Jean-Claude Brisseau (1944-2019) part sans bruit ni fureur

Posté par vincy, le 11 mai 2019

Le cinéaste Jean-Claude Brisseau est décédé samedi à Paris à l'âge de 74 ans, a appris l'AFP par son entourage.

Le réalisateur et scénariste est décédé dans un hôpital des suites d'une longue maladie. Sa filmographie est marquée par trois films: De bruit et de fureur (1988), prix spécial de la jeunesse au Festival de Cannes et prix Perspectives du cinéma français, Noces Blanches (1989) qui révéla l'actrice Vanessa Paradis (qui empocha un césar l'année suivante) et La Fille de nulle part (2012), Léopard d'or au festival de Locarno.

Sa filmographie s'étend sur 40 ans, depuis son premier long en 1976, La croisée des chemins, qui pose une partie des bases d'un cinéma sulfureux où il scrute une jeune fille rebelle partagée entre le désir et la mort. Avec Un jeu brutal, il croise le chemin de Bruno Cremer, qu'il enrôle pour être un biologiste meurtrier. Crémer sera le truand de De bruit et de fureur, l'un des premiers films sur la banlieue, où la dureté et la violence quotidienne croise le rêve naturaliste d'un adolescent dans un environnement de solitude et d'exclusion. Une série de déflagrations qui achève le film dans une tragédie désespérée.

Noce blanche est une confrontation presque sage entre un Cremer prédateur et une Paradis pas vraiment innocente en jeune fille ex-prostituée et toxico, amoureuse de son professeur de philosophie. Derrière son émancipation, et leur histoire d'amour, il y a le vertige des deux à plonger dans un monde inconnu. Dans une interview accordée aujourd'hui au journal Le Monde, Vanessa Paradis évoque un réalisateur très grand, très autoritaire, avec une voix grave.

Il était réputé difficile. Pas vraiment le genre à attirer la sympathie. Mais ce révolté passionné et avide de liberté, avec le soutien des Films du Losange, a pu bâtir une œuvre singulière dans le cinéma français et relativement hétérogène. Avec Céline, portrait d'une jeune femme paumée versant dans le surnaturel, L'ange noir, seul grand rôle de cinéma pour Sylvie Vartan, accompagnée de Michel Piccoli, Tchéky Karyo et Philippe Torreton, dans une sordide manipulation criminelle, ou encore Les savates du bon Dieu, film romantique autour d'une quête amoureuse, à travers une errance et des braquage.

C'est loin d'être parfait. Mais il y a l'influence des grands cinéastes américains - dont John Ford qu'il admirait - qui planent à chaque fois. A partir des années 2000, la difficulté de trouver des vedettes de premier rang ou des noms connus ont compliqué le montage de ses films. Il poursuit sa voie sur le portrait de jeunes femmes marginales, dans des milieux précaires, avec la séduction, la cruauté et la mort qui s'entremêlent: Choses secrètes, A l'aventure, ou son dernier film Que le Diable nous emporte, son ultime film (2018), vaudeville plus mature où la violence masculine et la méditation sont autant d'obstacles ou de leviers vers le bonheur compliqué par le jeu des sentiments.

Jusqu'à cette mise en abyme ratée dans Les anges exterminateurs, inspiré de son propre livre et présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, où il confie ses méthodes particulières de travail, sa manière de sélectionner ses actrices et finalement, comment il s'est retrouvé condamné en justice pour harcèlement et agression sexuelle sur des actrices à qui il avait fait passer des auditions.

Il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Paris en 2005 pour harcèlement sexuel à un an de prison avec sursis et à 15 000 euros d'amende pour harcèlement sexuel sur deux actrices lors d'auditions pour son film Choses secrètes. En décembre 2006, il est condamné en appel pour agression sexuelle sur une troisième actrice.

Suite à cela, le mouvement #metoo, qui jugeait toute célébration de son œuvre insupportable, avait contraint la Cinémathèque, qui avait essayé de défendre l'artiste en oubliant que l'homme avait été condamné, à annuler fin 2017 la rétrospective qu'elle devait lui consacrer.

Pas étonnant que son film le plus sincère, sacré à Locarno, La fille de nulle part, soit aussi son film miroir. Il y joue le rôle masculin principal, Michel un professeur de mathématique veuf et à la retraite qui vit cloîtré dans son appartement parisien. Sa vie monacale est bouleversée par l'arrivée d'une jeune femme agressée. Se noue une complicité et une entraide, troublée une fois de plus par d'étranges manifestations paranormales. Tout son cinéma est condensé là: la détresse des femmes, la violence de la société, l'amour comme seul rempart, loin des jugements et de la morale.

"C’est précisément l’esprit archaïque du cinéma des origines que convoque le réalisateur dans son propre appartement, où il a tourné avec un caméscope et une poussette (pour les travellings). Impression unique de voir un hybride entre le prosaïsme délicat et articulé d’Éric Rohmer (tendance Lumière) et les noires féeries de John Carpenter (tendance Méliès). Le dispositif paraît évidemment rudimentaire, voire bredouillant, mais cela en fait le charme gracile et discret" pouvait-on lire dans L'Humanité.

Sans doute filmait-il son propre fantôme, lui si mystique. Sans doute son cinéma a-t-il été mal compris à cause de ses agissements et de ses méthodes qui déforment les jugements. Car si on y regarde bien, il sublimait souvent ses actrices, et dénonçait tout aussi souvent la brutalité masculine. Homme d'une autre époque, cela n'excuse pas tout. Il vitupérait le féminisme castrateur d'hommes hétérosexuels et le climat de censure de l'époque. Mais il regrettait surtout de ne plus pouvoir tourner avec les vedettes qui l'intéressaient. Il s'inquiétait de ne plus pouvoir filmer. Il était déphasé.

Dans une de ces dernières interview, à Paris-Match, il expliquait: "Je suis trop émotif (...)  Je vous avoue que l’opinion que les gens de cinéma peuvent avoir de moi me laisse indifférent. Là où je suis triste, c’est pour mes anciens élèves. Avant, quand je les rencontrais dans la rue, ils étaient fiers. Maintenant, j’ai l’image colportée d’un “super-violeur”. Mais quand j’ai eu un procès, je ne me suis pas défendu. J’ai eu tort". Ajoutant: "J’ai vécu des réactions de vengeance… Alors que la jouissance de la femme m’a toujours intéressé au cinéma et que je ne fais que creuser les mêmes thèmes."

Jean-Claude Brisseau, inexcusable, restera entaché par cette affaire (alors que d'autres bien plus vénérés s'en sont sortir indemnes). Mais le cinéaste, lui, aura produit quelques beaux films qui sondaient le mystère des femmes, le plus inexplicable à ses yeux.

Le Festival de Locarno se projette à Paris

Posté par vincy, le 7 septembre 2012

Pendant trois jours, le Nouveau Latina (Paris 4e) proposera une Carte blanche au 65e Festival du Film de Locarno. Du 25 au 27 septembre, pour la troisième année, le Centre Culturel Suisse, des films du palmarès, des courts métrages et des coups de coeur de l'ex-directeur artistique Olivier Père seront projetés pour le public parisien, en attendant une éventuelle distribution en salles.

Pour 7€ par séance ( artes UGC Illimité et Pass Gaumont acceptées), vous pourrez ainsi voir les auteurs de demain ainsi que le nouveau film de Jean-Claude Brisseau, Léopard d'or, en présence du réalisateur.

Mardi 25 septembre : le palmarès.

- 17h : Somebody Up There Likes Me de Bob Byington - Prix spécial du jury
- 18h30 : When Night falls de Ying Liang - Meilleur réalisateur, Meilleure actrice
- 20h : La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau - Léopard d'or
- 22h : Inori de Pedro Gonzalez Rubio - Léopard d'or de la sélection Cinéastes du présent

Mercredi 26.09 : la carte blanche à Olivier Père.

- 18h : Leviathan de Verena Paravel & Lucien Castaing-Taylor
- 20h : A Ultima Vez Que Vi Macau de Joao Pedro Rodrigues & Joao Rui Guerra da Mata
- 21h40 : Playback de Sho Miyake

Jeudi 27.09 : les courts métrages
- 18h : 4 Films du palmarès 2012
- 19h45 : Programme Corti d'artista
- 21h15 : Programme Corti d'autore

Légère hausse de la fréquentation au Festival de Locarno

Posté par vincy, le 13 août 2012

Le 65e Festival du film de Locarno s'achève sur une légère hausse de sa fréquentation avec 161 680 spectateurs durant les 11 jours du Festival (contre 159 500 l'an dernier).

Le nombre d'accréditations reste stable (3 950), sans doute à cause des capacités limitées d'hébergement dans la cité lacustre helvétique. 900 journalistes de 45 pays ont couvert l'événement. Mais c'est surtout le marché qui a vu une forte progression du nombre de professionnels (970 contre 900 l'en dernier) : la stratégie  d'ouverture vers l'industrie, et notamment avec une importante sélection de projets à financer ou de films sans distributeurs s'avère payante.

Le 66e Festival de Locarno se tiendra du 7 au 17 août 2013. Son président Marco Solari a rappelé que, "parmi les priorités fixées", la manifestation souhaite "une augmentation du marketing mondial du Festival ainsi que le soutien aux efforts de la Ville de Locarno dans la réalisation du Palazzo del cinema, avec pour objectif d’en faire un centre de compétence de l’audiovisuel”.

Locarno 2012 : Léopard d’or pour le cinéaste français Jean-Claude Brisseau

Posté par vincy, le 12 août 2012

La poésie et le mystère du film de Jean-Claude Brisseau aura séduit le jury de Locarno. Depuis Peau d'homme cœur de bête de Hélène Angel en 1999, aucun cinéaste français n'avait remporté le Léopard d'or du Festival International du Film de Locarno. Brisseau est le 10e réalisateur de l'Hexagone a remporté ce prix. A 68 ans, cet autotodidacte en marge du cinéma national, porte un cinéma mêlant réalisme et fantastique, s'intéressant à la fracture sociale, et sa violence, aux femmes (et leur plaisir), au désir (et sa transgression). La fille de nulle part n'échappe pas à ces thématiques. Brisseau, dont la personnalité sulfureuse l'a conduit dans les tribunaux pour harcèlement sexuel, s'intéresse de plus en plus aux phénomènes paranormaux, qu'il insère dans ses scénarios. Le réalisateur de Noce blanche (qui révéla Vanessa Paradis en actrice) et De Bruit de Fureur remporte ici son prix le prestigieux.

Le jury de la Compétition internationale a livré un palmarès éclectique et cosmopolite. Une comédie américaine pour le prix du jury, un cinéaste chinois sous pression du pouvoir de son pays pour le prix du meilleur réalisateur, son actrice pour le prix d'interprétation féminine, un acteur autrichien pour celui d'interprétation masculine, ...

Notons que Ying Liang, prix du meilleur réalisateur, est actuellement l'objet de harcèlement de la part du gouvernement chinois qui a fait pression depuis des mois pour qu'il abandonne son projet. Le film est une transposition d'un fait divers sur un procès expédié et une exécution sans appel d'un homme accusé d'avoir poignardé des policiers. Le cinéastes est contraint de s'installer à Hong Kong.

Enfin du côté de la Piazza Grande, le prix du public est revenu à la cinéaste britannique Cate Shortland (Sommersault, 2004) pour Lore. L'histoire se déroule en 1945 à la fin de la guerre : un groupe d’enfants, dont les parents, des SS nazis, sont sous la garde des Alliés, s’apprête à traverser l’Allemagne dévastée pour retrouver leur grand-mère à près de 900 kilomètres au Nord.

Et les critiques du magazine professionnel Variety ont remis leur prix à un film français, présenté à la Quinzaine des réalisateurs cette année à Cannes, Camille redouble de Noémie Lvovsky. Le prix est attribué au film qui se distingue à la fois par ses qualités artistiques et par son potentiel pour une sortie en salles.

Compétition internationale

Léopard d'or : La fille de nulle part, Jean-Claude Brisseau, France
Prix spécial du jury : Somebody Up There Likes Me, Bob Byington, USA
Léopard du meilleur réalisateur : Ying Liang pour When Night Falls (Wo Hai You Hua Yao Shuo), Chine/Corée du sud
Prix d'interprétation féminine : An Nai pour When Night Falls (Wo Hai You Hua Yao Shuo), Chine/Corée du sud
Prix d'interprétation masculine : Walter Saabel pour Der Glanz des Tages (The Shine of Day), Autriche
Mention spéciale : le personnage Candy dans le film A Ultima Vez que Vi Macau, "dont la présence puissante malgré son absence résonne auprès du jury comme la représentation de l'immense courage du cinéma portugais à une époque où les faillites des gouvernements et des systèmes sociaux menacent les arts cinématographiques du monde."

Cinéastes du présent

Léopard d'or Cinéastes du présent - Prix George Foundation : Inori, Pedro Gonzaleez-Rubio, Japon
Prix du meilleur réalisateur en devenir : Joel Potrykus pour Ape, USA
Prix spécial du jury Ciné + Cinéastes du présent : Not in Tel Aviv, Nony Geffen, israël
Mention spéciale : Tectonics, Peter Bo Rappmund, USA

Premiers films

Léopard d'or de la meilleure première oeuvre : Memories Look at Me (Ji Yi Wang Zhe Wo), Song Fang, Chine
Mention spéciale : Ape, Joel Potrykus, USA

Piazza Grande

Prix du Public UBS : Lore, Cate Shortland, Royaume Uni/Allemagne
Prix Variety Piazza Grande : Camille redouble, Noémie Lvovsky, France

Johnnie To s’inquiète du déclin du cinéma de Hong Kong

Posté par vincy, le 31 juillet 2012

Ça ne semble pas briller très fort pour Johnnie To ces temps-ci. Pourtant, le cinéaste hong-kongais va recevoir un Prix honorifique pour l'ensemble de sa carrière à Locarno cette semaine, un mois après celui rendu par Paris Cinéma. Mais ses résultats au box office sont moins explosifs qu'auparavant. La vie sans principe, son dernier film, sorti le 11 juillet, aura du mal à dépasser les 20 000 entrées en France. A Hong Kong, le film s'est classé dans le Top 50 annuel, de justesse. A raison de deux films par an, comme réalisateur, To a déjà 55 films au compteur. Certains ont été choisis en compétition dans les plus grands festivals du monde, d'autres ont marqué le cinéma de genre contemporain.

Dans un entretien au Monde, Johnnie To confesse un certain pessimisme sur le cinéma de Hong Kong. La production est solide (40 à 50 films par an) mais bien moindre qu'avant la rétrocession chinois (200 à 300 à l'époque). La Chine accapare désormais l'essentiel des moyens : les productions les plus importantes se font à Shanghai. C'est aussi à Shanghai que les studios américains investissent (voir notre actualité sur le sujet).

Johnnie To fait figure de résistant en essayant de produire, via sa société Milky Way, un maximum de projets à Hong Kong. Mais face à l'explosion des budgets et des cachets durant la période faste (années 80 et 90), les financements sont devenus compliquer à trouver. D'autant que, paradoxalement, les films de Hong Kong ont touché le public occidental plus tardivement, au moment où le piratage explosait (on trouve des films à peine sortis en salles au coin de n'importe quelle rue asiatique en format DVD).

Dans son interview par la journaliste du Monde, Isabelle Régnier, Johnnie To explique que "dans le même temps, les producteurs hollywoodiens commençaient à s'intéresser aux personnalités étrangères, beaucoup de cinéastes et d'acteurs hongkongais sont partis là-bas. Aujourd'hui, on ne trouve pas de relève. Le cinéma hongkongais a pris une direction de plus en plus déclinante, et le niveau est devenu tellement bas qu'il lui est très difficile de se relever."

Pourtant Hong Kong ne manque pas d'argent ni de talents. Mais Johnnie To avoue qu'il va falloir que ce cinéma s renouvelle s'il ne veut pas être absorbé par un cinéma chinois de plus en plus ambitieux, aidé par son marché en pleine croissance. La vie sans principe, de Johnnie To, a déposé  les armes, pour se focaliser sur un contexte socio-économique. Son autre film de l'année 2011, Don't Go Breaking My Heart, est un triangle amoureux. Sorti en février, High Altitude of Love II est un drame romantique. Il vient de finir un polar, Drug war, et tourne actuellement un thriller plus social, Blind Detective. "J'aime bien diversifier mes sources d'inspiration" se justifie-t-il.

Il s'apprête surtout à produire le prochain film de Jia Zhang-ke, proptotype du cinéma d'auteur et documentariste de la Chine continentale. Johnnie To s'enthousiasme alors : "J'ai pensé que c'était un vrai gâchis de le voir cantonné dans un cinéma très art et essai. (...) Je voulais qu'il puisse se déployer, accéder à des budgets plus importants. Ça ne veut pas dire faire un cinéma plus commercial, mais plus ambitieux, aussi bien en termes de production que sur le plan artistique. (...) Il a pour l'instant un problème lié au planning des comédiens. Il devrait bientôt me communiquer un nouveau casting. Si ça marche, on lancera la production à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine."

Fataliste sur l'avenir du cinéma de Hong Kong, malgré des cinéastes qui cartonnent au box office local, comme Ann Hui (A Simple Life) ou Chung Shu Kai (I Love Hong Kong) et des stars bankables comme Andy Lau, Johnnie To se résigne lui aussi à devoir composer avec le cinéma chinois. Même s'il le fera à sa manière.

Locarno 2012 : Gael Garcia Bernal à son tour honoré

Posté par vincy, le 19 juillet 2012

Pour sa 65e édition, le Festival de Locarno a décidé d'honorer une personnalité de plus. Après Carax, Michlan, Delon, Kawase, To, Belafonte, Fueter, Risi, Mutti, Fuller, Aldrich, tous honorés par un prix ou par un hommage, c'est Gael Garcia Bernal, acteur et réalisateur mexicain, qui se voit décerner un "Excellence Award Moët & Chandon". Ce prix sera également attribué à Charlotte Rampling, comme nous l'avions indiqué il y a deux semaines.

La cérémonie aura lieu le 8 août sur la Piazza Grande, suivie de la projection de No, du cinéaste Pablo Larrain. Le film avait été présenté en avant-première mondiale à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en mai dernier. En outre, le Festival projettera deux autres films qui ont marqué la carrière de Gael García Bernal: Mauvaise Education (2004) de Pedro Almodóvar et La Science des rêves (2006) de Michel Gondry.

L'an dernier, Gael García Bernal apparaissait dans The Loneliest Planet de Julia Loktev, sélectionné à Locarno en compétition.

Il tourne actuellement Hands of Stone, de Jonathan Jakubowicz, avec Robert De Niro et prépare Zorro Reborn, où il incarnerait le héros masqué.

Locarno 2012 : les films américains en force, Delon honoré

Posté par vincy, le 11 juillet 2012

On connaissait les jurys, les artistes honorés (Carax, Rampling, Milchan ...), les focus (films africains et mexicains), la rétrospective (Otto Preminger). Locarno a achevé de révéler sa programmation et ses invités. Parmi ces derniers, on note la présence de Elsa Martinelli, Bertrand Bonello, Eric Cantona,  ... "Tout le cinéma, rien que le cinéma" comme le clame Olivier Père dans son édito de présentation.

Locarno remettra plusieurs prix pour l'ensemble de leur carrière : Johnnie To, Harry Belafonte, Peter-Christian Fueter. Mais également un prix pour l'ensemble de son oeuvre à Alain Delon (Rocco et ses fèrres sera d'ailleurs projeté durant le Festival).

Naomi Kawase, Dino Risi, Hannes Schmidhauser, Ben Wheatley, Sarah Morris, Renato Pozzetto, Robert Aldrich, Krzysztof Zanussi, Ornella Mutti, Samuel Fuller seront éclairés sous la forme d'un hommage.

Si on constate la présence de quelques français dans chacune des sélections, ce sont les américains qui semblent omniprésents : 6 films sur la Piazza Grande, 4 en compétition internationale, 3 dans Cinéastes du présent.

Géographiquement,  l'Europe (Royaume Uni, Allemagne, Autriche, Benelux essentiellement), l'Amérique du nord et l'Asie sont très bien représentés, au détriment des cinéphilies latino-américaines, orientales et d'Europe centrale et du sud.

Piazza Grande

  • Bachelorette de Leslye Headland (Etats-Unis)
  • Bonjour tristesse d’Otto Preminger (Etats-Unis)
  • Camille redouble de Noémie Lvovsky (France)
  • The Swiss Miss Massacre de Michael Steiner (Suisse)
  • Lore de Cate Shortland (Allemagne/Australie/Royaume-Uni)
  • Magic Mike de Steven Soderbergh (Etats-Unis)
  • More Than Honey de Markus Imhoof (Suisse/Allemagne/Autriche) film de clôture
  • Motorway de Soi Cheang (Hong Kong)
  • Nachtlärm (Lullaby Ride) de Christoph Schaub (Suisse/Allemagne)
  • No de Pablo Larraín (Chili/États-Unis/Mexique)
  • Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé (France)
  • Elle s’appelle Ruby de Jonathan Dayton et Valerie Faris (Etats-Unis)
  • Touristes de Ben Wheatley (Royaume-Uni)
  • The Black Balloon de Josh et Benny Safdie (Etats-Unis)
  • The Sweeney de Nick Love (Royaume-Uni) film d’ouverture
  • While We Were Here de Kat Coiro (Etats-Unis)
  • Wrong de Quentin Dupieux (France)

Compétition internationale

  • La dernière fois que j’ai vu Macao de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata (Portugal/France)
  • Berberian Sound Studio de Peter Strickland (Royaume-Uni/Allemagne/Australie)
  • Compliance de Craig Zobel (Etats-Unis)
  • Der glanz des tages de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Autriche)
  • Image Problem de Simon Baumann et Andreas P?ffner (Suisse)
  • Jack And Diane de Bradley Rust Gray (Etats-Unis)
  • La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau (France)
  • Leviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel (Royaume-Uni/États-Unis/France)
  • Los mejores temas de Nicolás Pereda (Mexique/Canada/Pays-Bas)
  • Mobile Home de François Pirot (Belgique/Luxembourg)
  • Museum Hours de Jem Cohen (Autriche/Etats-Unis)
  • Padroni di casa de Edoardo Gabbriellini (Italie)
  • Playback de Sho Miyake (Japon)
  • Polvo de Julio Hernández Cordón (Guatemala/Espagne/Chili/Allemagne)
  • Somebody Up There Like Me de Bob Byington (Etats-Unis)
  • Starlet de Sean Baker (Etats-Unis)
  • The End Of Time de Peter Mettler (Suisse/Canada)
  • Une estonienne à Paris d'Ilmar Raag (France/Estonie/Belgique)
  • Wo hai you hua yao shuo de Ying Liang (Corée du Sud)

Cinéastes du présent

  • Ape de Joel Potrykus (Etats-Unis)
  • Arraianos d’Eloy Enciso (Espagne)
  • Boa sorte, meu amor de Daniel Aragão (Brésil)
  • Inori de Pedro González-Rubio (Japon)
  • Ji Yi wang zhe wo de Song Fang (Chine)
  • Les gouffres d’Antoine Barraud (France)
  • Les mouvements du bassin de HPG (France)
  • Not In Tel Aviv de Nony Geffen (Israël)
  • Orléans de Virgil Vernier (France)
  • People’s Park de Libbie Dina Cohn et J.P. Sniadecki (États-Unis/Chine)
  • Tectonics de Peter Bo Rappmund (Etats-Unis)
  • Tower de Kazik Radwanski (Canada)
  • Tutti giù de Niccolò Castelli (Suisse)
  • Vakansi yang janggal dan penyakit lainnya de Yosep Anggi Noen (Indonésie)
  • Winter, Go Away, collectif d'artistes (Russie)

Charlotte Rampling, prix d’Excellence à Locarno

Posté par vincy, le 5 juillet 2012

Le 65e Festival de Locarno décernera son prix d'Excellence "Moët & Chandon" à Charlotte Rampling. La cérémonie aura lieu lors de la soirée d'ouverture du Festival, le 1er août prochain. Rampling sera l'invitée d'une conversation avec le public le lendemain. Le 2 août au soir, le Festival projettera, hors-compétition, I, Anna, de Barnaby Southcombe, l'un de ses films les plus récents. Le public pourra aussi voir durant le Festival Portier de nuit (Il portiere di notte , 1974) de Liliana Cavani et Sous le sable (2000) de François Ozon.

Olivier Père, Directeur artistique du Festival, ne cache pas son admiration pour l'actrice, «mystérieuse et fascinante ». Il ajoute que son magnétisme et sa beauté uniques « ont hanté plusieurs titres marquants du cinéma contemporain. De Visconti à Lars von Trier, de Woody Allen à François Ozon, de Liliana Cavani à Nagisa Oshima, Charlotte Rampling tour à tour fatale et fragile a séduit de nombreux grands cinéastes, et avec eux des millions de spectateurs»

Ce prix d'Excellence a été remis, par le passé, à des comédiens tels que Oleg Menchikov, Susan Sarandon, John Malkovich, Willem Dafoe, Michel Piccoli, Carmen Maura, Toni Servillo, Chiara Mastroianni et, l'an dernier, Isabelle Huppert.

Rampling a fait ses débuts au cinéma dans Le Knack… et comment l’avoir (The Knack... and How to Get It, 1965) de Richard Lester, film phare du Swinging London, Palme d’or à Cannes. Depuis, son exigence l'a conduite à tourner avec les plus grands cinéastes : La Chair de l’orchidée (1975) de Patrice Chéreau, Stardust Memories (1980) de Woody Allen, Le Verdict (The Verdict, 1982) de Sidney Lumet aux côtés de Paul Newman, Max mon amour (1986) de Nagisa Oshima, Life during Wartime (2009) de Todd Solondz. L'an dernier, elle a incarné la mère de Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg dans Melancholia (2011) de Lars von Trier. On la verra prochainement dans Night Train to Lisbon, de Bille August, et dans la série TV Restless, adaptation du best-seller de William Boyd.

Elle a reçu un César d'honneur en 2001.

Locarno complète ses jurys avec Roger Avery, Im Sang-soo, Noémie Lvovsky…

Posté par vincy, le 28 juin 2012

Pour le prochain Festival de Locarno (1er-11 août), on connaissait les Présidents des jurys (voir article du 10 mai), mais pas ceux qui l'entouraient.

Pour la Compétition internationale, Apichatpong Weerasethakul, le président aura comme membres le scénariste, producteur et réalisateur américain Roger Avery (Pulp Fiction, Les lois de l’attraction), le réalisateur sud-coréen Sang-soo Im (Une femme coréenne, The Housemaid, The Taste of Money qui était en compétition à Cannes cette année), la réalisatrice, scénariste et actrice française Noémie Lvovsky (La vie ne me fait pas peur, Leopard d’Argent « Jeune cinéma » à Locarno en 1999, Camille redouble, sensation de la dernière Quinzaine des réalisateurs, Les adieux à la reine) et le curateur et écrivain suisse basé à Londres Hans Ulrich Obrist (codirecteur de la Serpentine Gallery de Londres depuis 2006).

Pour la Compétition Cinéastes du présent présidée par Mahamat Saleh Haroun, on retrouvera l’actrice portugaise Ana Moreira (Transe , Tabu ), le réalisateur américain Alex Ross Perry (Impolex, The Color Wheel, présenté dans cette même sélection en 2011), le producteur suisse d’ARTE Luciano Rigolini (Love And Diane, Léopard d’Or de la Compétition vidéo en 2002, Tarachime , présenté dans cette sélection en 2006, Mekong Hotel d’Apichatpong Weerasethakul, projeté à Cannes hors-compétition cette année) et le réalisateur malaisien Yuhang Ho (At the End of Daybreak, en compétition à Locarno en 2009, Open Verdict).

La section Léopards de demain, consacrée aux courts métrages de réalisateurs n’ayant pas encore tourné de longs métrages, sera présidée par le scénariste et réalisateur anglais Mark Peploe (Profession : reporter, Le dernier empereur ), qui sera aux côtés du réalisateur français Laurent Achard (Le dernier des fous, Léopard de la meilleure mise en scène en 2006, Dernière séance, en compétition à Locarno en 2011), de l’acteur et réalisateur suisse Robin Harsch (Un autre homme de Lionel Baier, en compétition à Locarno en 2008), de la réalisatrice et programmatrice suisse Isabelle Mayor (La Ménagerie de Betty, 100% Yssam) et du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho (Green Vinyl, Eletrodoméstica, Neighbouring Sounds).

Enfin, pour le prix du meilleur premier film (choisit parmi les oeuvres de la Compétition internationale, la Compétition Cinéastes du présent et les films projetés sur la Piazza Grande), la responsaibilité incombera aux deux critiques de cinéma Dennis Lim (The New York Times, Moving Image Source, Artforum, États-Unis) et Boris Nelepo (Séance, Russie) et à la programmatrice cinéma Abi Sakamoto (Japon).

Léopard d’honneur pour Leos Carax à Locarno

Posté par vincy, le 21 juin 2012

Grand oublié du palmarès cannois avec son film Holy Motors, Leos Carax se consolera avec un Pardo d'onore (Léopard d'honneur) qui lui sera remis au prochain Festival de Locarno.

A cette occasion, cinq longs métrages du cinéaste – Boy Meets Girl (1984), Mauvais Sang (1986), Les Amants du Pont-Neuf (1991), Pola X (1999) et Holy Motors (2012) ­­– ainsi que le film collectif Tokyo! dont il a réalisé le segment Merde en 2008 seront présentés. Par ailleurs, une conversation avec les festivaliers sera organisée le lendemain de la remise de son prix.

Olivier Père, Directeur artistique du Festival, se déclare « très ému et honoré d’inviter à Locarno l’un des plus grands créateurs du cinéma mondial. Les apparitions Boy Meets Girl et Mauvais Sang demeurent les plus probants manifestes esthétiques des années 80, Les Amants du Pont-Neuf un rêve de cinéma poétique à l’ambition inégalée tandis que Pola X, d'une beauté, d'une sincérité et d'une ampleur bouleversantes, est pour moi le chef-d’œuvre de Leos Carax. Quant à Holy Motors c’est déjà l’un des meilleurs films de l’année, fulgurant voyage où se mêlent la vie et le cinéma au gré d’émotions et de visions extraordinaires ».

Avec ce Pardo d'onore, Carax succède ainsi à une longue et prestigieuse liste de cinéastes - Ferrara, Friedkin, Sokurov, Kiarostami, Godard, Loach... - au palmarès du festival Suisse.

Carax, 51 ans, tourne depuis près de 30 ans. Prix Louis Delluc pour Mauvais sang, il a surtout subit deux lourds échecs commerciaux (et financiers) avec Les Amants du Pont-Neuf et Pola X.

Holy Motors sort sur les écrans français le 4 juillet. Il sera projeté le 29 juin à Paris Cinéma et le 3 juillet au Festival de Karlovy Vary.

La 65ème édition du Festival del film Locarno se déroulera du 1er au 11 août 2012.