ÉCU 2014 : pour l’ouverture, les « fauchés » entrent en scène

Posté par emeline, le 5 avril 2014

© ecran noirMercredi, c'était l'inauguration de la 9e édition du Festival ÉCU au cinéma les 7 Parnassiens à Paris ! Producteurs, réalisateurs, acteurs et festivaliers ont ainsi pu échanger autour d'une bière (petit avant-goût de l'after party qui les attendaient en fin de soirée sur le bateau Concorde Atlantique) et profiter de la Grande Salle où étaient diffusés 10 courts-métrages en compétition.

Des films qui manquent cruellement de visibilité dans le paysage cinématographique actuel. Scott Hillier, le fondateur du festival, dans un discours aussi drôle que sincère, ne manque pas de le rappeler. « Un cinéaste indépendant est souvent fauché, fatigué, et étonnamment confiant. Mais quand il voit son film sur grand écran, c'est le bonheur absolu. Dans cette salle, ce soir, il y a des hommes et des femmes qui se battent jour et nuit pour raconter leurs histoires. Ce sont les storytellers de notre génération. »

Un festival sans soutien financier

ÉCU n'a pas de soutien financier, mais des partenaires dans le monde entier. Chaque année, plus de 1000 films sont soumis à 50 professionnels qui sélectionnent les meilleures réalisations. De la nouveauté, de la fraîcheur, de la liberté d'expression, voilà ce que le cinéma indépendant offre de nos jours, problèmes financiers ou non.

Et de l'innovation, ce soir, il n'en manquait pas. Du film d'animation poético-philosophique (The Ballad of Bloom) à la fable moderne (Doigt d'honneur) en passant par la comédie totalement barrée (Battlecock!), il y en avait pour tous les goûts. Nos coups de cœur :

  • Chains of Love, de Martina Plura (catégorie Film étudiant) : Hannah veut surprendre l'amour de sa vie. Mais c'est elle qui le surprend avec une autre fille. Hannah a donc envie de mourir... avec sa chaîne de vélo. Ici, rien de macabre, que de l'humour noir et blanc.
  • The Ballad of Bloom, de Dan Herlihy (catégorie Film d'animation) : Le court-métrage met en scène les connexions amoureuses de nos neurones à l'intérieur du cerveau. La métaphore, incarnée par un homme et une femme, est sublimée par la maîtrise de l'animation et de la dramaturgie. En gros, 5 minutes de beauté et d'émotion.
  • Not Anymore: A Story of Revolution, de Matthew VanDyke (catégorie Documentaire non-européen) : Un documentaire brutal et puissant sur deux jeunes Syriens, un partisan de l'ASL et une journaliste, qui se battent quotidiennement et au péril de leur vie pour la libérer le peuple syrien de l’oppression du régime de Bachar Al-Assad. Ils ont connu la torture, la mort de leurs proches, et préfèrent mourir plutôt qu'être les victimes collatérales d'une attaque terroriste ou arrêtés par le gouvernement.
  • Jiminy, d'Arthur Molard (catégorie Film étudiant) : Dans un futur proche, la plupart des êtres humains ont un « criquet » implanté dans le cerveau : une puce électronique qui les dote de compétences physiques préprogrammées. Nathanaël, le personnage principal, ferme les yeux et se met en mode automatique quand il veut nouer sa cravate ou conduire sa voiture. Le court-métrage s'inspire de la nouvelle de Hoffmann, L'homme au sable, dans lequel le protagoniste (qui s'appelle Nathanaël) tombe amoureux d'une automate et en devient fou. Une réalisation bluffante et un sujet traité avec subtilité et humour, sans jugement.

Rendez-vous demain pour le compte-rendu des ateliers et des séances de l'après-midi !

Cannes 2014 – les prétendants : une multitude de candidats européens

Posté par vincy, le 5 avril 2014

Bent Hamer 1001 grammes

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. Année européenne politiquement, elle pourrait aussi l'être cinématographiquement. Les plus grands noms sont au rendez-vous. Avec un contingent massif venu du Royaume Uni, de Scandinavie, de Hongrie et d'Italie. Des pays souvent gâtés par Cannes. Reste aussi quelques auteurs majeurs venus d'ailleurs : Russie, Turquie, Allemagne, Autriche, ...

Fatih Akin, The Cut. Avec Tahar Rahim, George Georgiou, Akin Gazi. L'ovni du Festival? Film muet façon Chaplin croisé à un Western style Sergio Leone, ce film annoncé comme philosophique suit un père de famille dans son tour du monde, à la recherche de ses enfants disparus lors de la première guerre mondiale. Une occasion pour célébrer le centenaire de la Grande guerre?

Roy AnderssonA Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence. Avec Holger Andersson, Nisse Vestblom. Prix du jury avec Chansons du deuxième étage en 2000, le cinéaste suédois est très attendu avec son humour absurde. Le film est annoncé comme l'ultime épisode de sa trilogie, dont le deuxième film était Nous, les vivants en 2007..

Jonas Alexander ArnbyWhen Animals Dream. Avec Lars Mikkelsen, Jakob Oftebro, Sonja Richter. La séance de minuit parfaite? Un film d'horreur avec une adolescente solitaire qui vit avec sa mère en chaise roulante sur une île. Ce premier film pourrait être très convoité par les sélections parallèles. Arnby a longtemps travaillé avec Lars Von Trier.

Susanne BierSerena. Avec Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Rhys Ifans. Ce drame familial en Caroline du Nord durant les années 30 serait l'occasion de croiser le couple chéri de David O. Russell sur la Côte d'Azur. Susanne Bier peut aussi présenter un film qui n'a rien d'hollywoodien puisqu'elle vient d'achever En Chance til (Une deuxième chance).

John Boorman, Queen and Country. Avec David Thewlis, Tamsin Egerton, Caleb Landry Jones. Cette suite du film Hope and Glory (1987) est l'histoire d'un anglais qui a grandit dans une Londres bombarédée durant la seconde guerre mondiale avant de devoir s'engager lui-même dans un conflit, en Corée. Boorman a reçu le prix de la mise en scène à Cannes il y a 16 ans avec The General.

Nuri Bilge CeylanWinter Sleep (Sommeil d'hiver). Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag. Deux grand prix et un prix de la mise en scène, le Turc Ceylan part avec de bonnes dispositions. Son film est terminé, patientant tranquillement pour être montré sur la Croisette. On ne connait rien de l'histoire, si ce n'est qu'elle se déroule en Cappadoce.

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Deux jours, une nuit. Avec Marion Cotillard, Olivier Gourmet, Catherine Salée. On voit mal les frères belges, deux Palmes d'or au compteur, primés à chacun de leurs films en compétition à Cannes, être absents. Pour le symbole, il serait amusant de ne pas les sélectionner. Mais cette éventualité est peu probable : le film est prêt, Cotillard est une star et le sujet très social. On l'annonce même "grand public".

- Sauld Dibb, Suite française. Avec Margot Robbie, Michelle Williams, Ruth Wilson, Kristin Scott-Thomas, Matthias Schoenaerts, Lambert Wilson, Sam Riley. L'adaptation du roman d'Irène Némirovsky sous les Palmiers? cela dépendra beaucoup de la stratégie de Harvey Weinstein en vue de la campagne pour les Oscars qu'il prépare pour ce film. Cannes, Venise, Toronto? Où faire l'avant-première mondiale? L'histoire est celle d'une villageoise française qui tombe amoureuse d'un soldat allemand durant les premières années de l'Occupation.

- Andrea Di Stefano, Paradise Lost. Avec Josh Hutcherson, Benicio Del Toro, Brady Corbet. Premier film réalisé par le comédien italien, ce thriller romantique a sûrement plus de chances d'aller à Venise. Tout se passe en Colombie, où un jeune surfeur rencontre la femme de ses rêves, puis l'oncle de celle-ci, Pablo Escobar.

Andreas DresenAls wir träumten (Pendant que nous rêvons). Avec Ruby O. Fee, Joel Basman, Peter Schneider. Grand prix à Berlin en 2002, Prix un Certain regard en 2011 avec Pour lui, c'est l'un des cinéastes allemands à surveiller. Ce film, adaptation du roman de Clemens Meyer, est la chronique de jeunes amis juste avant la chute du mur de Berlin.

Stephen Frears, Lance Armstrong. Avec Ben Foster, Chris O'Dowd, Dustin Hoffman, Guillaume Canet. Un film biographique (avec ceux de Leigh et Loach, ça commence à devenir une tendance du cinéma britannique) sur le cycliste américain, multiple champion du Tour de France avant une tombée aux enfers suite aux accusations de dopage. Frears n'a pas été en compétition depuis 18 ans. Et il a surtout envoyé ses meilleurs films à Venise.

- Jean-Luc Godard, Adieu au langage. Avec Kamel Abdeli, Dimitri Basil, Zoé Bruneau. A 84 ans, le Maître hélvétique reste l'un des réalisateurs les plus courtisés par les grands festivals. Godard a déjà été cinq fois en compétition. Cette fiction a été tournée avec lenteur, deux jours par semaine pendant deux ans. Film en 3D, il se concentre sur deux couples dans deux espace-temps différents, avec le langage comme lien (territoire?) commun entre les Hommes.

- Szabolcs Hajdu, Mirage. Avec Isaach De Bankolé, Razvan Vasilescu, Orsolya Török-Illyés. Issu de la jeune génération de cinéastes hongrois, Hajdu propose avec ce film l'histoire d'un joueur de football africain qui commet un crime dans une petite ville hongroise et qui doit fuir. Il trouve refuge dans une ferme, qui est, en fait, un camp d'esclave moderne.

Bent Hamer1001 grammes (photo). Avec Ane Dahl Torp, Laurent Stocker, Hildegun Riise, Didier Flamand, Per Christian Ellefsen. Le film est déjà calé pour une sortie le 24 décembre en France. Hamer a imaginé qu'une scientifique norvégienne, Marie, en séminaire à Paris (sur le poids réel du kilo), elle mesure sa vie, ses déceptions et ses amours, qui pèsent finalement peu sur la balance. Rappelons que trois de ses récents films étaient à Cannes :  La nouvelle vie de Monsieur Horten à Un certain regard en 2007, Factotum et Kitchen Stories à la Quinzaine des réalisateurs, respectivement en 2005 et 2003.

- Jessica Hausner, Amour fou. Avec Christian Friedel, Birte Schnoeink, Stephan Grossmann. Après Lourdes, remarqué à Venise, la cinéaste autrichienne, repérée à la Cinéfondation il y a 15 ans, s'est inspiré de la vie de l'écrivain et dramaturge Heinrich von Kleist (Le Prince de Hombourg, Michael Koohlhaas), qui a finit ses jours en se suicidant avec son compagnon.

- Duane Hopkins, Bypass. Avec George MacKay, Benjamin Dilloway, Donald Sumpter, Charlotte Spencer. 5 ans après Better Things, le cinéaste revient avec un thriller, tourné dans la région de Norfolk, dont le héros est un jeune homme malade.

Dagur KariFusi (Rocketman). Avec Margrét Helga Jóhannsdóttir, Sigurjón Kjartansson, Ilmur Kristjánsdóttir. Un peu d'Islande sous les Palmiers? Le film suit un quadra qui ne sort pas de l'enfance et vit toujours chez sa mère. Mais l'arrivée d'une jeune femme va bouleverser sa routine.

- Panos Koutras, Xenia. Film en suspens. Les financements manquent pour cette histoire de deux frères qui recherchent leur père afin d'obtenir la nationalité grecque. Homosexualité, mafia, extrême-droite, immigration clandestine, crise économique : Koutras raconte la Grèce d'aujourd'hui. Reste que tout était presque terminé quand le gouvernement grec a décidé de geler les aides au cinéma.

Emir KusturicaOn the Milky Road. Avec Monica Bellucci, Natasa Ninkovic. Un double palmé, ça revient régulièrement. Cette fois-ci Kusturica a concocté un drame sentimental serbo-bosniaque avec une femme qui perd son mari la veille de son mariage.

Ken Loach, Jimmy’s Hall. Avec Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott. 3 Prix du jury, une Palme d'or, on voit mal Ken Loach ne pas revenir en compétition. D'autant qu'il a annoncé sa retraite après ce film, un biopic sur leader communiste irlandais James Gralton.

Mike Leigh, Mr. Turner. Avec Timothy Spall, Lesley Manville, Roger Ashton-Griffiths. Parmi l'énorme contingent britannique, Leigh fait figure d'incontournable. Pas seulement parce qu'il a déjà reçu une Palme d'or, un prix de la mise en scène et présidé le jury de la Compétition. Mais bien parce qu'il s'attaque à un monument avec ce biopic sur le peintre anglais le plus célèbre du monde, J.M.W. Turner.

Kristian LevringThe Salvation. Avec Eva Green, Mads Mikkelsen, Jeffrey Dean Morgan. Un Western danois en anglais. Dans l'Amérique des années 1870, un homme tranquille tue le meurtrier qui a massacré sa famille. Il déclenche à la fois la colère d'un chef de gang et la peur des habitants de sa ville.

- Mario Martone, Il giovane favoloso. Avec Anna Mouglalis, Elio Germano, Isabella Ragonese. Un biopic sur la vie de Giacomo Leopardi, considéré comme le plus grand poète italien du XIXe siècle.

- Nanni Moretti, Mia Madre. Avec aussi John Turturro, Margherita Buy. Le film est déjà calé pour une sortie française le 17 décembre. Sera-t-il prêt à temps pour Cannes? Moretti est un des abonnés à la compétition mais le tournage de ce film partiellement autobiographique est à peine terminé.

Kornel MundruczoFehér isten (White God). Avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth. 6 ans après Delta, prix de la Critique à Cannes, le cinéaste hongrois, pourrait revenir avec un film qualifié d'aventure sentimentale. Une jeune fille se voit retirer son chien par son père. Elle décide de fuguer pour le retrouver.

- Gyula Nemes, Zero. Avec Udo Kier, Tamás Joó, Krisztián Kovács. Autre proposition hongroise qui pourrait atterrir dans une sélection parallèle : ici, l'histoire d'un jeune trentenaire se lance dans l’apiculture forestière. Mais ses abeilles sont chassées à cause d'un relais de relais de téléphonie mobile tout proche. Un film écologique dans la lignée des Erin Brokovitch.

- Claudio Noce, La foresta di ghiacciao. Avec Emir Kusturica, Adriano Giannini, Kseniya Rappoport. Deuxième film du jeune réalisateur italien qu'on verrait aussi à Venise. Il s'agit d'un thriller où les problèmes d'une centrale électrique révèlent une série de mystères qui hantent la région.

Ruben ÖstlundTourist. Avec Lisa Loven Kongsli, Johannes Kuhnke. Devenu un habitué de Cannes, après une sélection à Un certain regard et une autre à la Quinzaine des réalisateurs, le suédois Östlund pourrait faire son retour avec ce drame qui prend place dans les Alpes françaises. Une famille suédoise va affronter les conséquences d'une avalanche qui s'abat sur eux.

- György Pálfi, Free Fall. Avec Piroska Molnar, Reka Tenki, Zsolt Nagy. 8 ans après Taxidermie (Un certain regard), 2 ans après le grandiose Final Cut (hors compétition), le réalisateur hongrois va encore nous intriguer cette année avec l'histoire d'une femme qui saute du haut d'un immeuble : au fil des étages, le spectateur découvrira la vie des résidents... Reste à savoir si ce film tourné cet hiver sera prêt.

Christian PetzoldPhoenix. Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Michael Maertens. Barbara avait enthousiasmé le festival de Berlin il y a deux ans. Et le cinéma allemand est rarement présent à Cannes. Ce serait aussi l'opportunité de voir Nina Hoss, star outre-Rhin. Cette fois-ci, le cinéaste nous plonge dans l'après seconde guerre mondiale, avec une femme qui a survécu à la Shoah. Présumée morte, elle revient chez elle avec une nouvelle identité afin de savoir si son mari l'a bien trahie.

- Alice Rohrwacher, Le meraviglie. Avec Monica Bellucci, Alba Rohrwacher, Margarete Tiesel. Trois ans après Corpo Celeste à la Quinzaine des réalisateurs, la cinéaste italienne reviendra-t-elle sur la Riviera? Ou son film ira-t-il à Locarno, à Venise? Dans cette fiction, Gelsomina, 14 ans, vit au sein d'une famille gentiment dysfonctionnelle. L’arrivée de Martin, un jeune criminel allemand en programme de réhabilitation, va tout dérégler.

- Michaël R. Roskam, The Drop. Avec Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini. Difficile d'imaginer projet plus attirant. Le dernier film avec le Sporano. Le nouveau film du réalisateur de Bullhead. Et en bonus, l'adaptation d'une nouvelle de Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island). Dans ce polar, un barman de Brooklyn qui travaille dans l'enseigne de son cousin, spécialisée dans le recel d'argent liquide obtenu illégalement, est au coeur d'un braquage qui tourne mal et mettra les deux hommes en danger face à des mafieux décidés à récupérer leur butin.

- João Salaviza, Montanha. Avec David Mourato, Maria João Pinho, Ema Araújo, Margarida Fernandes. Palme d'or du court métrage il y a 5 ans et Ours d'or du court métrage il y a 2 ans, le cinéaste portugais pourrait désormais briguer la Caméra d'or avec ce premier long métrage. Durant un été brûlant à Lisbonne. Bruno, 14 ans, est dans l'attente de la mort imminente de son grand-père mais refuse de lui rendre visite, de peur de le perdre. Mónica, la mère de Bruno, passe ses nuits à l'hôpital. Le vide que laisse déjà son grand-père oblige Bruno à devenir l'homme de la maison, alors qu'il n'est pas prêt à passer à la vie adulte.

- Ulrich Seidl, In the Basement. Un docufiction sur ce qui se cache dans les caves autrichiennes. Seidl est un régulier du Festival et une présence en séance spéciale ne paraitrait pas incongrue : il développe ce projet depuis 5 ans.

- Peter Strickland, The Duke of Burgundy. Avec Sidse Babett Knudsen, Monica Swinn, Chiara D'Anna. Une femme étudie les papillons et teste les limites de sa liaison amoureuse (et la patience de son amoureux). Deux ans après l'acclamé Berberian Sound Studio, le britannique pourrait (enfin) faire ses débuts sur la Croisette.

Liv UllmannMiss Julie. Avec Jessica Chastain, Colin Farrell, Samnatha Morton. La muse de Bergman reviendra-t-elle pour la deuxième fois en compétition, 14 ans après Infidèle? Le film se déroule durant l'été 1890. Une jeune femme aristocrate tente de séduire le valet de son père. Il s'agit de l'adaptation de la célèbre pièce d'August Strindberg.

Thomas Vinterberg, Far From the Madding Crowd. Avec Carey Mulligan, Juno Temple, Michael Sheen, Matthias Schoenaerts. Prix de l'Europe à Cannes l'an dernier pour ce projet, Vinterberg reviendra-t-il à Cannes, deux ans après La chasse? Cette adaptation du roman de Thomas Hardy est le portrait d'une femme qui entretient des relations avec trois hommes différents.

- Lars Von Trier, Nymphomaniac vol II director's cut. Il n'est plus persona non grata depuis cet automne. Le cinéaste danois pourrait donc venir présenter hors-compétition le second volet, en version longue, de ce diptyque qui n'a pas trouvé son public en salles en version courte. Le premier film avait été présenté à la dernière Berlinale.

- Wim Wenders, Everything will be fine. Avec Rachel McAdams, James Franco, Charlotte Gainsbourg. On voit mal la Palme d'or de Paris, Texas ne pas revenir à Cannes avec sa première fiction depuis Rendez-vous à Palerme en 2008 (et déjà en compétition). L'histoire d'un écrivain, Tomas, qui, après une dispute conjugale, s'en va faire un tour de la ville et tue accidentellement un gamin.

Michael Winterbottom, The Face of an Angel. Avec Kate Beckinsale, Daniel Brühl, Cara Delevingne. Pas sûr que le film soit terminé dans les temps. Et face à l'invasion de cinéastes britanniques, Winterbottom ne semble pas favori. L'histoire tourne autour du procès d'Amanda Knox à travers le regard d'un journaliste et d'un documentariste.

Andreï ZvyagintsevLeviathan. Avec Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova, Aleksey Serebryakov. Un Lion d'or, un prix du jury Un certain regard : Zvyagintsev est l'un des cinéastes russes les plus respectés depuis une quinzaine d'années. Son nouveau film est une histoire d'amour dans une partie isolée du pays, une transposition moderne du Livre de Job.

6 questions à Danis Tanovic (La femme du ferrailleur)

Posté par cynthia, le 14 mars 2014

danis tanovic berlinale 2013

N'ayant pas pu venir dans notre capitale parisienne dû aux conflits que connait en ce moment sa Bosnie natale, Danis Tanovic réalisateur de No man's Land (Oscar du meilleur film en langue étrangère) et de La femme du ferrailleur, actuellement en salles, s'est prêté au jeu du questions/réponses par mail. La femme du ferrailleur, Grand prix du jury à la Berlinale 2013, est le récit d'un homme qui doit trouver une somme considérable pour que son épouse puisse se faire soigner à l'hôpital.

Ecran Noir: Votre film est littéralement un fait réel, comment avez-vous connu cette triste histoire?

Danis Tanovic: J'ai lu un article dans un journal local sur ce qui leur était arrivé, et ça m’a révolté. Je suis donc allé à leur rencontre, sans savoir d’idées précises en tête. Tout ce que je savais, c’est que je voulais faire un film de leur histoire, mais j’ignorais encore quel genre de film. Leur histoire m'a ému parce que, au delà de l'aspect tragique, il y a une immense tendresse et beaucoup d'amour entre-eux, et finalement c'est ce qui reste à la fin, l'amour et l'amitié.

EN: L'équipe du film est novice, cela a-t-il été difficile de diriger des apprentis acteurs?

Danis Tanovic: Il y a des amateurs qui sont très naturels et d'autres non. Je ne saurais pas dire si c'est plus difficile ou si je préfère diriger des amateurs ou des professionnels, c'est juste très différent. Je ne peux pas faire certaines choses avec des amateurs que j'aurais fait avec des professionnels, ça c'est sûr.

EN:  Sur un plan technique, pourquoi avez-vous choisi de filmer votre film avec une Canon 5D Mark? Pourquoi en si peu de temps? Neuf jours de tournage je crois...

Danis Tanovic: Nous n'avions que 17 000 euros de budget, impossible de faire autrement. J'utilise cet appareil pour faire des photos et par chance, mon directeur de la photographie et le directeur de production avaient le même. Entre avoir une caméra beaucoup plus précieuse qui demande plus d'investissement et trois appareils photos déjà disponibles, nous n’avons pas hésité longtemps. Ce dispositif permettait également de les intervertir facilement à cause des conditions de tournage, et notamment le froid. Elles ne sont pas parfaites mais quand vous tournez à moins 13 ou moins 15 degrés, il ne faut pas être trop difficile!

EN : Quel souvenir vous garder de ce tournage ?

C'était un moment très fort pour moi. J'ai aimé ce sentiment d'amitié sur le tournage, avec l'équipe, Nazif et Senada. J'ai dû demander à beaucoup de techniciens de travailler sans être payés et ils ont participé à l'aventure parce qu'ils pensaient que c'était la chose à faire, beaucoup de gens se sont mobilisés autour du film pour nous aider, juste par conviction.

EN: La discrimination qui touche vos personnages est-elle fréquente dans le domaine médical en Bosnie ?

Danis Tanovic: Il y a une semaine, j'ai lu la même histoire, une femme à qui on a refusé des soins et qui a failli mourir. C'est une des raisons pour lesquelles ce film a tellement voyagé, c'est une histoire universelle. Je viens de rentrer des États-Unis (du MoMA où il a présenté son oeuvre) où le film a été aussi très bien accueilli. C'est malheureusement une histoire qui n'est pas cantonnée à la Bosnie, et que l'on peut retrouver partout.

EN:  Quel message voulez-vous véhiculer à travers La femme du ferrailleur ?

Danis Tanovic: Il n'y a pas de message, je ne veux pas imposer ma vision messianique. Je cherche plutôt à poser des questions, je ne donne pas de message, c'est plutôt ça que j'aime faire, poser des questions : à vous de trouver les réponses !

Le Prix LUX 2013 est décerné à Alabama Monroe

Posté par vincy, le 11 décembre 2013

Le film belge de Felix Van Groeningen Alabama Monroe, sorti en août dernier en France, a remporté le Prix LUX du Parlement européen, face au Géant égoïste de Clio Bernard et à Miele de Valeria Golino.

Alabama Monroe avait déjà emporté le prix du public de la sélection Panorama et le Label Europa Cinémas au Festival de Berlin, le prix du meilleur film aux Festivals de Festroia et de Hawai, le prix du public au Festival norvégien d'Haugesund, ainsi que le prix de la meilleure actrice et celui du meilleur scénario à Tribeca. Samedi dernier, l'actrice principale Veerle Baetens avait été la première belge a gagné le prix de la meilleure actrice européenne aux European Film Awards.

Alabama Monroe succède à La petite Venise. C'est la deuxième fois qu'un film belge gagne ce prix, après Le silence de Lorna des frères Dardenne.

Van Groeningen travaille actuellement sur un film au sujet de deux frères qui ouvrent un bar ensemble.

La Grande Bellezza triomphe en beauté aux European Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2013

toni servillo la grande bellezza

Hier soir à Berlin, l'Académie du cinéma européen a célébré les vainqueurs de l'année. Et ce fut une razzia pour La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, en compétition au dernier Festival de Cannes (et snobé au palmarès), qui n'a laissé que quelques miettes à ses concurrents. Meilleur film européen, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Toni Servillo), meilleur montage (Cristiano Travaglioli) : rarement un film a été autant récompensé lors de cette cérémonie. L'Italie devient le pays le plus récompensé par le trophée du meilleur film européen avec ce cinquième lauréat, 5 ans après Gomorra. Toni Servillo reçoit son deuxième prix du meilleur acteur européen, 5 ans après celui pour Il divo, toujours de Sorrentino.

catherine deneuve wim wendersLes 26e European Film Awards, qui souffrent toujours de notoriété (la soirée est retransmise en différé ce soir sur Arte en France, on pouvait la suivre en direct sur Internet), ont été marqués par les deux prix honorifiques remis à Pedro Almodovar (pour sa contribution au cinéma mondial) et Catherine Deneuve (pour l'ensemble de sa carrière). Almodovar en a profité pour dénoncer la politique suicidaire du gouvernement espagnol en matière de cinéma ; tandis que Deneuve, qui recevait son prix des mains de Wim Wenders, a déclaré se sentir "européenne".

Le cinéma français n'est pas reparti bredouille. François Ozon a reçu le prix du meilleur scénario (Dans la maison) ; Ari Folman, qui a produit l'essentiel des séquences animées de son film Le Congrès en France, a été honoré du prix du meilleur film d'animation ; et La cage dorée de Ruben Alves a récolté le prix du public.

L'Europe du sud s'en tire d'ailleurs bien, malgré un contexte économique difficile pour ses cinématographies. Côté Israël, outre Folman, le prix Carlo di Palma du meilleur chef opérateur est revenu à Asaf Sudry (Fill the Void) ; le prix des meilleurs costumes a été décerné à Blancanieves ; et le prix du compositeur de l'année a été légitimement attribué à Ennio Morricone (pour The Best Offer). N'oublions pas le prix européen de la coproduction, décerné à un producteur, en l'occurrence la roumaine Ada Solomon (dont le film Mère et fils a reçu l'Ours d'or en février dernier).

Côté Europe du nord, Love is all you need de la danoise Susanne Bier a été élu comédie européenne de l'année ; The Act of Killing du danois Joshua Oppenheimer est reparti avec le prix du meilleur documentaire ; déjà couronné en Allemagne par les Césars du pays, Oh Boy! a été choisi comme meilleur premier film européen c(est la première fois qu'un film allemand emporte ce prix) ; le prix des meilleurs décors a distingué le film britannique Anna Karenine ; le prix du meilleur son est revenu au film autrichien Paradis : Foi.

Enfin la Belgique repart avec deux prix : le meilleur court métrage (Death of a Shadow de Tom Can Avermaet) et surtout le prix de la meilleure actrice pour Veerle Baetens (Alabama Monroe). Baetens devient ainsi la première belge a gagné un prix d'interprétation européen.

Arras 2013 : le Slovaque Juraj Lehotsky reçoit l’Atlas d’or

Posté par MpM, le 18 novembre 2013

L'homogénéité de la compétition 2013 du Arras Film Festival, où chaque film semble avoir naturellement trouvé sa place, avait de quoi donner du fil à retordre aux différents jurys chargés de distinguer leur favori. Pas simple en effet de choisir parmi neuf œuvres de grande qualité mais aux sensibilités, influences et univers extrêmement divers.

Miracle et The girl from the Wardrobe

miracleLe grand jury, présidé par le réalisateur Philippe Faucon, et composé de Geoffroy Grison, Corinne Masiero, Anna Novion et André Wilms, semble ainsi avoir fait le grand écart entre un grand prix assez classique et un prix de la mise en scène beaucoup plus inventif et original.

Le premier, Miracle de Juraj Lehotsky (Blind loves) suit avec subtilité le parcours chaotique d'Ela, une adolescente perturbée enfermée dans une maison de correction. Le récit, assez relâché, alterne temps morts et moments d'accélération, avec à la clef pas mal de sensationnalisme gratuit. On a plus l'impression d'un film fourre-tout que d'une grande chronique adolescente.

Le deuxième film récompensé par le jury, girl from wardrobeThe girl from the Wardrobe de Bodo Kox, est au contraire la chronique fine et délicate d'une rencontre entre plusieurs solitudes, ainsi que d'une relation fraternelle profonde et pudique.

Jacek veille en permanence sur Tomek, son frère souffrant de graves troubles neurologiques, ce qui l'oblige à jongler avec ses obligations professionnelles et sa vie sentimentale. Lorsqu'il confie Tomek à sa voisine d'en face, la mystérieuse Magda, une relation singulière se noue entre les trois êtres à la dérive.

La poésie troublante du film, qui mêle l'ultra-réalisme du décor à des touches de fantastique issu des hallucinations de l'héroïne, en fait une œuvre complexe à la grande beauté formelle et à la tonalité douce amère pleine de nuances. Le film a d'ailleurs séduit le jury de lycéens qui lui décernent également leur prix.

Chasing the wind et West

Chasing the windLa critique, elle, a arrêté son choix sur un autre récit familial (définitivement le thème phare de cette 14e édition) beaucoup plus classique, Chasing the wind de Rune Denstad Langlo, qui raconte comment, après le décès de sa grand-mère, une jeune femme renoue avec son grand-père et son ancien petit ami.

Un récit étonnamment esquissé, presque statique, composé de scènes ultra courtes et quotidiennes formant, en creux, le portrait d'une femme qui se réconcilie avec son passé. A l'opposé du long métrage qui a reçu la mention spéciale du même jury de la critique, West de Christian Schwochow, un thriller politique feutré sur la paranoïa contagieuse propre à l'époque de la guerre froide.

Kertu et Le grand cahier

Le public, lui, s'est laissé séduire par kertuune histoire d'amour hors norme, le très touchant Kertu de Ilmar Raag qui, s'il en fait parfois un peu trop dans les rebondissements, parvient à rendre crédible (et bouleversant) ce coup de foudre entre deux êtres blessés par la vie, qui trouvent soudain en l'autre les ressources nécessaires pour prendre leur existence en mains.

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Arras 2013 : la famille et les êtres solitaires au coeur de la compétition

Posté par MpM, le 17 novembre 2013

arras 2013Pour sa 14e édition, l'Arras Film Festival proposait une compétition européenne composée de neuf longs métrages inédits venus d'Europe du Nord et de l'Est. Curieusement, la famille semble cette année au cœur des préoccupations des cinéastes qui représentent la cellule familiale dans tous ses états, et notamment dans ce qu'elle a de plus dysfonctionnel.

On retrouve ainsi à plusieurs reprises la figure du père indigne, soit tyran, soit faux démiurge, soit tout simplement absent. Dans The disciple d'Ulrika Bengts (Finlande), par exemple, le gardien de phare terrorise ses enfants et sa femme avec sa rigueur extrême et son autorité implacable.

Dans Terku d'Ilmar Raag (Estonie), le père de la jeune héroïne utilise un mélange de violence et de fausse douceur pour l'amener à lui obéir pleinement. Ces hommes ne sont pas présentés comme des monstres, mais simplement comme des êtres qui ne supportent aucune contradiction. Persuadés de savoir ce qui est bon pour leurs enfants, ils tracent pour eux un avenir tout écrit.

Impardonnables absents

Les pères absents ne sont pas plus idéalisés : celui de Miracle de Juraj Lehotsky (Slovaquie) a quitté sa famille peu de temps après la naissance de sa fille, celui de West de Christian Schwochow (Allemagne) est soupçonné d'être un traître. Dans Chasing the wind de Rune Denstad Langlo (Norvège), le père mort a laissé à sa fille un immense sentiment de culpabilité. Le personnage de The japanese dog de Tudor Cristian Jurgiu (Roumanie), lui, ne pense même pas à prévenir son fils, parti vivre au Japon, que sa mère est morte.

Dans The priest's children de Vinko Bresan (Croatie), les pères ne veulent tout simplement pas être pères, mais se retrouvent mis devant le fait accompli à cause des manipulations d'un prêtre nataliste. Quant au père des deux jumeaux mis en scène dans Le grand cahier de Jonas Szasz (Hongrie), il veut éloigner ses enfants pour les protéger, mais ne fait que les livrer à la violence la plus absolue. Absent lorsqu'ils ont le plus besoin de lui, il finit par devenir pour eux un parfait étranger.

A la dérive

Car l'autre thématique qui traverse la compétition est la description de personnages à la dérive, solitaires ou franchement paumés, qui recréent à leur manière une famille d'adoption à leur image. Au centre de Kertu, il y a ainsi cette rencontre lumineuse entre une jeune femme psychologiquement fragile et un coureur de jupons invétéré, alcoolique et atteint d'un cancer. Leur histoire d'amour, désarmante de simplicité et de sincérité, balaie les préjugés, et, malgré une certaine facilité de scénario, renvoie surtout à l'idée que ce qui réunit est toujours plus fort que ce qui sépare.

The girl from the wardrobe de Bodo Kox (Pologne) montre aussi la communion d'esprit entre un jeune homme atteint de graves troubles neurologiques et une jeune femme suicidaire. La poésie troublante du film, qui mêle l'ultra-réalisme du décor à des touches de fantastique issu des hallucinations de l'héroïne, rend palpable la connexion muette qui se fait entre ces deux êtres hors du monde.

Dans le même esprit, la jeune orpheline de Chasing the wind renoue après dix ans d'absence avec son ancien petit ami, veuf et désabusé ; les deux adolescents de The disciple s'unissent contre l'adversité ; les deux frères du Grand cahier sont reliés par un lien si fort qu'il en devient terrifiant ; le petit garçon de West, qui vient de quitter la RDA pour la RFA, cherche auprès d'un compatriote accusé d'espionnage la figure paternelle qui lui manque.

Un autre mode de communication

Un certain espoir semble ainsi émerger de ces différents films qui montrent, malgré une incommunicabilité presque endémique (le père de The japanese dog ne parle plus à son fils depuis dix ans, le grand père de Chasing the wind n'adresse pas la parole à sa petite fille, le frère malade de The girl from the wardrobe ne peut plus s'exprimer, les enfants de Kertu ou The disciple n'ont pas le droit à la parole face à leur père...), qu'il est toujours possible d'atteindre l'autre, même par un biais atypique. Le prêtre zélé de The priest's children ne finit-il pas par trouver (très ironiquement) des complices prêts à l'aider dans son entreprise de repeuplement de l'île ?

La dominante humaine de ces différents longs métrages est comme le révélateur à la fois d'un repli sur l'intime (peu de grands sujets de société sont abordés, au contraire des festivals habituels) et d'une volonté de remettre l'individu en tant qu'être social au centre du récit. L'exemple du Grand cahier est à ce titre éloquent : privé de reconnaissance et de chaleur humaine, les personnages se replient sur eux-mêmes et sombrent dans une violence pire que celle qui leur est infligée.

La fenêtre ouverte sur le monde par la compétition 2013 semble alors le reflet saisissant d'une société qui aspire à se recentrer sur l'essentiel (sa propre humanité) avant d'affronter les mutations et les révolutions d'un monde qui lui échappe.

Arras 2013 : retour sur les découvertes européennes

Posté par MpM, le 13 novembre 2013

2 automnesL'édition 2013 du Arras Film Festival proposait une sélection de films européens formant un instantané passionnant de la jeune création contemporaine, avec curieusement une prédominance pour la comédie et une tendance palpable à vouloir réinventer le cinéma.

Le chef de file de ce courant est évidemment Sébastien Betbeder qui, avec 2 automnes, 3 hivers, signe un film formellement audacieux dressant le portrait saisissant d'une génération de trentenaires à la fois nourris par l'art et la culture et en même temps assez indécis par rapport à leur propre vie.

La liberté de ton surprenante du réalisateur lui permet de se démarquer de la pure comédie (représentée assez platement par le très caricatural Brasserie romantique de Joël Vanhoebrouck) sans tomber dans le travers du film expérimental qui laisse tout le monde perplexe.

Un créneau d'ailleurs admirablement occupé joypar l'énigmatique Joy du Grec Elias Giannakakis, qui est sans doute l'ovni de ce 14e festival arrageois.

Dans un noir et blanc ultra-soigné, on suit une femme quasi mutique dans sa fuite en avant à la radicalité  presque poétique. Les lents fondus au noir qui séparent chaque séquence, le magnétisme de l'actrice et l'âpreté de la narration donnent à ce portrait en creux la beauté envoûtante d'une œuvre brute et désespérée.

Les autres films s'ancrent dans une veine plus classique, quoi que particulièrement efficace en ce qui concerne le biopic suédois Valse pour Monica de Per Fly, d'excellente tenue et servi à merveille par la chanteuse Edda Magnason.

Même chose pour la comédie politique Viva la liberta de Roberto Ando, avec un Toni Servillo plus savoureux que jamais dans le double rôle d'un homme politique dépressif et de son frère jumeau à peine sorti de l'hôpital psychiatrique.

D'une vie à l'autre Mais le grand choc de cette section reste probablement le thriller politique allemand D'une vie à l'autre réalisé par Georg Maas, qui mêle habilement l'ambiance anxiogène du film d'espionnage traditionnel avec le récit d'événements réels survenus pendant la deuxième guerre mondiale, la séparation d'enfants nés de pères allemands de leurs mères norvégiennes.

Un film intelligent et vertigineux qui prouve au passage la grande vitalité d'un cinéma allemand tentant d'explorer autrement les traumatismes de son passé.

Mais on n'a probablement pas fini d'être séduit par le cinéma européen puisque les découvertes se poursuivent à Arras jusqu'au 17 novembre, avec dès jeudi 14 le début de la compétition européenne. Ce sont en tout neuf longs métrages inédits venus de Slovaquie, de Croatie, de Finlande ou encore d'Estonie qui concourent pour l'Atlas d'or et espèrent trouver rapidement un distributeur français.

La Grande Bellezza, favori des European Film Awards

Posté par vincy, le 12 novembre 2013

la grande bellezza toni servillo

Après les catégories Meilleur premier film, Meilleur film d'animation et meilleur documentaire (The Act of Killing, L'image manquante et L'Escale), l'Académie du cinéma européen a révélé les nommés de sa 26e édition.

Côté français, Ozon et Kechiche sont les deux gagnants. Trois nominations pour le premier (réalisateur, scénariste, acteur), deux pour le second (film, réalisateur, mais aucune actrice). Le cinéma italien peut également pavaner : La grande bellezza se retrouve cité 4 fois, The Best Offer 3 fois, et Miele est nommé dans la catégorie Meilleur premier film.
Les European Film Awards sont incontestablement latins puisque le cinéma espagnol n'est pas en reste avec Blancanieves (2 nomination), The Impossible (1 nomination) et Les amants passagers (1 nomination). L'Allemagne et la Belgique sauvent les meubles avec Oh Boy! et Alabama Monroe, ainsi qu'Hannah Arendt... Mais on reste circonspect de la si belle place accordé au britannique Anna Karenine (3 nominations).

Ce saupoudrage très hétéroclite n'améliorera sans doute pas la visibilité de ces prix, qui seront remis le 7 décembre prochain.

Meilleur film européen :
The Best Offer (La migliore offerta) de Giuseppe Tornatore
Blancanieves de Pablo Berger
Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown) de Felix van Groeningen
La grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Oh Boy ! de Jane Ole Gerster
La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche

Meilleure comédie européenne :
Les amants passagers de Pedro Almodóvar
Benvenuto presidente! (Welcome Mr. President!) de Riccardo Milani
Love is All You Need (Den Skaldede Frisør) de Susanne Bier
The Priest's Children (Svecenikova Djeca) de Vinko Brešan

Meilleur réalisateur européen :
Pablo Berger pour Blancanieves
Felix van Groeningen pour Alabama Monroe
Abdellatif Kechiche pour La vie d'Adèle
François Ozon pour Dans la maison
Paolo Sorrentino pour La grande bellezza
Giuseppe Tornatore pour The Best Offer

Meilleure actrice européenne :
Keira Knightley dans Anna Karenine
Veerle Baetens dans Alabama Monroe
Barbara Sukowa dans Hannah Arendt
Naomi Watts dans The Impossible (Lo imposible)
Luminita Gheorghiu dans Mère et fils (Child's Pose)

Meilleur acteur européen :
Jude Law dans Anna Karenine
Johan Heldenbergh dans Alabama Monroe
Fabrice Luchini dans Dans la maison
Toni Servillo dans La grande bellezza
Tom Schilling dans Oh Boy !

Meilleur scénariste européen :

Tom Stoppard pour Anna Karénine
Giuseppe Tornatore pour The Best Offer
Carl Joos et Felix van Groeningen pour Alabama Monroe
François Ozon pour Dans la maison
Paolo Sorrentino et Umberto Contarello pour La grande bellezza

Une journée Europe Créative à Paris

Posté par vincy, le 9 novembre 2013

Le Relais Culture Europe est le Media Desk France, accompagné des équipes du programme Media de Strasbourg, organisent le 12 novembre une journée de présentation du programme Europe Créative de la Commission européenne, qui remplacera Media pour la période 2014-2020. La journée Europe Créative se tiendra au Centre Pompidou.

La matinée est consacrée à "Quelle Europe culturelle à l’horizon 2020 ?", une série de conférences et débats autour des objectifs et des enjeux de ce nouveau programme. L'après midi est dédiée aux "Ateliers « MEDIA » & « Culture »", permettant de prendre connaissance des axes spécifiques aux 2 volets du programme. L’Atelier MEDIA portera plus spécifiquement sur les soutiens à la Production Indépendante et à la Distribution.

"Les débats ainsi que l’atelier MEDIA seront filmer et disponible dans les jours qui suivent la manifestation sur cette page" mentionne le communiqué de Media France.

Selon l’accord trouvé entre les 3 structures de l’Union, Europe Créative sera doté de 1,462 milliard d’euros pour la période 2014-2020. Soit :
- 824 millions d’euros d’aides consacrés au secteur cinématographique et audiovisuel (actuellement couvert par le programme MEDIA)
- 455 millions d’euros à la culture
- 184 millions d’euros pour un nouveau volet trans-sectoriel qui comprendra notamment un mécanisme de garantie financière pour les secteurs culturels et créatifs.

Cependant, le programme Europe Créative doit encore être voté par le Parlement européen ce mois-cipour être adopté. Les premiers appels à propositions Europe Créative pourraient alors être lancés avant la fin de l’année.