Cannes 2013 : les télex du marché (2) : Scarlett Johansson, Dupeyron, Rahimi, Loznitsa…

Posté par vincy, le 18 mai 2013

- Premiers pas. Scarlett Johansson va réaliser son premier film, Summer Crossing (La traversée de l'été, d'après un roman de jeunesse jamais publié de Truman Capote. L'histoire est celle d'une jeune fille de 17 ans qui décide de rester à New York durant l'été 45 pour flirter avec le gardien de parking plutôt que d'aller voyager à Paris.

- Queer. François Dupeyron va filmer Les amants désunis, longue épopée qui débute durant la guerre de 14 (qu'il avait filmée dans La chambre des officiers) et s'achève avec la crise de 29. Un homme (Louis Garrel), avec la complicité de sa femme (Adème Haenel), va se travestir en femme pour échapper au peloton d'exécution.

- Romanciers. Quelques mois après la sortie de l'adaptation de son best-seller (et prix Goncourt) Syngue sabour - Pierre de patience, Atiq Rahimi est de nouveau au travail avec Pour un seul cortège, prévu dans les salles au premier trimestre 2014. C'est également une adaptation, mais cette fois-ci d'un roman de Laurent Gaudé, qui évoquait le crépuscule d'Alexandre le Grand. Jean-Claude Carrière et lui cosignent le scénario. Tournage en Inde en 2014.

- Dans le brouillard. En compétition l'an dernier avec Dans la brume, l'Ukrainien Sergei Loznitsa tournera l'an prochain Babi Yar, histoire tragique qui revient sur le massacre fulgurant de 30 000 juifs par les nazis en septembre 41.

Cannes 2013 : Où sont les femmes ? – Grand central

Posté par MpM, le 18 mai 2013

grand centralElle est blonde, vêtue d'un short en jean riquiqui et d'un body blanc décolleté jusqu'au nombril. La moue boudeuse et la posture à la frontière de la vulgarité. Elle s'appelle Karole (qui rime bien avec cagole), mais on ne l'apprendra par hasard qu'à la moitié du film. Quel besoin de connaître son prénom puisqu'elle représente le fantasme masculin absolu : une poupée sexy, sans personnalité et toujours consentante. "Chaude", même, comme le souligne un ami de son fiancé. Dans sa bouche, cela sonne comme un compliment.

Mais qu'allait faire Léa Seydoux dans Grand central (sélectionné à Une Certain regard au festival de Cannes), où elle n'a rien d'autre à jouer que ce cliché ambulant d'hyper féminité presque agressive mais dénuée de tout caractère ou de toute psychologie. Qui est Karole ? Que veut -elle ? Que pense-t-elle ? On n'en saura rien, puisque c'est à peine si l'actrice a dix lignes de dialogue. Au lieu de séduire son amant par deux ou trois traits spirituels, ou au moins par une conversation gentiment séductrice, elle se déshabille et s'offre en pleine nature.

Difficile après cela d'expliquer aux adolescents que, dans la réalité, les femmes ne se comportent pas exactement de cette manière, en tout cas pas systématiquement. Qu'elles se définissent autrement que par leur corps et leur attraction sexuelle. Qu'elles sont les égales des hommes, tout simplement.

Le pire, c'est que le film est signé par une jeune réalisatrice, Rebecca Zlotowski, et coécrit avec une autre femme, Gaëlle Macé. Si les femmes cinéastes véhiculent les mêmes images stéréotypées que les hommes, le débat sur l'absence de femmes dans la compétition cannoise perd tout à coup encore un peu plus de sens.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Tokyo

Posté par vincy, le 18 mai 2013

Tokyo Tel père tel fils kore-eda

La plus grande ville du monde n'a jamais cessé d'être un lieu de cinéma : ses différents quartiers, son aspect futuriste ou encore son statut de mégapole mondiale ont évidemment servi de décor à de nombreux films japonais, y compris des mangas, des Godzilla et le dernier Kore-eda, Tel père tel fils (en compétition cette année à Cannes). Le cinéaste filme l'aspect moderne de la ville : ses tours glaçées, son métro bondé, la tour Skytree (la plus haute du monde) au loin, ou encore ses quartiers plus résidentiels, presque tranquilles. Il rejoint ainsi les films dOzu qui aimait filmer les mutations post-guerre de cette tentaculaire urbanité.

Les cinéastes étrangers ne sont pas en reste : James Bond y a posé les pieds dans On ne vit que deux fois. Hollywood y a tourné un épisode de Fast and Furious (Tokyo Drift) et Cars 2 faisait aussi des tours de piste là bas. les films d'action, tels Jumper, Inception, ou plus loin dans le temps Black Rain de Ridley Scott se sont déroulés sur les toits ou dans les ruelles de la ville. Hou Hsiao-hsien (Café lumière) et Abbas Kiarostami (Like Someone in Love) ont exilé leur cinéma durant le temps d'un film. Les Français sont tout autant fascinés : Michel Gondry et Leos Carax (en compagnie du sud coréen Bong Joon-ho) ont réalisé un film en trois segments, Tokyo! ; Jean Reno y goûtait l'action sauce Wasabi. Gaspard Noe nous hypnotisait dans Enter the Void, qui fut en compétition à Cannes. Tout comme Babel d'Inarritu, qui y passait une partie de son film puzzle mondialisé.

Quintessence du monde moderne, et dépaysante pour les occidentaux, Tokyo aura surtout été magnifiée par Sofia Coppola. Avec Lost in Translation, la cinéaste se baladait dans Shinjuki, le quartier qui ne dort jamais, et transformé le Park Hyatt, qui occupe les étages les plus hauts d'un immense complexe de gratte-ciels, en attraction touristique. Avec Tokyo sous nos yeux, étendue à l'infini, et à jamais entrée dans l'histoire du 7e art.

Cannes 2013 : Qui est Amat Escalante ?

Posté par MpM, le 18 mai 2013

amat escalante

Jusqu’à présent, la carrière d’Amat Escalante ressemble à un sans-faute. A moins de 35 ans, le cinéaste mexicain rencontre le succès partout où il passe et contribue largement au dynamisme et au renouveau du cinéma de son pays.

Il faut remonter à 2003 pour retrouver une première trace de son nom dans les registres internationaux. Il n’a pas 25 ans et présente à Berlin son premier court métrage, Amarrados, où un ado sans domicile fixe sniffe de la colle et tombe dans un cercle vicieux d’abus sexuels. Le film est récompensé et lance la carrière du jeune cinéaste.

Deux ans plus tard, il est doublement présent à Cannes. En compétition, à travers Bataille dans le ciel, le deuxième film de Carlos Reygadas dont il est l’ami et l’assistant réalisateur, et à Un certain regard, avec son propre long métrage (Sangre), justement produit par Reygadas.

Les deux films frappent les esprits et le sien repart avec le Prix de la critique internationale. Sa manière de filmer (tout en plans séquences), ses personnages (un couple au bord de l’implosion, perclus de jalousie et d’incompréhension), son regard sans fard (notamment sur les scènes de sexe) suggèrent immédiatement l’émergence d’un cinéaste atypique, dans la lignée de la nouvelle « nouvelle vague » mexicaine portée par Carlos Reygadas et Julián Hernández, soucieuse de montrer le Mexique dans toute sa complexité.

Escalante dit lui–même à propos du film : "Les différences sociales et économiques dans mon pays ont créé un déséquilibre culturel et humain flagrant. Cela engendre le désenchantement et la frustration d'une population désormais incapable de prendre en charge son propre avenir. Ces gens ont perdu toute capacité et tout désir de communiquer rationnellement avec les autres et particulièrement avec leurs proches." Tout le ferment de son cinéma est là.

Trois ans plus tard, après un passage par la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes (dans la même promotion que les Argentins Pablo Aguero et Lucia Puenzo), le réalisateur récidive avec Los bastardos, également sélectionné à Un certain Regard. Le film prend en quelque sorte le contrepied de Sangre en s’intéressant à la misère des immigrés clandestins mexicains aux Etats-Unis. Pour survivre, ses deux personnages n’ont d’autre choix que d’accepter le "travail" qu’on leur propose : exécuter une femme.

"Ce film, explique Amat Escalante, traite de la pire tragédie qui puisse arriver à un être humain ou à un pays, celle de devenir délibérément meurtrier. Je ne crois pas qu’il soit dans la nature humaine de commettre un meurtre de sang froid. Je suis persuadé que seule une dégénérescence de celle-ci peut conduire quelqu’un à cette extrémité. Je tiens absolument à différencier les meurtres de sang froid de l’auto-défense et/ou de la vengeance. Ces deux dernières formes ne sont pas les motivations premières des deux personnages du film..." Le regard qu'il porte sur notre époque, de même que son style sans concession, font une nouvelle fois froid dans le dos. Escalante, lui, creuse son sillon.

Après avoir participé au film collectif Revolucion qui célèbre les 100 ans de la révolution mexicaine, il revient à un projet plus personnel, Heli, qu’il présente comme une synthèse de ses deux premiers longs métrages. Au cœur du récit, une famille prise dans un engrenage de violence…

La sélection du film dans la course pour la Palme d’or 2013 coule plutôt de source : c’est à la fois une manière de saluer la vitalité époustouflante du jeune cinéma mexicain (doublement couronné en 2012 avec le prix de la mise en scène à Post tenebras lux de Carlos Reygadas et celui d’Un certain regard à Después de Lucia de Michel Franco) et une continuation logique pour Escalante, dont la carrière s’est jusqu’à présent jouée essentiellement sur la Croisette. S'il confirme l'essai, il pourrait bien devenir l'un de ces "habitués" de la compétition que les organisateurs du festival affectionnent tant.

Cannes 2013 : où sont les femmes ? – A Touch of Sin

Posté par MpM, le 17 mai 2013

a touch of sinLa femme, dans le cinéma asiatique, est souvent cantonnée à des rôles très définis, on aura l'occasion d'y revenir d'ici la fin du festival de Cannes.

Premier exemple criant, A Touch of sin de Jia Zhang-ke, une fresque romanesque sur les difficultés économiques d'une partie de la population chinoise. On y croise  des individus confrontés à toutes formes de violence symbolique et sociale, qui finissent eux aussi par passer à l'acte.

Parmi les quatre protagonistes principaux, on ne trouve qu'une seule femme. Elle est la maîtresse de longue date d'un homme marié et travaille comme réceptionniste dans un "sauna" qui sert de maison close. Aux yeux des hommes qui fréquentent l'établissement, elle est donc une prostituée potentielle. Et lorsqu'elle s'en défend face à un client trop entreprenant, il laisse entendre qu'elle n'a qu'à se laisser faire, puisqu'il est riche.

La femme comme objet de plaisir au service des hommes puissants, vision classique (et toujours aussi révoltante) des sociétés patriarcales. Heureusement, Jia Zhang-ke venge l'affront en transformant l'héroïne en amazone vengeresse. Voilà au moins un homme qui n'achètera plus jamais rien ni personne avec sa fortune.

Dans les autres volets, une autre jeune femme est confrontée à la prostitution, mais elle n'a pas le loisir de s'y soustraire. Elle doit subvenir aux besoins de sa petite fille, et n'a d'autre horizon que le club très privé où elle est travaille. Les autres personnages féminins se définissent tous en fonction d'un homme : femme de, sœur de, mère de. Des stéréotypes sans aucune épaisseur psychologique, qui attendent sans cesse le bon vouloir d'un homme, qu'il s'agisse d'argent ou de chaleur humaine.

Il faut reconnaître que les personnages masculins ne sont guère mieux lotis en termes de statut social : exploités, niés, humiliés, maltraités... Ils bénéficient toutefois d'une autonomie plus importante, et demeurent au centre du récit. Comme si leur destin avait quelque chose de plus tragique que celui des personnages féminins, au fond assez traditionnel.

Pour la femme chinoise dans la société décrite par Jia Zhang-ke, il n'y a donc que deux options : femme convenable sous le joug d'un seul homme ou prostituée soumise au bon plaisir de tous.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Mumbay (ou Bombay)

Posté par vincy, le 17 mai 2013

Bombay Talkies

L'Inde fête ses cent ans de cinéma cette année. Le Festival de Cannes lui rend hommage de multiples façons : une star dans le jury, plusieurs films dans diverses sélections, une légion d'honneur à Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur), ... Terre de cinéma par excellence, l'Inde a toujours fasciné le cinéma, de Calcutta à Pondichery, du Bengale au Rajasthan, de Goa à l'Himalaya. Renoir, Wes Anderson, David Lean, et même la franchise Jason Bourne ont profité des paysages exotiques du subcontinent.

Le cinéma indien est né à Bombay (devenue Mumbay officiellement). Bollywood a même donné son nom à un genre du 7e art. C'est ici qu'on trouve Film City, les R.K. Studios, et la plupart des maisons de productions en hindi, ourdou et marâthî. Paradoxalement, la capitale cinématographique du pays a peu attiré de cinéastes étrangers et a rarement été le décor de films. Satyajit Ray préférait ainsi Calcutta. Mira Nair aime Delhi. Et Skyfall a préféré finalement faire son ouverture à istanbul, trouvant le tournage trop compliqué dans la métropole indienne.

Hors-compétition, on pourra voir la ville dans Bombay Talkies (photo), assemblage de quatre films courts ; et à la Quinzaine, on a pu déambuler dans ses quartiers misérables ou populaires dans Ugly, le thriller jouissif d'Anurag Kashyap. Bombay était une étape du road-trip de Ethan Hunt dans Mission : Impossible IV. Le coeur de Salaam Bombay de Mira Nair. Le point de départ du voyage d'Anglade dans Nocturne Indien, d'Alain Corneau. Mais c'est la caméra de Danny Boyle dans Slumdog Millionaire qui a saisi le mieux tous les contrastes et tous les aspects de ce chaos urbain, entre bidonvilles et tours modernes : Bombay était (enfin) une star de cinéma dans un film au succès phénoménal.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 3

Posté par MpM, le 17 mai 2013

le passéCher Jafar,

Aujourd'hui, l'Iran est à l'honneur sur le tapis rouge. Le film de ton compatriote Asghar Farhadi, intitulé Le passé, est présenté en compétition officielle, avec montée des marches et honneurs de la presse. Il se déroule à Paris, avec des acteurs français (Bérénice Béjo, Tahar Rahim...) et un acteur iranien, Ali Mosaffa.

C'est une histoire familiale, très ténue, avec des secrets et des révélations. J'ai envie de dire : un film très francais, et même bourgeois. Hormis le fait que Berenice Bejo ne porte pas de foulard et a un amant, il pourrait presque plaire au gouvernement de ton pays. D'ailleurs, Asghar Farhadi a déclaré à la presse qu'il venait d'obtenir une autorisation de distribution. "L'histoire se déroule ailleurs qu'en Iran, donc il a été accepté", a-t-il expliqué.

Qu'en sera-t-il de l'autre film présenté en compétition aujourd'hui, A Touch of sin de Jia Zhang-ke ? Au premier regard, on se demande comment il pourrait passer la censure chinoise en s'attaquant à la corruption des élites, au mirage économique qui pressure tout le monde et à l'exaspération des individus, prêts à tout pour briser le cercle vicieux de la misère. Pas des thèmes très flatteurs pour le régime, tout ça...

Sur le Twitter chinois (Weibo), après avoir vu la bande annonce, les internautes ont exprimé leurs craintes de voir le film censuré, voire interdit... Mais Jia Zhang-ke assure que non. Il a même obtenu l'autorisation de son pays avant de venir à Cannes, et a été en partie financé par des capitaux chinois. Les temps changeraient-ils ?

"On entre maintenant dans une ère en Chine où on est soi-même son propre média. Il y a beaucoup de discussions sur ce qui se passe dans le pays par le biais du twitter chinois", affirme le cinéaste, qui semble y déceler une volonté de conciliation du régime. Selon lui, les spectateurs chinois pourront découvrir A touch of sin exactement dans la même version que les festivaliers cannois.

De quoi reprendre un peu espoir ?

Cannes 2013 : Chopard décerne ses trophées… et se fait voler 775 000€ de bijoux

Posté par vincy, le 17 mai 2013

trophée chopard jeremy irvine blanca suarez

Ironique. Tandis que Colin Firth a décerné hier à Cannes les trophées Chopard à Blanca Suárez (La piel que habito, Les amants passagers) et à Jeremy Irvine (Cheval de guerre, Les Grandes espérances), la maison de joaillerie a été victime d'un spectaculaire vol quelques heures plus tard.

Le fait divers rappelle La main au collet, le film d'Alfred Hitchcock où Cary Grant, alias le chat, gentleman cambrioleur, et Grace Kelly se draguaient sur la Côte d'Azur (et notamment à Cannes) avec du poulet froid. Dans le film, un vol de bijoux s'opérait au Carlton. Ici pas de Cary Grant ni même un Palace pour un vol malgré tout spectaculaire.

775 000 euros de bijoux Chopard (qui fabrique la Palme d'or) ont été volés cette nuit dans la chambre d'hôtel d'un employé de la maison de joaillerie suisse. Le cambriolage a eu lieu au Novotel, boulevard Carnot, juste en face d'un commissariat de police. "Le vol, qui pourrait concerner une parure, s'est déroulé avant cinq heures du matin dans la chambre d'une employée américaine de Chopard" selon l'AFP.

Chopard indique évidemment que la Palme d'or est en sécurité. La maison founrit surtout des bijoux aux stars montant les marches, mettant à disposition un show room privé à l'hôtel Martinez.

Cannes est une destination rêvée pour les voleurs et autres arnaqueurs (sans oublier la prostitution) quand le festival bat son plein. Ce n'est pas la première fois que ce genre de fait divers vole la vedette aux films présentés dans les différentes sélections. Ainsi en février, des cambrioleurs avaient mis la main en plein jour sur quelque 150 montres de luxe d'une valeur estimée à 1 million d'euros dans un magasin de luxe de la Croisette. Pendant l'édition 2012 du festival de cinéma, les internationaux de football sénégalais Souleymane Diawara et Mamadou Niang avaient été dévalisés par des voleurs qui leur avaient dérobé quatre montres de luxe d'une valeur de 400 000 euros, dans une villa située dans les environs de Cannes.

Cannes 2013 : les télex du marché (1) : Besson, Downey Jr, Pacino, Annaud…

Posté par vincy, le 17 mai 2013

- Des sirènes chez les dauphins. Luc Besson et Christophe Lambert produiront Sea at War, d'après un scénario écrit par Besson. EuropaCorp négocie avec Louis Leterrier pour la réalisation de ce projet.

- Face à Bradley Cooper et Omar Sy. Finalement il y aura deux films au titre éponyme Chef. Premier lancé dans la course, celui écrit et réalisé par Jon Favreau aura un casting alléchant : Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Sofia Vergara, John Leguizamo et Bobby Cannavale. Iron Man retrouve donc sa Veuve noire pour un tournage qui débute en juillet.

- Rare. Al Pacino a accepté d'interpréter un homme excentrique qui veut réparer une erreur du passé dans Manglehorn, de David Gordon Green. Depuis 5 ans, l'acteur n'a tourné que deux films.

- Publicité sur les murs du Majestic. On nous annonce le prochain Jean-Jacques Annaud, Wolf Totem, adapté d'un best-seller chinois de Jiang Rong. Le tournage (en mandarin) de ce film (en 3D) avec des acteurs chinois et mongoliens vient de commencer.

Cannes 2013 : un Carrosse d’or 2013 pour Jane Campion

Posté par kristofy, le 17 mai 2013

jane campionLa réalisatrice doublement palmée d’or (en 1982 pour son court Peel et en 1993 pour La leçon de piano) et récemment en compétition pour Bright star, Jane Campion, est cette année la présidente du jury des courts-métrages et de la Cinéfondation au Festival de Cannes. La Quinzaine des Réalisateurs lui a également remis le prix du Carrosse d’or, qu'elle a dédié au producteur Pierre Rissient (le premier à avoir montré ses courts métrages à Cannes). Elle a par ailleurs remercié son "cher ami" Gilles Jacob.

Pour l’occasion, elle a présenté sur grand écran deux épisodes de la série Top of the lake, co-réalisée avec Garth Davis et co-écrite avec Gérard Lee. Une "conversation avec Jane Campion" était organisée, durant laquelle elle a évoquée tout autant son travail le plus récent que ses toutes premières réalisations, ou sa jeunesse en Nouvelle Zélande avant de voyager en Europe, et bien entendu diverses considérations sur le cinéma agrémentées de petites pointes d’humour.

La série Top of the lake

La distinction entre cinéma et télévision est peut-être de plus en plus artificielle. Après Bright star j’ai commencé à développer une histoire qui était de l’ordre du roman avec plusieurs chapitres. En Angleterre j’ai rencontré des gens de la BBC pour parler de ce sujet et en le racontant j’ai été encouragée à l’écrire spécifiquement pour la télévision. Aujourd’hui on peut y trouver de plus en plus de fraîcheur et d’audace. On a écrit Top of the lake à deux avec mon Gerard Lee qui est quelqu’un avec qui j’ai une grande connivence. C'est le scénariste de mon premier film Sweetie, et la réalisation a été partagée entre moi et Garth Davis. Je suis ravie de cette expérience un peu différente d’un tournage cinéma.

Une formation artistique avant de faire du cinéma

J’ai suivi un cursus de peinture, peut-être pour me démarquer de mes parents qui eux étaient dans l’univers du théâtre. Je ne savais pas vraiment quoi créer, avec la peinture j’ai appris à me remettre en question et à prendre des risques, à me mettre en péril. Cela m’a conduit à réaliser ensuite des courts-métrages. J’allais beaucoup au cinéma et mon ambition suprême était de faire un court qui soit montré en salle avant un long, ou un court qui aille dans des festivals. Mon tout premier court découlait de la peinture, c’était de l’animation image par image, il est perdu maintenant. Puis j’ai fait un autre court-métrage qui ensuite m’a ouvert les portes d’une école de cinéma. C’était une école un peu conservatrice qui n’aimait pas ce que je faisais, je n’ai pas été encouragée, mais j’ai persévéré à faire des films.

Harvey Keitel et la leçon de Piano

J’étais un peu terrorisée par le travail des acteurs, ma mère était une actrice terrifiante. Pour mes films je me tournais vers des amis que je pouvais diriger et même tyranniser. Puis j’ai travaillé bien évidement avec des acteurs professionnels très différents. Pour La leçon de piano j’ai eu de la chance d’avoir Holly Hunter et Harvey Keitel. Pour lui il y avait des rumeurs comme quoi il pouvait être agressif parfois. Je me suis ouvert à lui, "comment je peux vous diriger, vous avez plus d’expérience ?", ça a été une délicieuse conversation. J’ai appris avec Harvey Keitel comment utiliser au mieux les répétitions avant le tournage, c’était une merveilleuse expérience.

Pas assez de femmes réalisatrice de film ?

Je suis moi-même ennuyée par ce débat, peut-être il faudrait des quotas pour que la moitié des films de l’humanité soient réalisés par des femmes ? Je n’y crois pas, c’est avant tout une question de sensibilités. Kathryn Bigelow par exemple a montré qu’une femme peut très bien faire des films avec des sujets à priori d’hommes. En matière artistique il ne devrait pas être question de genre ou de sexe. Il faudrait qu’on arrête d’aborder cette question-là uniquement avec des femmes. J’ai déjà entendu "qu’est ce que ça vous fait de présenter un film à Cannes en tant que réalisatrice ?", c’est stupide, c’est pareil que pour un homme. Je ne veux pas faire de manifeste féministe. Il faut s’emparer d’un beau sujet et faire du beau travail, c’est l’essentiel.