Ciao Virna Lisi (1936-2014)

Posté par vincy, le 18 décembre 2014

virna lisiL'une des légendes du cinéma italien, Virna Lisi, de son vrai nom Virna Piéralisi, est morte à l'âge de 78 ans. Prix d'interprétation à Cannes et meilleur second-rôle féminin pour sa formidable incarnation de Catherine de Médicis dans La Reine Margot de Patrice Chéreau, prix Donatello multiples (meilleure actrice dans La Cigale en 1980, meilleur second rôle féminin en 1983, deux prix honorifiques en 1996 et 2009), et primée à Venise pour l'ensemble de sa carrière en 2011, Virna Lisi a tourné durant 50 ans pour le cinéma dans près de 80 films. Elle restera pourtant assez longtemps dans l'ombre des grandes (Loren, Lollobrigida, Cardinale, Vitti, ...).

Née en 1936, la très belle blonde a fait ses débuts à l'âge de 17 ans. Elle a 16 ans quand le chanteur Giacomo Rondinella, ami de ses parents, les convainc de la laisser jouer à ses côtés dans une petite comédie musicale, E Napoli canta. Très vite, elle obtient déjà des rôles principaux dans des films de Giorgio Pastina, Girogio Walter Chili, Carlo Borghesio, Luigi Capuano. Ele enchaîne les tournages de films mineurs italiens. En 1955, on l'aperçoit dans une comédie française avec Bernard Blier, Bourvil et Louis de Funès, Les hussards. Deux ans plus tard, elle est Elizabeth bennett dans une version locale d'Orgueil et préjugés, feuilleton en cinq épisodes pour la télévision.Entre temps, elle monte sur les planches, grâce à Vittorio Gassman qui la présenter au directeur du Piccolo Teatro de Milan. Virna Lisi essaie de ne pas se cantonner à la comédie. Mais devant les faibles propositions, elle est contrainte de tourner aussi pour le petit écran ou dans des coproductions européennes.

D'Alain Delon à Frank Sinatra en passant par Bourvil et Jack Lemmon

Sa filmographie n'a rien de palpitant jusqu'en 1962. Elle tourne alors un film noir, Eva, de Joseph Losey, avec Jeanne Moreau. Doucement, sa carrière décolle hors d'Italie. En 1963, Christian-Jacque l'enrôle dans Les bonnes causes, avec Bourvil et Marina Vlady. Elle rejoint l'année suivante Alain Delon, alors en pleine ascension, dans La Tulipe noire, toujours de Christian-Jaque. Hollywood fait appel à elle l'année suivante pour être la partenaire de Jack Lemmon dans Comment tuer votre femme?. Mario Monicelli lui met Marcello Mastroianni dans son lit pour Casanova '70 (scénario nommé à l'Oscar).

Le visage magnifique de Virna Lisi et sa blondeur enchanteresse en font une femme fatale parfaite. On la voyait comme la nouvelle Marilyn à l'époque. Elle rejette pourtant cette étiquette et refuse ainsi le rôle principal de Barbarella. Après une décennie à jouer les filles et ingénues, la voici croqueuse d'homme ou séductrice. En 1966, elle est la vedette de Belles dames, vilains messieurs, nominé aux Golden Globes et primé à Cannes. En haut de l'affiche, elle a désormais les plus beaux acteurs comme partenaires: Vittorio Gassman, Frank Sinatra (Le hold-up du siècle), Tony Curtis, Anthony Quinn (La 25e heure d'Henri Verneuil, Le secret de Santa Vittoria, Golden globe du meilleur film/comédie), Rod Steiger, George Segal, William Holden, Robert Hossein, David Niven, Richard Burton... Mais les films ne sont pas mémorables. Virna Lisi est populaire mais aucun des grands noms du cinéma italien ne l'enrôle, hormis Mario Monicelli et Dino Risi.

Les années 70 confirme cette orientation dans sa carrière. Elle tourne encore pour Henri Verneuil, dans Le serpent (avec Yul Brynner, Henry Fonda et Dick Bogarde), mais elle tourne de moins en moins, avec même trois ans en retrait des plateaux.

A l'affiche, une dernière fois, l'an prochain

Moins présente dans les années 80, son talent s'affirme de plus en plus. Certes elle est passée à côté de l'âge d'or du cinéma de son pays. Dans La cigale, elle incarne une chanteuse autrefois célèbre de manière touchante. La télévision est devenu son principal employeur. Elle profite de son statut d'ancienne star. Et les rares fois où elle revient au cinéma, Virna Lisi glane ici et là quelques nominations reconnaissantes. En 1989, on la voit dans Joyeux noël, bonne année de Luigi Comencini. Et en 1993, elle tourne pour Chéreau. La consécration viendra de ce personnage infâme et cynique, filmé entre ombres et contre-jour. Sublime Lisi qui se révèle alors charismatique et impériale.

Ce sera son dernier grand rôle et l'un de ses derniers rôles au cinéma, préférant la TV (on la voit dans la série française Balzac, avec Depardieu, Moreau et Ardant) et le théâtre. Cristina Comencini parvient à la convaincre de revenir en 2002 dans son film Le plus beau jour de ma vie, Grand prix à Créteil et à Montréal. La cinéaste réussit même l'exploit de la faire revenir sur les plateaux avec son nouveau film, Latin Lover, qui sortira en mars en Italie où elle ôtoie Valeria Bruni Tedeschi, Lluis Homar et Marisa Paredes.

Virna Lisi n'avait épousé qu'un seul homme, Franco Pesci, décédé il y a un peu plus d'un an, 53 ans après leur mariage. Ils n'ont eu qu'un enfant, en 1962.

Bilan 2013 : année noire pour le cinéma en Europe

Posté par vincy, le 18 février 2014

fréquentation des salles en europe

La fréquentation des cinémas en Europe a reculé de 4,1% entre 2012 et 2013. L'Observatoire européen de l'audiovisuel, qui a publié ses premières estimations de l'année passée lors du Festival international de Berlin (les chiffres définitifs seront révélés à Cannes), a constaté que 908 millions de billets ont été vendus en 2013, soit 39 millions de moins qu'en 2012. Il s'agit du deuxième niveau de fréquentation le plus bas dans l'Union européenne (UE) depuis le début du XXIè siècle.

Les pays émergents européens à la fête

La fréquentation n'a augmenté que dans 8 des 26 pays de l'UE dont les données sont disponibles. Ainsi quatre des cinq principaux marchés de l'UE -  Espagne (-15,2 millions ; -16 %), France (-10,8 millions ; -5,3 %), Royaume-Uni (-7 millions ; -4 %) et Allemagne (-5,4 millions ; -4 %) - accusent une forte baisse de fréquentation. L'Espagne a souffert notamment de la forte hausse de la TVA sur les billets de cinéma. La France subit le contre-coup d'une année 2012 record. Seule l'Italie a résisté avec une progression estimée à 6,6 %, soit 106,7 millions de billets vendus, confortant sa 5e position, devant l'Espagne, dans la hiérarchie européenne.

C'est l'Europe de l'Est qui limite la casse :  la Bulgarie (+16,7 %), la Roumanie (+13,8 %) et la Lituanie (+6,8 %) ont connu une croissance largement supérieure à 1 %. Et comme souvent ces dernières années, ce sont les pays hors UE qui ont enregistré une croissance significative. Ainsi la Fédération de Russie est désormais le deuxième plus grand marché européen en termes d'entrées, devant le Royaume-Uni, avec une progression de la fréquentation supérieure à 10,5 %, soit 173,5 millions de billets vendus en 2013. Le marché Russe est juste derrière le marché français, toujours leader.

En Turquie, la fréquentation a augmenté de plus de 14,8 % avec 50,4 millions d'entrées, son niveau le plus haut des dernières décennies. Le pays confirme sa 7e place dans la hiérarchie européenne, loin devant la Pologne et les Pays-Bas.

Seulement 4 pays européens avec des parts de marché de films nationaux supérieures à 30%

La part de marché des films nationaux a augmenté dans 13 pays et diminué dans 10 marchés de l'UE pour lesquels des données sont disponibles. Par ailleurs, la part de marché des films américains a augmenté dans 11 des 13 marchés pour lesquels des données provisoires sont disponibles, passant de 63 % à 68 % en moyenne.

Bien qu'elle ait atteint son plus bas niveau depuis des années, la France reste le marché de l'UE où la part de marché des films nationaux est la plus élevée, avec 33 % du total des entrées (contre 40 % en 2012), suivie par l'Italie (31 %), le Danemark (30 %) et l'Allemagne (26 %). Dans 10 pays, les films nationaux totalisent moins de 10% de parts de marché.

Parmi les pays hors UE, la Turquie reste le premier pays européen en termes de part de marché des films nationaux, les films turcs représentant 58 % du total des entrées en 2013, niveau record au plan national et inégalé par les autres marchés européens au cours des dernières décennies.

fréquentation des cinémas par pays européens

Nymphomaniac sans distributeur en Italie

Posté par vincy, le 11 décembre 2013

nymphomaniac

Depuis que la presse italienne en août avait révélé que Nymphomaniac, le nouveau film de Lars von Trier, n'avait toujours pas de distributeur en Italie, on pensait l'affaire réglée. Que nenni. Le Film français indique que "Le nouvel opus de Lars Von Trier ne devrait pas sortir en Italie". Aucun distributeur ne s'est mouillé.

Ni Bim (Melancholia), Ni Lucky red (toute l'oeuvre de Von Trier avant Melancholia) n'en ont voulu. Pourtant Von Trier a un public en Italie. Melancholia a rapporté 600 000 euros et Dogville, son plus gros succès, 2,6 millions d'euros. Tous ont refusé de projeter un film jugé "trop érotique" et "trop long". Peu importe si le casting comprend Uma Thurman, Charlotte Gainsbourg, Shia LaBeouf, Jamie Bell, William Dafoe et Christian Slater.

En attendant, les cinéphiles italiens se révoltent : une pétition a été lancée jeudi sur le site italien Firmiamo. Déjà 1200 personnes l'ont signée. Le texte évoque à voix haute une censure. Il ne faudra pas se plaindre non plus si le piratage explose dans ce pays...

La première partie de Nymphomaniac sort le 25 décembre au Danemark et en Espagne et le 1er janvier en France et en Belgique. Et depuis que Thierry Frémaux a annoncé que le cinéaste danois n'était plus "persona non grata" à Cannes, on imagine bien le second volet sur la Croisette en mai prochain.

La Grande Bellezza, favori des European Film Awards

Posté par vincy, le 12 novembre 2013

la grande bellezza toni servillo

Après les catégories Meilleur premier film, Meilleur film d'animation et meilleur documentaire (The Act of Killing, L'image manquante et L'Escale), l'Académie du cinéma européen a révélé les nommés de sa 26e édition.

Côté français, Ozon et Kechiche sont les deux gagnants. Trois nominations pour le premier (réalisateur, scénariste, acteur), deux pour le second (film, réalisateur, mais aucune actrice). Le cinéma italien peut également pavaner : La grande bellezza se retrouve cité 4 fois, The Best Offer 3 fois, et Miele est nommé dans la catégorie Meilleur premier film.
Les European Film Awards sont incontestablement latins puisque le cinéma espagnol n'est pas en reste avec Blancanieves (2 nomination), The Impossible (1 nomination) et Les amants passagers (1 nomination). L'Allemagne et la Belgique sauvent les meubles avec Oh Boy! et Alabama Monroe, ainsi qu'Hannah Arendt... Mais on reste circonspect de la si belle place accordé au britannique Anna Karenine (3 nominations).

Ce saupoudrage très hétéroclite n'améliorera sans doute pas la visibilité de ces prix, qui seront remis le 7 décembre prochain.

Meilleur film européen :
The Best Offer (La migliore offerta) de Giuseppe Tornatore
Blancanieves de Pablo Berger
Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown) de Felix van Groeningen
La grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Oh Boy ! de Jane Ole Gerster
La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche

Meilleure comédie européenne :
Les amants passagers de Pedro Almodóvar
Benvenuto presidente! (Welcome Mr. President!) de Riccardo Milani
Love is All You Need (Den Skaldede Frisør) de Susanne Bier
The Priest's Children (Svecenikova Djeca) de Vinko Brešan

Meilleur réalisateur européen :
Pablo Berger pour Blancanieves
Felix van Groeningen pour Alabama Monroe
Abdellatif Kechiche pour La vie d'Adèle
François Ozon pour Dans la maison
Paolo Sorrentino pour La grande bellezza
Giuseppe Tornatore pour The Best Offer

Meilleure actrice européenne :
Keira Knightley dans Anna Karenine
Veerle Baetens dans Alabama Monroe
Barbara Sukowa dans Hannah Arendt
Naomi Watts dans The Impossible (Lo imposible)
Luminita Gheorghiu dans Mère et fils (Child's Pose)

Meilleur acteur européen :
Jude Law dans Anna Karenine
Johan Heldenbergh dans Alabama Monroe
Fabrice Luchini dans Dans la maison
Toni Servillo dans La grande bellezza
Tom Schilling dans Oh Boy !

Meilleur scénariste européen :

Tom Stoppard pour Anna Karénine
Giuseppe Tornatore pour The Best Offer
Carl Joos et Felix van Groeningen pour Alabama Monroe
François Ozon pour Dans la maison
Paolo Sorrentino et Umberto Contarello pour La grande bellezza

Le film retrouvé d’Orson Welles le 1er décembre à EntreVues Belfort

Posté par vincy, le 7 novembre 2013

too musch johnson orson welles

Too Much Johnson, le film longtemps perdu réalisé par Orson Welles a été retrouvé l'an dernier dans un hangar italien au cours d'un déménagement. Le film a été pour la première fois projeté à Pordenone (Italie) le 9 octobre dernier. C'est Paolo Cherchi Usai, directeur du Festival du cinéma muet de Pordenone, qui a restauré le court-métrage du mythique réalisateur américain au sein du Musée international de la photo et du cinéma George Eastman à Rochester aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs dans ce musée que l'original du film est à présent conservé.

Il sera projeté, avec une illustration musicale au piano, au Festival EntreVues Belfort le 1er décembre à 18h30, au cinéma Pathé de la ville. Le film dure 66 minutes. On y retrouve Joseph Cotten, John Houseman et Virginia Nicholson.

Considéré comme le premier film professionnel réalisé par Orson Welles, cette oeuvre muette devait à l'origine être intégrée à une représentation théâtrale. Il s'agissait de prologues filmés à chaque acte de la pièce que Welles mettait en scène pour le Mercury Theater. Un accompagnement muscial et sonore étaient prévus. Too Much Johnson est "une farce dans le goût de Labiche ou de Feydeau" selon le communiqué du Festival, "écrite en 1894 par William Gillette". Le matériau n resta à l’état de rushes.

Depuis les années 60, le film n'avait jamais été diffusé, avant qu'on le croit définitivement disparu. Too Much Johnson a été retrouvé et identifié dans le dépôt de l’association cinéphile Cinemazero de Pordenone en Italie en 2012. Les bobines avaient été données à l’association en 2004 par un transporteur qui ne savait qu’en faire et restaient depuis en attente d’archivage.

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George Eastman House film de présentation, photos...

Cannes 2013 : premiers succès dans leurs pays pour Bombay Talkies, La Grande Bellezza et Shield of Straw

Posté par vincy, le 2 juin 2013

Saqib Saleem Randeep Hooda Bombay Talkies

La deuxième vie des films cannois a déjà commencé : quelques films de la sélection officielle sont déjà dans les salles de leurs pays respectifs.

En Inde, Bombay Talkies (hors-compétition), a davantage fait parler de lui pour son baiser homosexuel que pour sa sélection cannoise. A peine une dizaine de films bollywoodiens l'ont osé jusqu'à présent. Souvent les gays y sont stéréotypés, efféminés. L'homosexualité, considérée comme un crime juridiquement jusqu'en 2009, reste un sujet tabou en Inde. Dans Bombay Talkies, un jeune homme (Randeep Hooda, sex symbol local, en photo) embrasse le mari de sa meilleure amie. Selon les observateurs, le public, qui aime commenter avec véhémence, a applaudit la scène. Au box office, Bombay Talkies connaît une jolie carrière pour un film d'auteur : 4e lors de sa première semaine d'exploitation il y a un mois, il est toujours dans le top 15 national et cumule 8,5 millions de roupies.

Au Japon, c'est le Takashi Miike qui est sorti en mai. Shield of Straw a déjà cumulé 13 millions de $ au box office national en 4 semaines. Il est toujours dans le Top 10 malgré ce résultat a priori modeste. Sa constance (il perd peu d'entrées d'une semaine à l'autre) en fait le 14e succès de l'année toutes nationalités confondues (et le 8e pour un film nippon).

En Italie, La Grande Bellezza a pu compter sur l'effet Cannes pour se placer 2e du box office local dès son premier week-end la semaine dernière, malgré la concurrence de Fast & Furious 6. Le film a déjà récolté 2,26 millions d'euros, ce qui le place en quatre jours à la 6e place des films italiens de l'année.

En France, Le passé, Only Gods forgive et La grande bellezza connaissent des parcours divers. Le film d'Asghar Farhadi a passé le cap des 500 000 entrées (ce qui reste exceptionnel pour un film asiatique et le plus gros succès iranien après Une séparation du même Farhadi) ; le polar de Nicolas Winding Refn a séduit plus de 300 000 spectateurs (il ne rééditera pas le carton de Drive, mais ce n'est pas déshonorant non plus) ; enfin le Sorrentino, plus long et moins bien distribué, a déjà dépassé les 70 000 curieux. Le film devrait finir sa carrière avec un résultat proche des deux précédentes oeuvres du réalisateur, This must be the place et Il divo, entre 130 000 et 160 000 spectateurs.

Mais pour l'instant, c'est bien Gatsby le magnifique qui triomphe mondialement. Le film d'ouverture du 66e Festival de Cannes a amassé 210 millions de $ dans le monde!

Lecce 2013 : les aphorismes d’Aki Kaurismäki

Posté par MpM, le 12 avril 2013

kaurismakiDu propre aveu d'Aki Kaurismäki, le Finlandais n'est pas très expansif, voire renfermé.

Il n'y a qu'à se référer à son œuvre, pleine de personnages masculins mutiques et superbes dont seuls les yeux sont expressifs, à l'image du duo magnifique de Tiens ton foulard, Tatiana.

De ce film, il dit d'ailleurs sans détour "l'essentiel est de rendre hommage au silence de l'homme finlandais."

Au festival de Lecce, dont il est l'invité, Aki Kaurismäki a fait honneur à cette réputation. Détendu et souriant, il s'est livré lors de la conférence de presse à ce qui semble être son exercice préféré, la création d'aphorismes mi-ironiques, mi-surréalistes.

"Je suis au service du cinéma", "Le monde change, alors pourquoi le cinéma ne changerait pas lui aussi ?", "Si vous pensez à Cary Grant et Brad Pitt, vous pouvez voir la différence", "Je suis un homme paresseux : je mets de la musique à la place des dialogues car il faut écrire les dialogues alors que la musique est déjà là", "Si les acteurs sont bons, pourquoi en changer ?"...

Inutile d'attendre de longs développements ou des commentaires sur son oeuvre, on n'en saura guère plus, si ce n'est peut-être que le jour où l'on ne trouvera plus de pellicule, il cessera de filmer.

La superbe exposition qui est consacrée kaurismakiau travail de Kaurismäki dans le château de la ville joue aussi sur cette propension qu'a le cinéaste finlandais à expliquer son œuvre en quelques formules bien senties.

Au détour des panneaux reproduisant des images de ses films, on peut ainsi lire : "c'est facile de tirer un drame épique de 2h30 d'un regard échangé dans la rue, à condition de ne pas se promener avec les mains dans les poches. Métaphoriquement, bien sur" ou "Mon éternel projet est de faire un film qu'une paysanne chinoise pourrait comprendre sans sous-titres." (au sujet d'Ombres au paradis).

Mais aussi : "J'ai réalisé que je devais traiter les personnages féminins exactement comme les personnages masculins. Après tout, d'un point de vue existentiel, les problèmes sont les mêmes." (L'homme sans passé) ; "J'ai toujours eu l'ambition secrète que le spectateur sorte du cinéma en se sentant un peu plus heureux que lorsqu'il est arrivé." (Au loin s'en vont les nuages) ; "Le casting, pour moi, c'est engager les bons acteurs, afin de ne pas avoir à les diriger, ce qui est bien pour un homme paresseux." (J'ai engagé un tueur)...

En plus de l'exposition, le Festival de Lecce organise une rétrospective de son œuvre, permettant de revoir pratiquement tous ses films. Un vrai régal, des Leningrad cowboys go to America à son dernier long métrage en date, Le havre. Justement, le meilleur moyen d'en savoir plus sur Aki Kaurismäki est probablement de revoir ses films. Tout ce qu'il a toujours voulu dire est là, à portée de mains, mâtiné d'humour et de cette mélancolie profonde qui vient toujours rappeler que la vie est une farce à la fois noire et ironique.

Intouchables, film français le plus vu dans le monde depuis 1994…

Posté par vincy, le 10 septembre 2012


Le fabuleux destin d'Amélie Poulain a été détrôné par Intouchables, qui détient désormais le record historique du film français le plus vu à l'étranger. Selon Unifrance, le film d'Olivier Nakache et Eric Toledano a été vu par 23,1 millions de spectateurs dans le monde.

Record qu'il faut atténuer. En effet, contacté par Ecran Noir, l'organisme Unifrance précise qu'il "collecte les résultats en salles de films français depuis 1994. Toutefois un grand nombre de résultats relatifs à des titres sortis à la fin des années 1980 et au début des années 1990 a été récupéré."

Ainsi La Cage aux folles, plus gros succès en fréquentation aux Etats-Unis et d'autres films populaires comme ceux avec Belmondo, Delon, Pierre Richard ne peuvent être pris en compte. Matthieu Thibaudault, responsable des données économiques, convient qu'Unifrance est "dans l'incapacité de comparer les résultats de ce film avec les vieux De Funès à l'échelle mondiale tout comme Emmanuelle par exemple qui rassembla des millions de spectateurs étrangers en salles."

Cela n'enlève rien au "fabuleux" destin d'Intouchables. D'autant que le parcours n'est pas fini : le film doit encore sortir dans des marchés majeurs comme le Royaume Uni (21 septembre), l'Australie (25 octobre) ou la Scandinavie (novembre). Il vient de sortir au Japon. Au Mexique, le film a déjà séduit 55 000 spectateurs durant sa première semaine. En Argentine, le film a attiré plus de 90 000 cinéphiles en deux semaines. Aux Etats-Unis, le film continue d'engranger des entrées et s'approche du million. Au total le film a récolté 190 millions de $ de recettes dans le monde (bien plus que ses recettes françaises estimées à 166  millions de $).

Dans certains pays il a cartonné : en Allemagne, avec 8,6 millions de spectateurs, il est le film le plus vu de l'année ; en Espagne (2,5 millions de spectateurs), il est également le film le plus populaire toutes nationalités confondues ; en Italie (2,47 millions de spectateurs), il se situe à la 4e place annuelle ; en Corée du sud ((1,7 million de spectateurs), le film se classe 20e (et premier qui ne soit ni coréen ni américain). Intouchables est aussi le film français le plus vu aux Pays-Bas et en Autriche. Enfin, au Québec, la comédie a rapporté 2,8 millions de CAN$.

En Italie, les films sortiront le jeudi

Posté par vincy, le 30 juillet 2012

Les nouveautés, en Italie, sortaient le vendredi, comme dans de nombreux pays (Royaume Uni, USA, Canada ...) et parfois le mercredi, dans le cadre de "premières". Les distributeurs et les exploitants du pays ont décidé, qu'à partir du 4 octobre, les films sortiraient le jeudi, uniformément.

Officialisée le 26 juillet, cette nouvelle a un objectif : "booster" l'un des jours les plus creux de la semaine : le jeudi. Avec des mercredis déjà très creux et des vendredis envahis de nouveautés, le 4e jour de la semaine voyait ses salles se vider.

En sortant le jeudi, les différents organismes professionnels responsables du changement espèrent aussi dynamiser l'intérêt du public pour les films : une journée supplémentaire pour favoriser le bouche à oreille dans un marché dépressif.

Le box office de démarrage passera ainsi de 3 à 4 jours.

Un premier bilan sera effectué après six mois, au printemps 2013.

Grève à Cinecittà : une pétition pour sauver les studios mythiques romains

Posté par vincy, le 11 juillet 2012

Cinecittà en crise. Les studios romains, qui appartiennent quasiment au patrimoine du cinéma mondial, sont occupés par quelques dizaines de salariés depuis une semaine, qui défendent le site, menacé de démantèlement en vue de projets immobiliers.

"Des dizaines d'ouvriers, d'artisans, doivent quitter ce site pour aller éventuellement travailler ailleurs, certaines tâches seront confiées à des sociétés externes et nous ne comprenons pas comment ces projets peuvent être synonymes de développement des studios", a déclaré Alberto Manzini, responsable régional de la branche spectacle et communication de la CGIL (gauche), la principale confédération syndicale italienne.

L'ARP, société française des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs, a lancé une pétition pour protéger les studios. Claude Lelouch, adu Mihaileanu, Jean-Jacques Beineix, Jeanne Labrune, Olivier Nakache, Artus de Penguern, Jean-Paul Salomé, Costa-Gavras, Michel Hazanavicius, Cédric Klapisch, Coline Serreau, Abderrahmane Sissako et Raoul Peck ont déjà signé le texte. EcranNoir.fr s'est joint à eux. Pour l'instant, il y a un peu plus de 200 signataires.

La pétition est ouverte à tous : "Alertés par leur confrère Ettore Scola, les cinéastes européens sont scandalisés de constater que les studios de Cinecitta, haut-lieu du patrimoine cinématographique mondial, sont mis en péril pour des motifs spéculatifs, et honteusement considérés avec aussi peu d'égards qu'un parking ou un supermarché" explique-t-elle.

L'ARP rappelle la place patrimoniale du lieu dans la culture mondiale : "Est-il urgent de détruire ce lieu inséparable du cinéma de Fellini, Visconti, Comencini, Lattuada, entre autres, pour construire un centre de fitness? Maigrir aux dépens du patrimoine et de la culture, tout un symbole: même sous Berlusconi, ils n'avaient pas osé!". Les studios ne sont toujours pas classés monuments historiques.

Le problème vient de la privatisation des studios en 2007. Italian Entertainment Group - IEG (dont l'Etat est actionnaire à hauteur de 20%) a décidé d'optimiser le foncier. Le plan de développement inclue une externalisation des effectifs de la postproduction, des "délocalisations" du personnel de la production, des activités liées au parc automobile et de la scénographie vers des sous-traitants et surtout des projets de construction d’un hôtel de luxe, de parkings, d’un centre de fitness et de restaurants autour d’un nouveau studio (ce qui ferait un total de cinq). Le serpent de mer du parc à thèmes dédié au cinéma revient aussi à la surface.

Les cinéastes Ettore Scola et Sabrina Guzzanti ont très vite soutenu les salariés de Cinecittà Studios. IEG se justifie en affirmant qu'aucun licenciement n'est en jeu et en défendant une stratégie nécessaire pour sa compétitivité internationale. Partout en Europe, les studios se créent ou se modernisent, développement des équipements annexes pour rentabiliser leurs terrains.

Mais l'Italie, frappée durement par la crise, réduit ses interventions publiques. Difficile d'imaginer un gouvernement taillant dans les dépenses venir sauver cette institution, sauf à le classer au registre du patrimoine italien. Les responsables politiques de gauches ont décidé de soutenir les grévistes. "Les travailleurs de Cinecitta occupent les studios pour attirer l'attention de l'opinion publique sur une spéculation incompréhensible qui risque de toucher un secteur important de notre culture et de notre économie", a déploré Antonio Di Pietro, chef du parti d'opposition Italie des valeurs (IDV).

Mais il y a peu d'espoir. Après plus de 30 ans d'abandon de politique culturelle, l'Italie ne parvient pas à sauver son patrimoine historique. Le comble est que la ville de Rome investit massivement dans son Festival de cinéma, afin de battre à moyen terme celui de Venise. Une rivalité insensée qui coûte une fortune aux différentes collectivités concernées.