Renoir de Gilles Bourdos, candidat pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par kristofy, le 16 septembre 2013

renoir de gilles bourdos

Dans la catégorie Oscar du meilleur film étranger, il y a 5 films nominés, choisis après un vote des membres de l'Academie, parmi les nombreux films ayant été proposés par différents pays, du Pakistan à l'Arabie Saoudite en passant par le Japon ou le Chili.  La France a été sélectionnée 36 fois dans cette catégorie - un record - et a reçu 12 fois la statuette (juste une de moins que l'Italie).

Pour les Oscars 2014 le comité de sélection français a choisi de proposer le film Renoir de Gilles Bourdos. Depuis Un prophète en 2009, aucun film français n'a été nommé, et depuis Indochine en 1992, aucun film français n'a été oscarisé dans cette catégorie.

Chaque année, une commission de sélection de divers professionnels désignés par le Ministère de la Culture fait le choix du film à envoyer aux Oscars. Cette année autour de Thierry Frémaux (directeur général du Festival de Cannes) et de Paul Otchakovsky-Laurens (président de la commission avance sur recettes du CNC, éditeur) il y avait Laurent Cantet  (Palme d’or et nominé à l’Oscar pour Entre les murs), Estelle Fialon (productrice ayant eu une nomination à l’Oscar du meilleur documentaire l’année dernière pour The Gatekeepers), la célèbre scripte Sylvette Beaudrot, Alain Terzian (président de l’académie des Césars) et la comédienne Isabelle Adjani (qui a été nominée deux fois à un Oscar pour L'Histoire d'Adèle H. et Camille Claudel).

Cette année était particulière puisque La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2 de Abdelatif Kéchiche - Palme d’Or et donc logique compétiteur - ne pouvait pas être sélectionnable en raison de sa date de sortie en salles (avant le 30 septembre). de même la commission ne pouvait pas choisir parmi les films les plus populaires à l'instar d'Intouchables l'an dernier : Les profs (3 944 000), Boule et Bill (1 994 000), Jappeloup (1 815 000), Les Gamins (1 639 000), La cage dorée (1 219 000), Paulette (1 020 000)… Et deux autres prétendants - L’écume des jours de Michel Gondry et Grand central de Rebecca Zlotowski - ne faisaient pas l’unanimité.

Un consensus sous le signe du bon sens

Il restait à chercher parmi les films français qui ont le plus de succès à l’international (comme La cage dorée). La liste est restreinte. On pouvait s'attendre au Passé, ce fut Renoir, qui a séduit plus de 3 millions de spectateurs à l’international ; au Box office nord américain, il a cumulé 2,24 millions de dollars de recettes : c’est le troisième film en langue étrangère à dépasser ce chiffre cette année aux USA, et de loin le plus gros succès français sur le territoire. Le film avait fait son avant-première mondiale au Festival de Cannes, dans la sélection Un certain regard, en 2012. Le sujet en lui-même a tout pour séduire une Académie assez frileuse et adepte en drames historiques.

Renoir a encore un long chemin à parcourir : de nombreux pays ont déjà sorti l'artillerie lourde pour être dans les cinq finalistes, comme, par exemple, Le grand passage de Ishii Yuya (Japon), Borgman d'Alex Van Warmerdam (Pays Bas), Wadjda d'Haifaa Al Mansour (Arabie Saoudite), Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch (Maroc), The Rocket de Kim Mordaunt (Australie), Gloria de Sebastian Leilo (Chili), Deux vies de Georg Maas (Allemagne), Child's Pose de Calin Peter Netzer (Roumanie), Ilo Ilo d'Anthony Chen (Singapour), ...

Et on attend les choix espagnol, iranien, danois, argentin, ou encore chinois...

Le passé a encore de l'avenir

L’année dernière l’Oscar du meilleur film étranger à été décerné à Amour de Michael Haneke, mais sous drapeau de l’Autriche. Outre Indochine de Régis Wargnier, Jacques Tati avec Mon Oncle, Claude Lelouch avec Un homme et une femme, François Truffaut avec La nuit américaine, Bertrand Blier avec Préparez vos mouchoirs… ont remporté cet Oscar.

Parmi les films qui ont été nominés, on note Entre les murs de Laurent Cantet, Joyeux Noël de Christian Carion, Les choristes de Christophe Baratier, Le fabuleux destin de Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, Le goût des autres de Agnès Jaoui, Est-Ouest de Régis Garnier, Ridicule de Patrice Leconte… Ce sont tous des films qui ont connu un succès public et critique, la plupart ayant été distingués à Cannes et/ou aux Césars. Cependant comme beaucoup de pays font concourir aussi leur film le plus populaire il arrive souvent le candidat français ne soit pas retenu dans la liste finale, ça a été le cas pour La guerre est déclarée, Des hommes et des dieux, Persépolis, 8 femmes, La vie rêvée des anges, Les roseaux sauvages, Germinal

A noter que ne pas figurer dans cette catégorie n’empêche pas un film français de concourir dans d’autres catégories par le biais de son distributeur américain comme ça a été le cas pour Z de Costa-Gavras, La Môme de Olivier Dahan pour lequel Marion Cotillard a été oscarisée, Tess et Le pianiste de Roman Polanski, et bien entendu The Artist qui a remporté 5 Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure bande originale et meilleurs costumes). Il est probable que cette année Le Passé de Ashgar Farhadi (Oscar du meilleur film étranger en 2012 avec Une Séparation) avec Bérénice Béjo (nominée avec The Artist) soit promu de cette manière vers les Oscars tout comme La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2 de Abdelatif Kéchiche et ses comédiennes...

12 Years a Slave, prix du public à Toronto, devant Philomena et Prisoners

Posté par vincy, le 16 septembre 2013

12 Years A Slave

Un pas vers les Oscars? Le nouveau film de Steve McQueen (Shame), 12 Years a Slave, avec Chiwetel Ejifor, Michael Fassbender, Brad Pitt, Benedict Cumberbatch et Paul Dano, a remporté le très convoité prix du public au Festival de Toronto, après avoir enthousiasmé la critique. Le film sortira en France le 22 janvier 2014. L'an dernier, Happiness Therapy avait été l'heureux gagnant.

Philomena, prix du scénario à Venise (entre autres prix glanés à la 70e Mostra par le film), de Stephen Frears et Prisoners de Denis Villeneuve, ont remporté le 2e et 3e prix du public.

D'autres prix du public ont été décernés lors du plus grand festival de cinéma en Amérique du nord.

Why Don’t You Play In Hell? de Sion Sono, polar japonais, a été distingué par le public de la section Midnight Madness tandis que The Square de Jehane Noujaim, sur la révolution en Egypte, a reçu le prix du public dans la catégorie documentaire.

La FIPRESCI (critique internationale) a récompensé Ida de Pawel Pawlikowski (My Summer of Love, La Femme du Ve), dans la sélection Special Presentations, et The Amazing Catfish, premier film de la mexicaine Claudia Sainte-Luce, dans la sélection Discovery.

Le prix NETPAC (en charge de promouvoir le cinéma asiatique) a été remis à Qissa de l'Indien Anup Singh. Le prix Grolsch Film Works Discovery a honoré All the Wrong Reasons de Gia Milani.

Côté cinéma canadien, c'est le documentariste Alan Zweig qui a reçu le prix du meilleur film canadien pour When Jews Were Funny. Une mention spéciale a été donnée à Empire of Dirt de Peter Stebbing. Le prix du meilleur premier film canadien est revenu à Asphalt Watches, film d'animation de Shayne Ehman et Seth Scriver. Et le prix YouTube du meilleur court métrage canadien est allé à Noah, de Walter Woodman et Patrick Cederberg.

Ellen Page va jouer les espionnes

Posté par vincy, le 15 septembre 2013

Ellen Page change de registre. L'actrice, révélée par Juno et plus largement par Inception, devrait être la vedette de Queen & Country, un film d'espionnage et d'action.

Cette adaptation de la série BD de Greg Rucka (disponible en France en une intégrale en deux volumes) est l'histoire de Tara Chace, membre d'une section spéciale des services secrets britanniques engagée dans la lutte contre le terrorisme et dans un combat pour défendre les intérêts de la reine ainsi que ceux du pays. Elle doit arrêter un complot terroriste alors que son identité est en passe d'être révélée et que ses démons intérieurs semblent hors de contrôle.

Scénarisé par John Rogers, produit par la Chernin Entertainment et distribué par la 20th Century Fox, le film est potentiellement une franchise qui permettrait à l'actrice de s'installer parmi les futures stars hollywoodiennes. Pour la Fox, ce rôle doit être le "Jason Bourne" de Page.

La comédienne sera à l'affiche du prochain X-Men en 2014. Elle va également produire Freeheld, dans lequel elle tiendra l'un des deux rôles principaux. Il s'agit de l'adaptation en fiction d'un documentaire primé à Sundance qui évoque le combat de Laurel Hester, officier de police du New Jersey, pour le transfert de sa pension à sa partenaire, Stacie Andree, atteinte d'un cancer et qui n'avait alors plus que quelques mois à vivre.

Le Cecil B. DeMille Award 2014 pour Woody Allen

Posté par vincy, le 14 septembre 2013

Woody Allen recevra le prestigieux Cecil B. DeMille Award aux prochains Golden Globes, succédant ainsi à Jodie Foster (2013), Morgan Freeman, (2012), Robert De Niro (2011), Martin Scorsese (2010) et Steven Spielberg (2009).

Ce Golden Globe en l'honneur d'une carrière sera remis le 12 janvier 2014. Avec 45 films au compteur, dont le dernier Blue Jasmine est l'un de ses 10 plus gros succès au box office nord américain, Allen est une figure emblématique du cinéma américain. On ignore s'il viendra recevoir sa récompense - habituellement, il refuse ce genre de cérémonie au point de ne pas vouloir être en compétition dans les Festivals.

Quatre fois oscarisé (trois fois comme scénariste, une fois comme cinéaste), Woody Allen est l'un des artistes les plus nommés de l'histoire des Golden Globes depuis 1978 et Annie Hall, avec un total de 11 nominations dans 3 catégories (réalisation, scénario, interprétation masculine) pour 7 films. Il a gagné deux fois le Golden Globe du meilleur scénariste (La rose pourpre du Caire et Minuit à Paris).

Un biopic sur Tom of Finland

Posté par vincy, le 14 septembre 2013

Tom of FinlandDome Karukoski va réaliser un biopic "autorisé" sur l'artiste Tom of Finland. La Fondation Tom of Finland a validé le projet du réalisateur finlandais de Heart of Lion, actuellement présenté à Toronto, et de Very Cold Trip.

Selon le magazine Screen, les producteurs ont sécurisé l'intégralité des archives et des images de l'artiste, grâce à la coopération entre la Fondation, en charge de la collecte, de la conservation et de l'exposition des œuvres d'art homoérotiques de l'artiste, et la production.

L'acteur qui incarnera Touko Laaksonen alias Tom of Finland (1920-1991) sera connu au début 2014, à temps pour que les ventes internationales du film soient lancées au Festival de Berlin.

Le tournage de ce biopic s'effectuera en Finlande, en Allemagne et en Amérique du nord. L'histoire retracera sa vie, mais aussi la brutalité policière contre les homosexuels, la seconde guerre mondiale, sa conquête artistique de l'Amérique et bien entendu son travail.

Ses croquis au crayon sont devenus célèbres dans le monde entier, alimentant les fantasmes gays de toute une époque. Entre fétichisme, fantasmes, sadomasochisme, subversion, domination et soumission, ses personnages, souvent en cuir ou en uniformes, marins ou hommes d'affaires, ont créé l'homoérotisme aujourd'hui répandu : hommes ultra musclés, très bien membrés, aux looks stéréotypés et aux positions plus que suggestives. Les archétypes étaient symboliques jusqu'à créer des polémiques sur cette fascination pour le pouvoir, érotisant parfois des militaires ou des nazis. Mais la controverse se situe avant tout sur la réelle qualité de son oeuvre "pop art". Beaucoup y voit de l'art naïf, plus proche de la propagande (idéologique ou pornographique), quand d'autres, n'oubliant pas qu'il était finlandais et homosexuel, considèrent qu'il se moque avec ironie des fantasmes masculins jusqu'à renvoyer en miroir notre propre soumission à des clichés érotiques.

A chacun de juger, d'aimer. Mais, ce qui est certain, c'est bien l'atemporalité de ses dessins, qui continuent d'influencer publicité, photographes, dessinateurs dans des milieux aussi divers que la mode, le cinéma ou les arts plastiques.

La France signe un accord de coproduction avec les Territoires palestiniens

Posté par vincy, le 13 septembre 2013

Omar d'Hany Abu Assad

La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti et son homologue palestinien Anwar Abu Eisheh ont signé mercredi 11 septembre un accord de coproduction cinématographique, le 54e accord de coproduction internationale.

Depuis une quinzaine d’années, de nombreux films palestiniens ont été soutenus par le Fonds Sud Cinéma ou par le programme qui l'a remplacé, l’Aide aux cinémas du monde. "C’est le cas notamment de Palestine Stereo de Rashid Masharawi, sélectionné cette année au festival de Toronto" indique le communiqué. Si les cinéphiles français connaissent surtout Elia Suleiman (Intervention divine), récompensé autant à Cannes qu'à Venise, ou Hiam Abbass, les Territoires palestiniens abritent aussi de jeunes cinéastes, notamment dans le documentaire. Ces dernières années, quelques films ont reçu des prix prestigieux comme Paradise Now d'Hany Abu-Assad (Golden Globe du meilleur film étranger, 2005), Le sel de la mer d'Annemarie Jacir (2008) ou cette année à Cannes, Omar d'Hany Abu-Assad (photo).

"L’accord facilitera le montage financier de coproductions bilatérales impliquant une coopération sur les plans artistique et technique" précise le communiqué du ministère. "La part du coproducteur minoritaire sera au minimum de 20% mais, par dérogation, pourra être abaissée à 10% après accord des autorités des deux parties en tenant compte des collaborations artistiques et techniques de chacun des coproducteurs."

Des dispositions visant "à encourager des initiatives communes dans les domaines de la formation aux métiers du cinéma, l’éducation à l’image, l’échange de savoir-faire entre professionnels, la distribution et diffusion des œuvres ainsi que la conservation du patrimoine cinématographique" sont aussi inclues dans cet accord.

La TVA sur les billets de cinéma passera de 7 à 5% en janvier

Posté par vincy, le 13 septembre 2013

Ce n'est plus une pause fiscale, c'est un cadeau! Actuellement le gouvernement planche sur ses ultimes arbitrages pour savoir quelle catégorie de produits sera taxée à 5, 10 ou 20%. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication a annoncé ce matin au Film Français que la TVA sur les billets de cinéma ne passerait pas de 7% à 10% (lire notre actualité du 7 décembre 2012) mais de 7% à 5%, comme d'autres produits culturels (les livres et le spectacle vivant notamment).

Selon la ministre, l'arbitrage est définitif. Filippetti s'est longuement battue pour que le taux de TVA réduit s'applique à tout le secteur culturel.

Dans un communiqué, la FNCF (Fédération Nationale des Cinémas Français) se dit soulagée pour les salles de cinéma et l'ensemble des professionnels du cinéma, remerciant l'exécutif "pour cette décision qui réaffirme la place pleine et entière du cinéma au sein du champ culturel comme la pratique culturelle." La FNCF assure que "les salles de cinéma vont se saisir de cette décision pour reprendre et approfondir leur réflexion collective sur l’évolution de la fréquentation des cinémas, la modération tarifaire qui en découle et tout particulièrement les mesures à l’attention du jeune public, l’une de leurs priorités."

La colère de François Dupeyron : un « système totalitaire », des « producteurs incultes »

Posté par vincy, le 12 septembre 2013

françois dupeyron jean pierre darroussinMon âme par toi guérie est le nouveau film de François Dupeyron, adapté de son propre roman, Chacun pour soi Dieu s'en fout (2009). Le film sort le 25 septembre dans les salles françaises et est en compétition au festival de San Sebastian.

Pourtant, longtemps, le réalisateur de La chambre des officiers (en compétition à Cannes en 2001), Drôle d'endroit pour une rencontre et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a failli ne jamais réaliser ce film.

Plutôt qu'une interview ou une note d'intention, le réalisateur a préféré tirer un signal d'alarme sur l'état de la production française aujourd'hui dans son dossier de presse. En colère, et même amer, le cinéaste-écrivain l'est assurément. Il rend hommage à Paulo Branco, "le premier producteur indépendant que je rencontre".

Extraits.

Les chaînes de TV aux abonnées absentes
"La dernière fois qu’une chaîne publique a mis de l’argent dans un de mes films, c’est en 2003. Ca va faire dix ans qu’on me refuse tout ! Je viens d’en prendre conscience cette semaine, les années ont passé, je ne m’en suis pas rendu compte. Dix ans ! C’est pas rien dix ans !... Regarde ta vie, remonte dix ans en arrière et tire un trait, poubelle, tu effaces ! Je ne suis pas resté sans rien faire, j’ai écrit huit, dix scénarios, j’ai eu des avances sur recettes, je les ai perdues. J’ai écrit quatre romans… Et maintenant, je suis sec, ils ont gagné, mais ils n’auront pas ma peau. En dix ans, j’ai réussi à faire deux films, Inguélézi, et Aide-toi le ciel t’aidera, avec l’avance sur recettes et Canal. Mais depuis 2007 chez Canal, c’est niet ! Je suis marqué au rouge. « Dupeyron, on aime beaucoup ce qu’il fait, mais pas ça. » C’est le refrain, dès que je l’entends, je crains la suite. Alors, puisqu’on ne veut plus de moi, je me tire. Et personne ne s’en apercevra parce que le monde n’a pas besoin de moi pour tourner, et c’est très bien comme ça."

Son nouveau film, refusé partout
"J’ai l’avance, j’ai la région, et puis c’est tout. La 2, la 3, Arte, Canal, ont dit non. Je l’ai réécrit, représenté. Deux fois non. Orange me dit que peut-être si j’ai un distributeur… C’est bidon, je n’y crois pas, et de toute façon tous les distributeurs à qui on l’a présenté ont dit non."
"Céline [Sallette] a fait lire le scénario à une jeune productrice – c’est pour te dire qu’elle est motivée – la productrice lui a envoyé le scénario à la gueule, « Qu’est-ce que c’est cette merde ? ». Comme ça… « Cette merde ! » T’imagines pas ce que je me prends dans la gueule. Tu veux que je te dise mon année ? Celle que je viens de passer ? Toute mon activité professionnelle ?... J’ai eu deux rendez-vous, dans la même semaine, avec deux producteurs, pour deux projets. Le mercredi avec l’un, pour l’histoire du type qui a un don. Il a relu le scénario et il a coché les gros mots. Oui, les gros mots !... Il a tourné les pages et il m’a demandé, « ça, on peut l’enlever ? » Oui… j’ai dit oui à tout. Des gros mots ! (...) Le lendemain, j’ai rendez-vous avec l’autre producteur, l’histoire du déserteur, en 14… Rebelote, il a tourné les pages lui aussi. « Ça, on peut l’enlever ? » Oui… encore les gros mots ! Un type qui boit du matin au soir, au front, en 14 !… Et tout ça parce que tu présentes un scénario à la 2 ou la 3 avec un gros mot qui traîne, oh malheur ! Tu dégages… Ils ont un tel pouvoir que règne une petite terreur. Voilà toute mon année. J’ai enlevé des gros mots. Dix ans qu’on me refuse tout et maintenant les gros mots… "

Remise en question
"Toutes ces dernières années, j’ai essayé un peu de comprendre, je me suis dit qu’ils avaient peut-être raison, que mes scénarios étaient trop ci, ça. J’ai essayé plusieurs styles, plusieurs genres. Et j’ai compris qu’il n’y a rien à comprendre. J’ai perdu mon temps. Depuis quelques années, la mode est aux fiches de lecture. Je ne sais pas qui lit, des jeunes gens sans doute, pas très bien payés. J’en ai demandé deux, pour deux scénarios, pour voir… Deux fois, j’ai eu droit à « Sujet non traité. » Je n’invente pas, « Sujet non traité ». Etait-ce le même lecteur ? Voilà où on en est. Tu ouvres le coffret des Césars, à part trois ou quatre films, tous les autres se ressemblent. Mais le sujet est traité. Merde, le cinéma, c’est pas ça ! C’est même tout le contraire…"

Un système soviétique où la Télé a droit de censure
"Je suis déconnecté, je ne suis plus en phase avec ce petit monde, ces gens, les producteurs à genoux, qui ont peur. On ne fait rien avec la peur, rien que de la merde. Moi, j’ai découvert la vie avec le cinéma, j’ai découvert les hommes, les femmes. J’entrais dans les films… comme j’entre ici pour te rencontrer, on se parle, je suis toi, tu es moi, ça circule… C’est pas cet infantilisme ! Sujet non traité ! Les gros mots ! Les gros mots ! Tu sais ce qui m’est venu en écoutant Forman parler du cinéma tchèque des années soixante ? Eh bien, on y est en plein. Regarde le bonus de Au Feu Les Pompiers, il parle de notre cinéma. Tu remplaces le Parti par la Télé, et c’est bon. On est dans un système soviétique, la Télé dit oui, tu fais le film, elle dit non…" "Je vois des producteurs qui se disent « producteurs indépendants ». Ils sont tous dépendant de la télé, et aujourd’hui des distributeurs. Des producteurs, il n’y en a qu’un, la Télé, le Parti. On est dans un système qui porte un nom, un putain de gros mot, « totalitaire », pas creux pas vide, qui fait son sale boulot. On ne serait pas en démocratie, on dirait censure. "

Inculture générale
"Il y a deux ans, j’ai fait une note d’intention pour un scénario qu’on proposait à Arte. J’ai eu le malheur de citer Tarkovski pour faire comprendre je ne sais plus trop quoi. Malheur ! le retour a été cinglant, « Non Tarkovski, c’est pas possible. » Arte ! la chaîne culturelle – Arte n’a jamais mis un centime dans un de mes films – Ecoute Forman, il parle d’inculture… écoute l’interview de Langlois dans le bonus de l’Atalante, ce doit être dans les années 70. Il emploie le même mot, « des producteurs incultes »."

Au placard
"J’ai dédié ce film à Michel Naudy. Michel était un très bon ami, il a mis fin à ses jours le 2 décembre, il était journaliste à France 3, au placard depuis dix sept ans… Nous sommes en France en 2012. Dix sept ans de placard ! avec un salaire, mais sans emploi. "

Une franchise « spin-off » d’Harry Potter sur les rails

Posté par vincy, le 12 septembre 2013

La Warner Bros et J.K.Rowling ont confirmé qu'il y aurait une nouvelle franchise issue de l'univers Harry Potter. L'adaptation des Animaux fantastiques sera écrite par J.K. Rowling elle-même, ce qui constitue une première. Suite à la demande de la Warner, et plutôt que d'écrire une suite ou une préquelle d'Harry Potter, J.K. Rowling a "pensé que c'était une super idée". "Mais la perspective de voir Newt Scamander, l'auteur supposé de 'Fantastic Beasts', mis en scène par un autre écrivain (que moi) m'était difficile à concevoir", a-t-elle dit.

Ce livre (Les animaux fantastiques : vie et habitat des animaux fantastiques : la bibliothèque pour jeunes sorciers du monde de Harry Potter) qui va être réédité dans un mois en Folio, a été publié sous le pseudonyme de Newt Scamander. Il répertorie la faune fantastique - soit 75 espèces - de l'univers du sorcier à lunettes.

Le film racontera les aventures du zoologiste magicien Newt Scamander, arrière grand père de Rolf dans la série Harry Potter, à New York, 70 ans avant les aventures du jeune sorcier. Cependant, on retrouvera les lois et coutumes qui régissent la société cachée des magiciens.

Le tournage est prévu pour l'année prochaine.

Deauville 2013 : Rencontre avec Lee Daniels et Forest Whitaker (Le Majordome)

Posté par kristofy, le 11 septembre 2013

lee daniels le majordomeC’est le succès surprise de la fin de l’été aux Etats-Unis (100 M$ au box office) et plusieurs nominations aux Oscars sont déjà espérées… Le film Le Majordome a été un des évènements de ce 39ème Festival Américain de Deauville, où il a été présenté en présence du réalisateur Lee Daniels et de Forest Whitaker.

Au service de sept présidents…

Lee Daniels : Il y aura toujours quelqu’un qui trouvera à redire quelque chose pour n’importe quel film, même pour Cendrillon. Il y a eu une remarque à propos de Jane Fonda qui, ayant été opposante à la guerre au Vietnam, n’aurait pas dû être choisie pour jouer l’épouse du président Reagan dans le film : une personne au Texas a considéré cette actrice comme "pas assez patriote" pour interpréter une première dame des Etats-Unis. Un article de ce genre n’est pas forcément une controverse, ce n’est vraiment pas important pour nous. Le film est apprécié autant par ma grand-mère que par le président Obama, c’est ça qui compte.
Le film est en tête du box-office en Amérique du nord depuis plusieurs semaines avec, d'après ce qu'on dit un public de spectateurs majoritairement blancs. Mais dans les faits le public est très varié et rassemble toute sorte de gens aussi bien noirs que blancs ou asiatiques ou gays comme pour beaucoup d’autres films.
Le succès du film vient du fait qu’il va un peu au-delà de l’Histoire américaine, c’est aussi plus largement une question humaine universelle. Une réplique dit "N’importe quel blanc peut tuer n’importe quel noir et ne pas être condamné" et on espère que ceci est derrière nous. Ces gens dans le bus qui sont brutalisés pour la couleur de leur peau et ceux qui ont risqué de se prendre une balle pour le droit de vote sont des héros. Cette année est celle du 50ème anniversaire du discours de Martin Luther King. Le chemin parcouru est long, mais il est encore long à parcourir.

…Un casting de stars

Lee Daniels : L’histoire est assez importante et conséquente pour demander à différentes célébrités de participer au film. Mon but est aussi d’amener les gens dans les salles pour voir mon film. Enrôler des stars contribue aussi à mieux faire parler du film. Je connaissais Oprah Winfrey qui était déjà productrice exécutive de Precious mais c’était un peu étrange au début sur le plateau de la diriger comme actrice. Lenny Kravitz et Mariah Carey étaient aussi déjà dans Precious, et John Cusack était dans Paperboy. Pour ceux qui font des apparitions, comme Robin Williams, Alan Rickman et Liev Schreiber, le plus dur a été de faire disparaître leur visage connu derrière les visages des présidents.

Forest Whitaker : Pareil pour moi. Il s’agissait de ça, disparaître derrière le rôle de ce majordome, comprendre ses peurs et être dans la retenue. C’était un processus très différent que d’être dans la peau d’un personnage flamboyant comme celui du Dernier roi d’Ecosse ou du rôle plutôt déprimé de Charlie Parker dans Bird. Chaque rôle a ses propres difficultés, ici il fallait évoluer en âge et en maturité sur plusieurs décennies. Le Majordome raconte autant l’histoire d’un père et de ses fils que celle d’un serviteur à la Maison Blanche, et c’est cela qui est au premier plan, avant les évènements liés aux droits civiques. Le succès au box-office est un cadeau après cette belle expérience de tournage. Je savais que ce film avait le pouvoir de toucher le cœur des gens.