Le voyage dans la lune, de Georges Méliès : le premier blockbuster de l’histoire du cinéma

Posté par Benjamin, le 14 décembre 2011

Pour moi, tout commence en décembre 2010 lorsque je rencontre Serge Bromberg pour la première fois dans les locaux de Lobster Film à Paris. Je viens lui poser de nombreuses questions sur la restauration des tout premiers films de Chaplin qui viennent de sortir en DVD. Nous discutons un peu. Il me montre une partie de sa collection, quelques bobines de Buster Keaton que j’admire. Et en guise de cadeau, le restaurateur accepte de me montrer sur quel projet fou il travaille d’arrache-pied depuis quelques temps. Il ouvre une boîte et je découvre avec horreur des milliers de petits bouts de pellicule ! C’est Le voyage dans la lune de Georges Méliès, dans une version colorisée inédite (voir notre critique), et Serge Bromberg me dit : « vous verrez, dans quelques mois, ce projet fera du bruit. On en entendra parler partout ! ». Chose promise, chose due. Le film est aujourd’hui restauré au prix d’incroyables efforts et il ressort en salles, accompagné d’un superbe documentaire.

C’est l’histoire d’un voyage dans le temps et aux quatre coins du globe. Un voyage qui débute en 1902, qui passe par Cannes, Londres, Tokyo, New-York et qui fait même un arrêt sur la lune ! C’est une histoire incroyable. Un pari de dingues, de passionnés qui n’avaient qu’une idée en tête : ressusciter le film le plus célèbre de Georges Méliès, l’inventeur du cinéma de divertissement.

Le premier blockbuster de l’histoire du cinéma

La qualification est forcément racoleuse, et pourtant nous ne sommes pas si éloignés de la réalité. Au début du siècle dernier, le cinéma en est à ses balbutiements et c’est la production cinématographique française qui règne en maître dans le monde. Ce sont nos films qui s’exportent aux États-Unis et non l’inverse. Et LE réalisateur de films divertissants de l’époque n’est autre que Georges Méliès, magicien de profession, qui tombe amoureux du cinéma et des possibilités infinies qu’il peut offrir. Dans ses studios de Montreuil, Méliès réalise en 16 ans plus de 500 films et Le voyage dans la lune, tourné en 1902, est un de ses projets les plus ambitieux. L’artiste/artisan aime plonger le spectateur dans des univers féériques et fantastiques. Il nous embarque dans des explorations sous-marines à la rencontre de monstres impitoyables ou bien nous envoie haut dans le ciel parmi les étoiles. Cependant, Méliès, veut aller toujours plus loin ! Il aimerait surprendre toujours plus et livrer LA superproduction de l’époque.

Il décide donc d’aller sur la lune ! Le budget est colossal (10 000 francs), la longueur du film (15 minutes) totalement inédite pour l’époque, et Méliès engage un nombre important de figurants. Bref, les moyens mis en place sont ceux qu’Hollywood peut mobiliser pour un blockbuster d’aujourd’hui.

L’histoire est simple : des scientifiques décident d’être propulsés sur la lune à bord d’une sorte d’obus géant. Là-bas, ils découvrent une nature luxuriante, quoique mystérieuse et quelque peu hostile, ainsi que les « locaux », les Sélénites, qui tentent de les capturer. Heureusement, les aventuriers parviennent à regagner la terre ferme où ils sont accueillis en héros.

Dès sa sortie, le film est un énorme succès. Les forains se l’arrachent et le film est même très fortement "piraté" aux États-Unis. Des copies frauduleuses circulent sur tout le territoire, obligeant Méliès à ouvrir une succursale à New-York pour faire valoir ses droits.

Cependant, et c’est ce qui nous intéresse ici, Méliès veut que le spectacle soit total et pour cela, il veut de la couleur, ce qui coûte cher ! Certaines copies seront vendues en noir et blanc (la majorité), tandis que d’autres seront en couleur (des versions « de luxe »). Et en couleurs signifie, dans le cas du Voyage dans la lune, la dextérité de 400 jeunes filles armées d’un pinceau et peignant chaque case de pellicule une par une, chaque personne ayant en charge une couleur précise. Cela signifie une patience absolue et de longues journées de labeur.

Malgré l’époque et un art encore hésitant, Georges Méliès s’affranchit des limites du réel. Il va sur la lune et met de la couleur sur la pellicule, puisqu’il ne peut la filmer en direct. Et c’est d’ailleurs cela qui donne au Voyage dans la lune son aspect si original et atemporel. La couleur n’est pas une couleur « naturelle », elle est flagrante, voyante, et renforce l’aspect fantastique et féérique du film.

Pour le 150ème anniversaire de sa naissance, Georges Méliès peut se dire que, bien qu’il ait fini dans la pauvreté et dépouillé de ses studios, son cinéma, lui, est toujours présent, et sa féérie parfaitement intacte.

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Le voyage dans la lune est programmé dans les salles françaises à partir du 14 décembre en accompagnement du documentaire Le voyage extraordinaire, de Serge Bromberg, qui explique sa restauration.

Restauration du Voyage dans la lune de Georges Méliès : un Voyage extraordinaire

Posté par Benjamin, le 14 décembre 2011

Le voyage dans la lune de Georges Méliès vient d’être restauré dans une version colorisée inédite par Lobster Films, la Fondation Technicolor, la Fondation Groupama Gan pour le cinéma et Tom Burton de la Technicolor Film Foundation et il est présenté depuis Cannes dernier dans les festivals du monde entier.

Le film ressort en salles cette semaine (voir notre critique), accompagné d’un documentaire, Le voyage extraordinaire d’Éric Lange et Serge Bromberg. D’une durée d’une heure, ce dernier retrace la carrière du cinéaste ainsi que le tournage du film, pour, dans une seconde partie, se concentrer sur la restauration. Des témoignages (de Michel Gondry ou Costa-Gavras pour ne citer qu’eux), des documents inédits et des commentaires pertinents composent ce documentaire très instructif.

Une restauration dans l’attente

Tout commence en 1993 lorsqu’un anonyme donne généreusement plus de deux cents films muets à la Filmoteca de Catalunya parmi lesquels se trouve une version en couleur du Voyage de la lune, perdu depuis 80 ans !

En 1999, la Filmoteca et Lobster Films échangent des pellicules. Des Segundo de Chomon pour les espagnols et des Georges Méliès pour les français, dont le fameux Voyage dans la lune qui est dans un état plus que déplorable. Mais pour Éric Lange (restaurateur chez Lobster Films), c’est un rêve d’enfant et le pari de toute une vie qui se présente. Il accepte, ne sachant encore ce qu’il pourra faire de cette pellicule « collée », qui forme un seul et unique bloc aussi solide que du bois. Comment faire pour détacher la pellicule sans la détruire ? Peut-on sauver le film ? Peut-on le restaurer ? Autant de questions auxquelles personne n’a de réponse…

En 1999, les techniques de restauration sont insuffisantes, alors le film est conservé dans un coin, dans l’attente d’une solution. La pellicule est toutefois placée sous une cloche de verre, subissant des vapeurs acides qui doivent « faire respirer » le matériel. Ces vapeurs permettent à la pellicule de se décoller lentement. Avec une minutie exemplaire, Éric Lange, tel qu’on le voit dans le documentaire, travaille sur son temps libre et s’aide d’un bout de pellicule pour dérouler le film de Méliès, bout par bout. Des petits morceaux se détachent et il photographie chaque image, une à la fois ! Il y passe de nombreuses nuits et, un an plus tard, ce sont  13 375 images (dont certaines sont brisées en plusieurs morceaux) qui sont stockées dans un disque dur et qui attendent des technologies suffisamment performantes pour être restaurées.

Cependant, la politique de la Fondation Technicolor, de la Fondation Groupama Gan et de Lobster Films, est, non seulement de restaurer le film, mais également de sauvegarder la pellicule ! Toute pellicule « ancienne » est placée sur une nouvelle, plus stable et plus résistante, dont on estime la durée de vie à 1 000 ans. Or, ici, la pellicule était dans un tel état que seules les images sur le disque dur sont sauvées. La pellicule, après le traitement des vapeurs acides, s’est solidifiée pour devenir aussi fragile que du verre. Impossible de la passer dans une tireuse optique pour la déposer sur un support plus stable sans qu’elle s’abîme et se brise davantage. Le film d’origine est donc quasiment perdu…

Le secours du numérique

De 1999, il faut passer directement à 2010 où Lobster Films s’associe à la Fondation Technicolor et à la Fondation Groupama Gan pour restaurer ensemble Le voyage dans la lune. Grâce au numérique, on peut enfin envisager de restaurer le film. Il faut tout d’abord recomposer les images. Imaginez que vous faites tomber un verre du 10e étage et que l’on vous somme de lui rendre son aspect d’origine ! Multipliez cette opération une centaine de fois et vous aurez une estimation de la tâche qui attendait tous ces restaurateurs.

Pour mener à bien cette opération d’envergure (tous les restaurateurs en charge du projet ont affirmé qu’il s’agit de la restauration la plus difficile jamais effectuée jusqu’à présent), les trois équipes françaises traversent l’Atlantique pour aller trouver l’aide de Tom Burton, dans les bureaux de Technicolor à Los Angeles, et dont la devise est : "Ce qui est difficile, nous le faisons immédiatement. Ce qui est impossible prendra juste un petit plus de temps." C’est là-bas que pendant de longs mois le plus gros de la restauration sera fait.

Les images vont être recomposées une par une, et remises dans l’ordre. Les séquences vont être ajustées. Les couleurs vont être à nouveau peintes, à la main ! Des mois de travail acharné pour faire renaître le grand film de Méliès. Et puisque 7 % du film manque, les restaurateurs vont aller les chercher dans une copie noir et blanc pour que le film soit complet. Enfin, pour pouvoir atteindre un public large, une musique originale est composée par le groupe Air. Une musique électro qui s’accorde parfaitement au film.

Le voyage dans la lune marque ainsi un tournant dans l’Histoire de la restauration. Il prouve que les diverses sociétés de production ont un seul et même but commun. Il prouve que les technologies d’aujourd’hui permettent de restaurer ce que tout le monde disait impossible à sauver ! Et enfin, il prouve qu’un film restauré peut, en 2011, faire l’ouverture du festival de Cannes, juste avant le film de Woody Allen, et être applaudi par des milliers de spectateurs à travers le monde.

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Le voyage dans la lune est programmé dans les salles françaises à partir du 14 décembre en accompagnement du documentaire Le voyage extraordinaire, de Serge Bromberg, qui explique sa restauration.

Charlotte Gainsbourg pour la troisième fois chez Lars von Trier ?

Posté par vincy, le 13 décembre 2011

Les Films du Losange persévère dans leur fidélité à Lars von Trier. Le distributeur français, qui diffuse les films du cinéaste danois depuis Breaking the Waves en 1996, sortira The Nymphomaniac en France.

Von Trier, récemment récompensé aux European Film Awards pour Melancholia (meilleur film), continue d'écrire le scénario de son nouveau film. Le tournage devrait débuter durant l'été ou l'automne 2012. Il sera divisé en 8 chapitres, et sortira en deux versions : une non censurée et une comportant des scènes de sexe explicites, vraisemblablement classée X.

Charlotte Gainsbourg est en pourparlers pour interpréter le rôle principal du film. Ce serait sa troisième collaboration (successive qui plus est) avec le réalisateur, réputé intraitable avec ses comédiens. On l'a vue dans Melancholia face à Kirsten Dunst et dans Antichrist qui lui avait valu le prix d'interprétation féminine à Cannes.

Lars von Trier voudrait aussi enrôler le partenaire de Gainsbourg dans Antichrist, Willem Dafoe. Pour l'instant, seul Stellan Skarsgard a confirmé sa présence au générique. Ce serait leur cinquième film ensemble.

The Nymphomaniac est l'histoire de la découverte de l'érotisme d'une femme et traite de pornographie, prostitution et mutilation génitale (voir aussi notre actualité du 1er août).

Universal distribuera le futur film de Besson avec Angelina Jolie

Posté par vincy, le 13 décembre 2011

Universal a signé pour distribuer le prochain film de Luc Besson dans 80% des territoires, y compris l'Amérique du nord. Le film, produit par Europacorp et qui sera tourné en anglais au printemps prochain, a une star de premier ordre : Angelina Jolie. L'actrice succède ainsi à Michelle Yeoh et Milla Jovovich au tableau de chasse "hollywoodien" du réalisateur.

Si l'on ne sait rien de l'histoire écrite par Besson, le site DeadLine croit savoir qu'il s'agit d'une production de grande ampleur, et d'action.

Le film n'est pour l'instant pas prévu dans le planning français d'Europacorp pour 2012. Une sortie en 2013?

La sortie d’Hugo Cabret subit la grève des laboratoires LTC

Posté par vincy, le 13 décembre 2011

Après l’annonce de la possible mise en liquidation par le tribunal de Nanterre du laboratoire LTC, les salariés se sont mis en grève vendredi dernier.

Cela impacte sur l’une des plus grosses sorties de la semaine, et la plus importante sortie de l’année de son distributeur : Hugo Cabret, de Martin Scorsese. 695 copies. Le distributeur Metropolitan Filmexport a du faire face au blocage de 25% des copies 35MM (environ 140/150). Le reste du plan de sortie est prévu en copie numérique. Metropolitan a donc demandé à Technicolor Italia, à Rome, de tirer les copies manquantes, qui seront livrées à temps. Mais à quel prix, si l’on compte aussi les frais d’acheminement en livraison express ?

Selon Le Film Français, la grève des laboratoires LTC touche aussi 32 réassorts d’Intouchables. Ces 32 copies ne seront pas livrées à temps pour mercredi, mais devraient être disponibles pour jeudi.

Les 115 salariés de LTC se battent contre la liquidation de leur société qui pourrait être décidée jeudi.

Le festival d’un jour clôt la saison 2011 d’Espagnolas en Paris

Posté par MpM, le 12 décembre 2011

crebinskyPour la dernière de l'année, Espagnolas en Paris  invente un concept novateur et festif, un festival d'un jour centré autour d'un film joyeux, poétique et décalé, qui a déjà su séduire le jury du Festival Cinespaña 2011 : Crebinsky d'Enrique Otero, Violette d'or lors de la dernière manifestation toulousaine, mais également double prix d'interprétation pour les acteurs Miguel De Lira et Sergio Zearreta et prix de la meilleure musique pour le compositeur Pablo Pérez.

Au programme de cette journée exceptionnelle, deux rencontres professionnelles (l'une entre Enrique Otero et des universitaires parisiens et l'autre sur la question des perspectives du cinéma espagnol, avec notamment la présentation du catalogue de la production galicienne 2012) et une soirée pleine de surprises au Majestic Passy.

En présence du réalisateur Enrique Otero et de Miguel de Liria, acteur et scénariste, Crebinsky sera ainsi présenté au public et recevra symboliquement le prix C+ du Festival d'un jour, destiné à encourager sa sortie dans les salles françaises.

Un hommage sera rendu par la même occasion au festival Cinespaña de Toulouse en présence de Françoise Palmerio-Vielmas, présidente de Cinespaña, Patrick Bernabé, vice-président, et Judith Colell, vice-présidente de l'Académie du cinéma espagnol. L'occasion de rappeler l'important travail de découverte de diffusion réalisés par l'équipe de Cinespana depuis maintenant plus de quinze ans.

Après la projection, place aux festivités avec le premier concert français de la Banda Crebinsky au grand complet (dix musiciens) et un buffet de Noël à base de produits galiciens.

Moralité, ce nouveau festival a beau ne durer qu'une journée, il parvient quand même à concentrer les principaux temps forts de toute fête du cinéma qui se respecte : un bon film, des rencontres, et une ambiance chaleureuse !

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Festival d'un jour
Lundi 12 décembre 2011
au Majestic passy

Informations sur le site d'Espagnolas en Paris

The Descendants, favori des Critiques de Los Angeles

Posté par vincy, le 12 décembre 2011

C'est la troisième fois qu'Alexander Payne remporte le prix du meilleur film de l'Association des Critiques de Los Angeles. The Descendants succède ainsi à Monsieur Schmidt (2002) et Sideways (2004). Avec ce prix, il cumule sept récompenses de la part de cette association tout au long de sa carrière : un record. Il en avait déjà établi un avec Sideways, cinq fois primé.

A trois jours de  l'annonce des nominations aux Golden Globes, The Descendants rejoint Hugo Cabret et The Artist parmi les favoris pour les Oscars. A noter cependant qu'hormis Démineurs en 2009, aucun gagnant du meilleur film de cette Association n'a obtenu l'Oscar depuis 1993...

De même, Michael Fassbender semble proche de la statuette tant il squatte les palmarès depuis deux semaines mais Clooney et Pitt ont encore leur chance. Christopher Plummer et Albert Brooks se livrent une bataille pour le second rôle masculin. Tilda Swinton part dans les favorites pour l'Oscar de la meilleure actrice. Et Jessica Chastain pourrait faire la course en tête côté second rôle féminin. Une séparation paraît imbattable pour le film en langue étrangère et Rango a quelques longueurs d'avance sur ses rivaux dans la catégorie film d'animation.

Côté réalisateur, en revanche tout reste ouvert : Scorsese et Malick sont difficiles à partager. Et les critiques de Los Angeles l'ont bien compris en récompensant l'un et en citant l'autre comme finaliste. S'ils snobent The Artist, les critiques californiens se singularisent surtout avec une meilleure actrice coréenne (qui succède à une autre coréenne et à Yolande Moreau en 2009), un film chinois deux fois récompensé et un prix honorifique à la grande Doris Day (L'homme qui en savait trop, Confidences sur l'oreiller, Un pyjama pour deux).

Meilleur film : The Descendants / finaliste : The Tree of Life

Meilleur réalisateur : Terrence Malick / finaliste : Martin Scorsese

Meilleur acteur : Michael Fassbender (Shame) / finaliste : Michael Shannon (Take Shelter)

Meilleure actrice : Yun Jung-hee (Poetry) / finaliste : Kirsten Dunst (Melancholia)

Meilleur scénario : Une séparation / finaliste : The Descendants

Meilleur second rôle masculin : Christopher Plummer (Beginners) / finaliste : Patton Oswalt (Young Adult)

Meilleur second rôle féminin : Jessica Chastain (6 films) / finaliste : Janet McTeer (Albert Nobbs)

Meilleure image : The Tree of Life / finaliste : City of Life and Death

Meilleur décor : Hugo Cabret / finaliste : La taupe

Meilleure musique : Hanna par The Chemical Brothers / finaliste : Drive par Cliff Martinez

Meilleur film en langue étrangère : City of Life and Death / finaliste : Une séparation

Meilleur documentaire : La Grotte des rêves perdus/ finaliste : The Arbor

Meilleur film d'animation : Rango / finaliste : Les aventures de Tintin

Prix Douglas E Edwards pour le meilleur film indépendant, expérimental ou vidéo : Spark of Being

Prix pour l'ensemble de sa carrière : Doris Day

Prix Nouvelle génération : Martha Marcy May Marlene

Rencontres Henri Langlois 2011 : palmarès et clap de fin

Posté par redaction, le 12 décembre 2011

rihl poitiers 2011Les 34e Rencontres Henri Langlois auront particulièrement bien porté leur nom lors de cette édition 2011 ! Cette année, professionnels et amateurs du 7e art se sont en effet réunis dans un esprit de convivialité et surtout de partage pour générer  échanges et débats autour des courts métrages, des leçons de cinémas, des conférences ou encore lors des soirées où l’humeur était au beau fixe. Comme tous les ans, Poitiers s’est ainsi érigé l’espace d’une semaine en un véritable carrefour international des écoles de cinéma, recevant les réalisateurs en compétition, qu’ils proviennent d’Amérique du sud ou d’Europe de l’Est, et incitant son public à découvrir davantage de films provenant d’horizons culturels complètement différents.

Avec des invités d’honneur comme l’illustre réalisateur mexicain Arturo Ripstein, qui a ponctué de sa présence une majeure partie des festivités, ou encore le réalisateur Michel Hazanavicius et le compositeur Ludovic Bource pour leur récent succès The Artist, ces 34e rencontres ont fait plus que jamais le pont entre talents confirmés et en devenir.

Samedi soir, lors de la clôture du festival, le jury composé de Hélène Zylberait, Dante Desarthe, Justin frozen storiesTaurand, Tanel Toom et Stéphane Touitou a donc récompensé le très émouvant et singulier Frozen Stories du Polonais Grzegorz Jaroszuk, également gratifié du prix du public. Le réalisateur offre avec ce court métrage 27 minutes délicieusement grinçantes teintées d’un humour décadent, retraçant la rencontre forcée de deux employés d’un même supermarché menant un quotidien insipide. Dépité de leur incompétence et de leur paresse, le directeur du magasin les sanctionne d’une manière des plus originales : trouver en 48 heures un sens à leurs vies. Un court moment de cinéma, bouleversant de réalisme, et qui happe le public avec ce désarroi que hante la jeunesse du 21e siècle (à l’instar également des générations précédentes) mais ne l’empêche pas d’espérer vivre le bonheur au moins une fois dans sa vie.

Le reste du palmarès fait la part belle à l’Europe de l’Est (boudant la France au passage) et notamment à l’Allemagne, qui place deux films. La Russie cumule quant à elle trois prix pour le seul Reaching Out To Mama d'Olga Tomenko qui repart avec le prix de mise en scène, celui de la Critique française et du jury étudiant.

Pour le public parisien, une partie du palmarès sera repris à la Cinémathèque française le 14 décembre à 20h30. L’occasion de s’offrir un aperçu du meilleur de la toute jeune création cinématographique contemporaine et de goûter a posteriori la fameuse ambiance des rencontres Henri Langlois.
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Le palmarès

Grand Prix du Jury
Frozen Stories de Grzegorz Jaroszuk (Pologne)

Prix Spécial du Jury

L'Échange de Maria Steinmetz (Allemagne)

Prix de la Mise en Scène
Reaching Out To Mama d'Olga Tomenko (Russie)

Prix du Scénario
Silent River de Anca Miruna Lazarescu (Allemagne)

Prix Wallpaper Post
Broken Pieces de Sae-mi Yang (Corée du sud)

Prix Découverte de la Critique Française
Reaching Out To Mama d'Olga Tomenko (Russie)

Mention spéciale du Jury de la Critique Française
Umbral de Matias López (Chili)

Prix du Public
Frozen Stories de Grzegorz Jaroszuk (Pologne)

Prix du Jury Étudiant
Reaching Out To Mama d'Olga Tomenko (Russie)

Prix Amnesty International France
Abuelas d'Afarin Eghbal (Grande Bretagne)

Yanne Yager

Festival du Film de Vendôme : une semaine de découvertes

Posté par christophe, le 11 décembre 2011

Tout au long de cette semaine, il s'est passé de nombreux événements riches et variés au 20ème Festival du Film de Vendôme.

Sans pouvoir être exhaustif, lundi 5 décembre, par exemple, certains élèves du lycée Rotrou ont eu la chance d'avoir une rencontre exclusive avec Benoît Forgeard à la fois membre du jury, réalisateur et acteur dans Réussir sa vie. Son film fut d'ailleurs projeté samedi 3 décembre. Il se situe entre Le Sens de la vie, des Monty Pythons, et un humour à la Gotlib. Le réalisateur nous sert là un film délirant, ou plutôt "barré" selon son expression.
Autre bijou: Là où meurent les chiens, de Svetlana Filippova. Il s'agit d'un court métrage d'animation de sable sur verre. C'est un film très émouvant, avec peu de dialogues. Il retrace la vie d'un chien avec une dimension spirituelle. La réalisatrice enchante notre regard et notre esprit par une prouesse technique qui allie originalité et contraste.
Autre belle surprise durant ce festival: Le Marin masqué, de Sophie Letourneur, est un court métrage sur deux parisiennes, Laëtitia et Sophie, qui partent en virée en Bretagne. Laëtitia va revoir son amour de jeunesse, "le marin masqué". La jeune réalisatrice nous offre un film léger et plein d'humour. L'histoire en elle-même n'a pas une grande importance, c'est une toile de fond qui laisse place au côté artistique en privilégiant l'image et le son.
Une belle révélation aussi avec Dicen, réalisé par Ruiz de Azua Alauda. C'est  une histoire à la fois émouvante et dure. Pourquoi est-on persécuté lorsque l'on est différent ? La réalité de Dicen marque le spectateur. Cette fiction dénonce les problèmes d'une société moderne et hypocrite qui reste indifférente face à la méchanceté gratuite et l'acharnement.
Mardi 6 décembre, nous avons assisté à Instants critiques, une pièce de théâtre mise en scène par François Morel et interprétée par Olivier Bloche, Olivier Saladin et Lutèce Sassela dont le jeu était surprenant, plaisant et juste. Les avis des "acteurs-critiques" s'opposent durant toute la pièce et la première partie traite de la Nouvelle Vague: on passe de Truffaut à Godard, sans oublier Rohmer... Serait-ce un hommage ?

Un festival sous le signe du plaisir, qui s'est clôt avec le traditionnel palmarès.

Palmarès

- Grand Prix National
Le Marin masqué, de Sophie Letourneur

- Grand Prix Européen
Killing the chickens to scare the monkeys, de Jens Assur

- Prix Spécial du Jury
Compétition Nationale: Un monde sans femmes, de Guillaume Brac
Compétition européenne: Girl, de Fijona Jonuzi

- Prix Spécial 20 ans
Et ils gravirent la montagne, de Jean-Sébastien Chauvin
La Maladie blanche, de Christelle Lheureux

- Prix de la Jeunesse
Compétition Nationale: Les Pseudonymes, de Nicolas Engel
Compétition européenne: Dicen, de Ruiz de Azua Alauda

- Prix de la Mise en Scène
Birdboy, de Alberto Vasquez et Pedro Rivero

- Prix d'Interprétation
Alexandre Steiger dans Le Commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien, de Erwan Le Duc

- Prix du Public
Asylum, de Joern Utkilen

- Prix Format Court
La Maladie blanche, de Christelle Lheureux

- Prix Cinécole en Vendômois
Citrouilles et vieilles dentelles, de Juliette Loubières

L’instant Court : Blackout et Détritus, réalisés avec un téléphone par Judith Milligan

Posté par kristofy, le 11 décembre 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Dans mon jardin réalisé par Sylvain Gillet, voici l’instant Court n° 57.

Vous avez une minute et un téléphone mobile qui filme ? On vous invite à participer au prochain Mobile Film Festival ! Si vous êtes créatif, vous pouvez remporter 15 000 euros et un producteur pour réaliser un film, si vous êtes spectateur, vous pourrez voir ces petits courts métrages sur internet et voter pour votre préféré.

Le concept du Mobile Film Festival, c’est en effet 1 minute, 1 mobile, 1 film. Il faut l’envoyer avant le 5 janvier, le public pourra voter jusqu’au 5 février, et la cérémonie de remise des prix aura lieu le 8 février (les détails pour participer sont à voir sur le site mobilefilmfestival.com). La présidente du jury sera la scénariste-réalisatrice Danièle Thompson, accompagnée de Elsa Amiel, Laurent Cotillon, Marc-Benoît Créancier, Arié Elmaleh, Frédéric Fleurier, Isabelle Giordano, Victor-Manuel Godoy, Sylvie Landra, Jessica Rosselet, et Yann Samuell.

Et pour vous inspirer, voici le court-métrage Blackout, réalisé par Judith Milligan, d’une durée d'une minute, et filmé lui-aussi avec un téléphone mobile, suivi de Détritus, également réalisé par Judith Milligan.

La réalisatrice Judith Milligan nous fait part de ses expériences de tournage avec un téléphone.

Ecran Noir : Combien de films très courts avez-vous présenté en festival et pourquoi ?

Judith Milligan : J'ai participé car c’est une manière de filmer plus spontanée et on a moins d'attente par rapport a la technique (lumière/son). Détritus a été au Pocket Film Festival (Beaubourg), Ich bin in Goteborg geboren et Klementine étaient au Mobile Film Festival d’Allemagne,  Pied bot et Close shave au Mobile Film Festival français. Blackout lui n'était pas en festival, et  Stories to be told était pour une expo privée du travail de l'artiste Stacey Jaco Wilson.

EN : En général comment sont les films que l’on peut voir au Mobile Film Festival ?

JM : Je trouve que l'année 2009 était un grand cru, voir un résumé ici. Je pense que le petit écran par exemple sur internet convient mieux que le grand écran pour regarder ce genre de court. Il y a un moment où on se dit qu'il y a peu de films tournés avec un téléphone portable qui n'auraient pas été mieux si ils avaient été tournés avec une vraie caméra et un budget.

EN : Cette durée de 1 minute est-elle plus une frustration ou une stimulation ? 

JM : Une stimulation : j'adore les contraintes, surtout quand on n'a aucun budget ! Mais c'est vrai que, du coup, je vais favoriser un montage rythmé pour compenser le manque d'histoire.

EN : En quoi un téléphone est-il - ou pas - une caméra comme une autre, et est-ce qu'il implique une façon spécifique de filmer ?

JM : Oui, on voit trop de films sur le sujet des portables ou avec les gens qui passent des coups de fils ! Je pense de plus en plus que l’intérêt est de jouer avec l'instant : le côté "à l'improviste" est finalement très sympa, et ce que je disais avant : quel est l’intérêt du portable ? Le film tourné aurait-il pu être mieux réussi avec une vraie caméra ? C'est pour ça que j'ai essayé avec Blackout de mixer une mise en scène (the morning after the night before) filmée dans le même appart dans lequel a eu lieu une vraie fête de nouvel an. Les images que j'ai tourné à la fête, ce sont les gens qui faisaient la fête et qui n'avaient aucune idée que je "tournais". Ceci dit, c'est mon seul film a ne pas avoir été sélectionné pour un festival...

EN : Le CNC va organiser une nouvelle opération ‘Le jour le plus Court’ pour promouvoir le format court, avec une journée spéciale le 21 décembre, qu’en pensez-vous ?

JM : Je trouve que le plus gros problème avec le format court, c'est que les gens essaient de faire l'esquisse de leur long métrage en espérant recevoir de l'argent et/ou du soutien pour le réaliser. Malheureusement, le genre film court (comme le roman court d'ailleurs) est peu apprécié en tant que tel, mais plutôt comme un test pour voir si on est capable de faire un film plus long, avec l'exception de l'animation ou il y a des très belles choses.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Blackout.