belgique qu'en France : 3 prix pour Deux jours, une nuit des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne (meilleur film, meilleure réalisation, et meilleur acteur pour Fabrice Rongione) et 3 prix pour Pas son genre de Lucas Belvaux (meilleur scénario, meilleure actrice pour Emilie Dequenne, et meilleur son). A noter également 3 prix pour Marina de Stijn Coninx (meilleur film flamand, meilleurs décors, meilleurs costumes), d'ailleurs coproduit par les Dardenne.

Deux jours, une nuit et Pas son genre étaient les favoris avec chacun 8 nominations. Dans les catégories reines (meilleur film, réalisateur, scénario...), les mêmes films étaient en concurrence : Deux jours, une nuit de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne, Pas son genre de Lucas Belvaux, Henri de Yolande Moreau et La marche de Nabil Ben Yadir.

Un Magritte d'Honneur a également été remis à Pierre Richard. L'immense comédien français a souvent joué sous la direction de réalisateurs belges comme La partie d’échec d’Yves Hanchar (1994) et Les âmes de papier (2013) de Vincent Lannoo, présent aux côtés de Julie Gayet, également à l'affiche du film.

Par le jeu des co-productions franco-belges les Magritte sont aussi en correspondance avec les Césars.
Le jeune Marc Zinga a vécu lui une belle année 2014. Couronné par le Magritte du meilleur espoir masculin pour son rôle dans Les rayures du zèbre de Benoît Mariage, il est également nominé au César du meilleur espoir masculin mais pour son autre film de l'année Qu'Allah bénisse la France et il a été choisi pour jouer un rôle de méchant face à 007 dans le prochain James Bond, Spectre.
Magritte du meilleur acteur dans un second rôle pour Jérémie Renier (Saint Laurent) est dans la même catégorie au César. Idem dans la catégorie de scénario pour Lucas Belvaux et Pas son genre.
Pour le César de la meilleure actrice, on retrouvera Émilie Dequenne dans Pas son genre face cette fois à Marion Cotillard (Deux jours, une nuit). Le Magritte du meilleur court métrage a récompensé La bûche de Noël de Stéphane Aubier et Vincent Patar, également en lice pour le César du meilleur court d'animation.

Voici le palmarès pour les principales catégories :

Meilleur film : Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Meilleurs réalisation : Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Deux jours, une nuit
Meilleure actrice : Emilie Dequenne dans Pas son genre de Lucas Belvaux (était aussi nominées Déborah François dans Maestro, et Pauline Etienne dans Tokyo fiancée qui sort chez nous le 4 mars)
Meilleur acteur : Fabrice Rongione dans Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne (révélé avec Emilie Dequenne dans Rosetta des Dardenne, et présent dans leurs films suivants L'enfant, Le silence de Lorna, Le gamin au vélo ; était aussi nominé Benoît Poelvoorde dans Les rayures du zèbre )
Meilleure actrice dans un second rôle : Lubna Azabal dans La marche de Nabil Ben Yadir (était aussi une nouvelle fois nominée Christelle Cornil pour Deux jours, une nuit et qui avait eu ce prix en 2011 pour Illegal)
Meilleur acteur dans un second rôle : Jérémie Renier dans Saint Laurent (il avait reçu déjà ce même prix pour Potiche de François Ozon)
Meilleur espoir féminin : Ambre Grouwels dans Baby Balloon de Stefan Liberski
Meilleur espoir masculin : Marc Zinga dans Les rayures du zèbre de Benoît Mariage
Meilleur scénario : Lucas Belvaux pour Pas son genre
Meilleure image : Manu Dacosse pour L'étrange couleur des larmes de ton corps de Hélène Cattet, Bruno Forzani (égaelement directeur de la photographie de Alléluia de Fabrice Du Welz)
Meilleur montage : Damien Keyeux pour La Marche de Nabil Ben Yadir
Meilleurs décors : Hubert Pouille pour Marina de Stijn Coninx
Meilleurs costumes : Catherine Marchand pour Marina de Stijn Coninx
Meilleur son : Henri Morelle et Luc Thomas pour Pas son genre de Lucas Belvaux
Meilleure musique originale : Soldout (David Baboulis et Charlotte Maison) pour Puppylove de Delphine Lehericey
Meilleur documentaire : Quand je serai dictateur de Yaël André (produit par Morituri)
Magritte du premier film : Je te survivrai de Sylvestre Sbille
Meilleur film étranger en coproduction : Minuscule, la vallée des fourmis perdues de Hélène Giraud et Thomas Szabo (était nominé aussi Une promesse de Patrice Leconte)
Meilleur film flamand : Marina de Stijn Coninx
Meilleur court métrage : La bûche de Noël de Stéphane Aubier et Vincent Patar (était nominé aussi En attendant le dégel de Sarah Hirtt)
A noter que le Magritte du meilleur premier film est lui le résultat du vote du public, et est allé à Je te survivrai de Sylvestre Sbille (avec Jonathan Zaccaï, déjà sorti en France le 28 mai). Les aléas de la distribution en salles sont parfois mystérieux, et c'est le moment de mettre ici en avant un autre premier belge qui était d'ailleurs éligible dans cette catégorie : Puppylove de Delphine Lehericey, qui d'ailleurs figure au palmarès avec un Magritte de la meilleure musique originale (par le duo Soldout). Le film est sorti en mai 2014 en Belgique, mais toujours pas en France alors que les acteurs principaux sont pourtant les français Solène Rigot, Audrey Bastien et Vincent Perez. Le film développe la rencontre entre deux filles très différentes de manière plus subtile que La vie d'Adèle et Respire de Mélanie Laurent (dont les actrices prétendent à un César meilleur espoir féminin que Solène Rigot aurait elle aussi mérité), en voici la bande-annonce :

Décès du cinéaste belge Jean-Jacques Rousseau: une sale affaire

Posté par vincy, le 13 novembre 2014

Le cinéaste belge Jean-Jacques Rousseau est mort à l'âge de 66 ans le 5 novembre dernier. Auteur d'une quarantaine de films aux titres imagés (L'Histoire du Cinéma 16, une auto-critique, La Revanche du Sacristain Cannibale, L’Etrange Histoire du Professeur Igor Yaboutich, L'amputeur Wallon, Le Diabolique Dr Flak, Le Poignard maudit, Wallonie 2084, etc...), notables pour leur style absurde, il avait été révélé au grand public dans le documentaire de Frédéric Sojcher, Cinéastes à tout prix (2004). Le film est projeté à Cannes, hors-compétition, et met ainsi à l'honneur son oeuvre.

Car Rousseau était un auteur marginal, un apôtre du surréalisme, un contestataire secret (il portait une cagoule), un autodidacte qui s'amusait avec le genre fantastique, l'horreur, l'histoire. Farouche combattant des puissants, cet insoumis avait acquis le surnom flatteur d'Ed Wood Wallon. "Le cinéma de l’Absurde, c’est un cinéma incompréhensible, surréaliste, un cinéma totalement hors norme. Nous vivons dans une époque de normalisation absolue. Il est bien évident qu’une fois que vous êtes dans l’absurde, on vous prend pour un dingue" expliquait-il.

Il avait débuté sa carrière comme exploitant de salles avant de passer derrière la caméra pour "fabriquer" des films avec des acteurs amateurs et des budgets ridiculement bas. "Le budget du film peut aller de 250 à 100 000 euros mais ça n’a jamais dépassé 100 000. Mais c’est déjà descendu en dessous de 250… J’ai surtout besoin d’argent pour pouvoir faire des films, pas pour moi. Il faut tout d’abord savoir que je suis bénévole dans mes films et que l’argent qui me vient maintenant provient de la Communauté Française, de mécènes, de gens qui aiment mon cinéma" explique-t-il sur son site.
"L’argent est nécessaire pour faire un film. Mais je dois dire que je suis totalement contre le fait que certains films français coûtent 10, 15, 20 millions d’euros. C’est énorme. On pourrait faire des films qui coûtent moins cher. L’acteur doit gagner moins" insiste l'artiste. Parmi ses mécènes, il y a Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners.

Admirateur de Kubrick, fan de La Créature du Lac Noir, ce bricoleur d'images et résistant à l'industrialisation du cinéma n'a jamais pu sortir ses films autre part que dans son cinéma ou dans les festivals. Ironiquement, il est mort dans des circonstances dignes d'un mauvais polar. 40 ans après ses débuts, le clap de fin a sonné dès cet été. Une altercation entre deux hommes un soir de juillet, dans un café de Courcelles, Le Napoléon (ironique là aussi quand on sait que Rousseau a filmé la Bataille Waterloo dans son jardin). L'un des deux protagonistes monte dans sa voiture, énervé, fonce sur l'établissement et heurte trois personnes qui n'ont rien à voir dans l'affaire. Le jeune chauffard s'est livré à la police. Mais il a blessé légèrement une personne et très grièvement deux autres, dont Jean-Jacques Rousseau. Il sombre dans le coma. Ne s'en réveillera jamais, succombant à ses blessures près de 4 mois plus tard, un jour d'automne.

Sur la mort, il disait : "La mort est le résultat de la vie. Quand on naît, quand on voit le fœtus, l’embryon, le spermatozoïde, il est déjà condamné à mourir. Quand un spermatozoïde a été sélectionné parmi des centaines de milliers, celui-là mourra. Il mourra pourquoi ? Parce qu’il sera tout d’abord embryonnaire, il va y avoir une espèce de petit hippocampe qui va se développer dans le corps de la mère. Mais déjà là, le cœur commence à battre ; et déjà il va falloir lutter contre la mort. Et toute la vie est une lutte contre la mort : globules rouges contre globules blancs. Et la mort, ça veut dire que nous serons vaincus."

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site officiel du cinéaste

Amélie Nothomb de retour sur les écrans

Posté par vincy, le 30 octobre 2014

tokyo fiancée pauline etienne taichi inoue amelie nothomb

Amélie Nothomb est une écrivain populaire (chacun de ses livres dépasse les 100000 exemplaires). Son dernier roman, Pétronille, est finaliste dans la sélection du prestigieux Prix Renaudot. Certaines de ses histoires sont transposées au théâtre. Mais plus rarement au cinéma.

23 livres publiés et seulement 2 qui ont été adaptés, médiocrement qui plus est: Hygiène de l'assassin, réalisé par François Ruggieri en 1999, avec Jean Yanne et Barbara Schulz, et Stupeur et tremblements d'Alain Corneau en 2003, avec Sylvie Testud (rôle qui lui a valu le triplé César-Lumière-Etoile d'or de la meilleure actrice et un prix d'interprétation au Festival de Karlovy Vary).

Cette année, un troisième roman de la plus nippone des auteures belges est porté à l'écran. Tokyo Fiancée sera l'adaptation de Ni d’Ève ni d'Adam, prix de Flore (et sans doute son dernier grand roman) en 2007. Le titre cinématographique correspond au titre du livre sur les marchés étrangers.

Le film, entre Amélie Poulain et Lost in Translation, a été projeté aux Festivals de Toronto et de Namur ces dernières semaines.

Eurozoom distribuera Tokyo Fiancée en France le 18 février 2015, pour la Saint-Valentin. Il vient de sortir en Belgique (où il connaît un succès modeste).

Réalisé par Stefan Liberski (Bunker Paradise), et interprété par Pauline Etienne (La religieuse), Tokyo Fiancée retrace l'histoire de la jeunesse japonaise d'Amélie, un peu avant, pendant et après les événements relatés dans Stupeur et Tremblements. Elle y rencontre un jeune japonais, Rinri (Taichi Inoue), et vont tomber éperdument amoureux l'un de l'autre. Mais le destin d'Amélie est-il de rester au Japon ou d'écrire un roman?

Catherine Deneuve dans la comédie surréaliste de Jaco Von Dormael

Posté par vincy, le 3 juin 2014

Catherine Deneuve rejoint Benoit Poelvoorde et Yolande Moreau sur le prochain film de Jaco Van Dormael, selon les informations du Film Français. Le projet, alors intitulé Le tout nouveau testament, avait été annoncé en février. La fille de Dieu est l'histoire de Dieu, qui réside à Bruxelles, qui s'offre un petit tour parmi les mortels pour retrouver sa fille, Ea. Celle-ci, qui ne porte pas son père dans son coeur, a fugué, après s’être emparée de l’ordinateur divin et avoir révélé à tous les êtres humains la date de leur mort.

Le tournage de cette comédie surréaliste écrite par Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig commencera le 7 juillet.

Deneuve et Poelvoorde viennent de tourner ensemble Trois coeurs, de Benoît Jacquot, qui pourrait être sélectionné au prochain festival de Venise.

Au Nom du Fils : 10 bonnes raisons d’aller le voir

Posté par kristofy, le 7 mai 2014

Après le film d'horreur Aux Yeux des vivants sorti dans seulement 9 salles en France la semaine dernière, c'est maintenant la comédie Au Nom du Fils qui est victime de la frilosité des distributeurs. Les grands groupes - à commencer par Pathé-Gaumont et Mk2 - en position de domination sur le parc des écrans disponibles tout comme la majorité des multiplexes (comme Kinepolis, Mega CGR...) et même les cinémas Arts et Essai du réseau AFCAE ne satisfont pas assez leurs engagements de diffuser une plus grande diversité de la production cinématographique. Le fait n'est d'ailleurs pas nouveau, déjà l'année dernière le film Désordres (avec Sonia Rolland, Niels Schneider et et Isaach de Bankolé)  n'a pu trouver de salles...

Le cas du film Au Nom du Fils est un cas particulier puisque il est exploité dans différents réseaux en province mais qu'il a failli n'avoir aucune salle à Paris : une censure qui ne dit pas son nom en rapport avec le thème de l'histoire. On y voit dans une famille catholique (islamophobe et homophobe), la mère se lancer dans une expédition punitive contre des prêtres pédophiles protégés par leur hiérarchie... Il s'agit d'une comédie belge anticléricale en apparence mais qui évoque surtout les extrémismes les plus condamnables.

Il y a au moins une dizaine de raisons de ne pas boycotter ce film et d'aller le voir en salles :

1. Ce film a reçu plusieurs récompenses : on est loin d'un brûlot à thèse polémique. Il s'agit surtout d'une comédie avec un humour noir à la fois belge et macabre. Il a remporté le prestigieux Méliès d’or du European Fantastic Film, et a reçu 7 nominations aux Magritte (les César belges).

2. Une parodie en avance sur l’actualité : le Pape lui-même a fait une déclaration ce 11 avril 2014 qui condamne les prêtres pédophiles, demandant pardon pour eux. Les préjugés liés à la religion font recettes au cinéma en ce moment, Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu ? va dépasser les 5 millions de spectateurs et sera l'un des plus gros succès de l'année.

3. Vincent Lannoo est un des meilleurs réalisateurs belges : si les frères Dardenne et Joachim Lafosse ont la côte à Cannes, Vincent Lannoo a eu beaucoup moins de chance avec l'exportation en France de ses films. Le premier Strass réalisé selon les règles Dogma est sorti en salles puis en dvd. Son deuxième, Ordinary Man est un thriller où un homme garde prisonnière une femme dans le coffre de sa voiture. Il n'a pas été distribué. Son troisième Vampires revient à la technique d'une équipe qui filme un reportage : sortie confidentielle puis en dvd. Son quatrième Little Glory dans un décor nord-américain est un très bon  drame vu au festival de Cabourg, mais pas distribué. Au Nom du Fils tourné en 2012 est son cinquième film. Son sixième Les âmes fortes au casting français prestigieux avec Julie Gayet et Pierre Richard est sorti trop discrètement entre les fêtes de fin d'années 2013. Vincent Lannoo affectionne beaucoup le mélange des genres et prépare un Robin des Bois contre les Zombies...

4. Plus de diversité : entre les suites et les remakes du super-héros américains qui se suivent (Captain América, Spider-Man, les X-Men...), il est sain d'aller voir ailleurs si ce n'est pas meilleur. Vous pouvez demandez à votre cinéma habituel de programmer Au Nom du Fils, voir même de débattre de son affiche (par exemple à Versailles ou à Saint-Cloud qui avaient fait enlever celles de l’inconnu du lac), mais, en attendant, il est essentiel de soutenir un film décalé, fin, violent, provocateur, sarcastique, gonflé, jamais blasphématoire qui rappelle Serial Mom de John Waters.Pour qu'il circule, il faut le voir dès la première semaine. Pour que le cinéma puisse encore être un art libre, loin du formatage industriel, permettant d'exprimer toujours et encore un point de vue singulier, quitte à déranger.

5. Astrid Whettnall est une comédienne belge extraordinaire : elle s'est longtemps réservée à jouer des pièces de théâtre mais maintenant le cinéma à l'oeil sur elle. Elle avait déjà un rôle dans Vampires et Little Gory mais ici, dans Au Nom du Fils, le premier rôle c'est elle. ce qui lui valu une nomination en tant que meilleure actrice aux Magritte. Depuis elle apparaît aux génériques de Costa Gavras (Le Capital), Claude Lelouch (Salaud on t’aime), Jalil Lespert (Yves Saint Laurent)…

6. Achile Ridolfi est la révélation belge : lui aussi comédien rompu aux planches du théâtre, il a reçu pour Au Nom du Fils le Magritte du meilleur espoir masculin.

7. Zacharie Chasseriaud va devenir grand : cet adolescent grandit au fur et à mesure des films, il était déjà dans Les Géants de Bouli Lanners à Cannes et dans Tango libre de Frédéric Fonteyne  à Venise. Outre Au Nom du Fils, depuis le début de l'année on a pu le voir dans 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, dans Aux yeux des vivants et il a surtout irradié de fraîcheur et de beauté La Belle Vie de Jean Denizot, l'une des belles surprises de ce début d’année.

8. Philippe Nahon en prêtre : Il a marqué de sa présence les films de Gaspar Noé et Haute Tension de Alex Aja. Depuis, il a souvent appelé pour jouer les rôles de salauds ou de tueurs. Pour une fois on le voit dans la robe d'un (in)digne représentant de l'église...

9. Carlo Ferrante toujours inconnu en France : il apparaît ici juste dans un petit rôle secondaire d'un réalisateur d'émission de radio, mais c'est l'un des plus attachant acteurs belges. C'est aussi le complice fidèle de Vincent Lannoo qui en a fait le héros de Strass, Ordinary Man, Vampires.

10. Un peu de philosophie : c'est la période du bac qui approche, voir un film et en parler avec les autres c'est toujours une bonne chose. Deux exemple de sujets en rapport avec Au Nom du Fils: Quelles différences entre servir un Dieu et se servir d'un Dieu ? Peut-on rire de tout ?

« Au nom du fils » privé de salles à Paris

Posté par vincy, le 22 avril 2014

affiche au nom du filsLe Film Français révèle une situation surprenante : un film belge distribué partout en France, sauf à Paris. C'est ce qui arrivera au film Au nom du fils, de Vincent Lannoo, distribué par Eurozoom.

Primé au festival du film fantastique de Neuchâtel en Suisse, sélectionné dans les festivals de Montréal, Namur, Karlovy Vary, Turin, à l'Absurde séance, 7 fois nommé aux Magritte du cinéma (les Césars de la Belgique francophone), Au nom du fils sera diffusé dans une quinzaine de grandes villes de province au minimum. Le film est co-écrit par le québécois Philippe Falardeau, nommé à l'Oscar du meilleur film étranger pour Monsieur Lazhar.

Cet "incident" industriel révèle une fois de plus les problèmes dont souffrent les distributeurs indépendants d'une part, et la difficulté à promouvoir des films de genre ou singuliers d'autre part. Ici l'humour belge - l'histoire est celle d'une mère, catholique convaincue, qui décide de venger son fils, qui vient de se suicider après avoir avoué son amour pour un prêtre, en s'en prenant aux membres du clergé impliqués dans la pédophilie - passerait mal (elle est loin l'époque de C'est arrivé près de chez vous? ).

Pourtant, il y a un public pour ce comique décalé, teinté de noir et de jaune. Et si le film était mauvais, pourquoi le circuit Utopia ou des salles art & essai de références en province l'auraient choisi? Le sujet (religion, pédophilie)? Alors cette censure déguisée serait grave. Philippe Falardeau explique au Film français : "Le film n’est ni scabreux, ni scandaleux. Lars van Trier fait bien pire. Vincent Lannoo me disait qu’avec les manifestations de droite récentes, les exploitants de salle ne voulaient peut être pas passer pour des antireligieux. Sur un terrain plus marécageux, j’ai toujours pensé qu’une intelligentsia cinématographique, tant au niveau de la production que de la distribution est plus en plus réticente à montrer des films de la francophonie quand ils ne sont pas signés par quelques favoris comme Joachim Lafosse, les Dardenne ou Xavier Dolan. Même si je suis mal placé pour me plaindre". Il demande une explication claire pour justifier ce refus de la part des salles parisiennes.

Il est très rare qu'un film distribué en France ne soit pas diffusé en salles. Mais il est de plus en plus fréquent que des bons films d'auteur ne trouvent plus leur place ailleurs que dans une ou deux salles parisienne... Pour Eurozoom, il faudra peut-être suivre de très près l'expérience du film d'Abel Ferrara, Welcome in New York, qui sera lancé exclusivement en vidéo à la demande. Si les cinémas ne veulent plus de ces films, il n'y a pas de raison qu'on ne les montre pas au public, qui désormais a le choix des écrans.

Cannes 2014 – les prétendants : une multitude de candidats européens

Posté par vincy, le 5 avril 2014

Bent Hamer 1001 grammes

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. Année européenne politiquement, elle pourrait aussi l'être cinématographiquement. Les plus grands noms sont au rendez-vous. Avec un contingent massif venu du Royaume Uni, de Scandinavie, de Hongrie et d'Italie. Des pays souvent gâtés par Cannes. Reste aussi quelques auteurs majeurs venus d'ailleurs : Russie, Turquie, Allemagne, Autriche, ...

Fatih Akin, The Cut. Avec Tahar Rahim, George Georgiou, Akin Gazi. L'ovni du Festival? Film muet façon Chaplin croisé à un Western style Sergio Leone, ce film annoncé comme philosophique suit un père de famille dans son tour du monde, à la recherche de ses enfants disparus lors de la première guerre mondiale. Une occasion pour célébrer le centenaire de la Grande guerre?

Roy AnderssonA Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence. Avec Holger Andersson, Nisse Vestblom. Prix du jury avec Chansons du deuxième étage en 2000, le cinéaste suédois est très attendu avec son humour absurde. Le film est annoncé comme l'ultime épisode de sa trilogie, dont le deuxième film était Nous, les vivants en 2007..

Jonas Alexander ArnbyWhen Animals Dream. Avec Lars Mikkelsen, Jakob Oftebro, Sonja Richter. La séance de minuit parfaite? Un film d'horreur avec une adolescente solitaire qui vit avec sa mère en chaise roulante sur une île. Ce premier film pourrait être très convoité par les sélections parallèles. Arnby a longtemps travaillé avec Lars Von Trier.

Susanne BierSerena. Avec Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Rhys Ifans. Ce drame familial en Caroline du Nord durant les années 30 serait l'occasion de croiser le couple chéri de David O. Russell sur la Côte d'Azur. Susanne Bier peut aussi présenter un film qui n'a rien d'hollywoodien puisqu'elle vient d'achever En Chance til (Une deuxième chance).

John Boorman, Queen and Country. Avec David Thewlis, Tamsin Egerton, Caleb Landry Jones. Cette suite du film Hope and Glory (1987) est l'histoire d'un anglais qui a grandit dans une Londres bombarédée durant la seconde guerre mondiale avant de devoir s'engager lui-même dans un conflit, en Corée. Boorman a reçu le prix de la mise en scène à Cannes il y a 16 ans avec The General.

Nuri Bilge CeylanWinter Sleep (Sommeil d'hiver). Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag. Deux grand prix et un prix de la mise en scène, le Turc Ceylan part avec de bonnes dispositions. Son film est terminé, patientant tranquillement pour être montré sur la Croisette. On ne connait rien de l'histoire, si ce n'est qu'elle se déroule en Cappadoce.

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Deux jours, une nuit. Avec Marion Cotillard, Olivier Gourmet, Catherine Salée. On voit mal les frères belges, deux Palmes d'or au compteur, primés à chacun de leurs films en compétition à Cannes, être absents. Pour le symbole, il serait amusant de ne pas les sélectionner. Mais cette éventualité est peu probable : le film est prêt, Cotillard est une star et le sujet très social. On l'annonce même "grand public".

- Sauld Dibb, Suite française. Avec Margot Robbie, Michelle Williams, Ruth Wilson, Kristin Scott-Thomas, Matthias Schoenaerts, Lambert Wilson, Sam Riley. L'adaptation du roman d'Irène Némirovsky sous les Palmiers? cela dépendra beaucoup de la stratégie de Harvey Weinstein en vue de la campagne pour les Oscars qu'il prépare pour ce film. Cannes, Venise, Toronto? Où faire l'avant-première mondiale? L'histoire est celle d'une villageoise française qui tombe amoureuse d'un soldat allemand durant les premières années de l'Occupation.

- Andrea Di Stefano, Paradise Lost. Avec Josh Hutcherson, Benicio Del Toro, Brady Corbet. Premier film réalisé par le comédien italien, ce thriller romantique a sûrement plus de chances d'aller à Venise. Tout se passe en Colombie, où un jeune surfeur rencontre la femme de ses rêves, puis l'oncle de celle-ci, Pablo Escobar.

Andreas DresenAls wir träumten (Pendant que nous rêvons). Avec Ruby O. Fee, Joel Basman, Peter Schneider. Grand prix à Berlin en 2002, Prix un Certain regard en 2011 avec Pour lui, c'est l'un des cinéastes allemands à surveiller. Ce film, adaptation du roman de Clemens Meyer, est la chronique de jeunes amis juste avant la chute du mur de Berlin.

Stephen Frears, Lance Armstrong. Avec Ben Foster, Chris O'Dowd, Dustin Hoffman, Guillaume Canet. Un film biographique (avec ceux de Leigh et Loach, ça commence à devenir une tendance du cinéma britannique) sur le cycliste américain, multiple champion du Tour de France avant une tombée aux enfers suite aux accusations de dopage. Frears n'a pas été en compétition depuis 18 ans. Et il a surtout envoyé ses meilleurs films à Venise.

- Jean-Luc Godard, Adieu au langage. Avec Kamel Abdeli, Dimitri Basil, Zoé Bruneau. A 84 ans, le Maître hélvétique reste l'un des réalisateurs les plus courtisés par les grands festivals. Godard a déjà été cinq fois en compétition. Cette fiction a été tournée avec lenteur, deux jours par semaine pendant deux ans. Film en 3D, il se concentre sur deux couples dans deux espace-temps différents, avec le langage comme lien (territoire?) commun entre les Hommes.

- Szabolcs Hajdu, Mirage. Avec Isaach De Bankolé, Razvan Vasilescu, Orsolya Török-Illyés. Issu de la jeune génération de cinéastes hongrois, Hajdu propose avec ce film l'histoire d'un joueur de football africain qui commet un crime dans une petite ville hongroise et qui doit fuir. Il trouve refuge dans une ferme, qui est, en fait, un camp d'esclave moderne.

Bent Hamer1001 grammes (photo). Avec Ane Dahl Torp, Laurent Stocker, Hildegun Riise, Didier Flamand, Per Christian Ellefsen. Le film est déjà calé pour une sortie le 24 décembre en France. Hamer a imaginé qu'une scientifique norvégienne, Marie, en séminaire à Paris (sur le poids réel du kilo), elle mesure sa vie, ses déceptions et ses amours, qui pèsent finalement peu sur la balance. Rappelons que trois de ses récents films étaient à Cannes :  La nouvelle vie de Monsieur Horten à Un certain regard en 2007, Factotum et Kitchen Stories à la Quinzaine des réalisateurs, respectivement en 2005 et 2003.

- Jessica Hausner, Amour fou. Avec Christian Friedel, Birte Schnoeink, Stephan Grossmann. Après Lourdes, remarqué à Venise, la cinéaste autrichienne, repérée à la Cinéfondation il y a 15 ans, s'est inspiré de la vie de l'écrivain et dramaturge Heinrich von Kleist (Le Prince de Hombourg, Michael Koohlhaas), qui a finit ses jours en se suicidant avec son compagnon.

- Duane Hopkins, Bypass. Avec George MacKay, Benjamin Dilloway, Donald Sumpter, Charlotte Spencer. 5 ans après Better Things, le cinéaste revient avec un thriller, tourné dans la région de Norfolk, dont le héros est un jeune homme malade.

Dagur KariFusi (Rocketman). Avec Margrét Helga Jóhannsdóttir, Sigurjón Kjartansson, Ilmur Kristjánsdóttir. Un peu d'Islande sous les Palmiers? Le film suit un quadra qui ne sort pas de l'enfance et vit toujours chez sa mère. Mais l'arrivée d'une jeune femme va bouleverser sa routine.

- Panos Koutras, Xenia. Film en suspens. Les financements manquent pour cette histoire de deux frères qui recherchent leur père afin d'obtenir la nationalité grecque. Homosexualité, mafia, extrême-droite, immigration clandestine, crise économique : Koutras raconte la Grèce d'aujourd'hui. Reste que tout était presque terminé quand le gouvernement grec a décidé de geler les aides au cinéma.

Emir KusturicaOn the Milky Road. Avec Monica Bellucci, Natasa Ninkovic. Un double palmé, ça revient régulièrement. Cette fois-ci Kusturica a concocté un drame sentimental serbo-bosniaque avec une femme qui perd son mari la veille de son mariage.

Ken Loach, Jimmy’s Hall. Avec Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott. 3 Prix du jury, une Palme d'or, on voit mal Ken Loach ne pas revenir en compétition. D'autant qu'il a annoncé sa retraite après ce film, un biopic sur leader communiste irlandais James Gralton.

Mike Leigh, Mr. Turner. Avec Timothy Spall, Lesley Manville, Roger Ashton-Griffiths. Parmi l'énorme contingent britannique, Leigh fait figure d'incontournable. Pas seulement parce qu'il a déjà reçu une Palme d'or, un prix de la mise en scène et présidé le jury de la Compétition. Mais bien parce qu'il s'attaque à un monument avec ce biopic sur le peintre anglais le plus célèbre du monde, J.M.W. Turner.

Kristian LevringThe Salvation. Avec Eva Green, Mads Mikkelsen, Jeffrey Dean Morgan. Un Western danois en anglais. Dans l'Amérique des années 1870, un homme tranquille tue le meurtrier qui a massacré sa famille. Il déclenche à la fois la colère d'un chef de gang et la peur des habitants de sa ville.

- Mario Martone, Il giovane favoloso. Avec Anna Mouglalis, Elio Germano, Isabella Ragonese. Un biopic sur la vie de Giacomo Leopardi, considéré comme le plus grand poète italien du XIXe siècle.

- Nanni Moretti, Mia Madre. Avec aussi John Turturro, Margherita Buy. Le film est déjà calé pour une sortie française le 17 décembre. Sera-t-il prêt à temps pour Cannes? Moretti est un des abonnés à la compétition mais le tournage de ce film partiellement autobiographique est à peine terminé.

Kornel MundruczoFehér isten (White God). Avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth. 6 ans après Delta, prix de la Critique à Cannes, le cinéaste hongrois, pourrait revenir avec un film qualifié d'aventure sentimentale. Une jeune fille se voit retirer son chien par son père. Elle décide de fuguer pour le retrouver.

- Gyula Nemes, Zero. Avec Udo Kier, Tamás Joó, Krisztián Kovács. Autre proposition hongroise qui pourrait atterrir dans une sélection parallèle : ici, l'histoire d'un jeune trentenaire se lance dans l’apiculture forestière. Mais ses abeilles sont chassées à cause d'un relais de relais de téléphonie mobile tout proche. Un film écologique dans la lignée des Erin Brokovitch.

- Claudio Noce, La foresta di ghiacciao. Avec Emir Kusturica, Adriano Giannini, Kseniya Rappoport. Deuxième film du jeune réalisateur italien qu'on verrait aussi à Venise. Il s'agit d'un thriller où les problèmes d'une centrale électrique révèlent une série de mystères qui hantent la région.

Ruben ÖstlundTourist. Avec Lisa Loven Kongsli, Johannes Kuhnke. Devenu un habitué de Cannes, après une sélection à Un certain regard et une autre à la Quinzaine des réalisateurs, le suédois Östlund pourrait faire son retour avec ce drame qui prend place dans les Alpes françaises. Une famille suédoise va affronter les conséquences d'une avalanche qui s'abat sur eux.

- György Pálfi, Free Fall. Avec Piroska Molnar, Reka Tenki, Zsolt Nagy. 8 ans après Taxidermie (Un certain regard), 2 ans après le grandiose Final Cut (hors compétition), le réalisateur hongrois va encore nous intriguer cette année avec l'histoire d'une femme qui saute du haut d'un immeuble : au fil des étages, le spectateur découvrira la vie des résidents... Reste à savoir si ce film tourné cet hiver sera prêt.

Christian PetzoldPhoenix. Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Michael Maertens. Barbara avait enthousiasmé le festival de Berlin il y a deux ans. Et le cinéma allemand est rarement présent à Cannes. Ce serait aussi l'opportunité de voir Nina Hoss, star outre-Rhin. Cette fois-ci, le cinéaste nous plonge dans l'après seconde guerre mondiale, avec une femme qui a survécu à la Shoah. Présumée morte, elle revient chez elle avec une nouvelle identité afin de savoir si son mari l'a bien trahie.

- Alice Rohrwacher, Le meraviglie. Avec Monica Bellucci, Alba Rohrwacher, Margarete Tiesel. Trois ans après Corpo Celeste à la Quinzaine des réalisateurs, la cinéaste italienne reviendra-t-elle sur la Riviera? Ou son film ira-t-il à Locarno, à Venise? Dans cette fiction, Gelsomina, 14 ans, vit au sein d'une famille gentiment dysfonctionnelle. L’arrivée de Martin, un jeune criminel allemand en programme de réhabilitation, va tout dérégler.

- Michaël R. Roskam, The Drop. Avec Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini. Difficile d'imaginer projet plus attirant. Le dernier film avec le Sporano. Le nouveau film du réalisateur de Bullhead. Et en bonus, l'adaptation d'une nouvelle de Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island). Dans ce polar, un barman de Brooklyn qui travaille dans l'enseigne de son cousin, spécialisée dans le recel d'argent liquide obtenu illégalement, est au coeur d'un braquage qui tourne mal et mettra les deux hommes en danger face à des mafieux décidés à récupérer leur butin.

- João Salaviza, Montanha. Avec David Mourato, Maria João Pinho, Ema Araújo, Margarida Fernandes. Palme d'or du court métrage il y a 5 ans et Ours d'or du court métrage il y a 2 ans, le cinéaste portugais pourrait désormais briguer la Caméra d'or avec ce premier long métrage. Durant un été brûlant à Lisbonne. Bruno, 14 ans, est dans l'attente de la mort imminente de son grand-père mais refuse de lui rendre visite, de peur de le perdre. Mónica, la mère de Bruno, passe ses nuits à l'hôpital. Le vide que laisse déjà son grand-père oblige Bruno à devenir l'homme de la maison, alors qu'il n'est pas prêt à passer à la vie adulte.

- Ulrich Seidl, In the Basement. Un docufiction sur ce qui se cache dans les caves autrichiennes. Seidl est un régulier du Festival et une présence en séance spéciale ne paraitrait pas incongrue : il développe ce projet depuis 5 ans.

- Peter Strickland, The Duke of Burgundy. Avec Sidse Babett Knudsen, Monica Swinn, Chiara D'Anna. Une femme étudie les papillons et teste les limites de sa liaison amoureuse (et la patience de son amoureux). Deux ans après l'acclamé Berberian Sound Studio, le britannique pourrait (enfin) faire ses débuts sur la Croisette.

Liv UllmannMiss Julie. Avec Jessica Chastain, Colin Farrell, Samnatha Morton. La muse de Bergman reviendra-t-elle pour la deuxième fois en compétition, 14 ans après Infidèle? Le film se déroule durant l'été 1890. Une jeune femme aristocrate tente de séduire le valet de son père. Il s'agit de l'adaptation de la célèbre pièce d'August Strindberg.

Thomas Vinterberg, Far From the Madding Crowd. Avec Carey Mulligan, Juno Temple, Michael Sheen, Matthias Schoenaerts. Prix de l'Europe à Cannes l'an dernier pour ce projet, Vinterberg reviendra-t-il à Cannes, deux ans après La chasse? Cette adaptation du roman de Thomas Hardy est le portrait d'une femme qui entretient des relations avec trois hommes différents.

- Lars Von Trier, Nymphomaniac vol II director's cut. Il n'est plus persona non grata depuis cet automne. Le cinéaste danois pourrait donc venir présenter hors-compétition le second volet, en version longue, de ce diptyque qui n'a pas trouvé son public en salles en version courte. Le premier film avait été présenté à la dernière Berlinale.

- Wim Wenders, Everything will be fine. Avec Rachel McAdams, James Franco, Charlotte Gainsbourg. On voit mal la Palme d'or de Paris, Texas ne pas revenir à Cannes avec sa première fiction depuis Rendez-vous à Palerme en 2008 (et déjà en compétition). L'histoire d'un écrivain, Tomas, qui, après une dispute conjugale, s'en va faire un tour de la ville et tue accidentellement un gamin.

Michael Winterbottom, The Face of an Angel. Avec Kate Beckinsale, Daniel Brühl, Cara Delevingne. Pas sûr que le film soit terminé dans les temps. Et face à l'invasion de cinéastes britanniques, Winterbottom ne semble pas favori. L'histoire tourne autour du procès d'Amanda Knox à travers le regard d'un journaliste et d'un documentariste.

Andreï ZvyagintsevLeviathan. Avec Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova, Aleksey Serebryakov. Un Lion d'or, un prix du jury Un certain regard : Zvyagintsev est l'un des cinéastes russes les plus respectés depuis une quinzaine d'années. Son nouveau film est une histoire d'amour dans une partie isolée du pays, une transposition moderne du Livre de Job.