Berlinale 2019: polémiques à cause de la présence de Netflix dans la sélection officielle

Posté par vincy, le 14 février 2019


Désormais, avec une petite musique, c'est un grand N qui s'affiche et non plus la marque au complet, Netflix. La plateforme a récemment fait son entrée parmi les studios en adhérant à la MPAA (Motion Picture Association of America), le puissant comité de censure américain, jusque là club réservé aux six grands studios américains : Paramount Pictures, Sony Pictures Entertainment, Twentieth Century Fox, Universal City Studios, Walt Disney Studios Motion Pictures et Warner Bros. Entertainment.

La MPAA régule la classification des œuvres (G, PG, PG-13, R-Rated, NC-17) et combat le piratage.

Netflix, un studio comme les autres? A Berlin, comme à Cannes et à Venise, la polémique a continué. Si on remarque que les journalistes font moins "bouh" à l'arrivée du logo (il y a même désormais des applaudissements), les exploitants allemands ont critiqué le Festival d'avoir sélectionné des films de la compagnie alors qu'elle se réserve toujours le droit de ne pas les montrer dans les salles de cinéma.

160 exploitants allemands ont adressé une lettre ouverte adressée à la direction de la Berlinale et à la ministre de la Culture, Monika Grütters, pour réclamer le retrait de la compétition du nouveau film d'Isabel Coixet, Elisa y Marcela. Mais personne ne s'est offusqué de la présence hors-compétition, dans le cadre des soirées "Galas" de celle d'un autre film Netflix: The Boy Who Harnessed the Wind (Le garçon qui dompta le vent), premier long métrage du comédien Chiwetel Ejiofor (déjà présenté à Sundance).

Le Festival a répliqué que Elisa y Marcela sortirait en salle en Espagne, ce qui ne contrevient pas au règlement du festival.

Le directeur artistique de la Berlinale, Dieter Kosslick, qui fait sa dernière année de mandat, a déclaré que les festivals internationaux devraient emprunter à l'avenir une position commune afin de savoir comment gérer les films de cinéma destinés aux plateformes. Venise a décerné son Lion d'or à un film Netflix (Roma, un des favoris pour l'Oscar du meilleur film). Cannes a du abandonner la sélection de films de la plateforme, puisque son règlement ne permet plus leur place dans la Compétition.

Il y a urgence à faire un choix. Non pas que les films de Netflix soient meilleurs que les autres. Mais la plateforme, qui revendique désormais rien qu'en France 5 millions d'abonnés, a signé quelques uns des prochains projets d'auteurs réputés et primés, à commencer par Martin Scorsese, David Michôd et Noah Baumbach. Netflix, acteur désormais incontournable, s'invite aussi sur les marchés en prenant les droits internationaux de films étrangers (dernier en date: Le chant du loup). Il va être difficile d'ignorer ces films en festivals, surtout quand ces festivals (à l'instar de Berlin) s'offre une sélection dédiée aux séries ... télévisées.

On a souvent regretté qu'en France la chronologie des médias (qui n'est clairement pas en faveur de Netflix, Amazon et Apple) empêche la distribution dans quelques salles d'un film comme Roma, qui méritait amplement une diffusion sur grand écran. Roma, comme d'autres films Netflix, ont pourtant pu être montré en salles durant une courte durée. A défaut de changer les règles, les festivals permettent au moins de profiter pleinement d'une projection grand écran.

La Berlinale a fait ce choix. Festival public plus que critique, il a projeté le nouveau film d'Isabel Coixet et celui de Chiwetel Ejiofor, tous deux inspirés d'une histoire vraie, dans de grandes salles.

Elisa y Marcela est le récit de deux femmes qui s'aiment dans l'Espagne conservatrice et catholique du début du XXe siècle. En noir et blanc, il raconte l'hostilité et l'homophobie qu'elles subissent, jusqu'à ce que l'une d'elles décide de se travestir en homme et de se marier avec sa compagne à l'église. Et ce plus d'un siècle avant la légalisation du mariage pour tous. Isabel Coixet rate complètement son sujet, en le dévitalisant et en frôlant le grotesque à certains moments. Ses bonnes intentions sont bousillées par un scénario répétitif et une mise en scène vaniteuse. Il n'empêche, on aura appris quelque chose : ce mariage lesbien n'a jamais été annulé par l'Eglise, ce qui en fait le premier mariage entre personnes du même sexe de l'histoire.

Netflix ou pas Netflix, ce film n'aurait jamais du être dans une compétition comme celle de Berlin, affaiblissant un peu plus la Berlinale cette année.

En revanche, Le garçon qui dompta le vent a fait forte impression aux spectateurs qui ont applaudit à la fin du film. A juste titre. S'il est très classique dans sa narration et ne révolutionne en rien la réalisation, le film s'avère très efficace et touchant. Entièrement tourné au Malawi, avec le réalisateur Chiwetel Ejiofor et Aïssa Maïga comme seules vedettes, cette histoire s'inspire d'un jeune garçon d'un village africain (aujourd'hui très diplômé y compris aux USA) qui va entreprendre la construction d'une éolienne pour apporter l'électricité à une pompe à eau permettant d'irriguer les champs infertiles pour cause de sècheresse. De l'écologie aux bons sentiments, en passant par les drames familiaux et les personnages réellement attachants, tout y est. Et c'est typiquement le film qui peut trouver son public en salles.

On pourra le voir chez soi, sur Netflix, à compter du 1er mars.

Berlin 2019: Juliette Binoche, présidente du jury

Posté par vincy, le 11 décembre 2018

On la voyait plutôt à ce poste au Festival de Cannes. Finalement, Juliette Binoche présidera le jury du Festival de Berlin 2019 (7-17 février). L'actrice française est ainsi le dernier choix de Dieter Kosslick, directeur de la Berlinale qui passe le relais après cette édition.

35 ans de carrière, et pas mal de films passés par Berlin: Mauvais sang en compétition, Les amants du Pont-neuf, dans la sélection Forum, Le Patient anglais en compétition, qui lui valu un Ours d'argent de la meilleur actrice, Chocolat et Country of My Skull, tous deux en compétition, Elles en Panorama, ou encore Camille-Claudel 1915 (compétition) et Endless Night (film d'ouverture). Elle a aussi été distinguée d'une Berlinale Camera en 1993.

Grand chelem

Parmi les plus récompensées du cinéma français, l'actrice a reçu un Oscar du meilleur second-rôle (Le patient anglais) et une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice (Chocolat), trois nominations aux Golden Globes, 10 nominations aux César entre 1986 et 2018 (et une seule fois primée en 1994 pour Bleu), Prix de la meilleure actrice à Cannes (Copie conforme) et Prix de la meilleure actrice à Venise (Bleu).

Au box office, elle compte une dizaine de succès, parfois internationaux, dans des registres très variés: Le hussard sur le toit, Paris, Godzilla, L'insoutenable légèreté de l'être, Décalage horaire, Ghost in the Shell, Fatale...

Récemment, elle a été à l'affiche de High Life de Claire Denis et Voyage à Yoshino de Naomi Kawase. Elle sera bientôt à l'affiche de Doubles vies d'Olivier Assayas, et vient de tourner La vérité de Hirokazu Kore-eda.

Changement de têtes à la Berlinale

Posté par vincy, le 22 juin 2018

C'est un gros chambardement à la tête du Festival International de Berlin. Dieter Kosslick, âgé de 70 ans, ne souhaitait pas renouveler son mandat, qui prend fin en mai 2019. Pour le remplacer, le conseil de surveillance du Kulturveranstaltungen des Bundes in Berlin a décidé de diviser la fonction en deux postes pour 2020. Carlo Chatrian sera directeur artistique de la Berlinale tandis que Mariette Rissenbeek a été choisie comme directrice exécutive.

Carlo Chatrian, italien de 46 ans, est le directeur artistique du Festival de Locarno depuis 2012. Il aura pour tâche de redonner de l'élan à la compétition berlinoise, tout en s'ouvrant à des films plus singuliers. Locarno va devoir partir en quête d'un nouveau directeur. La néerlandaise Mariette Rissenbeek est surtout connue pour avoir dirigé German Films.

Près de 80 cinéastes allemandes, parmi lesquels Fatih Akin, Maren Ade ou encore Volker Schlödorff, avaient demandé en décembre dernier un profond renouvellement du Festival de Berlin en nommant à sa tête une personnalité "passionnée de cinéma et qui dispose des meilleurs contacts dans le monde et soit en mesure, à l'avenir, de porter le festival au même niveau que Cannes et Venise".

Le Festival créé en 1951, considérant comme l'un des trois plus importants artistiquement dans le monde, n'a pourtant pas démérité sous l'ère Kosslick, débutée en 2001: Hayao Miyazaki, Paul Greengrass, Fatih Akin, Claudia Llosa, Asghar Farhadi, Jafar Panahi ont tous reçu l'Ours d'or. Mais la compétition est souvent très inégale, avec de nombreux films jugés assez faibles. Berlin est davantage renforcé par ses sélections parallèles : Panorama et Forum.

Christoph Terhechte, directeur de la section Forum, a prévu de partir en juillet, après 17 ans à son poste. Un remplaçant intérimaire doit être bientôt nommé. Tandis que Wieland Speck, directeur de la section Panorama depuis 1992, avait quitté son poste il y a deux ans, remplacé l'an dernier par le trio Paz Lázaro, Michael Stütz et Andreas Struck, trois de ses collaborateurs et collaboratrices depuis plusieurs années.

Berlin 2016: le festival s’ouvre aux réfugiés

Posté par vincy, le 24 décembre 2015

A l'instar de la Foire du livre de Francfort en octobre, le 66e Festival du film de Berlin va accompagner la politique d'accueil des réfugiés voulue par la chancelière allemande Angela Merkel.

Les réfugiés seront donc invités à des projections (un millier de places leur seront proposées) et des projets humanitaires seront créés en parallèle au festival.

Le directeur de la Berlinale Dieter Kosslick a prévu de placer au coeur du festival du film de Berlin l'accueil des migrants en Allemagne. Dans un entretien à l'AFP, il déclare faire du festival un modèle de solidarité et d'intégration. L'Allemagne a accueilli près d'un million de réfugiés ces derniers mois.

Berlin, comme Cannes et Venise, ont toujours fait preuve d'engagement politique. L'exemple le plus frappant est bien sûr la solidarité et le soutien au cinéaste iranien Jafar Panahi. Venise a toujours souhaité effacer la tache de naissance, le festival ayant été créé par le régime fasciste de Mussolini. Cannes a toujours bénéficié du réseau diplomatique français et désiré être le prolongement de l'héritage des Lumières. Berlin a été créé en 1951, quand la ville était scindée en deux, et quand la partie occidentale cherchait un moyen de résister à l'empire soviétique qui la cernait.

"Alors qu'à l'époque beaucoup d'Allemands étaient réfugiés (de la guerre), le festival a été fondé pour bâtir via la culture un peu d'entente au sein de la société et entre les nations", explique Dieter Kosslick. "A la Berlinale nous pouvons montrer aux gens combien c'est excitant et harmonieux de passer dix jours en compagnie de migrants, de gens d'autres pays", a-t-il assuré.

Un des truck foods du festival, près de Postdamer Platz,  sera tenue par des réfugiés qui proposeront de la nourriture du Moyen-Orient aux festivaliers. Enfin, ne collecte sera organisée en faveur d'associations lors du gala d'ouverture.

Dieter Kosslick veut aussi mettre de nouveau un coup de projecteur sur le passé nazi, convaincu que la lecture de l'Histoire aidera les Allemands à répondre de manière adéquate au défi migratoire actuel.

Meryl Streep, présidente du jury du Festival de Berlin 2016

Posté par vincy, le 14 octobre 2015

La 66e Berlinale frappe fort. Le Festival international du film de Berlin offre le prestigieux poste de présidente du jury à l'actrice américaine Meryl Streep. C'est la première fois que la Streep participe au jury d'un Festival.

"Meryl Streep est l'une des artistes du monde du cinéma les plus créatives et multifacettes. Pour marquer notre enthousiasme vis-à-vis de son extraordinaire talent, nus l'avions récompensée d'un Ours d'or d'honneur en 2012 pour l'ensemble de sa carrière" a déclaré le directeur de la Berlinale Dieter Kosslick, qui ajoute être très heureux de la voir revenir en tant que patronne du jury.

19 nominations Oscars (et trois statuettes), 20 nominations aux Golden Globes (et huit récompenses), un prix d'interprétation à Cannes en 1989: Meryl Streep cumule les récompenses jusqu'à recevoir l'Ours d'argent de la meilleure actrice avec ses partenaires Julianne Moore et Nicole Kidman pour The Hours en 2003.

Meryl Streep, c'est avant tout une quarantaine de films devant les caméras de Woody Allen, Michael Cimino, Alan J. Pakula, Albert Brooks, Curtis Janson, Bille August, Mike Nichols, Sidney Pollack, Robert Zemeckis, Clint Eastwood, Barbet Schroeder, les frères Farelly, Spike Jonze, Stephen Daldry, Robert Altman, Jonathan Demme, Nora Ephron, Tommy Lee Jones ou encore Robert Redford. Ce sont aussi des rôles emblématiques et populaires comme Le Diable s'habille en Prada, Mamma Mia!, Pas si simple, Into the Woods, Un crime dans a tête,... sans oublier Kramer contre Kramer, La maîtresse du Lieutenant français, Le Choix de Sophie, Out of Africa ou Voyage au bout de l'enfer.

Elle vient d'être à l'affiche de Ricki and the Flash, le sera de nouveau en novembre, en courte participation dans Les Suffragettes. On la reverra surtout dans Florence Foster Jenkins de Stephen Frears en 2016.

Indéniablement, c'est la plus grande comédienne américaine vivante de sa génération qui va choisir avec son jury le successeur de Taxi Téhéran. Meryl Streep, même si elle a tendance parfois à se caricaturer dans certains rôles, à opter pour des personnages plus fantasques que dramatiques ou romantiques, comme à ses débuts, c'est un style, un charisme. Une de celles dont on dit que, même de dos, on la voit jouer.

Berlin 2015 : Juliette Binoche et Isabel Coixet ouvriront la 65e édition

Posté par MpM, le 9 janvier 2015

Nobody_Wants_The_NightC'est donc le film Nobody wants the night d'Isabel Coixet qui ouvrira le 5 février prochain la 65e édition du Festival de Berlin.

Le film, présenté en compétition officielle, réunit à l'écran la française Juliette Binoche, la Japonaise Rinko Kikuchi et l'Irlandais Gabriel Byrne. Il se déroule au Groenland au début du 20e siècle et raconte l'histoire de deux femmes éprises du même homme.

Isabel Coixet (Ma vie sans moi, The secret life of words) est une habituée de Berlin où elle est venue à six reprises, et notamment en tant que membre du jury en 2009. Dieter Kosslick, directeur de la Berlinale, s'est réjoui de cette nouvelle sélection de la réalisatrice espagnole qui, selon lui, "livre [avec son nouveau film] un portrait impressionnant et sensible de deux femmes dans une situation extrême."

Darren Aronofsky, président du Festival de Berlin 2015

Posté par vincy, le 4 novembre 2014

Le 65ème Festival de Berlin qui se tiendra du du 5 au 15 février 2015 a révélé le nom du président de son jury. Le producteur, scénariste, réalisateur et auteur de bande dessinée Darren Aronofsky a été choisi pour s'être "s'est distingué en tant que protagoniste majeur du cinéma d'auteur contemporain" selon les mots du directeur du Festival, Dieter Kosslick. Il "explore constamment, dans son approche artistique, le langage cinématographique et ses possibilités esthétiques" a-t-il ajouté.

Aronofsky a commenté dans un bref communiqué qu'à "la Berlinale, le cinéma est toujours excitant et fascinant. Je me réjouis de voir les dernières oeuvres des meilleurs réalisateurs, dans l'une des plus formidables villes du monde."

Lion d'or à la Mostra de Venise en 2008 pour The Wrestler, le cinéaste (45 ans), a été nommé à l'Oscar et au Golden Globe du meilleur réalisateur pour Black Swan en 2011, récompensé de l'Independant Spirit Award comme réalisateur (Black Swan), producteur (The Wrestler) et scénariste (Pi) et primé comme meilleur réalisateur à Sundance (Pi).

On lui doit également Requiem for a Dream, présenté hors-compétition à Cannes, The Fountain, présenté à Venise, et le récent Noé, son plus gros succès international avec 359M$ de recettes.

Darren Aronofsky avait présidé le jury du Festival de Venise en 2011.

Berlin 2014 : un Festival qui cherche un nouveau souffle

Posté par vincy, le 17 février 2014

un ours à berlin

Dieter Kosslick, le directeur du Festival international de Berlin, peut se réjouir : 330 000 billets ont été vendus cette année. Un record de fréquentation pour la Berlinale. Nommé en 2000 par la Ville de Berlin et le gouvernement fédéral allemand, Kosslick a pourtant été vertement critiqué par la presse et les professionnels : la compétition fut jugée trop inégale, voire faible. Les médias professionnels se sont ainsi fait le plaisir de placer Kosslick sur le départ. Le Ministre de la culture de l'Etat de Berlin a brutalement du démissionner, accusé d'évasion fiscale : Kosslick semblait favori pour le remplacer, ce qu'il a nié officiellement jeudi, affirmant qu'il irait jusqu'au bout de son mandat en 2016.

berlinale street foodUn festival très populaire et très rentable

La Berlinale est à une croisée des chemins. Son marché est performant, les salles sont pleines, le Festival trouve de nouvelles idées pour séduire ses accrédités (cette année, la Street food, avec ces petites camionnettes à deux pas du Berlinale Palast qui servaient des boissons et repars sur le pouce). Cependant, la sélection de films, qui manquent de grands auteurs ou de films événements, séduit moins des médias en crise, moins aptes à payer le déplacement de leurs journalistes. Comparé à Cannes où les journalistes se bousculent, on remarque que deux salles moyennes suffisent à projeter à la presse le dernier Resnais. Malgré la présente importante de films asiatiques, il y a avait beaucoup moins de journalistes venus d'Orient que ce que l'on peut constater sur la Croisette.

Le Festival de Berlin perd-il de son impact? Pas forcément. De bons films y ont été présentés et la manifestation reste un formidable révélateur et découvreur de talents. Si on prend en compte les différents palmarès toutes sélections confondues, on peut noter qu'une dizaine de films ont marqué autant les jurys que la critique ou le public. La plupart ont même trouvé leur distributeur dans des pays comme la France, les Etats-Unis ou les gros marchés européens. Et les Berlinois remplissent les salles du Zoo Palast, de Friedrisch Palast ou du CinemaXXX. Les retombées économiques sont en hausse constante.

monuments men clooney damon dujardin murrayUne sélection qui manque d'événements mondiaux

Pourtant, il est loin le temps où Berlin attirait les productions américaines oscarisables en avant-première internationale ; il est notable de constater que la Berlinale avait peu d'avant-premières mondiales y compris dans sa compétition (Monuments Men comme Boyhood avaient déjà été projetés ailleurs) ; il est surprenant de voir un Festival qui a doublé de taille en quelques années se transformer davantage en événement populaire qu'en rendez-vous cinéphilique ou médiatique incontournable.

Comme Cannes il y a une dizaine d'années ou Venise depuis quelques temps, Berlin fait face à un calendrier qui commence à desservir sa programmation. La mutation de l'industrie audiovisuelle et le surgissement des nouvelles technologies conduisent ainsi à des sorties de plus en plus simultanées de films américains. Il n'est plus possible pour la Berlinale de promettre un 12 Years a Slave ou un American Bluff en avant-première internationale. Le film de David O. Russell était bien à Berlin, mais en guise d'avant-première allemande, pour appuyer sa sortie en salles. Et aucun studio d'Hollywood ne sort un blockbuster d'action avant mars, et surtout ne souhaite le montrer autant en amont de sa sortie. La Berlinale est ainsi coincée : les films oscarisables lui échappent, les blockbusters du printemps aussi.

Le déclassement allemand

A cela s'ajoute la féroce compétition avec Cannes. Leader incontestable des festivals, Cannes est le graal de tous producteurs. Par son poids artistique, il attire tous les grands cinéastes : certains choisissent même leurs dates de tournage et le délai de post-production pour être prêts en mai ; d'autres, notamment les cinéastes français, ne montrent pas leur film au comité berlinois, espérant toujours une sélection cannoise. Cannes a asphyxié Berlin avec les années. Il faut qu'un film comme Une séparation soit refusé par Thierry Frémaux pour que ce soit Berlin qui le récupère (avec le succès que l'on sait). De même l'exigence cannoise d'avoir des avant-premières internationales ou mondiales en compétition obligent les producteurs et distributeurs de films art et essai à se caler sur le rendez-vous français du printemps. Berlin ne peut plus se payer ce luxe et doit composer avec ce qu'on lui propose, même si le film a déjà été présenté à Sundance un mois avant. C'est Cannes qui dicte sa loi. La Berlinale est donc obligée d'aller chercher des nouveaux talents, de fidéliser ses anciens primés, d'explorer les territoires ignorés par ses concurrents (cinéma nordique, cinéma gay...) ou même de diffuser les premiers épisodes de la nouvelle saison d'House of Cards!

zoo palast © vincy thomasLes palmiers méditerranéens plutôt que le froid prussien

C'est tout le défi de la Berlinale pour les prochaines années : retrouver son pouvoir de séduction auprès des grands auteurs tout en maintenant sa capacité à promouvoir une véritable diversité de genres et un équilibre entre talents confirmés et cinéastes de demain, sans forcément se fermer à de nouveaux formats. Ce ne sont pas les blockbusters chinois qui manquent. Ce ne sont pas les les auteurs américains, européens qui font défaut. Ce n'est pas le défilé de stars (de Scorsese à Deneuve) sur le tapis rouge qui suffisent. Il y a dix ans, Le loup de Wall Street aurait fait son avant-première internationale à Berlin. Aujourd'hui, Berlin en est réduit à faire le buzz avec une version non censurée d'un Lars Von Trier dont la version soft est déjà sortie dans toute l'Europe.

On pensait qu'avec le phénomène d'Une séparation, le Festival de Berlin allait reconquérir des cinéastes qui n'ont pas forcément envie de guerroyer sur la Croisette ou même le Lido. Or, le film d'Asghar Farhadi semble une exception depuis dix ans. L'Ours d'or a récompensé des films audacieux, souvent bons, mais très confidentiels. Si on prend l'ère Kosslick, cela contraste fortement avec le début des années 2000 où ont été sacrés Miyazaki, Paul Greengrass et Fatih Akin. Et avant eux, Paul Thomas Anderson, Terrence Malick, Walter Salles, Ang Lee, Patrice Chéreau...

Mais Malick, Salles, Lee, Anderson, Akin, Miyazaki vont désormais à Cannes et à Venise. Hormis Wes Anderson et Alain Resnais, cette année Berlin n'a pas pu proposer aucun grand nom populaire du cinéma d'auteur international. Egoyan, Cronenberg, Loach, Leigh, Kusturica, les Dardenne, Inarritu ont tous le sud de la France en mai dans le viseur. Cela rappelle la concurrence entre le prestigieux FFM de Montréal et le TIFF de Toronto. Le premier était un festival de catégorie A : il a été, au fil des ans, pour diverses raisons, complètement déclassé, ignoré par les grands distributeurs, concentré sur une offre très "world cinema", misant tout sur sa fréquentation, au profit de son rival, qui est devenu le 2e festival de la planète et le tremplin pour la saison des Oscars.

C'est donc là que Kosslick est attendu : redonner du brillant à sa compétition pour que la compétition entre les Festivals ressemble de nouveau à un match de tennis de type Nadal/Djokovic plutôt qu'à un simple Nadal/Berdych.

Wong Kar-Wai, président du jury du prochain Festival de Berlin

Posté par vincy, le 28 août 2012

La 63e Berlinale (7-17 février 2013) a déjà choisi son président. La veille de l'ouverture du Festival de Venise, le Festival international du film de Berlin a révélé que le cinéaste chinois Wong Kar-wai sera à la tête de son jury. Days of Being Wild avait été sélectionné dans la section Forum en 1991, tout comme Les anges déchus en 1996. Le cinéaste aux lunettes noires a ensuite été un habitué du Festival de Cannes, où il gagna le prix de la mise en scène en 1997 avec Happy together et créa l'événement en 2011 avec In the Mood for Love. 2046 fut également en compétition et My Blueberry Nights ouvrit le Festival de Cannes en 2007.

Wong Kar-wai n'a rien montré depuis. Il tourne depuis décembre 2009 The Grandmasters, avec Tony Leung et Ziyi Zhang.

Dieter Kosslick, directeur de la Berlinale affirme dans le communiqué qu'il est "l'un des réalisateurs les plus célébrés de notre époque. Son style distinctif et la poésie de ses oeuvres nous ont tous fascinés."

Le cinéaste s'est déclaré "honoré d'être invité par Dieter. Je suis heureux de revenir à Berlin et de voir les oeuvres des cinéastes du monde entier. C'est une expérience très enrichissante pour n'importe quel réalisateur."

Kosslick avoue qu'il s'agit également d'honorer le cinéma chinois. Comme WKW l'a signalé dans le communiqué, le Festival de Berlin a toujours honoré le 7e art de son pays. Le mariage de Tuya (2007), Les femmes du lac des âmes parfumées (1993) et Le sorgho rouge (1988) ont reçu un Ours d'or. Le Paon (2005), Beijing Bicycle (2001), The Road Home (2000) et Evening Bell (1989) ont été récompensés par le Grand prix du jury. Yim Ho (réalisateur, 1996) et  Maggie Cheung (actrice, 1992) ont également été primés.

La chinoise Gong Li avait déjà présidé le jury berlinois en 2000.

Berlin slalome entre Sundance, Rotterdam et les Oscars

Posté par MpM, le 4 mars 2009

Pour son 60e anniversaire, le festival de Berlin devait à tout prix éviter une collision fâcheuse avec l’un ou l’autre des grands événements cinématographiques du début d’année 2010. C’est pourquoi elle devrait se tenir du 11 au 21 février, soit près d’une semaine plus tard qu’en 2009. Ce changement tient très simplement à un petit jeu de chaises musicales initié par le festival de Sundance, la Grand messe du cinéma américain indépendant ayant en effet décidé de déplacer l’ouverture de sa prochaine édition du 15 au 21 janvier. Automatiquement, Rotterdam a dû à son tour décaler ses dates d’une semaine (il se tiendra ainsi du 27 janvier eu 7 février) afin d’éviter tout chevauchement entre les deux manifestations, ne laissant plus que le créneau de mi-février disponible.

Grande inconnue au tableau : la date des Oscars 2010, qui ne devrait pas être annoncée avant fin mars. Or il serait très mauvais pour la Berlinale que la cérémonie des Oscars vienne percuter les célébrations de la soixantième édition ! Soit Dieter Kosslick, le délégué général du Festival, a bénéficié d’une indiscrétion de l’Académie, lui assurant que la remise des Oscars 2010 se tiendrait le 28 février, soit l’organisation berlinoise a tout simplement décidé de mettre Hollywood devant le fait accompli…