Mon film de l’année 2015 : Sea Fog de Shim Sung-bo

Posté par kristofy, le 29 décembre 2015

Fin d'année oblige, faire un top 10 donne le vertige, alors, forcément, on transige... Cette année s'avère plus difficile. on subit le décalage d'un calendrier qui commence de facto en février à Berlin ou en mai avec le Festival de Cannes jusqu’à celui de l’année suivante : certains des meilleurs films en salles en 2015 étaient à Cannes en 2014 et d'autres qui étaient dans les festivals cette année ne sortiront pas avant l'année prochaine… On arrive à un top 10 des meilleurs films de 2015 toujours éclectique et cosmopolite, avec des films français, américains, britanniques,qui parlent argentin, chinois, coréen. Mais mon «coup de coeur de l'année» va en direction d’un film en provenance de Corée du Sud : Sea Fog: les clandestins (Haemoo) de Shim Sung-bo.

A l’inverse des blockbusters occidentaux qui cette année plus que jamais ont voulu faire du neuf avec du vieux en proposant suites et reboots, en y incorporant des éléments de remake (comme Jurassic World, James Bond-Spectre, Star Wars-the Force awaken…), à l’est, il y a toujours du (re)nouveau. Par exemple en Corée du Sud: territoire de cinéma où la qualité d’un premier film est telle qu’il est bien meilleur que quantités d’autres (suites) produits ailleurs. Depuis quelques années on a déjà remarqué un véritable savoir-faire coréen en matière de narration tant scénaristique que visuelle avec, par exemple, la possibilité de mélanger un drame intimiste avec de l’action spectaculaire (chose que Hollywood peine à reproduire).

La force de Sea Fog est son ambition de réunir dans un même film à la fois les éléments d’un drame social poignant et en même temps ceux d’un ‘film de genre’ type survival. Le point de départ est d’ailleurs inspiré de faits réels (la mort de plus d’une vingtaine de clandestins en provenance de Chine vers la Corée en 2001), et de manière crescendo, Shim Sung-bo oriente son film vers un thriller nihiliste. Sea Fog est un drame maritime où se côtoie les valeurs du Bien et du Mal sans réelle barrière, avec comme principe que ‘la fin justifie les moyens’, même si ces moyens sont extrêmes. L’histoire se déroule presque en trois actes : des marins, puis les marins et des clandestins, et ensuite de plus en plus de morts… Le spectateur se retrouve en position de s’identifier au capitaine du bateau et d’approuver ses décisions même si celles-ci peuvent transgresser la loi ou la morale. Un incident dramatique autant que tragique devra absolument et cruellement être caché de tous avant le retour au port : il va y avoir des cadavres à faire disparaître… Sea Fog réussit à allier une tragédie larmoyante et un spectacle sanglant, le tout dans un quasi huis-clos sur un bateau, au milieu d'un brouillard mystique. En mer personne ne vous entendra crier ?

Poitiers Film Festival: un palmarès aux saveurs asiatiques

Posté par cynthia, le 7 décembre 2015

Bien que le froid ait percé nos os, la soirée du palmarès nous a bien remis d'aplomb pour la semaine. En effet, c'est dans une ambiance bon enfant que la journaliste et chroniqueuse de "La Bande originale" sur France Inter Leïla Kaddour-Boudadi a présenté la remise des prix samedi soir dans l'auditorium de Poitiers. Drôle et lumineuse, la jeune journaliste devrait postuler pour présenter la prochaine cérémonie des César... on ne s'y endormirait pas pour une fois.

Les deux prix principaux ont couronné un film sud-coréen et un autre thaïlandais.

Palmarès

Grand prix du jury accompagné de 3000 euros offerts par la ville de Poitiers:
Janus de Sung Hwan Kim (Corée du sud) un court-métrage qui donne légèrement la nausée mais tout de même très original. L'histoire d'un couple en détresse après avoir renversé un enfant sur une route enneigée.
Prix spécial du jury accompagné de 1500 euros offerts par la Région Poitou-Charentes:
That Day of the Month de Jirassaya Wongustin (Thailande), notre petit coup de cœur de cette édition, l'histoire touchantes de deux amies et du jour de leurs règles.
Prix de la mise en scène accompagné de 1500 euros offerts par la Région Poitou-Charentes:
The Satanic Thicket-ONE de Willy Hans (Allemagne), un trip sous fond de satanisme à glacer le sang.
Prix du scénario accompagné de 1000 euros offerts par l'Université de Poitiers:
Ten Buildings Away (Israël) Un court-métrage dans l'ère du temps sur une famille de migrants.

Prix du Public accompagné de 1500 euros offerts par le Département de la Vienne:
Deux Amis de Natalia Chernysheva (France), une animation qui raconte l'histoire de deux amis, une chenille et un têtard qui grandissent dans deux environnements différents.

Prix Découverte de la Critique Française, prix attribué par le Jury du Syndicat Français de la Critique de Cinéma à l'issue d'un débat ouvert en public
Let's Burn Something on My Way Out! de Dennis Stormer et Jan D. Günther (Allemagne), un court-métrage qui raconte une histoire d'amour exceptionnelle, mais encrée dans la routine, d'un jeune couple.
Prix Amnesty International accompagné de 500 euros offerts par Amnesty International France:
The Living of the Pigeons de Baha' AbuShanab (Palestine), un aperçu troublant et surréaliste des allées et venues quotidiennes pendant «l'heure de pointe», aux premières heures du matin entre Bethléem et Jérusalem.
Prix Sakura accompagné de 1500 euros offerts par le Fonds de dotation Sakura:
Chhaya de Debanjan Nandy (Royaume-Uni), l'histoire d'un vieil homme cloitré dans une maison de retraite avec le souvenir de sa femme bien-aimée qui le suit comme une ombre.
Esel de Rafael Haider (Autriche), un conte qui met en scène un couple de personnes âgées qui s'efforcent de maintenir leur fermer jadis prospère, avec l'aide d'un âne en fin de vie.

Prix du jury étudiant accompagné de 1500 euros offerts pas l'Université de Poitiers:
Hotaru de William Laboury (France) Un court-métrage onirique.

Cannes 2015: Carte postale de Corée du sud

Posté par vincy, le 20 mai 2015

Le modèle français a du bon. En reproduisant le schéma de financement du cinéma français, le cinéma de Corée du sud est devenu un acteur majeur de la cinéphilie mondiale, en moins de vingt ans, profitant d'une "movida" liée à la libéralisation politique du début des années 80.

Non seulement les films nationaux cartonnent au box office, et même à l'export, mais en plus, cela a donné toute une génération de nouveaux auteurs devenus cultes, renouvelant, notamment, le film de genre.

A Cannes, les deux cinémas - le traditionnel et le moderne - cohabitent depuis le début du millénaire. Im Kwon-taek, Park Chan-wook, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Im Sang-soo, Kim Jee-woon sont devenus des grands noms du cinéma avec des oeuvres radicalement différentes, parfois extrêmes, parfois poétiques, flirtant avec la SF ou ancré dans un réalisme social.

Et aucun de ces styles n'a été oublié par les jurys des différentes éditions depuis 2000: la mise en scène pour Im Kwon-taek avec le très beau Ivre de femmes et de peinture, le Grand prix du jury avec l'ultra-violent Old Boy et le prix du jury pour Thirst, ceci est mon sang, tous deux de Park Chan-wook, le scénario pour Lee Chang-dong avec l'étrange Poetry, le Prix Un Certain regard pour Hong Sang-soo avec Hahaha et pour Kim Ki-duk avec Arirang.

En pleine renaissance, ce "jeune" cinéma sud-coréen a largement mieux conquis le monde que ceux de ses voisins en misant sur la variété. contrairement au cinéma de Hong Kong, il n'a pas voulu produire que des polars, thrillers et autres séries B même brillantes ; contrairement au Japon, il n'a pas laissé ses auteurs sans moyens de production et de diffusion ; contrairement à la Chine, il n'y a pas de système de censure qui empêche l'épanouissement des cinéastes. A cela s'ajoute la création du plus grand Festival et marché du cinéma en Asie, à Pusan, et une farouche envie de ne pas se laisser envahir par les productions étrangères (avec un système de quotas).

Pas étonnant, dans ce cas, que chaque année, parmi les 200 films produits dans le pays, des films sud-coréens soient sélectionnés à Cannes ou ailleurs. Les sud-coréens sont des cinéphiles exigeants: avec 215 millions de spectateurs vont dans les salles chaque année (plus qu'en France donc) et la moitié de ces entrées concernent des films nationaux.

Park Chan-wook revient en Corée du sud avec un thriller lesbien

Posté par vincy, le 15 septembre 2014

park chan wookLe réalisateur sud-coréen Park Chan-wook (Stoker, Old Boy) va adapter Du bout des doigts (Fingersmith), roman britannique de Sarah Waters.

Roman culte lesbien, Du bout des doigts, publié en 2002, se déroule à l'époque victorienne à Londres. La jeune Sue Trinder, orpheline élevée par deux trafiquants d'enfants, a dix-huit ans et fait la connaissance d'un escroc, surnommé Gentleman, qui l'entraîne dans une étrange affaire: escroquer la jeune et riche Maud Lilly, jeune fille née dans un asile, où est morte sa mère, et élevée par son oncle dans un manoir lugubre de la région. Dans cette atmosphère mystérieuse sur fond d'érotisme et de saphisme, les deux jeunes filles vont tisser une étrange relation, au milieu de complots et de trahisons.

Le tournage débutera en 2015. Le cinéaste va transposer l'action en Corée du Sud au XXème siècle, à l'époque de la domination de la péninsule par les Japonais. Le film est réintitulé Agassi (jeune fille en coréen). Il promet de conserver l'aspect sexy du thriller.

Ce roman avait fait l'objet d'une mini-série britannique en 2005 avec Sally Hawkins, Elaine Cassidy, Imelda Staunton et Rupert Evans.

Pour le réalisateur, ce sera son premier film "à domicile" depuis 2008. Le prochain festival de Pusan a annoncé fin août qu'il projetterait son nouveau court-métrage, A Rose Reborn.

Cannes 2014 – les prétendants : les grands noms asiatiques au rendez-vous

Posté par vincy, le 29 mars 2014

Gong Li dans Coming Home de Zhang Yimou

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. On peut y ajouter les derniers films de Kim Ki-duk et Hong Sang-soo, même s'ils ne sont pas encore finalisés. Et difficile de savoir ce qui sortira d'Iran, avec l'accord des autorités ou pas.

- Wang Bing, Love and hate. Une parfaite histoire chinoise : la vie d'un homme plongée dans ses contradictions, avec en toile de fonds celles de la Chine : famille et société, ville et campagne... Petit film indépendant, il est coproduit avec la France.

Hou Hsiao HsienThe Assassin. Avec Shu Qi, Chen Cgang. Le tournage fleuve est tout juste terminé. Pas sûr que le montage soit finalisé avant mai. Un syndrôme Wong Kar-wai autour de ce film d'arts martiaux. Cannes 2015 semble plus probable.

Ann HuiThe Golden Age. Avec Tang Wei, Feng Xiaofeng. Après le succès d'Une vie simple qui signait son grand retour dans les salles occidentales et les palmarès de Festival, ce biopic sur le romancier Xiao Hong pourrait être le symbole d'une consécration d'une carrière commencée il y a 35 ans. Surtout que Ann Hui, primée à Berlin et Venise, n'est jamais venu à Cannes.

- Naomi Kawase, Still the Water. Avec Makiko Watanabe, Hideo Sakaki, Tetta Sugimoto. Une chérie de la compétition et une des réalisatrices les plus respectées dans les circuits art & essai. Cette fois-ci, elle s'intéresse à un adolescent qui convainc sa petite amie d'enquêter sur le corps mort qu'il a trouvé en train de flotter sur l'océan.

- Eric Khoo, The Charming Rose. Avec Joanne Peh. Un régulier de la Croisette. Le cinéaste singapourien se penche cette fois-ci sur la vie d'une strip-teaseuse des années 50, Rose Chan.

- Kazuyoshi Kumakiri, My Man. Avec Tadanobu Asano, Tatsuya Fuji, Fumi Nikaidô. L'adaptation du roman de Kazuki Sakuraba - l'histoire d'une petite fille prise en main par un jeune homme après un tsunami - serait la première cannoise d'un réalisateur déjà récompensé ou remarqué dans des festivals comme Vesoul et Deauville.

Im Kwon-taekHwa-jang. Le vétéran sud-coréen (78 ans), récompensé par un prix de la mise en scène il y a 12 ans sur la Croisette, a boulé son 102e film! Il s'agit de l'adaptation d'un roman de Kim Hoon qui raconte la vie d'un homme qui a passé deux ans à soigner sa femme mourante et qui tombe amoureux d'une plus jeune femme.

- Nadav Lapid, L'institutrice. Après Le policier, le jeune cinéaste et écrivain israélien nous fait revenir à la maternelle, avec les mêmes thèmes - idéalisme, révolte, folie et résistance - dans un contexte toujours dramatique mais plus romanesque.

Takashi MiikeKuime. Avec Ko Shibasaki, Hitomi Katayama, Hideaki Ito. Une histoire de fantômes où un mari veut empoisonner sa femme pour en trouver une autre.

- Eran Riklis, Le deuxième fils. Avec Tawfeek Barhom, Ali Suliman, Laëtitia Eïdo. Adapté du roman de Sayed Kashua, cette comédie dramatique israélo-arabe d'un des réalisateurs israéliens les plus primés de ces dernières années pourraient faire son avant-première mondiale à Cannes. Un parfait "feel-good movie" sur les liens entre les deux communautés religieuses à Jérusalem.

- Johnnie To, Don't Go Breaking My Heart 2. Avec Daniel Wu, Louis Koo, Yuanyuan Gao. L'occasion de voir le réalisateur sous une autre facette avec cette suite d'une comédie romantique qui a cartonné en Asie.

- Apichatpong Weerasethakul, Utopia ou Cemetery of Kings. Avec Jenjira Widner. Grand point d'interrogation puisque peu de gens savent à quelle étape en est le dernier film du réalisateur d'Oncle Boonmee, Palme d'or sous le règne de Tim Burton. On sait tout juste qu'il s'agit de la rencontre près du Mekong dans le nord de la Thaïlande, d'une femme seule et d'un soldat dont tout le régime est atteint de la maladie du sommeil.

- Zhang Yimou, Coming Home. Avec Gong Li, Daoming Chen. Ce serait le grand retour du cinéaste sur la Croisette, 19 ans après Shanghai Triad. Et la 12e collaboration avec Gong Li. Ce drame romantique adapté d'un roman de Yan Geling se déroule lors de la révolution culturelle chinoise (comme Adieu ma concubine, Palme d'or). Une manière de célébrer les 50 ans de l'amitié France-Chine avec l'un des réalisateurs les plus "officiels" du régime. Le film sort en mai en Chine.

Box office : Miyazaki Empereur du Japon et Bong Joon-ho Roi en Corée du Sud

Posté par vincy, le 13 août 2013

Le dernier film d'Hayao Miyazaki continue de dominer le box office japonais. Kaze tachinu (The Wind Rises) a déjà récolté 45 millions de $ de recettes en 3 semaines. Il est en passe de devenir le film le plus vu de l'année. Miyazaki confirme ainsi son statut de roi du box office local (4 des 10 plus grosses recettes historiques sont signées du Maître). Ses récents films (Ponyo, Le château ambulant, ...) ont tous été les champions de  leur année respective. Le Voyage de Chihiro conserve même le record historique, toutes nationalités confondues, au BO japonais.

De l'autre côté de la mer du Japon, c'est un autre Maître du cinéma local qui règne. Snowpiercer, le transperceneige premier film en anglais de Bong Joon-ho, sorti le 1er août en Corée du Sud a déjà récolté 41 millions de $ (environ 6,5 millions d'entrées!) en dix jours. Déjà rentabilisé. Il a ainsi capté 44% des billets vendus lors de son premier week-end. Le film ne devrait avoir aucun mal à battre Iron Man 3 (64 M$) et Miracle in Cell N°7 (82M$), les champions actuels du BO sud-coréens. Rappelons que les précédents films de BJH ont cartonné en salles : Mother a terminé 10e de l'année 2009 (16M$) et The Host a été le film le plus populaire de l'année 2006 (65,6M$). Ce dernier film est d'ailleurs toujours le détenteur du record historique pour un film sud-coréen, en Corée du sud, avec 13 millions d'entrées.

Venise 2012 : Kim Ki-duk, Lion d’or pour une prière contre un monde devenu fou

Posté par kristofy, le 10 septembre 2012

L'histoire : Un homme solitaire exécute sa tâche sans aucune compassion pour autrui, son activité est de récolter le remboursement de prêts d’argent. Qu’importe si les débiteurs qui ont emprunté sont de simples ouvriers qui n’ont pas les moyens de rembourser, qu’importe si le taux d’intérêt prohibitif a multiplié par dix le montant de la somme, son métier est de forcer le remboursement de cet argent. Aucun problème de conscience pour brutaliser les pauvres malheureux qui ne peuvent pas rembourser, la violence extrême est même une solution puisque l’argent peut être récupéré auprès d’une assurance s'ils deviennent handicapés… Un jour une femme se présente à lui en affirmant être sa mère, celle-là même qui l’avait abandonné. Dans un premier temps, il la rejette, avant de l’accepter enfin dans sa vie. Une vengeance se prépare… Et la violence n'est pas absente : "Je veux me concentrer sur les implications de la violence" explique le réalisateur."Je me rends compte que le public peut la ressentir de façon plus forte à travers son imagination au lieu de la voir."

Pieta, Lion d'or de foi et d'argent

Le nouveau film de Kim Ki-duk Pieta est une histoire de vengeance comme les coréens savent si bien les écrire. Une vengeance qui suit un plan machiavélique particulièrement alambiqué comme on peut en voir dans No Mercy de Kim Hyoung-jun. Cependant Pieta est loin de ces thrillers à sensations fortes, il s’agit bien d’une oeuvre s'inscrivant dans la filmographie du cinéaste. Les personnages se décryptent par leurs nuances et leurs motifs. Par exemple, cet homme qui est prêt à se sacrifier une main pour un prêt qui lui permettrait d’offrir un cadeau à son enfant, et surtout jusqu’où peut aller l’amour d’une mère pour son fils. Et puis il y a l'inspiration religieuse de celui qui se rêvait prédicateur et fut pensionnaire dans un monastère étant jeune. Le film se termine  avec le chant religieux "Kyrie Eleison", l'affiche reprend la célèbre sculpture de Michel-Ange où la Vierge contemple son défunt fils. Moralisatrice, cette histoire oscille entre compassion, pénitence et sacrifices et ne manque pas de cruauté. Amen.

La foi versus l'ultralibéralisme. Car c'est bien son regard sur la folie du monde qui lui donne l'envie de se transcender. Kim Ki-duk évoque sa démarche ainsi : "Je crois que le public qui verra le film se posera des questions sur la société capitaliste. Les gens doivent changer et peu à peu se créera un mouvement de transformation" a-t-il déclaré. « Je veux parler du capitalisme extrême, et de ses conséquences sur les dynamiques des rapports humains qui s’en trouvent modifiés. On vit aujourd’hui une situation de crise profonde du capitalisme. Mes films sont mes yeux à travers lesquels je regarde la réalité. L’argent n’est pas important, c’est son usage qui est important. L’argent peut avoir un versant positif comme le don et la charité, et aussi un versant négatif comme la spéculation. C’est à cause de l’argent que les deux personnages de Pieta se rencontrent. Ce ne sont pas une victime et un bourreau : dans chaque être humain il y a en même temps un versant victime et un versant bourreau. Je le pense, et c’est ce que j’ai voulu montrer dans ce film. » L'argent comme ultime pêché.

Son prochain film explorera de nouveau ce thème : "comment les gens se dévorent les uns les autres à cause de l'argent".

Cinéaste sanctifié, par défaut

Le générique de début de Pieta affiche qu’il s’agit du 18ème film de Kim Ki-duk, qui affirme que cette coquetterie est une idée des producteurs. Cette mention a pour effet de se rappeler, si besoin était, que Pieta est peut-être plus que n’importe quel film coréen du moment, le nouveau film d’un maître du cinéma coréen… Kim Ki-duk qui réalisait un nouveau film presque chaque année s’était mis en retrait du monde du cinéma pour divers motifs personnels. Son retour a eu lieu en 2011 avec Arirang au Festival de Cannes (prix Un Certain Regard) puis avec Amen au Festival de San Sebastian.

Ses films ont presque tous été sélectionnés soit à Cannes (Souffle, L'arc) soit à Berlin (Ours d’argent du meilleur réalisateur pour Samaritan Girl, après y avoir présenté Bad Guy, Birdcage Inn) ; depuis son 4ème film, L’île, le nom de Kim Ki-duk commence à faire le tour du monde (2000) avant de nous éblouir en 2003 avec Printemps, été, automne, hiver…et printemps. L’île a été sa première sélection au Festival de Venise, il y sera ensuite pour Adress Unknown et Locataires qui lui avait valu le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Après avoir été plusieurs fois sur la deuxième marche du podium, Kim Ki-duk vient donc de décrocher le Lion d’or de Venise. La messe est dite. Kim Ki-duk rentre dans l'Olympe des cinéastes. Par défaut. The Hollywood Reporter indique en effet que le règlement du festival empêchait de donner la récompense suprême à The Master de Paul Thomas Anderson et les prix d'interprétation aux deux comédiens. Deuxième choix, Pieta était, cependant, parmi les 18 films de la compétition, l'un des quatre favoris pour le Lion d'or.

Le distributeur italien du film Pieta avait déjà prévu de sortir le film dans la foulée du festival de Venise, le Lion d’or 2012 sera donc en salles dès ce 14 septembre en Italie. Fin septembre, le réalisateur recevra au Festival d'Hamburg Film Festival le prix Douglas Sirk pour l'ensemble de sa carrière. Le film s'est d'ailleurs vendu à plusieurs distributeurs internationaux avant d'obtenir le Lion d'or. Il sortira en Allemagne, en Russie, en Norvège, en Turquie, en Grèce, à Hong Kong...

Mais pour découvrir ce film en France il faudra attendre… Le film sera présenté au Festival de Toronto cette année. De quoi boucler ses ventes.

Cannes 2012 : Qui est Kim Kang-woo ?

Posté par MpM, le 26 mai 2012

Ce trentenaire à la beauté animale et sensuelle a simultanément commencé une carrière à la télévision et au cinéma au début des années 2000, apparaissant dans les séries Breathless et Three Leafed Clover et dans The coast guard de Kim Ki-Duk. Ses rôles pour le petit écran lui valent rapidement le surnom de "Mr Right", parce que ses personnages sont honnêtes et consciencieux.

En 2005, Kim Kang-woo a obtenu son premier rôle d’envergure dans The Aggressives de Jeong Jae-eun ; cela lui vaut, ainsi qu’à son partenaire Chun Jung-myung, le prix du meilleur acteur des "Film Critics Awards" de Pusan. Le film suit un étudiant qui s’ouvre au monde en intégrant une bande de virtuoses du roller, dont le chef, incarné par Kim Kang-woo, semble ne pas avoir de limites. L’année suivante, les talents de comédien du jeune homme sont une nouvelle fois récompensés lors du festival international de Turin. Le jury salue sa prestation dans The Railroad de Park Heung-sik, l’histoire de deux inconnus qui partagent leurs souffrances le temps d’une nuit, tandis que le film lui-même reçoit le prix FIPRESCI décerné par la critique internationale.

La carrière de Kim Kang-woo semble désormais lancée. Lui qui s’était battu pour donner une visibilité à The Railroad lors de sa sortie dans seulement dix salles sud-coréennes connaît un important succès commercial avec son film suivant, Le grand chef de Jeon Yun-su, où il est un cuisinier se battant contre son rival pour l’obtention d’un titre prestigieux. Top chef! Il enchaîne alors les rôles avec une belle régularité, s’essayant à des registres variés : les thrillers Rainbow Eyes de Yang Yun-ho et Marine boy de Yoon Jong-seok, le romantique film à sketchs Five senses of Eros, la comédie Ha Ha Ha de Hong Sang-soo ou encore l’œuvre de science fiction Doomsday book de Kim Ji-woon and Yim Pil-sung.

Ajoutant une nouvelle corde à son arc, il est l’un des personnages principaux du nouveau film d’Im Sang-soo, The Taste of money, que le réalisateur lui-même présente comme une "extension" de son film précédant, The Housemaid. Une œuvre qui explore les rapports ambivalents de l’avidité, du désir, du sexe et de l’ambition dans la bonne société sud-coréenne… Tout un programme qui, on l’espère, rendra autant hommage à la plastique de Kim Kang-woo qu’à ses talents d’acteur.

Cannes 2011 : Bong Joon-ho et Lee Chang-dong, deux Coréens président de jury

Posté par vincy, le 8 avril 2011

Deux cinéastes coréens présideront un jury cette année à Cannes. Une consécration pour ce cinéma désormais incontournable dans les festivals et dans les salles.

Bong Joon-ho présidera le jury de la Caméra d'or, chargé d'élire le meilleur premier film toutes sélections confondues. Le réalisateur de Memories of Murder, The Host (Quinzaine des réalisateurs) et Mother (Un certain regard) succède à Gael Garcia Bernal.

Lee Chang-dong va inaugurer une fonction : président du jury pour le Grand prix Nespresso de la Semaine de la critique. La sélection parallèle, qui fête ses 50 ans cette année, se dote cette année d'un jury, une première, de quatre critiques, en plus du réalisateur. Habituellement, les journalistes accrédités votent pour le meilleur film.

Lee Chang-dong est un habitué du festival. Ses deux récents films, en compétition, ont été distingués : Secret Sunshine par un Prix d'interprétation féminine en 2007, et Poetry par le Prix du scénario en 2010.

Le jury court-métrage de la Semaine de la critique sera quant à lui présidé par  le réalisateur Jerzy Skolimowski qui décernera le prix découverte Kodak du court métrage. le cinéaste polonais est actuellement à l'affiche avec Essential Killing, présenté à Venise l'an dernier. Il a remporté le prix du scénario au Festival de Cannes en 1982 avec Travail au noir et le Grand prix du jury en 1978 avec Le cri du sorcier.

Vesoul 2011 : l’Asie n’a plus de frontières…

Posté par kristofy, le 8 février 2011

Le plus ancien festival de cinéma asiatique d'Europe se trouve à Vesoul (Haute-Saône, Franche-Comté, autant dire un coin perdu de la France moderne) et il ouvre ses portes aujourd'hui. On y  découvrira les films de toute l'Asie (c'est-à-dire du Proche à l'Extrême-Orient), même si cette 17ème édition du FICA, Festival International des Cinémas d’Asie, mettra particulièrement à l’honneur le Cambodge et la Corée.

Vesoul présentera environ 90 films partagés entre plusieurs sections thématiques, dont une vingtaine de films inédits en France qui seront appréciés par 6 Jurys (le jury International, le jury NETPAC, le jury Musée National des Arts Asiatiques Guimet de Paris, le Jury Langues O'-INALCO, un Jury Lycéen et un Jury Jeunes).

Pour le Cambodge le réalisateur Rithy Panh, artisan de la réappropriation de la mémoire détruite par les Khmers rouges, est attendu à Vesoul avec en même temps 23 oeuvres couvrant 1950-2010.

Le regard sur le cinéma coréen déroulera 65 ans de cinéma (1945-2010) en 27 films clés, avec la présence de Kim Dong-ho, directeur honoraire du Festival de Pusan, le plus important festival de cinéma asiatique.

Certains films sur le thème des "Familles d'Asie" composeront un tableau des familles d'hier et d'aujourd'hui vues par les cinéastes asiatiques. On rendra aussi hommage avec Paprika à Satoshi Kon, le génial cinéaste d'animation récemment disparu.

Enfin, le FICA de Vesoul affirmera son soutien au réalisateur et ami du festival Jafar Panahi, condamné en Iran à 6 ans de prison et 20 ans d'interdiction d'exercer son métier de cinéaste, en projetant son film Le Cercle (lion d'or à Venise) lors de la clôture du Festival.