Lumière 2011 : Les quatre cavaliers de l’Apocalypse, restauré et grandiose

Posté par Morgane, le 7 octobre 2011

Comme chaque année, le Festival Lumière nous a offert un très beau ciné-concert à l’Auditorium. Dans cette superbe salle, l’Orchestre national de Lyon a accompagné Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse durant plus de 2 heures pour un résultat époustouflant.

Film muet des studios hollywoodiens, datant de 1920, le film de Rex Ingram a été restauré par Photoplay Productions, société de Kevin Brownlow (présent pour l’occasion), grand historien du cinéma muet, sans qui cette soirée n’aurait pu voir le jour.

Adapté du roman éponyme de l’espagnol Vicente Blasco-Ibanez, c’est dans ce film que Rudolph Valentino obtient son premier premier rôle.

Film aux décors colossaux, les producteurs craignaient le ratage, pensant, à tort apparemment, qu’à la sortie de la guerre les gens voudraient être confrontés à des sujets plus légers. Mais le film remporta un vif succès lors de sa sortie rapportant, aux Etats-Unis 9 millions de dollars, chiffre record du cinéma muet. Le film remporte également un grand succès en Europe, à l’exception de l’Allemagne.

À savoir que l’Institut Lumière, par la projection des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, commence un cycle d’hommages à Kevin Brownlow. On note fin octobre la sortie de son livre La Parade est passée aux éditions Institut Lumière/Actes Sud. À la suite du ciné-concert, Kevin Brownlow ainsi qu'Anouk Aimée et Stephen Frears se sont vus remettre la Médaille de la Ville par le maire Gérard Collomb.

La Rochelle 2011 : petit guide du cinéma de Buster Keaton

Posté par Benjamin, le 6 juillet 2011

la rochelleCette année le Festival international du film de La Rochelle rend hommage au grand Buster Keaton à travers une rétrospective de son œuvre. 15 courts métrages et 13 longs choisis dans sa riche filmographie. De quoi découvrir le talent unique de l’artiste et se délecter de ses multiples prouesses physiques !

Ecran Noir, qui n’oublie jamais de défendre le patrimoine cinématographique, va vous présenter un petit panel de films qu’il ne faut absolument pas manquer. Des Buster cultes ! Des Keaton de génie qui vous rappelleront que le cinéma actuel n’a pas toujours la même superbe que celui des années 20.

L’homme face à la machine

Les deux premiers films que nous vous présentons sont certainement les plus connus de l’artiste : Le mécano de la General et La croisière du Navigator. Ce sont deux des plus gros succès de Buster Keaton au box-office de l’époque et deux films qui se rejoignent sur de nombreux points. Ces deux longs métrages permettent à Keaton d’explorer l’un de ses thèmes favoris : l’homme face à la machine (une locomotive pour l’un et un paquebot à l’abandon pour l’autre), mais un homme seul ! Buster Keaton y fait contraster la petitesse de sa figure face à la taille monstrueuse de ces machines qu’il doit maîtriser. Il court alors de chaque côté de la machine, tente de la faire fonctionner, se plie à ses mécanismes complexes... Il doit adapter son corps au gabarit d’un paquebot ! Il calque alors ses mouvements sur celui de la machine et ses actions, ses actes, deviennent presque robotiques. Il agit par pur mécanisme, par automatisme.

Dans ces deux films, on apprécie les trouvailles de Keaton acteur qui, étant presque seul dans un décor immense, doit se creuser les méninges pour trouver des gags et ne pas laisser un moment de répit au spectateur. Dans Le mécano de la General, il utilise comme fil conducteur un simple aller-retour. Dans la première partie du film, il poursuit des soldats nordistes jusque dans leur territoire, et dans la seconde partie, il est à son tour poursuivi. Les gags utilisés dans la première partie trouvent alors leur parfait répondant dans la seconde. Du génie pur !

Mais, il y a aussi de réelles trouvailles concernant la mise en scène. Le cadre est restreint car il ne peut quitter l’espace offert par les deux machines. Keaton est donc contraint de s’adapter et de ruser. Il opte alors pour de longs travellings en plan d’ensemble qui permettent de capter toute l’action de façon fluide. Il a toujours fait attention, durant sa carrière, à garantir la continuité de l’action pour prouver au spectateur qu’il n’y a aucune « tromperie » de sa part.

Ne passez surtout pas à côté de ces deux merveilles qui ont été certainement les films les plus « monumentaux » de Buster Keaton.

Buster seul contre tous

Une autre des particularités de Buster est la course à pied. Oui, car il ne faut jamais oublier que Buster est l’artiste burlesque le plus physique du cinéma muet. Harold Lloyd et Chaplin ne l’égalent certainement pas sur ce terrain. Buster Keaton, lui, a souvent risqué sa vie pour la simple « beauté du geste ». Et avec ses fameux plans d’ensemble et plans larges, il offre une parfaite visibilité de son corps en pleine action. C’est ainsi que dans des films tels que Les fiancées en folie et le court métrage Malec l’insaisissable, il fait la démonstration de ses talents d’athlète. Deux films particulièrement savoureux !

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Des films muets d’Hitchcock aux J.O. de Londres

Posté par vincy, le 5 juillet 2011

Dans le cadre des Jeux Olympiques de Londres en 2012, le British Film Institute diffusera des films muets d'Alfred Hichcock, rarement vus. Remasterisés et numérisés, ces films des années 20 seront projetés sur grand écran, accompagnés d'une musique interprétée en direct par l'Orchestre Symphonique de Londres. Cette trame sonore "donnera de nouvelles dimensions" aux films pour une "expérience intime partagée".

La restauration a exigé du temps. "Ces films représentent le fondement de l'ensemble de son travail et un nouveau public va être capable de les apprécier, pour la première fois, dans toute leur splendeur retrouvée", a confié la directrice artistique du BFI, Heather Stewart.
Le financement a été possible grâce à la campagne Rescue the Hitchcock 9, en partenariat avec The Film Foundation (Martin Scorsese) et l'Association de la presse étrangère à Hollywood (qui organise les Golden Globes). 250 000 $ ont ainsi été récolté pour "sauver" The Lodger, The Ring, Blackmail et The Pleasure Garden.

Hitchcock a été employé dès le début des années 20 par Gaisnborough Pictures. En 1923, il débute derrière la caméra avec Always tell your wife. Il réalisera en 1925 The Pleasure Garden, en Allemagne.  Puis il enchaînera avec The Moutain Eagle. Mais les deux sont des échecs. Hitchcock se marie, devient père, et tourne The Lodger (photo). le film sera jugé non commercialisable par son distributeur et remportera, pourtant, un grand succès public et critique. D'autres films muets suivront : Downhill et Easy Virtue. Mais le cinéaste n'est pas satisfait des scénarios du studio et s'en va chez British International Pictures. Il y tourne The Ring, The Farmer's Wife, Champagne et The Manxman. Dès 1929 avec Blackmail, il abandonnera le muet : en effet, le Maître réalisera le premier film parlant britannique...

Le BFI a déjà annoncé deux événements majeurs autour de ces projections. The Lodger, dont la musique sera écrite par Nitin Sawhney, et The Pleasure Garden, qui sera illustré par les mélopées de Daniel Cohen.

Cannes 2011 : Le voyage dans la lune, une fable hallucinante

Posté par vincy, le 11 mai 2011

Monument historique du cinéma, Le Voyage dans la lune est sans aucun doute, avec cette Lune éborgnée par une fusée, l’une des premières images du cinéma inscrite dans l’inconscient collectif. Mais qui a finalement vu le quart d’heure de film de George Méliès ?

Grâce à la restauration de la copie couleur originale (voir actualité du 10 mai), il est désormais possible de juger l’oeuvre dans son intégralité. Elle sera présentée en ouverture du 64e Festival de Cannes ce soir, dans le cadre Cannes Classics.

Sur la forme, on reste épatés par l’ingéniosité des effets visuels de l’époque (nous sommes à la préhistoire du cinéma tout de même) transformant des télescopes en chaises en un clignement d’œil. Si l’on sent la présence de décors peints comme au théâtre, il essaie tout de même de créer des perspectives et du relief. Reconnaissons que l’imaginaire du réalisateur, inspiré par l’inventivité de la révolution industrielle, le récit fantastique de Jules Verne et une foi inébranlable dans les infinies possibilités de la science, est fondateur du cinéma de science-fiction. Bien sûr, rien n’est plausible scientifiquement. Mais ce voyage prend des tournures délirantes qui le rendent hallucinant.

Tantôt burlesque, tantôt coquin (les filles sont des faire-valoir, certes, mais toujours courtement vêtue), cette épopée ne manque pas de dérision. Mais c’est dans l’action que le film se révèle le plus impressionnant : avec ces monstres lunaires aux allures reptiliennes, qui disparaissent en fumée dès qu’on les frappe, le réalisateur filme des scènes de bataille qui ancrent le film dans la catégorie « pur divertissement ».

Et c’est là que l’audace des restaurateurs prend tout son sens. Pour faire le lien entre cet objet du patrimoine et notre regard actuel, ils ont décidé d’y coller la musique électronique du groupe AIR (Virgin suicides). Le voyage dans la lune devient alors comme le château de Versailles accueillant les œuvres de Jeff Koons. La musique se marie à la perfection aux ambiances du film, accentuant même sa dramatisation. Les rythmes ponctuent les gestes et les coups, donnant du relief à un film muet.

L’ensemble a des airs de clips psychédéliques un peu barré. Ce tableau sauvé des eaux est en mouvement perpétuel, agité, un peu flou, et pourtant il nous hypnotise et nous propulse dans un autre monde, parallèle. Pour une fois que le cinéma nous envoie vraiment dans la lune….

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voir aussi : Restauration du Voyage dans la lune de Georges Méliès : un Voyage extraordinaire le documentaire de Serge Bromberg ; Le voyage dans la lune, de Georges Méliès : le premier blockbuster de l’histoire du cinéma, l'histoire du film ; et Hugo Cabret, film de Martin Scorsese avec Georges méliès et ses films dans les rôles principaux...

Jean Dujardin muet chez Michel Hazanavicius

Posté par MpM, le 5 mars 2011

The artist, qui sortira à la rentrée 2011, est la nouvelle collaboration de Jean Dujardin avec son réalisateur complice Michel Hazanavicius (OSS 117: Le Caire, nid d'espions, OSS 117 : Rio ne répond plus). Il s'agit d'une histoire d'amour en noir et blanc et sans parole dans le Hollywood des années 20.

Sur le blog de la société Carlotta, Michel Hazanavicius explique que le film suit le destin de deux acteurs au moment de l'apparition du cinéma parlant. Le premier, qui est une grosse star, va rester sur le carreau tandis que l'autre, une jeune figurante, va connaître la gloire. "J'avais envie de faire un film dans ce format, c'est une manière purement visuelle de raconter une histoire qui laisse toute la place aux acteurs", précise-t-il. "Le gros enjeu, c'était l'écriture".

Le cinéaste cite Murnau ou Frank Borzage comme références, et avoue nourrir une véritable passion pour le cinéma de l'époque, cinéma qui impose "un rapport pas du tout cérébral et purement sensuel au film : on plonge comme un enfant dans l'histoire".

25 nouveaux classiques entrent à la Bibliothèque du Congrès Américain

Posté par vincy, le 29 décembre 2010

À peine disparus, de nombreux talents cinématographiques ont le droit au Panthéon. Irvin Kershner, Leslie Nielsen, Blake Edwards voient leur talent récompensé de manière posthume. La Bibliothèque du Congrès a intégré 25 nouveaux films du patrimoines, tous formats confondus, dans son Registre National, sorte d'Archives prestigieuses permettant de conserver les oeuvres les plus précieuses. Il faut dire que la 90% productions d'avant les années 20 ont disparu, et 50% des productions des années 20 à 50 sont perdues.

Cette année, les années 70 sont particulièrement bien représentées, tout comme les grands succès populaires.

- Le Lys de Brooklyn (1945), premier film d'Elia Kazan, conte de fée sentimental adapté d'un roman de Betty Smith. Un Oscar.

- Y-a-t-il un pilote dans l'avion? (1980), de Jim Abrahams, Jerry et David Zucker, avec Leslie Nielsen, Peter Graves et Lloyd Bridges. Et une histoire de gladiateur.

- Les Hommes du Président (1976), d'Alan J. Pakula, adapté des Mémoires des reporters qui ont découvert le scandale du Watergate, avec Dustin Hoffman et Robert Redford. Quatre Oscars.

- Le serment de Rio Jim (1914), de Reginald Baker. Premier film du cowboy William S. Hart.

- Cry of Jazz (1959), d'Edward Bland. Moyen métrage documentaire en noir et blanc sur les faubourgs afro-américains de Chicago.

- Electronic Labyrinth: THX 1138 4EB (1967), soit le court métrage universitaire de George Lucas, qui en fit un long produit par Coppola, THX 1138.

- Star Wars V : L'Empire contre-attaque, d'Irvin Kershner. Un triomphe mondial, deux Oscars et les vrais débuts d'une saga (et de son culte).

- L'Exorciste (1973), de William Friedkin. La quintessence du film d'horreur. Outre l'énorme succès, il a reçu 10 nominations aux Oscars (deux statuettes, dont le scénario!). Un record pour le genre.

- The Front Page (1931, de Lewis Milestone. Trois nominations aux Oscars pour cette comédie qui fut l'une de celles à installer les fondements du scénario à l'américaine. Pas moins de sept remakes ont été tournées (petits et grands écrans).

- Grey Gardens (1976), documentaire façon cinéma vérité d'Albert et David Maysles. Projeté à Cannes, il fut transposé en comédie musicale à Broadway, en pièce de théâtre, et en téléfilm pour HBO.

- I Am Joaquin (1969). Court métrage de Luis Valdez adapté d'un poème de Rodolfo "Corky" Gonzales, appartenant à al culture populaire des Chicanos d'Amérique.

- Une riche affaire (1934). Troisième comédie avec W.C. Fields à entrer dans la patrimoine américain. celui-ci fuit une source d'inspiration pour les Blues Brothers.

- Let There Be Light (1946), documentaire sur 75 soldats et leurs traumas, de John Huston produit pour le gouvernement américain.

- Solitude (1928). L'un des rares films américains du savant et cinéaste hongrois Paul Fejos. Ce film est considéré comme son chef d'oeuvre et est resté l'un de ses plus grands succès.

- Au crépuscule de la vie (1937). Drame de Leo McCarey sur un vieux couple ruiné par la dépression économique.

- Malcolm X (1992), biopic de Spike Lee sur l'activiste le plus controversé des années 50 et 60, avec Denzel Washington dans le rôle titre.

John McCabe (1971), soit un western de Robert Altman avec Warren Beatty et Julie Christie et trois chansons de Leonard Cohen.

- Newark Athlete (1891). Film expérimental qui fut l'un des premiers réalisés dans les laboratoires d'Edison.

- Our Lady of the Sphere (1969). Court métrage animé (et expérimental) de Lawrence Jordan, utilisant des fonds colorés et des collages en mouvements.

- La Panthère rose (1964). Premier film de la franchise. Énorme succès pour cette comédie de gags loufoques mise en scène par Blake Edwards. Première collaboration avec le génial Peter Sellers en Inspecteur Clouseau. Et première apparition de la fameuse panthère en dessin animé dans les génériques de début et de fin. Doit-on mentionner la musique de Mancini?

- Preservation of the Sign Language (1913) est un film étonnant de deux minutes, en langage des signes, et défendant les droits des malentendants.

- La Fièvre du samedi soir (1977), disco-movie de John Badham.  Le pantalon patte d'éph et moule burnes de John Travolta (nommé à l'Oscar quand même), la musique qui fait bouger le popotin, les chansons hurlées par des castrats. Le public s'est rué. Une suite a été tournée. Et une soixante de films lui ont fait référence depuis.

- Study of a River (1996). Court métrage sur le fleuve Hudson à travers les saisons.

- Tarantella (1940), de Mary Ellen Bute. Cinq minutes colorées et avant-gardistes qui mélangent une animation abstraite avec de la musique contemporaine. Pionnier dans le genre.

Un John Ford retrouvé en Nouvelle-Zélande !

Posté par Benjamin, le 10 juin 2010

john ford 75 films américains muets datant des années 10 et 20 viennent d’être découverts en Nouvelle-Zélande avec, parmi eux un film de John Ford que l'on croyait perdu à jamais, datant de 1927. Voilà une nouvelle qui a de quoi mettre en ébullition la planète cinéma tant cette découverte est importante et va permettre aux cinéphiles du monde entier de visionner des merveilles de l’époque du muet jusqu’alors inédite.

La restauration des films devrait dans un premier temps se faire par la New Zealand Film Archive et la National Film Preservation Foundation lors des trois prochaines années. Le tout en partenariat avec plusieurs organismes américains comme l’Academy of Motion Picture Arts & Sciences ou l’UCLA Film and Television Archive. Les studios Sony Pictures et 20th Century Fox participent également au projet.

La New Zealand Film Archive a d’ailleurs donné un nom à l’ensemble des 75 films : « a time capsule of American film production in the 1910s and 1920s » (un voyage dans la production cinématographique américain des années 10 et 20) qui comprend aussi bien des fictions que des documentaires, des westerns que des films d’actualités (qui étaient diffusés avant ou entre deux films à l’époque pour donner au spectateur les informations du monde entier).

Ainsi, dans cette collection, on peut dénicher par exemple un documentaire produit par « Henry Ford and Son » intitulé Fordson Tractors qui se charge donc de faire la promotion de tracteurs.

Mais les plus grandes trouvailles sont ailleurs. Comme cette comédie de et avec Mabel Normand, grande actrice burlesque du muet qui travailla notamment avec Buster Keaton ou Charles Chaplin. Le film a pour titre Won in a Closet et date de 1923.

Ensuite, a été découvert un film de George Méliès, l’un des pères du cinéma, celui qui a créé le cinéma dans sa forme divertissante avec par exemple son Voyage sur la lune. Film de 1911, Billy and his Pal est un western tourné à San Antonio (qui savait que Méliès avait fait des westerns ?!?) avec pour acteur principal un certain Francis Ford, qui n’est autre que… le frère de John Ford !

Enfin, le trésor de cette découverte incroyable est le film de John Ford, Upstream. Il a été produit par la Fox en 1927 et raconte l’histoire d’amour entre un homme qui rêve de devenir acteur et une femme qui se produit dans un spectacle de lancé de couteaux. Il devrait être présenté en septembre dans une version restaurée.

Il n’est cependant pas étonnant de retrouver des films de réalisateurs comme John Ford tant leur filmographie est imposante (plus de 150 films réalisés) et tant la production de l’époque était massive.

Cette découverte est tout de même capitale car il faut savoir qu’aujourd’hui, seule 15% des productions américaines de cette époque reste en notre possession. Une infime partie...

Et s’ils ont une telle importance c’est parce qu’ils permettent d’en savoir plus sur l’époque du cinéma muet, sur le développement des techniques cinématographiques et le mode de fabrication des films. Autant d’éléments qui sont primordiaux pour bien comprendre les racines du 7e art. Et enrichir nos mémoires.

Il faut alors que les cinémathèques, les différentes fondations cinématographiques et que les particuliers fouillent leurs caves, réserves et autres greniers à la recherche de ces trésors : notre savoir sur le cinéma muet est loin d’être complet.

Berlin 2010 : La résurrection de Metropolis

Posté par vincy, le 13 février 2010

metropolis_berlin10.jpgIl avait beau faire froid, la neige imprégnant son humidité à travers les semelles, un bon millier de Berlinois et d'étrangers sont venus découvrir un film vieux de... 83 ans en plein air. Métropolis, de Fritz Lang. La toile blanche couvrait la Porte de Brandebourg. Cinéma de plein-air monumental, avec les invités de l'Ambassade de France (au chaud), aux premières loges. Jeunes ou vieux, attentifs ou l'esprit bon enfant, l'événement fera date dans la Berlinale, qui avait organisé cet happening, en plus des traditionnelles projections de presse et de gala (où l'orchestre interprétait en direct la partition d'origine composée par Gottfried Huppertz. La Berlinale recréait ainsi les conditions de la première mondiale du film, le 10 janvier 1927 à Berlin (au cinéma berlinois Ufa-Palast am Zoo).

Vendredi 11 février à 20h, le projecteur éphémère lançait sa première "bobine" tandis que le son enregistré par 'orchestre symphonique de la Radio de Berlin, jouait la partition qui accompagne le film muet de 1927, réalisé par l'immense Fritz Lang. Outre qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre épique, Metropolis est une somptueuse synthèse allégorique où le progrès se confronte aux dogmes et à l'espérance des Hommes. Sa narration, très ambitieuse pour un film de l'époque, lui donne encore un aspect "moderne" et en fait une oeuvre atemporelle. Surtout,il fut le premier grand film de science-fiction de l'histoire du cinéma (si l'on excepte les Méliès).

L'événement n'était pas seulement de voir ce film dans un cadre aussi singulier. Il s'agissait surtout de la renaissance d'un film grâce à la découverte de 26 minutes de pellicules qu'on croyait disparues. La quasi-totalité des scènes manquantes ont été retrouvées en juin 2008 en Argentine. Lorsque la fondation Friedrich Wilhelm Murnau, propriétaire des droits du film a annoncé que "presque toutes les scènes qui manquaient jusqu'à présent ont été retrouvées dont deux grandes scènes importantes" . Une pellicule 16 millimètres a été découverte chez un particulier par des collaborateurs du musée du cinéma de Buenos Aires.  "Grâce à cette découverte sensationnelle" et en dépit de la mauvaise qualité des images, le film pouvait retrouver sa durée originelle. Paramount, producteur du film avait en effet, par la suite, largement amputé l'oeuvre, afin d'en simplifier l'histoire. Le studio avait retiré un quart de sa durée par un nouveau montage qui en obscurcissait l'intrigue. En fait cette mutilation (le film fait 4 189 mètres de longueur) était due à un énorme flop. Quatre mois de présence dans une salle sans succès. On le raccourcit alors à 3 241 mètres pour la sortie nationale.

Metropolis avait été assassiné par la critique (et par H.G. Wells, au passage) et boudé par le public. Oeuvre incomprise, devenue culte et source d'inspiration de Kubrick, Lucas, Scott et Cameron, il a été le premier film à avoir été inscrit sur le Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO, dans sa version transformée. On considérait que les scènes manquantes avaient été disparues. En 2002 une version numériquement remastérisée (et reconnue comme l'une des meilleures restauration cinématographique de la décennie) avait été réalisée, accompagnée de fiches résumant aux spectateurs les scènes manquantes.Un DVD de cette version intégrale (145 minutes) va être prochainement disponible. metropolis2_berlin10.jpg

C'est donc un véritable miracle cinématographique qui eut lieu lorsqu'on retrouva les négatifs manquants.  On a pu admirer hier l'imposant travail de Fritz Lang (quatre ans avant M le Maudit). Incroyable production qui dura deux ans et employa jusqu'à 37 000 figurants, elle coûta 5 millions de marks (150 millions d'euros actuels) de l'époque dans une Allemagne qui ne parvenait pas à se remettre de la première guerre mondiale.

Ecran Noir vous offre quelques courts films pour revivre la soirée du 12 février. Pardon pour les tremblements (le froid) de l'image. Si vous passez à Berlin, ne manquez pas, en plus, l'exposition "The Complete Metropolis" au Musée du cinéma et de la Télévision, jusqu'au 25 avril, avec 200 objets (caméras, pages du scénario, décors en trompe-l'oeil, extraits de la partition de la musique du film ...)

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Ecran Noir, en direct de la Porte de Brandebourg

Extrait 1

Extrait 2

3 autres extraits à venir durant le week-end...

Erich von Stroheim ressuscité au Musée d’Orsay

Posté par vincy, le 16 mars 2009

erich von stroheimDu 13 au 29 mars, le Musée d'Orsay (Paris) organise une rétrospective autour du génie maudit, Erich von Stroheim (1885-1957). Réalisateur, acteur, scénariste et écrivain (les scénarii qu'il n'arrivait pas à faire produire), il avait débuté en 1915, et travaillé durant quarante ans entre les Etats-Unis et la France.

Le Musée propose une programmation des films du cinéaste. Parmi les onze films qu'il a réalisé, de 1919 à 1933, on pourra découvrir ou revoir Symphonie nuptiale, Queen Kelly (avec Gloria Swanson), et surtout la, rare, version longue des Rapaces.

L'acteur n'est pas en reste : Ultimatum, Gibraltar (avec Viviane Romance) et la légendaire Grande Illusion de Jean Renoir (où il incarne un allemand avec un col de minerve, face à Gabin).

La rétrospective permet aussi la diffusion de documentaires sur l'artiste. le témoignage de son ancien assistant, Jean-Pierre Mocky. Il analysait récemment, pour l'émission Plan(s) Rapproché(s) de TCM, Boulevard du Crépuscule, dernier grand rôle de Von Stroheim. Il confiait que Von Stroheim avait touours pressenti que sa dernière scène du film de Billy Wilder, serait sans doute sa dernière grande scène de cinéma. Son perfectonnisme l'avait conduit à préparer très en amaont cette séquence, où, selon Mocky, il a contrôlé chaque mouvement de paupière.

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Plus d'informations sur le site internet du Musée d'Orsay

Inauguration du Théâtre et Auditorium de Poitiers

Posté par denis, le 7 septembre 2008

tappoitiers.jpgSamedi 6 septembre 2008 : ouverture officielle du TAP, le Théâtre et Auditorium de Poitiers dont la région poitevine peut s’enorgueillir avec raison. Projet dont la genèse remonte en 1977 et dont la première pierre fut posée en 2005, le TAP découlait d’une envie de construire en centre-ville un lieu entièrement dédié au spectacle vivant. Fort d’une salle de théâtre de 720 places et d’un auditorium conçu à plat de plus de 1000 places, agrémenté de trois salles de répétition et de nombreuse loges, sans compter d’autres espaces favorisant la fréquentation du lieu, le TAP a réussit son entrée dans la cour des grands sites culturels.

Le TAP est donc véritablement multi supports et la vie s’imprègne autant dans son cœur que sur son corps, ce qui en fait un lieu intrinsèquement original au même titre que l’Institut du monde arabe à Paris. Vous l’aurez compris, Poitiers dorénavant ne vibrera plus seulement aux sons et aux images du Futuroscope, mais bien plus encore à ceux du TAP. D'ailleurs, le cinéma y aura toute sa place avec pour commencer la reprise de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs 2008. Le lieu accueillera aussi les Rencontres Henri Langlois, qu'Ecran Noir défend farouchement chaque année. Des ciné-concerts autour de films muets ou des projections événementielles s'y tiendront.

Hormis sa richesse intérieure, le TAP, conçu par l’architecte portugais Joao Luis Carrilho da Graça, se distingue aussi par son architecture singulière et homogène. De l’extérieur, il se présente comme deux parallélépipèdes aux lignes épurées enveloppés de verre sablé. Ces façades à la peau translucide, elles sont habillées d’une paroi de verre opalescent, cachent un système de projection d’images vidéo pilotées par ordinateur. Progrès technologique, écran toutes surfaces, l’édifice se transforme ainsi en support de communication et en dispositif mural pour la création numérique. Il faut noter l’attention toute particulière accordée aux matériaux utilisés à la construction de l’auditorium qui, avec ses parois latérales incurvées vers l’intérieur et ses sièges construits en partie en érable, lui permettent dans un esprit écologique d’établir une acoustique à toute épreuve en plus des diffuseurs de son au plafond.