Pierre Tchernia, éternel Monsieur Cinéma, est mort

Posté par vincy, le 8 octobre 2016

Homme de télévision, de cinéma et même croqué par Uderzo dans plusieurs albums d'Astérix, Pierre Tchernia, de son vrai nom Pierre Tcherniakowski, est décédé à l'âge de 88 ans cette nuit, samedi 8 octobre.

"La disparition de Monsieur Cinéma met en tristesse la cinéphilie", a déclaré à l'AFP Gilles Jacob, ajoutant: "Son physique tout en rondeur cachait en réalité un metteur en scène lucide, comme dans son film Le Viager où il mettait en évidence les spéculations sur la mort."

Ne le 21 janvier 1928, il avait fait des études dans cet art nouveau qu'était l'image: à l’Ecole technique des métiers du cinéma et de la photographie puis à l'IDHEC où il était en promotion avec Claude Sautet. Ce pionnier du petit écran avait participé à la création du  premier journal télévisé en 1949 avant de devenir en 1955 animateur d'émissions de variétés telles "La piste aux étoiles" ou d'actualités comme "Cinq colonnes à la Une". C'est avec "La boîte à sel" quu'il fit découvrir aux Français des talents comme Jean Poiret, Michel Serrault, son ami, Raymond Devos et Philippe Noiret.

Magique cinéma

A partir de 1966 et jusqu'en 1988, il avait présenté "Monsieur Cinéma", "Jeudi cinéma" et "Mardi cinéma", émissions cultes sur le 7e art, mais aussi émissions de résistances à leur manière quand les Français préféraient la télévision aux salles de cinéma. 60 ans de télévision, cela en fait, en effet, un complice de beaucoup de téléspectateurs, un "ami public n°1". On lui doit aussi les émissions spéciales autour de l'animation américaine, de Walt Disney à Tex Avery. Il avait un savoir-faire inégalable dans sa façon de partager son amour pour les films. Il a  aussi présenté le Festival de Cannes et la cérémonie des Césars pendant plusieurs années.

Parallèlement, il a aussi été réalisateur : adaptations d'oeuvres de Marcel Aymé ou documentaire sur Jean Carmet pour la télévision, films pour le cinéma (Le Viager, Les gaspards, Bonjour l'angoisse, La gueule de l'autre). Il a aussi été scénariste pour deux co-réalisations avec Robert Dhéry (La belle Américaine, Allez France!) et de longs métrages d'animation (plusieurs Astérix, où il prêtait sa voix en tant que narrateur, mais aussi un Dalton). Il avait eu le coup de foudre pour le grand écran avec La Chevauchée fantastique de John Ford.

Fantastique télévision?

Frédérique Bredin, présidente du CNC, rappelle que ce "passionné de cinéma" avait consacré "une grande partie de sa vie à transmettre son amour pour le 7e art au public, qui avait trouvé en lui un passeur érudit et bienveillant. Sa voix et sa silhouette étaient connues de tous."

"J’appartiens à cette génération qui a fait de la télévision parce que le cinéma ne nous ouvrait pas ses portes. Et en faisant de la télévision, nous ne savions pas que nous allions faire du mal à ce cinéma que nous aimions tant" a raconté Pierre Tchernia en 1987. "La télévision ne nous a jamais dispensé toutes les joies à la fois, mais il semble que nous avons connu une époque où, entre le public et nous, existait un état de grâce” avait-il également expliqué.

"Magic Tchernia" revint à son métier d’acteur en interprétant le rôle du centurion et narrateur Caius Gaspachoandalus dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre d’Alain Chabat.

Jimmy Fallon présentera les Golden Globes 2017

Posté par vincy, le 2 août 2016

On ne peut que se réjouir. L'impertinence et l'élégance de Jimmy Fallon, animateur du "Late Night with Jimmy Fallon" de la NBC, seront à l'honneur aux prochains Golden Globes, qui se tiendront le 8 janvier 2017. Nommé deux fois aux Emmy Awards cette année, l'émission de Jimmy Fallon est l'une des plus suivies parmi les "talk shows" nocturnes américains et certainement la plus connue à l'extérieur des frontières grâce aux extraits diffusés sur le Net.

A 42 ans, Jimmy Fallon aura donc la lourde charge de faire rire les nominés des 74e Golden Globes. Ce new yorkais, qui a succédé à Jay Leno en 2014, avait été révélé par le Saturday Night Live où il officia durant six ans.

On l'a aussi vu au cinéma dans Presque célèbre. Il a surtout prêté sa voix dans des films d'animation comme Pollux et la trilogie d'Arthur et les Minimoys, en plus d'apparaître dans son propre rôle dans Jurassic World, "30 Rock" et "Gossip Girl".

Son émission est contractuellement confirmée jusqu'en 2021 et est diffusée sur MCM en France.

Décès du producteur et réalisateur Pierre Grimblat (1922-2016)

Posté par vincy, le 5 juin 2016

Pierre Grimblat, producteur de nombreuses séries télévisées comme "Navarro" ou "L'Instit", est décédé vendredi soir à l'âge de 93 ans. Il avait aussi réalisé sept longs métrages: Me faire ça à moi (1961, avec Eddie Constantine et Bernadette Lafont), L'empire de la nuit (1962, coécrit avec Frédéric Dard), Les amoureux du France (1964, avec Marie-France Pisier), Cent briques et des tuiles (1965, avec Jean-Claude Brialy et Marie Laforêt), le culte Slogan (1969, avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin), Dites-le avec des fleurs (1974, avec Delphine Seyrig) et, après une longue absence derrière la caméra, Lisa (2001, avec Jeanne Moreau, Marion Cotillard et Benoît Magimel).

Producteur à succès pour le petit écran - Série noire (1984-1989), L’ami Maupassant (1986), L’heure Simenon (1987-1988), Navarro (1989-2007), L’instit (1993-2004), Quai n°1 (1996-2005), Le tuteur (2003-2008), Les cœurs brûlés (1992) et Le château des oliviers (1993) - il avait commencé sa carrière par le grand écran. François Truffaut l'avait aidé à écrire son premier film

Né en juillet 1922, il se fait remarquer juste après la seconde guerre mondiale par Boris Vian en déclamant ses propres poèmes dans la rue, à Saint-Germain des Prés. Il entre à la radio et devient l'assistant de Francis Blanche.

Cet autodidacte a aussi publié un recueil de poésies en 2006, Autodidarque, ses mémoires Recherche jeune homme aimant le cinéma en 2008 et Mes vies de A à Z en 2013.

Monica Bellucci, Laura Dern, Tim Roth, Amanda Seyfried et Naomi Watts au générique de Twin Peaks

Posté par vincy, le 26 avril 2016

© ecrannoir.fr

C'est sans aucun doute le projet cathodique le plus excitant de ces prochains mois: le retour de David Lynch derrière la caméra pour une suite de sa série culte Twin Peaks. En révélant les 217 acteurs et actrices castés pour cette nouvelle saison, la chaîne Showtime a frappé fort avec deux James Bond Girls et quelques acteurs dont les films ont eu une Palme d'or, sans compter des habitués de l'univers de Lynch.

Kyle MacLachlan (Desperate Housewives, How I Met Your Mother), David Duchovny (X-Files, Californication), Miguel Ferrer (NCIS Los Angeles), Alicia Witt (The Walking Dead), David Patrick Kelly (John Wick, Feed the Beast), Sheryl Lee (Winter's Bone, Dirty Sexy Money) et Harry Dean Stanton (La ligne verte, Inland Empire, Sailor & Lula) sont de retour. Et s'il manque Lara Flynn Boyle (Men in Black II) et Piper Laurie, les nouveaux venus attisent notre curiosité, au minimum.

Monica Bellucci (007 Spectre, Les merveilles), Jim Belushi (The Ghost Writer), Richard Chamberlain (Les oiseaux se cachent pour mourir, Allan Quatermain), Jeremy Davies (Lost, Dogville, Il faut sauver le soldat Ryan), Laura Dern (Sailor & Lula, Jurassic Park, Star Wars : Episode VIII), Sherilyn Fenn (Gilmore Girls, Ray Donovan), Hailey Gates (Ricki and the Flash), Balthazar Getty (Brothers & Sisters), Ernie Hudson (Ghostbusters 2016, Desperate Housewives), Ashley Judd (Divergente, Le collectionneur), David Koechner (American Dad), Matthew Lillard (Scoubidou, The Descendants), Berenice Marlohe (Skyfall), le musicien Trent Reznor, Tim Roth (Pulp Fiction, Chronic, Les huit salopards), John Savage (Voyage au bout de l'enfer, Hair, Salvador) Amanda Seyfried (Mamma Mia, Les Misérables, Ted 2), Tom Sizemore (Il faut sauver le solda Ryan, La chute du faucon noir), Jessica Szohr (Gossip Girl, Les Experts Miami), le parolier Eddie Vedder et Naomi Watts (Mulholland Drive, King Kong, Birdman, Divergente) font désormais partie de l'aventure.

La reprise de Twin Peaks et de ses mystères, interrompus après deux saisons en 1991 et un film en 1992, sera diffusée l'année prochaine. David Lynch a écrit tous les épisodes avec Mark Frost et réalisera l'intégralité de la saison. Il y a un an le cinéaste avait jeté l'éponge, avant de trouver un terrain d'entente avec le diffuseur.

Cannes 2016 sera beaucoup moins Canal Plus

Posté par vincy, le 12 mars 2016


Depuis hier soir, la rumeur circulait sur les réseaux sociaux. Le site Puremedias.com a crevé l'abcès qui enflait: Canal Plus à Cannes, ce sera Canal Moins.

Grosses pertes financières

Contrairement à ce qu'avait annoncé le directeur de la chaîne il y a quelques temps, Maxime Saada, la chaîne partenaire du Festival de Cannes va fortement réduire la voilure. Objectif: réduire au maximum les coûts. Le Conseil de surveillance de Vivendi avait alerté le 19 février dernier que le groupe "n’avait pas les moyens de supporter indéfiniment les pertes des chaînes Canal+ en France" qui se sont aggravées cette année pour atteindre 265 millions d'euros.

Service minimum à Cannes

A l'écran, il n'y aura finalement ni l'émission cinéma Le Cercle, dont deux numéros étaient prévus, ni Ali Baddou en seconde partie de soirée (on savait déjà que Le Grand Journal n'y serait pas, et avec le changement d'horaires des Guignols, il était évident que les marionnettes n'en seraient pas).

Aussi Canal Plus ne diffusera que les deux cérémonies (ouverture et clôture) animées par Laurent Lafitte, fortement remaniées et disposant d'un budget plus important, et des duplex avec Le Grand Journal pour la montée des marches quotidiennes.

Sur la Croisette, le régime est aussi sec. Terminée la fameuse soirée Canal sur les hauteurs du vieux Cannes. L'un des plus importants rendez-vous mondains du Festival n'aura donc pas lieu. Mais c'est la fermeture du Patio Canal +, espace privé et "oasis" sur le port à deux pas du Palais, qui inquiète le plus. Ce lieu privatif était le QG des professionnels et artistes (et pas seulement français) pour échanger ou monter des projets. C'est aussi là que la rentrée télévisuelle de Canal Plus se négociait. La décision est symbolique quand il s'agit du premier partenaire du cinéma français.

Canal+ et les chaînes du bouquet Ciné+ représentent ensemble 20 % du financement global des films français, en préachetant une centaine de films chaque année pour les œuvres d’expression originale française. Mais le nombre de films préachetés et le volume global de préachats stagnent. En 2005, Canal+ préachetait 120 films (pour 126 millions d’euros) contre 103 films en 2014 pour 135,88 millions d’euros. Idem pour sa filiale Ciné+ dont l’investissement décroit depuis cinq ans (83 films pour 15 millions d’euros en 2014).

Faut-il que les professionnels du cinéma s'inquiètent?

Depuis la reprise en main ferme de la chaîne par Vincent Bolloré, les mauvais signaux s'enchaînent pour le cinéma français, qui craint un désengagement de Canal Plus dans la production des films d'auteurs, très dépendants de ses finances. D'autant que la chaîne a peu de marge par rapport à ses obligations: elle doit consacrer à l'acquisition de droits de diffusion d'œuvres cinématographiques européennes et d'expression originale française respectivement au moins 12 % et 9 % de leurs ressources totales. La fermeture du Patio, c'est une manière de dire que Canal Plus ne veut plus être au centre du jeu du 7e art français. Ce n'est pas juste une question d'austérité budgétaire, mais bien un effet d'affichage majeur durant le plus grand festival (et marché) du film de la planète. C'est une manière de dire que le cinéma n'est plus une priorité pour Canal, qui préfère mettre son argent ailleurs.

Car le cinéma n'est plus le motif principal pour s'abonner. Les séries (où la concurrence est très vive avec l'arrivée de Netflix, entre autres) et le sport (où Canal Plus a perdu quelques gros appels d'offres récemment) sont bien plus porteurs. Alors que les recettes déclinent, que le modèle économique est égratigné, Vincent Bolloré cherche à investir dans des contenus déclinables sur plusieurs supports et permettant une diffusion plus globale (y compris internationale). Ces derniers temps, le groupe Vivendi, qui possède 100% de Canal Plus mais aussi Dailymotion, opte plutôt pour le secteur des jeux vidéos et chercherait à se désengager de Universal Music.

Certes, en perdant de gros paquets d'abonnés (plus de 400 000 l'an dernier selon la presse) et avec des audiences moribondes sur certaines tranches en clair, la chaîne doit se réinventer. L'esprit Canal est dépassé.

Le partenariat avec le Festival de Cannes était-il nécessaire?

Ça n'a pas empêché Canal Plus de reconduite son partenariat avec le Festival de Cannes pour cinq ans, surenchérant sur l'offre de France Télévisions. Mais était-ce finalement si stratégique de le conserver dans ces conditions? Le Festival savait-il que Canal Plus allait se désengager du Festival aussi bien sur le petit écran que sur la Croisette? Selon Puremedias.com, le Festival aurait exigé de la chaîne cryptée  un dispositif différent cette saison, en raison de la faiblesse des audiences du Grand Journal qui porte habituellement la manifestation. C'est sur cette base que Maxime Saada avait annoncé un dispositif plus "cinéma" et assez ambitieux. Complètement mis à terre, ce dispositif conduira-t-il le Festival à renégocier le partenariat et pourquoi pas le dénoncer? Difficile de le dire puisqu'on ignore les obligations réelles qui lient la chaîne au Festival. Il n'est pas interdit d'imaginer que la chaîne misera plutôt sur le site web dédié au Festival afin de donner plus de force à ses contenus sur les réseaux.

Une présence toute relative

Ironie du sort, tandis que Canal Plus a préféré tout supprimé, France Télévisions risque de proposer plus de temps d'antenne sur le Festival que la chaîne "officielle". Cependant, relativisons tout ça. La présence médiatique à Cannes ne subira que peu d'impact avec 4000 journalistes du monde entier présents sur la Croisette. La soirée Canal ne manquera pas plus que ça quand une une demi douzaine d'évènements ont lieu ce même soir, sans compter les bars et lieux privés qui accueillent festivaliers et "people". Quant au Patio, aussi impressionnant soit-il, il n'était qu'un des lieux privilégiés des professionnels qui ont le choix entre les suites de Palace réservées par les vendeurs, agents et distributeurs ou les espaces (notamment sur certaines places) où l'on peut tranquillement déjeuner en plus de rencontrer ses confrères ou futurs partenaires.

Un choix de raison salutaire

Pour le public, l'absence du Grand Journal en face du Martinez manquera certainement. Mais ce Grand Journal était aussi très critiqué par le choix de ses invités, plus souvent des personnalités "people" que des artistes de cinéma venus présenter un film. Pour la profession, cela ne changera pas grand chose. Aucun journaliste n'utilisait Canal Plus comme source d'information par exemple. Et nul ne doute que les cadres de la chaîne en charge du cinéma ou la filiale StudioCanal seront au rendez-vous.

On pourrait même affirmer que Canal Plus a sans doute eu raison de prendre ces décisions. Depuis quelques années, les grands sponsors du Festival avaient déjà été conduits à être moins présents en terme d'affichage (qui, à une époque, défigurait la Croisette). Canal Plus ne fait que suivre le mouvement, avec quelques années de décalage.

Ida, Oscar du meilleur film en langue étrangère, maltraité par la télévision polonaise

Posté par vincy, le 11 mars 2016

Ida de Pawel Pawlikowski

Ida, de Pawel Pawlikowski, devrait être une fierté pour les polonais: Oscar et BAFTA du meilleur film en langue étrangère, cinq prix aux European Film Awards, dont le prix du meilleur film et le prix du public, Prix LUX du parlement européen, deux fois primé au festival des Arcs, meilleur film au Festival du film polonais et au Festival du film de Varsovie... Rares sont les films polonais à avoir été aussi bien distingués. Avec plus de 500000 entrées en France, 3M$ de recettes aux Etats Unis, ce fut même le plus gros succès polonais à l'extérieur de ses frontières depuis des décennies, et un gros succès en salles en Pologne.

Un film historiquement inexact et pro-Juif pour la chaîne publique TVP2

Et pourtant, nul n'est prophète en son pays. Il y a une semaine, lors de sa première diffusion télévisée, sur une chaîne publique polonaise, un programme présenté avant le film a donc rappelé "l’inexactitude du film", justifiant son succès parce qu'il était “pro-juif”. Selon les médias qui ont rapporté l'affaire, des intertitres ont été également accolés au film, manipulant ainsi le téléspectateur puisqu'il n'était précisé nulle part qu'il s'agissait d'un ajout.

Avant sa diffusion sur la chaîne polonaise TVP2, le film a donc eu le droit à cet avant-programme de 12 minutes inédit. "Around Ida" est composé d'extraits du film commentés au nom de la précision historique par le critique de cinéma de TVP Kultura Krzysztof Klopotowski, l'historien de TVP Historia Piotr Gursztyn et le porte parole de la Ligue Anti-Diffamation polonaise Maciej Swirski. Ce dernier a ainsi dit: "Vous pouvez parler d'événements atroces dans l'histoire de la nation mais vous ne pouvez pas le faire si cela offense la nation". Le coup de grâce a été apporté par Krzysztof Klopotowski qui a clairement dit: "Si le film n'avait pas contribué à défendre les Juifs dans le conflit entre Polonais et Juifs, il n'aurait certainement pas eu un Oscar." Ni les autres prix, y compris en Pologne?

Rappelons que le film de Pawel Pawlikowski raconte l’histoire d’Anna, une jeune orpheline vivant dans un couvent, qui part à la recherche de sa tante, seul membre encore en vie de sa famille. La jeune fille découvre qu’elle est juive et que ses parents ont été assassinés. En Pologne, déjà, le film avait reçu un accueil mouvementé. Il avait fait l'objet d'une polémique médiatique opposant historiens, politiciens, cinéphiles et critiques. En cause: l'absence d'Allemands dans l'intrigue, et, comme le mentionnait le Figaro il y a un an, à aucun moment il n'est expliqué "que la Pologne était occupée par l’Allemagne nazie” et que “l’antisémitisme polonais soit présenté sans que soient mentionnés les Polonais qui ont aidé les Juifs, à leurs risques et périls.

La Guilde des réalisateurs polonais évoque manipulation et propagande

L'actuel gouvernement polonais, ultra-nationaliste, est actuellement sous les feux des critiques politiques et culturelles européens depuis qu'il cherche à prendre le contrôle des médias, entre autres. Pas étonnant alors, que, suite à cette diffusion, plusieurs cinéastes de la Guilde des réalisateurs polonais mais aussi 90 journalistes polonais se soient rassemblés pour manifester leur désaccord face à cette manipulation officielle.

La Guilde s'est ainsi désolée de voir que "pour la première fois en 25 ans, depuis que les médias sont libres en Pologne, un film a été accompagné d'une interprétation idéologique, éloignée d'une simple analyse de film sur son sujet ou sur ses qualités artistiques, en voulant exprimer une interprétation unilatérale et officiellement correcte." Elle ajoute: "De telles actions montrent non seulement le manque de respect envers les créateurs mais aussi envers les téléspectateurs. C'est le signe d'un manque de confiance du diffuseur envers la sensibilité et l'intelligence de son auditoire. C'est aussi une violation de bonne conduite et un exemple clair d'une propagande manipulatrice qui ne correspond pas à ce que l'on attend d'un média dans un état démocratique."

Les European Film Awards se déshonorent-ils en se tenant en Pologne en décembre prochain?

L’European Film Academy a rejoint le mouvement et a déclaré dans un communiqué : “bien que le comité de la European Film Academy défende la liberté d’opinion sur les films et le droit à des débats ouverts, il ne peut en aucun cas accepter la manipulation d’un tel débat”. L'affaire intervient au pire moment alors que la prochaine édition des European Film Awards se déroulera le 10 décembre 2016 à Wroclaw, capitale culturelle de l'Europe et cité polonaise.

Les producteurs du film ne s'interdisent pas de répondre par une action juridique contre la chaîne. Le réalisateur Pawel Pawlikowski, navré par le comportement d'un parti politique au pouvoir qui ruine la réputation de son pays par sa politique nationaliste et liberticide, a rappelé dans Variety que son film n'était pas un film historique mais une oeuvre s'attachant à dépeindre des personnages complexes et ambiguës dans un monde où rien n'est simple sur des questions existentielles. "Toute cette polémique est absurde! Ces nationalistes, qui ont ignoré le film lors de sa sortie, ne l'ont même pas vu. Ils utilisent Ida sous le simple prétexte de faire grimper un sentiment patriotique et donner du souffle à leur obsession sans fin autour d'un complot "Juifs-Allemands-Gauchistes-Progressistes-Russes" contre la Pologne. Ce sont leurs déclarations outrancières et xénophobes qui font pourtant le plus de mal à notre réputation international, pas mon film."

Ciné à la TV: Kev Adams a aussi régné sur l’audimat

Posté par vincy, le 1 février 2016

Il n'y a pas un seul film parmi les trente meilleures audiences de l'année 2015 à la télévision française selon les bilans de Médiamétrie. Ils sont seulement quatre (deux de moins qu'en 2014) à être dans le Top 100: trois sur TF1, un sur France 2.

Le cinéma permet à dix chaînes d'obtenir leur meilleur audience de l'année

Mais à l'inverse c'est bien le cinéma qui a permit à dix chaînes de télévision d'atteindre leur record d'audience annuel : M6 avec Belle et Sébastien (6,3 millions de téléspectateurs), Arte avec Le vieil homme et l'enfant (1,7 million), D8 avec Hunger Games (3 millions), et ainsi de suite pour NT1, NRJ12, France 4, D17, 6ter, Numéro 23 et Chérie 25 (toutes avec des films américains). Leurs records d'audience annuels permettent également à certaines chaînes de passer des caps en part d'audience. Grâce à un film, M6 dépasse ainsi les 20% (deux fois plus que sa moyenne annuelle), D8 les 10%, TMC, W9, Arte, NT1 et NRJ12 franchissent les 5%.

Les films américains boostent l'audience de la TNT

Plus de 1300 films ont été diffusés en première partie de soirée en 2015. 9 d'entre eux ont multiplié par trois la moyenne de l'audience de leur chaîne lors de leur diffusion (un sur D8, 4 sur 6ter, 3 sur HD1 et un sur France 4). Là encore les petites chaînes profitent à fond des films américains, même ce sont des rediffusions. Mais ce n'est pas toujours le cas. 10 films, souvent des films art et essai, ont contre-performé: trois sur Arte (La bataille de Solférino a été un bide, tout comme le premier Superman), 4 sur Gulli (qui a pris des risques avec des films de patrimoine), 2 sur France 4 (dont un Soderbergh, Harvey Milk) et un sur Numéro 23 (Un conte de Noël de Desplechin).

Le cinéma reste cependant un beau produit de soirée, mais n'a plus l'aspect événementiel ou fédérateur des années précédentes. Les 20 meilleures audiences pour un film (dont 6 rediffusions) naviguent entre 6 et 8 millions de spectateurs (alors que 4 dépassaient les 8 millions de téléspectateurs en 2014), soit largement moins que The Voice, un match de championnat du monde de rugby ou un épisode de Mentalist. D'une part, la multiplication des chaînes, et donc de l'offre, ne permet plus à TF1 ou France 2 de capter autant de spectateurs qu'avant, sauf événement. On va se rassurer: avec des films comme Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? que TF1 devrait diffuser cette année, on imagine que les scores seront bien meilleurs. Cette année fut assez pauvre en exclusivité de qualité ou fédératrice, contrairement à 2014 où Intouchables avait séduit 13,9 millions de téléspectateurs sur TF1.

Kev Adams, Steven Soderbergh et Christian Clavier au top

Mais, comme pour le box office en salles, c'est Kev Adams qui l'emporte. L'acteur qui a été à l'affiche des deux films français les plus populaires en salles en 2015 - Aladin, Les Profs 2 - a également été le plus vu sur le petit écran avec Les profs sur TF1. 8 millions de téléspectateurs et une part d'audience de 28,5%.

En part d'audience, Contagion, Un plan parfait, Skyfall, Die Hard 5 et Battleship suivent dans le classement. En nombre de téléspectateurs, le classement diffère légèrement : Contagion, Les bronzés font du ski, Skyfall, Rien à déclarer. Notons que Contagion de Steven Soderbergh s'offre une belle culbute: même pas 700 000 spectateurs en salles et 7,3 millions de téléspectateurs.

Hormis Skyfall sur France 2 et Belle et Sébastien sur M6 (un lundi pendant les fêtes), les 18 meilleures audiences sont captées par "le film du dimanche soir" de TF1.

Dans ce Top 20, dix films sont français, les dix autres américains. 9 des dix films français sont des comédies, dont quatre avec Christian Clavier et deux avec Dany Boon. Les américains prédominent dans le thriller/aventures/fantasy avec 7 films, auxquels s'ajoutent deux dessins animés (Tintin et Moi, moche et méchant 2) et un drame (Gran Torino, pourtant rediffusé).

Golden Globes 2016 : Du mérite, des surprises et des cookies !

Posté par wyzman, le 12 janvier 2016

Dimanche soir avait lieu la 73ème cérémonie des Golden Globes. Récompensant la crème de la crème de l'audiovisuel américain, celle-ci était à nouveau présentée par Ricky Gervais un peu à la traîne et a été marquée par le sacre de Leonardo DiCaprio et de The Revenant côté cinéma. Du côté des séries, force est de reconnaître que niveau pronostics, il n'y avait pas de quoi fanfaronner !

Si le sacre de Mr. Robot ne nous a pas surpris, ce fût tout de même le cas de celui de Mozart in the Jungle dans la catégorie comédie. Produite par Amazon et Jason Schwartzmann, la série était jusqu'ici restée dans l'ombre de Transparent, la série phare du service. Espérons donc que Mozart in the Jungle et son interprète principal également récompensé (Gael Garcia Bernal) profiteront pleinement de cet énorme coup de projecteur.

Autre fait inattendu, la victoire de mini-série historique Wolf Hall. Produite et diffusée par la BBC, la première narre la montée en puissance de Thomas Cromwell au sein de la cour d'Henri VIII. Bien qu'elle compte Mark Rylance, Damian Lewis et Mathieu Amalric à son bord, la victoire de Fargo semblait déjà acquise, surtout après une deuxième saison régulièrement acclamée par la presse américaine. Dans le cas de Rachel Bloom, son rôle délirant dans Crazy-Ex Girlfriend nous a tous épaté. De là à supplanter Gina Rodriguez de Jane The Virgin ? Nous n'aurions pas mis notre main à couper. Félicitons-la tout de même, elle qui vient d'offrir un second Golden Globe à la CW, la chaîne qui diffuse les deux séries.

Enfin, nous avons gardé le meilleur pour la fin. Taraji P. Henson. Comment dresser un bilan de cette soirée sans évoquer l'actrice qui aura le plus marqué les grands networks cette année. Avec son rôle de Cookie dans le phénomène Empire, celle qui "n'aurait jamais cru que jouer une ex-taularde lui ferait faire le tour du monde" a de quoi être heureuse. D'ailleurs, c'est avec beaucoup d'enthousiasme et d'humour qu'elle a distribué des cookies à toute l'assemblée au moment d'aller chercher son trophée. En attendant les Producers Guild Awards (23 janvier) et les Screen Actors Guild Awards (30 janvier), 2016 commence plus que jamais sur les chapeaux de roues !

Steven Soderbergh enrôle Sharon Stone pour un projet interactif

Posté par vincy, le 25 septembre 2015

C'est par le petit écran que Steven Soderbergh a décidé de mettre fin à sa pré-retraite éphémère. Et c'est de nouveau avec HBO qu'il va s'associer pour son projet. Mosaic serait "un projet inédit", où le public interviendrait dans le scénario.

Selon Variety, Sharon Stone est prévue pour le rôle principal et Garrett Hedlund est en pourparlers pour la rejoindre.

Mosaic serait un "film où l'on choisirait sa propre aventure". Le récit interactif se basera sur un script qui prendra en compte de multiples scénarios. Tel un jeu vidéo, Soderbergh tournera chacune des variations, encadrant ainsi le côté aléatoire qu'imposeront les téléspectateurs.

Avec humour, Soderbergh explique dans son communiqué qu'il faudra créer une catégorie spécifique aux prochains Emmy Awards, où il devrait être le seul à concourir.

A 52 ans, Steven Soderbergh, Palme d'or et Oscar du meilleur réalisateur, a décidé de s'orienter vers les arts plastiques et la production. Il est derrière les séries The Knick et The Girlfriend Experience, mais aussi derrière des documentaires comme Citizenfour ou des films comme We need to Talk about Kevin. Sa retraite annoncée en 2013 fut de courte durée. Même si ses derniers longs métrages de cinéma date d'il y a deux ans (Effets secondaires, Ma vie avec Liberace, produit initialement pour HBO mais sorti en salles), il n'a jamais vraiment lâché la réalisation, filmant 20 épisodes de sa série The Knick, drame historique avec Clive Owen. Une deuxième saison est prévue. Il a aussi tenté une expérience insolite en tweetant une nouvelle policière.

Au coeur du Cartoon Forum 2015: 7 pitchs à suivre

Posté par cynthia, le 22 septembre 2015

Dans une ambiance de colonie de vacances, la 26ème édition du Cartoon Forum a présenté une nouvelle fois une grande diversité de projets d'animations européennes. Nous y étions... Immersion.

Cartoon Forum Kézako???

Du 15 au 18 septembre, la ville de Toulouse accueillait pour la quatrième fois la 26ème édition du Cartoon Forum. Mais qu'est-ce que c'est le Cartoon forum?
Le Cartoon forum est le rendez-vous européen de la coproduction de séries animées où, venant de 31 pays, 900 professionnels ont répondu présents cette année, soit 5% de plus que l'édition passée. Parmi ce nombre conséquent d'invités, 270 acheteurs potentiels dont Canal + et France Télévisions. Pour cette 26ème édition, l'association européenne du film d'animation a reçu 150 projets (12% de plus que l'année dernière) avant de sélectionner minutieusement 91 projets dont 30 français et 11 anglais.

Comment ça se passe une journée au Cartoon Forum?

N'imaginez pas que cela se déroule comme un festival habituel et autant vous dire que passer du Festival de Deauville au Cartoon Forum c'est comme déguster un délicieux donut après 4 ans de régime à la soupe aux choux!

Tout débute le matin dans une navette qui passe vous prendre près de votre hôtel... à la limite de la colonie de vacances avec des (belles) rencontres le temps du chemin, avant de démarrer la journée au «Croissant Show», un rassemblement autour du thé, café, croissants et autres pains au chocolat. «On a essayé d'aborder ça de manière conviviale, note Mark Vandeweyer, organisateur du Cartoon forum, il y a vraiment une communauté qui s'est créée, qui se respecte malgré la concurrence.» Entouré par les producteurs, réalisateurs, journalistes et autres distributeurs, vous découvrez en images la sélection de pitch de la journée: à vous ensuite de faire un choix parmi les sessions du matin. Même sens de la convivialité pour le déjeuner (et quel déjeuner) afin de suivre le programme de l'après-midi. Échange autour de plats succulents et équilibrés (on en a encore l'eau à la bouche), rires et prise de notes, on se serait cru à Poudlard, les hiboux express en moins.

Rebelote l'après-midi avec des pitchs avant de nous retrouver lors du dîner (encore merveilleux à souhait). Outre cela, des activités nous ont été proposées: balade sur le canal du Midi ou jogging touristique ainsi qu'un ciné-concert. Il n'y a pas à dire nous étions en vacances, avec le soleil en bonus.

Pitch Sessions

Une fois que vous avez choisi la session que vous allez suivre (une session à choisir parmi trois dans des salles différentes), vous êtes subjugués pendant 30 minutes par l'équipe technique du support présenté qui vous en met plein la vue. Comme lors d'une vente aux enchères, l'équipe vend son petit bijou d'animation au public: extrait, trailer, cadeaux, messages vidéos (ou en direct) de personnes réputées du métier, tout est bon pour attirer l'œil des professionnels présents dans la salle et titiller leur portefeuille.

Les pitchs qui ont retenu nos rétines

Lili (Royaume-Uni)
Les aventures d'une petite fille espiègle et qui adore faire des bêtises. Révolution dans le domaine puisque habituellement les héroïnes de dessin animé sont mignonnes et gentilles (tout le contraire d'un enfant réel). Ici, il y a un peu plus de vérité en passant par l'humour avec Lil, gamine capable de jeter un cadeau aux ordures lorsqu'on lui en offre un mieux.

Frankie and Doris (Royaume-Uni)
Une amitié drôle et fusionnelle entre une créature à la sauce Frankenstein et une fille squelette. Un cartoon sur la tolérance et l'acceptation de soi avec en bonus la voix de l'actrice Evanna Lynch (la saga Harry Potter).

Dorg Van Dango (Irlande)
Une comédie forte sur une bande d'adolescents peu conventionnels (un fantôme, une licorne, un alien, une sorcière et un humain) sur fond de dossier top secret et d'humour potache.

Ibinou (France)
Un projet qui vient de Toulouse et qui propose aux enfants de suivre les aventures d'Ibinou, un petit hibou qui prend en photo les espèces qui l'entourent. À noter que les photos sont de vraies photos prisent par des professionnels et que la série fera l'objet d'un transmedia (faire apparaître les éléments d'une série dans un jeu, une application, etc...)

Krabstadt (Suède)
À la manière de South Park, une dénonciation de notre société dans tous les domaines possibles (féminisme, sexe, différence). Ce show est agrémenté par les femmes baleines: des femmes portant une carcasse de ce mammifère sur leur visage et qui dérange les habitants de la ville par cet accoutrement, métaphore drôle et satirique du port du voile.

La quatrième planète (France)
Un film animé à la française et pour jeune adulte prévu lui aussi en transmedia (plateforme Web, jeux PC) qui traite d'un exode contrôlé sur Mars après le déclin climatique de notre planète...puissant!

sylvain chomet cartoon forum 2015Mimi & The Mountain Dragon (France/Royaume-Uni)
Le coup de crayon ne laisse pas indifférent et dès les premières minutes du trailer nous devinons qu'il s'agit de la patte de Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville, L'illusionniste). Le réalisateur était d'ailleurs présent afin de nous présenter son prochain petit bijou pour la TV. Mystérieux concernant le scénario (signé par le scénariste de Cheval de guerre), Sylvain Chomet nous a tenu compagnie le temps de quelques questions posées au compte goutte. C'est ainsi qu'il nous a appris qu'il ne scanne plus ses dessins mais qu'il dessine «directement sur la tablette Wacom», un procédé qui permet d'aller plus vite et de laisser le dessin intact. Pourtant, le dessinateur reste fidèle à la méthode Photoshop qu'il a d'ailleurs utilisée pour le gag du canapé d'un épisode de la saison 25 des Simpsons.
À la question «êtes-vous intéressé par Pixar?» ce grand monsieur répond le plus honnêtement du monde «ça ne me donne pas envie!» L'appel de l'Amérique ne le tente guère et il ajoute même qu'il «y a une sorte de malédiction autour des réalisateurs oscarisés pour le meilleur court-métrage d'animation». Il nous évoque ensuite le triste destin de Jan Pinkava (réalisateur oscarisé en 1998 pour son court-métrage d'animation Geri's game) qui fut réduit à état de stagiaire chez Pixar après avoir obtenu sa statuette dorée. En d'autres termes, Sylvain Chomet ne semble pas être attiré par la magie de l'animation américaine et d'un côté tant mieux pour nos mirettes...

Cérémonie de clôture et soirée karaoké

Vous avez bien lu le titre...«Ka-ra-o-ké»...c'est ce qui s'appelle la convivialité. Si seulement nous avions ce genre d'activités dans les festivals, cela serait plus sympathique. On se serait bien vu faire un karaoké avec Ian McKellen à Deauville.

La cérémonie de clôture, qui avait lieu dans une église, récompensait six films d'animation d'environ 30 minutes. Le Cartoon d'or, prix qui récompense chaque année le meilleur court-métrage d'animation européen, a été remis à The Bigger Picture de Daisy Jacobs (Royaume-Uni).