« Ciao Italia! »: Le cinéma s’invite dans une exposition sur l’immigration italienne

Posté par vincy, le 27 mars 2017

L'exposition Ciao Italia!, récit d'un siècle d'immigration et de cultures italiennes en France entre 1860 et 1960, s'ouvre le 28 mars au Musée national de l'Histoire de l'immigration. On connaît tous un ami issu aux origines italiennes, sans compter la cuisine (pizza, pasta...) ou des mots italiens devenus courants en Français qui ont imprégné la culture française.

Sur l'émigration des Italiens, l'exposition montre quelques extraits dès le début du parcours: un film de 1915, L'emigrante de Febo Mari, et Toni de Jean Renoir (1935). Le 7e art infuse ainsi tout au long de ce voyage dans le temps, avec un extrait de Thérèse Raquin de Marcel Carne ou l'affiche de Il piccolo vetraio (Les vitriers) de Giorgio Capitani.

A côté de l'exposition, le musée proposera d'ailleurs des projections comme la webserie de Svevo Moltrasio et Federico Iarlori, Ritals et macaronis, ou le documentaire suisse de Pierre-François Sauter, Calabria.

De l'emigrante à la dolce vita

Mais si l'on parle de cette exposition, c'est parce qu'elle s'achève sur une consécration du cinéma. 1960 pourrait symboliser le début d'une époque, ou la fin d'un cycle. Les Italiens en Français sont davantage Français qu'Italiens, la culture des deux pays est reliée par De Gaulle avec le concept de "latinité", les deux peuples sont cousins, les deux nations sœurs. Terminés les commentaires xénophobes, les violences racistes, les sales jobs donnés aux transalpins (on vous recommande de lire la prose ambigüe d'Albert Londres sur le sujet dans Marseille porte du Sud). 1960 c'est Fellini et La dolce vita. L'Italie n'est plus le pays pauvre qui fournit des travailleurs. C'est le pays cool où l'on vit "Plein soleil", sans "Mépris", où "Rome est ville ouverte" et où l'on "Voyage à deux" avec une Vespa ou en cabriolet. C'est Martini et Campari.

Le dernier chapitre de l'exposition est donc consacré au cinéma, avec, en vedette les chanteurs-acteurs Yves Montand et Serge Reggiani, tous deux d'origine italienne, l'affiche de L'avventura produit par le magnat de la presse italien installé en France Cino del Duca, et bien sûr Lino Ventura, qui toujours conservé sa nationalité italienne, star française populaire, que l'on voit rouler des mécaniques "à l'italienne" avec Aldo Maccione dans L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch. L'italianité a longtemps été cette image du macho frimeur sur la plage que Lelouch a filmé comme on cadre un ballet d'échassiers un peu ridicules. Heureusement l'italien c'est surtout Marcello. Mastroianni rejoignant Anita dans la fontaine de Trevi. C'est la dernière image qu'on emporte, même si elle n'a aucun rapport avec le sujet. L'extrait du film démontre que l'Italie et son cinéma, ses artistes, ses millions d'immigrés ont infusé dans nos esprits français.

Ettore Scola (1931-2016), nous l’avons tant aimé

Posté par vincy, le 19 janvier 2016

Ettore Scola, né le 10 mai 1931 à Trevico, est mort le 19 janvier 2016 à l'âge de 84 ans. Gilles Jacob a twitté très vite: "La classe/l'élégance morale et vestimentaire/l'intelligence/le charme, l'accent délicieux/l'œil de velours/l'humour railleur." Voilà pour la personnalité.

Il avait commencé sa carrière dans une revue humoristique, en tant que dessinateur, comme Federico Fellini avant de devenir scénariste, notamment pour Dino Risi et l'acteur Toto. De là son humour, son goût du grotesque.

Le cinéaste fait ses premières armes avec Parlons femmes (Se permettete parliamo di donne) en 1964. Entre tragédie et comédie, il affine son style de fin observateur de la classe moyenne italienne. Avec Drame de la jalousie qui vaut un prix d'interprétation à Cannes à Marcello Mastroianni en 1970, il entre dans la cour des grands.

Quatre ans plus tard, Nous nous sommes tant aimés vaste fresque de la société italienne après la Seconde Guerre mondiale, est un succès international. De la satire à la comédie, du registre plus intime au drame historique, Scola aura touché à différents genres, soulignant l'hypocrisie humaine et la désillusion d'un monde meilleur. Il se moque ainsi ouvertement des élites ou des petits bourgeois. Notons parmi ses grands films, Une journée particulière, avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, histoire d'une brève rencontre entre deux voisins exclus du modèle fasciste, une femme au foyer, la Sophia, et un intellectuel homosexuel, il Marcello, alors que Mussolini accueille Hitler en 1938. La femme, cet éternel mystère qui hante tous ses films... Il y avait quelque chose de Claude Sautet dans son cinéma. Mais le cinéma d'Ettore Scola était plus convaincu, plus politique, avec un regard tendre sur les petites gens, mais aussi une absence de complaisance vis-à-vis de ses personnages, qui ne cesse de regretter leurs actes manqués.

40 films en une quarantaine d'années

Son style est ainsi celui d'un réaliste, issu de l'école De Sica, empreint de dérision et de psychologie à la manière d'un Woody Allen, où Rome remplacerait New York. L'ironie se mélange à la mélancolie, la farce à la désillusion. Toujours il s'interroge sur la place du peuple dans l'Histoire et des sociétés souvent oppressantes, à différentes époques, et différents âges de la vie. L'affrontement du temps et les tourments de chacun l'ont conduit à essayer différents genres, comme dans Le Bal qui retrace l'Histoire de France des années 30 aux années 70 à travers des couples et des genres musicaux, du jazz au disco. Ou comme ce documentaire présenté à Venise en 2013, Comme il est étrange de s'appeler Federico : Scola raconte Fellini. Il avait annoncé qu'il ne tournerait plus en 2011, ne se sentant plus appartenir au cinéma contemporain et encore moins à l'industrie telle qu'elle avait évolué.

Depuis 2000, il avait réalisé seulement 2 films, Concurrence déloyale, avec Gérard Depardieu, et Gente di Roma, film quasiment expérimental dans sa narration, avec une promenade dans la capitale italienne durant une journée, où l'on croise notamment Nanni Moretti. Dans tous ses films, la famille est au coeur du récit. Une famille recomposée, élargie, au sens globale du terme: un couple vivant l'amour impossible ou les habitants de sa ville, une communauté dans un bidonville ou les aristocrates français, le peuple de gauche ou les employés du cinéma Splendor. Tous ont des regrets. Car c'est là l'ADN de ses comédies dramatiques, de ces drôles de drames: le regret, émouvant plus que larmoyant, touchant davantage que bouleversant. Ce n'est pas pour rien que Nous nous sommes tant aimés, titre de son film le plus emblématique, pourrait s'accoler à chacune de ses oeuvres.

Cannes, Berlin, les César...

Fondateur du Festival du cinéma de Bari, il est aussi l'un des réalisateurs italiens les plus récompensés du monde. A Cannes, où il avait été président du jury en 1988, il a reçu le Prix de la mise en scène pour Affreux, sales et méchants et le Prix du scénario et des dialogues pour La Terrasse. En France, il reçoit plusieurs César: ceux du meilleur film étranger pour Nous nous sommes tant aimés et Une journée particulière, celui du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Le Bal. A Berlin, il est honoré d'un Ours d'argent du meilleur réalisateur pour Le Bal. Sans oublier quelques prix David di Donatello (les César italiens): meilleur film pour Le Bal et La famille, meilleur réalisateur pour Une journée particulière, Le Bal et La famille, meilleur scénario pour La nuit de Varennes et La Famille.

"J’ai sûrement fait des tas de choses horribles au cours de ma vie ! Mais le plus affreux, c’est probablement de n’avoir pas su faire de meilleurs films" disait-il il y a quelques années. Curieux et optimiste, vivant par l'esprit avec ses amis disparus, Ettore Scola, ce caricaturiste méconnu, était le dernier cinéaste italien à avoir été proche des monstres De Sica et Fellini, Gassman et Mastroianni. Tout en jouant sa propre petite musique. N'oublions pas qu'il clamait que le métier de réalisateur était "un travail de menteur"...

Le convoi de la peur: un tournage d’enfer et une restauration éclatante

Posté par vincy, le 4 août 2015

La sortie de la reprise restaurée de Sorcerer aka Le Convoi de la peur mérite d'être soulignée. Ce film de William Friedkin, méconnu, pour ne pas dire oublié, est un bijou dans son genre. Adaptation du roman de Georges Arnaud, Le salaire de la peur, qui a donné l'excellent film d'Henri-Georges Clouzot (Palme d'or ET Ours d'or en 1953), Le Convoi de la peur est une oeuvre scindé en trois parties presque distinctes: la présentation de quatre "criminels" au Mexique, à Jérusalem, à Paris et dans le New Jersey que rien ne relie a priori ; le quotidien de ces quatre hommes dans un pays d'Amérique latine où la dictature militaire et l'exploitation des gisements de pétrole par une compagnie étrangère dictent leur loi ; le périple dangereux des quatre hommes à bord de deux camions pour transporter de la nitroglycérine sur 300 kilomètres.

Le Convoi de la peur c'est donc l'itinéraire de quatre "mercenaires" prêts à tout pour se casser du trou paumé où ils ont fuit leur passé: Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal et Amidou. Le premier a participé à un braquage qui a mal tourné et devient la cible de la mafia new yorkaise, à ses trousses. Le deuxième a ruiné son entreprise et ne peut pas échappé aux poursuites pénales. Le troisième a tué de sang froid un homme. Le quatrième est responsable d'un attentat meurtrier. Cremer et Amidou d'un côté, Scheider et Rabal de l'autre vont rivaliser pour amener la matière explosive et instable à travers une jungle hostile, avec en récompense un paquet de cash qui peut les amener vers la liberté.

Un casting démissionnaire

Nous sommes en 1975 quand William Friedkin songe à ce film. Il vient d'enchaîner deux énormes succès, French Connection et L'Exorciste. Il a deux films en tête: Le Triangle des Bermudes et Le convoi de la peur, dont le scénario sera écrit en quatre mois. Avec le scénariste Walon Green (La horde sauvage), il cherche à se détacher du roman, en mélangeant le film de genre avec un style littéraire proprement sud-américain, le réalisme magique (Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez est alors l'un des livres les plus lus dans le monde depuis sa parution en 1967). Clouzot a accepté, sans enthousiasme, de lui céder les droits cinématographiques.

Le film coute cher (tournage en Israël, à Paris, à New York et en Equateur), il faut donc des stars. Friedkin veut Steve McQueen, Lino Ventura, Marcello Mastroianni et Amidou. Le script est écrit pour eux. Rien ne va se passer comme il le faut. McQueen finalement se rétracte.  Il vient d'épouser Ali MacGraw et ne souhaite pas passer des mois à l'étranger, à moins qu'elle n'ait un rôle dans le film. .

La production craint un tournage coûteux, avec ses prologues aux quatre coins de la terre et son action principale perdue en Equateur, mais aussi dangereux : « Tu te feras assassiner, ton équipe se fera assassiner, et personne ne voudra assurer ton film », le prévient Lew Wasserman, exécutif d’Universal alors qu’une guerre civile éclate dans le pays. Friedkin refuse, et avouera plus tard qu'il avait tort. Suite à cette désaffection, Ventura commence à émettre quelques doutes. Ils seront renforcés quand Marcello Mastroianni décline finalement l'offre. Catherine Deneuve, alors compagne de l'acteur italien, vient de mettre au monde leur fille Chiara. Hors de question que la famille aille vivre en Equateur, alors que le pays plonge dans une guerre civile sous l'emprise d'une dictature militaire. Le château de carte s'écroule. Robert Mitchum ne veut pas plus aller se morfondre dans la jungle équatoriale.

Apocalypse Now aux Antilles

Mais pour 12 millions de $ de l'époque, il faut de la star. Et un partenaire. Le Convoi de la peur va ainsi être coproduit par Universal et Paramount, un premier cas exceptionnel dans l'Histoire (et qui sera un modèle pour les années 2000). Petite ironie de l'histoire, la Paramount appartient alors à un énorme conglomérat pétro-chimique, Gulf+Western, qui a des sites en République dominicaine. Et voilà que le dangereux Equateur disparaît de la production pour être remplacé par une île des Antilles.

Roy Scheider est alors proposé par Universal. Mais l'acteur se souvient que Friedkin ne l'avait pas enrôlé pour L'Exorciste. Il accepte sans joie. Lino Ventura abandonne alors le navire, remplacé par Cremer, totalement inconnu hors de France.  Et Rabal complète alors l'affiche.

Sorcerer, titre original du film, est finalement une prophétie qui s'annonce juste. Un sale sortilège.  Le cinéaste est réputé colérique et perfectionniste. l'ambiance est insupportable. De nombreux producteurs exécutifs et collaborateurs sont évincés ou se cassent du tournage: épuisement, malaria, drogue, etc.... La lumière changeante des tropiques rallongent les jours de productions pour que le cinéaste obtienne une continuité lumineuse. Rien que la scène sur le pont branlant au dessus des rapides demande trois mois de prises de vue chaque matin avec des camions qui ne cessent de tomber à chaque prise. Et finalement, elle sera faite au Mexique. Le budget double quasiment: 22,5 millions de $ au final.

Star Wars l'éclipse

« Ce film devait être mon chef-d’œuvre. J’avais l’impression que tous mes autres films n’avaient été qu’une préparation de celui-ci » confie Friedkin dans ses mémoires. « J’étais devenu comme Fitzcarraldo, l’homme qui veut construire un opéra dans la jungle brésilienne », résume-t-il. La folie emporte ceux qui reste. Friedkin, au passage, perd 25 kilos, atteint de malaria et sombre en dépression.

Mais au final, tout le monde est satisfait du résultat. Manque de chance, les critiques ne sont pas du même avis et le public ne suit pas. Il faut dire que depuis une semaine un certain Star Wars est sur les écrans.

Pour le réalisateur, point de doute: c'est son meilleur film. Et la version restaurée permet de revoir ou découvrir ce qui, en effet, est un grand film.

Hybride, audacieux: le film est un choc

Le Convoi de la peur est à la fois une oeuvre politique et un film sous haute tension, un récit humain désespéré et une aventure sans issue. Friedkin s'amuse aussi bien avec les genres qu'avec le rythme. La première partie est tournée comme un thriller d'espionnage international avec ses quatre séquences d'ouverture qui justifient l'exil des personnages. L'atmosphère est très "seventies" mais avec un attentat terroriste, une course poursuite qui finit mal, une meurtre de sang froid et un suicide brutal. L'ellipse est maligne. Sans transition, le scénario nous immerge directement, en deuxième partie, dans un pays sud-américain, pauvre. Peu importe comment ces quatre maudits sont arrivés là. Ils y (sur)vivent. Friedkin décrit alors la vie dans un bout du monde où militaires et polices font la Loi, où une multinationale exploite le pétrole et le peuple pour enrichir ses actionnaires et le régime. C'est une partie de transition qui est à la fois une critique virulente d'un nouveau colonialisme et d'un lien étroit et malsain entre le capitalisme et l'autorité. C'est aussi le prétexte de réunir les quatre hommes. Sans qu'il y ait beaucoup d'action, le cinéaste impose une sorte d'atmosphère pesante, où tous étouffent dans leur prison à ciel ouvert, loin de chez eux. On comprend alors très bien l'aspiration de chacun: se barrer de ce cloaque. Retrouver une forme de liberté, à défaut de retrouver leur honneur, leurs proches ou leur vie d'avant. Ils sont piégés.

Et s'ouvre alors le troisième chapitre, au petit matin, avec deux camions, Lazarus et Sorcerer. Jusque là le film était un brillant exercice de style, assez audacieux, avec une narration peu classique, se laissant le temps de présenter ses personnages, leurs motifs, et leur psychologie, et ce, sans trop de dialogues. A partir de là, on change de registre: 300 kilomètres sur des routes de montagnes périlleuses (avec éboulements et piste friable) et de jungle répulsive (arbre gigantesque en travers de la route, pont branlant tenant par quelques cordes). Le spectateur est rapidement scotché. Pas besoin d'effets numériques: le bon vieux cinéma est affaire de montage et de musique (ici, celle de Tangerine Dream, avec ses accentuations électro typiques de l'époque est angoissante à souhait). Nous sommes à leurs côtés, dans leur galère. Et la fameuse séquence du pont à cordes, sous des tornades de pluie (artificielle) est un monument en soi: Friedkin multiplie par deux la scène avec pour chacun des camions, leur enjeu dramatique et leur morceau de bravoure.

De manière sensationnelle, Le Convoi de la peur s'amène alors vers l'épilogue. Des quatre hommes, il n'en restera qu'un. Mort accidentelle, d'autant plus bête après ce qu'ils ont traversé, folie quasiment hallucinogène. Le dernier tronçon de route, dans un cadre lunaire et fantasmagorique, est saisissant. La traversée des enfers où les morts rodent tels des fantômes. Tous sont atteint. Et même le survivant n'aura que peu de répit. La conclusion est hors-champs. Mais on devine la cruauté de la situation. Sans issue.

Le Convoi de mort est arrivé à destination.

Festival du film de La Rochelle: Les corps et décors de Luchino Visconti

Posté par Martin, le 6 juillet 2015

En une quinzaine de films, Luchino Visconti (1906-1976) aura été le cinéaste italien de l’histoire et du temps. De ses premiers films qualifiés de néoréalistes (le mot a été inventé pour son premier film, Les Amants diaboliques, en 1943) jusqu’aux films tableaux mortifères de la fin (L’Innocent sera son dernier film, en 1976), le cinéaste aura raconté l’Italie de sa constitution (Senso, 1953, ou Le Guépard, 1962) jusqu’aux ambigüités d’un passé récent (l’après mai 1968 dans Violence et passion, 1974). Mais les corps qui se déplacent dans l’espace donne à l’histoire une puissance érotique et morbide. Visite guidée en quelques images fortes à l'occasion de la rétrospective intégrale de ses films au Festival du film de La Rochelle, qui s'est achevé hier.

les amants diaboliques ossessioneLe premier regard des Amants diaboliques

La sueur sur son front. Elle nettoie la cuisine. Giovanna est en noir, décoiffée, un rictus triste sur les lèvres. Son mari, bonhomme, passe, plaisante : c’est sa station service et elle tient le café attenant. Un vagabond s’approche. La route. La station. Le restaurant. Quand il passe la porte, il suffira d’un regard, un long regard. Giovanni s’arrête pour contempler Gino. Il est beau. Dans le cadre de cet espace auquel il n’appartiendra jamais, Gino, en débardeur blanc, jure : sa peau dévore toute la lumière. Objet érotique né dans la crasse (l’essence, les odeurs de cuisine), il est la beauté noire, baudelairienne, qui expulsera Giovanna de son enfer domestique mais signera  aussi son entrée dans la mort – ensemble, ils ne tardent pas à tuer le mari. Tout est joué dès ce premier regard, dès l’apparition du corps désirable et désiré dans l’embrasure de la porte. Gino, apparu sur la route, y projettera l’histoire – deux accidents de voiture encadrent le récit, comme pour mieux révéler l’impossibilité de vivre dans cette Italie en crise.

bellissimaLe cinéma et le désir de Bellissima

Dans Bellissima (1951), Visconti veut filmer Anna Magnani. Elle y joue une mère qui, suite à une annonce de casting, fera tout pour que sa fille de six ans décroche un rôle. Il y a deux espaces, celui de la pauvreté néoréaliste (l’immeuble de Maddalena) et celui du cinéma (Cinecitta). L’entrée de la mère et de sa fille dans ce nouvel espace, celui du rêve, pose d’emblée problème – la petite se perd et il faut la retrouver. Après bien des tractations où la petite doit changer du tout au tout (elle se fait couper les cheveux, porte un tutu, prend des cours de diction avec une actrice ratée), Maddalena entre dans une salle de montage et découvre l’envers du décor : la jeune monteuse est une ex starlette qui se prenait une gifle dans un film comique à succès. Maddalena / Magnani découvre, non pas dans les images, dans les rushes qu’elle est venue voir, mais dans le réel, le visage et le travail de cette monteuse, un corps abandonné, mis au rebut du cinéma, destin plus que probable de sa propre fille. Entre ces deux espaces, le réel et le cinéma, qui se rejoignent ici de façon cruelle, il y aura pourtant eu une lisière : au bord de l’eau, Maddalena s’allonge auprès d’un homme qui profite de son obsession pour lui soutirer de l’argent et peut-être un peu de désir… Alanguie dans  l’herbe, Maddalena s’offre dans une position qui rappelle la Partie de campagne de Jean Renoir (film sur lequel Visconti a été assistant). Le désir brûle soudain la pellicule. La main de l’homme s’approche. Les deux corps forment une ligne oblique entre le fleuve et le chemin terreux. Et puis Magnani reprend le dessus, coupe net au désir, qui né dans la terre et la poussière, aurait pu tout détruire  comme dans Les Amants diaboliques : en un regard désirant, en un geste esquissé, est saisie toute l’étendue d’une autre vie.

les nuits blanches marcello mastroianni

Corps figurés, corps figurants des Nuits blanches

Dans Les Nuits blanches (1957), Visconti adapte Dostoïevski en studio. Tout le décor crie son côté faux et c’est bien naturel : c’est un film sur le rêve amoureux. Un homme voit une femme dans la rue, la suit, lui parle : elle attend un autre homme. Plus elle se confie sur l’autre, plus il tombe amoureux. Le nouveau couple se retrouve toutes les nuits… Dans l’attente, que peut-il se passer ? Le décor porte en son sein cette triangulation du désir. A chaque scène, d’autres couples se rejoignent et disjoignent comme des danseurs au fond du cadre : tout petits au bout d’une ruelle ou sur un pont, ils sont sans visages, des figurines qui doublent le désir d’étreinte du héros. A la fin, c’est lui qui est la figurine abandonnée, puis il regarde enfin le fond du cadre, reflet tragique de son rêve. Le décor aura ainsi exprimé son désir, et plus encore son exil.

sandra claudia cardinaleLe visage étrusque de Claudia Cardinale dans Sandra

Après ses participations, petite dans Rocco et ses frères (1960), plus conséquente dans Le Guépard (1962), Claudia Cardinale est immortalisée par Visconti dans ce qui restera son plus beau rôle – Sandra, « Vaghe Stelle dell’Orsa » en italien, d’après un vers de Leopardi. Récemment mariée à un Américain,  Sandra revient à Volterra, sa ville natale. Sandra est donc un film sur l’origine : origine juive d’un père mort à Auschwitz et à qui on dresse une statue, origine de la tragédie historique et familiale puisque Sandra renoue avec sa mère folle et son frère incestueux. L’essentiel du récit se passe dans cette maison de l’enfance, au milieu des statuettes étrusques. Sandra a beau être partie, elle appartient pour toujours à ce lieu : les coiffures de Cardinale, les axes choisis pour filmer son visage, la lumière qui sculpte son nez, sa bouche, son cou, tout cela en fait une statue de la mythologie. Le moment où la pierre se brise, c’est celui du combat avec le frère amoureux, retour à l’origine dans une chambre sombre qui pourrait tout aussi bien être un ventre maternel. Les stries de lumière déchirent les vêtements et nous offrent le spectacle d’une nouvelle naissance : Sandra sortira de cette lutte en blanc immaculé. Grandie ?

tadzio mort à veniseLe vieil homme et la mort (1) : Mort à Venise

Aschenbach suit Tadzio dans les rues de Venise. Le décor croupissant est recouvert d’un produit blanchâtre. Le musicien, venu se reposer, aurait pu partir un peu plus tôt, fuir le choléra, la mort qui gagne le cadre peu à peu. Mais il a choisi de rester pour avoir aperçu la beauté absolue, celle qu’il n’avait pas voulu voir jusqu’à présent. Il ne se passe que très peu de choses dans Mort à Venise : les descriptions de la nouvelle de Thomas Mann sont fidèlement retranscrites dans des panoramiques et zooms aussi lents qu’envoutants. Le contempaltion de la beauté remplace l’action tandis qu’Aschenbach se souvient : son art n’aura été que rigueur et travail, un art apollinien selon la définition de Nietzche. Aschenbach découvre alors sous les traits du jeune Tadzio une beauté naturelle, violente, pulsionnelle : c’est la face dionysiaque qui a manqué à sa vie. De cette révélation, le personnage meurt – le titre n’en fait pas mystère. Pourtant, à la fin, Tadzio tend la main vers la mer : c’était ça, la vraie beauté que l’artiste n’aura pas réussi à voir. Terrible horizon d’une vie gâchée, tandis que coule le maquillage du personnage transformé en masque grotesque.

romy schneider ludwig

Pourriture de Ludwig

Helmut Berger est Ludwig dans cette fresque de près de quatre heures (1972). Mais plus encore c’est le film tout entier qui est Ludwig. Visconti nous enlise dans la folie de cet empereur esthète qui fait des opéras de Wagner la musique de sa vie, d’un écuyer un prince charmant, d’un acteur aperçu sur une scène un Roméo qu’il épuise à force de lui demander de réciter ses tirades préférées… Le réel dans le récit disparaît quasiment : seuls quelques plans face caméra de ceux qui ont travaillé pour lui nous sortent de l’esprit malade de Ludwig. Alors qu’il y organise une mise en scène, une grotte ou une taverne prennent soudain la forme de son cerveau. Une galerie de miroirs reflète les tréfonds de son âme, un escalier son esprit tortueux. Mais plus les espaces sont beaux, romantiques, foisonnants, plus Ludwig décrépit : l’extérieur, le décor, est le lieu de ses folles rêveries, son corps une peau de chagrin gagnée par la pourriture. Rage de dents, toussotements, yeux exorbités… La maladie ronge son corps tandis que le château apparaît de plus en plus comme un somptueux tombeau. Exilé de son antre sublime, Ludwig s’écroule dans l’hiver, se fige à jamais dans un tableau qu’il aurait pu peindre.

burt lancaster violence et passionLe vieil homme et la mort (2) : Violence et passion

Le titre original, Gruppo di famiglia in un interno (« groupe de famille dans un intérieur »), dévoile l’ambition de Visconti : faire un huis clos en forme de tableau figé où la vie extérieure, le hors-champ, le présent seraient donnés à voir en creux. Ils s’infiltrent en effet dans l’histoire d’un vieil homme qui vit au milieu d’œuvres d’art et de livres. L’inspiration douceâtre des tableaux de genre anglais contraste avec la famille à la vulgarité toute italienne qui viole son espace. La mère écrase sa cigarette à même le sol, la fille s’invite à dîner mais ne vient pas, le gendre fait des travaux bruyants et un gigolo finit par pénétrer littéralement dans la bibliothèque du vieil intellectuel, et à se présenter nu, offert et interdit à la fois, à ses yeux. Mais c’est bien le capitalisme conquérant d’un mari qui n’est pas jamais montré qui fait entrer la pourriture dans l’espace (la fuite au plafond) et fait de la révolte du gigolo soixante-huitard un coup d’épée dans l’eau individuel et finalement très égoïste. Les coups de téléphone, la musique pop et les cris de Silvana Mangano et de sa fille envahissent l’espace sonore du professeur avant que seul résonne un dernier son : les pas de la mort dans l’appartement du dessus. Violence et passion, c’est la destruction d’un espace qui représente toute une vie. Une famille monstrueuse s’y invite, sème le chaos, et paradoxe fait goûter au vieil homme le parfum d’une joie nouvelle.

Mais dans les films de Visconti cette remise en question détruit la construction de toute une vie. Les châteaux de Ludwig, la beauté du Tadzio, le rêve de Cinecitta ou le corps érotisé d’un vagabond dans Les Amants diaboliques sont des écrins révélant la même aspiration vers un ailleurs – un diamant noir qui envahit les espaces et les corps dans un retentissement funeste dont le tragique n’a d’égal que la beauté.

L’affiche du 67e Festival de Cannes enfin dévoilée

Posté par vincy, le 15 avril 2014

poster 67e festival de cannesAvec un peu de retard par rapport aux années précédentes, le 67e Festival de Cannes a enfin révélé son affiche.

Hervé Chigioni et son graphiste Gilles Frappier l'ont conçue et réalisée à partir d’un photogramme tiré de Huit et demi de Federico Fellini, qui fut présenté en Sélection officielle en 1963.

Le communiqué du festival explique : "Avec Marcello Mastroianni et Federico Fellini, c’est un cinéma libre et ouvert au monde que l’on célèbre, c’est redire l’importance artistique du cinéma italien et européen à travers l’une de ses figures les plus solaires."

"Avec ses films, Marcello Mastroianni continue d’incarner ce que le cinéma a de plus innovant, anticonformiste et poétique. En découvrant l’affiche, Chiara Mastroianni, fille de l’acteur, a glissé ces quelques mots : « Je suis très fière et très touchée que Cannes, avec son affiche, ait fait le choix de rendre hommage à mon père. Je la trouve très belle et très moderne. Et je le trouve très beau et très moderne : une douce ironie et la classe du détachement. Tellement lui, quoi ! »" précise le communiqué.

affiche cannes 2014

César : Charlotte Gainsbourg, présidente

Posté par vincy, le 21 novembre 2008

charlottegainsbour_cesar.jpgC'est une rupture. Un renouvellement des générations. Les César ont décidé de confier la Présidence de la prochaine cérémonie à l'actrice et chanteuse Charlotte Gainsbourg. Elle sera chargée d'ouvrir la soirée et de remettre le César du meilleur film.

Cette nomination est un bouleversement des habitudes. Jusqu'en 1997, durant 22 ans, les César offraient le "poste" à des figures éminentes, vénérables, honorables même du cinéma. De Gabin à Girardot, seul Gérard Depardieu en 1994 était né après la seconde guerre mondiale. Il avait 46 ans à l'époque. En 1983, Catherine Deneuve, du haut de ses 50 ans faisait même figure de "jeunette". Les César à l'époque préféraient ouvrir la Présidence à des étrangers : Orson Welles, Gene Kelly, Sean Connery, Milos Forman, Peter Ustinov, Kirk Douglas, Sophia Loren et Marcello Mastroianni. Celui-ci, en 1993, fut le dernier Président étranger.

En 1998, une première rupture eut lieu avec Juliette Binoche, légitimée par son Oscar. 34 ans à l'époque, toujours détentrice du record, elle était la première Présidente née après 1950 ! Un saut générationnel était en cours avec les nominations de Isabelle Huppert (1999), Daniel Auteuil (2001), Isabelle Adjani (2005) et Carole Bouquet (2006). Mais tous avaient dépassé les 50 ans.

C'est donc la première fois depuis dix ans qu'une trentenaire présidera la soirée. C'est aussi la première fois que la Présidente est née après 1970 (Charlotte Gainsbourg est née en 1971). Comme Binoche, l'actrice tourne dans plusieurs pays (USA, Italie, Royaume Uni...) et touche à plusieurs arts. Elle a reçu le César du meilleur espoir féminin en 1985 (L'effrontée) puis le César du meilleur second rôle féminin en 2000 (La bûche). Elle a aussi été nommée trois fois aux César de la meilleur actrice : La petite voleuse en 1989, Love etc... en 1996, Prête-moi ta main en 2007.

Les 34e César auront lieu le 27 février 2009.

Arras célèbre John Boorman

Posté par MpM, le 19 novembre 2008

John BoormanDécidément, John Boorman tient le haut de l’affiche. Alors que deux de ses plus célèbres longs métrages ressortent sur les écrans (voir actualité : deux Boorman sinon rien) et qu’il est annoncé aux commandes d’un nouveau projet (une version animée du Magicien d’Oz), le réalisateur britannique était l’invité prestigieux du 9e festival "L’autre cinéma" d’Arras. Une rétrospective fascinante, constituée à la fois de ses chefs-d’œuvre (Délivrance, Excalibur, Point de non retour…), de son tout premier film (Sauve qui peut), rarement diffusé, et de ses deux dernières œuvres, inédites en France (In my country et The tiger’s tail), lui était ainsi consacrée.

Souriant et facilement accessible, l’auteur culte de Hope and glory et Duel dans le pacifique s’est prêté avec élégance au jeu des autographes, photos et questions sur le vif. Lors de la leçon de cinéma animée par notre confrère Michel Ciment (auteur du classique John Boorman, un visionnaire en son temps), il a même tenu en haleine un public extrêmement fourni venu écouter ses souvenirs de tournage et découvrir sa manière d’appréhender le monde et le cinéma. "Quand je finis un film, ma motivation pour le suivant est de ne jamais refaire la même chose", a-t-il par exemple déclaré comme pour justifier l’aspect extrêmement éclectique de sa filmographie.

Sur sa capacité à tourner sur les tous les continents, et parfois avec des acteurs ne maîtrisant par l’anglais comme Toshiro Mifune, il répond simplement que "le film est un langage universel. Ce qui change, c’est juste la méthode. Donc si on comprend ce langage, on peut aller n’importe où." Et il avoue (un brin émerveillé) que Marcello Mastroianni prétendait que Leo the last était son film favori. Ce qui avait le don d’exaspérer Federico Fellini… Tant qu’on parle des stars, quid de Lee Marvin, qui accepta de jouer dans son second film, Point de non retour ? Deux anecdotes lui viennent instantanément en mémoire. D’abord celle de l’objet qu’il a gardé de l’acteur après sa mort : ses chaussures, qu’il fait régulièrement briller, et qui lui rappelle le personnage du film, Walker ("marcheur" en anglais). Et puis sans doute la plus connue de tous, mais qu’on ne se lasse pas de lui voir raconter : lorsque totalement ivre, Lee Marvin s’était installé sur le toit de sa voiture. Bien sûr, Boorman s’était fait arrêter par un policier, atterré, qui lui lança cette réplique d’anthologie : "Vous savez que vous avez Lee Marvin sur le toit ?" Et le réalisateur de répondre : "Est-ce que c’est illégal ?"

Difficile d’aborder en deux heures la filmographie foisonnante du maître, et pourtant les images défilent. Voilà par exemple une scène de Délivrance où les quatre personnages basculent dans des rapides de plus en plus chaotiques. Pas étonnant que le cinéaste ait la réputation d’aimer le risque… "Je n’ai jamais utilisé de cascadeurs", explique-t-il pourtant. "Car s’il en faut, c’est qu’on reconnaît qu’il y a un danger. Donc tout était préparé et extrêmement maîtrisé. Ensuite, quand on monte tous les éléments, on a cette impression de chaos…" Et l’eau, omniprésente dans son œuvre ? "J’aime beaucoup l’eau, elle porte la vie et apporte beaucoup à un film", confirme-t-il. "Un cours d’eau, c’est comme l’existence : ça commence par quelques gouttelettes qui grandissent jusqu’à devenir la mer."

Une dernière anecdote pour finir ? Dans Hope and glory, inspiré de ses souvenirs d’enfance, le jeune héros est captivé par une virtuose scène de combat aérien sur grand écran. Aussi lorsque la sirène annonçant les bombardements retentit, il rechigne à quitter la salle, bien que sa sœur lui fasse remarquer que les mêmes combats ont lieu au dehors, et cette fois pour de vrai. Et Boorman de conclure : "le héros préfère déjà, comme c’est mon cas, la vision filmée des choses plutôt que la réalité…"

Marisa Merlini se retire (1923-2008)

Posté par Morgane, le 1 août 2008

Marisa MerliniNée à Milan le 6 août 1923, Marisa Merlini a tiré sa révérence à Rome le 28 juillet dernier, à l’âge de 84 ans. Coutumière des seconds rôles, l'actrice avait entièrement consacré sa carrière à la comédie à l’italienne avec un nombre impressionnant de films à son actif (plus d’une centaine).

Sa carrière débute dans l'après guerre, dans le film Rome ville ouverte qui lancera le néo-réalisme italien. Dès 1949, après plusieurs apparitions, elle est dirigée par Luigi Comencini dans L’imperatore di Capri, réalisateur qu’elle retrouvera à plusieurs reprises (Pain, Amour et Fantaisie et Pain, Amour et Jalousie). Elle sera également devant la caméra face à Mario Monicelli, Ettore Scola (Drame de la jalousie), Dino Risi et aux côtés de Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni et tant d’autres encore.

Son dernier rôle remonte à 2005 dans le film La seconde nuit de noces de Pupi Avati. Avec ce film, elle fut citée pour la première fois aux prix David di Donatello (les César italiens).

Dino Risi s’éteint (1916-2008)

Posté par vincy, le 7 juin 2008

Un des vétérans de l'âge d'or du cinéma italien vient de mourir. Dino Risi, laïque, ancien psychiatre, aura surtout marqué le cinéma des années 60 et 70, sans bluffer avec son style, mais en séduisant avec ses histoires drôles et satiriques et ses personnages parfois fantasques.  Souvent étiquetté "maître de la comédie italienne", son humour était grinçant et ses histoires souvent amères. Il était passé virtuose dans l'art de dépeindre et de moquer les italiens.

Trois films resteront marquants dans sa filmographie : Les Monstres (1963), série de sketches loufoques, burlesques, cyniques, acides et cultes ; Le fanfaron (1962) qui évoque le miracle économique italien à travers un road movie tragico-fantaisiste ; et Parfum de femme (1974), où il donne un rôle dramatique mais pas dénué de dérision à Vittorio Gassman, son acteur fétiche. Il y incarne un aveugle, obtiendra le prix d'interprétation à Cannes en 1975 et Al Pacino reprendra même son rôle dans un remake médiocre. Risi obtient aussi une nomination à l'Oscar du meilleur scénario. Le film est césarisé (meilleur film étranger).

Lui, qui est venu par hsard à la réalisation (il a dépanné un ami en se disant que le poste d'assistant réalisateur devait être amusant), aura tourné avec tous les plus grands - Alberto Sordi, Sophia Loren, Lea Massari, Nino Manfredi, Ornella Mutti, Marcello Mastroianni, mais aussi Catherine Deneuve, Patrick Dewaere, Romy Schneider, Coluche, Jean-Louis Trintignant, Roger Hanin ou Ugo Tognazzi.

Il reçoit un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière à Venise en 2002 et un prix David di Donatello (les César italien) spécial en 2005.