Nymphomaniac à la Berlinale : du buzz viral au flop dans les salles

Posté par vincy, le 8 février 2014

Lars Von Trier. Haine et passion. Ce coup-ci, le rejet l'a emporté. On l'avait quitté alors qu'il était chassé du festival de Cannes pour avoir dérapé lors de la conférence de presse de Melancholia (lire notre actualité du 18 mai 2011). Il s'était excusé mais avait été désigné persona non grata. Von Trier et Cannes, ce fut une longue et belle histoire, un parcours sans faute : 9 de ses films ont été en compétition entre 1984 et 2011. Il a obtenu une Palme d'or, un Grand prix du jury, un prix du Jury.

Aussitôt après ce Festival 2011, le cinéaste danois avait lancé son nouveau projet, Nymphomaniac. Il lui fallait rebondir, ne pas sombrer dans la dépression. Il écrit rapidement un synopsis. Trop rapidement sans doute. L'esprit est embrouillé par cette éviction du Festival de Cannes, par ses obsessions, par ses névroses. Mais il se lance dans l'exploration du sexe féminin.

Cartes postales

Durant deux ans, il alimentera lui-même le buzz, avec une campagne virale maligne : dévoilant par petites touches un film qu'on devine provocateur (scènes pornographiques, casting de stars, le sexe comme sujet). Au fil des mois, on apprend que le projet sera divisé en deux films, on découvre des photos où la nudité et l'érotisme ne font aucun doute, on nous révèle un poster digne d'une photographie de magazine de mode... Ca clique, ça like, ça retweete, ça se propage (lire nos actualités sur le film).

Nymphomaniac change alors plusieurs fois de dates de sortie. Finalement, le réalisateur choisit une avant-première dans son pays plutôt que d'attendre un grand festival pour accompagner la sortie. Sans doute persuadé que sur son seul nom et avec la dose de marketing insufflée depuis plus de deux ans, la curiosité l'emportera. La censure ne lui fait pas peur. En France, ça n'empêche pas le premier volet d'être interdit aux moins de 12 ans et le second aux moins de 16 ans (depuis il a changé de classification, suite à une décision de justice, il est désormais interdits aux moins de 18 ans, NDLR).  Ces interdictions suggèrent un aspect sulfureux, forcément vendeur donc, à un film pourtant très "frigide", dont les propos sans queue ni tête déroutent la critique habituellement très aimable avec lui.

Boomerang

Car, les critiques sont mitigées après la projection unique du premier épisode. Elles deviennent mauvaises, voire en colère, avec le second volume. Von Trier, traditionnellement protégé avec le Festival de Cannes, est à nu. Aucun grand média ne décide de mettre son nouveau film à la une ou en ouverture d'un cahier cinéma. L'indifférence est palpable.

Qui a pu croire qu'un cinéaste aussi singulier pouvait s'épargner la fastidieuse aide d'un grand festival? Surtout, et ça n'aide pas, le réalisateur a approuvé l'idée qu'on diffuse dans les salles une version coupée, censurée, pas trop choquante du premier volume. De quoi décevoir les attentes et repousser les curieux pornophiles. On s'attendait à une orgie, on a le droit à une analyse sur un divan, ponctuée de fantasmes clichés. Sans doute, tout cela a-t-il été écrit trop vite. Ou les médocs que le réalisateur avalent commencent à faire leur effet. Mais le résultat est clair : tout est brouillon.

nymphomaniacMoins bien qu'Antechrist

Pas étonnant dans ce cas que le premier film n'ait séduit que 130 000 spectateurs en France, après un démarrage moyen (49 000 entrées en 5 jours dans 109 salles). Le second a péniblement séduit 26 000 spectateurs en 5 jours. Il faut dire qu'entre l'échec du premier film, sorti il y a un mois, et l'interdiction aux moins de 16 ans du second, le distributeur a réduit la voilure : 72 copies uniquement.

On est donc très loin de Melancholia (410 000 entrées) et même d'Antechrist (150 000 entrées malgré son interdiction aux moins de 16 ans). Certes le film fait mieux que Manderlay (à peine 40 000 spectateurs). Mais avec autant de bruit, Nymphomaniac aurait pu espérer séduire davantage de spectateurs, dans un contexte où la fréquentation en janvier 2014 est repartie à la hausse.

4h30 pour un orgasme qui n'aura pas lieu

La version non censurée du premier volume va être projetée ce dimanche 9 février, hors-compétition, au Festival de Berlin. 145 minutes au lieu de 110. Les 35 minutes supplémentaires feront-elles la différence? Doit-on s'attendre à découvrir une version plus longue que les 124 minutes du volume 2 au prochain festival de Cannes?

Reste que ça ne comblera pas les pertes financières du studio Zentropa. D'autant que Nymphomaniac n'a pas été vendu partout dans le monde. Ironiquement, le 64e Festival de Berlin a invité Louise Vesth, la productrice de Von Trier, a discuter sur la difficulté de vendre des films qui ne sont pas accessibles au plus grand nombre de spectateurs. Cette discussion intitulée "How To Sell Uneasy Films?" aura lieu mercredi matin.

Berlin 2014 : hommages à Philip Seymour Hoffman et Maximilian Schell

Posté par vincy, le 6 février 2014

Il était logique que la 64e Berlinale, qui s'ouvre aujourd'hui, rendent hommage aux deux grands comédiens disparu la week-end dernier : l'américain Philip Seymour Hoffmann et l'autrichien Maximilian Schell.

Pour Philip Seymour Hoffman, le Festival projettera le film Truman Capote mardi 11 février, qui était en compétition à Berlin en 2006. Plusieurs de ses films avaient été projetés dans l'histoire récente de la Berlinale : Owning Mahowny, La 25e heure, Le talentueux Monsieur Ripley et Magnolia, qui emporta l'Ours d'or en 2000. Truman Capote de Bennett Miller avait valu à l'acteur le Golden Globe et l'Oscar du meilleur acteur.

Deux jours avant, le dimanche 9 février, c'est la mémoire de Maximilian Schell qui sera honoré avec la projection du documentaire qu'il consacra à sa soeur l'actrice Maria Schell, Meine Schwester Maria. Maximilian Schell, qui fut oscarisé pour son rôle dans Jugement à Nuremberg, avait été deux fois en compétition au Festival de Berlin : en tant que réalisateur avec son documentaire Marlene et en tant qu'acteur avec le film Left Luggage.

Berlin 2014 : American Bluff, Dans la cour et Diplomatie dans les séances spéciales

Posté par vincy, le 6 février 2014

The Turning

Les séances spéciales de la Berlinale alternent, comme tous les ans, avant-premières prestigieuses dans le but de faire venir des stars sur le tapis rouge, et documentaires. La moitié des films retenus sont des avant-premières mondiales.

Etrangement, peu de grands films hollywoodiens : Berlin se détourne de plus en plus des films américains. Auparavant, le festival bénéficiait du calendrier des Oscars, qui sont décernés deux semaines après le Festival. Dorénavant, la plupart des films oscarisables sont déjà sortis en Europe. Et les blockbusters du printemps ne sont pas montrables avant mars. Dans ce contexte, la Berlinale ne peut compter que sur quelques noms ou titres attendus, souvent réservés à la compétition.

Chaumeil, Salvadori, Schlöndorff... le cinéma français viendra en force. Mais pas seulement. Un ex-James Bond, des Oscarisables de l'année, une icône européenne primée à Berlin, un Seigneur de Tolkien, et un best-seller mondial seront conviés ... L'événement risque cependant d'être australien : un film à sketches réalisé par 18 réalisateurs qui ont adapté d'un recueil de nouvelles de Tim Winton, The Tunring (photo), avec, entre autres, Cate Blanchett.

- A Long Way Down de Pascal Chaumeil, avec Pierce Brosnan, Toni Collette, Aaron Paul, Imogen Poots
- American Bluff de David O. Russell, avec Christian Bale, Bradley Cooper, Jeremy Renner, Amy Adams, Jennifer Lawrence
- Cesar Chavez, de Diego Luna, avec Michael Peña, America Ferrera, Rosario Dawson, John Malkovich
- Dans la cour (In the Courtyard), de Pierre Salvadori, avec Catherine Deneuve, Gustave Kervern
- Hundraåringen som klev ut genom fönstret och försvann (Le vieil homme qui ne voulait pas fêter son anniversaire), de Felix Herngren, avec Robert Gustafsson, Iwar Wiklander, Mia Skäringer, Alan Ford, David Wiberg
- The Turning , de Marieka Walsh, Warwick Thornton,  Jub Clerc, Robert Connolly, Anthony Lucas, Rhys Graham, Ashlee Page, Tony Ayres, Claire McCarthy, Stephen Page, Shaun Gladwell, Mia Wasikowska, Simon Stone, David Wenham, Jonathan auf der Heide, Justin Kurzel, Yaron Lifschitz, Ian Meadows, avec Cate Blanchett, Rose Byrne, Miranda Otto, Richard Roxburgh, Hugo Weaving
- Das finstere Tal (The Dark Valley) d'Andreas Prochaska , avec Sam Riley, Tobias Moretti, Paula Beer, Thomas Schubert, Carmen Gratl
- Diplomatie (Diplomacy), de Volker Schlöndorff , avec André Dussollier, Niels Arestrup, Robert Stadlober, Burghart Klaussner
- The Two Faces of January, d'Hossein Amini, avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac
-En du elsker (Someone You Love), de Pernille Fischer Christensen, avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Birgitte Hjort Sørensen, Sofus Rønnov, Eve Best
- Afternoon of a Faun: Tanaquil Le Clercq , de Nancy Buirski
- Baal (1969), de Volker Schlöndorff, avec Rainer Werner Fassbinder, Sigi Graue, Margarethe von Trotta
- Kathedralen der Kultur 3D, de Wim Wenders, Michael Glawogger, Michael Madsen, Robert Redford, Margreth Olin, Karim Aïnouz
- Night Will Fall, d'André Singer
- The Galapagos Affair: Satan Came to Eden de Dayna Goldfine et Dan Geller
- The Unknown Known, d'Errol Morris
- Watermark , de Jennifer Baichwal
- We Come As Friends , d'Hubert Sauper
- Untitled New York Review Of Books de Martin Scorsese et David Tedeschi

Berlin 2014 : Tsai Ming-liang, Jalil Lespert, Michel Gondry en sélection Panorama

Posté par vincy, le 6 février 2014

poster 64e festival de berlin 2014La sélection Panorama à Berlin c'est un peu l'équivalent d'Un certain regard à Cannes. Moins de stars, et même cette année très très peu, moins de cinéastes connus - Fruit Chan, Michel Gondry, Tsai Ming-liang, Robert Lepage : autant d'exceptions à la règle. Panorama est une sélection où l'on découvre autant que l'on peut se laisser séduire par la diversité. De l'Afrique à l'Amérique latine, la sélection est bien mondiale. Mais cette année, elle a, comme la compétition, un fort accent asiatique avec 14 films!

- Stereo - Allemagne - Maximilian Erlenwein
- Über-Ich und Du (Superegos) - Allemagne - Benjamin Heisenberg
- Risse im Beton (Cracks in Concrete) - Autriche - Umut Dag
- Fieber (Fever) – Autriche - Elfi Mikesch
- O Homem das Multidões (The Man of the Crowd) - Brésil - Marcelo Gomes, Cao Guimarães
- Hoje Eu Quero Voltar Sozinho (The Way He Looks) - Brésil - Daniel Ribeiro
- Triptyque (Triptych) - Canada - Robert Lepage, Pedro Pires
- YE (The Night) – Chine - Hao Zhou
- Night Flight – Corée du Sud - LeeSong Hee-il
- Difret - Ethopie - Zeresenay Berhane Mehari
- Arrête ou je continue (If You Don't, I Will) - France - Sophie Fillières
- Is the Man Who Is Tall Happy? - France - Michel Gondry
- Yves Saint Laurent - France - Jalil Lespert
- Patardzlebi (Brides) – Géorgie - Tinatin Kajrishvili
- Na kathese ke na kitas (Standing Aside, Watching) - Grèce - Yorgos Servetas
- The Midnight After – Hong Kong - Fruit Chan
- Mo Jing (That Demon Within) – Hong Kong - Dante Lam
- Viharsarok (Land of Storms) - Hongrie - Adam Császi
- Highway - Inde - Imtiaz Ali
- Papilio Buddha - Inde - Jayan Cherian
- Asabani Nistam! (I'm Not Angry!) - Iran - Reza Dormishian
- Calvary - Irlande - John Michael McDonagh
- In Grazia di Dio - Italie - Edoardo Winspeare
- Ieji (Homeland) - Japon - Nao Kubota
- Güeros - Mexique - Alonso Ruízpalacios
- Blind – Norvège - Eskil Vogt
- Unfriend - Philippines - Joselito Altarejos
- Quick Change - Philippines - Eduardo Roy Jr.
- Xi You (Journey to the West) - Taiwan - Tsai Ming-liang
- Bai Mi Zha Dan Ke (The Rice Bomber) - Taiwan - Cho Li
- Bing Du (Ice Poison) - Taiwan - Midi Z
- Kuzu (The Lamb) - Turquie - Kutlug Ataman
- The Better Angels - USA - A. J Edwards
- Test - USA - Chris Mason Johnson
- Things People Do - USA - Saar Klein
- Love Is Strange - USA - Ira Sachs
- Nuoc (2030) - Vietnam - Nguyen-Vo Nghiem-Minh

Göteborg 2014 : retour sur la compétition nordique et ses personnages en quête d’eux-mêmes

Posté par MpM, le 5 février 2014

Pussy Riot Poster pour Göteborg Film Festival 2014La compétition de longs métrages nordiques du 37e Festival international du film de Göteborg se composait de huit films venus du Danemark, de Finlande, d’Islande, de Norvège et de Suède. Outre une grande qualité d'écriture et de mise en scène, tous ont en commun des personnages forts exposés à une certaine difficulté de vivre, difficulté souvent plus existentielle qu’économique, symbolisée par le fait que la plupart des protagonistes ne savent pas trop quoi faire de leur vie.

A l’heure des bilans…

Certains personnages sont déjà à l’heure des bilans et essayent tout simplement d’aller de l’avant. C’est le cas du pêcheur de Sunfish de Søren Balle (Danemark) qui doit faire face à de multiples changements dans son existence. Plus il se bat pour lutter contre ce mouvement, plus son existence prend l’eau. Pour s’en sortir, il n’aura au final d’autre choix que de se remettre complètement en questions, exactement comme la femme mourante de The quiet roar de Henrik Hellström (Suède).

Cette dernière veut comprendre pourquoi, et comment, elle a gâché sa vie. Grâce à un procédé confidentiel dont on ne saura pas grand-chose, elle voyage psychiquement dans le temps et a l’occasion de revivre, en tant que spectatrice, un épisode déterminant de sa vie. Confrontée à une version plus jeune d’elle-même, et à son ancien mari, elle prend peu à peu conscience des causes et des conséquences de ses choix passés. D’une certaine manière, elle trouve ainsi la paix dans ce voyage intérieur.

Dans un registre plus léger, of horses and menOf horses and men de Benedikt Erlingsson (Islande) met en scène des personnages guidés par leurs instincts les plus profonds. Qu’il s’agisse de se procurer de l’alcool, de conquérir la femme de sa vie ou de défendre son territoire, ils sont prêts à tout, quitte à y laisser la vie.

Leur quête n’a certes pas grand-chose à voir avec des motifs existentiels, mais il semble que cela soit leur manière, unique, hilarante et désespérée à la fois, de trouver le bonheur.

… ou à l’aube de l’existence

letter to the kingQuoi qu’il en soit, ce sont assez logiquement les personnages les plus jeunes qui semblent le plus en quête d’eux-mêmes. En tout cas, c’est l’impression que donnent la plupart des films en compétition dans cette 37e édition du festival. Ainsi, dans Letter to the king, le réalisateur Hisham Zaman (Norvège) suit un groupe de migrants en excursion à Oslo.

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Göteborg 2014 : sur le plus grand marché de cinéma nordique du monde

Posté par MpM, le 3 février 2014

Pussy Riot Poster pour Göteborg Film Festival 2014Tout en étant volontairement tourné vers le grand public, le Festival international du Film de Göteborg a su se doter au fil des années d'un volet professionnel d'envergure qui en fait désormais le lieu incontournable pour tous ceux qui sont intéressés, de près ou de loin, par le cinéma nordique.

Lors de cette 37e édition, les différentes sections du festival proposaient ainsi des premières mondiales comme celles de Something Must Break d'Ester Martin Bergmark, City of thieves de Johan Renck ou encore Tommy de Tarik Saleh, tandis que le marché, qui attire les professionnels de toute l'Europe, mettait l'accent sur les projets en cours de réalisation.

Parmi les work in progress présentés à Göteborg ont notamment été dévoilés des extraits du très attendu Tourist de Ruben Ostlund (Play, Happy Sweden), d'Itsi Bitsi, le nouveau film d'Ole Christian Madsen (Prague, Les soldats de l'ombre), de Paris of the North de Hafsteinn Gunnar Sigurdsson (Either way) ou encore de Gentlemen de Mikael Marcimain.

En tout, 40 films ont ainsi été présentés dans le cadre du marché, dont le phénomène Blind d'Eskil Vogt, tout auréolé de son prix du meilleur scénario à Sundance, et qui s'est fait connaître en co-écrivant les deux premiers films de Joachim Trier Nouvelle donne et Oslo, 31 août.

Enfin, parmi les différentes table-rondes et rencontres, il faut souligner le Nordic Film Lab Discovery qui donnait l'opportunité à dix jeunes talents de venir parler de leurs projets devant un public de professionnels aguerris.  Parmi les participants, on retrouve des réalisateurs comme Iram Haq (I am yours), Izer Aliu (To guard a mountain) et Milad Alami (Nothing can touch me) mais aussi plusieurs producteurs.

Le cinéma nordique poursuit désormais sa conquête du marché mondial à Berlin, où il sera présent en force dans les salles du marché international, et même en compétition (In Order of Disappearance de Hans Petter Moland), avant de rejoindre Cannes, où l'on pourrait découvrir en avant-première mondiale certains des projets qui ont vu le jour à Göteborg.

Göteborg 2014 : deuxième Dragon Award d’affilée pour le réalisateur norvégien Hisham Zaman

Posté par MpM, le 1 février 2014

letter to the kingA l'issue de la 37e édition du Festival international du film de Göteborg qui s'est achevée ce samedi 1er février, c'est le réalisateur norvégien Hisham Zaman qui a remporté le Dragon Award du meilleur film nordique, plus haute récompense de la compétition, pour la deuxième année consécutive. En 2013, il avait en effet été couronné pour le long métrage Before snowfall.

Cette année, c'est son nouveau film Letter to the king qui a conquis le grand jury mené par le réalisateur franco-tchadien Mahamat-Saleh Haroun et composé de la productrice Agnes Johansen (Islande), le producteur Kalle Løchen (Norvège), la réalisatrice Anna Odell (Suède), l'actrice Maria Sid (Finlande) et le directeur de la photographie Erik Molberg Hansen (Danemark).

Letter to the king suit cinq migrants en attente de régularisation qui sont autorisés à passer une journée à Oslo. Le scénario intelligent et d'une grande fluidité permet à chaque personnage d'exister en très peu de scènes, mais surtout de dépasser le stéréotype du réfugié en recherche d'intégration.

Au contraire, Hisham Zaman met l'accent sur la simplicité et l'universalité de leurs destins personnels : un adolescent qui cherche l'amour, une jeune veuve hantée par son passé, un spécialiste d'arts martiaux en recherche d'emploi... Le portrait moderne et ultra-sensible, à la frontière du documentaire, d'une réalité extrêmement actuelle qui échappe à tous les clichés misérabilistes.

L'autre grand vainqueur de la compétition of horses and men nordique est l'Islandais Benedikt Erlingsson qui a réussi l'exploit de conquérir à la fois le public et la critique internationale avec son premier long métrage en tant que réalisateur, Of horses and men.

Ce grand film choral, à la fois hilarant et d'une grande profondeur, filme avec intensité, sensualité et élégance les rapports entre les personnages et les chevaux qui partagent leur quotidien.

La beauté de la mise en scène, et ses audaces formelles, en font une œuvre éminemment cinématographique qui poursuit donc sa moisson de récompenses, après avoir obtenu le prix du meilleur réalisateur à Tokyo, celui du meilleur film à Tallinn ou encore celui de meilleur nouveau réalisateur à San Sébastien.

the quiet roarC'est par ailleurs The Quiet Roar de Henrik Hellström (Suède) qui a reçu le prix de la meilleure photographie.

Le film raconte, dans une inspiration bergmanienne, l'expérience sensorielle "au-delà de l'esprit" d'une femme sur le point de mourir qui se reconnecte avec un épisode de son passé et a l'occasion de comprendre ce que fut sa vie.

Malgré l'atmosphère futuriste des premières séquences, il s'agit d'une introspection quasi statique et  minimaliste qui laisse un peu de marbre.

Enfin, dans les différentes autres compétition, l'Italienne Emma Dante a reçu l'Ingmar Bergman International Debut Award pour A Street in Palermo, Anna Eborn remporte le Dragon Award du meilleur documentaire nordique avec Pine Ridge qui suit de jeunes Indiens de la réserve Pine Ridge dans le Dakota du Sud et le Telia Film Award va à la Finlandaise Ulrika Bengts pour The disciple, un huis clos familial opposant un gardien de phare tyrannique, sa famille résignée et son jeune apprenti rebelle.

Tout le palmarès

Dragon Award du meilleur film nordique
Letter to the King d'Hisham Zaman

Dragon Award du meilleur documentaire nordique
Pine Ridge d'Anna Eborn

Prix du public du meilleur film nordique
Of Horses and men de Benedikt Erlingsson

Ingmar Bergman International Debut Award
A Street in Palermo d'Emma Dante

Sven Nykvist Cinematography Award
Fredrik Wenzel pour The Quiet Roar de Henrik Hellström

Prix du public du meilleur long métrage
Twin Sisters de Mona Friis Bertheussen

Prix FIPRESCI
Of Horses and men de Benedikt Erlingsson

Telia Film Award
The disciple d'Ulrika Bengts

Lorens Award du meilleur producteur
Lars Jönsson pour We are The Best!

Dragon Award d'honneur
Ralph Fiennes

Nordic Dragon Award d'honneur
Baltasar Kormákur

Göteborg 2014 : un film suédois met toute l’Europe d’accord

Posté par MpM, le 1 février 2014

le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaireAu Festival international du Film de Göteborg qui se tient jusqu'au 2 février, les représentants du cinéma suédois ont des raisons d'avoir le sourire : sorti le 25 décembre dernier, un film distribué par Disney Nordic est en train de chambouler le box-office national, mais également de toute la région.

The 100-Year Old Man Who Climbed Out the Window and Disappeared de Felix Herngren (Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire) adapté du best-seller suédois de Jonas Jonasson (5 millions d'exemplaires vendus dans 35 pays depuis sa sortie en 2009), est devenu le plus grand succès suédois au box-office national, détrônant l'adaptation du premier volet de la trilogie Millenium par Niels Arden Oplev qui avait engrangé 16,4 millions de dollars. Avec plus d'un million d'entrées, le film de Herngren a déjà été vu par plus d'un Suédois sur dix.

Un succès qui s'étend au-delà des frontières suédoises puisque, contre toute attente (le cinéma scandinave faisant rarement recette dans les pays nordiques), le film est en train de conquérir les marchés norvégien, danois et finlandais, en attendant la Corée du Sud, le Canada, le Japon ou encore Hong Kong qui souhaitent tous lui offrir une sortie en salles.

Le Festival de Berlin ne s'y est pas trompé, qui a choisi de montrer le film dans sa sélection "Berlinale Special", bien qu'il soit déjà sorti dans plusieurs pays d’Europe. “D'habitude, le festival de Berlin n'accepte que les films qui n'ont bénéficié d'une sortie que dans leur propre pays", explique Pia Lundberg, responsable du département international de l'institut suédois du Film.  "Mais ils ont voulu faire une exception lorsqu'ils ont réalisé que le film est un tel phénomène culturel."

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire raconte sur un ton léger l'histoire d'un centenaire (le populaire acteur Robert Gustafsson) qui s'échappe de sa maison de retraite et se lance dans un périple autour du monde. Il sortira sur les écrans français le 28 mai prochain.

Sundance 2014 : Whiplash, Grand prix du jury et prix du public

Posté par vincy, le 26 janvier 2014

whiplash

Incontestable : en remportant le doublé Grand prix du jury et prix du public, Whiplash est le grand vainqueur de la sélection du Festival de Sundance cette année. Ce drame propulse l'acteur Miles Teller (Rabbit Hole, The Spectacular Now) dans la cour des grands, de ces jeunes acteurs à suivre dans les prochaines années. Il est devenu en quelques mois la coqueluche de la critique américaine. Dans Whiplash, il incarne un jeune batteur de jazz prometteur qui doit conjurer ses démons (un père qui a échoué dans l'écriture, la peur de la médiocrité). Lui rêve d'être génial. Aussi se lance-t-il dans un apprentissage quasiment militaire de son métier avec un professeur cruel et autoritaire, brutal et déterminé. Ce jeu masochiste entre le maître et l'élève pour que celui-ci atteigne la perfection à n'importe quel prix, au mépris de toute humanité, dans un climat de plus en plus en tendu, a donc envouté le Festival.

C'est la deuxième année consécutive qu'un film américain gagne ce doublé prestigieux Jury/Public, un an après Fruitvale Station. Le réalisateur Damien Chazelle avait récolté le prix spécial du jury du court métrage l'an dernier à Sundance avec Whiplash, dont il a fait le long métrage primé cette année. Sony Classics a acquis les droits de distribution du film pour le monde entier.

Du côté des autres catégories, très peu de films repartent avec plus d'un prix. Parmi les films étrangers, le jury et le public n'ont pas fait consensus. Le jury a préféré récompenser un thriller chilien et un documentaire sur la guerre civile en Syrie tandis que le public a choisi un films sur la condition des femmes en Ethiopie et un documentaire sur un agent des services secrets israéliens.

Palmarès du 30e Festival de Sundance

- Grand prix du Jury - fiction américaine: Whiplash de Damien Chazelle
- Grand prix du Jury - documentaire américain: Rich Hill, de Tracy Droz Tragos et Andrew Droz Palermo
- Grand prix du Jury - fiction étrangère: To Kill a Man de Alejandro Fernandez Almendras
- Grand prix du Jury - documentaire étranger: Return to Homs de Talal Derki

- Prix du public - fiction américaine: Whiplash de Damien Chazelle
- Prix du public - documentaire américain: Alive Inside: A Story of Music & Memory, de Michael Rossato-Bennett
- Prix du public - fiction étrangère : Difret de Zeresenay Berhane Mehari
- Prix du public - documentaire étranger: The Green Prince, de Nadav Schirman
- Prix du public - nouveau talent : Imperial Dreams

- Réalisation - fiction américaine : Cutter Hodierne, Fishing Without Nets
- Réalisation - documentaire américain : Ben Cotner et Ryan White, The Case Against 8
- Scénario - fiction américaine : Craig Johnson, The Skeleton Twins
- Image - fiction américaine : Christopher Blauvelt, Low Down
- Image - documentaire : Rachel Beth Anderson et Ross Kauffman, E-Team
- Montage - documentaire : Jenny Golden et Karen Sim, Watchers of the Sky

- Prix spécial du jury - fiction étrangère : God Help the Girl
- Prix spécial du jury - documentaire étranger : We Come as Friends
- Prix spécial du jury de la révélation : Justin Simien, Dear White People
- Prix spécial du jury de la musique : The Octopus Project, Kumiko the Treasure Hunter
- Prix spécial du jury - documentaire : The Overnighters
- Prix spécial du jury pour l'usage de l'animation - documentaire : Watchers of the Sky

- Réalisation - fiction étrangère : Sophie Hyde, 52 Tuesdays
- Réalisation - documentaire étranger : Iain Forsyth et Jane Pollard, 20000 Days on Earth

- Scénario - fiction étrangère : Eskil Vogt, Blind
- Image - fiction étrangère : Ula Pontikos, Lilting
- Image - documentaire étranger : Thomas Balmes et Nina Bernfeld, Happiness
- Montage - documentaire étranger : Jonathan Amos, 20000 Days on Earth

- Prix Alfred P. Sloan (pour un film valorisant les Sciences et la technologie) : Mike Cahill, I Origins

Grace de Monaco ouvrira le Festival de Cannes

Posté par vincy, le 24 janvier 2014

Nicole Kidman dans Grace de Monaco d'Olivier Dahan

Le film du cinéaste français Olivier Dahan, Grace de Monaco fera l’ouverture du 67e Festival de Cannes. Il sera projeté en avant-première mondiale le mercredi 14 mai 2014. Sa sortie, à l'origine prévue le 19 mars en France, est donc reportée au 14 mai.
Cette annonce explique le retrait ce matin du film dans le programme des sorties de son distributeur américain, The Weinstein Company. Il devait être dans les salles américaines le 14 mars. Aucune nouvelle date n'est annoncée pour les USA.

Initialement, le film devait sortir fin 2013, puis fin janvier 2014. Ce n'est donc que le énième report. Mais ce coup-ci, il a le droit au très grand honneur d'ouvrir le plus grand festival du monde.

Après des mois de confrontations entre le réalisateur et Harvey Weinstein, qui souhaitait un montage différent de la version de Dahan (lire notre actualité du 18 octobre 2013), Grace de Monaco semble prêt pour un lancement en fanfare : le glamour de la princesse et le mythe de la star Grace Kelly illumineront les marches de Cannes.

affiche grace de monacoPolémiques

Reste à savoir quelle version l'a emporté. Contractuellement, Weinstein n'a pas le final cut sur le film. "Ils veulent un film commercial, c'est-à-dire au ras des pâquerettes, en enlevant tout ce qui dépasse, tout ce qui est trop abrupt, en enlevant tout ce qui est cinéma, tout ce qui fait la vie. (...) Et les décisions ne sont prises que par rapport au marketing, à la sortie, etc." "Mais ce n'est pas encore fini, je n'ai pas abandonné" avait affirmé Olivier Dahan.
D'autres polémiques autour du film sont apparues, notamment la colère toute diplomatique et très médiatique de la Principauté de Monaco. Les trois enfants de grace ont rejeté le scénario, considérant que l'histoire a été réécrite, avec de nombreuses inexactitudes historiques et des scènes complètement inventées.

Le film évoque un moment de la vie de l’actrice américaine Grace Kelly (Nicole Kidman) devenue Grace de Monaco lorsqu’elle épousa le Prince Rainier III (Tim Roth) en 1956, ce qui fut qualifié de mariage du siècle. Elle tournait alors avec les plus grands réalisateurs hollywoodiens (John Ford, Alfred Hitchcock, Fred Zinnemann) et avait déjà été couronnée d’un Oscar. Six ans plus tard, alors qu’il lui est parfois difficile d’endosser sa fonction, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood pour jouer dans son nouveau film, Marnie. Au même moment, la France menace de taxer, voire d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est devenue la monarque. Grace, actrice ou princesse? C'est l'heure du choix.

Le film est produit par Pierre-Ange Le Pogam (ex d'Europacorp et qui a créé sa structure Stone Angels, Uday Chopra et Arash Amel (par ailleurs coscénariste avec Dahan). Le casting, outre Kidman et Roth, regroupe Frank Langella, Parker Posey, Jeanne Balibar, Sir Derek Jacobi et Paz Vega. Le projet a été lancé il y a deux ans (lire notre actualité du 11 janvier 2012). Olivier Dahan, 46 ans, a notamment réalisé La Möme (La vie en rose) en 2007 mais aussi Les seigneurs (2012), Les rivières pourpres II, Le petit poucet.

Nicole Kidman viendra en habituée du Festival. En 2012, elle était en compétition avec Paperboy et hors-compétition avec Hemingway & Gellhorn, en 2003 on l'y a vue dans Dogville, en 2001 elle avait déjà fait l'ouverture avec Moulin Rouge!, en 1995 elle était sur la croisette avec Prête à tout et en 1992 avec Horizons lointains. L'an dernier, Kidman était membre du jury de la compétition. Lors de la cérémonie d'ouverture, elle croisera Jane Campion, présidente du jury, avec qui elle a tourné Portrait de femme en 1996.