Les Chaussons rouges de Powell & Pressburger : vivre et aimer ou danser jusqu’à épuisement ?

Posté par Claire Fayau, le 6 avril 2010

 les chaussons rouges"- Pourquoi tenez -vous à danser ?
- Pourquoi tenez -vous à vivre ? 
"

L'histoire: Le soir de la première de Cœur de feu, le célèbre impresario Boris Lermontov - directeur de la prestigieuse troupe de ballet qui porte son nom- fait la connaissance de Victoria Page, une danseuse qui le persuade de l'engager. Dans le même temps, il embauche un jeune compositeur, Julian Craster, qui était venu se plaindre de plagiat. Intransigeant, Lermontov dirige ses employés d'une main de fer, exigeant d'eux qu'ils se vouent entièrement à leurs carrières. Lorsqu'il annonce son nouveau ballet, Les Chaussons rouges, inspiré du conte d'Andersen, il s'agit d'un projet d'une ampleur sans précédent : Craster le composera, Page le dansera ; ils deviendront des vedettes internationales, à condition de tout sacrifier à cet art...

Notre avis: Attention, chef d'œuvre. Quelques grammes de fantaisie et d'art dans un monde de brutes. Les Chaussons rouges, une référence pour des artistes, notamment Scorcese, à l'origine de la restauration , qui y voit LE film sur l'art : "Indéniablement le plus beau film en Technicolor. Une vision jamais égalée". L'oeuvre remporta deux Oscars (musique, direction artistique) et est considéré comme l'un des vingts films britanniques les plus marquants de l'Histoire.

Le dernier réalisateur à rendre hommage à ce  splendide film  fut Francis Ford Coppola dans Tetro : les séquences de ballet issus des Chaussons rouges (et des Contes d’Hoffmann du même réalisateur, Michael Powell) ont constitué une intrusion réussie, poétique et colorée dans ce film  filmé la plupart du temps en noir et blanc. Cannes Classics ne s'y est pas trompé en l'incluant dans sa sélection.

Force est de constater que le résultat de la restauration est bluffant, au point d'oublier les 62 ans du film, happé par les images. Michal Powell et Emeric Pressburger s'offrent ici le luxe de placer un vrai ballet de 17 minutes, l'un des plus beaux moments de danse filmé, avec inventivité, sa place dans la narration complexe du film , le jeu de miroirs ... et 53 danseurs.

Au -delà de la question de l'artiste (vivre de son art ou mourir pour lui), il s'agit de savoir comment rester  fidèle à  soi - même lorsque vous êtes poussé à être quelqu'un d'autre...Un film kaléidoscope : pour le prix d'un ticket de cinéma, le spectateur verra un spectacle de danse, l'envers du décor,  pourra réfléchir à l'art et sur sa propre vie ...

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- Pour fêter la version restaurée du  film, une exposition des dessins du décorateur du film Hein Heckroth (qui refit tous les décors). Exposition présentée au cinéma Le Nouveau Latina 20, rue du Temple, Paris 4e,  du  31 mars jusqu'au 4 mai.

Michael Jackson, une mégastar déchue (1958-2009)

Posté par vincy, le 25 juin 2009

michaeljackson09.jpg

King of the Pop. L'une des plus grandes stars du XXe siècle, par son impact médiatique, culturel mais aussi sociétal, serait mort ce jeudi 25 juin. Le même jour que Farrah Fawcett. Un arrêt cardiaque a 50 ans.

Le cinéma lui aura toujours tourné le dos. Contrairement à Madonna (Evita) ou Whitney Houston (The Bodyguard), il n'aura jamais trouvé le rôle qui l'aurait consacré. Sans doute ses obsessions névrotiques et ses opérations chirurgicales n'ont pas aidé celui qui détenait les droits des Beatles et ceux de ses propres albums, notamment "Thriller" et "Bad", parmi les plus vendus de l'histoire. Très endetté, et la réputation entahcée par des scandales pédophiles, Jackson a souvent essayé de revenir sur le devant de la scène, en vain.

Ses clips ont été réalisés par les plus grands : John Landis (Thriller), Martin Scorsese (Bad), Stan Winston (Ghosts). Il a aussi joué pour Francis Ford Coppola (l'attraction "Captain Eo"). On l'a entreaperçu dans Men in Black II, en Agent M, et plus longuement dans une nouvelle version du Magicien d'Oz, avec son idole, Diana Ross, The Wiz, de Sidney Lumet (en 1978). Il était, enfin, très proche de Elizabeth Taylor.

De nombreux hits ont été utilisés dans différents films pour leur bande originale.

Les mots de Cannes : Coppola par Thierry Frémeaux

Posté par vincy, le 15 mai 2009

"Il est néanmoins amusant de se voir reprocher de ne pas présenter son film par ceux-là même qui jugent que la sélection officielle présente trop de cinéastes connus."

- Thierry Frémaux qui se voit reprocher d'une part le faible nombre d'Américains, d'autre part le trop grand nombre de cinéastes déjà venus, et enfin le fait que Coppola soit aller à la Quinzaine des réalisateurs et pas en en Sélection officielle.

Cannes : la Quinzaine des réalisateurs 2009 tire son épingle du jeu

Posté par MpM, le 24 avril 2009

Quinzaine des RéalisateursAvec Francis Ford Coppola en ouverture et deux réalisateurs habitués de la sélection officielle en compétition (Pedro Costa et Hong Sang-so), la Quinzaine des réalisateurs a magistralement ménagé ses effets pour concocter un programme alternatif particulièrement alléchant. Et comme en pied de nez à son illustre aînée, la section parallèle a mis l'accent sur l'Amérique du Nord (cinq longs métrages américains et trois canadiens) curieusement sous-représentée dans la course à la Palme d'or !

 Ouverture

Tetro de Francis Ford Coppola (Argentine-Espagne-Italie)

Clôture

Ajami de Scandar Copti et Yaron Shani (Israël-Allemagne)

Compétition

La Pivellina de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Autriche)
The Alasness of Things de Felix van Groeningen (Belgique-Pays-Bas)
Eastern Plays de Kamen Kalev (Bulgarie-Suède)
Carcasses de Denis Cote (Canada)
J'ai tué ma mère de Xavier Dolan (Canada)
Polytechnique de Denis Villeneuve (Canada)
Navidad de Sebastian Lelio (Chili)
Oxide 2 de Liu Jia Yin (China)
La famille Wolberg d'Axelle Ropert (France-Belgique)
Land of Madness de Luc Moullet (France)
Le roi de l'évasion d'Alain Guiraudie (France)
Les beaux gosses de Riad Sattouf (France)
Yuki & Nina de Nobuhiro Suwa et Hippolyte Girardot (France-Japon)
Daniel & Ana de Michel Franco (Mexico-Spain)
Karaoke de Chan Fui (Chris) Chong (Malaysie)
Ne change rien de Pedro Costa (Portugal-France)
Here de Ho Tzu-Nyen  (Singapour-Canada)
Like You Know It All de Hong Sang-soo (Corée du Sud)
Amreeka de Cherien Dabis (USA)
Go Get Some Rosemary de Benny Safdie et Josh Safdie (USA-France)
Humpday de Lynn Shelton (USA)
I Love You Phillip Morris de Glenn Ficarra et John Requa (USA-France)

Séance spéciale

Montparnasse de Mikhael Hers (France)

Courts métrages

Cicada d'Amiel Courtin-Wilson (Australie)
Jagdfieber d'Alessandro Comodin (Belgique)
Superbarroco de Renata Pinheiro (Brésil)
Anna de Runar Runarsson (Danemark)
Nice de Maud Alpi (France )
Les fugitifs de Guillaume Leiter (France)
Thermidor de Virgil Vernier (France)
The History of Aviation  de Balint Kenyeres (Hongrie)
Song of Love and Health de Joao Nicolau (Portugal-France)
Dust Kid  de Jung Yu-mi (Corée du Sud)
The Attack of the Robots from Nebuma-5 de Chema Garcia Ibarra (Espagne)
Drommar Fran Skogen de Johannes Nyholm (Suède)
American Minor de Charlie White (USA)
John Wayne Hated Horses de Andrew Betzer (USA)

Cannes : les films américains attendus sur la Croisette

Posté par MpM, le 28 février 2009

Dès lors qu'il s'agit de cinéma américain, pour un festival, il s'agit de garder une juste mesure entre glamour et cinéphilie. A Cannes, les Etats-Unis ne sont jamais ni absents, ni anecdotiques, représentant à peu de choses près 20% de la compétition officielle et presque la moitié des séances de prestige, sans pourtant donner l'impression d'être la seule voie possible. Après les chocs cinématographiques du Che et de Two lovers, on compte largement sur Thierry Frémaux et son équipe pour dénicher les équivalents 2009 parmi la pléthore de longs métrages d'ores et déjà pressentis (et espérés) sur la Croisette.

ingloriousbasterds1.jpgIndéniable favori numéro 1, Quentin Tarantino, l’enfant chéri du Festival, qui avec son projet ambitieux (Inglourious basterds) et son casting de folie (Brad Pitt, Samuel L. Jackson, Maggie Cheung, Mélanie Laurent, Diane Kruger...) semble avoir une place d'ores et déjà réservée en Sélection officielle. A l'heure actuelle, la vraie question ne serait d'ailleurs pas : "le film sera-t-il à Cannes ?" mais "sera-t-il en compétition ou en séance de minuit ?". Plus compliqué qu'on ne le croit, la présidente du jury cannois, Isabelle Huppert, ayant été pressentie pour jouer dans le film avant de finalement refuser pour des raisons peu claires... On la voit mal devoir maintenant juger de la qualité finale.

D'autres habitués de la compétition cannoise pourraient être de nouveau de la partie, à commencer par les frères Coen (A serious man), Jim Jarmusch (The limits of control), Steven Soderbergh (qui a même deux films à proposer : The girlfriend experience et The informant avec Matt Damon) et Michael Moore. Mais ils devront faire face à la concurrence de cinéastes moins fréquemment sélectionnés et qui présentent peut-être l'avantage de donner une impression de changement, à défaut de renouveau. On pense ainsi à Francis Ford Coppola (Tetro) qui n'est pas venu à Cannes depuis des années ou encore à Terry Gilliam (The imaginarium of Dr Parnassus, le dernier rôle d’Heath Ledger) dont chaque nouveau film est une promesse excitante. Sans oublier Todd Solondz (Forgiveness), Neil Jordan (Ondine), Richard Kelly (The box) et George A. Romero (Island of the dead) qui font office d'alternative séduisante et non négligeable. On pense aussi à à Ang Lee (Taking woodstock, sur le concert mythique) qui a toujours préféré Venise, mais qui vient d'être nommé Président du jury à la Mostra italienne. Il est impossible qu'un président de jury présente en plus son film en compétition.

Parmi les étrangers travaillant à Hollywood, on peut enfin espérer la venue d'Alejandro Amenabar (Agora) qui met en scène Rachel Weisz dans le rôle de la philosophe antique Hypatie et de Jane Campion (la seule réalisatrice à détenir une Palme d'or) avec Bright star, un film sur le poète britannique John Keats.

Et quid des grosses machines présentées à Cannes en avant-première pour le divertissement des festivaliers ? Après Indiana Jones IV et Kung-fu panda, la barre est placée un cran plus haut que d'habitude, mais Terminator renaissance (de McG) avec Christian Bale apparait comme un choix logique. Quant à Harry Potter et le Prince de sang mêlé, ce serait indéniablement un sacré coup médiatique. En tout cas plus plausible que GI Joe, le réveil du cobra ou Transformers la revanche, les deux autres blockbusters de l'été...

On peut aussi rêver : Up de Pixar?

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A suivre : les autres continents en course pour la Palme d'or

Cannes : les films européens qui pourraient monter les marches

Posté par MpM, le 27 février 2009

Berlin terminé, les Oscars décernés… pour s’occuper, la profession n’a plus qu’à lorgner du côté de Cannes et des films qui, s’ils étaient prêts à temps, pourraient faire sensation sur le tapis rouge. La liste est longue et parfois fantasque, mais certains noms reviennent avec une vraie constance. Sûrement de quoi amuser Thierry Frémaux qui, comme chaque année, va au cours des deux mois qui viennent découvrir au fil des articles de journaux ce qu’il est censé aimer ou détester.

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Aux réalisateurs français déjà cités (voir notre article du 18 janvier), se sont peu à peu ajoutés l’incontournable Bruno Dumont (Hadewijch), Marina de Van (Ne te retourne pas, déjà pressenti en 2008) et Gaspar Noe (Soudain le vide), trois réalisateurs susceptibles de susciter une vraie bonne polémique comme la Croisette en est friande. Dans un genre très différent, certains parlent du documentaire de Nicolas Hulot, The titanic Syndrome tandis qu'en outsiders, on voit bien Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon, adapté d'un roman de Eric Holder) ainsi qu' Albert Pereira Lazaro et son complice Emmanuel Klotz pour le film d'animation Les lascars.

Déjà venus, Tony Gatlif (Liberté), Alain Resnais (Les herbes folles) et Cédric Kahn (Les regrets) pourraient enfin faire également partie des prétendants présentés aux sélectionneurs du Festival. On l'a compris, le choix final risque d'être particulièrement complexe... d'autant que, traditionnellement, seuls trois ou quatre films français figurent en compétition.  Même avec la possibilité d'un "repêchage" en "séance spéciale" ou dans le cadre de la section "Un certain regard", la majorité des longs métrages envisagés ne fera pas le voyage, et cela indépendamment de toute considération artistique.

Almodovar, Loach, Von Trier, Mungiu...

Il ne faut pas croire que la sélection s'annonce plus facile dans le reste de l'Europe. Même parmi les "fidèles", voire les déjà palmés, un tri drastique va s'imposer. De Pedro Almodovar (Los abrazios rotos, avec Peneloppe Cruz) dont on ne compte plus les tentatives de remporter la Palme à Ken Loach (Looking for Eric, sur et avec Eric Cantonna) qui l'a reçue en 2006, ils sont tous prêts : Lars von Trier (Antichrist avec Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg), Fatih Atkin (Soul kitchen, une comédie avec Morritz Bleibtreu), Michael Haneke (Le ruban blanc), Cristian Mungiu (Palme d’or 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui revient avec Tales from the golden age, sur la Roumanie communiste), Marco Belloccio (Vincere), Bela Tarr (The Turin horse), Andreas Arnold (Fish tank), Danis Tanovic (Triage)...

Toutefois, la surprise pourrait aussi venir de ceux qui n'ont jamais connu les honneurs de la compétition ou même du Festival : l'Italien Michele Placido (Il grande sogno), l'Autrichienne Jessica Hausner (Lourdes), l'Islandais Dagur Kari (The good heart), l'Allemand Matthias Glasner (This is love, sur la prostitution enfantine en Thaïlande) ou encore le film d'animation nordique, Metropia, dirigé par Tarik Saleh.

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A suivre : les films nord-américains attendus sur la Croisette

Les 100 plus beaux films du cinéma au Reflet Médicis

Posté par vincy, le 18 novembre 2008

citizenkane.jpgLe critique Claude-Jean Philippe a initié cette programmation insolite intitulée Les 100 plus beaux films du cinéma. Ainsi, cent personnalités du 7e Art - scénaristes, critiques, cinéastes, producteurs, ... - ont désigné leur Top 100.

Du 17 novembre 2008 au 6 juillet 2009, le cinéma parisien Le Reflet Médicis diffusera deux à trois de ces classiques en version originale.

Ouvrant avec Lola de Jacques Demy, le festival enchaînera evc Citizen Kane, La règle du jeu, Mulholland Drive, Les temps modernes, Les 400 coups, Parle avec elle, La mort aux trousses...

Parmi les cinéastes plusieurs fois cités, et donc projetés, on notera la présence de Federico Fellini, Kenji Mizogushi, Jean Renoir, Alfred Hitchcock, Vincente Minelli, Charlie Chaplin, Max Ophuls, Jean-Luc Godard, Jacques Tati, Howard Hawks et Francis Ford Coppola. L'absence de films venus d'Amérique latine, d'Afrique ou même de Chine, montre cependant que le patrimoine cinématographique se concentre autour de cinq grandes cinéphilies : Etats-Unis, Russie, Italie, France et Japon.

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Au Reflet Médicis
3-5, rue Champollion 75005 Paris

Tout le programme
Tarifs. Plein : 8 euros 90, réduit : 6 euros 80, scolaire : 4 euros 30, matinée : 5 euros 90 ; Tarif réduit pour étudiants, chômeurs, + de 60 ans et familles nombreuses, du lundi au vendredi jusqu’à 17h30, - de 18 ans et carte imagin’R, tous les jours.
Cartes Les Ecrans de Paris, UGC illimité et Le Pass acceptées.

AFI (4). Gangster : Coppola surpasse Scorsese

Posté par vincy, le 27 juin 2008

godfather.jpgContre toute attente, on attendait un Scorsese. Allez savoir pourquoi. Les affranchis (2e) pourtant ne déméritent pas. Mais même l’acteur fétiche Robert de Niro se voit contester sa suprématie dans le secteur par James Cagney et surtout Al Pacino (trois films sur dix). Le véritable boss du genre est Francis Ford Coppola. Le Parrain est considéré comme l’un des cinq meilleurs films de l’histoire du cinéma américain, et domine largement le reste du classement. Plus fort, sa suite, Le Parrain II, est 3e. Avec Scarface (1983), cela fait donc trois Pacino. Ironiquement c’est aussi dans ce classement qu’on trouve un remake (Scarface) et son original (1932). Un genre qui finalement a toujours su se renouveler puisque, de 1931 (Little Caesar, L’ennemi public) à 1994 (Pulp Fiction), en passant par Bonnie and Clyde (1967), le voyou a toujours eu son heure de gloire, entre film noir et opéras macabres, avec des films au style singulier et marquant.

Notre avis : Impressionnant et gonflé, Le Parrain a fait la transition entre deux époques d’Hollywood, et reste le gardien du temple.

Prochain épisode : la science-fiction ou la revanche de Kubrick