Tilda Swinton présidera la Berlinale

Posté par vincy, le 12 novembre 2008

blog_berlinale.jpgLe Festival de Berlin 2009 a annoncé le nom de son prochain président du jury de la compétition internationale. C'est Tilda Swinton, actrice écossaise reconnue pour ses choix expérimentaux, récemment oscarisée (Michael Clayton), et popularisée mondialement grâce à son rôle dans le premier épisode de Narnia, qui aura cette "lourde" charge.

L'an dernier Swinton avait été en compétition pour le film français d'Erick Zonca, Julia. Elle avait gagné un Teddy Award d'honneur, de la part du jury de cette sélection gay et lesbienne de la Berlinale.

Elle a déjà été membre de jury d'un grand festival, à Cannes en 2004.

Quai Branly : le métissage en images

Posté par vincy, le 12 novembre 2008

quaibranly_metissage.jpgDu 12 au 23 novembre, le Musée du Quai Branly (Paris) propose un cycle de cinéma, complétant son exposition Planète métisse, to mix or not to mix?  - le Quai Branly aime beaucoup les slogans anglophone. Alors que l'on vante les exploits politiques ou sportifs des Obama et Hamilton, le cinéma n'a pas attendu pour observer, explorer, témoigner des mélanges culturels ou même charnels. Avec "Métissages de l'image métissages du regard", le musée propose 17 films et 14 séances.

Ce qui frappe, au delà du message à laquel nous adhérons forcément, c'est bien la qualité de cette programmation. A Taipeh, on songe à Paris avec Tsai Ming Liang (Et là bas quelle heure est-il?). A Pékin, on visite un monde en miniature avec Jia Zhang Khe (The World). De Hong Kong, Johnny To visite la sino-portugaise Macao (Exilé). Kim Ki-duk s'intéresse aux métis américano-coérens (Adresse inconnue). Wong Kar-wai exporte une histoire d'amour homosexuelle et sensuelle de deux chinois à Buenos Aires (Happy Together). Gina Kim se penche et s'épanche sur l'intégration mutuelle d'une américaine et de son mari coréen dans leurs univers respectifs (Never forever).

Karan Jodhar symbolisera les nombreux films abordant l'immigration hindoue au Royaume Uni (La famille indienne). Stephen Frears a été choisi pour représenter la communauté pakistanaise à Londres (My beautiful laundrette, qui évoque par ailleurs d'autres tabous liés aux fossés culturels comme la condition féminine et l'homosexualité). Fatih Akin, cinéaste germano-turc, nous fait découvrir le son d'Istambul (Crossing the bridge).  Autre cinéaste connu pour son regard pointu, Carlos Reygadas qui se focalise davantage sur les amérindiens noyés ou isolés dans cette Mexico City tentaculaire (Bataille dans le ciel). Il y a ceux qui passent les frontières (Tex-Mex dans Trois enterrements et Babel, tous deux primés à Cannes)

Le futur n'est pas oublié où les androïdes se mélangent aux humains dans Metropolis (Fritz Lang), et les mangas, Ghost in the Shell II et Natural City. Et la programmation invite aussi des films aux genres mixés comme Il était une fois dans l'Ouest ou Les larmes du tigre noir. Il y a  de quoi avoir envie de voyager...

Ajoutons que l'accès est gratuit dans la limite des places disponibles! Il n'y a donc aucune excuse pour manquer ce rendez-vous coloré et dépaysant.

Villerupt accueille Nicola Piovani

Posté par MpM, le 11 novembre 2008

Nicola PiovaniDans le cadre de sa rétrospective "Maestro… Musica : les cinéastes italiens et la musique", le festival de Villerupt avait invité le compositeur oscarisé Nicola Piovani (La vie est belle, La chambre du filsIntervista…) à venir se produire avec son groupe lors d’une soirée spéciale. Accompagné tour à tour d’une clarinette, d’un saxophone, d’une guitare, d’un violoncelle, d’une batterie ou encore d’une contrebasse, le Maître italien installé au piano a interprété ses plus célèbres airs réorchestrés pour cette formation en quintet.

Après s’être vu décerner L'Amilcar de la ville de Villerupt, Niola Piovani a accepté de revenir quelques instants sur son impressionnante carrière. "Je ne me souviens pas dans ma vie d’un jour sans musique", confie-t-il d’abord. "Mon orientation vers la musique de films est le résultat d’une combinaison entre mon désir et l’occasion qui m’a été offerte. En 1968, j’étudiais la philosophie à Rome. A l’université, un groupe faisait du cinéma et j’ai écrit pour eux mes premières musiques." Rapidement repéré par Marco Bellocchio, il compose pour tous ses films pendant plus de dix ans, puis se diversifie avec Giuseppe Tornatore (Il camorrista), Federico Fellini (Ginger et Fred) et Nanni Moretti (La messe est finie). "La plus grande musique que je connaisse, c’est celle de Huit et demi [par Nino Rota]", avoue-t-il. Fellini mettait ses compositeurs dans la plus grande confiance… à condition de donner le meilleur de soi-même ! Avec lui, on avait l’impression de donner beaucoup… mais si l’on faisait le compte, ensuite, on s’apercevait surtout de tout ce que l’on avait reçu. "

Toujours élégant, le compositeur rend également hommage aux musiciens l’accompagnant sur scène (et sur notre photo), "les meilleurs dans chaque rôle" précise-t-il, avant d’ajouter : "il m’est difficile d’imaginer quelque chose de mieux". Leur prestation, dynamique et enlevée, en a facilement convaincu les festivaliers.

Pessac célèbre la Grande Guerre

Posté par vincy, le 11 novembre 2008

visuel_photoshop_acceuil.jpgPour sa 19e édition, le Festival international du film d'histoire va rendre hommage à la Guerre et à la Paix. La guerre de 14-18 (voir le dossier d'Ecran Noir) sera au coeur de la programmation et des débats. Le foisonnement d'oeuvres cinématographique autour de cet événement si loin et si proche historiquement légitime complètement cete initiative. Mais, même si Pessac lance le festival 90 ans après l'armistice, le 11 novembre, la sélection s'intitule officiellement 1914-1919.

"Ce devait être “la der des ders”, ce  fût  la “Première”. La Première Guerre mondiale, la première guerre industrielle. Le premier  cataclysme historique du XX° siècle. (...) Le Festival International du Film d’Histoire de Pessac va  proposer un  exceptionnel  concentré de films et de débats pour mieux éclairer, pour mieux comprendre  cette fracture historique", déclare François Aymé, le commissaire général du festival.

On notera d'excellents choix cinématographiques ou des plus rares comme Charlot Soldat, La grande illusion, Sergent York, Jules et Jim, Johnny s'en va-t-en guerre, La vie et rien d'autre, Les sentiers de la gloire, Capitaine Conan, La chambre des officiers, Un long dimanche de fiançailles, ... Du génocide arménien aux noirs et aux chinois dans la guerre, Pessac ne se concentre pas sur les tranchées.

Enfin, le prix du film d'histoire côté fiction sera à choisir entre des films déjà appréciés à Cannes ou ailleurs comme Il divo, Katyn, Hunger, Teza, La terre des hommes rouges, Je veux voir...

16 000 spectateurs sont attendus jusqu'au 17 novembre.

7 finalistes pour le Louis-Delluc 2008

Posté par vincy, le 10 novembre 2008

Le prix Louis-Delluc persévère dans ses envies de récompenser un cinéma d'auteur exigeant . Cette année, les sept films en lice teinte même l'ambiance d'un pessimisme latent.

En tête, la Palme d'or, Entre les murs de Laurent Cantet. Le cinéaste a déjà reçu le Louis-Delluc de premier film en 2000 pour Ressources humaines. Il sera en compétition avec deux films cannois,  La vie moderne de Raymond Depardon et Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin. Ce dernier l'a déjà obtenu en 2004 pour Rois et Reine. Autre ancien gagnant du prix, Jacques Doillon, de nouveau en course avec Le premier venu. Ils cotoient Séraphine de Martin Provost, Dernier maquis de Rabah Ameur-Zaïmeche et L'heure d'été d'Olivier Assayas.

Le Louis-Delluc apparaît de plus en plus comme une pré-sélection pour les César.

Avec trois films choisis pour le Louis-Delluc du premier film, la catégorie apparaît affaiblie par rapport aux années précédentes. On y trouve Elle s'appelle Sabine de Sandrine Bonnaire, Versailles de Pierre Schoeller avec Guillaume Depardieu et Le tueur de Cédric Anger.

Ce sera le 12 décembre que seront connus les successeurs de La graine et le mulet, Naissance des pieuvres et Tout est pardonné (ex-aequo l'an dernier).

Les prix littéraires aiment les hommes d’image

Posté par vincy, le 10 novembre 2008

atiqrahimi.jpgTrois petites brèves de saison. La semaine dernière, nous étions déjà heureux de voir le talent de plume du comédien et metteur en scène Denis Podalydès récompensé par un prix femina du meilleur essai. Son livre Voix off, composé de chapitres plus ou moins longs, est un recueil consacré à des voix aimées oubliées ou disparues, familières ou indéfinissables.

Le prix Goncourt c'est évidemment plus prestigieux. C'est l'écrivain d'origine afghane Atiq Rahimi (photo) qui l'obtient cette année, déjouant les prévisions. Son roman, Syngué sabour, Pierre de patience, raconte l'histoire d'un pays dans un contexte guerrier. Un homme a reçu une balle dans la nuque et se retrouve immobilisé. Sa femme est auprès de lui, lui parle, et exprime ses émotions sans retenue, sans savoir si son mari l'entend et la comprend. Cette confession la libère de l'oppression conjugale, sociale et religieuse, l'incitant à révéler ses secrets dans le contexte d'un pays semblable à l'Afghanistan.

Atiq Rahimi a aussi réalisé Terre et cendres, adaptation de son propre roman, et film afghan présenté pour concourir à l'Oscar du meilleur film étranger en 2004. Il a reçu de nombreux prix : Prix du regard original à Cannes (Un certain regard), meilleur réalisateur à Bratislava et Gand, prix de la critique à Oslo. Le public l'a complètement ignoré. Au moins, est-il disponible en dvd (voir sur la boutique Ecran Noir).

Enfin, n'oublions pas JMG Le Clézio, prix Nobel de littérature et grand amoureux du cinéma. Lisez ainsi Ballaciner, où le romancier nous fait son cinéma, de Harold Lloyd à Mizogushi, de Ozu aux coréens d’aujourd’hui, en passant par le néoréalisme italien. Avec grâce et délectation...

Villerupt : journal d’une jurée (3) – Dernière ligne droite

Posté par MpM, le 10 novembre 2008

Jour J, 21h : Le grand moment des délibérations est enfin arrivé. D’abord, on parle de chaque film : le combat des Indiens Guarani-Kaiowa pour retrouver la terre de leurs ancêtres spoliée par de riches propriétaires brésiliens (La terre des hommes rouges) a beaucoup interpellé le jury, frappé par l’injustice fondamentale de la situation, de même que l’amour fou d’un père pour sa fille (Il papa di Giovanna) en a touché certains. Les autres font débat. Caos Calmo est-il une pâle copie de La chambre du fils ou une parabole extrêmement touchante sur le deuil et la tendresse ? Pranzo di Ferragosto est-il une comédie sans prétention, joliment écrite mais non révolutionnaire, ou au contraire un petit bijou d’humour et d’humanisme ? Celui qui divise le plus, c’est Il divo : quelques jurés adorent, quelques jurés détestent. Les autres sont perplexes ou avouent n’avoir pas tout compris. Le choix s’annonce finalement très serré, aucune œuvre ne parvenant à faire l’unanimité. C’est alors l’heure du vote, à bulletins secrets. Le décompte se fait avec une certaine fébrilité, d’autant que tout se joue dans un mouchoir de poche. Alors, le résultat ? Encore un peu de patience, il sera annoncé le 14 novembre lors de la soirée de remise des prix ! Je suis d’ailleurs tenue par le secret de la délibération, aussi tout ce que je peux vous dire, c’est que le lauréat est un film intéressant, même si ce n’était pas mon coup de cœur…

22h30 : Enfin une pause bien méritée ! Après avoir hésité (au moins trois secondes) à regarder notre 6e film de la journée, nous partons dîner. Preuve que le moment de vérité des délibérations n’a pas trop entamé l’ambiance… A table, on discute encore de notre choix qui laisse quelques frustrations, et puis le débat s’élargit sur le cinéma en général, la vie et le reste. Histoire de prolonger encore un peu cette aventure, avant que chacun ne reparte de son côté.

J+1 : Epilogue. Dans le train qui me ramène à Paris, je fais le bilan de cette expérience de jurée : plein de films, quelques échanges animés, des rencontres passionnantes, une ambiance chaleureuse et décontractée… Un vrai régal ! Mon seul regret ? Que cela ait passé si vite…

Akitsu Shima : le musée Guimet poursuit son exploration du Japon

Posté par MpM, le 10 novembre 2008

La balade de NarayamaAprès le cycle "Edo", consacré aux films traitant de la période de repli du Japon sur lui-même, l’auditorium du Musée Guimet s’intéresse à un autre aspect du pays du soleil levant : sa spiritualité. A partir du 12 novembre, et ce jusqu’à la fin du mois de janvier 2009, la programmation invite en effet à partir à la découverte des croyances et courants spirituels d’"Akitsu Shima".Cette expression, qui signifie "l’île aux libellules", fut d’après l’histoire mythologique du Japon ancien le premier nom donné au pays, et renvoie à un passé ancestral qui vit la naissance du shintoïsme. Cette religion antique (littéralement : "la voie des Dieux") désigne l’ensemble des pratiques culturelles ancestrales, par opposition au bouddhisme venu de Chine au VIe siècle.

Car au Japon, la spiritualité est multiple et traditionnelle, reposant souvent sur l’oralité (comme les rituels de l’archipel de Yaeyama filmées dans La transmission de la tradition d’Antonio Guerreiro ou la récitation et le chant de contes héroïques des Aïnus d’Hokkaido racontés par Ken Oguri) et la répétition de rites immémoriaux. Ainsi la tradition de l’ascèse de la marche (L’entrée dans la montagne de Daniel Moreau) ou celle de la marche éternelle d’Ajari (Les milles jours de Daniel Moreau). Sans oublier les écoles zen (Le zen, son esprit et sa culture), la cérémonie du thé reconnue comme l’une des voies pour atteindre la sérénité et le calme de l’âme par le maître de thé Sen no Rikyu (La mort d’un maître de thé de Ken Kumai) et la fête des morts (La saison des fantômes de Caroline Laffon et Sylvain van Eeckhout).

En alternance avec cette exploration métaphysique de l’âme japonaise, l’auditorium Guimet propose une rétrospective de l’œuvre de Shohei Imamura, l’une des figures les plus marquantes de la Nouvelle vague japonaise, ancien assistant d’Ozu et observateur acéré de la société nippone. On pourra ainsi (re)découvrir sept de ses plus grandes œuvres, parmi lesquelles La balade de Narayama et L’Anguille (tous les deux palmes d’or à Cannes respectivement en 1983 et 1997) ou encore Pluie noire (qui aborde le drame d’Hiroshima), Kanzo Sensei (Docteur Akagi) et son dernier long-métrage, De l’eau tiède sous un pont rouge.

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Du 12 novembre 2008 au 30 janvier 2009
Séances à 12h15 les lundis, mercredis ou vendredis selon les semaines
Programme complet et informations sur le site de l’Auditorium Guimet

Villerupt : journal d’une jurée (2) – Dans la mêlée

Posté par MpM, le 9 novembre 2008

Jour J, 9h : C’est l’heure de la première séance : La terre des hommes rouges de Marco Bechis. Le projectionniste qui a fini tard la veille n’est pas encore arrivé, on profite de ce contretemps pour profiter de la lumière du jour et faire le plein d’air frais. Qui sait quand on aura l’occasion de recommencer !

9h15 : La séance commence, dans des conditions idéales de projection : on a la salle pour nous tous seuls !

11h : Sans transition, on enchaîne sur Il papa di Giovanna de Pupi Avati, cette fois-ci dans une salle comble.

13h : Pause déjeuner. Vite, on en profite pour partager ses impressions sur les deux premiers candidats à l’Amilcar de la presse. C’est l’occasion de sonder les goûts de chacun et d’anticiper la délibération en faisant le compte des alliances possibles. Les réactions sont disparates, mais globalement pas dithyrambiques. Le déjeuner, lui, est englouti à vitesse grand V. C’est qu’Il divo de Paolo Sorrentino nous attend !

14h15 : A nouveau bien calés dans nos fauteuils, nous attendons que le film commence. C’est souvent la séance la plus compliquée, celle où la fatigue se fait le plus sentir. L’envie de piquer du nez est parfois un peu forte, mais Il divo tient en haleine. Et puis ce n’est pas le moment de flancher !

16h25 : Il nous reste cinq minutes pour rejoindre la salle où a lieu la projection suivante. Un peu unilatéralement, nous nous accordons malgré tout une petite pause : après tout, c’est aussi l’avantage de faire partie du jury, la séance ne démarrera pas sans nous…

16h35 : On arrive finalement dans une salle pleine à craquer : il a fallu refuser des spectateurs pour nous garder des places ! Personne ne menace de nous lyncher, c’est déjà ça… Dès qu’on est installé, le film démarre : Caos calmo de Antonio Luigi Grimaldi.

18h30 : Allez, courage, c’est le dernier ! On sort prendre l’air deux minutes… le temps de se rendre compte que la séance suivante a en fait lieu à l’autre bout de la ville, dans une ancienne chapelle reconvertie en salle de spectacles. Zut, on va encore être en retard.

18 h 40 : Une gigantesque file d’attente nous accueille à l’entrée de la chapelle : quel succès pour Pranzo di Ferragosto de Gianni di Gregorio ! Il faut même rajouter quelques chaises ici et là pour accueillir tout le monde.

Vilaine : pas si bête et méchant

Posté par MpM, le 9 novembre 2008

VilaineL’histoire : Mélanie (Marilou Berry) n’est pas sourde, elle est juste trop gentille. Ce qui explique qu’elle avale les pires horreurs sans répliquer et laisse absolument tout le monde lui marcher sur les pieds, de ses copines méprisantes à son boss profiteur. Mais voilà, un jour, Mélanie craque, et décide de changer. Désormais, elle sera méchante.

Ce qu’on en pense : Vilaine est construit comme un conte de fées qui aurait été monté à l’envers. A savoir que les trois fées chargées de veiller sur la princesse sont de vraies salopes et que ce n’est pas le mal qui se met en travers de l’amour, mais plutôt le contraire. Détaché de tout politiquement trop correct (sans non plus y aller au vitriol, on n’est pas chez John Waters, les deux réalisateurs Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit le reconnaissent eux-mêmes), le film réalise alors le rêve secret de chacun : envoyer balader convenances et bonne conscience pour s’adonner au plaisir jouissif d’être ouvertement méchant et de rendre crasse pour crasse. Certaines vengeances imaginées par les deux compères sont d’ailleurs assez jubilatoires, comme le passage d’une des trois "fées" au jeu télévisé "les chiffres et les lettres", et provoquent une franche hilarité. L’utilisation de codes du film de genre (l’apprentissage du super héros, l’attaque de zombies, la tentative de meurtre sanglant avec un radiateur...) y est pour beaucoup, apportant sans cesse un contrepoint loufoque à des situations qui pourraient être réelles et pas franchement drôles (les brimades, l’exploitation, la cruauté…)

Du coup, on est plus indulgent sur les maladresses et les outrances, et même sur quelques clichés qui ont la vie dure, comme la nécessité de dévaliser les boutiques de créateur pour être enfin soi-même… On refusera aussi de s’insurger contre le traitement fait aux malheureux chatons ou aux vieux bassets incontinents… ou de percevoir la décomplexion envers une certaine forme de méchanceté gratuite comme une incitation à plus d’individualisme et de sans-gêne ! Ce que l’on retient, c’est le ton burlesque qui habite le film du début à la fin, lui donnant réellement une tonalité à part dans le paysage de l’humour français. Tout le casting est à ce titre impressionnant, parvenant à se mettre à l’unisson d’un univers décalé et légèrement outré sans tomber dans la mauvaise caricature. Pas révolutionnaire, mais agréable et même cathartique pour ceux qui ont des parents indignes ou un patron odieux, ou tout simplement envie de prendre une revanche sur la vie.