Venise 2010 : succès public et professionel

Posté par MpM, le 8 septembre 2010

Alors que le festival est déjà dans sa dernière partie, les premiers chiffres de fréquentation sont tombés et, Marco Mueller peut avoir le sourire, ils sont bons ! Au sixième jour du festival, plus de 22 500 tickets ont en effet été vendus ce qui représente une augmentation de 17% par rapport à 2009. A noter que plus d'un tiers ont été acheté via internet, dont 15% à l'étranger.

Coté journalistes, s'ils sont seulement 4% de plus que l'an dernier (3 427), ce sont surtout les nouveaux médias qui en profitent avec 33% d'accrédités supplémentaires pour les journaux et magazines en ligne. Les journalistes italiens restent une écrasante majorité (2 088 contre 1 339 du reste du monde).

On peut sans doute expliquer cette augmentation par la bonne tenue de la sélection, toutes sections confondues. Une bonne tenue "a priori" qui se vérifie peu à peu dans les salles. Malgré l'absence de très grandes stars américaines, les séances publiques sont particulièrement fréquentées, et le retour des spectateurs relativement enthousiaste. Chez les professionnels, les échos sont eux-aussi positifs, après l'impression en demi-teinte laissée par Berlin et Cannes. Ça se confirme, cette année, c'est vraiment à la Mostra qu'il fallait être...

Kitano fera un deuxième Outrage

Posté par vincy, le 8 septembre 2010

Pas forcément apprécié lors de sa projection en compétition au dernier festival de Cannes, Outrage, le premier film de Yakuza de Takeshi Kitano depuis plus de 10 ans, aura malgré tout droit à une suite.

Sorti le 12 juin au Japon, le film est arrivé 4e du box office, ne parvenant pas à surclasser le hit national Confessions (Kokuhaku) qui a régné quatre semaines consécutives dans les salles nippones. Il a cependant bien résister en cumulant, au final, 9 millions de $. Un score respectable.

Kitano vient de confirmer qu'il ferait une suite à son film. La sortie est prévue pour l'automne 2011.

Le cinéma LA CLEF ouvre à nouveau ses portes

Posté par Claire Fayau, le 8 septembre 2010

Le cinéma LA CLEF (34 de la rue Daubenton, Paris 5ème, métro Censier–Daubenton) sera ouvert sept jours sur sept à partir de 29 septembre 2010.
Autrefois appelé « Images d’ailleurs », le cinéma s'est refait une beauté :les deux salles de 120 et 65 places ont été rénovées, et sont équipées en 35 mm Dolby et vidéo. Elles passeront au numérique dès 2011.
Côté programmation, du beau, du rare, de l'écolo... mais aussi des thématiques sociales ou politiques.
Menu alléchant, avec pour mise en bouche le 29 septembre, la sortie nationale du documentaire de Jocelyne Lemaire-Darnaud, Moi, la finance et le développement durable.

En octobre / novembre , l’Argentine et l’Uruguay seront mis à l'honneur dans le cadre du cycle «Cinéma du Rio de la Plata» organisé pour le 13è festival « Paris Banlieue Tango » .
En novembre, ATTAC fera son festival annuel, « Images Mouvementées / ATTAC » pendant toute une semaine.
Et en décembre, deux jours seront consacrés au cinéma indonésien ....

Venise 2010 (vidéo) : jour 5 – nuit vénitienne avec Tsui Hark, Andy Lau, Li Bingbing, Carina Lau…

Posté par kristofy, le 7 septembre 2010

Telluride s’emballe pour Incendies, The King’s Speech et Tabloid

Posté par vincy, le 7 septembre 2010

Coincé entre Venise et Toronto, le Festival de Telluride est néanmoins l'un des plus suivis de la saison. Cette station de ski du Colorado est considéré comme un temple du cinéma indépendant, sorte de Sundance bis estival. Créé en 1974, le Festival du film de Telluride attire tous les médias américains, 500 volontaires et des artistes prestigieux. Il est l'un des trois festivals américains les plus populaires et est toujours dans le Top 10 des festivals internationaux. La 37e édition s'est ouverte le 3 septembre pour se clore hier, 6 septembre.

Et la programmation est tentante, avec de nombreux films vus à Cannes, mais pas seulement. Telluride fait un important travail de valorisation du patrimoine cinématographique, avec des présentations spéciales de vieux films ou de copies restaurées.

Sinon on y voit les films de Martin Scorsese (A Letter to Elia), Mike Leigh (Another Year), Alejandro González Iñárritu (Biutiful), Olivier Assayas (Carlos), Fernando Trueba (Chico et Rita), Sylvain Chomet (L'illusionniste), accompagné d'un documentaire sur Jacques Tati de Michael House, Denis Villeneuve (Incendies, d'après la pièce de Wajdi Mouawad), Tom Hooper (The King's Speech, avec Colin Firth), Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux), Lee Chang-dong (Poetry), Shlomi Eldar (Precious Life), Bertrand Tavernier (La princesse de Montpensier), Stephen Frears (Tamara Drewe) et le nouveau Peter Weir (The Way Back).

Telluride remet aussi des prix spéciaux, des Médaillons. Cette année Claudia Cardinale, Colin Firth

Trois films ont suscité l'enthousiasme des professionnels et du public : The King's Speech, Tabloid et Incendies. Des films comme 127 heures de Danny Boyle ou Black Swan de Darren Aronofksy ont eut le droit à des projections spéciales servant de tests auprès des spectateurs pour les studios.

Venise 2010 : The ditch de Wang Bing, un film chinois choc

Posté par MpM, le 7 septembre 2010

The Ditch

C'est la tradition à Venise, certains films sont sélectionnés secrètement et apparaissent dans le programme sous le nom de "film surprise". Pour savoir ce dont il s'agit, il faut aller le voir ! Il y a quelques années, c'est Still life de Jia Zhang-ke qui a ainsi bénéficié de cette atmosphère de mystère. Résultat : un lion d'or. Tout le mal que l'on peut souhaiter à The ditch (le fossé) de Wang Bing, c'est bien sur de suivre le meme chemin...

Or le film a une chance de séduire le jury, dans la mesure où il aborde une page révoltante de l'histoire chinoise, celle des camps de rééducation. Basé à la fois sur le roman Goodbye Jiabiangou de Yang Xianhui et sur les témoignages de survivants, il décrit les conditions de vie terribles et inhumaines de milliers de citoyens chinois considérés comme réactionnaires et envoyés dans le camp de travail de Jiabiangou, au coeur du désert de Gobi.

Avec une extrême rigueur, le réalisateur filme le quotidien de ces hommes privés de nourriture et de soins, dont beaucoup souffrent de dysenterie, et qui meurent nuit après nuit. On les voit dans le fossé où a été creusé leur abris, écrivant à leur famille, se disputant pour des raisons politiques et surtout agonisant ou découvrant un autre de leur camarade mort. Plus qu'une intrigue, c'est une succession de scènes éprouvantes, bouleversantes, au-delà de toute humanité, où se lit en filigrane l'indescriptible expérience qu'ont vécu ces hommes. Ne travaillant plus, n'ayant rien à manger ni à faire, ils se contentent de rester couchés là, déjà morts au fond d'eux-même. Et hormis quelques scènes trop démonstratives à la fin, Wang Bing parvient à garder une sécheresse narrative et visuelle qui renforce cette impression.

On s'en doute, le sujet est politiquement sensible (ce qui pourrait expliquer la sélection du film sous une forme "surprise"). Wang Bing a toutefois préféré ne pas s'avancer sur ce terrain glissant. "On pourrait dire que le film est politique, ou non, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse. On doit parler de cette histoire du passé. Ce qui est essentiel, c'est d'utiliser ces événements pour réfléchir sur le futur. Commencer une discussion libre et ouverte à partir de cette expérience tragique. Ce film est mon espoir pour nous faire réfléchir aux différents rapports entre les hommes, à un présent et à un futur plus vivables pour tous."

Il faut espérer que le gouvernement chinois partage sa philosophie (et son optimisme), sinon il pourrait rejoindre Jia Zhang-ke dans un autre club, celui des cinéastes qui ont eu affaire à la censure.

Venise 2010 : un festival public ?

Posté par MpM, le 6 septembre 2010

Combien seriez-vous prêt à débourser pour passer deux heures avec Catherine Deneuve ou Natalie Portman ? A Venise, le tarif est de 1400 euros. Mais attention, pour ce prix-là, pas condition de bavarder avec la star ou même de lui être présenté. Il s'agit simplement du prix des abonnements pour assister, durant toute la Mostra, aux présentations officielles des films en compétition, confortablement installé au balcon de la grande salle où prennent également place les équipes de film. AVec de la chance, il y aura moyen de faire quelques jolies photos, voire d'obtenir un autographe. Même si au fond, ça fait quand même cher les 10 ou 12 séances de cinéma.

A Venise, contrairement à Cannes, et plus dans le veine berlinoise, le grand public a en effet accès à la plupart des films présentés. Il est même prioritaire sur les séances de prestige, à savoir celles du soir, avec tapis rouge et présentation officielle. Quand on pense qu'il en coûte 40 € pour une projection à 19h30 et 30 € pour celle de 22h, c'est la moindre des choses. Même si ça fait râler certains professionnels...

Toutefois, au-delà du prix prohibitif des séances les plus prisées (les projections non officielles coûtent elles entre 6 et 18 €, ouf !), cette ouverture à un public non professionnel est évidemment une bonne chose. Elle permet à des films comme Angèle et Tony d'Alix Delaporte, présenté dans le cadre de la Semaine de la Critique, ou à Silent souls du Russe Aleksei Fedorchenko, en compétition, de trouver leur public et de lancer le bouche à oreilles. Dans le cas de ces deux films précis, les séances publiques étaient en effet complètes, et l'accueil s'est révélé extrêmement chaleureux. Pas sur qu'il y ait la même affluence le jour de leur sortie en Italie... s'ils sortent un jour.

Néanmoins, pas d'angélisme ! En donnant une chance à des films plus confidentiels et en proposant au public une offre vraiment diversifiée, la Mostra fait certes oeuvre de transmission, mais elle permet aussi de "tester" en direct les films. C'est-à-dire d'étudier leur impact sur une salle, s'ils fonctionnent, et quelles réactions ils obtiennent. Judicieux pour savoir quoi acheter et distribuer : une comédie devant laquelle les rires fusent pendant deux heures ou un drame qui reçoit une standing ovation, c'est forcément plus séduisant qu'un "actionner" devant lequel tout le monde s'endort, ou s'enfuit.

Comme ça chacun y trouve son compte... y compris les inconditionnel(le)s de Ben Affleck, qui n'ont plus qu'à casser leur tirelire pour respirer le même air que lui l'espace d'une projection (The town, mercredi, 19h30)...

Venise 2010 (vidéo) : le week-end, avec Catherine Deneuve, Andy Lau, Tsui Hark…

Posté par kristofy, le 6 septembre 2010

Catherine Deneuve critique Carla Bruni-Sarkozy

Posté par vincy, le 6 septembre 2010

Catherine Deneuve au Festival de Venise, samedi

Une ex-Marianne, considérée comme l'ambassadrice de la France et même la Reine du cinéma français, qui critique, publiquement, la première dame de France?

On ne peut pas accuser Deneuve de puritanisme. L'actrice de Belle de jour a tout joué (de la lesbienne à la prostituée, de la potiche à la directrice). Elle a souvent été à l'avant-garde des combats féministes. Mais elle reproche à Carla Bruni-Sarkozy d'être intervenue dans l'affaire Sakineh Mohammadi Ashtiani, cette mère iranienne qu'on accuse d'adultère, qui se fait sans doute torturée quotidiennement et qui est sous la menace d'une mort (barbare) par lapidation.

Carala Bruni-Sarkozy avait signé une lettre de soutien à Sakineh M. Ashtiani cet été. Les dirigeants iraniens, relayés par une presse aux ordres, en ont vite profité pour rappeler le passé volage et libertin de la mannequin-chanteuse-et bientôt actrice. A leurs yeux, cela la disqualifiait d'une quelconque autorité morale.

Catherine Deneuve estime que le courrier de Carla était "contre-productif". "Quand vous êtes une personne célèbre, vous devez être prévoyant quand vous soutenez une cause. Avec son passé, elle aurait du être plus prudente. Cela peut se révéler à double tranchant." Deneuve poursuit son raisonnement : "L'autre partie (les Iraniens) a juste repris la balle au bond. Ils ont visé sa vie privée, façon de dire : mêler-vous de vos affaires."

Catherine Deneuve était présente à Venise pour la présentation du film de François Ozon, Potiche. Déjà la presse en fait l'une des prétendantes les plus sérieuses pour un prix d'interprétation, qu'elle a déjà eu pour Place Vendôme en 1998.

Venise, derrière les paillettes, la crise (et l’amiante)

Posté par vincy, le 5 septembre 2010

Palais des Festivals de Venise

Oublions un temps les polémiques vénitiennes : les conflits d'intérêts de Tarantino-Président, les journaux italiens qui accusent le festival d'être trop gauchisant, ou encore l'absence de stars (même Clooney ne vient pas, c'est dire...). Finalement Berlin, Cannes, Venise souffrent de maux identiques cette année. Mais Berlin et Toronto ont deux avantages : un nouveau palais pour accueillir leurs festivaliers et un coût de la vie relativement accessible pour ceux-ci.

Le futur palais des festivals de Cannes a été reporté, hélas : le Maire de la ville semble un peu près de ses sous. Et les tarifs (hébergement, restauration), n'ont pas diminué (40 euros un plat de poisson) avec les années, dépassant souvent les prix astronomiques de Paris.

Venise n'est pas mieux loti. Cent euros pour un plat de spaghetti sur le Lido: c'est le montant de l'addition présentée au sous-secrétaire d'Etat italien à la Culture Francesco Giro, qui a aussitôt dénoncé "une ville élitiste".  "Venir à Venise et manger sur le Lido coûtent trop cher. Manger ici est une folie", s'est plaint le Ministre (qui avait par ailleurs boycotté le Festival de Cannes cette année). La facture s'est donc élevée à 300 euros pour manger à trois au restaurant du palace Excelsior, situé à deux pas du Palais du cinéma et qui loge habituellement les stars du festival.

Evidemment, tout le monde n'est pas obligé de manger dans un Palace. Et les organisateurs peuvent toujours arguer qu'on peut manger pour 20 euros dans la ville, les médias locaux, qui semblent de plus en plus hargneux contre Venise et indulgents pour son concurrent romain, ont souligné la désaffection qui toucherait le Lido en raison des tarifs pratiqués par les hôtels et restaurants.

Pour économiser, les studios de cinéma préfèreraient désormais dépêcher leurs équipes dans des festivals comme Toronto. Nombre de médias se contentent désormais de ne couvrir que l'ouverture et la clôture de la Mostra, ce qui fait que plusieurs hôtels ont encore des chambres disponibles pour le début de la semaine. Frappées par la crise, plusieurs structures hôtelières, obligées de baisser leurs prix à destination des estivants, sont accusées de vouloir se refaire sur le dos des festivaliers, qui constituent une clientèle captive.

Surtout, les grands hôtels vénitiens doivent se refaire une beauté. L'Hôtel des Bains sur la plage du Lido avec sa terrasse oùl les stars aimaient siroter leur cocktail Bellini, est fermé pour travaux. Une fois rénové, le "des Bains", comme on l'appelait, abritera des appartements de luxe où la vue sur la mer se négociera autour de 15 000 euros le mètre carré. En pleine crise, le risque est gros.

Un palais amianté, un cinéma asphyxié, le directeur du festival sur le départ

Mais la Mostra a encaissé un coup très dur cette semaine. Son nouveau palais des festivals prend du retard. Le palais est en travaux. Mais, la découverte de l'amiante sur le terrain même du chantier - la faute aux toits des anciennes cabines de bain, fabriquées en matériel de marque Eternit, entreposés pendant des années à même le sol - oblige à assainir le site ; il est fort peu probable que la date de 2011 prévue pour la fin des travaux soit tenue.

Le directeur artistique du festival, Marco Müller, avait pourtant fait de ce nouveau palais l'instrument indispensable pour garantir son standing international à la Mostra, mettant parfois sa démission dans la balance. "Il ne suffit pas d'un palais pour assurer le futur du festival, explique M. Spaziante, délégué aux travaux, un brin agacé. C'est tout le réaménagement du Lido qui doit être repensé." Ce qui peut prendre du temps. Reste que Müller a mis sa menace à exécution en signifiant publiquement qu'il ne demanderait pas un nouveau mandat l'an prochain.

Tout cela ne serait qu'un événement épisodique si le contexte en Italien n'était pas si morose : plusieurs manifestations ont eu lieu en début d'été pour protester contre les coupes budgétaires dans le fonds unique pour le spectacle (FUS), qui finance en partie de nombreuses oeuvres cinématographiques. Le cinéma italien semble asphyxié par la raréfaction des aides publiques.

Cela oblige aussi à trouver d'autres manières de filmer, à innover, à changer de modèle économique. La créativité fera le reste, essayant de résister aux aléas des conjonctures financières et politiques. Reste que le cinéma italien, comme le cinéma anglais, mal défendus par leurs élus, se marginalisent en Europe face à des puissances cinématographiques qui ont compris l'intérêt d'une industrie du 7e art solide, comme la France, l'Espagne ou encore les pays d'Europe de l'Est.