[69, année érotique] Cannes 2016: La grande bouffe en 1973

Posté par vincy, le 12 mai 2016

Mais quel scandale cette Grande Bouffe!  Le film de Marco Ferreri est présenté en 1973 au 26ème Festival de Cannes en 1973 (Prix Fipresci, ex-æquo avec un autre film-scandale,  La Maman et la Putain de Jean Eustache) et on y arrache presque les sièges de colère.  Marcello Mastroianni, Philippe Noiret, Michel Piccoli, Ugo Tognazzi et une Andréa Ferréol qui a du manger 5 fois par jours pour prendre 25 kilos de chair graisseuse, ne s'attendaient certainement pas à ça.

Cette satire anti-consumériste et épicurienne est l'oeuvre de tous les excès: bouffe, alcool, cul. C'est du Rabelais, avec une bourgeoisie pourrie par ses vices, s'autodétruisant par la panse, le foie, le coeur et le cul.

La Grande bouffe est hué à Cannes. Là aussi excessivement. Le film est jugé obscène, scato, malade. Malgré son ironie, et sa part de vérité, les critiques de cinéma n'y voient qu'un objet dégradant, humiliant. Bref on vomit sur un film où l'on gerbe beaucoup. La presse évoque la honte de voir un film aussi décadent.

Forcément, on y prend par derrière, à même la table, le cul Ferréol. On pète, on suce, on branle. La boulimie gourmande conduit au scabreux, aux pulsions, morbides et animales. La Grande bouffe c'est engloutir un gâteau et jouir d'une gâterie. Dans une France pas remise de mai 68, pas encore prête à vivre les années 70 librement, la déflagration est morale plus qu'artistique. Il y a les critiques bourgeois qui se sentent visés et les critiques anti-capitalistes qui se réjouissent. La subversion a ce don de diviser. Et l'époque la provoque, avec Jean Eustache, donc, mais aussi Bernardo Bertolucci et son Dernier Tango à Paris, qui annonce l'avènement de l'industrie pornographique.

Les quatre hommes ont un rapport au sexe qui a certainement dérangé certains festivaliers: frustration, névrose, prédation, homosexualité refoulée. L'érotisme des tableaux et objets, les prostituées qui fuient rapidement cette entreprise de suicide collectif, toute la merde qui pue, toute cette mort qui rode: forcément, ça bouscule le spectateur (si celui-ci n'a pas vu Pasolini en tout cas).

Aujourd'hui, on en rigole. Non pas que le film a perdu de son intérêt - le discours est toujours d'actualité - mais la polémique s'est essoufflée. Contrairement à certaines prophéties, tous les acteurs sont sortis indemnes de l'expérience. Même si les semaines qui ont suivi n'ont pas été simples (on refusait de les servir dans les restaurants, et même s'ils y étaient tolérés, les clients partaient d'eux mêmes). Lors de la projection, un homme a crié à Ferréol, "maintenant vous n'avez plus qu'à nous pisser dessus!". Ferreri n'avait pourtant pas osé le plan uro dans son film.

"On nous a reproché d'être grossiers et vulgaires, a récemment dit Michel Piccoli, mais c'est tout le contraire, La Grande Bouffe est un film d'amour. Amour des gens, amour des hommes et amour de la femme." Le temps a fait son oeuvre. Aujourd'hui le spectateur rit et on applaudit unanimement. Il n'y a plus de tels scandales à Cannes. Quand le film a été projeté il y a trois ans à Cannes pour son 40e anniversaire, plus personne n'avait honte, plus personne n'était choqué. On regardait juste ces quatre bourgeois bouffer, des huîtres ou du cul, s'empiffrer jusqu'à mourir.

Cannes 2016 – Télex du Marché: Thomas Piketty, Johnny Depp et Marion Cotillard, Valérie Lemercier et un ourson

Posté par vincy, le 12 mai 2016

- Le best-seller international de l'économiste Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, va être transposé au cinéma sous la forme d'un documentaire. La coproduction franco-néo-zélandaise sera réalisée par Justin Pemberton, qui aura pour ambition d'être à l'économie ce que Une vérité qui dérange était à l'environnement.

- Johnny Depp va incarner une sorte de Dominique Strauss-Kahn avec un personnage de diplomate français accusé d'agression sexuelle et assigné à résidence. Brett Ratner réalisera The Libertine, librement inspiré de l'affaire DSK. Marion Cotillard serait du casting. Dans le rôle d'Anne Sinclair? A priori, le style du film sera très loin du drame raté d'Abel Ferrara, Welcome to New York où Gérard Depardieu interprétait l'ancien homme politique français.

- Valérie Lemercier est en plein tournage en ce moment. Son nouveau film, Marie-Francine, c’est à cet âge-là qu’tu rentres ?, raconte l'histoire d'une quinquagénaire paumée dans sa vie, contrainte de retourner vivre chez ses parents où elle tente de se reconstruire. En fumant pour la première de sa vie une cigarette, elle va rencontre un homme qu'elle n'aurait jamais du croiser. Aux côtés de Lemercier, on retrouvera Patrick Timsit, Hélène Vincent, Philippe Laudenbach et Denis Podalydès. Gaumont veut sortir le film au second semestre 2017.

- Autre sortie calée pour le second semestre 2017, Paddington 2. Studiocanal a confirmé que la suite de ce hit européen (260M$ au box office) entrerait en production en octobre pour une sortie prévue fin novembre 2017. Avec, sans doute, une fois de plus, la voix de Ben Whishaw pour donner de la voix au plus célèbre ours en peluche britannique.

Cannes 2016 : le cinéma d’animation fait aussi son festival

Posté par MpM, le 12 mai 2016

Pour la deuxième année consécutive, une "journée de l'animation" se tiendra à Cannes le 18 mai. Les professionnels pourront ainsi assister à différentes conférences, rencontres et projections consacrées au cinéma d'animation sous toutes ses formes. Bilal d'Ayman Jamal, premier long métrage d'animation venu de Dubaï, sera notamment projeté en avant-première.

Cette manifestation permet par ailleurs de rappeler que le cinéma d'animation a toute sa place à Cannes, même si ce n'est pas toujours évident au vu des différentes sélections. A ce titre, 2016 semble toutefois une année plutôt faste. Pour s'en convaincre, petit tour d'horizon des quelques occasions de voir de l'animation pendant cette 69e édition cannoise.

Du long...

Côté longs métrages, ils seront quatre :

- La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach

Très attendu, ce premier long métrage français fait l'ouverture de l'ACID. Il s'agit du voyage initiatique d'une jeune fille ayant échappé au diable, adapté du conte éponyme des frères Grimm. On le doit à Sébastien Laudenbach, réalisateur entre autres de Daphné ou la belle plante (avec Sylvain Derosne) et Les yeux du renard (avec Chiara Malta). Le doublage est notamment assuré par Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm et Françoise Lebrun.

- Ma vie de courgette de Claude Barras

C'est le premier film de Claude Barras (Au pays des têtes, avec Cédric Louis), adapté d'Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris. Le film raconte l'histoire de plusieurs orphelins qui s'entraident pour lutter contre leur peine. Il est en volume et tourné en stop-motion, sur un scénario de Céline Sciamma et une musique de Sophie Hunger. Il est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs et sortira le 19 octobre 2016.

- La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Il s'agit également d'un premier long métrage, réalisé par Michael Dudok de Wit à qui l'on doit le multi-primé Le poisson et le moine. Coscénarisé par Pascale Ferran et coproduit par les célèbres studios Ghibli, il racontre les grandes étapes de la vie d'un être humain. On le verra en section Un certain Regard avant de le découvrir sur grand écran le 29 juin prochain.

- Momotaro, umi no shinpei de Mitsuyo Seo

Momotaro, le divin soldat de la mer est un film de propagande réalisé au Japon pendant la 2e guerre mondiale. Célèbre pour avoir influencé de nombreux animateurs, il est adapté d'un conte typique et décrit les activités de la Marine impériale en faisant du héros Momotaro et de ses acolytes animaux les équivalents de la marine japonaise. Il sera présenté dans le cadre de Cannes Classics.

... au court

Du côté des courts métrages, on compte 8 films d'animation répartis dans les trois sections.

- Cinéfondation
La sélection de la Cinéfondation, qui réunit des films d'école, propose 4 animés : Ailleurs de Melody Boulissière (France), l'histoire d'un homme qui s'offre un voyage à l'autre bout du monde ; The noise of licking de Nadja Andrasev (Hongrie) qui raconte une étrange histoire d'amour et de voyeurisme entre une jeune femme et le chat de sa voisine ; The Alan dimension de Jac Clinch (Grande-Bretagne) ou comment Alan, doté pouvoir de précognition, utilise son don pour prévoir le destin de l'humanité et enfin Bei Wind und Wetter de Remo Scherrer (Suisse), un documentaire en noir et blanc sur les souvenirs d'enfance de la narratrice confrontée à l'alcoolisme de sa mère.

- Quinzaine des Réalisateurs
Trois courts métrages d'animation sont présentés par la Quinzaine des Réalisateurs : le facétieux Decorado d'Alberto Vazquez (Espagne), une fable loufoque et trash sur l'existence ; Happy end de Jan Saska (République tchèque), comédie noire et joyeuse à la fois sur la mort, et Listening to Beethoven de Garri Bardine (Russie), un film en volume sur le triomphe de la liberté.

- Semaine de la Critique
Un seul court métrage d'animation en course à la Semaine de la Critique : Superbia de Luca Toth (Hongrie), fable onirique et foisonnante qui dynamite avec gourmandise les stéréotypes de genre.

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2000 – Tout pour la musique

Posté par vincy, le 12 mai 2016

Pas de bug en l'an 2000. Cannes est présidé par Luc besson. Et on retient que Tigre et Dragon est hors-compétition. Il n'y avait qu'une petite salle pour la projection dédiée à la presse. Nous étions quelques dizaines à découvrir avant tout le monde ce film qui allait relancer l'art des fresques où arts martiaux, mélodrame et effets visuels donneraient le ton du cinéma asiatique des prochaines années. Tout comme l'année d'avant, dans la même salle, nous étions restés jusqu'au bout du festival pour voir Rosetta, finalement sacré Palme d'or.

Cannes c'est aussi ça, son lot de surprises. Le cinéma européen et américain est en petite forme, hormis les films de Roy Andersson et James Gray, peu de cinéastes livrent un grand film. Car en 2000, c'est bien le cinéma venu d'Asie qui domine par sa qualité. Le tableau noir de Samira Makhmalbaf, le somptueux Les Démons à ma porte de Jiang Wen, le sublime Yi Yi d'Edward Yang, disparu trop tôt, le somptueux et inoubliable Chant de la fidèle Chunhyang d'Im Kwon-taek, Un temps pour l'ivresse des chevaux de Bahman Ghobadi... Et puis le chef d'oeuvre de l'année: In the Mood for Love de Wong Kar-wai. Au delà de la beauté du film, de ses deux interprètes et de ce scénario presque abstrait, le film entête avec ses musiques. Il est présenté le dernier jour du festival et ceux qui sont restés sont ensorcelés, malgré la fatigue.

C'est pourtant une autre musique qui sera palmée. Lars von Trier présente Dancer in the Dark. Il faut se rappeler l'émotion au début de la projection de 8h30 dans le Grand Théâtre Lumière, quand durant le prologue sans images, on se laisse envahir par la musique symphonique de Björk. Les larmes coulent à la fin lorsqu'elle est conduite dans le couloir de la mort. Von Trier nous manipule avec son histoire d'injustice terrible et un personnage innocent transformé en coupable par la seule volonté des hommes. Mais il le fait avec brio et avec les chansons et la sensibilité de Björk. L'un récolte la Palme, l'autre le prix d'interprétation. Choix logique tant le film est une co-création, qui s'est d'ailleurs faite dans la douleur.

Mais a posteriori, nous n'en avons retenu que le plaisir de voir dans une même édition Björk jouer avec les sons et Maggie Cheung déambuler dans Hong Kong.

Cannes 2016: Qui est Damien Bonnard?

Posté par vincy, le 12 mai 2016

Alain Guiraudie a du flair pour choisir ses acteurs. Pour Rester vertical, plutôt que d'enrôler des comédiens qui lui étaient familiers, il a opté pour un casting inédit, où l'on note la présence de Damien Bonnard. Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts, formé au Théâtre du soleil, entre autres, ce jeune quadra séduisant a commencé un peu sur le tard.

Au cinéma, on l'aperçoit d'abord en arrière plan chez Rachid Bouchareb (Hors-la-Loi), Bertrand Blier (Le bruit des glaçons), Pascal Chaumeil (Un plan parfait), Alice Winocour (Augustine). En 2013, il est repéré de manière plus frappante grâce au film de Virgil Vernier, Mercuriales.

Il est également très actif dans d'autres formats que le long métrage. Damien Bonnard tourne pour la télévision: Rapace (Claire Devers), Nicolas Le Floch, la série Paris... Côté courts, il tourne pour Sylvain Desclous (Le monde à l'enversMon héros, sélectionné à Clermont-Ferrand), Charlotte Le Bon (Modern Monster) et Hugo Rousselin (Pays rêvé, pays réelVirée), entre autres. Il apparait également dans des clips et des fictions radiophoniques.

Assurément, ce mois de mai 2016 n'est pas comme les autres. Outre Rester verticalen compétition à Cannes, il est au casting, dans un petit rôle, de Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, sélectionné à Un certain regard et Vendeur, premier long métrage de Sylvain Desclous à l'affiche actuellement. Chez Guiraudie, il interprète un cinéaste en panne d'inspiration, s'enfonçant dans la misère, avec un bébé sur les bras et qui cherche son salut en essayant de rencontrer un loup en Lozère. Homme traqué, paumé, il trouve du réconfort chez des exclus de la société, qui le rejettent. Une atmosphère aux antipodes des deux autres films cités plus haut.

L'occasion de découvrir (enfin) ce comédien un peu à la marge, qui n'a jamais eu de grands rôles, mais, par fidélité ou exigence, a choisi, souvent, des chemins de traverse. Ici, son errance en France le met littéralement à nu.

Ouverture de Cannes 2016 : « C’est ça le cinéma, l’individu qui parle au monde »

Posté par kristofy, le 12 mai 2016

On nous avait prédit une soirée d'ouverture avec Cafe Society, le 14e Woody Allen cannois, sous la pluie : la première belle surprise aura été un soleil rayonnant, tout comme Laurent Laffite dans le rôle du maître de cérémonie. Le 69e Festival de Cannes est officiellement lancé avec une nouvelle fois l'ami Woody "mélancolique et plein de mordant, nostalgique et un peu désabusé, pour nous raconter l'âge d'or d'Hollywood couplé à une histoire d'amour malheureuse et un portrait de famille au vitriol"; et le tout avec Kristen Stewart, Jesse Eissenberg, Blake Lively, Corey Stoll, et le directeur de la photographie Vittorio Storaro.

Après une introduction poussive et pas drôle, le discours de Laurent Laftite a marqué une pause avec un court intermède de danse : "Cannes c'est une parenthèse enchantée..., la vraie star c'est le cinéma". Son humour passe mal et on se désole pour lui, notamment la vanne douteuse qui cible la vie privée de Woody Allen et de Roman Polanski (mais qui permet à Lafitte de faire le tour du monde de l'info). Enfin, le voilà qui clame: "Le Palais des festivals qui après 10 jours devient un gros truc moche" au moment où les panneaux s'ouvrent sur Catherine Deneuve. Maladresse ou hommage à la couverture de Charlie Hebdo l'an dernier? Pourtant, la Deneuve vient lui faire un baiser de cinéma et c'est enfin touchant (quelle cougar quand même cette Catherine).

Le jury est enfin appelé à venir se présenter, toutes et tous avec une belle élégance avec en tête le président George Miller précédé d'extraits de ses différents films. "C'est ça le cinéma, l'individu qui parle au monde" : 21 films de par le monde sont en sélection. Une chanson jouée par Matthieu Chédid (Vanessa Paradis devait être aux anges) entouré d'un choeur en hommage à Prince récemment décédé contribuera a donner de la majesté à la somptueuse scénographie qui avait été prévue, et malheureusement desservie de solennité avec un discours dans l'ensemble bancal et beaucoup moins drôle que la présentation des Molières où Lafitte avait été hilarant.

Pour un peu plus de prestige sont heureusement arrivés le duo Jessica Chastain et Vincent Lindon pour la fameuse déclaration "nous déclarons ouvert le 69e Festival de Cannes".

[L'instant Glam'] Cannes 2016 – Jour 1: Piteux Lafitte et robes bizarres

Posté par cynthia, le 11 mai 2016

Oyé oyé cinéphiles! Me voilà de retour pour décrypter les montées des marches, avec dérision et parfois, je vous l'accorde, quelques bitcheries. L'ouverture de cette 69ème édition du Festival de Cannes s'est déroulée sans pluie et avec une douceur dans l'air jusqu'à l'arrivée des blagues lourdingues de Laurent Laffite qui ont jeté un froid sur la Croisette... On se serait cru en Sibérie!

Une ouverture de festival c'est un peu comme un apéro chez un vieux pote de lycée: il faut la bonne tenue, la bonne liqueur et les bons amuses-gueules.

Pour commencer la dégustation, Naomi Watts a foulé le tapis rouge avec une boule à facettes en guise de robe (pas mal mais un brin trop lumineux), Kirsten Dunst portait son rideau de salon fleuri (elle doit faire des économies depuis qu'elle ne touche plus de gros cachets) tandis que, tel le soleil, Anna Kendrick est arrivée dans une robe jaune aux bras de Justin Timberlake afin de pousser la chansonnette.

Venue présenter Café Society de Woody Allen en ouverture, Kristen Stewart, chevelure javélisée (K tu n'aurais pas confondu Mr Propre avec ton shampoing anti-pelliculaire?), arborant une robe semi-transparente et bouffante excentrique (on a adoré). Kristen a le mérite d'en faire qu'à sa tête autant dans sa carrière que dans son placard et c'est ce qui lui vaut son charme! La belle plante blonde platine a possédé la Croisette jusqu'à l'arrivée de Blake Lively! Ah B... tu viens de balayer toute ma vie d'hétérosexualité... Enceinte, Mrs Ryan Reynolds était à tomber par terre. Le jour où je porte un enfant, je fais un photo-montage d'elle et moi et j'en suis sûre, ce ne sera pas la même chose.

Côté beauté flamboyante, Jessica Chastain était magnifique aux côtés de Vincent Lindon et de son look Leonardo Dicaprio dans The Revenant. Tandis que Julianne Moore radieuse a littéralement éclipsé le reste des invités (on a cru apercevoir Jane Birkin en costume mal taillé à moins que ce ne soit un vigile...). D'une manière général, les robes jouaient sur le côté paillettes, miroirs et transparences.

Après le tapis rouge

Je sais, vous n'aimez que le tapis rouge! Mais vu le scandale de la cérémonie d'ouverture, je me devais d'en parler! Les blagues lourdingues de Laurent Lafitte ont mis mal à l'aise tout le public en particulier cette pauvre Kristen Stewart qui passait son temps à se mordre les lèvres et à baisser les yeux. Déjà qu'elle avait dû subir la cérémonie des César de l'année dernière la pauvre, voilà qu'elle se fait une nouvelle fois chier dans une salle française.

«Cela fait plaisir que vous soyez en France parce que ces dernières années, vous avez beaucoup tourné en Europe, alors que vous n’êtes même pas condamné pour viol aux Etats-Unis. »

Alors là, la pauvre Kristen a eu un choc et ne savait plus ou se mettre à côté du pauvre papy Woody qui essayait de comprendre les sous-titres anglais sur l'écran (et Emmanuelle Seigner a sans doute appelé immédiatement son mari, visé par ricochets). Que venait foutre cette sale blague dans une soirée aussi consensuelle, dédiée au cinéma?

T'inquiète pas Woody, nous même on n'a rien capté de ce qu'il racontait le Laurent. La suite de son ouverture nous a consternés, blasés et ne nous a pas décroché un sourire. Même l'intervention de Catherine Deneuve et de sa langue expérimentée n'a pas sauvé la soirée!

Espérons que le Festival continue sans blagues du genre et avec moins de tenues douloureuses pour les yeux...

[69, année érotique] Cannes 2016: Love en 2015

Posté par kristofy, le 11 mai 2016

Pendant longtemps le cinéma français a raconté des histoires sentimentales ponctué de temps en temps d'une scène "osée" de nu : de Brigitte Bardot, à Catherine Deneuve, d'Isabelle Huppert à Anne Parillaud, de Valérie Kaprisky à Sophie Marceau en passant par... Gérard Depardieu. Des seins sous la douche, des fesses sur un lit, mais quasiment jamais de sexe masculin en érection. Il y a bien eu le cas Stéphane Rideau (Sitcom, Presque rien), le films "gays" L'inconnu du lac et Théo et Hugo sont dans le même bateau. Mais les cinéastes hétéros ont une certaine pudeur à montrer un mec qui bande. La sexualité frontale est tabou dans un pays qui a la réputation d'être grivois.

Dans son film Love Gaspar Noé fait dire à son personnage qu’il voudrait "faire un film avec du sexe qui montre des sentiments". Et dès la toute première image de Love, le ton est donné : lui et elle sont nus sur un lit avec les doigts autour et dans le corps de l’autre : la première scène est un plan-séquence de masturbation qui dure 2 minutes et demi jusqu’au moment d’une éjaculation. Le temps de découvrir deux personnages et déjà 7 minutes après une image de pénétration, mais qui est justifiée pour raconter que la femme va tomber enceinte. Si le sexe semble très présent dans le film c’est surtout par la puissance évocatrices des cadrages de l’image: il y a bien une demi-heure de narration avant la scène de sexe suivante : un rapport à trois (l’homme et deux femmes, forcément) très sensuel, en fait l’une des plus belles scènes du film.

Une image qui bien que très courte, 1 minute, a pu surprendre ou choquer : le sexe de l’homme sur lequel s’active la main de sa compagne est filmé face-caméra en très gros plan, et le sperme en jaillit donc à la face des spectateurs devant l'écran. Gaspar Noé s’en est expliqué : c’est Love 3D, sur ce film il utilise une technique de 3D pour le rendu d’un certain relief dès lors il aurait été dommage de ne pas y inclure une image d’éjaculation en relief en direction du public, c’est d’ailleurs aussi une auto-citation d’un plan similaire de son film précédent Enter the void. C'est aussi l'exact opposé d'un autre film qui avait choqué pas mal de festivaliers quelques années plus tôt, Irréversible (que ce soit la backroom SM ou la séquence du viol), où l'on de voyait rien mais où le sexe était malsain, caché, honteux.

Dans Love, présenté en séances de minuit l'an dernier (les places valaient chères), il y a donc plusieurs séquences à caractère sexuel, avec le plus souvent un couple, et parfois un trio (et un 69 d’ailleurs). La caméra s’attarde à plusieurs moments en gros plan sur les seins des femmes et sur le sexe de l’homme durant le plaisir. C’est avant tout et d’abord des images où on fait l’amour: c’est le sujet du film, qu'il soit physique, sexuel et bien entendu sentimental. Bref, intime.

Le film Love était sorti en salles de cinéma (en 3D donc) avec une interdiction aux moins de 16 ans avant qu’une action judiciaire la modifie interdit aux moins de 18 ans, mais pas classé X : la représentation du sexe ce n’est pas forcément pornographique. C'est même, rappelons le, ce qu'il y a de commun à tous les humains, et tous les arts l'ont représenté depuis la nuit des temps.

Cannes 2016 : le court métrage en cinq rendez-vous incontournables

Posté par MpM, le 11 mai 2016

Bonne figure

Même si les stars, les paillettes et les films attendus ont tendance à monopoliser le devant de la scène, le Festival de Cannes n’en est pas moins un carrefour important pour le court métrage. Que ce soit pour découvrir de jeunes auteurs qui débutent, prendre des nouvelles de réalisateurs confirmés, ou tout simplement parce que l’on aime ce format qui, quoi qu’on en dise, existe pour lui-même, il serait dommage de faire l’impasse sur les temps forts qui lui sont consacrés au cours de la Quinzaine.

Short Film Corner : le paradis du format court

C’est évidemment le lieu le plus évident pour voir des courts métrages sur la croisette. En 2015, près de 2500 étaient inscrits, venus de 105 pays, et accessibles au visionnage sur l’un des 56 postes de consultation. Cette année, ce véritable marché du film court prendra place du 16 au 22 mai et devrait proposer un panorama plus que complet de la production mondiale.

Compétition officielle : la course à la Palme d’or

Qui succédera à Waves'98 de Ely Dagher ? Les concurrents sont au nombre de dix, et certains d’entre eux sont précédés d’une certaine notoriété : Simon Mesa Soto (Colombie) a déjà remporté cette distinction prestigieuse en 2014 avec Leidi et revient avec Madre, un film sur la pédo-pornographie ; João Paulo Miranda Maria (Brésil) était en compétition à la Semaine de la Critique en 2015 avec Command Action et propose A moça que dançou com o diablo ; le metteur en scène Lofti Achour présente La laine sur le dos… Quant à l’acteur Felix Moati, il montera les marches avec Après Suzanne qui réunit notamment Vincent Lacoste, Antoine de Barry et François Morel.

La Cinéfondation : étudiants sur tapis rouge

Ils sont encore à l’école, et leurs films (parfois le tout premier) auront les honneurs d’une sélection officielle dans l’un des plus prestigieux festivals du monde. De quoi présager du meilleur pour 14 réalisateurs sélectionnés cette année, et qui marchent dans les traces de Nadav Lapid et Deniz Gamze Ergüven (sélectionnés en 2006) ou de Claire Burger, présente en 2008. A priori, on a envie de tout voir, mais on suivra avec une attention particulière les films qui représentent deux pays sélectionnés pour la première fois : la Bosnie-Herzégovine (Dobro de Marta Hernaiz Pidal) et le Venezuela (La culpa, probablemente de Michael Labarca) ; ainsi que le documentaire d’animation Bei Wind und Wetter de Remo Scherrer (Suisse).

La Quinzaine des Réalisateurs : un grand maître, des débutants et de jeunes talents à suivre

Sélection gourmande pour la 48e Quinzaine des réalisateurs qui réunit de tout jeunes talents et un cinéaste réputé, pour un panorama éclectique et passionnant du court métrage contemporain. Ainsi, on retrouvera avec beaucoup de plaisir le nouveau film du réalisateur russe Gari Bardine, grand maître de l’animation de retour avec Listening to Beethoven. A ses côtés, les débuts derrière la caméra de Romane Gueret, qui coréalise Chasse royale avec Lise Akoka, la première fiction de Damien Ounouri (Fidaï en 2012) et même un film de fin d’étude, Happy end de Jan Saska. On surveillera également Léthé, le nouveau film de Dea Kulumbegashvili qui concourait pour la Palme d’or du court métrage en 2014 avec Invisible spaces, Hitchhiker de Jero Yun, réalisateur sélectionné à la résidence de la CInéfondation en 2012 et participant de la Taipei Factory en 2013, et Decorado de Alberto Vásquez, cinéaste espagnol qui vient de terminer son premier long métrage, Psiconautas.

La Semaine de la Critique : des courts à tous les étages

A la Semaine de la Critique, le court fait quasiment jeu égal avec le long, et s’octroie pas moins de quatre séances. Pour prendre des nouvelles de la jeune création, on privilégiera la compétition et ses dix films qui proposent un petit tour du monde de la fiction contemporaine (Europe, Asie, Amériques). Côté français, il faudra suivre Le soldat vierge, nouveau film d’Erwan Le Duc déjà découvert aux festivals de Vendôme et Angers, et L’enfance d’un chef, une comédie signée Antoine de Barry avec Vincent Lacoste et Felix Moati. On surveillera également l’intrigant dynamisme du cinéma portugais qui a lui-aussi deux films en course : Ascensão de Pedro Peralta et Campo de víboras de Cristèle Alves Meira. A noter que les 10 films de la selection seront disponibles gratuitement sur le site FestivalScope du 20 au 27 mai.

Plus people, mais tout aussi intrigante, la clôture réunit le premier court métrage de trois actrices passées pour la première fois derrière la caméra : Sandrine Kiberlain (Bonne figure, avec Chiara Mastroiani, notre photo), Chloé Sevigny (Kitty) et Laetitia Casta (En Moi avec Yvan Attal). Quant à la séance spéciale 50 + 5, elle donne des nouvelles de deux cinéastes révélés par la Semaine : Nadav Lapid (Myomano shel tzalam hatonot) et César Augusto Acevedo (Los pasos del agua).

Cannes 2016: 66 minutes pour Ma vie de Courgette, 173 minutes pour Sieranevada

Posté par vincy, le 11 mai 2016

125 minutes. C'est la durée moyenne d'un film en compétition au 69e Festival de Cannes, soit 2 heures et 5 minutes. Une durée particulièrement longue due à quelques films très très longs: Sieranevada (2h53), Toni Erdmann et American Honey (2h42 chacun), Mademoiselle (2h25) et Aquarius (2h20). Au total, sur les 21 films en lice pour la Palme d'or, 12 font plus de deux heures.

Il y a bien sur quelques exceptions: Julieta (1h36), Juste la fin du monde (1h37) et Rester vertical (1h40).

Dans la Sélection officielle, le film le plus long reste le documentaire de Bertrand Tavernier, Voyage à travers le cinéma français (3h10) présenté dans le cadre de Cannes Classics). Notons que quatre films d'Un certain regard durent entre 1h18 et 1h24.

Côté Quinzaine des réalisateurs, Ma vie de Courgette ne dure qu'1h06 et aucun film ne dépasse les 2h11 du film d'ouverture, Fais de beaux rêves, de Marco Bellocchio.

A la Semaine de la Critique, il n'y a aucun film au dessus d'1h52 (Yellow Bird) et le plus court dure 1h29 (Apnée).