Chef op’ de Spielberg, Polanski, Zinnemann et Jewison, Douglas Slocombe (1913-2016) s’est éteint

Posté par vincy, le 22 février 2016

Douglas Slocombe, chef opérateur britannique, est décédé lundi à l'âge de 103 ans. Homme de l'ombre du cinéma, il a mis en lumière une soixantaine de films entre 1942 et 1969.

Durant ces cinquante ans de carrière, il a mis sa touche à des oeuvres comme À cor et à cri (Hue and Cry) de Charles Crichton, Noblesse oblige (Kind Hearts and Coronets) de Robert Hamer, De l'or en barres (The Lavender Hill Mob) toujours de Charles Crichton, The Servant de Joseph Losey, Cyclone à la Jamaïque de Alexander Mackendrick, Le Crépuscule des aigles (The Blue Max) de John Guillermin, le culte Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers) de Roman Polanski, Le Lion en hiver (The Lion in Winter) de Anthony Harvey, L'or se barre (The Italian Job) de Peter Collinson, La Symphonie pathétique de Ken Russell, La Guerre de Murphy (Murphy's War) de Peter Yates, Voyages avec ma tante (Travels with My Aunt) de George Cukor, Jesus Christ Superstar de Norman Jewison, Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) de Jack Clayton, celui avec Robert Redford, Rollerball, encore de Norman Jewison, Julia de Fred Zinnemann et même un James Bond, Jamais plus jamais (Never Say Never Again) de Irvin Kershner.

harrison ford douglas slocombe steven spielberg

Mais c'est avec Steven Spielberg qu'il sera entré au panthéon des chef opérateurs: les séquences indiennes de Rencontres du troisième type (Close Encounters of the Third Kind) et surtout la trilogie Indiana Jones - Les Aventuriers de l'arche perdue (Raiders of the Lost Ark), Indiana Jones et le Temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom) et Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade).

Né le 10 février 1913 à Londres, Douglas Slocombe est mort le 22 février 2016 dans un hôpital londonien, où il était soigné depuis janvier après avoir fait une chute, a indiqué sa fille Georgina Slocombe, photographe.

Membre du jury du festival de Cannes en 1981, l'homme avait filmé l'invasion nazie de la Pologne en 1939 avant de pouvoir fuir les Allemands. Il a débuté sa carrière au ministère de l'information où ses talents de photographes furent mis au service de montages de propagande. Puis il fut enrôlé dans les Ealing Studios jusqu'à leur déclin au milieu des années 50.

Trois fois nommé aux Oscars (Voyages avec ma tante, Julia, Les Aventuriers de l'arche perdue), il a été 11 fois cité aux BAFTA où il emporta trois trophées: The Servant en 1963, Gatsby le magnifique en 1974 et Julia en 1977.

"Il adorait son travail. Pour lui tous les films étaient différents, il adaptait ses idées aux scénarios. Il aimait beaucoup travailler en noir et blanc. Et même quand il tournait en couleur, il travaillait beaucoup sur les contrastes", a expliqué Georgina Slocombe à l'AFP.

Tous les goûts sont dans la nature de Marjane Satrapi

Posté par vincy, le 11 mars 2015

Dans The Voices, le nouveau film de Marjane Satrapi, le personnage de Ryan Reynolds entend des voix. Les voix que l'ancienne auteure de BD et désormais réalisatrice accomplie entend ne sont pas celles de tout le monde.

The Voices est un Disney psychotique. "Mon Disney préféré c'est Le livre de la jungle. A cause des personnages, de ce serpent qui hypnotise le gamin. Et l'animation 2D est sublime."

The Voices est un film horrifique (mais pas trop). "Je déteste les films d'horreur. Candyman est celui qui m'a fait le plus peur. Mais je ne les regarde pas."

The Voices est un film musical. "West Side Story est ma référence. A chaque fois que je le regarde, ça me fait un énorme effet. Ça me donne envie de prendre un couteau et d'aller à la bagarre, ça donne envie de se rebeller."

The Voices est un film animalier. "Le dernier film que j'ai vu au cinéma c'est Le dernier loup. Le loup est un des animaux préférés. J'ai tellement pleuré devant ce film. J'adore les animaux."

The Voices est un film félin. "Ce n'est pas un animal comme les autres. Il n'y a jamais de chat de policier, par exemple. Monsieur Moustache est la mauvaise conscience dans le film. C'est lui qui pousse au crime. Mais comme le disait Léonard de Vinci: 'Le plus petit des félins est la plus belle des créations'. Mon chat préféré au cinéma, c'est le mien, Monsieur Moustache. Mais mon chien préféré c'est sans doute Lassie. J'aime beaucoup Lassie: sympa, beau. Il a l'élégance du chat."

The Voices réhabilite Ryan Reynolds. "Je l'adore dans Buried. Rester une heure trente dans un cercueil en transmettant toutes les émotions... Dans mon film, il incarne parfaitement le personnage. Mais il a ce syndrome de la fille très belle. On pense qu'il est idiot parce qu'il est beau. Alors qu'il est cultivé, consciencieux, talentueux."

The Voices est une forme de parodie. Forcément Charlie. "On n'est pas deux millions de dessinateurs en France. Charlie Hebdo, ça a été un choc, parce que les connaissais personnellement. J'ai connu Cabu et il doit se retourner 15000 fois dans sa tombe chaque jour, depuis. Je pense toujours à lui. Je suis venue en France pour la liberté d'expression. C'est une double peine..."

The Voices est un film psychanalytique. "J'ai lu Stefan Zweig récemment, sa biographie sur Joseph Fouché (1929, ndlr). C'est un personnage méconnu en France et un destin carrément extraordinaire. Ce serait impossible d'en faire un film de deux heures. Il faudrait un feuilleton en quatre épisodes de 90 minutes."

The Voices a ses références. "A chaque fois que je réfléchis à la mise en scène, je regarde les Frères Coen. Comment ils font pour qu'on se souvienne d'un personnage qui n'a passé que deux minutes dans le film. J'attends toujours avec impatience leur prochain film, comme ceux de Roberto Rodriguez, Quentin Tarantino. Ce qui ne veut pas dire que je les aime tous. L'autre cinéaste qui m'intéresse c'est Roman Polanski. Il n'y a jamais d'effet dans son cinéma. Sa caméra est toujours discrète. Chinatown est un de mes films préférés."

The Voices est un film qui finit au paradis. "Je suis plutôt Led Zeppelin (Stairway to Heaven) que The Strokes. Je ne peux pas écouter du R&B, ça me donne des envies de meurtres. Pour le film, j'ai fait appel à Olivier Bernet, comme d'habitude. C'est un très bon musicien. Il me fait 30 morceaux alors qu'on n'en garde que 16. Il s'adapte."

The Voices est un film d'une Iranienne exilée à Paris tourné en Allemagne et se déroulant aux Etats-Unis. "Je suis contente que Jafar Panahi ait eu l'Ours d'or à Berlin. Heureusement qu'il est interdit de filmer! Pourtant il tourne! Et on le retrouve à chaque fois dans les festivals, tant mieux. J'avais beaucoup aimé Sang et Or."

Un bar de Wes Anderson et un programme signé Roman Polanski pour la Fondazione Prada

Posté par vincy, le 24 janvier 2015

La Fondation Prada va inaugurer le 9 mai un nouveau projet à Milan, au Largo Isarco, après avoir ouvert un premier espace à Milan en 1993 et une antenne à Venise en 2011.

Celui s'annonce ambitieux. Le bâtiment, une ancienne distillerie construite en 1910, a été revu par l'architecte néerlandais Rem Koolhaas. 11000 m2 de surfaces d'exposition et un grand auditorium pouvant servir de salle de cinéma sont prévus.

La célèbre maison de haute-couture italienne n'a pas lésiné sur les moyens. Plus intriguant, la Fondation a prévu un bar conçu par le cinéaste américain Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel), qui rappellera les vieux cafés milanais.

Le centre d'art, qui accueillera essentiellement des expositions temporaires (les premières sont consacrées aux origines de l'art occidental et comment l'art contemporain se les appropriées), sera pluridisciplinaire. Pour le cinéma, c'est Roman Polanski qui a été invité à lancer le programme. Il rendra hommage à ses sources d'inspirations cinématographiques, à travers un nouveau documentaire et une série de projections de films.

990 000 euros, prix maximum pour un acteur-scénariste-réalisateur-producteur

Posté par vincy, le 5 décembre 2014

On ne retient que ça des mesures prises par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à l’occasion de son dernier conseil d’administration, il y a une semaine, pour maîtriser les coûts du secteur cinématographique et soutenir la distribution.

Une seule mesure parmi des dizaines a retenu l'attention des médias après les révélations des Echos.

Faisons bref. Deux ans après la tribune explosive de Vincent Maraval sur l'indécence ruineuse des cachets des comédiens dans le cinéma français (lire notre dossier), le CNC a décidé de réguler le marché. En cas de « coût artistique disproportionné », le film sera privé des soutiens publics. « Cette disposition ne vise pas à empêcher les très fortes rémunérations. Mais si c’est le cas, le producteur devra aller chercher des financements ailleurs », note un spécialiste dans le journal économique.

Le barème est variable en fonction des devis de production. a rémunération la plus élevée ne pourra dépasser 5?% du devis. Cette règle s’applique aux rémunérations fixes, mais pas à la part variable que peuvent toucher les stars en fonction du succès en salle.

Rémunérations maximales:

  • Film inférieur à 4 millions d’euros : 15 % du coût de production
  • Film entre 4 et 7 millions d’euros : 8 % du coût de production
  • Film entre 7 et 10 millions d’euros : 5 % du coût de production
  • Film supérieur à 10 millions : 990 000 euros

Qu'on soit clair: le cachet maximal de 990000 euros touche très peu d'acteurs en France. On les compte sur les doigts d'une main. Mais cette mesure touche aussi réalisateurs, scénaristes ou producteurs. Ce plafond s'entend par personne et non par fonction: si un acteur assure également le scénario et/ou la réalisation, les plafonds restent les mêmes, ils ne se cumulent pas Cela veut dire qu'un Dany Boon ou un Jean Dujardin - comme autrefois un Pierre Richard ou un Alain Delon - sont directement concernés, cumulant parfois les quatre postes. Roman Polanski avec 1,3 millions d'euros de revenus en 2013 est impacté (réalisateur, scénariste). Une dizaine de réalisateurs en France pourrait subir ce plafonnement. Et pas forcément Laurent Tirard ou Fabien Onteniente.

En cas de dépassement de ces plafonds, le film sera privé des aides sélectives et le producteur ne pourra pas réinvestir son fonds de soutien du CNC dans cette production. Les chaînes de télévision seront aussi empêchées (en tant que coproductrices) d’investir leur fonds de soutien dans ces films. Vincent Maraval posait une question simple : "Est-il normal qu’un film reçoive du soutien alors qu’il fait travailler des gens pour des salaires qui dépassent le million d’euros ? Etait-ce cela le but du système de financement du cinéma français ?" Le CNC l'a entendu. Et sur le fond, il n'a pas tort. Pourquoi payer un film dont le but est commercial avec de l'argent public?

Mais, derrière ce "choc de simplication", apparaît finalement un casse-tête bien français. Car pour quelques stars concernées, on créé une règle stricte, qui, par définition, s'adapte mal à une "industrie" comme celle du cinéma. Surtout, les films du milieu vont souffrir. Ceux-là ont souvent besoin de têtes d'affiche ET d'aides publiques pour se financer puis se vendre à l'international. Comme l'explique également l'agent Elisabeth Tanner dans un entretien au Monde, "Pourquoi le fait d’écrire un scénario pendant un an et de jouer ensuite dans le film devrait-il conduire à limiter votre rémunération, alors qu’elle ne l’aurait pas été si vous vous étiez contenté d’écrire le scénario ?"

Au final, cette mesure pourrait entraîner quelques effet pervers: on réduira les cachets, mais, comme le souligne Marc Missionnier, producteur et président de l'Association des producteurs de cinéma: "Ce que les agents peuvent perdre en raison de cachets moindres, ils peuvent le gagner par un intéressement accru aux recettes". Ce qui réduira les marges de tout le monde et poussera les comédiens à prendre davantage de pouvoir dans le processus du film, comme aux Etats-Unis. Va-t-on arriver à un système où un acteur bankable bradera sa valeur marchande (certes aléatoire) mais réclamera un pourcentage astronomique sur les tickets, les ventes internationales et les diffusions TV/VOD/DVD en échange? Après tout c'est ce qui était proposé dans le rapport Bonnell, qui incitait au partage du risque commercial par les stars très bien payées.

Pourtant, globalement, les producteurs sont satisfaits. Ils rappellent que cette mesure ne concerne que 10 à 15 films par an au maximum. Et même moins cette année. Car, depuis la tribune de Vincent Maraval, la prise de conscience a été collective. Le marché s'est régulé de lui-même. Au final, avec ce cadre règlementaire, il y aura donc deux systèmes: un cinéma privé-public et un cinéma privé à but commercial, mais plus risqué.

Cependant, tout cela ne répond pas au véritable problème du moment: le financement des films (et pas seulement ceux du milieu). L'économie du cinéma français se précarise (lire également notre actualité du 15 novembre: La production française connaît sa pire année depuis 2010). La moyenne des budgets diminue année après année. Les tournages s'exilent dans des territoires fiscalement et socialement plus attractifs. La durée des tournages se réduit fortement, et, par conséquent, les intermittents affichent moins d'heures au compteur. Investissements en chute, distributeurs de plus en plus fragiles, tensions sociales (convention collective, régime des intermittents), etc.: les autres mesures, celles qui soutiennent la distribution par exemple, sont plus pertinentes.

Le débat sur les cachets est un faux débat quand un film est de plus en plus difficile à financer, même avec une vedette au générique. Le problème du cinéma français, c'est la place qu'il accorde aux scénaristes et aux réalisateurs qui ne sont plus assez "mainstream" pour les grandes chaînes de télévision. L'enjeu ce n'est pas de juger le salaire exorbitant d'une star (qui attire un million de personnes dans les salles et sept millions derrière le petit écran) mais de savoir pourquoi on produit encore et toujours de mauvaises comédies, avec des castings improbables.  Comme le titrait Première le mois dernier, la question est plutôt "Et si on faisait de bons films?" (dans de bonnes conditions) et pas "Et si on payait moins les acteurs?" (avec de bonnes intentions).

Roman Polanski annule sa venue à Locarno

Posté par vincy, le 12 août 2014

roman polanski le bal des vampires © vincy thomasLe cinéaste Roman Polanski ne se rendra finalement pas au 67ème Festival du film de Locarno (lire notre actualité). Il était invité pour faire une Leçon de cinéma et recevoir un hommage du festival jeudi prochain. Il se réjouissait de participer enfin à cet événement, "très artistique, pas commercial comme Cannes" (ce qui peut être un peu ingrat de la part d'un réalisateur choyé par le Festival de Cannes depuis 50 ans).

"Après avoir constaté que ma présence au Festival de Locarno aurait pu provoquer des tensions et des controverses de la part de personnes qui s'y opposent, mais dont je respecte les opinions, je regrette de vous annoncer que j'ai renoncé à contrecoeur d'y participer", a indiqué le metteur en scène, toujours accusé par certains d'être un criminel. A l'annonce de sa venue à Locarno, les réseaux sociaux se sont emparés du sujet jusqu'à faire gonfler la polémique.

Revendiquant sa liberté artistique, le festival s'est offusqué de cette polémique : "Nous ne pouvons que respecter la décision de Roman Polanski déterminée par les interférences dans les choix artistiques du Festival, que nous continuons à considérer comme inacceptables."

Polanski a des raisons d'être un peu sur ses gardes. la dernière fois qu'un Festival suisse l'avait invité, celui de Zurich en 2009, il s'était retrouvé sous le coup d'un mandat d'arrêt international américain, suite à une une affaire d'abus sexuel datant 1977 contre une jeune fille en Californie, alors âgée mineure (lire notre actualité). Il avait été placé en arrêt domiciliaire dans son chalet de Gstaad avant que la justice suisse ne le remette en liberté pour cause de dossier d'extradition insuffisant. Polanski ne peut toujours pas se déplacer dans certains pays, dont les Etats-Unis, à cause de cette affaire non résolue judiciairement, tandis que la victime, Samantha Geimer, a publiquement affirmé que l'histoire était réglée (financièrement comme humainement).

Roman Polanski travaille actuellement à l'adaptation d'un roman de Robert Harris, D., sur l'Affaire Dreyfus, et la mise en scène de la comédie musicale Le bal des Vampires, d'après son propre film, qui prendra l'affiche au Théâtre Mogador à Paris le 16 octobre (lire notre actualité).

Locarno 2014: Giannini, Léaud et Polanski à l’honneur

Posté par vincy, le 30 juillet 2014

Comme chaque année, le Festival de Locarno s'offre une multitude de stars... mais pas forcément attachées à des films en sélection. La compétition pointue du Festival ne permet généralement pas un tapis rouge prestigieux. Pour y remédier, Locarno multiplie donc les hommages.

On savait déjà que Juliette Binoche (Excellence Award Moët & Chandon), Armin Mueller-Stahl (Lifetime Achievement Award - Parmigiani) et Mia Farrow (Leopard Club Award) allaient venir récupérer un trophée. Qu'Agnès Varda et Victor Erice (Léopard d'honneur), Nansun Shi (prix Raimondo Rezzonico) et le créateur de la Steadicam®, Garrett Brown (prix Vision) seraient honorés.

Le 67e Festival de Locarno (6-16 août) a décidé d'ajouter trois noms à sa liste.

L’acteur et réalisateur italien Giancarlo Giannini sera l’un des invités d’honneur de la rétrospective Titanus et recevra un Excellence Award Moët & Chandon. Après plusieurs succès au théâtre sous la direction de Zeffirelli et à la télévision, Giancarlo Giannini fait ses débuts au cinéma en 1965 avec I criminali della metropoli de Gino Mangini. Il a joué devant les caméras de Luchino Visconti, Mario Monicelli, Dino Risi, Alberto Lattuada, Rainer Werner Fassbinder et Martin Scorsese. Le public international l'a surtout croisé dans des films comme Les vendanges de feu, Hannibal et Casino Royale.

Autre acteur honoré, Jean-Pierre Léaud. Le "double" de François Truffaut recevra un prix pour l'ensemble de sa carrière, qui a traversé la nouvelle vague mais aussi le cinéma le plus en marge du cinéma français. Les Quatre Cents Coups, L'Amour en fuite (1979), Masculin féminin de Jean-Luc Godard qui lui valu un prix d'interprétation à Berlin, mais aussi les films de Philippe Garrel, Jean Eustache (La maman et la putain), Jerzy Skolimowski, Bernardo Bertolucci (Le dernier Tango à Paris), Pasolini, Jacques Rivette, Luc Moullet, Pupi Avati, Benoît Jacquot, Agnès Varda, Raoul Ruiz, Josiane Balasko, Bertrand Blier, Bertrand Bonello, Olivier Assayas, Tsai Ming-liang, Noémie Lvovsky et surtout Aki Kaurismäki (Le Havre, La vie de Bohême-.

Enfin, last but not least, Roman Polanski va se risque de nouveau en Suisse. Après sa mésaventure au Festival de Zurich (où il avait été contraint de ne pas bouger du territoire suite à uen réclamation judiciaire américaine), le cinéaste, qui prépare la mise en scène du Bal des Vampires au Théâtre Mogador et son film sur l'affaire Dreyfus, va venir faire une Leçon de cinéma le 15 août. Il recevra simultanément un prix spécial. Carlo Chatrian, Directeur artistique du Festival, est enthousiaste : “Je suis particulièrement fier que Polanski ait accepté de participer aux initiatives de formation du Festival. Car le cinéma est aussi une transmission de savoirs: aux grands maîtres nous ne demandons pas des leçons qui tombent du ciel, mais un partage d’expériences. Je suis certain que la rencontre avec un cinéaste qui refuse tout dogmatisme constituera l’un des moments les plus forts de ces dernières éditions.

L’instant Glam’: Julie Gayet, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Eva Longoria, Salma Hayek, Freida Pinto……

Posté par cynthia, le 17 mai 2014

salma hayek cannes 2014Oyé oyé, cinéphiles! Des nénés, des hommes, de la classe et de la finesse, voilà le quatrième sur la croisette. Il fait toujours chaud (ça nous change de l'année dernière), les stars se dénudent toujours autant, il y a toujours du glamour et des fautes de goûts, bref la routine cannoise en somme.

L'actrice Julie Gayet semblait être heureuse de monter les marches cette année vêtue de sa robe noire transparente. Et ce n'est pas ses tétons qui nous disaient bonsoir qui diront le contraire. Aurait-elle confondue la chambre de François Hollande avec la Croisette dans cette nuisette? A ses côtés, le chanteur Mika est (vu les motifs de son costume) tombé nu dans un vide ordure et s'est couvert avec un sac poubelle pour venir à Cannes. On espère qu'il a pris une douche avant de venir tout de même.

En ce jour, il y avait un peu plus d'hommes à Cannes...et quels hommes! Gaspard Ulliel, venu présenté Saint- Laurent, a fait trembler les marches de ses yeux bleus (de Chanel?). On peut en dire autant de son partenaire Jérémie Renier extrêmement sexy dans son costard. On aurait même envie de jouer aux clodettes avec lui en plein tapis rouge tiens. Ces derniers étaient accompagnés de la sublime Léa Seydoux et de sa robe verte vertigineuse signée Prada. Voilà une actrice de chez nous qui sait s'habiller pour une grande occasion. Merci Léa (si je peux me permettre de t'appeler par ton prénom), tu remontes l'estime du cinéma français à Cannes. La mannequin/actrice Aymeline Valade avait aussi de la classe. Vêtu d'un costard noir et d'un noeud papillon, la jeune fille a mérité sa place parmi le classement des 40 femmes les plus chics. Chic c'est ce qu'était également Roman Polanski qui, du haut de son mètre...50...60...bon aller 65, a frôlé les marches de Cannes fièrement (vu son talent il peut). Autre homme au regard de braise à grimper vers le Palais, l'écossais James McAvoy qui a irradié le public, ainsi que sa somptueuse partenaire Jessica Chastain, par sa prestance.

Côté prestance, Eva Longoria, la desperate housewife préférée des français, n'avait rien à lui envier. La bomba latina a arpenté le tapis rouge tout en finesse avec une robe bustier blanche de Gabriela Cadena. Finesse était également le maître mot de ce quatrième jour. La robe rose bonbon, limite fushia, tout en légèreté de Salma Hayek nous le montre bien. Salma qui en a profité pour passer un message sur le tapis rouge en brandissant une pancarte annotée du célèbre slogan " #Bring back our girls".  Voilà une femme qui malgré les strass et les paillettes n'oublie pas le reste du monde.

Pendant ce temps, l'actrice indienne Freida Pinto arborait un look Black Swan avec une robe à plume. Robe jolie certes, mais un peu trop "Angry Birds" pour l'occasion. On espère que les cuistots de la croisette ne la confonde pas avec le poulet prévu pour le dîner. Ce look serait-il en rapport avec la présence de toute l'équipe de Hunger Games 3? Bah vous savez le geai moqueur! En parlant de moqueur, on pourrait rire de l'équipe du film Run. Les acteurs sont arrivés sur la croisette en tenue de civil. Jean, chaussures de ville, on se serait cru à l'épreuve du bac mais pas au Festival de Cannes.

Ah c'est sûr, Cannes continue et se fait de plus en plus à la bonne franquette chaque jour. On a hâte d'en voir plus!

Polanski lève le voile sur la comédie musicale Le Bal des Vampires

Posté par vincy, le 25 mars 2014

roman polanski le bal des vampires © vincy thomasLe 16 octobre, le Théâtre Mogador à Paris lèvera le rideau (rouge sang) sur le "musical" Le Bal des Vampires; adaptation du film éponyme de Roman Polanski. La billetterie a ouvert le jour-même. Le casting est bouclé. Et Polanski mène la danse.

Ce film sorti en 1967 a été transposé en comédie musicale par le réalisateur en 1997 à Vienne avant de faire le tour de 11 pays (en dix langues), avec 6622 représentations en Europe, au Japon et à Broadway. 7,24 millions de spectateurs ont déjà vu ce show qualifié de "Rock Ballet Opéra" par le producteur original Christian Struppek.

Pour Michael Kunze, l'auteur des chansons, "c'est un musical très fidèle au film !" S'il a plu à autant de monde, selon lui, c'est parce qu'il a plusieurs niveaux de lecture : l'aspect comique, voire potache, l'initiation à l'âge adulte qui interpelle un public adolescent, et surtout les dilemmes autour de la tentation sexuelle face à la raison, duel universel. Le livret est traduit en français par Nicolas Nebot. La musique est signée Jim Steinman (auteur des tubes de Meat Loaf et Bonnie Tyler, dont le titre Total Eclipse of the Heart est le morceau fort du spectacle).

Son film préféré

Pour présenter le Bal des Vampires à la presse, les producteurs français, Stage Entertainment (Le Roi Lion, Zorro, Mamma Mia, Cabaret, Sister Act et actuellement La belle et la bête) ont convié Roman Polanski à une sorte de Master Class. "Une conférence de stress" selon ses propres mots. Assis sur un cercueil, qui servait de divan freudien, le cinéaste maniait l'humour pince-sans-rire avec délectation. Quand on commence à lui raconter sa vie, il lance : "vous ne pensez pas qu'on va s'emmerder un peu là?"

Polanski peut tout se permettre : 4 Césars en tant que meilleur réalisateur (un record), 2 pour le meilleur film, un Ours d'or, une Palme d'or, un Oscar du meilleur réalisateur. Le cinéaste a l'une des filmographies les plus passionnantes de ces cinquante dernières années. Le Bal des Vampires est presque un intrus dans sa longue liste de chef d'oeuvres : il s'agit d'une comédie.

Pas besoin de raconter l'histoire. "Ils n'ont qu'a acheter le dvd!" s'amuse le réalisateur (lire aussi notre critique du film).
Pas besoin de le comparer aux autres films de Vampires. Quand on lui demande lequel il préfère, il répond naturellement: "Bah celui-là !"

Polanski, qui n'a jamais touché d'argent des producteurs du film, est ravi de donner une seconde vie à ce film qu'il chérit depuis des décennies. "L'humour m'a aidé dans les moments difficiles de ma vie" et "le musical a la même dimension humoristique que le film" explique-t-il. Et s'il est devenu culte " c'est que tous les personnages sont sympathiques, même les vampires", avance-t-il.

Un artisan qui a imaginé 23 changements de décor

Lui qui s'affirme "artisan" qui "bricole" voit quand même les choses en grand : le spectacle offrira aux yeux des spectateurs 230 costumes, 150 perruques, 3 sacs de faux sang utilisé chaque soir, une maison amovible de deux étages, 2 passerelles, 23 changements de scène, etc... Roman Polanski veut rendre la mise en scène plus moderne et améliorer certains aspects techniques: "On a essayé de garder la même mise en scène, en enlevant les choses vieillottes pour la rendre plus contemporaine. On a pu améliorer certains côtés techniques, les simplifier pour que cela fonctionne mieux et plus vite." Plus prosaïquement, il confirme sa réputation : "J'aime faire attention aux détails, même si certains appellent ça l'enculeur de mouches."

le casting du Bal des Vampires autour de roman polanski © vincy thomas"Au théâtre, on joue davantage avec l'imaginaire du spectateur, ça n'a pas besoin d'être hyperréaliste" rappelle-t-il. Il ajoute qu'il "n'y a quasiment pas de dialogues dans ce musical". 4000 candidatures, 800 auditions et finalement 36 retenus : le casting a été intense et il s'en est personnellement mêlé. Et "si vous voulez savoir comment se passe un casting, allez voir La Venus à la fourrure", indique-t-il, toujours malicieux. Pas de star. "Nous avons voulu rester près du film physiquement, tout en recrutant des gens sachant chanter et danser" justifie Polanski. "Oui, j'étais tenté de jouer le professeur, mais il y a énormément de textes à apprendre". Il aurait pu être le professeur Ambrosius (il incarnait son jeune disciple dans le film). Mais comme pour s'excuser, il pratique l'auto-dérision : "je ne sais pas chanter". Le sourire est toujours en coin, ironique.

Ça fait la farce

Côté musique, il affirme que "le côté wagnérien (de la musique de Steinman) est drôle avec des vampires." Il a juste demandé au compositeur de garder les quelques notes du thème de la B.O.F quand les vampires rodent autour des pauvres mortels. Ce "style pompeux, dramatique et surjoué" était parfait pour cette "farce sur les Vampires". Polanski avoue aimer "la musique et les spectacles où la musique joue un rôle central". Il a lui-même mis en scène la pièce Amadeus, dans laquelle il jouait, et des opéras. Il confie même qu'il aimerait "bien réaliser une comédie musicale au cinéma, même si c'est très risqué."

Le voilà donc ravit de monter ce Bal à Paris. Il l'a toujours voulu mais "personne ne s'y intéressait."

Pas superstitieux, la fin du one-man-show le fait entrer dans un cercueil qui s'élève du sol pendant qu'il répond à un questionnaire de Proust. "Je l'avoue c'est la première fois que je rentre dans un cercueil". Manque de chance, en bon gag-man, les filins qui tiennent le cercueil dans l'air lâchent et font exploser la boîte en sapin sur la scène. Mais Polanski n'est déjà plus là. Sans doute trop occupé : il a six mois pour que ce spectacle soit parfaitement rodé.

Informations et réservations

Le bal des Vampires, version musical, à Paris en 2014

Posté par vincy, le 23 octobre 2013

Enorme succès lors de sa sortie en 1968 (3,4 millions de spectateurs en France), Le bal des Vampires de Roman Polanski a été transposé en comédie musicale par le cinéaste en 1997, à Vienne. Dans un an, la version française sera (enfin) au Théâtre Mogador à Paris, qui a déjà accueilli Le Roi Lion, Mamma Mia !, Sister Act et qui lance cette semaine le très familial La Belle et la Bête.

Stage Entertainment, à qui l'on doit aussi Cabaret et Zorro ces dernières années, va proposer le livret original (pas celui de Broadway donc) écrit par Michael Kunze (qui a notamment adapté Evita, Cats, Le Fantôme de l’Opéra, Chorus Line, La Petite Boutique des horreurs, Le Roi Lion et Mamma Mia ! en allemand), avec la musique de Jim Steinman à qui l'on doit les plus grands tubes du groupe Meat Loaf). En bonus, le titre phare de la comédie musicale est la chanson de Bonnie Tyler, Total Eclipse of the Heart, qui ouvre le second acte.

Cet opéra rock, baroque, gothique même et drôle a déjà fait le tour de l'Europe, en plus de ses passages au Japon, en Russie, et aux Etats-Unis. Créée il y a 16 ans, la production viennoise a attiré 7,2 millions de spectateurs durant 6569 représentations, dans 17 villes de 12 pays (au total 11 langues).

Mais le prestige de cette production revient surtout à Roman Polanski qui signe lui-même la mise en scène : « Quand j’ai réalisé mon film Le Bal des vampires, le ton, l’humour et l’histoire se prêtaient à une comédie musicale. Depuis sa création en Autriche en 1997, j’ai toujours rêvé de voir mes vampires chanter et danser à Paris. Et voilà, en octobre 2014, vous pourrez les découvrir ici, au théâtre Mogador. »

Au théâtre, il a notamment mis en scène Master Class, Amadeus et Hedda Gabler ; côté opéra, il a mis en scène Rigoletto et Les Contes d’Hoffmann. Son prochain film La vénus à la fourrure, en compétition à Cannes, sort le 13 novembre dans les salles françaises. Il prépare actuellement un film sur l'Affaire Dreyfus.

Cannes 2013 : où sont les femmes ? – Roman Polanski et l’égalité des sexes

Posté par MpM, le 25 mai 2013

Vénus à la fourrureRoman Polanski a fait le grand écart le dernier jour du festival en proposant un film revendiqué comme une "satire du sexisme" (la Vénus à la fourrure) tout en tenant des propos eux-mêmes tendancieux lors de la conférence de presse du film.

"Je pense que cette tendance à vouloir mettre les hommes et les femmes à égalité est purement idiote. Je pense que c'est le résultat (...) des progrès de la médecine. La pilule a beaucoup changé les femmes de notre temps, en les masculinisant", a-t-il déclaré.

Sans doute est-ce pour cela que, dans la Vénus à la fourrure, les deux personnages ont des rôles sexués bien définis qui, s'ils évoluent au fil de l'histoire, restent toujours dans une certaine vision des rapports hommes/femmes.

D'abord, Vanda est une actrice vulgaire et Thomas un metteur en scène brillant. Puis elle devient le personnage de la pièce, distinguée et pure, avilie par les désirs coupables de l'homme qu'elle rencontre. Ensuite, elle est une dominatrice cruelle qui profite de celui qui l'adule ; avant de se transformer en victime soumise au bon vouloir de son amant. Pour finir, elle sera une déesse vengeresse intraitable. Autrement dit : une succession de stéréotypes manichéens qui cantonnent la femme à un petit panel de rôles archétypaux.

Et autant de clichés au nom de quoi ? Du romantisme. "Je pense que tout cela [la pilule et la recherche de l'égalité] chasse le romantisme de nos vies, et c'est bien dommage", a en effet précisé le cinéaste. Des propos surréalistes qui ressemblent à une mauvaise blague.

Si vraiment Roman Polanski pense ce qu'il dit, on l'invite à aller voir comment ça se passe dans les régions du monde où hommes et femmes ne sont pas placés sur un pied d'égalité  et où la pilule ne fait pas de "ravages" sur la féminité. On serait curieux de savoir ce qu'il trouve le plus romantique : les femmes traitées comme d'éternelles mineures par leurs frères, pères et maris, celles qui enchaînent les grossesses sans l'avoir désiré ou encore celles qui meurent sous le coup de leurs compagnons si virils.