Cannes 2013 : Qui est Sabrina Ouazani ?

Posté par vincy, le 17 mai 2013

Sabrina Ouazani25 ans. 10 ans de carrière. Et une montée des marches à Cannes avec l'équipe du film d'Asghar Farhadi, Le passé. Sabrina Ouazani n'a pas chômé ces dernières années. Repérée par Abdellatif Kechiche qui l'enrôle pour faire partie de L'Esquive (pour lequel elle est nommée dans la catégorie meilleur espoir féminin aux Césars), aux côtés de Sara Forestier, cette jeune et belle franco-algérienne essaie progressivement de sortir des rôles étiquetés "beurette de banlieue". Elle est, avec Leïla Bekhti et Hafsia Herzi, l'une des comédiennes les plus demandées dans cette "catégorie" dont elles veulent toutes, à juste titre, échapper.

Franche et émotive, Ouazani jouera pourtant souvent, au cinéma comme à la télévision, des Fadela, Radhija, Yamina, Assia, Farida et autres Rachida (dans Fauteuils d'orchestre, comédie "chorale" bling-bling des beaux quartiers). Mais c'est une fois de plus Kechiche qui la remet sur les bons rails avec La graine et le mulet en 2007. Christophe Honoré embraye en lui proposant un personnage lumineux pour Dans Paris, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Elle continuera dans cette veine avec Adieu Gary, sélectionné à la Semaine de la Critique, face à Jean-Pierre Bacri.

Sabrina Ouazani vante le dialogue fluide et sans préjugés entre les cultures méditerranéennes. Française affirmée, algérienne par ses parents, fiers de sa réussite, la fracture n'est pas un problème. La blessure est ailleurs : dans la perte accidentelle et brutale de son fiancé. Un deuil dont elle ne s'est pas vraiment remise...

Alors elle bosse, comme pour compenser le vide, avec Jérôme Bonnell comme avec Jean-Loup Hubert. On la voit dans le succès Tout ce qui brille, elle est la femme dans un monde d'hommes dans Des hommes et des Dieux, primé de Cannes aux Césars, elle tourne pour le petit écran la série Les Vivants et les Morts, elle s'aventure dans La source des femmes, en compétition à Cannes... Sabrina Ouazani se fait sa place. Avec le carton de la comédie policière rafraîchissante De l'autre côté du périph', où elle incarne une flic pas commode se rebellant contre le racisme ordinaire, elle séduit un peu plus. Elle gagne même un prix Jutra (les Césars québécois) pour son second-rôle dans Inch'Allah, prix de la critique internationale à Berlin. Actuellement à l'affiche de Mohamed Dubois, comédie populaire avec Eric Judor, elle n'en finit pas d'intriguer les médias qui y voient une gloire montante du cinéma de demain.

De Farhadi à Kechiche, d'Honoré à Beauvois, elle ferait presque oublier qu'elle est drôle, et sait répliquer à des monstres du rire comme Omar Sy. Elle triomphe d'ailleurs sur scène avec la comédie romantique Amour sur place ou à emporter. Nous on veut bien l'emporter...

Cannes 2013 / Un film, une ville : Beverly Hills & environs

Posté par vincy, le 16 mai 2013

The Bling Ring Los Angeles

Après New York, migrons vers la capitale du cinéma, Los Angeles, l'éternelle rivale américaine. On se concentrera sur la partie ouest de la métropole tentaculaire, là où Sofia Coppola a filmé The Bling Ring, entre les banlieues bourgeoises d'Agoura Hills et de Calabasas, et les quartiers chics de Brentwood, Bel Air et Beverly Hills. Maisons de banlieue cossues, plages à un quart d'heure de voiture, d'un côté de la montagne, villas chics et lieux tendances de l'autre. La réalisatrice nous décrit une ville aux larges avenues et aux rues sinueuses désertes, aux multiples boutiques et surtout, surtout, nous fait visiter les maisons les plus improbables de la région : architecture insolite, jardins mégalos, situations vertigineuses avec vues imprenables sur la ville, piscine obligatoire....

Rien de nouveau à l'Ouest : le shopping à Beverly Hills (sur Rodeo Drive) restera le terrain de jeu de Pretty Woman, les paysages entre la San Fernando Valley et Hollywood demeureront ceux de David Lynch dans Mulholland Drive. Des villas insolites, le cinéma en a souvent fait son décor de prédilection pour glorifier la richesse de son art et la folie de ses stars, de Sunset Boulevard à Drôles de dames. La bourgeoise locale et ses (déjà) "desperate housewives" ont été magnifiées dans Le Lauréat. Quant à la racaille du coin, on en avait déjà tâté des plus coriaces que ce gang de voleurs de bijoux, fringues et autres chaussures de luxe avec Le flic de Beverly Hills (et ses suites).

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 2

Posté par MpM, le 16 mai 2013

attentatCher Jafar,

Pendant la cérémonie d'ouverture de cette 66e édition, il a été beaucoup question d'un sujet qui te tient particulièrement à cœur : la liberté d'expression. Gilles Jacob a rappelé une nouvelle fois que Cannes a vocation à être une "terre d'accueil". Pour les cinéastes, et par extension pour tous ceux qui se battent pour avoir le droit d'émettre librement des opinions.

En l'occurrence, ce sont des dessinateurs de presse qui sont à l'honneur cette année, avec une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma. Comme le souligne Gilles Jacob : "en programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même ! " Joli clin d'oeil.

Mais un homme qu'une telle propension à l'autodérision doit faire rêver, c'est Zaid Doueri, le réalisateur libanais de L'attentat. Lui ne s'est moqué de personne, et subit malgré tout les foudres de son pays et de la Ligue arabe dans sa globalité.

Son crime ? Avoir tourné son film en partie en Israél avec des acteurs israéliens, ce que proscrit le bureau de boycottage d'Israël. L'attentat, d'après le best-seller de l'écrivain algérien Yasmina Khadra, sur un médecin arabe israélien découvrant que sa femme est l'auteur d'un attentat suicide à Tel-Aviv, a donc été interdit dans les 22 pays membres de l'organisation.

La ministre française à la Francophonie, Yamini Benguigui, est déjà montée au créneau pour défendre Zaid Doueri et le film est attendu en France le 29 mai. On garde donc espoir qu'il connaisse la carrière qu'il mérite.

Mais il faut t'avouer que sur la croisette, cette censure déguisée ne fait pas vraiment le buzz. Peut-être les journalistes ont-ils la tête trop farcie des frasques de la jeunesse américaine obsédée par les fringues et les starlettes vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola ? Le pire, c'est que le film trouve un étrange écho chaque soir au moment de la montée des marches, quand le monde entier se focalise... sur une poignée de stars et les robes de marque qu'elles portent.

Cannes 2013 : le nécessaire travail de restauration en pleine lumière

Posté par MpM, le 16 mai 2013

affiche cannes 2013 © agence bronxDepuis 2004,  la sélection Cannes classics permet de (re)voir les plus grands films du cinéma mondial dans des versions restaurées parfois plus belles que les originales. Ces dix dernières années, le colossal travail de préservation du patrimoine cinématographique a en effet pris une ampleur réjouissante, ravivant la beauté de classiques inoubliables comme Le guépard, La 317e section ou  Le voyage dans le lune. Pourtant, le grand dynamisme des restaurations ne doit pas masquer les efforts qui restent nécessaires en la matière.

Martin Scorsese a ainsi lancé début avril un vibrant appel en faveur d'une conservation systématique du patrimoine cinématographique. Le réalisateur américain, qui œuvre depuis plus de vingt ans pour la restauration de films comme Journal d'une femme de chambre de Jean Renoir, New York-Miami de Franck Capra ou encore Salon de musique de Satyajit Ray via l'organisation The Film Foundation, réclame un renforcement de l'engagement national envers la restauration et la conservation des films.

"Nous devons insister sur la culture visuelle dans les écoles", a-t-il notamment déclaré."Les jeunes ont besoin de comprendre que toutes les images ne sont pas là pour être consommées puis oubliées, vous voyez. Nous devons leur apprendre à comprendre la différence entre les images animées qui participent au développement de leur humanité et de leur intelligence, et les images animées qui ne font que vendre quelque chose."

Soulignant les bénéfices de la technologie numérique, qui permet de numériser des centaines de films, le réalisateur "oscarisé" de Raging bull et Taxi driver a réaffirmé la nécessité de "tout préserver" : blockbusters, films d'auteur, films expérimentaux...

"Tout comme nous avons appris à être fiers de nos poètes et de nos écrivains, du jazz et du blues, nous devons être fiers de notre cinéma, c'est une forme d'art américain" a-t-il souligné.

En France, la question de la préservation du patrimoine cinématographique se pose également depuis de nombreuses années. Un plan national a ainsi été mené de 1991 à 2006 pour sauvegarder des joyaux du 7e art menacés par le temps.

"Environ 13 000 films anciens (réalisés avant 1953) et quelques autres estimés en danger ont ainsi été sauvés, certains restaurés, d'autres seulement transférés sur un support pérenne" explique Béatrice de Pastre, directrice des collections et des archives du Centre national du cinéma. Le CNC a d'ailleurs lancé l'été dernier un vaste programme de numérisation qui devrait toucher 15 000 oeuvres pour un budget de 400 millions d'euros sur six ans.

La sauvegarde du patrimoine a en effet un coût, estimé entre 80 000 et 150 000 euros pour une restauration complète, et pouvant parfois atteindre des sommets, comme dans le cas de Lola de Jacques Demy (200 000 euros) dont le négatif avait brûlé, ou du Voyage dans la lune de Georges Méliès, 500 000 euros pour 15 minutes de film, tant la pellicule était abîmée.

parapluies de CherbourgAussi, pour entamer la restauration des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, la société Ciné-Tamaris a choisi de faire appel au site participatif Kisskissbankbank. "C'est un mode économique novateur qu'on va reproduire car l'Etat ne peut pas tout financer", dit Rosalie Varda. Le film fait justement partie des pépites présentées en copies neuves lors de la nouvelle édition cannoise.

Cette année, on pourra par ailleurs découvrir des œuvres du patrimoine en dehors de la section qui leur est traditionnellement consacrée.  Dans le cadre du fameux "cinéma de la plage" sont en effet programmés Jour de fête de Jacques Tati, Le mécano de la General de Buster Keaton, Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock ou encore L'homme de Rio de Philippe de Broca. Autant de preuves, en images, qu'il est indispensable de poursuivre et d'intensifier, au-delà de toute idéologie ou esprit de chapelle, la politique de sauvegarde systématique des œuvres du passé.

Cannes 2013 : le cinéma de Taiwan se sent pousser des ailes

Posté par MpM, le 16 mai 2013

taipei factoryChaque année, le cinéma taïwanais est à l'honneur dans les plus grands festivals internationaux. Cannes ne fait pas exception. Rarement en compétition, mais souvent dans les sections parallèles, et toujours dans les allées des marchés du film. Si la cinématographie de l'île a le vent en poupe, ce n'est pas seulement grâce à la notoriété de ses grands chefs de file comme Hou Hsiao-Hsien ou Tsai Ming-Liang. Il y a derrière cette visibilité croissante la volonté affirmée de valoriser Taïwan, et notamment sa capitale Taipei, à la fois en tant que centre artistique névralgique d'Asie et comme lieu incontournable dans l'industrie cinématographique mondiale.

La Taipei Film Commission (qui réunit le Maire de Taipei et les professionnels du secteur cinématographique) se consacre ainsi depuis 2008 à la tâche (ardue) de "relier l’industrie du film taïwanais au monde". Pour ce faire, elle assiste et facilite tous les projets se tenant à Taipei, de la recherche des décors aux demandes de subventions, en passant par la gestion des tournages sur la voie publique et la promotion des films. L'idée est avant tout de remettre à flot une industrie en perte de vitesse... et de financements. Et ça marche : en moins de quatre ans, la commission avait déjà aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers. Justement, les coproductions avec l'international sont implicitement l'objectif premier de la commission, qui va chercher l'argent là où il se trouve.

Nouvelle étape dans cette redynamisation du cinéma local, la mise en place cette année de la Taipei Factory, une résidence réunissant 8 jeunes cinéastes (4 Taïwanais, 4 venant du reste du monde) invités à écrire, tourner et finaliser (en binôme) un court métrage de 15 minutes. Cette initiative, qui cherche à "déclencher des idées originales à travers les différences culturelles, de langue, de passé et d’expériences" des 8 réalisateurs, a été menée en partenariat avec la Quinzaine des Réalisateurs qui présente le 16 mai en avant-première mondiale les 4 films réalisés.

Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine, y voit l'opportunité de vanter sa sélection comme "le coeur artistique du Festival de Cannes et l’événement qui s’engage vraiment à soutenir les nouveaux talents" comme il le déclarait lors de la conférence de presse inaugurale de l'événement en février 2013, soulignant un peu malicieusement : "La Quinzaine cherche toujours des moyens pour permettre aux cinéastes d’échanger, de faire face aux problèmes ensemble et de ne pas seulement fouler le tapis rouge pour regarder des films".

La Commission du Film de Taipei, quant à elle, trouve dans cette expérience l'occasion de renforcer les liens entre cinéastes taïwanais et européens. Mais aussi de faire connaître de nouveaux talents à l'international tout en mettant en valeur les infrastructures de production de la région. Histoire d'attirer des tournages du monde entier, le modèle affiché étant clairement celui de L'odyssée de Pi, d'Ang Lee, membre du jury de la compétition cannoise cette année, en partie tourné au zoo de Taipei, et devenu depuis un succès planétaire (et oscarisé). L'île s'offre ainsi une jolie visibilité sur la Croisette... et se pose dans le même temps en chevalier blanc (asiatique) de la création cinématographique.

Cannes 2013 / Où sont les femmes ? : The Bling Ring

Posté par MpM, le 16 mai 2013

bling ringEt si le sexisme au cinéma ne se mesurait pas tant au nombre de réalisatrices sélectionnées dans les festivals qu'au traitement réservé aux personnages féminins en général ?

Toutes ces "femmes de", "mères de", qui n'ont rien d'autre à jouer que la ménagère appliquée ou l'épouse attentive. La plupart du temps en arrière-plan, et avec une épaisseur psychologique proche du néant.

Quelle image des femmes ce genre de stéréotype véhicule-t-il ? Petite démonstration au cours de la Quinzaine cannoise.

Avec, pour commencer en beauté, le casting féminin de The bling ring (Sofia Coppola), qui fait l'ouverture d'Un Certain regard à Cannes ce soir, quasiment dans sa globalité. Les héroïnes sont jeunes et jolies, issues de milieu favorisé, et complétement obsédées par la mode et les célébrités. Par désœuvrement, par jeu, ou tout simplement parce que c'est possible, elles "visitent" les maisons de leurs stars favorites et emportent des trophées de plus en plus important.

L'histoire étant tirée de faits réels, difficile d'attaquer le film sur le fond. La manière dont sont imaginés les personnages laisse toutefois pantois : interchangeables, dénuées d'intelligence ou de sens moral, futiles et surtout d'une fadeur vertigineuse. Ce qui les distingue les unes des autres, c'est une coup de cheveux ou un goût prononcé pour le léopard. Pas de personnalité, aucun trait de caractère saillant, et pas une once d'imagination.

Même en s'appuyant sur la réalité, Sofia Coppola aurait pu choisir d'affiner ses personnages ou de leur donner un peu de relief. Mais elle a au contraire choisi de les styliser au maximum, pour les réduire à des corps affublés de vêtements de marque et à la personnalité indéfinie. Renvoyant ainsi malgré elle l'image d'êtres décérébrés juste avides de toucher du doigt l'existence de leurs idoles.

Des rêves, des désirs, des fêlures et des frustrations se cachaient forcément derrière les actes des apprenties cambrioleuses. Mais on n'en connaîtra rien. Pourtant, le seul personnage masculin du lot, lui, bénéficie de ce petit supplément d'âme qui permet  de passer de stéréotype désincarné à être humain. On apprend à le connaître, et des bribes du récit donnent des clefs sur sa nature profonde (mal dans sa peau, complexé, solitaire...). Au final, il est le seul à exister individuellement au milieu de poupées à peine esquissées, et c'est logiquement à lui que s'identifie le spectateur.

Cannes 2013 : Qui est Marine Vacth ?

Posté par vincy, le 16 mai 2013

Marine VacthElle est jeune (23 ans) et (très) jolie. François Ozon en a fait sa nouvelle muse pour son film, Jeune et jolie, en compétition au Festival de Cannes. Nul ne doute que Marine Vacth va faire briller les pupilles et faire crépiter les flashs lorsqu'elle foulera le tapis rouge.

Les flashs, elle connaît. Il y a huit ans, elle débute une carrière de mannequin, qui la consacrera en devenant l'égérie des parfums Parisienne d'Yves Saint Laurent et de la marque Chloé, en signant un contrat avec Ralph Lauren. La lyonnaise incarne la parisienne contemporaine, blouson de cuir et baskets, avec en arrière plan un décor de carte postale.

Fille de chauffeur-routier, un peu alcoolique et violent, et d'une mère qui ne voulait rien voir, cette taiseuse écorchée qui aime laisser voguer ses pensées dans un ailleurs indéfinissable a grandi en banlieue parisienne : un endroit sordide mais pas répulsif, sans âme mais à elle. Son univers, elle se l'est construit, en quittant tôt le domicile familial, en habitant à Paris. Elle est belle, mais veut être actrice. Le mannequinat est une transition qui lui permet d'acheter son indépendance et de financer ses voyages.

Marine Vacth ne magasine pas, sort peu, aime réfléchir chez elle. En 2011, elle débute sur les plateaux avec Cédric Klapisch : Ma part du gâteau, titre prémonitoire? Le cinéaste a craqué sur elle lors des essais et lui offre un petit rôle. Cette comédie sociale séduit le grand public. Alexandre Arcady aussi succombe. Il l'enrôle pour un personnage plus important dans Ce que le jour doit à la nuit. Elle incarne la fille de Vincent Perez, convoitée pour sa beauté et la richesse de son père, et s'affranchissant des règles imposées par la situation familiale et politique.

Elle confiait récemment qu'elle avait envie de se salir, de tourner un film sur l'inceste, de montrer sa face cachée. Marine pas si candide, mais authentique, pourrait affoler la Croisette : Ozon lui a composé un hymne en 4 saisons et 4 chansons...

Cannes 2013 : ouverture pluvieuse, festival heureux?

Posté par kristofy, le 15 mai 2013

audrey tautou steven spielberg cannes 2013

Le 66ème Festival de Cannes a débuté officiellement mercredi 15 mai vers 19h avec la première montée des marches du jury présidé par Steven Spielberg pour le film d’ouverture Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio.

La hantise de passer un festival sous la pluie (à la place du soleil des autres années) jette une ombre sur cette ouverture : montée des marche sous une pluie battante, peut-être un mauvais signe pour Gatsby le magnifique fraîchement accueilli (d’une douche froide) lors de sa présentation à la presse le matin…

Heureusement, à l’intérieur du palais, la température était au réchauffement et la température est montée progressivement. La maîtresse de cérémonie Audrey Tautou était très élégante dans une jolie robe blanche qui dévoilait ses jambes tel un cygne. Après un début de discours un peu figé, la poésie des mots fait mouche et touche. Quand elle raconte sa première fois au cinéma avec un extraterrestre qui veut "téléphone maison", Audrey Audrey Tautou s’anime : le palais du festival est bien LA maison du cinéma.

steven spielberg par plantu"On veut du tweet : si le festival de Cannes c’est la liberté d’expression, c’est aussi la liberté d’opinion." Cette phrase vient en écho aux mots du président Gilles Jacob : "Cannes, terre d’accueil. L’année 2013 illustre au sens propre cette ligne de conduite. Nous avons invité en effet des dessinateurs de presse qui se battent à leur manière pour la liberté. Sous l’égide de Plantu, nous présenterons une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma, dessins vifs et talentueux. En programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même! "

Cristian Mungiu comparé à un voleur roumain...

Pour la première fois un discours d’ouverture évoque les réseaux sociaux. Le festival est à Cannes mais on en parle partout : c’est aussi un des évènements qui connaît le plus de commentaires au monde (avec les Jeux Olympiques…) sur internet. D’ailleurs la chaîne télé Canal+ qui est partenaire va chaque jour diffuser et commenter des photos ‘trouvées’ sur le web… alors qu’ils ont une équipe très importante sur place.

Canal+ fera d'ailleurs durant cette soirée d’ouverture une double fausse note à propos du réalisateur Cristian Mungiu, déjà palme d’or et cette année membre du jury : il est comparé à un mendiant roumain (dans Les Guignols) puis à un voleur roumain (dans Le Petit Journal). Sans doute sont-ils trop habitués à inviter des "people" sans véritable connexion avec le cinéma... On attend de voir de véritables auteurs se presser sur leurs plateaux. Quoique si c'est pour y entendre ce genre de blagues...

Sur scène, après le président du jury Steven Spielberg très applaudi, c’est la méga-star indienne Amitabh Bachnan (l'Inde est à l'honneur cette année avec la célébration des 100 ans du cinéma indien) et Leonardo Di Caprio (avec qui il partage le générique de Gatsby le magnifique) qui ont prononcé la traditionnelle phrase "je déclare le festival de Cannes ouvert". "Que les lumières s’éteignent…" Et Audrey Tautou de donner rendez-vous pour le palmarès, on a hâte tout comme le jury de découvrir les films en compétition...

Cannes 2013 : Qui est Leslie Mann ?

Posté par MpM, le 15 mai 2013

leslie mannLa carrière de l’actrice américaine Leslie Mann est naturellement associée à celle du réalisateur, scénariste et producteur Judd Apatow dont elle est l’épouse depuis la fin des années 90. Pour autant, la comédienne a su quand il le fallait s'émanciper de son compagnon pour emprunter sa propre voie. Et si c'est lui qui a favorisé son retour sur grand écran au milieu des années 2000, elle semble bien décidée à ne pas se laisser étiqueter "Apatow's production".

Leur première rencontre remonte en 1995, sur le tournage de Disjoncté de Ben Stiller que produit Apatow. La jeune actrice, qui a suivi des cours de théâtre au Joanne Baron/D. W. Brown Studio de Los Angeles, y interprète la petite amie d’un autre débutant nommé Owen Wilson. Le film est un cuisant échec mais propulse malgré tout sa carrière.

On la voit dans la foulée dans quatre autres films dont la comédie romantique d’Isabel Coixet, Des choses que je ne t’ai jamais dites, et Petits mensonges entre frères d’Edward Burns. Mais c’est Disney qui lui offre son vrai premier rôle dans George de la jungle, adaptation décalée du mythe de Tarzan. Enorme succès au box office et début de consécration pour l’actrice qui apparaît ensuit aux côtés d’Adam Sandler dans Big daddy puis dans divers comédies comme Orange county ou Harvard à tout prix. Leslie Mann marque toutefois une pause pour s’occuper de sa famille (deux petites filles nées en 1998 et 2002) et quitte un temps les studios de tournage.

Son grand retour se fait dans le premier long métrage réalisé par Judd Apatow, 40 ans toujours puceau. Elle y tient un rôle modeste mais qui marque les esprits, celui d’une jeune femme ivre au volant. Elle sera ensuite présente au générique de tous les autres films du cinéaste : En cloque mode d’emploi, Funny people et 40 ans : mode d’emploi. La jeune femme y dévoile toute la palette de son jeu, et notamment ses prédispositions pour la comédie et l’autodérision.

En parallèle, elle est l’ex-femme de Matthew Perry dans 17 ans encore et celle de Jim Carrey dans I love you Phillip Morris. Ce dernier film "gay firendly" est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Elle participe également à plusieurs films d’animation, dont Rio et L’étrange pouvoir de Norman.

Quinze ans après ses débuts, sa carrière est en dents de scie, composée de rôles inégaux dans des films de qualité diverse. Pourtant, l’actrice n’a pas dit son dernier mot. Elle qui aurait pu se contenter des productions familiales tente des incursions dans d’autres univers, et essaye de se mettre en danger. On la verra ainsi prochainement chez Nick Cassavetes (The other woman), chez Shawn Levy (This is where I leave you) et surtout dans le nouveau Sofia Coppola, The bling ring. Le film fait l'ouverture d'Un certain regard cette année et lui donnera l'occasion de monter les marches.

A à peine quarante ans, l’actrice est peut-être en train de prouver qu’elle a encore plus d’une corde à son arc et suffisamment de talent et de volonté pour s’offrir une carrière à la hauteur de ses ambitions, loin de la zone de confort des productions de son mari.

Cannes 2013 / Un film, une ville : New York

Posté par vincy, le 15 mai 2013

New York dans Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann

New York est cinégénique par définition. Woody Allen (avec son générique mémorable de Manhattan sur une musique de Gershwin), Martin Scorsese (du Temps de l'innocence aux Affranchis, de Taxi Driver à Gangs of New York, en passant par New York New York et ce refrain qui devint son hymne) et tant de cinéastes américains et étrangers ont voulu la filmer : verticale ou romantique, frénétique ou nocturne, envahie par des aliens ou saccagée par un gorille géant, refuge d'animaux vedettes dans son zoo ou lieu de jogging à haute tension... la fascinante métropole qui s'est inventée un destin de star du 7e art.

Gatsby le magnifique, en ouverture du Festival de Cannes ce soir, n'échappe pas à cet amour passionné. A l'instar de Peter Jackson qui ressuscitait numériquement Big Apple au début des années 30 dans King Kong, Baz Luhrmann reprend la même charte artistique pour reconstituer la ville : Times Square la nuit, le Plaza et Central Park, les plages nantis de Long Island... La New York de Luhrmann passe ainsi de villas luxueuses aux rues animées des faubourgs, des commerces avec pignons sur rue aux boîtes clandestines... C'est définitivement une ville qui ne dort jamais.